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cours de lexicologie francaise giáo trình từ vựng tiếng pháp

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TR Ầ N THỂ H Ù N G
G I Á O T R ÌN H
TỪVựNG
TIẾNG PHÁP
OLHJ
■li o
Ha NỘI
NHÀ XUÁT BẢN ĐẠI HỌC QUỐC GIA HÀ NỘI
ECO LE SUPERIEURE DES LANGUES ETRANGERES
TRAN THE HUNG
C O U R S
d e l e x i c o l o g i e ữ a n ẹ a i s e
UNIVERSITE NATIONALE DE HANOI
c e manuel constilue line aide dans I'apprcntissage de la linguistique
fran^aise. II est con^u pour les ctudiants dll Département dc Langue et de
Civilisation Kranẹaises (ie I.K eole Supcricures de Langues, Université
Nationale de Hanoi. Mais il cst evident qu'il peut ẽtre utile à tous ceux
qui veulent approfondir leur competence linguistique cn general et
lexicale cn particulicr.
Noire démarche repose non seulement sur un appel à la competence
Icxicalc des ctudiants mais aussi sur leurs aptitudes à la créativité. De
mẻnie que le parleur dispose de certains schemes .syntax iques, de même il
utilise, sans rendrc compte. des « lois » dc formation lexicale qu’il
iniporie dc lui faire praliquer le plus possible, qu’il s'agisse de
morphologic (derivation, compositions, etc.) ou de sémantiques
(synonymic, antonymic. etc.). Aussi avons-nous propose un assez grand
nombre d'exerciccs dont nous devons Pessentiel à M. Obadia, R.
Dascotte, M. Glatiuny ct L. Collignons.
II no faut pas oublier que le lexique est structure. II importe done de les
fa ire utiliscr systématiquement. c'est-à-dire en partant des performances des
éiudiants - que nos exercices sollicitent “% de préciser, d'etendre et de


diversifier les moyens propres à développer en eux Inaptitude à
communique!*. Ce n’est possible que par la constniction de phrase. Un mot
n'a de valcur precise que dans un contexte. II taut done lier étroitement
svntaxe et lexique, e'est-a-dire partir de phrases, utiliser le mot étudié dans
line phrase qui on justific I’emploi, employer un mot polysémique dans
differents sens, compte tenu de ses constructions et de sa combinatoire
sémantico-syntaxiquc. l/enrichisscment du vocabulairc sera done
nccessairement roccasion de consolider les mécanismes syntaxiques.
3
Cependant, le mot peut ẻtre lie non seulement à la situation
extralinguistique, mais à Tensemble du tcxte dans lequel il figure. II peut
se situer au centre (Tune multiplicité de rcseaux qui dépassent les limites
de la phrase. Pour cette raison, nous avons préscnté un certain nombre de
textes dans les exercices.
Nous avons emprunté à H. Mitterand pour la presentation dcs
problèmes d'homonymie, dc synonymic et à p. Guiraud pour les
locutions íranẹaises. Nous leur exprimons ici nos remerciements sincères.
Le chapitre sur Tutilisation des dictionnaires n’a qu’un b ut: c'est de
fournir aux étudiants une base leur permettant d'ameliorer leur pratique
langagière.
Aux professeurs done d'adapter leur demarche à leurs étudiants en
tenant compte de la situation qui peut varier d'une classe à une autre.
L 'a u te u r
4
SO M M AIRE
c hapitre premier: L'ohjet de la lexicologie
7
C’hapitre deux : Les néologismes et 1’évolution sémantique 21
chapitre trois : Les formes récentes (f origine íranẹaise
35

Chapitre quatre L/affixation 47
chapitre cinq : La composition 77
chapitre six : Les emprunts 89
chapitre sept: Les locutions 97
Chapitre h u it: La synonymic et i'antonymie

113
Chapitre neuf: L'homonymie et la polysémie 131
chapitre dix : La lexicographic 145
Documents complémentaires 175
Bibliographic 183
5
Cl 1AIMTRE PREMIER
L ’O B J E T DE LA L E X IC O L O G IE
1 D efin itio n
La lexicologie est line des branches de la linguistique. Elle a pour
objet r etude scientifiq ue du lexique.
2 L e x iq u e e t v o c a b u la ir e
2.1 Le lexiq u e individuel
l,e lexique est rensemble de lous les mots qui, à un moment donné,
sent à la disposition du locuteur. Ce sont les mots qu’il peut, à r occasion,
et employer et comprendre. I Is constituent son le x iq u e in d iv id u e L La
richesse du lexique individuel est line composante importante des
altitudes, des habitudes verbales de I'individu, de la richesse des
connaissances.
I/apprentissage du lexique va de pair avec Tacquisition de la
connaissance des choses.
1 e lexique individuel est très ditĩérent d’un individu à un autre.
Mais un lexique de cinq mille unites permet de répondre à la plus
grande partie de situation de communication courante de la vie pratique.

1 e lexique individuel peut sc subdiviser en le x iq u e d e s itu a tio n : ce
son! des ensembles de vocabulaires disponibles.
7
2.2 Le lexique global
11 est évident q u ’un individu ne peut posséder tous les mots qui
composent la langue: un nombre indéterminé de mots demcurent
“extérieurs” à son lexique. Ce sont tous les mots que le locuteur n ’a pas
encore rencontrés dans 1’usage quotidien de son langage. À une époque
historiquement déterminée, une communauté linguistique dispose d ’une
somme considerable de mots, cette somme constitue le ỉexiq u e ỵ ỉo b u ỉ
de la langue.
On peut distinguer le lexique g e n e ra l et !es ỉexiq u es d e sp éc ia ỉitẻ : le
lexique général est commun à tous les locuteurs; ies lexiques de
spécialité sont liés à un domaine: science (chimie, astronomie), science et
technique (informatique), métier (menuiserie), activité (jardinage).
L’etude des lexiques de spécialité est la terminologie.
Entre le iexique global et lexique individuel, ii existe encore un
sous-ensemble, ce qu’on peut appeler le ỉexique d u g ro u p e . II comporte
des termes spécifiques que ne connaĩtront pas les autres. Ce lexique peut
être réduit ou étenđu seỉon les locuteurs, leur situation, leur
preoccupation.
L ’intercompréhension cesse là où il y a un élément qui n ’est pas
commun. Plus les interỉocuteurs se ressemblent, plus la partie commune
est étenđue, et plus ie groupe s’etend, plus elle est réduite:
• partie commune
L 1 Locuteur 1
L 2 Locuteur 2
L 3 Locuteur 3
L 4 Locuteur 4
8

2.3 Levocabulaỉre
il est en fin indispensable dc distinguer le lexiq ue du vocab u la ire qui
est rensem ble tics mots cffcctivement employes par le locuteur dans un
acte dc parole precis, realise sous forme de discours oral ou écrit.
L c vocabulairc sc prête à un inventaire et à une description, done un
ensemble concret, délimité.
La richesse dll vocabulaire d un sujet depend de la richesse dc son
lexique. II s'agit done tTenrichir le lexique individuel dc rélève et de
raider à faire un choix convenable, en vue d’utiliser son vocabulaire avec
precision.
2.4 R a p p o rts e n tre le lexique et le v o ca b u la ire
Le vocabulaire et le lexique sont en rapport d’inclusion: le
vocabulaire est toujours une partie (de dimensions variables selon le
moment et les milieux socio-culturels) du lexique individuel; ce dernier
lui-inênie, cst une partie du lexique global.
3 L e m o t
3.1 Le pro blè m e d e definition
l°/ Ọu'est-ce qu’on entend par m o t? On Pa toujours employe
commc si la notion de mot allait de SOI. Rien n’est aussi ambigu que ce
terme. Ọuels sent les critères permettant d ’identifier et de delimiter les.
unites lexicales dans la suite de sons qui frappent notre Oreille lorsqu’on
nous parle et qu’on appelle chainc parlée ou chaine sonore ? Les
segments que Pécriture isole par des blancs correspondent-iIs à une
réalité linguistique bien déterminée?
9
Toutes les definitions données jusqu'ici ont été jugees insuffisantes.,
ỉncomplètes. Certains linguistiques distinguent les m o ts g r a p h iq u es ct les
m o ts p ho n étiq ues.
Si nous considérons le mot dans son apparence graphiquc, il cst un
groupement de lettres limité à sa droite et à sa gauche par un “blanc” qui

forme ses frontieres naturelles.
Un mot phonétique est un groupe de sons qui portc un seul
accent. M ais dans un groupe de mots, chaque mot perd son accent
personnel au profit du groupe. paccent se déplace pour se reporter sur
la syilabe finale (par exempie : Dormez, Dormez bien, Dorm ez bieti
v it e ) ; d’autre part, les mots “courts”, places au début d'un groupe,
comme les articles, les pronoms, ne reẹoivent pas d’accent, si bien
qu’un ensemble comme j e le lu i d o n n e ne se laisse pas distinguer
aisément, à I’audition, i t de le et le de lu i. L ’ensemble constitue un
m o t p h o n é t iq u e dont les limites ne coincident pas avec celles du m o t
g r a p h iq u e . L e fait de cette non-coincidence signale les premieres
difficultes dans la definition du « mot ».
Mais toutes les difficultes ne sont pas là. Le vrai problèmc est de
savoir si les segments isoiables qu’on désigne comme des mots
correspondent à une réalité linguistique bien dẻterminée. Ci)mnicnt
découper les unites pour avoir des mots ? M a ch ine à écrire, qui est un
ensemble réíérant à un objet unique, forme-t-il un mot ou trois mots ? De
plus, lorsqu’un mot graphique ou phonétique, commc m o u sse [mus],
présente plusieurs sens (cas de polysémie) qui dénomment des elements
differents de la réalité socio-culturels ( m o u ss e - variété de vẻgétal;
m o u s s e = écume à la surface des liquides). faut-il compter autant de mots
que I’on a relevé de sens? Y a-t-il un ou deux mots phonétiqucs dans
Ịỏsãdcgut] ? deux ou trois dans [depejevujarlata] ?
2°/ André Martinet abandonne la notion de mot au profit dcs notions
de m o n è m e s et de s y n ta g m e s . Selon lui, « uti énoncé comme J 'a i m a l ù lư
lê te ou line partie d’un tel énoncé qui fait un se.is, comme i ’u i m u i ou
10
ffiiiL s'appelle nil sigH c linguistiquc. Tout signc linguistique comportc ill!
sÌỊỊHị/iẻ* qui est soil sens oil sa vnleur. et qu'on notera entre guillemets
("J'ai mal à la tctc“, M ai m a r, "mai” ), et un sig nự ìư nt grace à quoi le

sitihc sc manifesto, ct quc Io n présente entre les barres obliques (/z e mal
a la let/. /z e mal/, /mal/). C'cst au signifiant que, dans le langage courant,
on réserverait le nom dc signe. Les unites que livre la p r e m ie r e
a rtic ula tio n . avec leur signific et leur signifiant, sont des signes, ct des
sighes minima puisque chacun d'cntre eux ne saurait ctre analyse en une
succession dc signes. II n'cxiste pas de terme Uliiversellement admis pour
designer ces unites. Nous emploierons ici celui de m o ncm e » (A.
Martinet, 196 L p. 15). Dans cette terminologie de Martinet, le m ơ nèm e
est I'unite significative élémentaire. II pcut coVncider avec la découpe
graph ique du « mot », mais souvent être partic intégrée au « mot »; par
exemple. tr a v a ille u r comporte deux monèmes: tr a v a il!- et -e u r \ n o u s
tra v a il Ions comporte trois monèmes: n o us. tra va il I-ons. Chaque
nionẻme est charge dc sens:
n o u s ~ pronom đe conjugaison (Je + tu) + pluralilé;
tr a v a ill- - action (oil procès) (Tun certain type = non-oisiveté;
-o n s = pluralité dll procès <je + tu);
- e u r - suffixe de base verbale + agent du procès.
Cette analyse nous pemiet d’operer parmi les monèmes une
distinction: travail!- peut entrer dans des groupements clivers (u n
trava iỉỉeur, ịe travaiỉỉes tra vaillez) ; dans ces groupements, il pourrait être
rcmplacé par un autre moncme, par exemple p o in t- (u n p o in te u r , j e p o in te ,
p o i n t e z \ el beaucoup de monèmes, en nombre indefini, pourraient occuper
ces diverses positions ; la série à laquelle ils apparliennent est de type
ouvert, ce sont les lexemes. Par contre des monèmes comme j e y n o u s , ứ,
-e z appartiertnenỉ à des series peu nombreuses et fermees, ce sont des
morphemes. Par I cmploi du terme de m o n èm e , Tauteur cherche done à
désambiguiser le tenne do morpheme désignant les unites significatives de
base aussi bien lexicalcs quc proprement morphologiques.
11
Ainsi ce que 1’on désigne traditionnellement comme un m o l ne

constituera pas, pour r analyse linguistique, une unite pertinente. Si, |K)tir
des raisons de commodité due à I’usage, le terme m o t est encore employe,
nous savons qu’il ne peut être tenu pour catégorỉe ou notion scientifii|Uc.
“II semble que la solution du problème pourrait se trouver dans le
remplacement, dans la pratique linguistique, du m o t par le concept
beaucoup plus souple de syntagm e. On désigne, sous ce terme, tout
groupe de plusieurs signes minimaux. M ais il est sous - entendu que les
signes minimaux conẹus comme faisant partie (Fun syntagTT.e sont tels
qu’ ils entretiennent entre eux des rapports plus intimes que ceux CỊUÍ les
relient au reste de 1'énoncé: dans la phrase un é n o r me r ocher
su rp lo m bait la vo ie fe r re e , on isolera très naturellement trois iyntagmes :
un cnorm e rocher, su rp lo m b ait, et la voie fe rre e
3°/ B. Pottier nous propose de trailer non plus avec des mots niais
avec des lexies (B. Pottier, In tro d u ctio n à I 'étude d es stru ctu res
ịỉra m m a lica les fo n d a m e nta le s). “Les lexies sont les elements
fondamentaux, en langue, de la construction syntaxique”. On Jistinguera
trois sortes de lexies :
- simple: cheval, chien
L E X IE - composée: cheval-vapeur, brise-glact
- complexe: cheval marin, pomme de tirre.
Le classement en lexie repose sur plusieurs critères, notarrment:
• la sép a ra b ilité. On dira un m o ulin à c a fé électriq u e et non un
m o u /in éỉec triqu e à ca fé, un e ch a ise lo n g u e rou g e et non m e chaise
ro u g e longu e. Les elements d'une suite de mots offrent entre eux unc
certaine cohérence, si bien que “ les emplois répétés de certaine;
associations fmissent par s’ inscrire dans I’inventaire lexical des sujet;
parlants, aux côtés des mots simples”;
• la v a le u r fo n c tio n n e U e . “ La lexie complexe ou la lexie composét
fonctionne comine la lexie simple: par exemple s o u s - c h e f fonctionnt
exactement de la mẻme manière que c h e f.

12
•l°/ Jacqueline Picoche ( l (>77) propose le terme de s ig n e le x ic a l.
Scion ellc. on peut répondrc au\ questions susmentionnées d’abord sur le
plan phomque. cnsuitc sur le plan du fonctionnement des unites dans la
chaĩne parlée e! de leur sens.
• Point de vue phoniquc
1 /accent joue le role d element dem arcatif? Oui, dans certaines
longues comme le russe par exemple oil il petit occuper diverses places
nriais toujours la mcme pour un mot donné; sa presence signale done une
unite lexicale pleine. En franẹais par contre, r accent, assez faible, frappe
en principe la dernière voyelle du mot mais cettc valeur démarcative est
annulcc à rintérieur (Tun groupe de mots étroitement lies du point de vue
syntaxique (oil syntagme): raccent ne subsiste que sur le dernier mot du
groupe; raccent peut être aussi déplacé sous reflet (Tune volonté
d ’expressivitc: raccent de F o rm id a b le !, qui frappe normalement le a
(F o r m id a b le !) pent très bien passer sur le o initial (F o r m id a b le !) . Le role
deniarcatif de Taccent est done assez faible en íranẹais. De plus, le
íranẹais permet toutes sortes de liaisons et d'elisions qui contribuent à
effacer la frontiere dcs mots composant un syntagme. Les traits
deniarcatifs phoniques lie jouent, dans Ic découpage en mots de la chaĩne
parlée, qu'un role dadjuvants; les critères principaux sont d’ordre
syniaxique et sémantique, commc indique la célèbre definition de Meillet,
« u ti m o t r e su lte lie I'a s s o c ia tio n d 'u n s e n s d o n n ẻ a u n e n s e m b le Ltd s o n s
d o n n é s s u s c e p tib le d u n e m p lo i g r a m m a tic a l d o n n ẻ ».
• Point de vue syntatico-sémantique
Sur cc plan du fonctionnement dcs unites dans la chaĩne parlée et de
leur sens, on distingue: les unites morphologiquement et
graphiquement simples teiles quo c o u te a u , p e n c iu le , a n im a ls les unites
morphologiqucment composées, mais graphiquement simples telles
que a n tic o iis titu tio n n e ỉỉe m e n t et les unites graphiquement complexes

telles CJUC po m m e d e ter re, oil a ssistante so cia ie.
13
Sur le plan syntaxique. on peut isoler des unites de fonctionnemerot
en faisant jouer divers critères dont les principaux sont CCU.X
á 'in sé p a ra b ilité et de co m m u ta tio n .
+ Le critère d ’inseparabilite, c’est-à-dire 1’impossibilité d ’intercale-r
un morpheme quelconque, fonctionne évidemment pour les inités
morphologiquement et graphiquement simples, ainsi que pour les mates
morphologiquement composées, mais graphiquement simples ; inas son
rôle principal esi de tester le caractère lexical d’unites graphiqucnvent
• complexes. Impossible de dire p o m m e ja u n e de terre ou assistant* tr è s
so c ia le.
+ Le critère de commutation, autrement dit, de su bstitu tio n d 'un
élément à un autre, vient d ’ordinaire confirmer ce que révèle le critère
d ’inseparabilite. II est fonde sur le fait que, lorsqu’une univẵ est
lexicalisée, c’est-à-dire sentie comme un mot et non comrre un
syntagme, elle entre dans un réseau d’opposition avec des miités
simples, et tire de là sa valeur: P renez ỉa p u r te ! s’oppose à R ts te z !
avec lequel il se trouve en rapport d ’antonymie et peut ẽtre rerrplacé
par le synonyme S o rte z ! II est normalement impossible, dans une unité
lexicale graphiquement complexe, đe procéder à une commuat ion
terme à terme sans lui faire perdre son statut đe syn ta g m e le x k a ỉis ẻ ,
(c’est-à-dire fonctionnant comme un mot unique) autrement dit á t m o ts
c o m p ose s, et sans la transformer en sy nta g m e libre , assoc at .ion
temporaire de mots indépendants : il est facile de substituer à p o m tie de
te rre des mots simples tefs que n ave t ou c a ro tte. Par contre, dais un
contexte tel que L 'e n fa n t a tnod elé u n e p o m m e de terre g la ise, il est
evident qu’on a affaire à trois mots distincts, la difficulte d'intrcduiire
un adjectif entre d e et te rre est fortuite (ép a isse , ìo u rd e seraien àì la
rigueur possibles) et la substitution se ferait element par élémen' (ịpar

exemple u ne p o ir e en p là tr e ). De même pour p ie d à terre : un seui nnot
dans // a un jo l i p ie d à te rre à la c a m p a ^n e qui exclut *un p ie d lic u e u x
à te rr e . et admet la substitution de m a iso n ou villa , trois mots d>ns» //
14
fr a n c h I I p é m h le m e n t la ỊHỉs.scrcllc i't p o s a u n p i e d ( e n d o ỉo r i) ù te r re . Là
encore, la substitution element par element : il le v a u n e m a in e n I a ir .
A cela s'ajoutent lies critcrcs secondaires comine rim possibilité de
coordonner (HI tie reprendrc un scul dcs elements du compose: *U n
{.he m m tic fe r c l lie tc r n \ oil *je p rc fere le th e m in cie fe r a la ro u te , le
t h e vim cst m o in s /litigant sont impossibles. II ne fait done pas de doute
que p o m m e lie t c r n \ c hem in ile fe r, a ss ista n ts s o c ia l e et p re n d re la
p o r ỉe doivent ctrc. malgré les disjonctions graphiques, considcrés
coniine des unites lexicales tbnclionnant exactement comme des unites
simples.
t'ependant' ces critères constituent plutôt des indications que des
preuves, Ic fait qu’un groupe dc mots soit ou non lexicalisé n'est pas
toujours incontestable, r unite lexicale complexe n’a rien dans son
aspect funnel qui la distingue (Tun syntagme libre, les critcres ne sont
pas toujours convergents et peuvent laisser place à diverses
interpretations. F a ire p e u r est commutable en bloc avec e ffra ye r , mais
le critère d ’inseparabilite ne joue p a s : ce ia m e f a i t très p e u r ,
a ffrm usem ent p e u r, une p e u r u ffreu se , et la coordination du second
element est possible . cela m e f a it p eu r et p la is ir à la f o is . II n’y a done
pas de critère qui permette de trancher la question mécaniquement.
L’opposition entre syntagme et mot compose relève de r opposition
entne le discours et la langue Le syntagme est une association
temporaire, circonstancielle, destinée à la communication momentanée :
j ’litilise une a igu ille et il se trouve qu'elle est a im a n té e (ou je 1‘ai
choitsic telle). Le mot compose cst une association stable destinée à
exprimer un concept un, quoique complexe, et tendant dans son genre à

runãvcrsalité : on appelle aigu ille a im a níé e la classe entière de tous les
instruments que les physiciens dénomment ainsi et, au besoin, on
actUiaiisera cette unite lexicale dans le discours.
Dans ce cours, nous continuerons par commodité à utiliser le terme
mi>t dans le sens de reunite iexicale”.
3.2 Le sen s d es mots
3 .2 .1 L e s e n s s e c o n s t r u i t p a r d i f fé r e n c e s
Le sens n’existe pas dans I’absoiu, hors contexte, hors forme, et il ne
possède pas des qualités propres. Le sens est diíĩérentiel, c’est-a-dirc
qu’il prend naissance dès Pinstant qu’est perẹue une diíĩérence. Le sens
qui s’attache au signe a p p a rtem ent, par exemple, se definit par ce qui le
differencie du sens qui s’attache aux signes m a ison , p a v ilio n , villa , etc.,
et celui qui s’attache aux autres signes presents dans le contexte (“Je
viens de trouver un a pp a rtem en t au 5* étage, expose plein sud”). Ce
principe de difference fait qu’il s’agit pour le signe d ’e tr e ce q ue lex
autres sig n e s n e so n t p a s e t d e n 'être p a s ce que les a utre s s o n t.
Chaque perception de difference constitue ce que Ton appelle un
trait sẻm an tiq ue. Par exempỉe, en opposition à villa, a p p a rte m en t posscdc
les traits sémantiques suivants: habitatio n da ns un im m eu b le, h a b ita tio n
situ é e en ville. Mais de nombreux autres traits pourront constituer le sens
de ce mot selon le contexte dans lequei celui-ci se trouvera employe.
3 .2 .2 L e s e n s a u c e n tr e d ’u n r é s e a u d e c o r r é la tio n s
L’analyse du sens des mots doit se faire en tenant compte du
contexte et du s y stèm e . Autrement dit, les traits sémantiques dependent
des corrélations qui s’etablissent entre les signes. Ces correlations sont de
deux ordres: d 'o p po s itio n et de com b inaiso n.
Les relations d’opposition : elles sont constituées par I’ensemble
des rapports de substitution qui peuvent s’etablir enữe certains signes à
rintérieur d’un même contexte. Ainsi, de même que les mots
grammaticaux un et le sont en opposition dans le contexte “Jf’ai pris un /

le frain de nuit”, de même les mots lexicaux the atre et c in e m a ainsi que
b leu et bla n c , sont en opposition dans “Hier soir je suis allé au th é á tre I
cin ém á ", et “II a repeint sa cuisine en b leu / b l a m e C es relations
16
d ’opposition sont ditcs v ir tu e lk s, parce que les mots concemés ne
peuvent pas sc Irouver, cn méme temps, au mẻmc endroit du contexte.
Ccs relations sont encore appelécsp a ra dig m a tiq u es.
Le s relations de combỉnaison : elles sont constituées par
Pcnsemble dcs rapports de combinaison qui s’établissent entre les
diíiOrcnts signcs qui forment ce qu’on appelle le contexte linguistique
oil c o te x te (terme que nous utilisons à partir đe mairìtenant). “C ’est dans
une phrase, et seulement par cette phrase et par le contexte, que nous
pouvons donner à un mot sa signification exacte et nette”. A insi, dans
‘\)e prcfcre le vin mais je ne déteste pas la bière”, mots grammaticaux et
mots lexicaux se trouvent dans des rapports de combinaison. La
caractéristique généralc de ces rapports est qu'ils respectent des règles
d agencement (syntaxe) el de coherence sémantique. Ces relations sont
dites e ffe c tiv e s parce que les mots concemés sont co-présents dans un
mẽnie contcxte. Ces relations sonl encore appelées s y n ta g m a tiq u e s . Le
sens des signes se trouve done au centre de ce réseau de correlations
dont lcs deux axes sont solidaires Tun de Tautre.
3 .2 .3 S e n s e t d o m a in e s d ’e x p e r ie n c e
Le signe résulte cPune triple conceptualisation, réíérentielle,
structurelle et situationnelle. II s’ensuit que le sens se construit dans des
champs (Texpérience qui correspondent aux divers domaines de la
pratique sociale des individus cTune communauté linguistique donnée.
On parlera dc dom aines d 'experience. Le sens du mot canard, par
e.xernple, ne sera pas le même selon qu'il se réfère au domaine
d expéricnce de la FERME (a nim a l d o m e stiq u e d 'é!eva ge ), de la
M U S IQ U E ự a u s s e n o te ), dc la C U IS IN E ( v i a n d e d e v o ỉa iììe ), des

M É D IA S D 'IN F O R M A T IO N ự a u s s e iìo u v e lỉe ) ou đe la Z O O L O G IE
( o is e a u p a lm ip e d e ) , etc.
17
3 .2 .4 S e n s d e la n g u e e t s e n s d e d is c o u r s
Differentes theories linguistiques débattent de cette opposiiion
qu’elles nomment de điverses faẹons: d e n o ta tio n / c o n n o ta tio n ,
s ig n if ic a tio n /s e n s , s e n s / e ffe t lie s e n s, pour n’en citer que quelques-uns
On en retiendra ceci:
- d’une part, ies signes sont, pour chaque domaine d’experiencc.
porteurs d’un sens relativement stable, surtout dans leur conceptualisation
ré/ére n tielỉe et s tru c tu r e lle ;
- d’autre part, les signes sont employes dans des situations
particulières qui dependent de la vision qu’en a le sujet parlant
(conditions d ’em ploi); tout signe a done une valeur à la fois sin gu liè re et
so c ia le
Ainsi, “les mots n’ont pas de sens; ils n’ont que des emplois. Le
sens tel qu’il nous est communique dans le discours depend des relations
du mot avec !es autres mots du contexte et ces relations sont déterminées
par la structure du système linguistique. Le sens ou plutôt les sens de
chaque mot sont definis par I’ensemble de ces relations.” (P. Guiraud ' L a
sé m a n tique - Ọue sais-je ? p. 22).
4 L e le x iq u e e t la g ra m m a ir e
4.1 La d istin ctio n e n tre lexique e t g ram m a ire
La distinction entre lexique et grammaire paraĩt simple et comme
résolue depuis qu’il existe des ouvrages dits “de g ra m m a ire” et d ’autres
appelés “d ictio n n aire s”. Le lexique, ce serait l’ensemble des mots el de
leurs definitions que les lexicographes ont recueillis et précisés; la
granlmaire, l’ensemble des regies (et des exceptions) qui prescrivent au
locuteur les combinaisons auxquelles se plient les mots pour que 1’énoncé
soit intelligible. D’une part Ie sens, d ’autre part les relations. Quand les

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relations son! indiquées par dcs mots ( e t y (Ji\ q u e etc.), ceux-ci sont
appelés 'm o ts vide,v” oil cncorc g ra m m a tic a u x \ la fonction des mots
le x ic a iix ctant de porter Ic sens, ceux-ci seront considérés comme
" p i e i n s '. Mais il sulĩit de quclques exemples pour que cette distinction,
cette opposition se brouilie sous les difficultes de ranalyse :
J’ai lu lift livrc
et J'ai III le livre
n'om pas tout à fait le même sens
II y a (ionoun glissement du domaine de la srammaire vers celui du
lexique. Et il convient de poser que tout element de Pénoncé est charge
dc sens et participe au sens de rénoncé global.
4.2 La fo n c tio n d e s e le m e n ts “g ra m m a tic au x ” e t “lex icau x”
Mais pouvons-nous situer sur un mẽme plan les elements
sém;antiques “grammaticaiix'' el “ lexicaux”? Les mots contribuent-ils au
sens de la même manière?
Les elements linguistiques ont pour fonction, du point de vue
semantic]lie, de rẻ /érer à et de dénom m e r V exp erien ce que nous vivons.
Dans une ta b le , le second mot, un nom, désigne un element de ce
ccnt<exte que Ton appelle extra -linguisiique; le premier mot, un article, ne
fait cqu‘exprimer line particularity une modaU tè de Pélément désipné par
table*. Serait done lexicaI tout ce qui dans la langue peut se rapporter, en
la diénom m cuu, à rexperience des homines, g ra m m a tica l, tout ce qui
d ete r m in e les mots de cette evocation. Cela impliquerait que I'essentiel
dll sens, dans un énoncé, est portc par les elements lexicaux, de telle sorte
que lie loculeur puisse, éventuellement faire économie du grammatical.
Dc plus, les elements lcxicaux appartiennent à des ensembles vastes;
les éĩlémcnts grammaticaux à des ensembles restreints; et à partir d’une
struciture donnce, nous pouvons construire nombre de phrases điíTérentes.
car iinnombrables sont les noms, innombrablcs sont les verbes. En revanche

19
le' locụteur ne dispose pas d'un nombre illimité d'articles, ni de
prepositions: ces mots sont dénombrables aisément.
EXERCICES
1/ Trouvez d’autres définitions du mot “m o t Relevez les critères sur
lesquels on se base pour déíĩnir le m o t.
2/ Quelles sont les unites linguistiques que vous avez étudiées en
linguỉstique?
3/ Un mot phonétique peut-il correspondre à plusieurs mots graphiqucs?
Un mot graphique peut-il correspondre à plusieurs mols phonétiques?
Donnez des exemples à 1’appui.
4/ Pourquoi les appellations de m ot vid e et de m oi p le in sont-elles
impropres ?
5/ Les mots contribuent-ils au sens de 1’énoncé global de la mcme
manière? Donnez des exemples (non cités dans le cours).
6/ Quelles diíĩérences de sens y a-t-il dans deux phrases suivantes?
Quelle conclusion pouvez-vous tirer?
- Le train de Paris vient d’arriver.
- Le train yient d’arriver de Paris.
7/ Vous connaissez sans doute le sens des mots suivants. Sinon, referez-
vous au dictionnaire et dites avec quel autre mot on les trouve
toujours (ou presque) exclusivement associés : saur - bée - hocher -
perpétrer - hère - sire - bissextile - ouvrable.
20
C H A P IT R E D E U X
u : s NẺOLOGISMES ET L’EVOLUTION SÉMANTIQUE
1 La n é c e s s it é d e c r é e r d e s f o r m e s n o u v e l l e s
Une communautc socioiinguistique ne cesse de faire bouger son
langage, el plus particulierement son lexique. Au cours des siẻcles, le
vocabulaire a beaucoup évolưé: bien des mots ont disparu, beaucoup

d'autres sont successivement apparus. Au moment de leur entree dans
la langue, on pouvait appeler néo ỉo g ism e chacun de ces nouveaux
Venus. La presence des ternies nouveaux dans la langue est inevitable:
bien des néologismes sonl indispensables, notamment:
Pour designer les inventions nouvelles: on parle
á 'im p rifn a n ie , de c o h a b ita tio n , de m ic r o -o rd in ateu r, de na u tiq u e
a êrie n n e , d'a e ro n a utiq ue d 'a ero sta tio n par exemple.
- Pour remplacer une forme peu pratique : I’utilisation (Tune
forme nouvelle est également frequente quand la communication se
fail mal parce que la forme traditionnelle (peu pratique) devient
difficile à manier: dc nos jours le verbe clo re, defect if, fait place à
c ỉỏ tu re r, soiu tion n er concurrence réso u d re dont rusage est difficile.
Les nẻologismes favorisent done souvent la comprehension.
Aussi ne distinguerons-nous pas ceux qui correspondraient à une
notion nouvellc (informatique) et ceux qui exprimeraient (Tune autre
manière line notion connue (solutionner). I^I distinction est delicate et
peu utile. Nous mettrons seulement à part les formes récentes
21
(apcsaiiteur) et les sens récents (créneau). Les raisons qui cxpliqucnt
I’emploi des expressions ct mots nouveaux sont très diverses. On petit
les employer par souci de precision technique, pour amuscr. pour
rendre plus simple une expression qui serait longue. Parfois aussi.
certains en abusent par snobismc et pretention. Parmi les ncologisincs
on peut distinguer les mots fo rm e s su r d e s racin e s jr a n q a ise s et les
em p ru n ts faits à des iangues étrancères. On distingue aussi les
néologismes sémantiques dus à revolution sémantique (néologismcs
par modification des traits de selection) et les néologismes dc langine
(néoiogismes de forme produits par des regies linguistiques avec les
lexemes qui existent sous Pétat latent).
2 L ’e v o lu tio n d e la la n g u e

La linguistique a un double objet, elle est la science du langage net
la science des langues.
2.1 Le la n g a g e
Tous les hommes ont cette aptitude particulière, faculte huinain.c,
caractéristique universelle et immuable de pouvoir cominuniquer à
d ’autres hommes leurs pensées et de pouvoir exprimer leutrs
sentiments, leurs désirs ou leurs ordres au moyen d'une langu e.
2.2 La la n g u e
Si tous les hommes ont cette capacité de parler. tous ne parlemt
pas la même langue. La langue est un système specifique de sign<ss
articulcs dont le fonctionnement repose sur un certain nombrc de
regies, de contraintes. Elle est à la fois un produit social de la íacultté
22
íhi líin^age et un ensemble de conventions nécessaires, adoptées par le
corps social pour permettre Pcxercice de cette ĩaculté che/. Ics
individus. HI le cst distinclc (ill langage par son caractère
C(>n\ t'H iio nn c L s o c ia l, i’vn lu iif.
La langue est un phénomène social. Ellc est au service de la
société et elle évoluc avcc la société. Mais comment la langue évolue-
t-ellir? I/évolution dc la langue ne depend pas uniquement des
couches supérieures dc la société parce que la langue, en tant que
systẽme, est r oeuvre de toute la masse populaire.
• La langue évolue lentement par rapport aux autres phénomènes
sociaux.
• Le lexique (Tunc langue est le lieu des plus grandes variations,
des mots disparaissent de r usage quand d’autres sont créés, selon les
nécessités de la denomination (c'est-à-dire selon les besoins socio-
culturels du milieu).
• La grammaire d'une langue se modifie beaucoup plus lentement:
les elements qui en sont constitutifs sont relativement stables.

• Le lexique d’une langue s'enrichit non seulement par le nombre
de mots qui sont successivement apparus mais aussi par les
changemcnts de sens des mots existants.
3 d e v o l u t io n s é m a n ti q u e
3.1 La m o n o s ém ie et la p oly sém ie
Le mot est à rorigine porteur d’un seul sens appelé s e n s p r im it i f:
la communication postulc ỉhéoriquemcnt un sell I nom pour chaque
sens ct IIn seul sens pour chaque nom. Mais le mot évolue et acquiert,
,IU cours lie rhistoirc. d'autres sens. Ces demiers sont plus souvent
employes que Ic se n s p r im itif qui tombc, dans bcaucoup de cas, dans
I'oubli. Cette p u ỉy s é m ie - existence de plusieurs sens pour un mème
mot - est un phénomène caractéristique des mots du íranẹais qui
présente un avanlage evident dans la communication (cf. ch. 9, 2.1).
Si un mot peut avoir plusieurs sens, ce sont des sens virtueis.
Chaque mot a un se n s d e b a se et un ou des sens co lextu e ls qui ne se
superposent pas. C’est le cotexte qui precise le sens de co r et de
o p era tio n dans “Roland sonna du cor” et "L e s o pe ra tio ns se
p ou rsu iv e n t d a m le d elta ”. Et dans chaque cas, le mot évoque un
concept precis. C’est la m o n o sém ie. La monosémie des mots nous
permet d ’eviter toute ambiguTté.
3.2 La re stric tio n e t r e x te n s io n d e s s e n s
Beaucoup de mots ont change de sens au cours de I’histoire.
L abo u rer signifiait autrefois tra vailler. On labourait non seulement la
terre mais aussi le bois, le fer. De nos jours, on dit la b o u re r la terre
seulement. Son sens devient plus étroit! il y a alors res trictio n du sens.
P u n ier était line corbeille pour contenir le p a in , mol qui sert de radical
à panier. II désigne maintenant un ustensile d’osier, de jonc ou fom>é
d ’une matière rigide, muni d ’une anse, avec lequel on transporte dcs
provisions, des marchandises, etc. Le sens du mot s’est étendu: il y a
exte n sio n du sens. Dans la classification des fig u re s rh é to riq ues, la

restriction et I’extension de sens definissent la m é ta p h o r e et la
m é to n ym ie.
3.3 La m é ta p h o re e t la m é to n ym ie
3 .3 .1 L a m é ta p h o r e
a) Q u 'est-ce q u e la m éta p h o re?
24
Quand un ouvricr demande un picd-de-biche, il ne pense pas à
la ftmelle du cerf, mais à un instrument métallique qui ressemble -
plus oil moins - ả tin pied de biche. De mêmc quand on parle de
dvnfi d’lin pcigne, dc tcte (Tune épingle. Dans ces expressions, en
vertJ cTune ressemblance plus ou moins precise, on a “transporté”
sur m objet materiel un nom qui désigne une partie d'un être
vivait. C'est le principe de la m èta ph o re: la métaphore est I’emploi
dc out terme auquel on en substitue un autre qui lui est assimilé
aprèi la suppression des mots introduisant la comparaison. Les
méuphores expriment la ressemblance, mais il faut souligner que
ce tu resse m b la nce existe d 'iib o rd (et parfois uniquement) da ns
I ’e sfrit d e I'a u te ur de lư m étaphore. Autrement dit, dans le cas de
m é tc p h o r is a tio n , il se produit une c o n ta m in a tio n entre les
continus sémantiques des termes A et B. Dans M a th ie u e st une
p u a le terme A s’impregne des caractéristiques de la classe du
term: B (Mathieu s'impregne de la classe a nim a l tout en
contnuant d'appartenir à la classe h u m a in ), et inversement, le
term.* B s’impregne des caractéristiques de la classe du terme A
(puce s’impregne de la classe h u m a in tout en continuant
d’ap>artenir à la classe an im al). On pourrait dire que Mathieu est
un t u m a in -a n im a l- tr e s p e t i t et que puce est ici UĨ
1
h u m a in - tr è s
p e tit Cette contamination sémantique est tout à fait évidente dans

un éioncé comme « L 'h o m m e est un roseau p e n s a n t » (propriété
com nune : ê tre fr a g ile e t resista nt). Done la métaphore n’est pas
line comparaison raccourcie: la comparaison est un jugement
explcite porté sur certains aspects de la ressemblance qui peut
exìstír entre deux êtres tandis que la métaphore vise à fondre deux
ctres en un seul. C ’est pourquoi on peut dire que la
m e ta /h o r is a tio n propose une vision du monde dans laquelle les
signei subissent une m e ta m o rp h ose.
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b) M éta p ho re et le c o n tex te
Une mẻtaphore est rarement isolée, c ’est-à-dire qu’elle n’est pas
« gratuite »: presque toujours elle entretient des liens sémantiques
étroits avec le contexte. Parfois, au cours d’un mẽme texte, plusieuxs
métaphores de même type se succèdent. Aussi est-il souveint
impossible et peu utile de «traduire» une métaphore. L ’énoncé
métaphorique est la meilleure ou la seule fafon qu’a à disposition le
locuteur pour communiquer sa pensẻe (en d’autres termes, il n’y a pas
d’equivalent littéral de sa pensée). Cette proposition stipule qu’un
énoncé métaphorique ne peut être réduit à 1’une quelconque de s<es
paraphrases. Dire, en effet, à son enfant (la ) ou (lb ) ne se réduit pas à
communiquer leurs paraphrases (2a) ou (2b):
(1) a. Cette chambre est une porcherie.
b. Tu es un porcelet.
(2) a. Cette chambre est sale et désordonnée.
b. Tu es sale et repugnant.
On ne comprend pas pourquoi le locuteur n’a pas expritraé
directement sa pensée, par exemple par Pintermédiaire de (2). En foiit,
il n’est pas déraisonnable de penser qu’en énonọant les phrases (1), ile
locuteur a fait un peu plus que communỉquer les propositions (2). Par
exemple, pour (la ), que la chambre est sale et désordonnée au-delà de

toute limite ou, pour (lb ), que bien que sale et repugnant, l’enfamt
n’est pas moins attendrissant pour autant (comme le somt
généralement les jeunes animaux).
c) L e p ro c é d é de m éta p h o risa tio n
Le procédé de m é ta p h o r is a tio n peut s’ inscrire dans des structures
d’enonces diverses:
+ s tr u c tu r e d e d e fin itio n , dans laquelle !e terme B devient lie
terme déílnissant d’un terme A qui n’appartient pas à la même classie
sémantique:
« L’Komme est un roseau p e n sa n t »
(A) (B)
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