ANr^ALES
DE LA SOCIÉTÉ
ENTOMOLOGIQIJË
DE FRANCE.
Natura maxime niiraoda in minimii
Deuxième
(iérle.
rj
'^>
TOME SIXIÈME.
Vr
A PARIS,
CHEZ LE TRÉSORIER DE LA SOCIÉTÉ,
M. EiUCIEK BUQUET, RUE DAUPUINE, 35.
1848.
AMALES
DE
X.A
SOCIÉTÉ ENTOMOLOGIQUE
DE FRANGE.
NOTICE
NÉCROLOGIQGB
PAR
in,
BASSI.
(Séance du 12 Janvier 1848.)
Messieurs,
Notre Société vient d'ajouter un nouveau
liste,
hélas!
suyées.
nom
à la
déjà trop longue des pertes qu'elle a es-
M. Gêné, un de
ses plus anciens
membres
étran-
succombé dans la fleur do Tâge au sort inexorable qui le ravit à une famille dont il était Tunique soutien, à de nombreux amis et au brillant avenir que lui
gers, a
préparaient ses talents et son activité. Si
M. Gêné
n'a
pns pris une part directe aux travaux de notre Société,
n'a piis
moins pour cela contribiié puissamment
M' Scn'e.
TOMK
y\.
il
à
l
ANNALES
6
celui (le concourir
aux progrốs de
l
Entomologie. Vouộ
par goỷt et par un penchant bien dticidộ, tlepuis sa jeunesse, Tởtude des insectes, il applaudit la formation
comme
de notre rộunion
arrive, car
il
un bonheur personnel
si
lui fỷt
envisageait de loin tous les avantages que la
science allait recueillir de cette nouvelle institution.
Il
est donc bien juste, Messieurs, qu'une larme soit payởe
sa mộmoire, et je dois vous remercier de m'avoir confiộ
le
soin de rendre ce dernier
hommage
ami, et d'avoir voulu que j'eusse
C(;r
un aperỗu des
titres
1
nombreux
mon
maợtre et
honneur de vous
qu'il avait
tra-
notre es-
time et notre reconnaissance.
Joseph Gờnộ naquit Inobigo, petit village du Milanais, le 9
dộcembre 1800.
reỗut sa premiốre ộducation
11
dans un collốge des environs.
envoyộ par son pốre
la
A
Tõge de Hi ans,
l'Universitộ
philosophie et les mathộmatiques.
tout que se dộvelopjia en lui
turelle.
A
la suite
le
il
fut
de Pavie pour ộtudier
Ce
fut alors sur-
goỷt pour l'histoire na-
d'une longue maladie qui
le
conduisit
aux bords du tombeau, cherchant employer les loisirs de sa convalescence par une lecture amusante et
la fois instructive, le hasard fit tomber entre ses mains
quelques livres de zoologie qu'il lut avec aviditộ. A
peine fut-il rộtabli qu il voulut vộrifier de ses propres
yeux les merveilles dont la lecture l'avait frappộ, et il
commenỗa
champs, oự
ainsi courir les
les insectes
lui
de suite un intộrờt tout particulier. Encouragộ
dans ses premiers pas par Taide et les conseils de quelques
professeurs de Universitộ qui avaient bientụt su apprộ-
offrirent
1
cier des talents si prononcộs,
il
ne fut pas longtemps
reconnaợtre sa voc^ion, et se dộcida quitter l'ộtude des
mathộmatiques. Aprốs avoir ộtộ reỗu, en
en philosophie,
il
retourna
la
I8'il,
docteur
maison paternelle
et
ne
DE LA SOCIÉTÉ ENTOMOLOGIQUE.
7
revint à Pavie qu'en 1827, en qualitë d'aide-naturaliste
au Muse'e d'histoire naturelle. Ce fut pendant cet intervalle que jeune, libre et passionne, il put se livrer tout
entier à Tëtude de rEntomologie. Le séjour de la campagne le mettait dans la position la plus favorable au développement de ses talents comme naturaliste observateur.
Les ouvrages de Réaumur, de De Géer et de Latreille
étaient les livres qu'il avait le plus étudias
comprit bientôt que
:
élevé à cette
ne se bornait pas
à enregistrer des espèces, ni à un vide assemblage de
mots. Aussi, tandis qu'avec tout l'emportement de son
âge et l'ardeur d'un goût bien prononcé, il s'occupait à
école,
il
la science
de son pays et à en connaître la
ne négligeait en même temps aucune occasion
recueillir les insectes
forme
il
,
pour étudier
les
mœurs
des différentes espèces.
en correspondance avec Bonelli qui
l'encouragea de tout son pouvoir et l'aida de ses conseils
et de sa direction. Ensuite il entra en relation avec pluBientôt
il
se trouva
sieurs autres entomologistes les plus distingués.
1821,
il
avait
commencé
Journal de physique
tomologiques dans
le
Pavie*, mais ce fut
en 1827
vrage sur
les
Depuis
à publier quelques notices en-
qu'il publia
et
de chimie de
son premier ou-
Insectes nuisibles à Vagriculture^ etc., travail
comme faisant partie d'un recueil
que M. Moretti publiait à cette époque sous le titre de ii^/bliotecaagraria. Cet ouvrage n'est eu dernier ressort qu'un
aperçu des connaissances qu'il avait été à même de puiser
dans le petit nombre de livres qui se trouvaient à sa portée
qu'il fut invité à rédiger
;
mais son choix avait été
put,
il
fait
avec soin et talent,
ne négligea pas d'y ajouter
et,
le résultat
pres observations et de son expérience. Sans
tant qu'il
de ses pros
écarter
du
but principal de son ouvrage, destiné aux agriculteurs
plus qu'aux entomologistes, M. (ienë eut soin rej)endant
AISNALKS
8
de ne
poiiil négliger
1
ordre
(.-l
le )iuig;»gc si:ieiili(i(jue, et
surtout de se rendre intelligible aux personnes ('trangères
à l'entomologie, sans que Texactitude des descriptions
eût à s'en ressentir. Toutefois, dans ses dernières an-
nées
,
Tauleur lui-même n'attachait qu'une fort mince
importance
Eu
ouvrage de sa jeunesse.
à cet
1829,
publia un
il
mémoire sur
des Clyrthres et des Griboiiris, dont
larve n'étaient jusqu'alors
Thisloire naturelle
les
mœurs
à l'état
de
connues qu'imparfaitement.
sur les habitudes et les méta-
Parmi une foule de détails
morphoses de ces insectes, on y trouve l'observation toute
nouvelle sur rarchitecture des tuyaux qui les abritent et
qu'ils traînent constamment avec eux. Nous lui devons de
savoirqu'ils les construisentavecleurs piO[)res excréments,
et
que l'œuf lui-même est protégé par une semblable envela mère a soin de le couvrir pendant la ponte.
loppe, dont
En
1831,
M. Gêné publia
bitudes et sur
paraît ne pas avoir été à la
wood
lors
do
la
uiu)al produit
ses observations sur les
.
publication de ses observations sur
par
les
ha-
Ce travail
connaissance de M. West-
larve de V^palus bimaculatiis
la
œufs de Meloe (1)
et ces
l'a-
remar-
ques doivent se rapporter à resjièce italienne ou à 1'^.
hinolatus de Dojean. L'auteur fut à même d en suivre
la ponte ainsi ([ue la naissance de la larve, ayant les
formes et
les
habitudes
tout
à
fait
analogues
à
celles
des autres espèces de Cantharidcs étudiées avant lui.
Comme à tous les autres naturalistes cjui ont abordé
lui fut impossible de suivre le déil
dont les mœurs ne
veloppement successif des larves
sont connues qu'à l'époque de leur naissance. Il garda
pendiint toute sa vie une curiosité qui allait jusqu'à l'im-
ce sujet didicile,
,
(i;
oml.
Notice of a minute parasite, etc.
i.
U. p.
18'j.
—
Trans. of ibc Eut. soc.
DE LA SOCIÉIÉ ENTOMOLOfilQUE
9
patience de savoir de quelle manière des larves qui de-
communes
vaient ne'cessairement être très
comme
et
d'une
taille
de plusieurs grandes espèces de Meloe, pussent pendant si longtemps sede'rober
fort
remarquable,
celles
aux recherches des naturalistes. Il aurait même dêsirë
qu'un prix fût proposé en faveur de Tentomologiste (|ui
eût été assez heureux pour résoudre ce problème difficile. Sûrement il n'aurait pas négligé de se vouer lui-
même
à cette
recherche avec l'obstination qui signale
véritable observateur,
si
plus que jamais arraché à l'étude de
Un
autre
mémoire sur
diuni contractum et
de
cincta Ç) fut publié par
même
année.
En
le
une nouvelle destination ne Teût
1
la
la
nature vivante.
histoire naturelle de
(C
Cerceris aurita
M. Gêné dans
W4nthicjuinquc-
courant de
le
faisant connaître des détails aussi
la
nou-
veaux que cui'ieux sur les mœurs de cet insecte, l'auteur
eut soin de les accompagner de précieuses observations sur
leur vie et sur le danger qu'il y a à trop se lier à la dépendance mutuelle des formes et des habitudes des in-
pour en juger par simple analogie.
Cependant, en 1831, l'Université de Turin venait de
perdre, parla mort de Bonelli, son illustre professeur de
zoologie et le directeur de sa collection zoologique.
sectes,
M. Gêné,
qui l'année précédente avait été invité à venir à
dernière maladie de Bonelli, y ful;dors
appelé définitivement pour le remplacer. Par cette nou-
Turin, pendant
la
velle position qu'il garda jusqu'à sa mort,
rellement
forc(';
de cultiver
Zoologie-, ce <|u'il
Messieurs, que
lit
le
pas de vous parler
devable
à
il
les différentes
se
trouva natu-
branches de
la
avec zèle et dévoûment. Je regrette,
plan qui m'est tracé ne
ici
des travaux dont
la
me
permette
science est re-
notre collègue, surtout en Mammalogie, en
nithologie et en Erpétologie.
Il
Or-
se livrait à ces recherches.
ANNALES
10
avec cet avantage qui
qui ont élé longtemps
rieures.
Mais
privilège des ualuralistes
est le
lial)itués à l'ctude
toujours
il
des classes infé-
gardait une prédilection fort
—
naturain
prononcée pour TEnlomologie et le dicton
lui était devenu
expellas Jurca tamen usqiie recurret
—
familier.
des,
il
Forcé
jiar ses
devoirs de s'occuper d'autres étu-
revenait toujours avec ardeur à celle des insectes.
La rencontre d'un entomologiste, arrivée d'un envoi,
un hasard quelconque, lui oflraient souvent Toccasion de
sV livrer de nouveau avec une ardeur toujours renais1
sante après l'avoir négligée pendant quelque temps.
Quoique adonné de préférence à l'étude des mœurs, il
ne négligeait pas celle des espèces et de leur distribution
systématique. Aussi, en 1832, publia-t-il sous le titre
d'Essai {Tune monographie des Forficules indigènes la
description des espèces européennes de cette famille, et il
ajouta deux suppléments à ce travail en 1833 et en 1837.
Elle renferme la description de dix-huit espèces qu'il ju-
gea convenable de réunir de nouveau,
comme Charpen-
dans Tancien genre Forficula, tout en
motifs qui avaient conduit Leach, Latreille
tier l'avait déjà fait,
respectant les
et
M.
Audinet-Serville à partager avant
d'Europe en
trois
lui les Forficules
genres séparés. Quoiqu'il trouvât bien
tranchés les caractères des types de ces genres,
que
par
lui allaient établir
les
il
obser-
espèces intermédiaires nouvellement étudiées
vait
pouvaient plus
entre elles des passages qui ne
justifier les
coupes génériques adoptées
par ses devanciers. C'est ainsi que
la
Forficula maritima^
Bonelli, qui, par ses antennes, devrait se ranger parmi les
Forficésiles,
(|ue d'ailes
rentrerait dans les Chélidoures par le
et d'élytres. II
en
est
de
même
aptères pourvues d'élytres, qui forment
rel
entre ce dernier genre
et
les
man-
des espèces
un passage natu-
Forficules proprement
DE LA SOCIÉTÉ ENTOMOLOGIQUE.
dites, sans appartenir plutôt à l'un
ou à
l'autre.
1
Au reste,
Fauteur lui-même avait range en groupes méthodiques
espèces de sa monographie, et il ne lui en
que la peine de leur attribuer un nom générique quelconque s'il n'eût pas cru plus rationel de les
garder réunies dans le même genre. Il lui aurait fallu
créer de nouveaux genres pour un nombre très borné
les. différentes
aurait coûté
,
d'espèces
:
préféra la simplicité originaire
il
tends pas, Messieurs, partager
ici les
Je ne pré-
vues de notre col-
lègue, surtout en considérant l'état actuel de la science
;
mais, certes, vous rendrez justice aux motifs qui avaient
dirigé son choix.
Il
désapprouvait hautement cette foule
d'entomologistes qui tourmentent
nature au lieu de
la
l'é-
tudier, qui préfèrent la nouveauté à la vérité et nmltiplient
noms
les
et
non pas
les genres.
Quoique habitué
à n'o-
pérer que d'après sa propre conviction, Tintimité dans
laquelle
il
s'était
trouvé avec Bonelli
n^avait
pas peu
contribué à lui faire contracter ce dégoût pour la rage
qui depuis quelques années avait
commencé
à se
pro-
noncer de multiplier à tout propos les coupes méthodiques. Et vous savez.
Messieurs, que ce dégoût poussa
Bonelli dans les dernières années de sa vie jusqu'à désa-
vouer ses propres travaux.
Cet ouvrage |ur les Forficules n'était, au reste, qu'un
de monographie, comme son litre l'indique assez.
L'intention de M. Gêné était d'en publier une monographie générale et iconographique, dont il avait même com-
essai
mencé
il
De même déjà, en 1832,
une monographie des Blattes, mais
n^acheva ces ouvrages dans la vue d'en éten-
à préparer les dessins.
avait travaillé à
jamais
dre
le
il
plan à
l'Italie,
la description
au sujet desquels
il
de tous
les
Orthoptères de
avait recueilli une foule d'ob-
servations et de précieux matériaux.
AINJNALES
12
En 1833, M. Gêné publia un mémoire sur la Cécidomye qui produit les singuliùres excroissances qu'on observe sur un Ilypericum mais il paraît que cette notice est
,•
demeurée inconnue aux diptérologistes qui ont étudié ce
genre depuis celte époque.
En
vous parlant des travaux entomologiques de notre
il m est impossible, Messieurs, de passer sous
silence V Eloge historique de Bonelli, qu'il publia la même
collègue,
année, quoique appartenant à une catégorie qui s'éloigne
peu des bornes strictement scientifiques que
Le nom de Bonelli tient à l'Entomologie par des liens trop puissans pour qu'il me soil permis (le me taire sur cet ouvrage qui lionore à la fois l'esprit et le cœur de son auteur. Doué du bonheur de
posséder une imagination docile aux impressions d'une
tant soit
je
me
suis imposées.
âme noble et généreuse écrivain correct et élégant,
M. Gêné savait ordinairement revêtir tous les sujets qu'il
,
abordait d'une couleur qui les rendait faciles
et
agréa-
Lies. Ses écrits étaient ordinairement l'expression de la
l'homme, du citoyen, de
Mais lorsqu'un sentiment plus fort l'inspirait,
délicatesse des sentiments de
l'ami.
lorsqu'une conviction profonde s'emparait de
alors
communiquer
âme. C'est ce
qu'il
mage d'estime
et
lui,
il
savait
plume toute la passion de son
démontra en payant ce dernier homà sa
de regret à son prédécesseur.
Déjà en 1830, longtemps avant qu'il fût question de
sa nouvelle destination à Turin,
M. Gêné
avait conçu le
projet d'un voyage scientifique en Sardaigne.
s
y rendre
seul et à ses frais, et ce ne fut
incident qui l'empêcha alors d'exécuter son
tard, c'est-à-dire en 1834,
par
le
il
fut
gouvernement sarde, et
la mi-novembre de
daigne vers
il
la
Il
couij)tait
qu'un sinq)le
j)lan.
Plus
chargé de cette mission
partit
même
pour
1
île
de Sar-
année pour ne
la
DK LA SOCIÉTÉ ENTOMOLOCrlQUE.
quitter
qu en
juin.
y retourna en 1836, 1837
Il
13
et 1838.,
séjournant chaque fois trois à quatre mois. Forcé de
sV
y
li-
vrer à toutes sortes de recherclies dans toutes les branches
de
la
Zoologie,
il
ne
lui fut
pas possible de donner aux in-
sectes toute Tattention qu'il aurait désiré. Mais puissam-
ment secondé par
Taclivité et Tintelligence des collabora-
teurs qu^il avait conduits avec lui (parmi lesquels je
M.
plais à signaler ici notre collègue
Ghiliani, qui
pagna dans ses deux derniers voyages),
il
me
Taccom-
put y faire d'im-
portantes découvertes en Entomologie, sans toutefois négliger les autres branches de la Zoologie.
d'une faune générale de
de ces voyages.
l'île
devait être
Mais à son retour de
quoique enrichi d'une
série
et d'insectes
trop se presser à
surtout,
les livrer
à
la
Sardaigne,
précieuse d'observations et
d'une masse d'objets recueillis dans
d'animaux
La publication
le résultat final
la
les difierentes classes
ne crut pas devoir
connaissance du monde
il
toujours à ses amis qui!
ne tenait nullement à la formation d'espèces nouvelles, et qu'il désirait au contraire diminuer le nombre de celles dont les
savant.
II disait
caractèics
-le fait
n'étaient pas assez bien tranchés. C'est
dans
ce qu'on peut remarquer dans les aperçus qu'il pu-
blia tandis qu'il travaillait à sa
forme de mémoires
Pour
Faune
générale, sous la
isolés sur différents sujets.
ce qui regarde l'Entomologie de la Sardaigne,
il
publia, en 1836 et en 1839,
deux cahiers contenant la
description de plus de 80 espèces nouvelles ou mal connues, qu'il accompagna de bonnes figures. Elles appartiennent toutes aux Insectes de Tordre des Coléo[)tères, à
rexce])tion d'un seul Lépidoj)lère, le magnifirpie Panilio
kospiton, qu'il décrivit et figura sous ses dillérents états.
11
travailla aussi à
un troisième cahier,
quelles circonstances
la
et j'ignore
par
publication en a été suspendue.
ANNyVLES
14
Ces descriptions
laissent entrevoir clairement les prin-
cipes s(^vères de Fauteur en fait d'espèces nouvelles,
n'admettait jamais
qu avec
qu il
et qu'il appelait
hésitation,
Pcriculosœ plénum alece opus. Aussi il ne
que rarement de se tromper, et il serait à désirer qu'on trouvât dans tous les ouvrages de Zoologie autant de philosophie que celle qui dirigeait notre collègue
dans le choix des espèces. C'est ainsi, par exemple, qu'en
avec Horace
:
lui arrive
rétablissant la Cicîndcla imperialis de Dahl, qui avait été
réunie par Dejean à
la volgensis
de Besser,
il
a bien
moins
tenu compte des caractères extérieurs assez peu distincts
de ces deux espèces, que de leurs habitudes tout à
fait
difFérenles.
Ce que
même
je
viens de dire au sujet des espèces peut de
s'appliquer à l'établissement des genres nouveaux
que nous trouvons dans ces cahiers sur l'Entomologie de
Sardaigne. Le genre ^gelœa de la tribu des Feroniens
la
et le genre Elaphoccra, qui depuis
M. Kambur d'une
les
excellente monographie,
deux remarquables par
lesquels
ils
a fourni le sujet à
la netteté
sont
tous
des caractères sur
sont basés.
Les dégâts que plusieurs insectes causaient à l'agriculture en
Piémont
vernement,
arrêtèrent, en 1840, lattcntion
et firent naître l'idée
du gou-
d'un nouveau projet de
La rédaction de ce
Gêné parle ministre de l'intérieur
loi sur l'échenillage.
projet fut confiée
à ;M.
:
même temps
il
fut trouvé
en
convenable d'y ajouter une instruction po-
pulaire sur les insectes contre lesquels la loi devait être
principalement destinée et sur
de
les détruire. J'ignore
les
moyens
par quel motif
les plus faciles
le
projet de loi
que l'instruction populaire (jui
racconq)agnait lut imprimée par ordre du ministre et
envo}'ée à toutes les communes du royaume. Elle forme
n'eut pas
tie
suite, tandis
DE LA SOCIEIÉ EiNTOiMOLOGIQUE.
le
sujet d'une
fort
15.
brochure qui ne concerne qu un nombre
celles parmi les plus
borné d'espèces, c'est-à-dire
nuisibles qui pouvaient être prises en considération dans
une
et
sur Téchenillage. Mais ce travail,
loi
adapté au but dans lequel
que aucune importance,
destiné à compléter.
nement sarde
Il
il
avec soin
fait
avait été conçu, n^a pres-
ainsi détaché
de
la loi qu'il était
paraît cependant
que
le
gouver-
n'avait pas mis de côté ce projet de loi,
puisque peu de temps avant sa mort, M. Gêné se trouvait
chargé de nouveau de s'en occuper.
L'Académie royale d'agriculture de Turin
l'avait aussi
plusieurs fois chargé de semblables travaux, dont on
trouve les détails dans les actes de ce corps savant. Le
sujet des insectes nuisibles fut
collègue attacha toujours
la
un de ceux auxquels notre
plus haute importance.
11
dé-
plorait le charlatanisme des esprits médiocres qui veulent
en imposer au vulgaire par le clinquant des noms sonores,
et qui cherchent l'impunité en s'adressant aux agriculteurs plus qu'aux naturalistes-, mais il faisait en même
temps
le
plus grand cas des travaux consciencieux des
savants qui consacraient leurs loisirs et leurs études à la
partie peut-être la plus utile de l'Entomologie, celle qui
se
voue au bien-être du laboureur
et à
moissons. Les insectes nuisibles furent
la sécurité
des
sujet de
son
le
premier et de son dernier ouvrage. Celui-ci
est
un rap-
port qu'il publia quelques semaines avant de nous quitter
pour jamais, sur différents mémoires qui avaient été présentés au Congrès scientifique de Gênes, au sujet des
produits par le Dacus oleœ aux oliviers de
dégâts
De
Ligurie.
malheureusement combien
résulte
surpasse
naires
ce rapport, écrit avec talent et franchise,
-,
la possibilité
mais en
même
le
la
il
mal à combattre
d'y remédier par les
moyens
temps, ce rapport démontre
ordi-
«{u'il
y
AMNALES
16
a
un remède,
que
et
raient en attaquer
1
ignorance ou
le
préjugé seuls |X)ur-
utilité.
l
que je vous parle, Messieurs, d'un autre
que M. Geué puhlia en 18^2, sous le litre de
Mémoire pour servir à V histoire naturelle de cjuclqucs J/yiuêiioptcrcs.Ce mémoire, quoique peu volumineux, est rielie
de faits et d'observations du j)lus grand intérêt sur les
mœurs de cet ordre merveilleux d'insectes. Ces remarques
faut encore
II
travail
sont le fruit de reclierclies (jue Tauleur avait été à
de
faire à différentes
même
époques, et
pendant
ges eu Sardaigne, autant que sa vie Jiomade
le
même
ses voyalui avait
On
y trouve entre autres de précieux détails sur
fourmis. L'auteur y aborde une question négligée
permis.
les
jusqu'alors par la plupart des entomologistes, quoiqu'elle
se lie
aune observation qui tombe
yeux
même du
chacjuc jour sous les
vulgaire, c'est-à-dire celle de l'usage au-
quel ces insectes industrieux destinent leurs provisions.
Tout dans
ce
mémoire décèle
servateur de son auteur, et
vie des
science
l'esprit
profondément ob-
presque regretter
fait
(jue la
champs lui ait été si longtemps interdite, car la
aurait pu attendre de lui les plus beaux résultats
pour tout ce qui concerne les habitudes des insectes.
11 ne négligeait pas non plus la partie physiologique
de l'Entomologie.', dont il savait apprécier toute l importance.
Un mémoire
sur
la
génération des Tiques fut
résultat de pénibles études, dont
il
lut le détail à
le
l'Aca-
démie de Turin, après avoir donné eu 1844 une idée de
ses premières recherches sur ce sujet au Congrès scienti-
Ce
fique de Milan,
1) r.c n'est
coii|j;iès «lo
el."»e
pas
Mil
iii
là
il
son mii(|ue
lut
nmltiplio en liés
iVau', cl
(lu'il
travail (l) sera publié
iravail
dans
sur les .acariens.
le recueil
An mOiwv
un luénioirc Mir une espèce nouvelle (\m
piande
decrivilsons
le
(piaiitile
sons
les tej;uinenls
nom de Sarcoplcs
slriijis.
de
\,i
l'cl-
DE LA SOCIÉTK ENTOMOLOCilQUE.
•
mémoires de rAcadéinie de Turin: mais
les
17
puisqu'il est
encore inédit, permettez-moi, Messieurs, de vous en donner
ici
un aperçu général
fut le premier qui observa laccouplement
De Géer
des Ixodes, pendant lequel
le
mâle introduit son bec
au milieu
dans
les parties sexuelles
de
poitrine entre la dernière paire de pattes.
la
De Géer
si
les autres
ni
cette singulière
la femelle, situées
M. Gêné, au
à
était
un
véri-
contraire, put le cons-
de nombreuses observations. Pendant Tinlro-
duction du bec dans Tappareil génital de
sort
Mais ni
naturalistes ne purent s'assurer
réunion des deux sexes
table accouplement.
tater par
de
la femelle,
il
en
deux petits corps blancbâtres et fusiformes à droite et
gauche de
après
la
lèvre inférieure, qui disparaissent aussitôt
la
séparation des sexes.
Ce sont
là les véritables or-
ganes fécondateurs.
Déjà en 1806, Gbabrier avait annoncé que
les
Jxodes
])ondent par la bouche, ce qui fut ensuite nié par Millier
dOdenbach.
Celui-ci vit les œufs sortir
qui se renverse en dehors sous
du canal pecto-
forme d'un tui)ercule conique et tubuleux. L'observation de Millier,
qui détruisait lopinion de Chabrier, fut presque ignorée
ral
la
par les naturalistes, qui continuèrent à adopter celle-ci,
jusqu à ce que
tue
par
MM.
Dugés
et il.
Lucas Teurent combat-
indépendamment
du pasteur d'Odenbach. La science s'en troupoint, lorsque M. Gêné put démontrer (|Ue ce
leurs propres
observations
,
des travaux
vait à ce
qui se passe chez
moitié connu.
11
les
Jxodes pendant
observa que
la
la
ponte
n'était qu'à
femelle, après avoir été
fécondée par un seul ou par plusieurs mâles,
commence
bientôt cette longue opération. Elle baisse; d'abord sur la
poitrine toutes les pièces qui
elle fait sortir
du dessous de
la
composent
le bec-,
ensuite
plaque déro-cèphalique une
ANNAL lis
IH
vessie gonflée, blanchâtre, élëgammentstriee,
que M. Gent^
ap[ie\\eifessiebilobée, parce qu'elle se termine p.irdeux lobes
cordifornies, ayant à leur extr(imit<^
une
petite ouverture.
Lorsque cet organe que personne n'avait encore observe
est bien dëveloppé et étendu au-dessus des pièces du bec,
la Tique fait sortir le canal pectoral, qui n'est autre chose
que Toviducte, qui, se prolongeant de la même façon
qu'un
tentacule d'escargot
deux lobes de
les
tre
la
,
va tout droit aboutir en-
vessie.
Celle-ci le reçoit,
le
presse et paraît le sucer pendant quelques secondes. Bientôt
Toviducle se rétrécit et rentre dans
un œuf entre
laissant
nent et
le
la
poitrine en
lobes de la vessie, qui le tien-
les
tournent en tout sens, en vibrant de temps
à
une sorte de frissonnement convulsif. L'œuf
demeure là pendant quatre à cinq minutes*, après quoi la
vessie s'affaisse et se cacbe de nouveau entre les parties
solides. L'œuf reste abandonné sur la lèvre, qui, avec les
autres parties du bec, le pousse sur la plaque dcro-céphalique ou sur le devant du corps, ce qui a pu faire croire à
Ghabrier que la ponte se fiit par la bouche. Gette opéra-
autre avec
tion se répète autant de fois qu'il
M. Gêné, qui
avait été
y
a d'œufs à déposer.
témoin de
la
ponte des Tiques
avant de l'avoir été de leur mode d'accouplement, crut
devoir attribuer
fonction
si
à
un
véritable
hermaphrodisme une
singulière, et qui s'éloignait d'une
frappante de tout ce qui était jusqu'ici à
la
manière
des naturalistes. Le canal pectoral était évidemment
l'or-
supposa que l'appareil masculin aboutit
vessie bilobée. Mais bientôt la connaissance des
gane féminin
à la
si
connaissance
-,
il
mâles, qui ne sont pas plus longs qu'une ligne, et surtout
vue de leur accouplement le détrompa tout à fait. 11
que la fonction de la vessie bilobée était de la
haute
importance pour ces insectes, puisque la féconplus
la
s'assura
DE LA SOCIÉTÉ
EJNTOIVIOLOGIQUi:.
dation des œufs en dépendait-, mais
Ja
19
nature de cette
fonction était encore un problème à résoudre.
Ce
fut alors
que lorsque
que riuspection anatomique lui démontra
bilobée est renfermée entre les par-
la vessie
dont Tanimal ne la fait sortir qu'au moment
de la ponte, cet organe se trouve pour ainsi dire engaîné
dans le canal pectoral ou dans Toviducte, qui de son
côté est également rentré, dans Tintérieur du corps et
ties solides
renversé
comme
le
doigt d'un gant. Cette disposition
permet à la vessie bilobée de recevoir immédiatement la
semence déposée par le mâle dans Toviducte pendant
Taccouplement. Cet organe donc n'est autre chose qu'une
véritable poche de Malpig/ii que
du nom de
M. Gêné
préfère appeler
bourse séminale, en adoptant la dénomination
proposée en 1843 dans un mémoire sur la fécondation des vers-à-soie dont je fis la lecture au Congrès
que
j'avais
scientifique de Lucques. Sa fonction est
même.
11
absolument
la
n'y a de diflerence que dans sa forme et sa dis-
position tout à fait exceptionnelle, et surtout dans la cir-
constance étonnante que
la
fécondation doit s'opérer en
dehors du corps de l'animal.
La
que
suite
de ce mémoire riche de détails aussi nombreux
singuliers, mais
idée complète dans
dont
il
serait difticile de
un simple aperçu,
se
donner une
rapporte à
la
description anatomique des autres appareils des Ixodes et
notamment à
celle
du tube alimentaire, des glandes salidu système
vaires, des vaisseaux hépatiques, des ovaires,
trachéen et du système nerveux. L'auteur y décrit aussi
la prodigieuse fécondité de ces animaux, qui, suivant les
espèces et la grosseur des individus, pondent
plusieurs
d œufs, en continuant cette opération sans interruption pendant dix à trente jours. Les femelles, à l'époque de la ponte, quittent d'elles-méme les animaux sur
milliers
/VrSiNALES
20
tomber
lesquels elles ont vécu en parasites et se laissent
terre.
Les nouveau-nés
se
saisons,
et
selon
vite,
les
temps réunis
vent
sur
,
besoin de nourriture,
le
les
et tranquilles
à
développent plus ou moins
se tiennent pendant quelque
mais aussitôt
éprougrimpent
qu'ils
se débandent et
ils
les arbrisseaux pour y attendre le pasanimaux aux dépens desquels ils sont destinés à
Lors de la mue, ils laissent les dépouilles du bec et
herbes et
sage des
vivre.
de
la vieille
peau implantées dans
les
téguments de leurs
hôtes (1).
La manière honorable dont
fication
aux erreurs de
auteur trouve une justi-
1
ses devanciers, et surtout à celles
mérite d'être rappelée, car elle est
de Cliabrier,
preuve des sentiments délicats qui
Ne
une
lui étaient particuliers.
croyez pas, Messieurs, que ces éloges ne soient que
des ces louanges tardives et vulgaires que
la répétition
Cicéron regardait comme le partage des trépassés. Permetlez-moi de vous rappeler que bien des années se sont
déjà écoulées depuis
(1)
que du vivant de M. Gêné
Nous avons cru devoir joindre
à celte noie
j'eus
une planche ro-
présentanl cet apparfil génital remarquable. Noire collègue M. Nicolet a bien vou'u olTiir celle planche à la Société et nous le prions
de recevoir nos
r(
racrcîmcnis.
PI.
Fig. 1.
Ixodes ricinus, Ray
1 b,
2.
Le
œuf sortant de
le
mémo
c.
/i.
Le
N"
I.
vu en dessous;
c,
1 a, l'ovidncte
;
roviducte.
inèuK" vu (\c profil; 2 a, l'oviducic
roviduclc; 2
?).
L>.
(grossi),
;
2 b,
œuf >oi tint de
bourse séminale.
vn de face en dessus; ô a, l'oviducte; 3
b,
œuf;
b,
œuf;
bourse séminale.
même
vu de face, en dessous
;
U a, l'oviducte;
!i
U c, bourse séminale.
5.
Le
niêaie vu en dessous; 5 a, l'oviducie;
r<>vi(!ucte; 5 c,
bourse
séuiinali".
fi
b,
œuf sortant de
L.
D.
DE LA SOCIÉTÉ ENTOMOLOGIQUE.
riionncur de prononcer sou
vous parler de
la
nom au
haute estime qu
Vous ne douterez donc
pas de
la
21
milieu de vous, et de
m'avait inspirée (1).
sincérité de mes sentiil
ments d'aujourd'hui. Je viens de vous exposer un aperçu
de tout ce dont 1 Entomologie est redevable au collègue
que nous regrettons-, vous avez une idée de toutes les espérances d'avenir qu il nous donnait et que nous avons
perdu avec lui. Aussi M. Gêné n'avait encore récolté
que fort peu du vaste champ qu'il avait semé. Bien des
ouvrages interrompus, bien des notes isolées sont restées
là comme autant de témoignages de son infatigable activité et
de son amour pour l'étude. Le Musée de Turin sera
longtemps à combler
le
vide c[ue sa perte lui a causé.
Et
à
propos de ce Musée, permeltez-moi, Messieurs, une observation qui, peut-être, ne restera pas sans trouver un
écho au milieu de vous. Cet établissement, qui n'existe
(jue depuis le commencement de ce siècle, doit sa première institution à Giorna. Bonelli, qui succéda à Giorna,
l'augmenta avec une progressionsi rapide que bientôt il se
trouva au niveau de bien d'autres collections fort remar-
quables de son époque. Gêné enfin l'éleva à ce degré
d'importance dont il jouit aujourd'hui, et qui en fait le
premier établissement de ce genre de
la
Péninsule. Cette
marche rapide, cet état si florissant, obtenu avec d'assez
modiques ressources, seraient-ils tout à fait étrangers à la
circonstance remarquable que les directeurs du Musée de
Turin ont toujours été jusqu'ici des entomologistes? Je ne
le
croiscependant pas. Messieurs,
et
vous qui savez appré-
Entomologie encore
vulgaire, vous qui savez que Cuvier
cier
cette belle
une iiitroduclion
(l)
si
méconime par
la
regardait
le
comme
pres([ue indispensable à toute étude
V.
Annales de
*i'
Série. TOMi;
la Soc. entoin.
vi.
de France.
183/i,
t.
III. p. 3fî5.
2
ANNALES
-n
7.ooIo"ique, vous conviendrez avec
là
un nouveau
et
de son
Outre
son importance
de professeur et directeur de Musée
sa qualité
M. Gêné
,
avait celle
de secré-
TAcadémie des sciences de
taire-adjoint de
gués de
utililë (1).
de Zoologie de Turin
ville. 11
moi que nous avons
frappant témoignage
et
appartenait à tous les corps savants
les
un grand nombre d'illustres
D'un caractère doux et
irréprochable dans ses mœurs, sans or-
ritalie, ainsi qu'à
Académies étrangères
pensif, simple et
gueil, sans envie,
naissaient.
Une
il
à ce pays.
était ainié
par tous ceux qui
maladie intestinale dont
germes en Sardaigne
et qu'il avait trop
il
accompagné par
collègues et
1
les
larmes de ses amis,
estime de toute
la ville.
11
les regrets
Un nom
M.
(le Filippi
inonde savant
et
échu,
et
laisse
même
j)ar ses
tr
avaux sur
li-s
vt
néanmoins
saura niojiiret qu'il
ûculc de Pavie et
aiiii
favorabiement connu dans
naiuralis;e, «léjà
i'Kinbiyojîéiiio, fera
et
fut
de Milan, qui vient do rfinp^acer M. Goiié, n'est
pas entomologiste. Mais éèvc de cette
de Gêné, ce jeune
y
de ses
honoré
exemple à suivre sont tout Théritage qu'il
malheureuse veuve et à ses six orphelins.
(1)
con-
longtemps négli-
bel
à Si
rée
le
avait puisé les
gée, le conduisit presque subitement au tombeau.
un
même
la
plusdistin-
l'a uic'riié.
Tenir réalisera, et dont je ne ciains pas
rlébn
fleurir
("est
le
s,
le
rAnatomic compa-
Ihéritajïe
(jui lui
une prévision que
démenti.
ist
l'a-
DK LA SOCIÉTÉ ENTOMOLOi.IQUE.
LÉPIDUPTÉROLOGIE
EN
i>AR
FISCHER
(i).
GUENÉE.
M.
Séance du
(
n
10
Mars
1847.
)
UOSLEUSTAMM.
VOi\
Àbbildungen zur Berichtigunq and Ergaemung der
SCHMETTEBLINGSKCNDE.
(1 vol.
De tous
les
\n-k* avec
100
—
Leipsig 1834.
pi. coloriées.)
ouvrages d'Enlouiologie qui traitent des LéM. Fischer est peut-être le plus
pidoptères, celui de
exact, le plus positif, le plus consciencieux.
au tact se joint
ici
cette honnêteté
Au
savoir et
germanique, trop
p<.'u
imitée par nos auteurs français, qui n'avance rien sans
avoir vu et ne
(1)
Je
usage des
fait
qu'en écrivant leur
nom
me propose de donner
observations des autres
à côté.
sotis
La forme de
ce livre
ce litre dans les Annales,
si la
Société les juge (lignes (fintérèt, une série dappréciaîioiis de nos prin-
mon usage personnel, mais
«ans l'espoir qu'elles pourront être utiles
cipaux 8U!C(irs que j'avais rédigées pour
qu'on m'engage
à publier
aux amaieurs qui, sentant se développer en eux une vocation posiveulent passer de la pratique des collections à l'étude sérieuse
tive,
de l'Eniomologie.
Quoique
les
auteurs morts soient à peu près les seuls qui doi-
vent figurer dans celle galerie
lofiie spéciale, j'ai pensé que le beau
de M. Fischer pouvait également y trouver place, la franchise
avec laquelle J'ai traiié généralement tous tes sujets ne pouvant en
aucune manière lui eue préjudiciable.
travail
ANNALKS
•)',
pnlc,
il
esprit
(le justice,
aucun
plan,
à lexercicc
qu'aucune autre
est vrai, plus
parce que Tauteur, qui ne
ne décrit
(ju'à
mesure
qu'il
s'est
de cet
iniposd
observe,
et
çjenre à compléter, puisqu'il n'en fait pas,
n'ayant aucun
aucune occasion d'alléguer des
n'a
douteux ou de
faits
décrire des espèces qui lui soient mal connues; mais
])Ourtant cette manière d'écrire est susceptible de plus
ou moins de conscience, et il faut reconnaître que nul
n'en a montré jusqu'ici plus que M. Fischer von R()slers-
tamm.
Les Ahhildungen, etc., forment une série de mémoires
à ])«'u près dans le genre de ceux de Réaumur dont la
jusque dans le
dans leur temps
r(!putatioii pénétra
,
monde
,
pourtant ceux-ci
littéraire-, et
me
paraissent avoir
infiniment plus de valeur , quoique leur spécialité, bien
plus restreinte, les rende nécessairement moins curieux
«t
moins
Réaumur, né
variés.
à
une époque où l'Ento-
mologie était à peine connue en France, puisant l\ pleines
mains dans des faits neufs ou \n\\\ ol)servés, mettant à
,'ontribulion pour ses six volumes l'Entomologie tout
i»ntière,
miné
n'a eu, a])rès tout,
vl décrit à
que
le
mérite d'avoir exa-
mesure, Uencontrant, après
ple recherche, un insecte curieux ])armi
la
plus sim-
tant
d'autres,
prenant souvent le premier venu, d le transportait dans
sou livre avec cet esprit d'observation que donne la nature et (lui pour être une précieuse qualité, ne saurait
,
t-lrc
admiré «onime
le
génie ou respecté
comme
le tra-
malheur de venir plus tard, à
vail. M.
non)s
ont été entassés, où les imitales
uue époque où
Rœsel
et des De Géer ont glané
des
Réaunmr,
teurs des
cl où la science est
saillants
plus
les
faits
les
après eux
Fiselier
devenue
Eu
le
plus (onq)!i(piée et plus exigeante.
à la fois
revaul he,
a
1
.irl
a
inarché aussi
:
la
gravure,
le
co-
DE LA SOCIÉTÉ
loiiage
sont
se
EIN
telleraent
J
C:)MaLa(;iQUE.
perfectionnés quil
-25
ne tant
plus que de la volonté et de l'argent pour obtenir des
planches, sinon sans défaut, du moins assez exactes [)Our
que la ressemblance soit pour jamais hors de doute.
Quel parti M. Fischer a-t-il tiré de ces avantages, el
comment a-t-il surmonté les difTicullés que le lemps lui
a créées? D'abord, en ce qui concerne les figures, son
ouvrage
un des mieux, sinon
est
le
mieux exécuté des ou-
vrages modernes. La gravure laisse beaucoup moins
désirer que celle des j)lanches faites ordinairement
Allemagne,
comme
çais.
il
et
le
à
eu
coloriage est de beaucoup supérieur,
arrive toujours dans ce pays, au coloriage fran-
Quant au mérite des dessins originaux, M.
Eisclicr
a eu le bonheur de trouver deux artistes entomologistes
une condition indispensable
et peintres à la fois, et c'est là
au succès. Si
preuves,
il
cette dernière
suffirait
assertion avait
ches de plusieurs ouvrages français
presque toujours supérieure a
les
la
est
plan-
gravure est
dont cependant
hommes
d'un
le [)rincipal
but,
manqué.
pas pourtant que les planches des //bbildungcn
ressemblance,
Ce n
les
gravure allemande, dont
la
dessins originaux sont exéeulés par des
talent incontestable, et
la
dont
de
besoin
de comparer avec ces figures
est
soient toutes arrivées au
même
degré de honte, ni qu'on
ne puisse adresser, même aux meilleures, quelques légers
reproches. Les PI. 12, 22, 3fi, 39, 40, 45, 53, 98, etc.,
contiennent des figures dont la ressemblance n'est pas
parfaite. En outre, les détails de plantes et de feuillages
sont quehpiefois lourds et trop gouaches, et
s'est
1
enlumineur
généralement servi pour ces objets de couleurs trop
vives.
Sous ce
inférieur à
la
rapj)ort, l'ouvrage
])elle
de
INL
Fischer reste bien
collection de chenilles d'llid>ner,
les plantes el les accessoires
où
sont jelés avec une élégance
AIN N A LES
26
et
un goût qui en font des modèles mais, quant aux ineux-mêmes, ils ont souvent une supériorité mar;
secles
(juée sur cv.u\ de cet iconographe.
de côté les figures pour aljorder Touvrage
commencerai par signaler le seul défaut que
j'aie remarqué dans Texcellent livre de M. Fischer, pour
n'avoir [)1 us, après cela, que des éloges à lui donner. Ce
défaut, c'est la prolixité. Ce nest [)asqueje trouve puérils
les détails dans lesquels il est entré. Quand on écrit
Mais
je laisse
principal et
l'histoire
je
complète d'une espèce,
faut contenter tous ses
il
lecteurs. Les uns veulent de rigoureuses descriptions, les
autres se complaisent dans les discussions synonymiques-,
ceux-ci n'attachent d'importance qu'à l'observation des
faits,
ceux-là veulent de lEntomologie appliqut'C
tres enfin, et ce n'est pas le petit
nombre,
clusivement aux indications de plantes et de
renseignements qui peuvent
mettre sur
les
s
,
d'au-
arrêtent ex-
aux
pour
localités,
la
voie
retrouver l'espèce, aux détails commerciaux enfin.
Un
écrivain qui veut être étudié ne doit négliger aucun
ces lecteurs, pas
même
supposer à tous, dans
c'est
du
goût,
c'est
Entomologie, veut
et
l'inlérêt
de
sa
qu'il lui reste ([uelque
comme en
lui
Littérature,
qu'il
de
doit
propre perfection,
de l'intelligence. Chacun,
supporte impatiemment qu'on
compris. Là,
Mais ce
les derniers.
même
en
chose à deviner
explique ce qu'il a
il
faut éviter Yornnc
supcTvacuiun, et s'étudier à être abondant sans être dé-
layé et concis sans être obscur.
M. Fischer ne remplit
pas toujours la première de ces conditions',
il n'évite pas
quoique ses descriptions soient fréquemment coupées de ces demi-phrases
incidentes au moven desquelles les Allemands savent
économiser une phrase à part, et abondamment pour-
avec assez de soin
les répétitions, et,
vues de ces adverbes superposés qui font
le style bref, si-
DE LA SOCIETE ENTOMOLOGIQUE.
27
noQ tîlégant, cependant il y a bien des mois qu'il eût pu
nous eparguer, bien des petits faits qu il eût dû laisser
dans Tombre et que le lecteur aurait facilement suj)plées.
Mais, encore une fois, ce défaut est le seul qui puisse être
reproché au texte des Ahbildungcnj et encore certains
entomologistes le mettront peut-être au nombre des
qualités. Abordons maintenant la nombreuse liste de ces
que la plus précieuse peutque M. Fischer a apportée dans
observations. Elle est portée à un si haut point et les
dernières
et répétons aussi
être c'est la conscience
ses
qu'on a loccasion de vérifier se trouvent si rigoureusement exacts, qu'on garantirait presque personnellement les autres, tant est grande la confiance inspirée par
faits
l'auteur.
Que d
décrit ainsi
erreurs eussent été évitées
que ce
qu'il a
Que de rectifications
et
vu
et
si
chacun n'eût
éprouvé par lui-même
I
de controverses supprimées et
que de temps économisé pour celui qui étudie Mais certains ouvrages, et en particulier ceux qui ont la méthode
pour objet, ne peuvent, hélas jamais se trouver complètement dans ces précieuses conditions. Quand on est forcé
de tout embrasser, il faut prendre les faits comme les auteurs, comme les correspondances les donnent, quelquefois
!
I
même comme
le tact et les
Pour échapper
s'est fait
une
fication. 11 a
Treitsclike,
ji
analogies les font deviner.
à cette fâcheuse
loi d'éviter
nécessité,
adopté presque exclusivement
même quand
ai jamais, m'écrit-il,
M. Fischer
tout ce qui appartient à
il
créé
les trouvait
un
seul
les
la classi-
genres de
défectueux.
nom
«
de genre l »
Je
—
Doit-on regretter qu'un esprit aussi judicieux, qu'une
mémoire aussi ornée se soient tenus à 1 écart dans toutes
les
questions de méthode? Doit-on, au contraire, s'ap-
plaudir de ce que
tie
M.
Fisclier, qui a excellé
dans
la
par-
spécifique, n'ait pas abordé la classification, dans
la