ATLAS
DE LA
FLORE ALPINE
Publié par
le
et
Club alpin allemand
autrichien.
Texte par
HENRY CORREVON
Propriétaire du Jardin alpin d'acclimatation à Genève,
Directeur des Jardins botaniques alpins de
Président de l'Association pour
la
la
Linnœa
et
des Rochers de Naye,
protection des plantes, etc.. etc.
Avec 500 planches en couleurs.
^
*>$*,
^
Cet ouvrrioe esl
la
propriété du Club Alpin iilleinand et autrichien.
L'édition allemande, 2^ édition 1898, forme 5 volumes, l'édition française
1
volume de
texte et 5
volumes de planches. Les noms des plantes figu-
rées dans cette dernière édition sont en latin, en allemand, en français
et
en
ans^lai.s.
Les planchtfs ea chromo-photo-lithographie, procédé spécial de
maison Ne\'Ke
et
Ostermaier
à
la
Dresde, ont été exécutées d'après 200
aquarelles de M. A. Hartinger et oOO photographies d'après nature.
Yb.>
GENEVE
IMPRIMERIE W, KLNDIG
eV^
1
ILS
.i.
, i
AUX LECTEURS
Le Comité central du
ayant bien voulu
me
Alpin allemand
Cliil)
charger de
son superbe atlas des plantes alpines,
avec
la
et
autrichien
une édition française de
faire
entrepris la chose
j'ai
conviction que je rendais, en ce faisant, un service à
mes nombreux collègues,
aiment à connaître
les
alpinistes
de langue française, qui
de
montagne. Le choix des
fleurs
la
planches coloriées n'est pas celui que j'eusse
permis d'imposer
ma
édité ce travail.
a été fait
Il
volonté à
fait s'il
m'avait été
puissante association qui a
la
plus spécialement pour les Alpes
orientales et les espèces propres aux régions allemandes et au-
trichiennes y sont plus richement représentées que celles qui
sont spéciales aux Alpes occidentales, piémontaises ou suisses.
La plupart des espèces cependant sont nôtres
peintes d'après des échantillons que
j'ai
occidentales ou piémontaises. Ceci
dit,
et plusieurs
ont été
récoltés dans les Alpes
l'iconographie que je
présente aujourd'hui au public de langue française et anglaise
—
car nous avons ajouté les
noms
anglais des plantes pour les
touristes anglo-saxons qui, d'ailleurs, connaissent presque tous
notre langue française
faite
la
plus complète qui ait encore éfé
jusqu'à présent. Sorties pour
maison Nenke
tout
— est
et
Ostermaier
à
au moins'^celles d'entre
nouveau
la
plupart des ateliers de
elles qui
procédé photographique de
ont été faites d'après le
la
maison
et
dont les
noms, sur l'Index, sont précédés d'un astérisque, ce qui
fait
la
Dresde, ces planches représentent,
a été
de plus exact jusqu'à ce jour. Qu'on examine, par exemple.
VI
les
qm
planches 329, 337, 3oo, 3o6. 3o7, 361,
représentent
des espèces naines et touffues, que recouvrent des masses de
tleurs impossibles à rendre par la peinture; qu'on considère les
planches des espèces tomenteuses
comme
témises. les Achillées
rendre par
si
difficiles à
l'Edelweiss, les Arles
procédés em-
ployés jusqu'à maintenant; qu'on examine surtout les superbes
feuillages des planches 277, 255, 344, 345, 414, 404, etc. et
l'on se
convaincra que rien n'a encore été publié qui puisse se
comparer à l'œuvre que
le
Club Alpin allemand
présente aujourd'hui au public. L'art
tribué pour une part égale et
un
autrichien
science y ont con-
et la
Tonne peut que
association alpiniste d'avoir entrepris
et
grande
féliciter la
beau
travail aussi
et
aussi complet.
mand
qui,
ne
française
L'édition
d'ailleurs. n"a pas
eu connaissance.
.l'ai
tenu
point inspirée
s'est
à
encore paru
la plus
élaboré
ai
populaire possible.
Un
doit être
vera, en
compris de chacun
fait
et c'est
travail
à la fin
Le classement des genres
de
la
au
qui s'adresse
même
scientifique:
pourquoi l'on y trou-
de termes techniques, ceux-là seulement
été impossible d'éviter et dont,
dans une table spéciale,
alle-
dont je n'ai pas
mon
livre
public alpiniste ne doit point être pédant ni
il
texte
classer cet atlas d'après nos au-
teurs et nos systèmes à nous et
manière
et
du
d'ailleurs,
qu'il
m'a
on a l'explication
du volume (voir vocabulaire).
est fait d'après l'ordre
gênera phanerogamorum de Durand
et les
sont,
autant que l'usage
faire,
ceux donnés par l'Index Kewensis.
de Yindex
noms des espèces
admis chez nous m'a permis de
Je n'ai point fait de clé analytique parce que je sais
le
combien
ce système est odieux au public qui n'a pas acquis les premières
notions de la science botanique
cès inattendu qu'a obtenu
est faite
faire les
dans
le
même
ma
esprit
«
:
après avoir constaté
Flore coloriée de poche
de vulgarisation,
goûts du plus grand nombre.
A
j'ai
suc-
le
»
qui
tenu à satis-
vous, lecteurs qui
VII
—
des savants niais des amateurs de
n'êtes point
alpine, dédire
si
j'ai
eu raison
et à
belle tlore
la
vous aussi de
le
prouver
en faisant connaître cette édition française.
l^n chapitre
été consacré à la culture des plantes
spécial a
alpines dans les jardins, parce que ce côté
là,
trop négligé
dans les ouvrages de ce genre, est important à
yeux des alpinistes de langue française
traiter
et anglaise qui,
aux
de plus
en plus, s'adonnent à ces cultures.
La fécondation des fleurs de l'Alpe par les insectes est égale-
ment un
sujet trop souvent négligé et
auquel
j'ai
consacré
quelques pages dans l'espoir d'intéresser mes lecteurs. Devant
—
définies —
être bref
les éditeurs
je n'ai
m'ont tracé des limites sévèrement
pu décrire que
les plus importantes d'entre
les espèces qui ne sont pas représentées par nos planches coloriées.
11
existe
tant
plantes alpines
les
de
flores
et
ici.
D'ailleurs, le but de cet
pas scientitique mais avant tout vulgarisateur.
Faire connaître et surtout faire aimer
gnes,
les
qu'on trouvera aisément ailleurs à compléter
renseignements qui manquent
atlas n'est
d'ouvrages spéciaux sur
telle a été
la tlore
de nos monta-
notre intention: espérons d'y avoir réussi en
partie.
Je ne terminerai pas sans remercier le Club Alpin allemand
et autrichien
fleurs alpines
pour
la
qui a eu la belle pensée de vouer au culte des
une aussi riche publication
et
sans le féliciter
beauté des planches sorties des ateliers de
MM. Nenke
et Ostermaier.
H. CORRKVOX.
(ienève,
le
15 septembre 1898.
A
Miss Willmott,
l'artiste
qui a, mieux que tout autre, accli-
maté
fleurs de l'Alpe, qui les
les
connaît, qui les
et
comprend
à sa sœur.
M''""
aime
et les poétise,
Berkeley,
ce petit travail est dédié en cordial
et
et les
hommage
en affectueux souvenir par
r auteur,
H. Correvon.
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
Aux
vu
lecteurs
La Flore des Alpes
1
Chap. IL
Culture des plantes alpines
9
Chap. IIL
Plantes saxatiles et cultures dans
Chap. IV.
Jardins botaniques alpins et protection des plantes;
Chapi.
I.
les
plantes alpines dans
l'art,
les
murailles
.
18
l'industrie et la
pharmaceutique
23
Chap. V.
Plantes et insectes
28
YL
Les fleurs alpines
34
Chap.
17<^
Vocabulaire
177
Index des planches
Index
des plantes décrites dans le
Jardins botaniques alpins
Ouvrages du
même
auteur.
et
volume
Jardin alpin d'acclimatation.
184
CHAPITRE PREMIER
LA FLORE DES ALPES
Terrestria sidéra, flores.
La
végétation qui s'étale sur les flancs de nos Alpes,
leurs sur ceux de toutes les autres
celles-ci
aux neiges
confinent
comme
d'ail-
montagnes du monde dès que
éternelles, offre
un cachet
d'originalité,
un caractère sid generis qui frappe tous les touristes, même les plus
indifférents. Chez ces plantes le port est nain et plus on s'élève dans
la montagne plus la plante devient ratatinée et rabougrie. Sur les
parois rocheuses des hautes altitudes et dans les niches des pier-
plantes ne sont plus qu'une pelote de feuillage recouverte
riers, les
de fleurs (voir
chez
la fleur,
planches 83, 329, 331,
les
la plante
etc.
de notre Atlas). C'est
alpine, qui occupe le plus de place et sur
laquelle semble se concentrer toute l'énergie de la plante. Aussi la
hauteurs
flore des
pour
la
première
a-t-elle
toujours frappé
fois. C'est
le
touriste qui la voit
une végétation à part dont
l'aspect bril-
lant n'a pas son égal dans nos pays des zones tempérées.
Tandis que, dans nos plaines, de grandes plantes au feuillage déve-
aux branches dressées et ramifiées portent des fleurs généralement plus petites que les feuilles, sur les hauteurs de nos Alpes
loppé,
tout est différent.
Une
grandes, souvent
même
tige
presque nulle, des fleurs relativement
très grandes,
un
feuillage
apparent, peu
développé, souvent velu, surtout dans les hautes altitudes
plante se garnit d'un duvet pour préserver ses cellules
des nuits,
de cas
le
tel est le
caractère général de cette
feuillage est glabre
;
mais alors
il
flore.
oii
la
du
Dans beaucoup
froid
est coriace, ses tissus sont
1
—2—
comme caparaçonnés
d'une texture serrée
et recouverte
d'un enduit ciré qui
chement des rayons
La
en vue de la lutte pour l'existence.
et épaisse, est alors
lui
munie d'un
permet de
comme aux
solaires
solide
résister
feuille,
épiderme
au
dessè-
excès d'humidité. Les es-
pèces qui croissent àl'ombre et au frais n'offrent ni l'un ni l'autre de
ces caractères et leurs organes foliacés sont plutôt
Sur
les
mous
et délicats.
pentes sèches et arides des Alpes, exposées aux vents
desséchants et à l'action du
soleil,
nous rencontrons beaucoup
pèces velues et tomenteuses {VEdehveiss,
les
d'es-
divers Séneçons, plu-
sieurs Achillées et Armoises) et nous y voyons aussi des espèces glabres
telles
que l'Azalée
303)
(pi.
le
Rhododendron ferrugineux,
frages crustacées dont le type est S. aizoon, des Gentianes
les feuilles
dures et épaisses sont résistantes
sons aux lieux frais et ombragés, sur
la végétation offre des feuillages
mous
et fermes. Si
les
Saxi-
etc.,
dont
nous pas-
pentes tournées au Nord,
les
et délicats
(Fougères, Prrmula
villosa (pi. 314), etc.).
Une
autre remarque que chacun peut faire c'est que, tandis qu'au
soleil, la
végétation alpine offre généralement de grandes fleurs
aux
coloris vifs et brillants (Gentianes, Auricules, Pensées) à l'ombre et
au Nord, au contraire,
pâles. L'action
les
du
les fleurs
soleil
hauteurs que dans
les
Les espèces annuelles,
basses régions.
abondantes dans
si
manquent presque totalement à
été qui leur est dévolu ne leur
plet de leur existence
sont plutôt petites et de teintes
exerce donc une influence plus grande sur
la
la flore des
végétation des plaines
zones nivales. Le court
permet pas d'accomplir
le cycle
com-
pendant une seule saison. Les rares espèces
qui ne soient pas vivaces sont quelques Gentianes (G. campestris,
nana, nivalis, obtusifolia, tenella, utriculosa), des Rhinantacées et
une ou deux Composées. Partout des plantes aux racines persistantes et à la souche renaissant à chaque printemps; partout des
végétaux touffus, aux rameaux étalés sur
le sol
chercher
conservant plus longtemps
la protection. Et,
de
fait, celui-ci
dont
ils
semblent
re-
son calorique offre à la plante une attraction permanente, surtout
dans
les
nuits froides et les trop
C'est ce qui
nous explique
le
nombreux jours de mauvais temps.
port nain et étalé de plantes qui ap-
partiennent à des genres arborescents ou sous-frutescents tout au
moins dans
les plaines.
Les Saules sont, à
la
haute montagne, d'im-
—3—
perceptibles arbrisseaux couchés sur
sol
le
ne s'élevant pas à
et
422, 423, 424 et 425) le Bouleau est
plus de 5 à 8 centimètres
représenté dans quelques tourbières du Jura et dans l'extrême
(pi.
;
Nord, par un arbuste de 60 à 80 centimètres au plus et l'azalée,
dont nos horticulteurs cultivent de si nombreuses variétés, se présente dans les Alpes, sous la forme d'un très petit buisson, à peine
élevé de quelques millimètres,
étales sur le sol.
rameaux qu'on a
La
dont
et
303 de notre
pi.
dressé pour
les
Arbousiers
Entre les
rocs,
299
et
300)
dans toutes
aplatis,
l'un de ces
reproduire mais qui, dans son état
le
naturel, était étalé et couché sur le rocher.
(pi.
rameaux sont
les
atlas représente
en
Il
est
même pour
de
bien d'autres espèces.
et
les fissures
plantes à l'aspect curieux, formant
des rochers, on rencontre des
comme
des boules, de petits hé-
misphères, souvent des sortes de hérissons. Ces pelotes serrées sont
formées d'une foule de petites rosettes pressées
unes contre
les
les
autres et recouvertes d'une profusion de fleurs dont les corolles sont
appliquées à la surftice de la touife et serrées contre
planche 331 par exemple). Chez ces plantes
petites, serrées les
unes contre
Ces touffes naines
les feuilles
sont très
autres et imbriquées.
les
fleuries produisent
et
elle (voir la
un
effet saisissant; elles
sont autant de bijoux merveilleux qui animent l'aride rocher de la
haute montagne
et lui
donnent
la
couleur et
la vie.
Sur
les cols éle-
vés de nos Alpes, sur les arêtes décrépites des hauts sommets, s'étale
cette végétation
tapis, des
si
particulière et
mosaïques vivantes
et
colorée et elle y forme de vrais
si
aux
teintes les plus éclatantes.
Roi des Alpes {Eritrichium nanum,
pi.
azur intense, d'un bleu qui semble
refléter le ciel d'Italie.
un
plus un végétal, c'est
bijou; et quel
fleurs rases, sans tiges, sont appliquées
si
les
bijou
que
si
Ce
n'est
celui-là!
unes contre
bien que la touffe, entièrement bleue et rase, apparaît
coup de pinceau sur un tableau,
Le
361) forme des plages d'un
Les
les autres,
comme un
tant est qu'un peintre puisseja-
mais rendre l'azur intense de ce divin Myosotis.
A
ses côtés s'étale la
qui est en rose ce que
douce
le
et
tendre
And rosace
Myosotis est en bleu,
et
glaciale (pi. 331)
présente au
soleil
des hauteurs sa chair toute palpitante de fraîcheur. Suivant les
touffes la teinte est pâle
rose le plus
vif.
ou intensive
;
elle
varie
du blanc pur au
—4—
aussi le jaune pâle, la teinte soufrée, dans les corolles
Nous avons
du Saxifraga stenopetala, l'une des plus délicates espèces de ce
si riche en colorations. Puis c'est le carmin vif chez les Saxi-
genre
frages à feuilles opposées tandis que l'incarnat brille dans les pétales
de
à deux fleurs (S. hiflora).
celle
nules cénisiennes dont
gardant
les corolles
sont d'un bleu
les cieux,
Il
Campa-
y a aussi des tapis de
sans
tiges,
bien ouvertes et re-
Et puis
particulier.
lilas très
ce
sont d'autres teintes avec d'autres espèces, d'autres fleurs semées en
une masse rayonnante
tableaux. C'est bien
les
sidéra, flores
C'est
comme
apparaissent
fleurs
les
de
étoiles
la terre
c'est-à-dire
pour en admirer
lument féerique.
de
Il
y a d'abord
les
vastes
le
A
ce moment-là,
coup d'œil
champs de Crocus
est abso(pi.
Crocus alpins qui sont infiniment plus délicats
ces petits
cieux que leurs gros cousins dont la Hollande orne
de nos jardins.
d'un
Terrestria
»
du 15 mai au 30 juin, qu'il faut mondu réveil est la
zone alpine (de 1000 à 2000 mètres)
la
des
la flore, car l'époque
plus intéressante à observer à la haute montagne.
dans
plus beau
le
».
au printemps,
ter à l'Alpe
chatoyante qui forme
et
sur ces arêtes décrépites et tourmentées, que
là,
en est de blancs, c'est
Il
majorité
la
les
plates-bandes
autres sont
les
;
439)
et gra-
plus ou moins foncé avec toutes les teintes intermédiaires.
lilas
Le jaune
d'or et l'orangé,
d'orient,
manquent à
couleur chère à
la
Phœbus
richement représentés dans
si
les
Crocus
robe de notre petit safran alpin mais la
lui
est
prodiguée
— dans ses anthères
—
et
dans quels tons
son stygmate. Ces Crocus
chauds et hardis
forment de vrais champs colorés, des masses plus ou moins lilacées,
de charmants lacs azurés et leur aspect est absolument enchanteur.
!
A
la
même
époque, à leurs côtés, fleurit la Soldanelle
la fraîche et timide Soldanelle
le sol. J'ai
plaît
et
pour
cette fleur
dont
la cloche rêveuse se
(pi.
penche vers
en deuil, une tendresse spéciale
dans sa grâce mystique
et
chaque
fois
que je
la
333),
;
vois,
elle
sur
bord du névé qui fond, je m'arrête pour lui rendre hommage.
Vers
le
sol tout transi sa corolle se
Le domaine glacé
la retient sur
Elle semble trembler
Du bonheur
penche,
son seuil;
aux braits de l'avalanche,
qui n'est plus sa tleur porte le deuil.
me
le
—
—
5
Un jour j'ai découvert en
Un poème discret que nul
un chant grave
C'est
les frimas
Sous
le
tille
du Nord
plus gai soleil
;
pauvre humanité.
la
courbe
elle
Sa cloche, en frissonnant
La
n'a répété
doux, l'éternelle prière
et
Qu'adresse au Ci'éateur
Sous
sa robe légère
la tète,
redit sou chant plaintif;
comme dans
des névés garde son air
tempête
la
craintif.
H. C.
Et
bien
voici les
printanières
nent
Ce
elles
;
Gentianes,
les
chante
Anémones;
d'entre toutes les fleurs de l'Alpe ce sont
plus glorieuses et les plus richement costumées de nos fleurs
les
la gloire
soleil
dominent en reines tout
les
Primevères
du Créateur
du printemps
et
et celle
tout
pâturage. Puis vien-
monde
de son beau
alpin s'éveille et
soleil.
une vigueur dont seul
à fleurir la montagne:
travaille avec
capable l'astre-roi, à chasser l'hiver et
Le
le
le
grand
soleil est le
est
artiste.
Le souverain dessinateur;
Le
soleil est le coloriste,
Le
poète, le créateur.
E.
Mais
former
le soleil
le
ne pourrait pas, à
tapis fauve et
vives couleurs
s'il
n'était
lui seul,
Rambert.
fondre
les
neiges et trans-
mort du pâturage en une mosaïque aux
vaillamment secondé par
le
fœhn, son
auxiliaire dans la lutte contre les neiges. C'est grâce à ces
forces combinées qu'en quelques jours
que
et
A
la vie
apparaît rapidement
pâturage fleurit
où tout
n'était
et
deux
butine
que mort.
l'époque du réveil une activité extraordinaire règne dans
plantes alpines. Cette végétation,
développement rapide, peut
en quelques heures, grâce à
fois et
qui travaillent dans
si
la
les
neige,
les
spécialement conformée pour un
se couvrir
de
fleurs,
en quelques jours,
masse de racines qui travaillent à
la
meilleures conditions possibles, tout
contribuant à cette activité. Après
la
là
le
le
long hiver
qu'il a passé sous
hiver pendant lequel la plante n'a joui que d'un repos
relatif car ses racines ont continué à fonctionner et la sève à circuler
dans ses artères,
le
végétal entre tout à coup dans
une période
—6—
de grande
activité.
Les journées offrent alors 14
et
même
16 heures
d'une lumière vive et intense puisque cette époque du réveil est
précisément
celle des
mieux
leil s'y fait
plus longs jours de l'année. L'influence du so-
que dans nos
sentir
chaleur y est plus
vallées, la
intense et l'humidité abonde partout sous forme d'eau ou de vapeur.
Tout contribue donc à
plante,
cette activité de
une profusion de racines
cesse dans
lumière vive
;
du côté de
et,
développement,
la flore
et atteindrait des
qui travaillent sans
et radicelles
Mais
d'entraves, des obstacles à ce
alpine serait la plus vigoureuse de toutes
proportions qui rappelleraient celles de
elles
la
période
sont nombreuses et puissantes les causes qui
retiennent et empêchent ce développement, qui rattachent
au
la
un milieu particuli^ement propice à un développement
végétal. S'il n'y avait pas des causes
houillière.
la plante
chaleur intense, humidité permanente
et continue,
les
plantes
y retenant prisonnières.
y a d'abord ce fait bien constaté que les plantes s'accroissent
pendant la nuit la plante croît d'autant moins que l'insolation est
sol, les
Il
;
plus forte. C'est pendant la nuit que
ment. Or, pour
les
plantes alpines,
plante croît
la
il
le
plus rapide-
ne saurait être question de
croissance nocturne; les fortes gelées qui régnent presque chaque
un empêchement permanent. Ce
nuit y sont
les
où l'insolation
heures
jour
et
dans
s'accroître.
Et
entre-nœuds
cela,
il
les
est
c'est
là
forte,
surtout vers
l'été
que
la
la
fin
du
plante peut
ce qui nous explique la brièveté de leurs
et l'aplatissement
est vrai,
peu
longs crépuscules de
que pendant
n'est
de leurs formes.
dans l'arrière-saison, pendant
La
les
plante rattrape
jours nébuleux et
encore tièdes qui précèdent l'arrivée de l'hiver. C'est alors, quand
la floraison
a eu lieu et que la graine a mûri, quand
l'activité
de la
aux organes de la reproduction, que la
plante émet de nouvelles feuilles et de nouveaux bourgeons.
Dans les contrées polaires, où la flore offre un grand nombre
d'espèces communes, à celle de nos Alpes, la végétation présente pourtant un cachet différent. Grâce au fait que la lumière du soleil y est
sève n'est plus nécessaire
moins intense, plus constante pourtant puisqu'elle y dure six mois
sans presque d'interruption, mais aussi plus diffuse parce que les
rayons
solaires,
y arrivant en
plus épaisse et où
ils
sont,
biais,
ont à traverser une couche d'air
par conséquent, moins puissants que
—7—
plante sont plus dévelop-
dans nos Alpes,
les parties foliacées
de
pées, les fleurs
moins grandes,
teintes
les
la
moins vives
et les tiges
plus longues. L'herbier de notre Jardin alpin d'acclimatation ren-
même
ferme des échantillons de plantes de
nances différentes.
comme
diffèrent
Il
en
est qui, cueillies
à
la
même
Tandis
espèce.
que
le
pi.
83) et que
réellement acaules, la plante boréale a
un grand
Sile^ie acaiilis des Alpes,
ses fleurs sont
en Laponie ou au Labrador,
aspect de celles qui ont été récoltées sur nos Alpes
appartiennent cependant
et
espèce mais de prove-
par exemple,
est
nain (voir
feuillage et les fleurs y sont portées sur de longs pédoncules.
Le rayonnement des nuits glacées force aussi nos plantes
chercher un abri vers
le
à
son protecteur naturel, parce qu'il
sol,
conserve sa chaleur plus longtemps que
Plus tard
l'air.
c'est
la
sécheresse de l'air qui, alors que toute neige a disparu dans les
environs et que, seules,
les
plante la fraîcheur dont
elle
rosées
au terrain qui a absorbé l'humidité
s'attacher
longtemps que
Mais
du matin donnent à la
a besoin, force encore les rameaux à
fortes
et la
y a d'autres causes qui nous expliquent
il
conserve plus
l'air.
des formes chez les végétaux des régions élevées
:
la
les
compression
orages et
les
vents violents qui brisent toute tige portée à s'élever trop au-dessus
du
sol et
complir
surtout la brièveté de
le cycle
Plus on
s'élève,
dans
formes est apparente
de nos Alpes, dans
on trouve
les
l'été
qui leur est accordé pour ac-
de leur existence annuelle.
la
et
montagne, plus
frappe
le
les détritus
cette
compression des
regard. Sur les corniches élevées
de rochers vierges de tout humus,
plus minuscules de toutes nos plantes alpines et les
plus brillantes cependant. Et ces touffes fleuries se présentent partout où elles trouvent
un
territoire
libre de glace et
un
sol assez
pour y enfoncer leurs racines. Dans la région glacée des
neiges ou les voit garnir les moindres fentes de rochers sous lesquels
friable
elles s'abritent.
De
fines
graminées
et
composées, quelques Saxifrages
aux formes ténues, des Renoncules, la Linaire alpine (pi. 366), les
Androsaces-boules, V Hutchinsia alpina (pi. 62) sont les espèces qui,
en fait de Phanérogames, montent le plus haut dans les Alpes.
Les limites qu'atteint
la
peuvent être définies car
flore
elle
cryptogamique
(les
Lichens) ne
ascende aux plus hautes sommités.
Mais
la flore
phanérogamique
ait trouvé,
sur
le
cime de
(pi.
dans
la
13)
les
altitudes
et
muscoïâes
Le Docteur Christ
228),
une altitude assez connue.
les
Alpes bien qu'on
Finsteraarliorn, à 4000 mètres
Saxifraga hryoïdes
(pi.
s'arrête à
3200 à 3500 mètres dans
Elle ne dépasse guère
même montagne,
cite le fait
d'altitude,
169) et VAchillea
(pi.
des
atrata
que Caberla a trouvé, sur
la
Banunculus glaciaîi.s
à 4270 mètres, un
portant deux fleurs et paraissant annuel. Sur l'Himalaya,
Andes de l'Amérique du Sud,
beaucoup
plus
considérables.
la
végétation s'élève à des
Sur
Chimhorazo, par
le
Hooker a trouvé,
sur les cols élevés du Thibet, des Composées à plus de 6000
mètres et des buissons de Chèvrefeuilles et de Rhododendrons à
exemple,
elle
atteint
])rès
de 5000 mètres,
et
5800 mètres.
Les plantes des Alpes atteignent, souvent, un âge très avancé;
j'ai
examiné
parfois, sur
touffes de Saxifrages,
les
hauteurs de nos Alpes, de fortes
Rhododendrons, Androsaces qui avaient
tainement près de cent années d'existence.
surtout chez
les
On
cer-
rencontre parfois,
Androsaces du groupe Aretia, des plantes dont une
partie de la toufte est décomposée et sert de sol à
tandis que l'extrémité des
pleine de vie et de santé.
rameaux de
la
une autre plante
touffe en question est
CHAPITRE
II
CULTURE DES PLANTES ALPINES
Avec
le
goût des courses de montagnes se développe aussi l'amour
des plantes des hauteurs. Aussi la culture, dans nos jardins de plaines,
des bijoux dont nous venons de parler, entre-t-elle dans les
dans la proportion où s'accentuent
les
cependant pas d'aujourd'hui que date
montagnes
car,
au
siècle
mœurs
progrès de l'alpinisme. Ce n'est
cet
amour
des plantes de
dernier, quelques naturalistes genevois
(Necker de Saussure entre autres) avaient essayé d'acclimater des
fleurs de
1818
2
montagnes ^ Le botaniste vaudois E. Thomas,
cultivait,
en
dans son jardin de Bex toute une collection de plantes de
montagnes. Quand, vers
la
jardin botanique genevois,
ture des plantes alpines.
même
il
époque, de Candolle fonda notre
consacra une plate-bande pour
Les Anglais ont,
longtemps encore, introduit
la flore
la cul-
d'ailleurs, depuis plus
des hautes montagnes dans
leurs jardins et eu l'idée de construire des rochers artificiels à cet
eifet.
Les premiers rochers qui aient
été construits sur
sont certainement ceux que notre éminent concitoyen,
Edmond
Boissier, auteur de la
terrasses de
A
Flora
le
le
continent
botaniste
orienfalis, a établis sur les
son jardin de Valleyres près Orbe, canton de Yaud.
l'heure qu'il est ce système de cultures est tout à fait entré dans
les
mœurs
et
il
n'est
— chez
nous en Suisse, tout au moins
petit jardin qui n'ait sa rocaille
ou
même
son alpinum.
^
Bulletin de l'Association pour la protection des plantes n»
*
11^ rapport
de
la Société
2,
p. 4.
helvétique des silences naturelles, 1818,
—
si
—
—
10
culture des plantes alpines n'est, d'ailleurs, pas une chose
La
aussi
difficile
mater
qu'on a bien voulu
presque
la
tation de Genève, dont
le dire,
car on est parvenu à accli-
de ces plantes et
totalité
le
Jardin alpin d'acclima-
but est précisément l'acclimatation dans
le
nos climats des plantes de montagnes et leur vente aux amateurs,
a,
sur ses catalogues,
plupart des espèces qu'on rencontre dans
la
les Alpes.
Etant données
les
conditions que nous avons
énumérées plus
haut, lumière intense et prolongée, insolation forte, chaleur très
humi-
vive mais dont les effets sont atténués par les nuits froides,
répandue dans
dité constante et
abondance
et se
le sol et
dans
l'air,
tout cela avec
produisant tout à coup, après un long repos hivernal,
on comprend que
la
transplantation dans nos jardins des plantes
des hauts sommets ne soit pas très facile et qu'elle exige certaines
précautions. Notre climat plus sec,
pour
elles,
intense dont nous jouissons
journées lumineuses de
avec leur
nos hivers, qui n'en sont plus
nos étés meurtriers, la lumière moins pure
mode de
que beaucoup
et le
et
moins
long printemps qui les sépare des
sont autant de causes qui modifient,
l'été,
vivre, leur nature et leurs organes. Il est certain
d'essais d'introduction ont
échoué ce qui a
fait croire,
pendant longtemps, que l'acclimatation des plantes alpines dans nos
jardins de plaines était chose impossible. Mais, à l'heure actuelle,
est
bien prouvé que non seulement cette
il
acclimatation est chose
possible mais encore qu'elle est couronnée de
beaux succès
si
l'on
a soin de procéder avec intelligence.
La
dans
transplantation directe dans
montagne
la
souvent
et
il
est
n'est pas à
les
jardins de végétaux arrachés
recommander. Elle échoue
le
plus
certain que, dans les cas ordinaires, c'est à peine
6 7o des plantes arrachées dans la nature et transportées ainsi
si le
dans
Cela provient très généralement
les plaines, réussit.
du
fait
que, pour cette transplantation, on choisit généralement l'époque de
chacun sait combien est préjudiciable à
une plante quelconque sa transplantation après arrachage plus ou
moins soigné, en pleine époque de floraison. C'est, il est vrai quand
floraison de la plante. Or,
la
plante est fleurie qu'on peut la reconnaître
c'est là
elle
ne
un point
capital
lui dit rien
;
quand
il
et
pour
le
gros public
tient à la plante qu'il voit en fleurs et
elle
a défleuri. C'est pourtant à ce moment-
—
quand
là,
11
charmes ont disparu
les
—
que
et
plante est
la
période de repos relatif qu'il faut la transplanter.
apprendre à connaître
pour ce
faire,
fleur et
parleur seul
feuillage. C'est
les
plantes autrement qu'à la
une
affaire de flair, d'habitude
cette connaissance s'acquiert assez facilement.
et
dans une
Il faut, il est vrai,
En
général c'est
en septembre, ou bien au commencement d'octobre, qu'il faut arracher
plantes qu'on veut transporter chez
les
soi.
faut
Il
le
faire
assez tôt avant l'hiver pour que la plante puisse émettre des racines
On peut
nouvelles avant les jours humides et froids.
facilite
beaucoup
les
de toute la terre que contient sa motte.
conserver
plus intacts possible, tous
le
d'être alors
Il suffit
les
Au
les
un peu jardinier
chose à la vie des plantes pour trouver
possible on les enterrera dans
alors, et cela
dépouiller les racines de la plante
transports,
du
le
Il
importe cependant de
organes radiculaires.
de comprendre quelque
et
traitement à leur affecter. Si
sable pur, sous châssis froid et on
y laissera passer l'hiver à l'abri de l'humidité et presque au sec.
printemps on les met en pots ou en godets dans un sol composé
de 73 de terreau de feuilles ou de bruyère ou encore de tourbe;
de bonne terre franche à blé ou de terre de gazon
granitique ou calcaire suivant l'espèce.
couche froide
puis on aère
et
et,
ombragée du gros
enfin,
on découvre tout à
plantes ont émis des racines, on
les
rocaille
ou
les
soleil
plates-bandes
Quand on procède de
du
les
On
V» de sable,
place les
dans
fait.
;
les
^/s
pots
sous
premiers jours
;
Après quoi, dès que
met en pleine
terre dans la
jardin.
cette façon et qu'on transporte les plantes
des régions nivales pendant leur état de repos, on est presque sûr de
les
réussir toutes. C'est
ainsi
matation, à Genève, pour
Sibérie,
que procède
le
Jardin alpin d'accli-
plantes qu'il reçoit du Caucase, de
les
des Pyrénées, d'Amérique
même
et qui,
cependant, ont à
supporter un long voyage. Mais, prises ainsi à l'époque
repos
elles
Mais
ne souffrent pas de
c'est
toujours
un peu
système que nous employons
cette transportation.
aléatoire
le
que de procéder ainsi
semis.
On
et difficile
pense à
tort,
et le
plus généralement au Jardin alpin
d'acclimatation, est celui que nous enseigne la
le
de leur
bonne
vieille
nature,
généralement, que ce procédé est long
à poursuivre; cela peut être vrai en ce qui concerne
les
Ericacées, Vacciniées, Empêtrées, Pyroles, etc. Mais, dans la plupart
—
—
12
des cas ce moyen, qui est simple et à la portée de chacun, permet
au bout de 2 ou 3 ans, d'obtenir de fortes plantes. Le Jardin alpin
d'acclimatation à Genève a été fondé précisément dans le but de
prouver qu'on peut, au
lieu d'aller dévaliser les
montagnes
et
de
les
dépouiller souvent de leur plus riche parure, élever leur flore par
moyen du semis. Le catalogue général de ce jardin comprend
près de quatre mille noms de plantes appartenant à toutes les chaînes
de montagnes du globe dont plus des ^lo ont été élevées par semis.
C'est donc, à n'en pas douter, le moyen le plus sûr et le plus rationle
nel pour arriver à bien cultiver les plantes des régions glacées.
Voici
comment on procède
:
Il
faut faire
un terreau
neux, juste assez nourrissant pour donner
à de toutes jeunes plantes.
terre franche tamisée.
Il
On peut
faut éviter
le
le
composer de 7^ sable
Vs
et
terreau de feuilles qui produit
des lombrics fort gênants pour les pots de semis.
terrines, des caisses
léger, sablon-
éléments nécessaires
les
On sème dans
des
on
au
ou des pots fortement drainés
et
le fait
premier printemps ou tard dans l'automne, de manière à ce que
graines ne germent pas avant l'hiver. Puis on place
les
terrines ou caisses sous verre, à froid,
en recouvre
les
le
plus possible. L'influence de la neige sur les semis
de plantes alpines
au Jardin alpin
les pots,
vient de la neige, on
et, s'il
et
est considérable
;
nous en avons
sommes persuadé
fait l'expérience
active la germination
qu'elle
des plantes et la favorise.
Les graines alpines lèvent très irrégulièrement
thèmes, Ancolies, Crucifères, Légumineuses,
;
les
unes (Hélian-
PoZemowmm etc.), lèvent
au bout de quelques jours; puis viennent
les
Composées,
Viola,
Ombellifères, Crassulacées, Potentilles, Saxifrages, Campanules,
Les espèces
plus longues à germer et
les
les
plus capricieuses sont
Primulacées, certaines Renonculacées,
les
Gentianes,
les
Anémones, TroUes, Aconits, Hellébores, Pivoines
les
souvent une année avant de germer),
d'attendre,
pour toutes
etc.
etc.
telles
que
(celles-ci restent
faut avoir la patience
Il
ces espèces jusqu'à ce qu'elles aient
germé
et c'est parfois bien long.
Une
feuilles
fois
les
plantules
un peu développées
au-dessus des cotylédons,
il
et qu'il
faut les repiquer, c'est-à-dire
planter avec de grands soins à une certaine distance
autres, en échiquier. Puis,
une
fois
apparaît des
grandies
et
les
les
unes des
en état de supporter
—
10
O
un
l'isolement complet, ou les place chacune dans
quoi, la plante étant devenue grande et forte,
C'est
dans
la
forme
petit godet; après
met en
la
dans des enrochements
les rocailles, c'est-à-dire
auxquels on donne
on
place.
artificiels
plus naturelle possible, qu'on place
la
plantes alpines de préférence. Cependant, la plupart d'entre elles
les
s'accommodent
en plates-bandes. Seules
fort bien de la culture
les
espèces saxatiles proprement dites, celles qui croissent à l'état naturel
dans
de rochers, exigent
les fentes
la rocaille et
périclitent
dans
le
La plupart de ces plantes de montagnes se contentent d'un sol
sain, riche en humus, plutôt léger et bien drainé. On trouvera
sol.
ailleurs
toutes
rocailles et à
informations
les
à
relatives
la culture des espèces délicates
La composition chimique du
la
construction des
^
d'une grande importance et
sol est
exerce une influence sur la plupart des espèces des Alpes surtout
des hautes altitudes.
celles
montagne,
croissent, à la
dans lequel ces plantes
terrain
de celui qui forme
est bien différent
Dans
jardins de nos plaines.
pierriers, se trouve
Le
un humus
les fentes
les
au fond des
des rochers,
composé de matières végétales
noir,
minérales et pourvu d'éléments organiques. Ce terreau noir et
et
spongieux
est spécial
à
la
montagne
il
;
s'y
forme à
la
longue par
la
décomposition du rocher et des feuilles de plantes ou d'arbres.
On
sait
que
rocher est friable
le
suivant sa nature.
et
poreux, plus ou moins fendillé
désagrège petit à
Il se
petit,
roches molles et friables, plus lentement chez
ou
Mais toujours et partout
immuable dans ses formes
cristallines^.
est loin
d'être
rapidement chez
les
pierres granitiques
roche est fissurée
la
et
puis des éboulis plus
en tout dernier
du
lieu le
fins,
ou moins
rocher se transforme en
rochers qui
sol
On comprend
dominent dans
la
nature de
^
Voir Les plantes alpines
2
Lire à ce sujet
et
la flore
qui
est,
suivant
;
parle mélange
dès lors que,
le
paysage, la
composition d'un sol ainsi formé soit granitique ou calcaire.
dépend aussi
elle
enfin des graviers et des sables
sable avec les détritus végétaux.
suivant la nature des
;
sa destinée est la des-
truction. Les débris constituent d'abord des pierriers plus
brisés,
les
De
là
les cas, calcicole
de rocailles, par H. Correvon, Paris 1895.
l'intéressant travail de
M. Albert Brun, Destruction des
arêtes des Alpes, dans l'Echo des Aljyes, 1884:, n»
I.
—
et silicifuge
ou
—
14
silicicole et calcifuge.
tance de cette classification
il
Sans vouloir exagérer l'impor-
pourtant nécessaire d'établir
est
du granit
distinction entre les espèces
du
et celles
un certain nombre d'espèces qui ne peuvent
remment dans les deux terrains.
Le botaniste Kerner, dans un petit volume
calcaire car
la
est
il
être cultivées indiffé-
qu'il
publia en 1864
^
sur la question des plantes alpines et de leur acclimatation dans les
jardins, consacre
un important chapitre à ce
point de vue cultural,
et
en espèces de la
sujet.
au
divise,
Il
la végétation des Alpes en espèces calcaires
silice et ajoute,
dans
les conseils
culturaux qu'il
donne, une grande importance à cette question.
Des savants physiciens, chimistes, botanistes,
Planchon,
Lagravc,
Contejean,
attaché une grande importance à
point de vue de la flore qui
le
que Tymbal-
Thurmann
Kirschleger,
la
tels
recouvre.
ont
etc.
composition chimique du
sol
au
Le D^ Magnin, professeur
à la faculté des sciences de Besançon, a publié un travail fort re-
marquable sur ce sujet
et s'est
livré à des études spéciales sur ce
pointa
est bien certain
Il
que
cette
question-là est importante pour la
constitution d'un jardin alpin et qu'il ne faut pas cultiver sur
calcaire
des espèces purement granitiques et vice- versa.
tout une série de plantes
et
^
qu'il faut traiter à part
dans
les
Il
le
existe
cultures
qu'on ne peut cultiver indifféremment sur des rochers d'une nature
ou d'une autre.
Ceci dit
il
faut pourtant reconnaître que la plupart des plantes
alpines sont ubiquistes et réussissent dans tout sol de jardin où se
cultivent les autres fleurs. L'expérience vient d'ailleurs en pratiquant
et
il
n'est
la culture
aimer
pas besoin d'être un savant cultivateur pour comprendre
des plantes alpines ou saxatiles
;
l'important c'est de
les
et d'en saisir la nature.
Depuis une dizaine d'années nous avons essayé, au Jardin alpin
d'acclimatation,
un système de culture dans
le
Sphagnum,
ceci sur-
*
Kultur der Alpenpflanzen, Innsbrùck 1864.
2
La
^
Voir dans Les plantes des Alpes par H. Correvon, Genève 1885,
végétation de la région lyonnaise par
suivantes.
le D""
Ant, Magnin,
Lyon 1886.
p.
85
et