SPECIES
DES
HYMENOPTERES
D'EUROPE & D'ALGÉRIE
enrichi de planches coloriees donnant,
d'après nature,
outre un ou plusieurs specimens des insectes de chaque genre,
de nombreux dessins au trait
DES CARACTÈRES UTILES A l'iNTELLIGENCE DU TEXTE
;
Rédigé d'après
les
mémoires
les principales collections,
des auteurs et les communications
les plus récents
des entomologistes spécialistes
PAR
ANDRÉ
ED.
Lauréat de
l'Institut
Membre des Sociétés entomologiques de France, Londres, Berlin, Stettin, etc.
Membre correspondant de la Société des Sciences historiques et naturelles de Semur
Membre correspondant de la Société d'Etudes scientifiques de Paris,
de l'Association scientifique de la Gironde,
Ingénieur des Arts et Manufactures, etc.
Ouvrage couronné par
hoDoré de
la
SooscriptioD
et qui
de
Monsieur
a obtenu
le
le
1
Académie des Sciences
Ministre
l'Agriculture
de
et
(Horace, épitre
I,
si
BEAUNE
1886
droits réservés
non datur
livre I, vers 32).
TOIIE TROISIE.ME
Tous
Commerce
prix Dollfus en 1882
Est quàdam prodire tenus,
CHEZ l'auteur, a
du
(côte-d'or)
ultra.
152157
AVANT-PROPOS
Chaque jour amène son progrès et lorsque, comme
moi, un auteur n'a d'autre ambition que de résumer à
un certain moment le? connaissances acquises sur un
sujet donné, à marquer,
de
science,
la
il
pour ainsi dire, l'une des étapes
heureux de rencontrer sur sa
est bien
route des observateurs
et
des classificateurs qui l'aident
à rendre son travail plus complet.
Aussi ne veux-je pas entreprendre cette nouvelle mo-
nographie sans signalera
ceux qui ont
le
la
reconnaissance des savants
plus contribué à la rendre moins impar-
Messieurs J.-H. Fabre, pour les mœurs, Kohi,
Radoskowski, Mocsary^, Costa, etc., pour la partie systématique et les matériaux qu'ils ont bien voulu me confaite
:
fier.
Honneur donc à ces chercheurs
ne puis
nommer
tous.
que je
que de nombreux
infatigables,
Je souhaite
imitateurs viennent encore élargir la voie qu'ils tracent
et apporter
de nouvelles assises à cet
édifice,
dont les
pages qui suivent n'esquissent encore que les fondations.
C'est bien, en effet,
le lieu
de dire
ici
que plus nous
étudions, plus nous apprenons à mesurer retendue de
ce que nous ne connaissons pas.
Ed.
ANDRÉ.
IS EIWPÎ
PICIIS
10°
1
GROUPE
Les Sphégiens
Insectes vivant solitaires et tous
Abdomen
éloignés des écaillcites.
ciilés.
Lobes du pronotum
ou
j^icdiculé
subscssilc. Nei^-
vulation des ailes composée cVune cellule radiale, de
tre cellules cubitales et
ordinairement filiformes, de douze
dées,
les
et
de treize chez
d'un aiguillon
non
les
articles chez les femel-
mâles. Scape court. Femelles armées
très-actif
destiné à tuer
uneà qua-
de trois discoïdales. Antennes non cou-
en relation avec une vessie à venin,
un ennemi, mais seulement à
paralyser, à
anesthésier une victime. Larves carnivores, apodes, aveugles,
inactivcd.
Nymphes nues ou
enveloppées
dune coque
mince,
papy racée.
§ I.
OBSERVATIONS GENERALES
La forme générale du corps des Sphégiens est extrêmement variable
;
tandis que les uns ont
une
taille
tellement fine et élancée
qu'on se demande quels organes peuvent trouver place dans
mince
et
chez d'autres être presque
soit
le
long pédicule qui soutient l'abdomen, celui-ci semble
sessile.
bien qu'en réalité
encore relativement bien mince
;
mais
il
le
pédicule
est si court qu'à
peine on peut l'apercevoir.
La
etc.
tête varie
beaucoup de grosseur,
les
antennes de longueur,
Aussi, à ne considérer que les formes extérieures, ce groupe
paraîtrait-il assez
peu liomogènc; mais
si
Ion entre plus avant
SPHEGIENS
4
dans
tes,
les détails, si l'on
on s'aperçoit bien
rapprochement
et
compare surtout
les
vite qu'ils ont tous de
mœurs
de ces insec-
nombreux
points de
qu'en définitive la famille est compacte
et
in-
divisible.
Tous,
ils
sont pourvus (chez les femelles, bien entendu) d'un
aiguillon à venin, non pas aussi terrible
que celui que nous avons
que
décrit chez les Vespides, mais déjà suffisamment actif pour
le
poison liquide, injecté dans
secte, produise chez celui-ci
les
centres nerveux d'un autre in-
une paralysie prestjue complète, à
défaut de la mort qu'apporte le venin du frelon.
Tous,
ils
approvisionnent des nids construits de diverses
ma-
en y entassant des victimes enlevées de vive force et rendues inertes par la piqûre de l'aiguillon, conservant en entier la
nières,
vie végétative,
mais privées de
la faculté motrice.
Ces victimes
sont toujours destinées à la nourriture ultérieure des larves.
Poussés par
l'instinct
maternel, les Sphégiens sont sans cesse
en chasse ou en travail, car
le
temps
d'été qui leur est dévolu,
entre leur éclosion et l'heure de la disparition finale, est bien court
si
l'on
met en
parallèle le labeur considérable qu'ils ont à
accom-
plir.
Les moyens d'action varient certes beaucoup d'une espèce ou
d'un genre à l'autre,
et le résultat final,
qui est d'assurer la con-
servation de l'espèce, est identique.
On
a généralement désigné ces insectes sous la dénomination
de fouisseurs,
et c'était
avec raison pour ceux qui, creusant des
nids dans le sol, sont nés terrassiers;
mais beaucoup d'autres
abritent leur future famille dans des branches sèches ou dans des
nids de terre construits de toutes pièces.
successivement en revue ces
mœurs
Nous aurons à passer
et ces instincts divers, et
nous
rencontrerons bien des petites merveilles que foule du pied
promeneur
indifférent,
mais qui
le
mettraient en extase
s'il
le
en
connaissait à l'avance les secrets intimes.
§ II.
CARACTÈRES GÉNÉRAUX
(PL
1.
Ensemble du corps.
Le corps des Sphégiens a
pour la chasse, il
meilleures conditions pour se livrer à une vie active.
un aspect général
présente les
I)
—
svclte et gracieux. Construit
TÊTE ET ANNEXES
Toujours guerroyants, ces insectes ont
La couleur
rapide.
démarche
la
vive, le vol
extrêmement diverse certaines espèces
mais la plupart ont une coloration variée, et
est
sont noires en entier,
au moins dans
parfois,
Ô
;
pays d'outre mer, présentent
les
le
plus grand
nombre
offre des couleurs
les tein-
En Europe,
tes métalliques les plus belles et les plus brillantes.
peu éclatantes quoique
variées; des touffes de poils argentés ou dorés viennent seulement
relever cette modeste livrée. Quelques espèces sont Irés-velues,
plus ou moins sillonnées ou ponctuées, tandis que d'autres sont
polies et brillantes,
au moins dans quelque partie de leur corps.
Tête et annexes.
2.
— La tête est ordinairement de forme
arrondie, aplatie en devant, concave en arrière, généralement
plus étroite que
le
thorax, rarement plus large et paraissant alors
parfois d'une grosseur relative exagérée.
Vue par
dessus, elle
présente souvent une apparence quadrangulaire. Les
sont fortes
les (fîg. 1)
bord travaillant;
est
et lisses
mandibu-
ou plus ou moins dentées sur leur
sont nues ou garnies de poils. Le front
elles
souvent tuberculeux
le
;
vcrtex, quelquefois partagé par
un
peut aussi montrer diverses sculptures ou être tout-à-fait
sillon,
lisse.
Le
ou bilobé, tantôt caréné, denté ou sichez quelques espèces ceprésente un allongement anormal, le faisant ressem-
labre, tantôt arrondi
nué, est ordinairement peu visible
pendant,
il
;
un véritable bec d'oiseau sous lequel
bler à
organes buccaux
(fîg.
se cachent les autres
2.)
h^épistorne, assez convexe sur toute sa surface, présente à peu
près toutes les formes imaginables. Tantôt presque circulaire ou
carré, ou bien allongé soit longitudinalement soit transversale-
ment,
il
occupe tout l'espace compris entre la base des yeux
prolonge plus au moins en avant.
et
l'insertion des
antennes
peut être
ou chagriné, ponctué ou sillonné, glabre ou garni
lisse
et se
Il
de poils, parfois revêtu d'une courte pubescence dorée ou argentée. Mais c'est dans laconfigurationdeson bord antérieur que
Tobservatcur trouvera
les
tères les plus convenables
se présente sous la
relevée
;
il
formes
pour
les
plus diverses et les carac-
la distinction
des espèces. Ce bord
forme d'une ligne simple ou épaissie, droite ou
peut rentrer en dedans ou
saillir
en dehors, être tron-
SPHEGIENS
b
que ou arrondi, diversement échancré ou épineux, etc. La denture des mandibules peut aussi, dans des cas diiïiciles, ofTrir de
bons caractères
xillaires
(fii^.
distinctifs à
3) sont
ma-
cause de sa diversité. Les palpes
pourvus de
six articles, les jialpes
labiaux
4) de quatre articles.
(fîg.
Les yeux sont ovales ou réniformes, tantôt petits, d'autres fois
de dimensions assez grandes pour envelopper une notable partie
de
à se rejoindre, à peu de chose près, sur
la tête et arriver
tex.
Les ocelles
5) varient aussi
(fig.
ordinairement
tion;
ou bien
est le plus
ver-
antérieur est égal aux deux autres
l'ocelle
grand
le
beaucoup dans leur disposi-
quelquefois les deux postérieurs sont
;
de surface très-minime, restent peu visibles, disparaissent
même
dans de rares cas.
Les antennes
chiffre se trouve
mes ou
sétacées, la
genres
avec
les
chez
la femelle
3.
ties,
(fig,
6) ont de
douze à
ordinairement chez
treize articles; ce dernier
mâles. Elles sont filifor-
les
grandeur proportionnelle des
Le premier
et les espèces.
que chez
le
mâle.
[l'ig.
est
articles variant
souvent plus renflé
7)
Thorax. — Le thorax se divise très-nettement en trois parcomme il est d'usage prothorax, mésothorax, et métathorax.
:
Le pronotum
est distinctement sépare des écaillettes. Il est
vent très-étroit, peu visible; d'autres
fois,
il
occupe au contraire un
espace assez notable. Le mesonotum, qui compose
partie
les
du dos du thorax,
bords antérieurs
Le scutellumet
le
est
sou-
la
plus grande
ordinairement à peu près circulaire,
et surtout postérieurs
un peu plusrectilignes.
postcutellum restent bien distincts,
le
premier
pouvant se prolonger postérieurement sous forme de dents ou lames,
(fig. 8).
Le metanotum
offre des surfaces
est assez irrégulière, plus
fortement déclives et sa forme
ou moins allongée;
il
est arrondi
ou dé-
primé, rugueux ou finement strié entravers, quelquefois seule-
ment sur le disque supérieur.
4,
Pattes et
ailes.
— Les pattes,
composées,
comme
d'ha-
bitude, des hanches, trochanters, cuisses, tibias et tarses, sont
médiocrement allongées, ordinairement
fortes et très-mobiles.
Les trochanters ne se composent que d'un seul
11,)
article (fig. 9,10,
PATTES ET AILES
/
Différemment conformées suivant les groupes, elles sont lisses
ou armées de courtes épines, ou encore de poils ou cils raides
(fîg. 12), mobiles sur leur articulation et par conséquent susceptibles de se
rapprocher ou de s'incliner suivant
les
besoins du
travail de fouissement.
Les cuisses, toujours fortes
par suite solidement musclées,
et
portent quelquefois des pointes ou des dents.
Les tarses, de cinq
dans
articles à toutes les pattes, présentent,
certains cas, des déformations particulières, leur premier article
pouvant, par exemple, s'élargir en forme de lame
ongles dont
ils
commode pour
la classification,
(fîg.
et
de leur disposition. Les épe-
14) ont aussi des formes variées
qui se rattachent aux diverses
les insectes.
Les
à cause de la présence ou de l'ab-
sence des dents, de leur nombre
rons
13).
(fig.
sont pourvus offrent un caractère extrêmement
Les
que j'indiquerai
et
manœuvres que devront accomplir
tibias antérieurs
en portent un seul,
les tibias
intermédiaires un ou deux, et les tibias postérieurs toujours deux
dissemblables entre eux. Ces éperons, en se repliant
long du
le
métatarse, y rencontrent des cavités appropriées et diversement
armées de dents ou d'épines, suivant l'usage auxquels
ils
sont
le
plus
destinés.
Les articles des tarses sont inégaux;
le
premier est
long, l'avant-dernier est le plus court; celui qui porte l'ongle est
robuste
et
allongé; à son extrémité et derrière les ongles,
il
existe
une pelote membraneuse.
Les ailes (pi. IL. fîg. 1) ne sont jamais repliées sur elles-mêmes
elles sont
de Tabdomen. Les nervures qui les soutiennent sont fortes
donnent beaucoup de puissance au vol;
cellule radiale, des cellules cubitales en
à quatre,
et
dont
la
forme différente
sont d'un grand secours pour
rarement
;
en général assez courtes, atteignant au plus Textrémité
la
troisième,
elles dessinent
et
une seule
nombre variable, de une
et les
dimensions relatives
le classifîcateur; la
seconde, et plus
peuvent être pétiolées. La position des
nervures récurrentes qui aboutissent dans l'une ou l'autre cellule
donne aussi un caractère très-précieux. Le stigma est
peu fournie en nervures et ordinairement bien moins allongée que l'aile supérieure, à laquelle
elle se rattache par une série de petits crochets microscopiques
cubitale
petit. L'aile inférieure (fîg. 2) est
SPHÉGIENS
8
(fig. 3).
On
ne rencontre jamais d'ailes particulièrement raccour-
cies, ni d'individus aptères,
comme
cela se voit dans
d'autres
groupes,
5.
Abdomen.
—
L'abdomen
(fig. 4, 5, G),
plus souvent
le
conique, assez pointa à rcxtrémitc, n'adopte au contraire que
rarement, chez
mité.
Il
les
mâles, une forme trapue, arrondie à l'extré-
peut être très allongé, filiforme ou ramassé
et très court.
Le premier segment se présente sous dés aspects très variables
tantôt c'est un véritable fil assez allongé, supportant, à son extré:
mité, les autres segments qui se renflent ensuite subitement;
tantôt ceux-ci ne reprennent leur forme normale
que progressi-
vement, donnant alors à l'abdomen une figure tout-à-fait conique. D'autres fois
le
pédicule, tout en restant mince, est très-
court, et le premier segment, au lieu de former pétiole, est renflé,
arrondi ou tronqué en devant,
et
l'abdomen semble être alors
sessile. Certaines espèces offrent des
étranglements bien visibles
entre chaque segment, tandis que, dans la majorité
des cas,
ceux-ci forment par leur ensemble un profil d'une courbe régu-
La partie ventrale est plus aplatie que la région dorsale.
Le segment terminal finit le plus souvent en pointe et est fendu à
lière.
son extrémité par
la
séparation des deux arceaux dorsal et ventral,
pour donner passage aux déjections et aux organes génitaux.
L'abdomen, dans son ensemble, est assez mobile autour de
son pédicule, etchacun des segments peut glisser sur ses voisins,
de façon à lui permettre de se recourber en dessous
chercher avec
l'aiguillon la
et d'aller
place vulnérable d'une victime saisie
entre les pattes antérieures. Je dois encore signaler chez quelques
mâles des appendices plus ou moins crochus, naissant du second
et des
chez
derniers segmentsventraux.
les
Le segment
apical offre aussi,
mâles d'un grand nombre d'espèces, des formes
verses, des échancrures, des pointes, des crochets et des
très di-
appen-
dices de formes variées, servant à faciliter l'accomplissement de
l'acte génital.
chez
Enfin
les femelles et
le
nombre des segments
de sept chez
Les organes génitaux
variables,
les
(fig. 7 et 8)
visibles est de six
mâles.
externes des mâles sont très-
quoique se composant toujours des mêmes pièces que
celles indiquées
dans l'introduction de cet ouvrage
(I,p. Lxxxlv).
ANATOMIE INTERNE
Le
y
dessin de quelques-unes de ces armures en indiquera plus
que bien des pages.
en
Il
de
est
même
pour
les
organes de
mêmes
melle, qui se composent toujours des
la fe-
pièces et d'une
vessie à venin.
6.
Anatomie
interne.
(PI. III).
— D'après
L.
Dufour
(27),
les Sphégiens possèdent, situées dans la tête ou à l'avant du tho-
rax,
une paire de glandes salivaires composées chacune de deux
sortes de grappes rameuses, très-subdivisées, et portant des ren-
flements utriculaires, ovales ou allongés, diaphanes, extrême-
ment nombreux
et si délicats, qu'il est
presque impossible d'en
Les conduit-3 excréteurs de ces
deux glandes se réunissent dans la boîte crânienne pour former
saisir la configuration générale.
un canal commun versant de
la salive
ce ne soit qu'une hypothèse,
il
moins dans beaucoup de
dans
la
bouche. Bien que
permis de supposer que, au
est
cas, le liquide sécrété par ces
glandes
doit servir à consolider les parois des nids et à les enduire d'un
vernis protecteur imperméable.
L'appareil digestif
(fig. 1
d'après ce que nous apprend
à 6),
notre grand anatomiste, est généralement assez allongé, environ
deux fois long comme le corps, un peu moins cependant chez les
Ammophiles.il comprend, après l'œsophage, un jabot musculeux
continué par un petit gésier dont
trées, invaginées
les
d'une part dans
ventricule chylifique qui lui
extrémités se trouvent ren-
le jabot,
fait suite et
d'autre part dans
le
qui, dans certainscas,le
cache presque tout entier. Ce gésier, cependant, semble manquer
dans certains groupes, particulièrement celui des Crabronides
et
des Larrides, ce qui constitue un détail anatomique d'autant plus
important, qu'il se combine avec une autre modification du canal
digestif. Celle-ci se présente
sous
la
forme d'une poche gastrique,
ou panse, placée tout-à-fait en dehors de
l'axe
de l'œsophage.
Cette poche remplace le jabot ordinaire et présente des aspects
divers, suivant les genres où
ce sujet
«
L'œsophage,
base de
jabot,
on
Léon Dufour lui-même
la cavité
comme
dit-il,
la considère.
conserve
abdominale. Là
dans
les
Ecoutons plutôt à
:
la finesse
il
d'un cheveu jusqu'à la
présente non pas un simple
autres familles, mais une poche latérale,
une véritable panse dont
le
volume,
la configuration et la posi-
SPHÉGIENS
10
tion varient singulièrement suivant les genres et surtout suivant
son degré de plénitude. Elle est en général arrondie, sessile et
marquée, quand elle est vide, de plissures
Larra et du Lyrops (Tachytes) etrusai est
et
de rides. Celle du
latérale
che, à lopposédes autres genres, où elle est latérale
Dans lePalarus,
du côté gau-
du côté
droit.
elle est pédiccllée, c'est-à-dire qu'elle oiïrc
col tubulcux, grêle,
brusquement implanté
un
vers le milieu de la
face inférieure de cette poche, et celle-ci, lorsqu'elle est disten-
due par
le liquide
alimentaire, a une large éehancrure en avant.
La panse du Trypoxilon
est
oblongue, conoïde,
et
m'a paru
toujours dirigée en avant. L'insertion de l'œsophage, qui est in-
brusquement avant
férieure, a lieu
base du cône et au milieu
la
de Taire de cette base.
«
ces
Cette
même
poche gastrique présente, dans
diverses espè-
les
du genre Oxybelas, des modifications de forme
et
de position
dont quelques-unes sont peut-être accidentelles. Dans VOxybelas
nigripes^ elle est tout à
fait
unilatérale et oblongue, tandis
dans VOxybelus mitcronatas,
que
sous-jacenteà l'œsophage,
elle est
arrondie, sessile, subbilobéc.
«
Ce dernier mode
d'insertion, cette situation de la panse, sont
propres aux Cra.bro, et constituent un typeparliculier sur la description duquel
«
Ainsi que
il
convient d'insister un peu,
je viens
de l'énoncer,
la
panse est sous-Jacente à
l'œsophage, c'est-à-dire que ce dernier tube passe au-dessus d'elle
dans
la direction
de la ligne médiane
et s'y
ou sessilemeat par sa paroi inférieure.
comme dans
les
Larra,
Au
abouche directement
lieu d'être unilatérale,
les L^/rops. etc., elle est bilatérale,
qu'elle déborde à droite et à
gauche l'œsophage.
Il
puis-
résulte de
cette position que la panse, plus ou moins déprimée sur la ligne
médiane par l'œsophage, peut paraître, suivant son degré de plé-
nitude, échancrée en avant et en arrière et
comme
bilobée.
La panse des Crabronites est séparée du ventricule chilifique
par une portion du tube alimentaire dont la texture et les attri«
butions physiologiques offrentun de ces états de transition orga-
nique qui jettent dans l'incertitude. Dans quelques espèces, no-
tamment dans
forme
petit
et sa
les
Larra,
elle est renflée
consistance, mais
en olive
et
rappelle par sa
non par sa structure
intérieure, le
gésier enchàtonné de la plupart des hyménoptères.
Dans
DISTINCTION DES SEXES
11
d'autres espèces, ce n'est qu'une sorte de col étroit dont la texture
ne semble pas différer de celle du reste de l'œsophage.
»
Le ventricule chylifiquc est en général assez long pour faire
toute une circonvolution sur lui-même. Cependant on le trouve
court, droit et à peine courl^é dans certains genres (Ammophlla,
Sphex, etc). On le voit toujours garni de bandes annulaires plus
ou moins creusées. L'intestin, comme cela a presque toujours
lieu, est filiforme
dans sa première partie, plus renflé dans
conde ou rectum,
et
comme
allongés longitudinalement
s'atténue en
la
se-
garni circulairement de six boutons charnus,
Le rectum
des colonnes.
un col tubuleux pour s'ouvrira
l'anus.
Les vaisseaux
hépatiques qui débouchent dans l'extrémité postérieure du ventricule chylifique sont très fins, subdiaphanes, jaunâtres
ou inco-
lores et très fragiles.
Nous ne possédons
le
pas, à
ma
connaissance, d'observations sur
système nerveux des Sphégiens.
Les organes internes de
L. Dufour
(fig.
la
génération ont été encore étudiés par
7àlO). L'appareil testiculaire des Sphégiens
mâles se compose de trois capsules, quelquefois d'une seule,
renfermées dans un scrotum arrondi ou oblong,
canal déférent est grêle et capillaire
;
très-petit.
Le
séminales,
les vésicules
placées tout près et on avant du scrotum, sont ovoïdes ou allon-
Le canal èjaculateur
gées.
est très-court et grêle.
Les ovaires des femelles comprennent
trois
gaines ovigères,
allongées, muUiloculaires, quelquefois seulement ('Be)7i5ex, Cra-
bro)
tri
ou quadriloculaires. L'oviducte, parfois
toujours aussi. très court.
Dans
oriïine une glande spéciale
flexueux, libre par
étroit,
un bout,
la
consistant en un
fixé
très
ample, est
plupart des cas, on voit à son
boyau simple,
par l'autre au moyen d'un col
mais sensible. Est-ce une glande sébifique ou sérifique
La question
n'est
7. Distinction
antennes (13 chez
?
pas résolue.
des sexes.
les
— Le
nombre des
articles des
mâles, 12 chez les femelles,) suffit souvent
à distinguer les deux sexes, mais
le
moyen le plus
certain consiste
à faire le compte du nombre des segments abdominaux visibles,
en se rappelant que dans les espèces à long pétiole, les deux pre-
miers segments apparents n'en forment qu'un seul en réalité, dont
SPHÉGIENS
12
les
arceaux dorsal
mité
et
et ventral
ne se surperposent qu'à leur extré-
semblent plutôt se suivre. Les antennes sontordinairement
plus longues et plus eirilécs chez les mâles
peu plus trapu
diverses dont
et
j'ai
ont l'abdomen un
ils
;
son extrémité est souvent ornée de sculptures
parlé plus haut.
Le plus souvent aussi
la taille
des femelles surpasse celle des mâles. Quelquefois les tarses et les
segments ventraux présentent chez
ticulières
les
mâles des dispositions par-
ou des appendices spéciaux. Les yeux sontsouvcntchez
lesfemellespluséloignésau sommet que chez
antérieurs sont, dans un grand
nombre de
mâles. Les tarses
les
cas, pectines
chez
les
femelles. Enfin celles-ci laissent quelquefois apparaître leur ai-
guillon à l'extrémité de l'abdomen. Chez un certain
pèces, les couleurs de? individus mâles sont
nombre
moins
d'es-
brillantes et
plus sombres que chez les femelles.
§
IIL
PREMIERS ETATS
(PI. IV.)
1.
Œuf.
— L'œuf des Sphégiens
un nombre d'espèces relativement
(fig. 1) n'est
restreint.
Il
connu que pour
ne diffère en rien
de celui de la plupart des autres groupes et c'est toujours une
masse à peu près cylindrique, plus ou moins allongée, de couleur
variable, ordinairement blanche ou jaune, le plus souvent légèrement courbée et un peu plus grosse à l'une des extrémités.
Le nombre des œufs pondus par chaque femelle varie nécessairement d'une espèce à l'autre. Bien que l'expérience ne nous l'ait
pas indiqué d'une façon précise, on peut supposer qu'en raison
du grand
travail
coup d'espèces
la
d'approvisionnement que nécessite pour beauponte d'un seul œuf,
le
nombre de
ceux-ci doit
peu considérable, 10 à 15 environ, rarement une trentaine au
plus. La capacité des gaines ovigères montre d'ailleurs qu'elles
être
ne pourrraient en fournir davantage.
2.
Larve.
— Les larves
des Sphégiens
auquel
2 à
6)
présentent
mode de
nourriture
(fig.
des particularités spéciales qui résultent du
elles sont astreintes. Toutes, elles sont apodes, aveugles,
blanches ou jaunâtres, glabres ou presque glabres,
et
composées
NYMPHE
de treize segments plus
et le
la tête.
La
13
partie ventrale est assez renflée
corps s'amincit fortement du côté de la tête. L'extrémité
postérieure est obtuse, quelquefois au contraire amincie. Les seg-
ments portent latéralement des bourrelets qui forment comme
une chaîne continue, étranglée de distance en distance. Les
serments eux-mêmes sont séparés
étranglements bien visibles.
Au
les
uns des autres par des
dessus des bourrelets latéraux et
vers leur angle antérieur se placent des stigmates au
nombre de
deuxième jusqu'au onzième segment.
La tête porte deux courtes antcnnules de deux articles. On y
voit, de chaque côté,'dcs points saillants arrondis, La lèvre supérieure est ordinairement échancrée, mais les pièces principales
sont les mandibules qui sont robustes, jaune clair ou brunes, arquées et aiguës, avec l'extrémité noirâtre etbidentée. Les autres
dix paires placées sur le
parties de la
bouche sont représentées par des mamelons
parfois
assez allongés. Le thorax ainsi que la tête sont recourbés en des-
sous de façon que cette dernière repose sur les premierssegments
ventraux.
On
voit souvent sur la partie
médiane du thorax
et
du
dos de l'abdomen un sillon longitudinal assez accusé. Enfin le
ofïre, comme chez beaucoup dautres larves,
segment postérieur
un
pli
3.
transversal à son extrémité.
Nymphe.
phe qui
n'est,
maillotté d'une
qu'elle est
sente
Il
nyarien à
toujours
fine tunique.
dire de particulier sur la
que
(i\g. 7),
Mais ce
trois
qu'il
couches distinctes, dont
faut noter,
c'est
flexible,
la plus intérieure est
douce au toucher, tandis qu'extérieurement
un aspect rude, souvent grossier
nymem-
l'insecte parfait
enfermée dans une coque membraneuse,
composée de
lisse et
—
comme
la
et irrégulier.
coque pré-
Sa paroi
très résistante et ne se laisse déchirer que très difficilement
est
(fig.
8 à 10).
A l'une
des extrémités de cette coque se voit un
et très noir
amas
de matières desséchées, composées sans doute des
La forme du cocon
un peu pyriforme; cependant, dans certains cas,
déjections dernières de la larve.
placé, par exemple, dans
tige sèche,
très-dur
il
le
est allongée,
lorsqu'il est
canal creusé dans la moelle d'une
prend une forme tout à
à l'une des extrémités où se trouvent
fait
les
cylindrique, arrondi
matières noires et dures
SPHÉGIENS
14
indiquées ci-dessus,
fermé carrément à l'autre
et
l)out
par un
couvercle meml)rancux, placé souvent un peu dans rintéricur
de
la paroi
cylindrique.
IV.
§
1
.
—
NID1FIGA.TI0N ET BIOLOGIE
— Construction
et
approvisionnement des nids.
— L'histoire des mœurs des Sphégiensseraitbien longue àccrire
si
l'on voulait passer
en revue tous
les
procédés
si
di\ers
em-
ployés par les différentes espèces dans leurs systèmes de nidification. Je ne
lieu,
veux donner
ici
qu'une idée générale de ce qui a
avec quelques exemples,
me
réservant de décrire plus en
espèce remarquable y donnera lieu,
les méthodes de chasse, les victimes poursuivies et les modes de
détail et
chaque
fois (|u'une
construction du nid. J'ai
étaient chasseurs
;
mais
dit,
en
tous ies Si)!iégiens
effet, (juc
nature du gibier
je puis ajouter (luc la
varie beaucoup avec les espèces; les unes capturent des Coléop-
Araignées, des
tères, d'autres des Orthoptères, des Chenilles, des
Diptères, des Pucerons, des Coccides, voire
môme
d'autres
Hy-
ménoptères.
C'est ordinairement vers le milieu de
en
l'été,
juillet,
souvent
mémcseulementen septembre, plus rarementauprintemps, quele
Sphégien,éclos depuis peu, songe à remplir la tâche
de sa vie
et
à sa nichée.
la plu s se rieuse
qui consiste à construire un abri confortable et
Sous
les
rayons ardents du
sîir
merveille de
soleil, c'est
voir la troupe bariolée de tous ces travailleurs infatigables, as-
sidus à leur ouvrage, ne s'en laissant détourner par aucune pré-
occupation étrangère. Guidées chacune par son instinct particulier,
nos bestioles savent admirablement découvrir
leur convient, fùt-elle cachée sous terre
quelque
les racines
qui
de
thym ou de chardon. Elles ne connaissent pas
dès que les premiers rayons ont séché l'atmosphère
touffe de
le
repos
et
débarrassé
les voit
sous
et
la proie
et,
les brins
d'herbe de la rosée qui les mouille,
on
butinant, furetant, déblayant de tous cotés, avec des
mouvements nerveux indiquant quel
zèle
est
apporté à ce
labeur. Les ailes frémissantes, l'abdomen tendu, l'œil aux aguets,
rien
ne
les arrête
que
le
déclin du jour, à
moins qu'une nuée
CONSTRUCTION ET APPROVISIONNEMENT DES NIDS
15
passagère ou une ondée subite ne viennent pour un instant obscurcir et troubler l'atmosphère. Cachés alors sous quelque abri,
pierre qui avance,
tronc,
les
qui penche ou fissure d'un vieux
du calme dans
le ciel et
momentanément
cessant
pionniers,
du temps perdu, attendent
travail, impatients
dans
corolle
vaillants
l'air.
leur
retour de l'azur
Et cependant l'observateur,
qui guette l'occasion favorable de saisir
manœuvre quil ne comprend
le
la
raison de quelque
pas, se voit contraint, par la
con-
templation de ces milliers d'êtres qui l'entourent, de faire l'aveu
qu'il est bien petit et bien inutile,
de
surtoutbien ignorant, au milieu
tant d'activité et de tant de secrets difficiles à expliquer.
Ces existences
agitées fournissent
si
au philosophe mille occa-
sions de se poser des problèmes qu'il ne résout que rarement, de
placer des jalons qui, bien que fournis par des êtres infimes, lui
seront d'un grand secours pour l'aider à deviner les grands secrets de l'univers.
admirateur de
Ecoutons plutôt l'un d'eux,
la nature et le plus zélé
merveilleux secrets.
faire connaître les
qu'il
voit
si
bien,
montrera combien
sincèrement
le plus
pour en découvrir
et
en
En nous apprenant
ce
nous associera à ses jouissances
il
est sot et puéril le
dédain qu'affecte
nous occupent. (1)
du mois de juillet que le Sphex à
et
le
nous
monde
vis-à-vis des petits êtres qui
«
C'est vers la fin
déchire
le
cocon qui
l'a
protégé jusqu'ici
ceau souterrain. Pendant tout
nément voltiger à
la
le
et s'envole
mois d'août, on
des plantes robustes qui bravent
de ce mois. Mais
le voit
commu-
impunément
et
la plus
les
commune
feux canicu-
cette vie insouciante est de courte durée,
car dès les premiers jours de septembre,
tâche de pionnier
jaunes
de son ber-
recherche de quelque gouttelette mielleuse
autour des têtes épineuses du chardon-Roland,
laires
ailes
le
Sphex
est à sa
rude
de chasseur. C'est ordinairement quelque
plateau de peu d'étendue, sur les berges élevées des chemins,
qu'il choisit
pour l'établissement de son domicile, pourvu
qu'il
y trouve deux choses indispensables: un sol aréneux facile à
creuser et du soleil. Du reste^ aucune précaution n'est prise pour
abriter le domicile contre les pluies de l'automne et les frimas
de l'hiver.
(1)
Un emplacement
horizontal, sans abri, battu parla
J.-H. Fabre, Souvenirs entomologiques, 1879, p. 82.
SPHÉGIENS
16
pluie et les vents,
convient à merveille, avec
lui
cependant d'être expose au
soleil. Aussi,
la
condition
lorsqu'au milieu de ses
travaux de mineur, une pluie abondante survient, c'est pitié de
voir le lendemain les galeries en construction bouleversées, obstruées de sable et finalement abandonnées.
«
se livre solitaire à son industrie. C'est par
Rarement leSphex
ou davantage, que l'emplacement élu est exploité. Il faut avoir passé quelques journées en
contemplation devant l'une de ces bourgades pour se faire une
petites tribus de dix, vingt pionniers
idée de l'activité remuante, de la prestesse saccadée, de la brus-
querie de mouvements de ces laborieux mineurs. Le sol est ra-
pidement attaqué avec
instar,
comme
à fouiller
Linné.
dit
le sol
les
râteaux des pattes antérieures
:
canis
Un jeunechien nemetpasplusdefougue
pour jouer. En
môme
temps, chaque ouvrier en-
tonne sa joyeuse chanson qui se coin pose d'un bruit strident, aigu,
interrompu à de très-courts intervalles
tions des ailes et
gnons
le
du thorax. On
se stimulant
au
dirait
travail par
cl
modulé par
les vil)ra-
une troupe de gais compa-
un rhytme cadencé. Cependant
sable vole retombant en fine poussière sur leurs ailes frémis-
santes,
et
le
gravier trop volumineux, arraché gr;-in à grain.
roule loin du chantier. Si la pièce
résifîle trop, l'insecte se
fait songer aux alian dont le
accompagne un coup de hache. Sous les efforts
de l'élan avec une note aigre qui
fendent' de bois
donne
redoublés des tarses
et
!
des mandibules, l'antre ne tarde
[)as
à se
y plonger en entier. C'est alors une
mouvements
en avant pour détacher de nouvive alternative de
dessiner; l'animal peut déjà
de mouvements de recul pour balayer au
Dans ce va-et-vient précipité, le Sphex ne
s'élame comme poussé par un ressort, il bondit,
veaux matériaux
dehors
les
marche
pas,
et
débris.
il
l'abdomen palpitant,
les
antennes vibrantes, tout
le
corps en(in%
mineur dérobé aux re-'/
animé
gards on entend encore sous terre son infatigable chanson, tandis qu'on entrevoit, par intervalles, ses jambes postérieures
poussant à reculons une ondée de sable jusqu'à l'orifice du terd'une sonore trépidation. Voilà le
;
rier.
De temps
à autre,
le
Sphex interrompt son
rain, soit pour venir s'épousseter au soleil,
travail souter-
se débarrasser
des
grains de poussière qui, en s'introduisant dans ses fines articulations, gênent la liberté de ses
mouvements,
soit
pour opérer-
CONSTRUCTION ET APPROVISIONNEMENT DES NIDS
dans
les alentours
17
une ronde de reconnaissance. Malgré ces in-
terruptions qui^ d'ailleurs, sont de courte durée, dans l'intervalle
de quelques heures,
la galerie est
seuil de sa porte chanter son
creusée et
triomphe
et
le
Sphex vient sur le
donner
dernier poli
le
au travail, en effaçant quelques inégalités, en enlevant quelques
parcelles terreuses dont £on œil clairvoyant peut seul discerner
inconvénients.
les
Aussitôt
«
Mettons à profit
les
courses lointaines de l'hyménoptère à
cherche du gibier, pour examiner
général d'une colonie de Sphex
rizontal.
Cependant
classe commence.
terrier creusé, la
le
est,
disons-nous, un terrain hotellement uni qu'on n'y
n'y est pas
le sol
la re-
domicile. L'emplacement
le
trouve quelques petits mamelons, couronnés d'une touffe de
gazon ou d'armoise, quelques
racines de la végétation qui les recouvre.
ces rides qu'est établi
le
repaire du Sphex.
se d'.ibord d'une portion horizontale de
profondeur
et servant
par les maigres
plis consolidés
d'avenue à
C'est
La
deux ou
la retraite
sur
dant
la
pendant
le
mauvais temps;
nuit et se repose
le
c'est là
compo-
pouces de
trois
cachée destinée aux
provisions et aux larves. C'est dans ce vestibule ({ue
s'abrite
flanc de
le
galerie se
qu'il
le
Sphex
se retire pen-
jour quelques instants, montrant seu-
lement au dehors sa face expressive, ses gros yeux effrontés,
la suite
A
du vestibule survient un coude brusque, plongeant plus
ou moins obliquementà une profondeur de deux à
pouces
trois
encore, et terminé par une cellule ovalaire, d'un diamètre un peu
plus grand,
et
dont l'axe
le
plus long est couché suivant l'hori-
zontale. Les parois de la cellule ne sont crépies d'aucun ciment
particulier,
jet
mais malgré leur nudité on voit qu'elles ont
été l'ob-
d'un travail plus soigné. Le sable y est tassé, égalisé avec
soin sur le plancher, sur le plafond, sur les côtés,
pour éviter
des éboulements et pour effacer les aspérités qui pourraient
blesser
le
délicat
munique avec
le
épidémie de
la larve.
Enfin cette cellule
com-
couloir par une entrée étroite, juste suffisante
Sphex chargé de sa proie.
est munie d'un œuf et des provisions nécessaires, le Sphex en mure l'entrée, mais il n'abandonne pas encore son terrier. Une seconde cellule est creusée à
pour
«
laisser passer le
Quand
cette
première cellule
côté de la première et approvisionnée
de la
même
façon, puis
SPHÉGIENS
18
une troisième,
seulement
quelquefois enlin
et
({uc
le
amassés devant
Sphex
une quatrième. C'est alors
dans
rejette
le terrier tous
la porte, et qu'il elface
extérieures de son travail. Ainsi, à chaque terrier,
ordinairement
trois
encore quatre. Or,
cellules,
comme
les déblais
complètement
rarement deux
et
il
les traces
correspond
plus rarement
l'apprend l'autopsie de l'in&ectc, on
le nombre des œufs pondus, ce (jui
nombre des terriers nécessaires. D'autre part, les
travaux ne commencent guère avant septembre et sont achevés
peut évaluer à une trentaine
porte à dix
le
avant
de ce mois. Par conséquent
la fin
le
Sphex ne peut consa-
crer à chaque terrier et à son approvisionnement, que deux ou
au plus. On conviendra que l'active bestiole n'a pas
un moment à perdre, lorsque, en si peu de temps, elle doit creuser le gîte, se procurer une douzaine de Grillons, les transporter
trois jours
quelquefois de loin à travers mille difTicuItés,
gasin
boucher enfin
et
journées où lèvent rend
vieuses ou
même
la
mettre en
les
ma-
Et puis, d'ailleurs, H y a des
terrier.
le
chasse impossible, des journées plu-
seulement sombres, qui suspendent tout tra-
vail.
Mais voici venir bruyamment un Sphex qui, de
«
retour de la chasse, s'arrête sur un buisson voisin et soutient,
par une antenne, avec
les
mandibules, un volumineux grillon,
plusieurs fois aussi pesant que
tant il se repose. Puis
suprême
il
lui.
Accablé sous
le
poids,
un
ins-
reprend sa captureentrelespatteset, par un
effort, franchit
sépare de son domicile.
d'un seul
Il
s'abat
trait la
largeur du ravin qui
lourdement sur
le
le
plateau et le
reste du trajet s'effectue à pied. L'Hyménoptère esta califourchon sur sa victime et s'avance, la tête haute et fîère, tirant par
une antenne, à l'aide de ses mandibules, le grillon qui traîne
entre ses pattes. Si le sol est nu,
combre mais
;
si
le
transport s'effectue sans en-
quelque touffe de gramen éterd, en travers de
réseau de ses stolons, il est curieux de
la route à parcourir, le
voir la stupéfriction du Sphex lorsqu'une de ces cordelettes vient
tout à coup paralyser ses efforts
;
il
est curieux d'être
témoin de
marches et contre-marches, de ses tentatives réitérées, jusqu'à ce que l'obstacle soit surmonté, soit par le secours des aises
les, soit
amené à
par un détour habilement calculé. Le grillon
est enfin
destination et se trouve placé de manière que ses
an-
CONSTRUCTION ET APPROVISIONNEMENT DES NIDS
tenues arrivent précisément à
al)andonne alors sa proie
et
l'orifice
du
terrier.
10
Le Sphex
descend précipitamment au fond du
mon-
souterrain. Quelques instants après, on le voit reparaitre,
au dehors
trant la tête
et jetant
nes du grillon sont à sa portée
;
un
petit cri allègre.
les saisit et
il
le
Les anten-
gibier est pres-
tement descendu au fond du repaire.
au moment d'immoler
C'est sans doute
«
le
grillon
que le Sphex déploie ses plus savantes ressources; il importe
donc de constater la manière dont la victime est sacrifiée. Instruit par mes tentatives multipliées dans le but d'observer les
manœuvres de guerre des Gerceris, j'ai immédiatement appliqué
méthode qui m'avait réussi avec les premiers, méthode consistant à enlever la proie au chasseur et à la remplacer
aussitôt par une autre vivante. Cette substitution est d'autant
plus facile que nous avons vu le Sphex lâcher lui-même sa capture pour descendre un instant seul au fond de son terrier. Son
aux Sphex
la
audacieuse familiarité,
doigts, et
lui
ravir et qu'on
porte à venir saisir au bout de vos
c^ui le
même jusque
sur votre main,
lui
le
grillon qu'on vient de
présente de nouveau, se prête encore à
merveille à l'heureuse issue de l'expérience, en permettant d'observer de très près tous les détails du drame.
« Trouver des grillons vivants, c'est encore chose facile:
il
n'y
a qu'à soulever les premières pierres venues, pour en trouver
de tapis à
l'abri
du
née, n'ayant encore
que des
vus de l'industrie de
En peu
sur
«
le
Jo
me
ils
peux en
Un
ne savent pas encore se creuser
me
la
investigations
\oilà possesseur d'autant de
désirer. Voilà tous
hisse en haut de
plateau au centre de
rudimentaires et qui, dépour-
seraient à l'abri des
d'instants,
grillons vivants que je
tifs faits.
ailes
l'adulte,
ces profondes retraites où
des Sphex.
Ces grillons sont des jeunes de l'an-
soleil.
mon
mes prépara-
observatoire, je m'établis
bourgade des Sphex
et j'attends.
chasseur survient, charrie son Grillon jusqu'à l'entrée
du logis
et
pénètre seul dans son terrier. Ce Grillon est rapide-
ment enlevé
et remplacé, mais à quelque distance du trou, par
un des miens. Le ravisseur revient, regarde et court saisir la
proie trop éloignée. Je suis tout yeux, tout attention.
au. monde, je ne céderais
je vais assister.
ma pari du
Le Grillon
Pour
rien
dramatique spectacle auquel
effrayé s'enfuiten sautillant;
le
Sphex
SPHÉGIENS
20
serre
le
de près,
au milieu de
lui.
C'est alors,
un pêle-mêle confus où
tantôt vain-
l'atteint,
la poussière,
sur
se précipite
queur, tantôt vaincu, chaque champion occupe tour à tour
dessus ou
le
dessous dans
couronne enfin
les
efforts
le
Le succès, un instant balancé,
de lagresseur. Malgré ses vigoureu-
la lulte.
mandibules,
ses ruades, malgré les coups de tenaille de ses
Grillon est terrassé, étendu sur
le
le dos.
Les dispositions du meurtrier sont ])lentôt prises. Il se met
ventre à ventre avec son adversaire, mais en sens contraire, sai«
sit
avec ses mandibules l'un ou l'autre des
domen du
Grillon et maîtrise avec
filets
les pattes
forts convulsifs des grosses cuisses postérieures.
ses pattes intermédiaires
vaincu
étreignent
les
viers, sur la face, font
En même temps,
flancs pantelants
du
comme deux
le-
pattes postérieures s'appuyant,
et ses
terminant l'ab-
de devant les ef-
largement bailler l'articulation du cou. Le
Sphex recourbe alors verticalement l'abdomen de manière à ne
présenter aux mandibules du Grillon qu'une surface convexe
insaisissable; et l'on voit, non sans émotion, son stylet
sonné plonger une première
une seconde
fois
fois
dans
cou de
le
empoi-
la victime,
puis
dans l'articulation des deux segments anté-
du thorax, puis encore vers l'abdomen. En bien moins de
temps qu'il n'en faut pour le raconter, le meurtre est consommé
rieurs
Sphex, après avoir réparé
et le
désordre de sa
le
prête à charrier au logis la victime dont les
re
toilette, s'ap-
membres
sont enco-
animés des frémissements de Tagonie.
«
Arrêtons-nous un instant sur ce que présente d'admirable
la
tactique de guerre dont je viens de donner un pâle aperçu. Les
Gerceris s'attaquent à
un adversaire
presque privé d'armes offensives,
salut résident en
sait trouver le
et
dont toutes
les
une solide cuirasse, dont toutefois
point faible. Mais
de fuir
passif, incapable
ici,
(1),
chances de
le
meurtrier
quelles différences
!
La
proie est armée de mandibules redoutables, capables d'éventrer
l'agresseur
pattes
si
elles
parviennentà le
saisir
;
elleestpourvuededeux
vigoureuses, véritables massues hérissées d'un double
rang d'épines acérées, qui peuvent tour à tour servir au Grillon
pour bondir
lis
loin de son
ennemi ou pour
Coléoptères du genre Cleonus,
le
culbuter sous de brû-
CONSTRUCTION ET APPROVISIONNEMENT DES NIDS
2l
Aussi voyez quelles précautions de
taies ruades.
Sphex, avant de
manœuvrer son
faire
aiguillon.
la part du
La victime,
renversée sur le dos, ne peut, faute de point d'appui, faire usage
pour s'évader, de ses leviers postérieurs, ce qu'elle ne manquerait
pas de faire
comme
le
si
attaquée dans la station normale,
elle était
sont les gros charançons du Cerceris tubercule. Ses
jambes épineuses, maîtrisées par les pattes antérieures du Sphex,
ne peuvent non plus agir comme armes offensives; et ses mandibules, retenues à distance par les pattes postérieures de l'hy-
ménoptère, s'entrouvrent menaçantes,
saisir.
Mais ce
n'est pas assez
dans l'impossibilité de
lui
pour
nuire;
tement garrottée qu'elle ne
il
le
mais sans pouvoir rien
Sphex de mettre sa victime
lui faut
encore
puisse faire le
la tenir si étroi-
moindre mouvement
capable de détourner l'aiguillon des points où doit être distillée
la
goutte de venin
le
;
et c'est
probablement dans
mouvements de l'abdomen
ser les
terminent. Non,
champ
si
le
but de paraly-
qu'est saisi l'un des
une imagination féconde
s'était
filets
qui
donné
le
pour inventer à plaisir le plan d'attaque, elle n'eût
pas trouvé mieux et il est douteux que les athlètes des antiques
libre
;
palestres, en se prenant corps à corps avec
un adversaire, eussent
des attitudes calculées avec plus de science,
«
Je viens de dire que l'aiguillon est dardé à plusieurs reprises
dans
le
corps du patient
:
d'abord sous
le
cou, puis en arrière du
prothorax, puis enfin vers la naissance de l'abdomen. C'est dans
ce triple coup de poignard que se montrent, dans toute leur
ma-
gnificence, l'infaillibilité, la science infuse de l'instinct.
«
Les victimes des Hyménoptères dont
les larves vi-
vent de proie ne sent pas de vrais cadavres, malgré leur
bilité parfois
complète. Chez
ou partielle des mouvements,
ou moins complet de
la vie
il
immo-
a simple paralysie totale
y
y a simple anéantissement plus
elles,
il
animale, mais
la vie végétative, la vie
des organes de nutrition se maintient longtemps encore et pré-
serve de la décomposition la proie que la larve ne doit dévorer
qu'à une époque assez reculée. Pour produire cette paralysie, les
Hyménoptères chasseurs emploient précisément
les
procédés que
avancée de nos jours pourrait suggérer aux physiologistes expérimentateurs, c'est-à-dire la lésion, au moyen de
leur dard vénénifère, des centres nerveux qui animent les orgala science
22
sphégienS
nés locomoteurs.
On sait
en outre que les diversccntresou gan-»
glions de la chaîne nerveuse des
une certaine
limite,
animaux
indépendants
les
articules, sont, dans
uns des autres dans leur
de telle sorte que la lésion de l'un d'eux n'entraîne, immédiatement du moins, (jue la paralysie du segment corresponaction
;
dant; et ceci estd'aulant plus exact que les divers ganglionssont
plus séparés, plus distants l'un de l'autre. S'ils sont au contraire
soudés ensemble,
la
lésion de ce centre
commun amène
la
para-
segments où se distribuent ses ramilications.
cas qui se présente chez les Buprestes et les Charançons
lysie de tous les
C'est le
que les Cerceris paralysent d'un seul coup d'aiguillon dirigé vers
la masse commune des centres nerveux du thorax. Mais ouvrons
un
grillon.
pattes?
Qu'y trouvons-nous pour animer
On y trouve
ce
que
Sphex
le
les trois paires
de
savait fort bien avant les ana-
tomistes: trois centres nerveux largement distants l'un de l'autre.
De
sublime logique de ses coups d'aiguillon réitérés à trois
là la
reprises. Science superbe, humiliez-vous
La chasse
a
est;
!
terminée. Les trois ou quatre grillons
qui forment l'approvisonnement d'une cellule sont méthodique-
ment empilés, couchés sur le dos, la tête au fondde la cellule, les
Un œuf est pondu sur l'un d'eux; il reste càclore
le terrier. Le sable provenant de l'excavation et amassé devant
pieds à l'entrée.
du
la porte
logis est prestement balayé à reculons dans le couloir.
De temps en temps des grains de gravier assez volumineux sont
choisis
un à un, en grattant
le tas
de déblai avec
les pattes
de de-
vant, et transportés avec les mandibules pour consolider la masse
pulvérulente.
S'il
n'en trouve pas de convenable à sa portée, l'hy-
ménoptère va à leur recherche dans
un choix scrupuleux, comme
le
voisinage et parait en faire
le ferait
un maçon des maîtresses
pièces de sa construction. Des débris végétaux, des
ments de
feuilles sèches sont
menus
frag-
également employés. En peu d'ins-
tants, toute trace extérieure de l'édifice souterrain a disparu, et
si
l'on n'a pas eu soin de
domicile,
il
marquer d'un signe l'emplacement du
est impossible à l'œil le plus attentif de le retrouver.
un nouveau terrier est creusé, approvisionné et muré
autant de fois que le demande la richesse des ovaires. La ponte
achevée, l'animal recommence sa vie insouciante et vagabonde,
jusqu'à ce que les premiers froids viennent mettre fin à une vie
Cela
si
fait,
bien remplie,
»
CONSTRUCTION ET APPROVISIONNEMENT DES NIDS
23
Le récit si détaillé et si imagé qu'on vient de lire nous a pleinement initié aux manœuvres générales des Sphégiens, et nous
pouvons
le
comme type et y rapporter, en en faisant senles mœurs d'autres espèces nidifiant un peu
prendre
les différences,
tir
autrement ou s'attaquant à d'autres victimes.
Nous avons vu
partant en chasse
espèce du
le
Sphex à l'ouvrage, creusant son
terrier, puis
l'ordre inverse se pré^enteaussi pour une autre
;
même genre (occitonica). Celle-ci
enterre dans son trou
d'énormes femelles d'Ephippigère des vignes, mais
elle
capture
déjàlaproie,puiscreuscletrou,etlaraison nousenestdonnée bien
simplement parM.Fabre.Ici,en
effet, la
proie est lourde, difficile,
presque impossible àtransporter à de longues distances;
donc se trouver dans
les
le
nid doit
environs du lieu delà capture, et celui-
étant subordonné à tous les hasards de lâchasse, ne peut être
ci,
prévu à l'avance. Une seule éphippigère
provisionnement d'une cellule
puits ne correspond qu'à
Si
et,
un seul
pour
la
lui
fait l'office. Il vit
l'ap-
cause, chaque
voyons encore forer
au fond une cellule unique
est bien différente et c'est le gros ver gris,
qui en
d'ailleurs à
même
logis.
nous passons à VAmmophile, nous
le sol et installer tout
suffit
;
mais
la proie
ennemi du maraîcher,
souterrainement, mais ce ne peut être
une difficulté pour le chasseur, qu'un instinct spécial et absolument incompréhensible, dirige sans hésitation vers la motte ou
la racine
qui cache
le
gibier désiré. D'autres espèces
d'Ammo-
philes préfèrent les chenilles de Géomètres, dites arpenieuses.
L'aiguillon paralyse ses victimes, soit avec
seulement
si elles
successivement
deux ou
trois
coups
sont petites, soit en piquant tous les segments
si elles
sont plus grosses.
Les Bembex sont d'autres fouisseurs dont les mœurs sont sensiblement différentes. Tandis que
les
précédents choisissent de
préférence un terrain compact et solide, mettant leur travail à
l'abri
le
des éboulements, ceux-ci recherchent au contraire le sable
plus mobile.
A
une
]»etite
profondeur, un reste d'humidité
le
chambre de
la
maintient en place, et c'est là qu'est installée la
larve;
puis tout
le
couloir se comble à
mesure
qu'il est percé.
un diptère; mais où la manœuvre diffère
complètement de ce que nous avons vu plus haut, c'est que l'approvisionnement n'est pas fait en une fois et se renouvelle pen-
La
proie enfouie est