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Cahiers scientifiques Muséum Lyon (France) N14

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CAHIERS SCIENTIFIQUES
CENTRE DE CONSERVATION ET D’ÉTUDE DES COLLECTIONS

LYON

Fascicule : n° 14 (2007)


SOMMAIRE
***

Christophe ROUSTAN DELATOUR
Catalogue de la collection tibétaine et himalayenne du musée des Confluences (ancien Muséum de Lyon) .................................p. 5

Roger BOUR, Jean-Louis MARTELLI & Richard BOYER
Catalogue des collections de reptiles du Muséum de Lyon (Musée des Confluences). Septième note : chéloniens et crocodiliens ...p. 85

Yves ALMERAS, Louis RULLEAU, Marc BÉCAUD & Bruno THÉVENARD
Les Brachiopodes aaléniens de La Verpillière (Eperon lyonnais). Paléontologie. Nouvelles données biostratigraphiques........p. 117


CAHIERS

SCIENTIFIQUES
***

COMITÉ SCIENTIFIQUE

COMITÉ DE RÉDACTION

Olivier AURENCHE : préhistoire



Christine ATHÉNOR : attachée de conservation
Collections Afrique-Océanie

Roland BALLESIO : paléontologie, vertébrés
Micheline BOUDEULLE : minéralogie
Alain DUBOIS : zoologie, vertébrés
Raymond ENAY : paléontologie, invertébrés
Christian GAILLARD : paléontologie, invertébrés
et ichnologie
Jean-Claude GOYON : égyptologie
Claude GUÉRIN : paléontologie, vertébrés
Jean-Claude HUREAU : zoologie, vertébrés
François LAPLANTINE : ethnologie américaine
Pierre MEIN : anthropologie physique et paléontologie,
microfaune
Pierre MICHEL : minéralogie
Roland MOURER : ethnologie générale et asiatique
Philippe RICHOUX : entomologie
Yves TUPINIER : zoologie, vertébrés
Marie-José TURQUIN : zoologie, invertébrés
et milieu souterrain
Chantal ZHENG : ethnologie asiatique
Michel PHILIPPE : géologie générale, muséographie

Olivier BATHELLIER : attaché de conservation
Régie des collections
Didier BERTHET : attaché de conservation
Responsable du Département
des Sciences de la Terre

David BESSON : attaché de conservation
Paléontologie des invertébrés
Catherine BODET : attachée de conservation
Régie des Collections - Collections d’archéologie
Joël CLARY : conservateur
Responsable du Département
des Sciences de la Vie
Deirdre EMMONS : conservateur
Responsable du Département
des Sciences de l'Homme
Bruno JACOMY : conservateur en chef, adjoint au directeur,
responsable du service des collections.
Harold LABRIQUE : attaché de conservation
Entomologie
Laetitia MAISON : attachée de conservation
Responsable du Département des Sciences et Techniques
Virgile MARENGO : attaché de conservation
Entomologie
Marion TRANNOY : attachée de conservation
Collections Amériques-Arctique

Directeur de la publication :

Michel CÔTÉ, directeur du musée des Confluences

Responsable éditoriale :

Chantal SCHLECHT

Rédacteur en chef :


Didier BERTHET

DÉPARTEMENT DU RHÔNE - MUSÉE DES CONFLUENCES, LYON
CENTRE DE CONSERVATION ET D’ETUDE DES COLLECTIONS
13 A, rue Bancel, 69007 LYON-FRANCE
tél.04.37.65.42.00 - fax.04.72.72.93.98
email. - site web. www.museedesconfluences.fr


Département du Rhône - Musée des Confluences, Lyon

CATALOGUE DE LA COLLECTION TIBÉTAINE ET HIMALAYENNE
DU MUSÉE DES CONFLUENCES (ANCIEN MUSÉUM DE LYON)
Christophe ROUSTAN DELATOUR*

RÉSUMÉ
Le musée des Confluences (ancien Muséum de Lyon)
conserve plus d’une soixantaine d’objets provenant du
Tibet et de l’Himalaya1. Cette collection, largement
méconnue, peut être abordée de deux manières. La
première consiste à décrire chaque objet séparément,
ou par association typologique, sous forme d’une
notice succincte précisant ses caractéristiques, son utilisation, son iconographie. Envisagée sous cet angle,
la collection comprend plusieurs pièces intéressantes,
dont la présentation muséographique est pleinement
envisageable. L’ensemble se présente cependant
comme une accumulation fortuite, faiblement documentée et quelque peu disparate. La deuxième approche, au contraire, considère cet ensemble comme porteur de sens et tente de l’interpréter en adoptant une
perspective plus large. De ce point de vue, la collection apparaît non comme le fruit du hasard mais
comme le résultat d’un contexte historique particulier,

qui a clairement pesé sur les choix d’acquisition.
La « réalité » de la collection pourrait donc se situer
dans un regard croisé, qui permet de réconcilier spécificité de l’objet et cohérence de l’ensemble.

ABSTRACT
The Confluence museum (formerly Natural History
Museum of Lyon) possesses more than sixty Tibetan
and Himalayan objects. Assessing this little-known
collection requires a twofold approach. The first
method consists in cataloguing each object separately,
or within a typological grouping, by describing its
main features, use and iconography. Viewed under this
light, several interesting pieces can be singled out ; yet
the collection as a whole seems ill-documented and
somewhat random. The second method, however, considers the collection as a coherent entity, whose meaning should be sought within a broader context. From
this perspective, the collection no longer appears as a
fortuitous accumulation but as the result of specific
historical circumstances, which clearly influenced the
acquisition choices. The « reality » of the collection,
therefore, may be glimpsed from a middle ground,
where object and whole are equally significant.
Keywords : Tibet, Himalaya, Nepal, Buddhism,
shamanism, ethnography, museum, collection.

Mots clés : Tibet, Himalaya, Népal, bouddhisme,
shamanisme, ethnographie, musée, collection.

Adjoint au conservateur des musées de Cannes, responsable des collections extra-européennes.
Le terme « Tibet » est pris dans son acception géographique. Les objets relevant de l'aire culturelle tibétaine mais provenant de Mongolie ou
de Chine n'entrent pas dans le champ de cette étude. Ils sont toutefois recensés, à titre indicatif, en annexe du catalogue. Sont également

exclues 5 parures du nord de l'Inde, dont l'authenticité n'est pas avérée.
*
1

Cahiers scientifiques - Département du Rhône - Musée des Confluences, Lyon - N° 14 (2007)

5

p. 5-83

Cahiers scientifiques n° 14


Centre de Conservation et d'Etude des Collections

sont le fait de voyageurs intrộpides (militaires, religieux, administrateurs coloniaux, etc.), qui nhộsitent
pas braver les interdits et dộfier les hauts cols, afin
daccomplir des missions dont lintộrờt est surtout
stratộgique.
De cette pộriode pionniốre, le musộe des
Confluences a la chance de conserver une pierre votive (n 5), collectộe au Tibet en 1846 par le pốre Joseph
Gabet, missionnaire lazariste et compagnon de route
du pốre Evariste Huc4. Partis de Mongolie en 1844, les
deux Franỗais avaient pộniblement ralliộ Lhassa le 29
janvier 1846, avant dờtre expulsộs du Tibet six semaines plus tard, sur ordre de lambassadeur de Chine.
Huc et Gabet furent les seuls Europộens sộjourner
Lhassa entre 1812 et 1904.

PRẫSENTATION
La collection tibộtaine et himalayenne du

musộe des Confluences se compose principalement
dobjets ethnographiques, valeur esthộtique et rituelle pour la plupart, auxquels sajoutent un petit nombre
duvres dart ô classiques ằ (sculptures mộtalliques,
peintures). Malgrộ la qualitộ indộniable de nombreuses
piốces, lensemble paraợt souffrir, au premier abord,
dun certain manque de cohộrence. Constituộ au grộ
des opportunitộs, il noffre en effet quune vision trốs
partielle des rộgions concernộes. On remarque ainsi
une forte disparitộ gộographique (95 % des objets proviennent de laire culturelle tibộtaine, alors que
lHimalaya ô hindouisộ ằ est quasiment absent), doublộe dune disparitộ typologique (peu dobjets domestiques, absence de vờtements et doutils). Par ailleurs,
aucune documentation directe naccompagne les
objets, ce qui rend leur identification problộmatique2.
Mais gardons-nous dun jugement trop hõtif.
Toute collection sinscrit dans une histoire et toute
acquisition tộmoigne dun choix. Mis bout bout, ces
choix reflốtent lộvolution des connaissances, des
goỷts, des prộjugộs. A cet ộgard, la collection du
musộe des Confluences est vộritablement exceptionnelle car elle illustre prốs dun siốcle et demi de fascination occidentale pour la Haute-Asie. Aussi est-il
essentiel, avant de dộtailler les objets un un, de resituer la collection dans un contexte plus large, en ộvoquant les circonstances qui ont favorisộ, voire dộterminộ les choix.

Les expộditions savantes (1ốre moitiộ du 20e siốcle)
Ces premiốres dộcouvertes ouvrent la voie,
au tournant du 20e siốcle, linvestigation scientifique.
Dộlaissant lorientalisme en chambre, une poignộe
dexplorateurs ộrudits entreprend alors de parcourir le
Toit du monde. Lancộs ô la recherche des antiquitộs
et des manuscrits bouddhiques ằ5 (Sylvain Lộvi,
1898 ; Jacques Bacot, 1907-14), ils cartographient de
vastes territoires (Sven Hedin, 1897-1909), dộjouent
frộquemment la vigilance des autoritộs locales, sộjournent dans les monastốres (Alexandra David-Nộel,

1912-24) et jettent les bases dune histoire de lart de
la Haute-Asie (Giuseppe Tucci, 1926-55). Leurs
rộcits, parfois empreints de mysticisme (Nicholas
Roerich, 1923-28), marqueront durablement
limaginaire occidental. Quant aux collections rapportộes textes, uvres dộvotionnelles, objets rituels ,
elles affichent une prộdilection pour le fait religieux,
liconographie et le caractốre exotique, voire inquiộtant, de la liturgie. Mais elles ộtabliront aussi, dans les
milieux savants, limportance et loriginalitộ de lart
tibộtain, qui fait alors son entrộe dans les musộes6.
A Lyon, les objets acquis ou reỗus en dộpụt
par le Musộe Guimet et le Musộe Colonial rộpondent
lair du temps : une petite icụne mộtallique

I. Perspective historique : de la collecte savante
lộconomie de marchộ.
Les premiốres explorations (19e siốcle)
Au 19e siốcle, lHimalaya et le Tibet sont des
terres de lộgendes, extrờmement isolộes et souvent fermộes au monde extộrieur3. Les premiốres collectes y

2
En cela, la collection est bien diffộrente des collectes mộthodiques effectuộes au Nộpal, dans les annộes 60-70, pour le compte du Musộe de
l'Homme Paris (cf. Dollfus, s.d. : 9)
3
Nous adoptons, bien entendu, un point de vue occidental.
4
Dans ses souvenirs de voyage, le pốre Huc ộvoque la signification et l'usage de ces pierres (cf. Huc, 1853 : tome 2, 338-341 et 464).
5
Lộvi, 1986 : 37.
6
Le Musộe Guimet de Paris, qui possốde dốs l'origine quelques objets lamaùques, acquiert ses premiers thangka en 1903, complộtộs en 1912

par l'importante donation Bacot (partagộe ensuite avec le Musộe de l'Homme).

Cahiers scientifiques n 14

6


Dộpartement du Rhụne - Musộe des Confluences, Lyon

(n 3) et trois objets rituels (n 26, 35 et 36) dộposộs
en 1913 par le Musộe Guimet de Paris ; deux thangka
tibộtains (n 6 et 7, ce dernier provenant de la collection Bacot) dộposộs par la mờme institution en 1924 ;
une divinitộ tantrique en bronze (n 4), acquise en
1936 par donation7.

Si nous avions continuộ nous ộloigner de la vallộe
de Katmandou, nous naurions rien rapportộ! ằ10.
Mais cette situation va rapidement ộvoluer, consộcutivement aux grands bouleversements politiques. Dune
part, la crộation dun rộseau routier himalayen, conỗu
des fins militaires, facilitera bientụt les transactions
ộconomiques entre les hautes et basses vallộes11.
Dautre part, la guerre de 1962 entre lInde et la Chine
entraợne le bouclage de nombreuses zones frontaliốres12 ; de sorte que louverture inespộrộe du Nộpal,
accessible par la route dốs 1956, transforme la vallộe
de Kathmandu en un vộritable Eldorado13.

Annộes de plomb et annộes douverture : 1947 1976
Dốs la fin des annộes 40, le rempart himalayen commence cộder sous la pression de trois nouvelles puissances : lInde, le Pakistan et la Rộpublique
populaire de Chine. La partition indo-pakistanaise de
1947 plonge immộdiatement le Kashmir dans un

conflit sans issue. De son cụtộ, en 1950, la Chine communiste envahit le Tibet. Face la rộpression militaire chinoise, le Dalaù-lama est contraint de fuir vers
lInde en 1959. Au cours des annộes 60, quelque
80 000 Tibộtains suivront leur chef dans lexil, parmi
lesquels ô une majoritộ dhommes, la plupart des
membres de la noblesse et des dignitaires religieux,
mais aussi des paysans et des nomades ằ8. Ces rộfugiộs emportent avec eux quantitộ dobjets prộcieux,
sacrộs ou profanes, quils soustraient ainsi au pillage
et pourront monnayer en cas de besoin9.
A la mờme pộriode, cependant, la dynastie
des Shah rộtablit son pouvoir au Nộpal (1951) et dộcide douvrir le pays, jusqualors fermộ aux ộtrangers.
Dốs lannộe suivante (avril-juin 1952), une mission
scientifique genevoise y effectue lune des toutes premiốres collectes ethnographiques, non sans mal semble-t-il : ô nous nous aperỗỷmes trốs vite que plus on
sộloignait de la capitale plus le pays sappauvrissait
et quil ộtait impossible dacheter le moindre objet.

Lessor du marchộ ( partir des annộes 60)
Pendant la Rộvolution Culturelle chinoise
(1966-76), les quelque 6 000 monastốres, couvents et
sanctuaires du Tibet sont dộvastộs et pillộs. ô Les statues qui ornent les autels sont dộtruites ou emportộes
en Chine (Chengdu, Pộkin) oự elles sont par centaines
de tonnes stockộes ou fondues jusquen 1973, date
laquelle Pộkin commence sộmouvoir de leur disparition ằ14. Seuls douze monastốres ộchappent la ruine.
Fuyant les Gardes rouges, les Tibộtains
affluent par milliers dans la vallộe de Kathmandu, porteurs dobjets en tous genres : images pieuses, sculptures, accessoires liturgiques, parures, objets de lettrộs Certains se nộgocieront Delhi ou Calcutta,
dautres iront garnir les ộchoppes de Darjeeling ou de
Kalimpong, mais la plupart sont achetộs sur place, par
les touristes et rộsidents ộtrangers15.
Ancien carrefour du commerce trans-himalayen, Kathmandu devient la capitale des antiquitộs
16.
tibộtaines et himalayennes Loffre, dộsormais


Il faudrait ajouter cette liste une ô divinitộ assise ằ en bois dorộ (don Emile Guimet, 1913), qui n'a pu ờtre localisộe.
Deshayes, 1997 : 338.
9
Dans le Tibet traditionnel, la vente d'objets sacrộs ộtait une pratique peu courante, comme l'atteste G. Tucci (1969 : 15) : ô quant aux statues et objets du culte, les registres du monastốre en conservaient la liste mộticuleusement tenue jour, et le moine chargộ de leur surveillance
aurait encouru de graves sanctions s'il en avait disparu [un seul]. Il en allait de mờme dans les chapelles privộes : jamais l'appõt du gain
n'aurait triomphộ de la rộpugnance qu'inspirait tout commerce d'objets sacrộs, si le propriộtaire n'ộtait pas assurộ qu'ils iraient l'un de ses
coreligionnaires. ằ
10
Lobsinger-Dellenbach, 1954 : 4. Cette collecte permit au Musộe d'ethnographie de Genốve d'acquộrir 394 objets.
11
Dupuis, 1982 : 73.
12
Leur ouverture au tourisme sera progressive : le Ladakh dốs 1974, le Tibet en 1979 (ouverture partielle), le Mustang et le Spiti en 1992...
13
Contrairement au Bhoutan, qui se modernise la mờme ộpoque mais refuse le tourisme de masse (Pommaret, 2005 : 76).
14
Deshayes, 1997 : 349.
15
L'un des intermộdiaires de ce commerce naissant fut une certaine ô Mrs. Scott ằ, belle-mốre du fameux Boris Lissanevitch (Peissel, 1990 :
263-264).
16
Parallốlement aux filiốres licites, des rộseaux de contrebande s'organisent entre le Tibet et le Nộpal, ainsi qu'au Nộpal mờme (Greenwald,
1990 : 90).
7
8

7

Cahiers scientifiques n 14



Centre de Conservation et d'Etude des Collections

régulée, rencontre une demande en pleine expansion,
elle-même encouragée par la concentration et
l’abondance de marchandise. Les œuvres majeures
prennent le chemin des grands musées, galeries et collections privées17. Quasiment inconnues du reste du
monde avant les années 50, elles s’exposent désormais
en tant qu’art à part entière18, non plus comme simples
vecteurs d’iconographie religieuse. Quant à la trentaine d’objets acquise par le Muséum de Lyon entre 1981
et 1991 (coll. Ozoux-Fatton, Berthel, etc.), elle est
typique de ce que recherchent alors les amateurs de
passage : des objets authentiques et souvent anciens,
ayant une valeur esthétique et/ou rituelle, similaires
aux curiosités rapportées par les explorateurs du début
du siècle. On est bien loin, donc, des « objets du quotidien » collectés au Népal jusqu’en 1975 par les ethnologues du CNRS (dont l’objectif avoué était de
montrer la « réalité » du pays : « in the most
« human » and truest light, delivered as it were from a
certain aura of exoticism and unknowability, which,
when it comes to the East, all too often prevents
19
Westerners from seeing the genuine reality. » ).

vallées. Le collectionneur Marc Petit évoque « le
mélange de curiosité et de réticence qui a accueilli
[…] l’apparition inattendue d’objets anciens, jusquelà inconnus, originaires pour la plupart des « montagnes moyennes » népalaises. Masques, guide-baratte,
pots à lait, tambours et dagues de chamanes, statues
protectrices des ponts et des fontaines […] souvent
chargées d’une épaisse couche de magie que la rareté

de l’information ethnographique les concernant n’a
pas manqué de rendre encore plus mystérieuse »21…
Ces objets acquerront une notoriété sur le marché
international dans les années 80, notamment grâce à
quelques expositions pionnières22. Une fois encore, le
musée des Confluences n’est pas en reste : il peut
s’enorgueillir de conserver, depuis un quart de siècle
environ, deux tambours shamaniques népalais (n° 55 et
56), ainsi qu’une rare statuette « tribale » portant une
inscription (n° 54), dont l’acquisition remonte à 1992.

II. L’identification des objets : problèmes spécifiques
Eu égard aux évènements qui viennent d’être
évoqués (conflits, exil, essor d’un marché touristique…), les lacunes documentaires de la collection
du musée des Confluences sont aisément compréhensibles. On peut supposer, en effet, que le parcours des
objets fut souvent chaotique : emportés à la hâte, dissimulés, troqués, écoulés dans les bazars… ils étaient
déjà « décontextualisés » avant même leur entrée au
musée. Or, en l’absence de documentation directe, il
est parfois difficile de déterminer la provenance de ces

Toutefois, le marché local va s’orienter, peu à
peu, vers de nouveaux débouchés. Peut-être est-ce dû,
en partie, à la raréfaction des objets anciens. Peut-être
aussi à la réglementation népalaise, qui interdit (en
principe) l’exportation des « antiquités »20 ; ou bien
encore, au flair de quelques entrepreneurs avisés…
Quoiqu’il en soit, les marchands de Kathmandu commencent à proposer, au cours des années 70, des objets
« tribaux », rabattus des collines ou de lointaines

17

En 1965, à l'initiative du Dalaï-lama, le Tibet House Museum est inauguré à New Delhi, afin d'abriter 139 « rare and precious artefacts
acquired from Tibetans in exile in India. Brought across the Himalayas under very great hardship, these artefacts symbolized the Tibetan's
religious instinct and his sense of patriotism. There was a need therefore, for a proper sanctuary for objects for which so many people had
sacrificed so much. The Dalai lama thought that what could be saved must be collected immediately and preserved for all. » (Anonyme, 1965 :
intro.)
18
Une première exposition d'art népalais a lieu à l'Asia House de New York en 1964, suivie d'une deuxième, organisée en 1966-67 à Paris
(musée Guimet) puis Essen (Villa Hügel) par le Département de l'archéologie du Népal. En 1968-69, une exposition consacrée à l'art du Tibet
est organisée par le Comité suisse d'Aide aux réfugiés tibétains ; tandis que le Miami Art Center expose « l'art des montagnes d'Asie » (De
Mallmann 1970 : 71). En 1969, l'exposition « L'art du Tibet » est inaugurée à New York. Les publications et ouvrages de référence paraîtront
dans les années 70 et 80.
19
Népal, hommes et dieux (1970 : 9) traduit par P. Dollfus (s.d. : 9).
20
Cette législation s'applique à tout objet dont l'ancienneté est supérieure à 100 ans. En pratique, elle protège surtout l'art newar ancien, tandis que les antiquités tibétaines circulent assez librement et que l'exportation d'objets « tribaux », méprisés par l'élite népalaise et difficilement
datables, est systématiquement autorisée.
21
Petit, 1989 : 7.
22
Citons, parmi les premières expositions consacrées aux masques « tribaux » : Galerie L'île du démon (1981) ; Hong Kong Land Property
(1988) ; Galerie Le Toit du Monde (1989), accueillie par l'EPAD (Paris La Défense) puis le Musée de la Castre (Cannes) en 1991 ;
Smithsonian Institution (Washington), organisée dans neuf villes des États-Unis et du Canada (1989–1991) ; Pace Primitive Gallery (1990).

Cahiers scientifiques n° 14

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Département du Rhône - Musée des Confluences, Lyon


objets, leur utilisation ou encore leurs matériaux constitutifs. Ces incertitudes, symptomatiques de notre
étude, méritent quelques explications.

L’utilisation
La plupart des objets du musée des
Confluences ont une utilisation connue, qui peut
d’ailleurs varier selon les circonstances ou l’intention
de l’utilisateur26 (cf. les instruments liturgiques).
D’autres, en revanche, demeurent relativement obscures. Ainsi, ce que nous identifions volontiers comme
une « verseuse à eau lustrale »27 (n° 29) a été publié
ailleurs sous l’appellation « théière de voyage »
(Dollfus et Hemmet, 1989 : 62). De même, la statuette
tribale népalaise citée précédemment – et dont
l’inscription n’a pas complètement livré le secret –,
peut être interprétée comme la représentation d’un
défunt, à moins qu’il ne s’agisse d’une « figure protectrice » (Petit, 2006 : 9)… La prudence est donc de
rigueur car il n’y a, en la matière, aucune certitude.

La provenance
Les objets tibétains ont, par nature, une vocation nomade23. Conçus pour être roulés, pliés ou
suspendus, ils pouvaient voyager avec leurs propriétaires ou être colportés, à dos de yak ou de mulet, à
travers l’Himalaya. Ainsi, jusqu’au début des années
50, les caravanes tibétaines qui se rendaient à
Bodnath, aux abords de Kathmandu, y échangeaient
tapis et thangka des hauts plateaux contre bijoux,
moulins à prières et pièces d’orfèvrerie newar. Peu ou
prou, les objets ont toujours circulé, tout comme les
artisans. Plus récemment, Kathmandu est devenue la
plaque tournante d’un commerce international qui
draine des objets de toutes origines, de la frontière

indo-birmane à l’Hindu Kush. Regroupés dans la
capitale népalaise, ils sont ensuite réexportés à travers
le monde24.
S’ajoute à ce brassage une difficulté supplémentaire. Au cours des siècles, en effet, la culture tibétaine a été adoptée, à des degrés divers, par les pays
voisins du Tibet : le Bhutan, les hautes vallées du
Népal (Mustang, Dolpo, Solu-Khumbu, etc.) et de
l’Himalaya indien (Ladakh, Zanskar, Spiti, HautLahul, Sikkim, Arunachal Pradesh). Quoique morcelée sur le plan politique, cette « aire culturelle tibétaine » porte l’empreinte du bouddhisme tibétain, aussi
appelé « lamaïsme », lequel constitue un développement particulier du bouddhisme tantrique
- 25. Ainsi retrouve-t-on, d’une région à
(Vajrayana)
l’autre et selon les écoles, les mêmes iconographies et
les mêmes objets cultuels. A défaut d’une inscription
explicite, d’une particularité stylistique ou d’une
information de collecte, la provenance de ce type
d’objet reste purement conjecturale.

Les matériaux
Remarquons, pour conclure, que les objets
du musée des Confluences sont presque toujours composites, étant parfois constitués d’une variété impressionnante de matériaux (par ex. n° 20 et 50). Identifier
précisément ces constituants nécessiterait des analyses en laboratoire. Les alliages métalliques, par exemple, sont nombreux mais difficilement identifiables à
l’œil nu, surtout en l’absence de corrosion caractéristique. De fait, le terme « bronze » désigne dans l’art
tibétain et himalayen tout type d’alliage cuivreux,
quelle que soit sa composition réelle (cuivre rouge,
bronze ou laiton, avec ajout possible de fer, d’argent,
etc.)28. Les matériaux organiques sont également très
divers : bois, fibres, coquillage, ivoire, corail (teint ou
non), corne, peau, cuir… dont on souhaiterait pouvoir
spécifier la nature et l’origine.

Cf. Blanchard et Blanchard, 2005 : 12.

L'autorisation d'exportation est délivrée par le Département de l'archéologie du Népal, qui appose sur l'objet un cachet de cire rouge et délivre un certificat (rarement conservé) indiquant la taille, le poids, l'appellation et le matériau principal de l'objet, ainsi que les nom et
nationalité du demandeur.
25
- est lui-même issu du courant Mahayana
- - (« Grand Véhicule »).
Le Vajrayana
26
A ce titre, signalons que certains objets emblématiques du bouddhisme tibétain, tels que le « moulin à prières » (cf. n° 14 et 15), ont leur
équivalent dans la religion bön.
27
Cf. Peissel, 1986 : 192, ill. 194-195.
28
L'alliage de « sept métaux » (représentant les planètes) et l'usage de métal météoritique sont attestés par la tradition.
23
24

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Cahiers scientifiques n° 14


Centre de Conservation et d'Etude des Collections

Un cas spécifique concerne les matériaux tels
que l’os, dont l’emploi est prescrit par la religion.
Dans les rares cas publiés, ces prescriptions ont pu
être corroborées, ou infirmées, par l’analyse scientifique. L’examen des .damaru (cf. Glossaire) conservés
au musée Guimet, à Paris, n’a ainsi révélé « aucun os
féminin, mais uniquement des éléments de squelettes
masculins. De plus, l’usage de matériaux de substitution est très largement répandu. Les moines dGe-lugs-pa,


par exemple, n’ont théoriquement pas le droit
d’utiliser des instruments rituels en os humain. Les
crânes et les peaux de singes, particulièrement des
semnopithèques […] sont largement utilisés »29. A ce
titre, les cinq objets en os du musée des Confluences
requièrent une étude complémentaire, qui contribuerait à valoriser la collection et enrichir les connaissances scientifiques.

Béguin, 1990 : 163.

29

Cahiers scientifiques n° 14

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Département du Rhône - Musée des Confluences, Lyon

TRANSLITTÉRATION DES TERMES ASIATIQUES :
Les termes asiatiques sont indiqués en italiques. Ceux qui figurent dans le Glossaire sont indiqués en gras.
Sauf mention contraire, les termes sont en sanskrit.
La translittération du sanskrit (skrt.) suit le système IAST (International Alphabet of Sanskrit Transliteration) :
, et sont des voyelles longues
e se prononce « é »
ai est une diphtongue
se prononce « ri »
c se prononce « tch »
et se prononcent « ch »
, et sont des rétroflexes

indique une nasalisation
La translittération du tibétain (tib.) suit le système international Wylie. Elle est généralement complétée, entre
parenthèses, d'une transcription usuelle plus proche de la phonétique française.
GLOSSAIRE :
abhayamudr : « geste de l'absence de crainte » – Main droite levée, paume vers l'extérieur ; geste de protection,
sérénité, bienveillance.
Amit yus : « Vie Infinie » – Nom donné au jina Amit bha (« Lumière Infinie ») sous son aspect paré. Amit bha
symbolise la pureté de l'Éveil spirituel, tandis qu'Amit yus procure santé et longue vie. Il règne sur le
paradis de l'Ouest (Sukh vat , la « Terre des Bienheureux »), où ses fidèles peuvent espérer renaître. Il
fait partie, avec Avalokite vara et kyamuni, d'une triade majeure du bouddhisme Mah y na.
a amangala : « les 8 signes de bon augure » [tib. bkra-shis-rdas-bryad ; tashi-tak-gye] – Ensemble de motifs
fréquemment représentés dans la décoration religieuse tibétaine. La liste des motifs peut varier.
Avalokite vara : « le Seigneur qui regarde d'en haut » [tib. sPyan-ras-gzigs (Chenrezig)] – L'un des principaux
bodhisattva du Mah y na. Symbole de la Compassion universelle.
bdud-rtsi (dutsi) : tib. « ambroisie » [skrt. am ta] – Substance sacrée liée à la félicité et aux pouvoirs spirituels.
Lors des cérémonies lamaïques, le bdud-rtsi est fabriqué au moyen de pilules à base d'herbes (?)
mélangées à une solution aqueuse (parfois dosée d'alcool ?)
bh mispar amudr : « geste de la prise de la Terre à témoin » – Main droite touchant le sol, généralement du
bout des doigts. Geste caractéristique du Buddha et du jina Ak obhya ; symbolise l'Éveil spirituel.
b ja : « syllabe-germe » [tib. sa-bon] – mantra monosyllabique.
bodhisattva : « être d'Éveil » [tib. byang-chub sems-dpa' (changchub sempa)] – Dans le Mah y na et le
Vajray na, un bodhisattva est un être de compassion, céleste ou terrestre, qui a choisi de différer son
propre salut afin d'aider tous les êtres vivants à atteindre l'Éveil spirituel.
amaru : Tambour-sablier à boules fouettantes [tib. cang-t'eu ; thod-rnga « crâne-tambour »] – utilisé dans la
liturgie lamaïque, parfois en conjonction avec la gha
ou le rkang-gling (« trompe-fémur »). Tenu de
la main droite, le amaru est agité par rotation du poignet afin que les boules frappent alternativement
les 2 peaux. Les caisses de résonance peuvent être constituées par 2 calottes crâniennes dans certains
rites, tel le chö (méditation tantrique). Un grand amaru en bois est utilisé aussi pour cette pratique.
D'origine indienne – il est l'attribut de iva N tar ja, dont il rythme la danse –, le amaru figure dans

l'iconographie du bouddhisme tibétain en tant qu'attribut de plusieurs divinités tantriques courroucées
(Mah k la...) et de certains maîtres religieux. Il symbolise la maîtrise des énergies corporelles et la
transcendance de la dualité.
dhy namudr : « geste de la méditation » – Mains posées l'une sur l'autre dans le giron, paumes vers le haut.

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Cahiers scientifiques n° 14


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dhy n sana (aussi appelé padm sana) : « posture de la méditation » – Jambes repliées l'une contre l'autre,
plantes des pieds visibles.
gha

: « clochette » [tib. dril-bu] – Instrument liturgique important, utilisé dans le bouddhisme tibétain lors
des rituels et des initiations. Tenue par son manche de la main gauche, elle est souvent associée au vajra
(main droite). Agitée sur un rythme différent à chaque phase du culte, elle accompagne parfois le
amaru. Le son de la gha
écarte les démons et permet d'invoquer les divinités. Il symbolise le son
créateur, l'enseignement du Buddha, l'impermanence (son bref)... Dans l'iconographie, la gha
figure
en tant qu'attribut de plusieurs divinités et personnages religieux (cf. Helffer 1985 : 53-55).
Symbolisme : cf. vajra.

Jambhala [tib. Dsam-bha-la] : Dieu des richesses.
jina : « vainqueur (des illusions) » [tib. rgyal-ba]– Buddha majeurs du Mah y na, au nombre de 5, qui règnent
sur les paradis célestes situés aux 4 points cardinaux et au centre. Aussi appelés dhy nibuddha
(« buddha de méditation »).

kala a : « vase » – Récipient contenant l'am ta (cf. bdud-rtsi).
kap la : « crâne » [tib. thod-pa (theupa) ; nangchu] – Coupe crânienne rituelle. Figure dans l'iconographie du
bouddhisme tibétain en tant qu'attribut de certaines divinités courroucées et de personnages religieux
(Padmasambhava, dharmap la : « protecteurs de la Doctrine »...). Tenu dans la main gauche. Certains
ascètes l'utilisent aussi comme bol à aumônes ou à nourriture.
kha ga : « épée » – Attribut symbolisant la Sagesse, qui permet de combattre les puissances maléfiques et de
trancher l'ignorance.
k rtimukha : « visage de gloire » [tib. rtsi-par (zipak ; ziba)] – Motif décoratif représentant une tête
monstrueuse.
lalit sana : « posture de relaxation » – Une jambe repliée, l'autre pendante.
mah siddha : « grand accompli » [tib. sgrub-thob (dubthob)] – Appellation donnée aux 84 maîtres indiens et
tibétains du bouddhisme tantrique, qui vécurent selon la tradition entre le 7e et le 12e siècle.
makara [tib. chu-srin] : Monstre marin d'aspect composite (poisson, crocodile, éléphant)
m l : « chapelet » [tib. 'phreng-ba (trengwa)] – Rosaire utilisé par les pratiquants du bouddhisme tibétain.
Attribut de nombreuses divinités et de certains bodhisattva (Avalokite vara, Prajñ p ramit ...).
ma

ala : « cercle » [tib. dkyil-'khor (kyilkhor)] – Diagramme mystique représentant le palais céleste d'une
divinité et de son entourage. Permet aux initiés de s'identifier, à travers la pratique rituelle et la
méditation, à la divinité représentée au centre (notamment à des fins de progression spirituelle).

mani 'khor-lo (mani chho-'khor) : tib. « moulin (ou roue) à prières » – Objet emblématique du bouddhisme tibétain, utilisé à la
fois par les religieux et les laïcs. Le moulin à prières contient un rouleau sur lequel sont inscrits un grand nombre de
mantra (le plus souvent « Om mani padme hum »). Actionné d'une main, il tournoie dans le sens des aiguilles d’une
montre, faisant ainsi défiler les mantra dans le sens de la lecture (qui correspond au sens du parcours solaire). Chaque
rotation équivaut à la récitation de l'ensemble des mantra. Alliée au recueillement intérieur, la répétition de ces prières
innombrables permet d'accumuler des mérites personnels, tout en contribuant au salut de « tous les êtres » vivants.
Dans sa version portative, le moulin à prières est pourvu d'un manche et peut être actionné au repos ou en marchant.
Une version sans manche, dite « de table », peut être posée à plat sur un meuble (cf. Annexe II). Un autre type, de taille
variable, est encastré dans la maçonnerie des monuments religieux ou intégré à des meubles spécifiques.

mantra : « instrument d'évocation mentale » [tib. gzungs-snags (zung)] – Formule concise ou série de syllabes
dont la signification est ésotérique. Souvent associé à une divinité particulière, qu'il sert à invoquer, le
mantra est considéré comme particulièrement efficient. Sa répétition permet au laïc d'acquérir des
bienfaits matériels ou spirituels (protection, mérites), tandis que l'initié reconnaît dans le mantra un
condensé des enseignements, utile aux pratiques méditatives.

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mudr : « signe, sceau » [tib. phyag-rgya] – Position codifiée et symbolique des mains.
n ga : « serpent » [tib. klu] – Être mythique à caractère ophidien.
norbu : tib. « joyau » [skrt. ratna] – Symbole bouddhique de l'offrande précieuse.
padmap ha : « socle-lotus » – Trône, socle ou piédestal en forme de lotus.
prabh vali : « rangée de lumières » – Nimbe entourant le corps d'une divinité.
Prajñ p ramit : « Perfection de la Sagesse » – L'un des bodhisattva féminins du Mah y na et du Vajray na.
praty l h sana : « posture fendue vers la droite » – Debout, jambe droite fléchie, jambe gauche tendue.
kyamuni : « le sage des
Buddha historique.

kya » [tib. Sha-kya thub-pa] – Siddh rtha Gautama (c. 546-466 av. J.-C.), le

a kha : « conque » [tib. dung-dkar (dungkar)] – Instrument de musique liturgique, utilisé dans le bouddhisme
tibétain lors des cérémonies religieuses et des processions. Sert à scander les phases d'un rituel, à sonner
l'appel à la prière et la convocation aux réunions et repas monastiques. Elle symbolise le son de la
Doctrine bouddhique (dharma), qui éveille les êtres et se répand à travers l'univers (jouées par paire sur
le toit des monastères, elles sont ainsi orientées successivement vers les points cardinaux). La a kha

ne produit généralement qu'un seul son mais les modulations et la position des mains permettent d'en
étendre la gamme. Dans l'iconographie, elle figure à la fois parmi les a amangala et en tant qu'attribut
de certaines divinités (Vajrat r , Ekaja ).
thangka : tib. « chose que l'on déroule » – Image peinte (détrempe sur toile), brodée ou appliquée, pouvant
représenter une divinité ou un haut personnage (saint, maître spirituel) du panthéon bouddhique tibétain,
seul ou en groupe, un ma ala, voire un sujet didactique (médecine, herboristerie, astrologie…). Les
thangka dévotionnels, à la fois supports de culte et de méditation, peuvent être suspendus dans un
monastère ou une maison, exhibés à l'occasion d'une cérémonie ou d'une procession religieuse (pour
l'édification des fidèles) ou encore roulés pour le transport ou le stockage. Un voile permet de protéger
et d'occulter l'image.
triratna : « les 3 joyaux » – Motif bouddhique tripartite, symbolisant le Buddha, le dharma (Doctrine) et le
sa gha (congrégation monastique).
tsha-tsha (tib.) : Empreinte votive, fabriquée à l'aide d'un moule métallique dans un mélange (théorique) de terre
argileuse et de cendres humaines d'incinération.
vajra : « foudre-diamant » [tib. rdo-rje (dorje) : « seigneur des pierres »] – Petit objet rituel ; accessoire
principal du Vajray na, auquel il donne son nom. Associé à la pureté incorruptible du diamant, il est
considéré comme un instrument purificateur et utilisé lors des rituels et des initiations. L'officiant tient
le vajra de la main droite et la gha
de la main gauche. Ces objets vont de paire : le vajra, symbolise
les « Moyens » (up ya), assimilé à la compassion ; la gha , symbolise la sagesse (prajñ ). Leur
association évoque également l'union des « contraires interdépendants » (par ex. : union mystique des
principes masculin, vajra, et féminin, gha ) qui conduit à l'Éveil spirituel.
D'origine ancienne, le vajra est l'arme du dieu hindou Indra et figure en tant qu'attribut de nombreux
personnages du panthéon bouddhique (Ak obhya, Vajrap i, Vajradhara, Vajrasattva, les Yi-dam...).
Ses « pointes » représentent des flammes ou des émanations de lumière. Le nombre de pointes – qui
peut être de 1, 3, 5, 7 ou (plus rarement) 9 – correspond à un usage spécifique de l'instrument.
Vajrap

i : « Porteur du vajra » [tib. Phyag-na rdor-rje (Chana dorje)] – L'un des principaux bodhisattva (ou
dhy nibodhisattva) du Vajray na. A la fois protecteur et destructeur d'obstacles, il incarne les pouvoirs

des buddha.

vi vavajra : « vajra universel » – vajra cruciforme. Symbole de la stabilité immuable.

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REMERCIEMENTS
L’auteur tient à remercier les personnalités suivantes
pour leur précieuse contribution :

Dr. Michael Oppitz, Directeur du
d’ethnographie de l’Université de Zurich

Deirdre Emmons, Conservatrice du département Asie
au musée des Confluences

Gisèle Krauskopff, Chargée de recherche au CNRS,
enseignante à l’université Paris X–Nanterre

Nathalie Bazin, Conservatrice de la section
Tibet/Népal au Musée national des Arts asiatiques–Guimet

Dr. Axel Michaels, Professeur d’indologie classique à
l’Université de Heidelberg


Musée

Nutandhar Sharma, Chercheur à l’Université de
Heidelberg

François Pannier, Responsable de la galerie Le Toit du
Monde

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANONYME (1965) – Tibet House Museum, catalogue
de l’exposition inaugurale, New Delhi, 88 p.

DUPUIS J. (1982 [1972]) – L’Himâlaya, PUF
(Que-sais-je n° 1470), Paris, 128 p.

ANONYME (1987) – Trésors du Tibet. Région autonome
du Tibet, Chine, catalogue de l’exposition,
Muséum d’Histoire Naturelle, Paris, non
paginé.

GREENWALD J. (1990) – Shopping for Buddhas,
Harper & Row, San Fransisco, 165 p.
HELLFER M. (1985) – « Essai pour une typologie de la
cloche tibétaine dril-bu », Arts Asiatiques,
Tome XL, Paris, p. 53-67.

ARYAN S. & DATTA GUPTA R. K. (1993) – Crafts of
Himachal Pradesh, Mapin, Ahmedabad,
168 p.


HUC E. (1853) – Souvenirs d’un voyage dans la
Tartarie, le Thibet et la Chine, pendant les
années 1844, 1845 et 1846, Adrien Le Clère,
Paris, tome 1 : 440 p., tome 2 : 518 p.

BÉGUIN G. (1990) – Art ésotérique de l’Himâlaya.
Catalogue de la donation Lionel Fournier,
Musée national des arts asiatiques – Guimet,
Paris, 13 octobre 1990 au 28 janvier 1991,
203 p.

LEVI S. (1986 [1905]) – Le Népal. Etude historique
d’un royaume hindou, 2 tomes, coédité par
Toit du Monde, Raj de Condappa et Ed.
Errances, Paris.

BÉGUIN G. (1995) – Les peintures du bouddhisme tibétain, Réunion des Musées Nationaux, Paris,
522 p.

LOBSIGER-DELLENBACH M. (1954) - Népal. Catalogue
de la collection ethnographique népalaise du
musée d’ethnographie de la ville de Genève,
Genève, 71 p., 31 pl.

BLANCHARD E. T. & BLANCHARD L.-M. (2005) –
L’artisanat du Tibet, Hermé, Paris, 128 p.
DESHAYES L. (1997) – Histoire du Tibet, Fayard, Paris,
463 p.

MALLMANN M.-T. de (1970) – « Arts du Tibet et des

régions himâlayennes. », Arts Asiatiques, T.
XXI, Paris, p. 71-90.

DOLLFUS P. & HEMMET C. (1989) – Voyages dans les
marches
tibétaines,
catalogue
de
l’exposition, Musée de l’Homme, Paris, 72 p.

PEISSEL M. (1986) – Les royaumes de l’Himalaya,
Bordas, Paris, 231 p.

DOLLFUS P. (s.d.), The Major Tibetan and Himalayan
Collections in France, NECEP WP2, document consulté le 29 juin 2007,
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Cahiers scientifiques n° 14

PEISSEL M. (1990 [1966]) – Tiger For Breakfast, The
Story of Boris of Kathmandu, Time Books
International, New Delhi, 282 p.

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Département du Rhône - Musée des Confluences, Lyon

PETIT M. (1989) – L’art primitif de l’Himalaya existet-il ?, Masques de l’Himalaya, du primitif au
classique, F. Pannier et S. Mangin, Paris,
p. 7-16.


POMMARET F. (2005) – Le Bhoutan. Au plus secret de
l’Himalaya, Gallimard (Découvertes), Paris,
128 p.
TUCCI G. (1969) – Tibet, pays des neiges, Albin
Michel, Paris, 215 p.

PETIT M. (2006) – La statuaire archaïque de l’ouest
du Népal, Galerie Renaud Vanuxem, Paris,
135 p.
POMMARET F. (2000) – « Rouge est le Sang : Le Bétel
au Bhoutan », in Opiums : les plantes du
plaisir et de la convivialité en Asie,
l’Harmattan, Paris, pp. 25-38.

COLLECTIONS SIMILAIRES CONSULTABLES
SUR INTERNET (JUILLET 2007)
ACKLAND ART MUSEUM (University of North Carolina
at Chapel Hill) : www.ackland.org/index.php

MUSÉE D’ETHNOGRAPHIE NEUCHÂTEL : www.men.ch
MUSÉE DU QUAI BRANLY (Paris) : www.quaibranly.fr

AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY (New York) :
/>
NORTON SIMON MUSEUM (Pasadena) :
www.nortonsimon.org

BURKE MUSEUM OF NATURAL HISTORY AND CULTURE
(Washington) : www.washington.edu/burkemuseum


PACIFIC ASIA MUSEUM (Pasadena) :
www.pacificasiamuseum.org

CLEVELAND MUSEUM OF ART : www.clevelandart.org
PITT RIVERS MUSEUM (Oxford) : www.prm.ox.ac.uk
HIMALAYAN ART RESOURCES (portail Web) :
www.tibetart.com

PHILADELPHIA MUSEUM OF ART :
www.philamuseum.org

MUSÉE D’ETHNOGRAPHIE DE GENÈVE : www.villege.ch/meg/collections.php

RUBIN MUSEUM OF ART (New York) : www.rmanyc.org

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Pierre votive – cf. notice 5, page 36

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Amit yus – cf. notice 1, page 33
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Vajrap i – cf. notice 2, page 33
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kyamuni – cf. notice 6, page 37
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Vajrap i – cf. notice 7, page 39
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Table pliante – cf. notice 8, page 40

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Rosaire – cf. notice 10, page 42
Moulin à prières – cf. notice 14, page 46

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Tambour-sablier à boules fouettantes – cf. notice 19, page 50
Trompe – cf. notice 23, page 54

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Trompe – cf. notice 22, page 52
Paire de petites cymbales – cf. notice 21, page 52

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Réceptacle à eau lustrale – cf. notice 30, page 60
Trépied pliant – cf. notice 31, page 62
Verseuse à eau lustrale – cf. notice 29, page 60
Coupelle à eau lustrale – cf. notice 32, page 62
Cuillère à libation – cf. notice 34, page 64

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