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Nature Guyanaise V3, Cayenne, Sepanguy 1989

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BULLETIN DE LA SEPANGUY
Société pour l'Etude, l'Aménagement et la Protection de la Nature
en Guyane

Sommaire du N° 3 (DécembreI989)

*

Editorial
Congrès de l'Environnement
Mot du Président

2
4

J.Lescure
Des Voyageurs-Naturalistes du Muséum en Guyane
III. De Castelnau et Geay (1847-1902)

5

1

C. Roussilhon
Les Singes de Guyane.
II. Le Singe Ecureuil, le Tamarin à Mains dorées et le Saki Satan

12

D. y. Alexandre


Pluies et Alimentation en Eau des Plantes
dans la Région de Sinnamary

28

G. Cremers
Recherches dans l'Intérêt des Familles ... de Fougères

37

P. Planquette
Z'anguilles de Guyane

47

Notes de Lecture
Actualités
Vie de la Société
Recommandations aux Auteurs
Informations Sépanguy
Couverture: Photo L. Sanite

53
54

56
57
59



Editorial
La population guyanaise, majoritairement citadine, s'est
accme bnuqlemelll ell que/ques années. Pour la première fois,
lIotre R égion se trouve cOllfrolllée aux défis lancés par le
développemem il' /Ille grande agglomératioll.Cetle é\'olwioll
rapide a déjà dégradé, de manière plus ou moins sensible, le

cadre de lIolre \'ie de fouS les jo urs. Si 1I0l/S sommes
incapables de cOl/server la qualité de notre envirOllllemem
urbain , serO ll s /lOIiS ell mesllre de protéger /lOS milieux
nalurels?
Les jardinets verdoyal1ls du cellfre de Cayenl/e, peuplés d'oiseaux et d'insectes, salit
éliminés par les COl/strucrions neuves el les forêts séculaires de ses mornes, qui formaient
"écrin ou reposait noire ville, solll remplacées par les pelouses des maharaja et les
cabanes ou les ballaniers du LumpenprolelCJriat. La prolifération récente des bidonvilles
révèle l'absence de règlementatioJ/ efficace sur /' environnement. La plupart des quartiers
périphériques, plus anciens mais créés de façon al/archique, témoignem d' /Ill e incapacité
durable de la Cité cl organiser harmonieusement SO li développemelll.
Les véhicules olll occupé une ville où il n'y a presque pas d'arbres sur la voie publique.
Les camiolls déchargelll alllour de la Place du Coq les marchandises arrivées cl Dégraddes-Cannes et destinées à Saim-Laurel11 mais aucune rue réservée aux chalands et à la
verdure, propice aux affaires comme à la flânerie n'a été aménagée. De même. aucun parc
de stationnement 1/' a été cOl/slruit . Trop p eu d' arbres offralll ombre el fraîcheur au
passlllll sont plantés sur les grandes avenues. La carel/ce du pouvoir urbain se manifesle
égalemeJ/l dans ce domaine.
Panl/ eaux publicitaires et liaI/veaux bâtimews agressent le regard par leur laideur. A
/' ép oque Off les immeubles se cOl/çoivent par souci d'efficacité ell fOl/ction de la
télémOlique, la plupart des agel/ces nalionales régionales ou départementales gaspillelll
/' espace en projets immobiliers individuels. L'équipement des nouvelles zOl/es industrielles,
essentiel/es p our l'économie du pays, laisse généralemeJ/l à désirer. Aucull schéma ne
paraît contrôler et organiser la transformOlion de /' Ile de Cayenne.

j

Kourou Il' est encore qu'un grand ensemble sanS projet architectural digne de SOif rôle
planétaire. Saim-Laurelll , avec ses grandes avenues, son architeclllre harmonielfse et ses
espaces verts, eSI à /' inverse lin exemple d'urbanisme audacieux el éc/airé. Quels
mOllfimelllS l'ère de l'espace lèguera-I-elle à la Guyane?

Hugues L. RAYMOND


GEST ION DE L'ÉCOS YSTEM E FORESTIER ET AMÉNAGEMENT DE L'ESPACE
RÉGIONAL

2ème Congrès rég ional de l'Environnement organisé par la Sépanguy avec
la pm1icipation du CCEE
Cayenne, 16-1 8 février 1990

1. GÉOGRAPHIE

PHYSIQUE

ET

FACTEURS

PHYS ICO-CHIM IQUES

DE

L'ENV IRONNEMENT


FORESTIER GUYANA IS

BOYÉ (Bordeaux). L a Guyane forestière: archétype du modèle des reliefs sur les v ieux
bou cl iers de la planète. H uc, GRIM ALDI (INRA, Kourou , ORSTOM, Cayenne). Facteurs
phy siques de l'En vironnement forestier guyanais. GRIMALDI (ORSTOM, Cayen ne). La forêt
tropicale et le cycl e du carbone.
2. CARACTÉRISTIQUES DE LA FLORE ET DE LA VÉGÉTATION EN GUYANE
D E GRANVILLE (ORSTOM, Cayenne). Flore et végétation de la Guyane. M aR I (NYBG, New
York). La flore de Saül. RIERA (CNRS -UPMC, Pari s). D ynamique de la forêt g uya naise.
FORGET (MNHN, Brunoy). Régénération naturell e en forêl guyanaise. HOFF, CR EMERS
(ORSTOM, Cayenne). Diversité et biogéographie des fou gères de Guyane française. CREMERS
(ORSTOM, Cayenne). Les fougères arborescentes de Guyane française.
3. CARACTÉRISTIQUES DE LA FAUNE EN GUYANE
CHARLES-DoMINIQUE (CNRS -MNHN, Brunoy). Rôl e de la faune dans le fonctionnement de la
forêt guyanai se. B OUJARD ( INRA, Kourou ). Le s relation s poi sso ns-forêt en Gu yane
frança ise. RENNO (INRA, Kourou). Approche génétique de la th éori e des refuges forestiers
pour l 'élllde du complexe spécifique du poisson Leporil/lIsjidel/a. COSSON (INRA, Kourou) .
Faune et fonction des Chiroptères de Guyane. HENRY, DUBOST (MN HN, Brun oy). Prem iers
résuilats sur la saisonnalilé de la reproduct ion des Mammifères guyana is. GASC (MNHN,
Pari s). Le sol v ivant, les vi van ts du sol en Forêt. L ESCURE (CNRS-MNHN, Pari s). Architecture
de la Forêt el Batraciens. T AVA KfUAN (ORSTOM, Cayenne). Rôl e des in sectes dans la forêt
guyana ise. GARROUSTE (ORSTOM, Cayenne). H étéropt ères pen lalomides de Guyan e.
T AVAKILIAN (ORSTOM, Cayenne). Entomologie forestière en Guyane française. D UJAR DIN
(Cayenne). Oiseaux de la forêt guyanaise.
4. FORET ET SA rÉ
PRADINAUD, CASTELLO, FESQUET (OIC, Cayenne). Panorama de la pathologie humaine
forestière: l'expérience des médecin s militaires en Guyane française. CHODET (CNAMTS,

2



Pari s). Film: L a leishman iose en Guya ne f rançaise. PRADINAUD, SAINTE-M ARIE, W ILL,
G OTZ, D RILL AU D (CHC, Cayen ne) . L 'ac tu al it é th érap eutique dan s la lei shm anio se
tég um entaire: ex périence de plu s de 1000 cas tra ités avec la pentam idine. K ODJOED
( M atoury). Intérêt d ' un jardin de p lanl es médic inales: conservation des pharm acopées
trad itionnelles. ESTERRE, CHI PPAUX, DEDET (IP, ORSTOM, Cayenne). Deux élUdes de santé
publique dans le v illage forest ier de Cacao: proph yla xie de la leishmaniose et de la maladie
de Chaga s. D EDET ( IP, Caye nne). Cyc l e de tran smi ss ion de la leishm ani ose en forêt
guya nai se
5. ETAT ACTUEL DES INTERVENTIONS HUM AINES SUR L'ÉCOSYSEME FORESTIER GUYANAIS
MENARD (DAF, Cayenne). Des opti ons pour l ' aménagement ru ral. DOMENY (DAF, Cayenne).
L es nou ve ll es di spo si tion s relati ves à l 'a ménagement fo nc i er rura l. G AC HET ( INRA,
K ourou). Maintien et évolution de " agri culture it inérante. SARRA ILH (CIRAD/CTFr, Kourou).
Substitution de la forêt nature lle par des écosystèmes simpli fiés. M ONTPIED (INRA, K ourou).
La régénérati o n natu relle en forêt guyanaise après traitements syl v ico les de di verses
intensités: prem iers rés ultat s. VALEIX (ONF, Cayenne). L a place de la fo rêt guyanaise dans
l ' aménagement du territoi re: situ ati on actuelle et perspecti ves.
6. AVENIR DE
CONSERVATION

L' ÉCOSY STEME FOREST I ER GUYANAIS : GESTION,

AMÉ:NAGEMENT,

RABELO (MAMCL, Macapâ). Estagios de comprometimentos antrôpi cos da fIora do A mapâ
(e n port uga i s). W ER KH OVEN ( Paramarib o). La forê t au Su rin am . TER STEEGE
(Georgetown). L a forêt en Guyana. FOUQUET (CIRAD/CTFT, Kourou) . Potential ités ligneuses
et valo ri sat ion de la forêt guya naise. SCHMIDT, M ONTPI EO (CIRAO/CTFT, INRA, K ourou ).
Gestion des re ssources ligneuses et préserva ti o n de l a bi od i vers ité en forê t guyanaise.

THIOLLAY (CNRS-ENS, Pari s). Stratégies de conservation pour la fo rêt guyanaise. BOUVARD
(ENGREF, Kourou). Enseignement, recherche et formation forestières en Guya ne.
Président du Com ité d ' Organisa tion: L. SA NtTE (CCEE, Cayenne), Prés ident du Comit é
scienti f ique: J.1 . DE GR ANVI LLE (ORSTOM, Ca yenne) Secrétaire général : H.L. RAYMOND
(INRA, Cayenne), BP 4 11, F 97329 Cayenne, tél 594 310 193, rax 594 3223 18, tl x 9 10644.

3


Ecosystème forestier et
Aménagement de l'espace.
Ce thème retiendra notre aflemionles 16 et 17 février
1990 à Cayelllle.
Orgallisé par la SEPANGU Y et le Comité d e la
Culture, de l'Education et de /' EJ/I'ironnemem , ce 2ème
congrès régional réullil'c[ les spécictlisles des principaux
o rg ani smes scienufiques interv e nant da ns notre
départemel1l. les services administratifs, les biologistes,
les amis de la nalUre ...
Notre écosystème fores tier, adapté à li as sols latériqll es chimiquemem pauvres et
sensibles à rérosion résulte d ' ml équilibre leJ/femem élaboré par la l1alUre 011 cours des
millions d' camées passées.
Quand 0 1/ parle de déforestation, 011 pel/se cl /' Amazol/ie, ml Brésil, alors que tOUles les
forêts ll'opicales som aCl//ellemel1t menacées et la forêt guyanaise pOl/rrait malheureusement connaÎtre le même Sarl si I/OIIS Ile prenons pas dès mailllenalll les disposiliol/s qui
s'imposelll .
Celle grande richesse de plus de 6000 espèces végétales mérite d'être mieux COIIl/ue
afin de Ile pas commellre l'irréparable,
La Guyane est le seul terriroire d'Amérique du Sud à Il' avoir pas à ce jour pris des
mesures de cOllserratiol/ de SOli patrimoille.
1/ suffit de regarder chez lias \'oisÎl1s pOlir découvrir /' existence de parcs et de réserves.

La forêt peUl offrir d'al/lres ressources que celles habilUellemel1l exploitées. Les parcs
du Suriname ont draillé des milliers de touristes avides de nature et d 'air pur el ce((e
activité est maimenalll ell sommeil par suite des é,'éllemellls que 1I0 l/S COI/naissons.
Forêt guyanaise, forêt française, forêl européenne: la ,'isite du ministre de l'Environnemellt, Brice LALONDE : le retour du radeau des cimes SO Ill al/lallf de facteurs ayal1l
placé lI otre forêt (1/1 premier rang de l'actualité.
Une nouvelle phase de développemelll a commencé.
L'Europe approche. les cO fll 'oitises ne mallqllerol1l pas.
Zones urbaines, terres agricoles, parcs et réserves nawrels.,.
Que pelil-on Jaire?
Que doit-oll faire?
El/semble essayons de définir l'avel/ir que 1I0US souhailOIlS pour lIotre écosystème
forestiel:

A lous,

Meilleurs vœllx de Na /u re Guyanaise.
Léon SA (TE
4




Des Voyageurs-Naturalistes du Muséum en Guyane
III. De Castelnau et Geay (1847-1902)
Jean LESC URE
Laboratoire de Zoologie (Replilcs CI Amphibiens), Muséum nalional d'Histoire tl57 rue Cuvier, 7523 1 PARIS CEDEX 05 . FRANCE

Après les échecs (LESCURE, 1989 B) d 'Adam de Bauve près de l' Orénoque e n 1833 (fig. 1) et de Lepri eur sur le Maroni en 1836 (fig. 2), il
s'écoul a plus de dix ans avan t le retour d ' un autre voyageur-natura liste du

Mu séum en Guyane: Francis de Castelnau.

GEORGETOWN

Fi g. 1: Voyages d' Adam de Sauve en A mazonie (1: Rivi ère Rupununi ).

5


Francis de Castelnau
Franc is Loui s Nompar de Caum ont de Laporte de Castelnau nacq uit le
25 décembre 1810. En 1837, il partit pour l'A mériq ue du ord, voyagea
pendant c inq ans à travers les Etats de L'Uni on, le Texas et le Canada et y
connut diverses personnalités. On le pri a même de devenir consul des Etats
de l' Union à Lima . Co mme il ne pouvait accep ter cette fon cti on san s
l'assentiment du gouvernement frança is, il rentra en France pour consulter
celui-c i.
Apprenant son proj e t, Loui s- Philippe déc id a de l 'envoyer ex plorer
l' Amérique du Sud. Eugène d 'Orsery, ingéni eur du corps des Mines, Emile
Dev ill e, tax id ermiste du Muséum et Hugh Algerson Wed de l, botani ste
ang la is, é lève de Ju ss ieu, devaie nt l' accompagne r. Il faut avouer qu ' une
susceptibilité nationale, loin d 'être hélas démodée, reconnaissait les mérites
d ' un homme parce qu' ils avaient été découverts par une autre nati on.
Nous ne retracero ns pas ic i ni le voyage de de Castel nau de Ri o de
J a neiro à Lima par le Matto Gro sso et la Bo li vie, ni la trave rsée de
l' Amazoni e mai s son séjour dans les Guyanes (fig. 2). Après avoir donc
parcouru le Brés il , la Bolivie et le Pérou, Francis de Castelnau descend it
l' Amazone et arriva avec Devi ll e à Be lém le 16 mars 1847. Il y attendit
va inement d ' Orsery dont il était sans nouvelles (il apprendra seulement à
Caye nn e la mort de s on co m pag n o n , assass in é d a ns la rég ion d e

Moyobamba, au Pérou). Le 5 avri l, il partit sur " Le Théti s", un bateau que
le gouvernement brési lien mit grac ieusement à sa disposi ti on, et débarqu a
le 9 à Cayenne où il fu t l' hôte du gouverneur, M. Pari set.
Le 19 , il prit un ca not au Dégrad des Cannes, remonta le Mahury et
entra dans le canal de Torcy jusqu 'à La Marie, habitation de M. Gouriana.
L e le nd e main il re m onta e ncore le Mahury , ent ra dans la Crique
Roquemont , appe lée plu s co uramment aujourd ' hui Criqu e Gabri e ll e, et
visita l' ha bitati on La Gabrielle, plantation de l'Etat sur son déc lin: on y
ava it perdu 8.225 g iro fli ers s ur les 13. 500 que co mptai t le dom a in e
plu sieurs années auparavant ( 1) . De retour à Cayenn e le 21 av ril , de
Castelnau s'embarqua sur " La Vigie", un brick de l'Etat (2) pour se diri ger
vers l'Approuague. Il s'arrêta successivement aux habitation s La Ressource
6


e t Jamaïque ainsi qu ' au village de Gui sambourg. Le le nde main ,' il remonta
la Couraye et visita des ex plo itati ons à sucre, roucou (Bixa orellana) e t
bo is de palmie r Patawa (Oenocarpus bacaba ), do nt on exportait e nviron
j 50.000 li vres pour faire des manc hes de pa rapluies o u des cannes . Revenu
à Cayenne, il constata la très mauva ise santé de Dev ille e t le fi t rapatrier en
France par la corvette " La Caravane" .
Le 3 mai, de C astelnau repartit sur " La Vig ie", qu i avait reçu l'ord re du
go uverneur Pariset de le conduire jusqu 'à Deme ra ra (Guyane ang laise) . Le
le nde ma in, le batea u m o uill a à l 'embo uc hu re d e la M ana e t re m o nta
jusqu 'au bo urg sur une c halo upe. Mé linon, commi ssaire comm andant le
quarti er, bo tani ste distingué et co rrespondant d u Muséum y accueillit ses
hôtes . De Casteln au aperçut dans les rues de Mana les Indie ns ga libi s, qui
é taient au nombre de 300 d ans les e nv iro ns. " La Vi g ie" appareilla le 6 mai,
e ntra le lende m ain dans la ri vière Surinam et arri va devant Param aribo. Le
15 mai, la naturali ste all a vi siter les colonies de travailleurs holl andais sur

la ri vière Sa ramaca e n passant par le canal de Wanica e t la ri viè re de mê me
no m. Le 18, il re monta sur " La Vi g ie" à Fort Nassau, vogua vers le large et
le 19 aborda De mera ra. Le 26 il quitta la Guyane ang laise pour la Barbade.
Force lu i fut de constater après sa visite dans les trois Guyanes que celle de
la Fra nce était laissée d ans le plus com plet abando n.
A près un périple à travers les Pet ites A ntilles , de C asteln au re ntra en
Fra nce, qu' il ava it quittée q uatre ans auparavant. Il y re trouva Dev ill e en
très ma uvaise santé et fut rejo int pe u de te mps après pa r Weddel\. Une fois
ré uni s, les va le ure ux voyageurs re ndire nt hommage à la mémoire de leur
compagon Eugène d ' Orsery e t préparè re nt la publicati on de " L'expédition
dans les parti es centrales de l'Amé rique du Sud , de Rio de Janeiro à Lima,
et de Lima au Pani" qui ne comprit pas moin s de 15 volumes imprimés à
P aris cie 1850 à 1858 .
NOTES
(1) C'étai t dan s cette habitation royale qu e M. de Bessner avait transporté tes girofliers
de la Gu ya ne pour s'en arroger l'exclusivité sous le nOI11 du Roi (voi r Lescure, 1989 A, Nat.
gllyall . 1 : 15)
(2) Le nOI11 de ce brick qu i cabotai t le long des cô tes de la Guyane, a peut-être été
donné au lieu-dit "La Vigie" situé sur les bords du Maroni après la plage des Hanes.

7


François Geay

Fig. 2: Voyages de Lcprieur, de Castelnau et Geay ( 1 : Hab itation Ga brie lle).

Martin Franço is Geay, dont le prénom usuel éta it Franço is, naquit à
Lacour d'Arcenay (Côte d'Or) en 1859. Après des études secondaires au
lycée de Dijon, il vint à Pari s où il suivit les cours de Lacaze-Duthiers et de

Milne-Edwards à la Sorbonne ainsi que ceux de l' Ecole des Hautes Etudes
et de L' Ecol e de Pharmacie. Il se lia alors d 'amitié avec E. Bou vier, qui
devait devenir en 1895 professeur d ' entomolog ie au Muséum.


En 1836, il quitt a P a ri s po ur l ' Am é riqu e ce ntra le e n qu a lit é de
pharmacien à la Compagnie du Canal de Panama. Il en rev int très malade.
De 1888 à 1895, il voyagea en Colombi e et au Vénézuéla comm e chargé de
mi ss ion du Mini stè re de l ' In stru c ti o n publiqu e . Sa fe mm e e t son fil s
8


moururent à Caracas à la fin de leur séjour dans ce pays. En 1897, il repartit
comme chargé de mi ss ion scientifique par le Muséum et les Mini stères de
l ' In s tru c ti on publique et cle s Co lonies pour ex p lore r les "territo ires
contestés" de l'Amérique éq uinoxiale qui fai sa ien t l'objet d ' un liti ge entre
la France et le Brési l.
François Geay et sa nouve ll e épouse arrivèrent à Cayen ne le 29 mai
1897. Il s repartirent le I S juin à bord d ' un pet it batea u à vapeur pour
atte in dre Ca rseve nn e le 17 (fig. 2). A près de longues di sc uss ions il s
réussi rent à conva incre quatre canotiers saramacas (3) de les accompagner
dan s le Haut-Carsevenne. Il s partire nt le 7 juillet mais dès le 8 un canot
chavira et perdit tout son chargement. Ils continuèrent cependant à remonter
la ri vière Carsevenne : le 10, il s franchi rent huit sauts; le 11 , après avoir
passé le Saut Abatti s, il s arrivèrent a u bas du Saut Kilomètre dont les eaux
furieu ses se bri sa ient sur les rochers; le reste de la journée et le 12 furent
employés à passer les canots et les bagages par vo ie de terre jusqu 'en haut
clu sa ut ; le 13, ils la issère nt s ur leur droite la ri v ière Carno t qu e les
o rpai li eurs remontaient depui s 1894 pour se rendre à leurs placers. En
continuant sur le Carsevenn e, les Geay abordèrent une contrée totalement

inex pl orée. Le 14 juillet il s vi rent un grand affluent auque l ils donnèrent le
nom de Rivière Lunier (4) en l' honneur du lieutenant Lunier tué lors d'une
échauffourée avec les Brésiliens. Il s entrèrent dan s cette ri v ière mais la
navigation y dev int de plu s en plu s diffici le à cause cie nombreux troncs
d'arbres qui en obstruaient le cours. Il s franchirent 22 sauts et remarquèrent
sur les ri ves de deux d'entre eux de nombreux polisso irs creusés dan s le
granit à amphibole, vestiges des anciennes tribu s indi ennes de la région. Le
23 juillet, les Saramacas refusèrent cie continuer et repartirent après avoir
subtili sé les deux caisses de vivres qui étaient encore en bon état.
En aoOt , septem bre et octobre, les Geay exp lorèrent les alen tours du
campement où les avaient lai ssés les Saramacas, il s retrouvèrent au nord la
ri v ière Carnot e t a u su cl un e autre ri v iè re qu'il s s uppo sè re nt ê tre le
Carsevenn e ou un de ses afflu ents . Fin octobre, il s redescendirent à
Carsevenne avec le maigre équipage qui éta it resté avec eux. De novembre
1987 à avri l 1988, il s v isitèrent Carsevenne, ses environs et les rivières
Cac hi pour, et Co un an i, o ù il s virent la cacaoyère plantée a u XVlllème
s ièc le par les Jés uites . E n juin 1898, il s remontèrent à no uvea u le
9


Carsevenn e, pénétrèrent dan s la ri vière Carno t, pa ssère nt ent re aut res
obstac les le Saut Ananas, qu i devait son nom à l' abondance des ananas
sauvages c roi ss ant sur ses rives, le Saut C ul-Jaune (le nom créo le de
l 'oiseau Cacius ce /a ), le Saut Tue-Gens et le Saut Tortue (a llu sion aux
Podocnemis cayennensis qui devaient y pondre sur les affleurements de
sabl e pendant la sa ison sèche). Il s atteignet le 24 juin le Saut du GrandDég rad (5) , point te rmin a l d e la navigation et d é barcadère de s
marchandises destin ées aux orpailleurs. Il s allèrent dès le lendemain au
Petit-Dégrad, visitèrent les alentours, y remarquèrent la grande richesse de
la forêt en balatas. Il s partirent ensuite avec des porteurs pour les fameux
placers dits de Carsevenne (6) , situés en réa lité dans le bass in adjacent du

H aut -Cachipour. La traversée d ' un mass if entre de ux bas sin s, qui est
toujours difficile en Guyane, leur fut très pénible. Ils arri vèrent enfi n dans
la zone des criq ues aurifères, exploi tées par environ 2500 noirs créoles, et y
séj ou rnèrent pendant environ 2· moi s. En septembre, il s furent de retour à
Ca rsevenne, et le 3 octobre 1898, il s embarq uèrent sur un paquebot pour
atte indre Saint-Nazaire le 24 octobre.
Les notices nécrolog iques sur Franço is Geay (POtSSO , 1911, A, B) ne
mentionnent pas d ' autre séjour du naturali ste en Guyane française or celuici y alla encore de septembre 1899 à à fév rier 1901 (il éta it à Pari s le 29
février 1901 ) et en 1902. Au premier de ces deux voyages, il visita le BasApprouague (G ui s3mbourg, le Mont Carimaré), le Bas-Oyapock, la rivière
Ouanary avec les Monts de l' Observatoire et la Montagne des Troi s-Pitons,
les environs de Saint-Georges, l ' Oyapock j usqu 'à Camopi, la Ri vière
Camopi et la Crique Alikéné. Il rapporta au laboratoire d' ichtyologie e t
d ' herpétologie du Mu séum , dont il était chargé de mi ssion , une co llecti on
importante d 'échantillon s (50 Batrac ie ns, 22 Lézard s, 12 Serpents, 285
Poi ssons et 2 Tortues , dont une matamata vivante pou r la ménagerie du
Jardin des Plantes). En fév rier, mars et avril 1902, il était de nouveau en
Guyane et exp lora les lIets La Mère et Le Père et la région du Bas-Mahury.
Le 29 juin 1902, il écriva it encore de Cayenne au Professeur Vaillant qu ' il
avait trouvé un Aspredo (7). Durant ses séjours en France, il fréq uenta
beaucoup les laboratoires du Muséum , leur donnant des éc laircissements
sur ce qu'il avait vu et réco lté.
De 1904 à 1909, M. & Mme Geay entreprirent une série de voyages à
10




Madagascar. Cependant, la santé du naturali ste s' altéra gravement durant sa
dernière ex ploration de la G rande Il e. Arri vé avec sa femme à Melbourne
(A ustral ie) pour une nou ve ll e mi ssion scientifique, il y mou rut le 16 mai

1910.
NOTES
(3) Les Saramacas sont un e tri bu de noirs réfugiés du Sur ina m. Les m a iso ns de
co mm e rc e g uyanai ses engagea ie nt les Sarama c a s c omme ca notie rs c a r ils étaient
généralement plus hab iles et acce ptaie nt des salaires moin s élevés que les noi rs créoles.
(4 ) Luni e r e t Ca rn ot sont toujours les nom s de ces ri vières du Hau t- Ca rse vc il ne.
Carsevcl1n c a été tran s fo rm é e n Ca lç oènc e l Cac h ipou r e n Cassipo ré sur les cartes
brési lien nes.
(5) Dégrad dés igne en créo l e guyana i s un li eu prop i ce à Ull débarcadère ou le
dé barcadè re lui-même.
(6) Geay estima q ue 9 125 kg d'or avaie nt é té ex traits de ees plaee rs en 1898.
(7) Les A spredo sont des poi ssons sil uroïdes des riviè res de Guyane qu i incubent leurs
œ ufs dans des oophores, pet its pédoncules c utanés c1a viformes situés sur la face in fér ieure
de la tête, du tronc et des nageo ires paires de la femelle.
BIBLIOGRAPHIE

r-. DE CASTELNAU, 1851. Expédi ti ons dan s les parties cen trales de l' Amérique d u Sud , de Ri o
de Jan e iro à Lima, et de Lima a u Para, exéc ut ées par ord re du go uvern eme nt fran çais
pe ndant les an nées 1843 à 1847. Histo ire du voyage, Bertrand, Paris. V, 480 p.
F. GEAY, 1899. Rappo rt d 'exp lora tion a ux rég ions co nt estées de l' Amé rique éq uinoxiale
( 1897- 1898) . Noizette & Cie, Pari s, 43 p.
- 1901. Collec tions provenant de la G uya ne françai se et e nvoyées par M. F. Geay, Cha rgé
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11


Les Singes de Guyane, II. Le Singe Écureuil,
le Tamarin à Mains dorées et le Saki Satan*
C hri sti an ROUSSILHO N
Institut Pasteur de la Guyane rrança ise. BP 60 10. 97306 CA YENN E. Guyane Française

Dan s ce second c hap it re ( 1) sont prése ntées troi s es pèces de s in ges
vivant e n Guyane . De ux d 'entre elles sont faciles à rencontre r, le long des
routes littoral es e t lors d'un dé placeme nt sur un fle uve , comme dan s les
e n v iron s de Cayenn e . Il s' ag it du Sin ge écure uil (Sapajou b lanc) qui
con stitu e d e g randes troup es d e plu s ie urs di z ain es d'individu s, et du
Tama rin à mains dorées, qui vit e n géné ral en pe tits g roupes fami lia ux . La
taill e réduite de ces singes les a préservés d ' une chasse trop inten se, mai s il s
de me urent pote nti ell eme nt fragi les vis à vis de cette ac ti vité humaine. Par
co ntre, dans une certa ine mesure, ces de ux singes arrive nt à s' adapter au
dé boi seme nt, s' il reste limité, car le ur alime ntation repose po ur partie sur
les proies animal es qui pe uvent se maintenir dans les milie ux modifiés par
l 'ho mme . Pour cette rai son , ils sont encore présents dans les li eux désertés
par les de ux espèces plu s sensibles que sont le Singe arai gnée (couata) et le
Singe hurl e ur (Baboun ) présentés dans le pre mier chap itre .


Le Sapajou blanc ou Singe Écureuil

li<

IIhislration de C. Roussilhol1

12


Caractè res généraux
Il s' agit de l' un des de ux plus pe tits singes présents e n Guyane: le singe
éc ure uil appartient à la famil le des Cebidae, l' autre primate d e taill e
comparabl e, le Tam a rin à m a in s d o rées, appartenant à ce ll e de s
Callirrichidae . Le Saïmiri se reconnaît faci le ment à sa tête si particuli è re (2)
qui lu i a valu le nom de s inge " tête de mort" e n allemand. Le contraste du
masque blanc avec des yeux vifs très noirs et un mu seau sombre est en effe t
sa isissant, mai s il n' a pour autant rien de s ini stre. Il s' ag it d ' un animal très
vif, qui grimpe el saute d ' une grande haute ur, se dé plaçant avec beaucoup
d ' ai sance. Cette carac té ri stique ains i qu e sa pe tite tai ll e ont co nduit les
Anglo-Saxons à l' appe le r "s inge écure uil ".
Très c urie ux de tout ce qui se passe a utour de lui , il ado pte fréquemment
une attitude caracté ristiqu e, fixant inte nséme nt un point et l' observant tête
retou rn ée. Si sa que ue lui sert à s'équ ilibre r e t à se freiner efficaceme nt
lorqu ' il descend le lo ng des branc hes , la tê te la pre m iè re, e ll e n 'es t pas
préhe nsil e c hez l'adu lte e t lui sert donc po ur l'essentiel de balanc ie r. Au
re pos, il l'enroule autour de son corps, posi tio n qu'adoptent égal e ment les
animaux e n mau vaise santé qui c he rc hent à s' isol er de le ur e nvironneme nt.
Dans la journée, lorsqu ' il est calme, le Saïmiri adopte une position de
confo rt parti c uli è re: a ll ongé s ur un e bra nc he, de tout son lon g, pattes

pe ndantes . Ce très be l a nima l a lon gtemps sédu it les gen s qui e n ont
souve nt fa it un anima l de compagnie, aux Etats-Uni s en parti c ulie r. Il pe ut
se montre r attachant e t e nj o ué , e t il pe ut s' adapter à la capt ivité s' il est
apprivoisé jeune. Une foi s adulte c'est cependant un singe, qui ne c ra ignant
plus l' homme , pe ut s' avé re r jaloux et relative ment agress if. Ce la n'a pas
empêché son adoption dan s nombre de famill es Oll il arrive dan s les
mei ll e ures conditions à viv re jusqu 'à 15 ans et parfoi s plus.
Alimentation
Les saïmiri s concentrent leur alimentation fru g ivore sur les fruit s de
Ficus e t des lianes, lorsqu ' ils abondent, e t a lte rn e nt avec des pé riodes
d ' in sec ti vorie quasi-compl è te. Ain s i, g lobalement , ces pe tits s inges ne
consomm e nt- il s que 18 p. 100 de fruits e t de g raines pour 82 p. 100 de
proies an im ales , essenti elle ment des in sectes (papillon s, ou le ur c he nille,
criquets, sa ute re ll es, blattes e t in sectes appare ntés) . Mai s en m at iè re de
13


re sources animales , il s s'avèrent assez éclectiques, consommalll éga le me nt
mouches, c igales et ara ig nées ...
L'espèce d ' A mé rique centrale, Saimiri oersledi, est capabl e de reconnaître les feuill es utili sées par ce rta ines pe tites c ha uves-so uri s qui s'y
reposent de j our. Les s inges reche rc he nt acti vement ces sortes de tentes qui
pe uvent abrite r to ut a uss i bi en des cha uves-souri s que des in sectes o u des
arachnides . Les mâles ad ultes sont les plu s aptes à capture r ces chauvessouris dont les je unes , non e ncore capabl es de vo le r, sont bien ente ndu plus
vulné rables. Pa r aill e urs, il a été observé que certaines des c hauves souris
qui aJTivai ent à échapper a ux saïmiri s po uvaient ê tre victimes d ' un milan d u
genre Hel/pagus qui te nd à s'assoc ie r avec les singes .
Mode de Vie
La fem e ll e adulte, reconnai ssab le à ses tempes no irâtres, pèse dans les
800 g et les plus beaux mâles en âge reproducte ur dépassent de peu 1 kg.
L'espèce vi t e n g ra ndes ba ndes de 30-35 ind ivi du s en mo yenne qui se

dép lacent rapidement sur des domaines pa rticuliè rement grands pui squ'il s
dé passent parfois 250 ha. Les groupes de saïmiris sont donc la rgeme nt plus
importants que ceux des a utres es pèces connues e n Guyane, mais il n'est
pas certain pour a utant qu e ces g ro upes pui ssent a tteindre la centa ine
d'individus comme ce la a é té parfoi s déc rit.
Les saïmiri s sont assez bru yants et de ce fa it , fac ilement re pé rables e n
particulier par le urs c ri s aigus et le urs ap pe ls de détresse (qu and un jeune
cherche le contact avec les siens par exemple). En outre, ils pe uvent ê tre
aisément locali sés au moment des bagarres fréque ntes qui éclatent entre e ux
e t q ui sont parfoi s sévères, e ntre mâ les e n partic ulier. Il s sont fréq uemme nt
assoc iés au x Cebus d ans la fo rêt de l' intérieur e t a ux Saguinus sur la bande
côtière. Les mé thodes de c hasse aux insectes étant très diffé re ntes entre ces
trois espèces, ce la n'e ntraîne pas pour e ux de compétition alimentaire et, e n
contrepartie, l'augme ntation du nombre des indi vidus d'une tro upe pe ut ê tre
un e ass ura nce c ompl é m e ntaire de séc urité, l 'a ppr oc he d' a nim a u x
d angereux (rapaces, fé lins, serpents ou ... homm es) é tant plu s difficile.
Rythme d'Activ ité d ans la
Ces s in ges

ature

o nt act ifs 40 à 60 minutes avant le lever du so le il e t
14




recherchent tout d 'abord des fruit s sans nộg li ger pour autant les insectes
re pộrộs par hasard . Une fo is qu ' il s ont mangộ des fruits, ils s' intộressent
plus aux proi es. En mili eu de journộe, au moment des plus fortes chaleurs

du jour, ils dev iennent inactifs et somnol ent alors faibl e haute ur, dans les
zones de sous- bois. A ce ni veau, ils di sposent de conditions d 'ộcl airage plus
uni formes (ce qui se mbl e ờ tre un avantage po ur re pộre r les proies
potentielles) , et il s peuvent en outre ộv iter ainsi les chaleurs excess ives et
les excốs de dess ication dans le co nopộe*, c'est dire la couron ne des
arbres . S' ils sont peu affectộs par une pluie lộgốre, ils cherchent par contre
s'abrite r des o rages dans les amas de vộgộtati on lianescente, Ol! ils se
ra sse mbl e nt et atte nd ent e n fa isant le do s ro nd. Le rythme d'act ivi tộ
jou rn alier des saùmiri s es t, co mm e ce lui des capucin s et des tam arin s,
marq uộ par cette pau se aux heures les plu s chaudes.
Dộpl acement s, Densitộs, Choix du Mili eu
Le ur attirance pour des proi es anim ales parfo is rapides et difficil es
a ttrap e r les co nduit parcourir de g randes di stance s et, pe nd ant ces
dộplacements, ils repốrent les insectes mis en alerte: c'est l que rộside l' un
des intộrờts de leur association avec les Cebus , qui , plu s gros , fo nt se
dộp lacer ou s'envo ler des proies que capturent les saùmiris. On les considốre
comme des " maraudeurs" opportuni stes, agrippant leur nOtirriture pui s se
sauvant avec elle, les meilleures parts ộtant õprement di sputộes en tre les
animaux proches les uns des autres. Il s ont adoptộ une stratộgie d'animaux
se dộplaỗa nt bea ucoup du fa it de la g ra nde di spersion des resso urces
protộ iques. Ils sont ainsi amenộs parcourir des di stances de l'ordre de 2,5
4 km par jour e t di spose nt e n moye nn e de domaines co uv rant un e
cinqu antain e d ' hectares . Les den sitộs de population sont extrờmem ent
vari abl es, et peuvent atteindre 138 individus par kilomốtre-carrộ dan s les
zones les plu s favorab les.
Il s so nt frộquemm e nt observộs e n bordure des ri viố res Ol! il s se
rendraient pour boire, s'exposant partic uliốrement la prộdation terrestre et
aộri enne. Il s est ộgalement probab le qu ' ils viennent chercher des substances
m inộrales sur les bords des fleuves oự il s descendent au niveau du sol. Il s ne
nagent pas spontanộment e t ộv itent donc d ' aller dans l'ea u, mais ils sont

cependant capables de se dộbrouiller s' il leur arrive d 'y ờtre poussộs et d ' y
tomber.
15


Vie soc ia le
Les indi vidus d ' un groupe se dé placent et se re posent e nsembl e, en début
e t en fi n de jo urnée, alo rs qu ' il s se sc indent en petites unités e n quête de
nourriture le reste du te mps. Cette di spersion des indi vidus par g roupes de 2
à 8 singes augme nte v rai semblable me nt les chances de re ncontre des proies.
Auc une étude n'a révélé de territoria lité chez les saïmiri s : les groupes se
c hevauc he nt, e t aucu n ne semble déFendre une partie quelconque de son
domaine . Il ex iste pourtant un inte nse comporte me nt de marquage chez le
Saïm iri : ce comporte me nt apparaît très tôt, en parti c ulier chez le je une mâl e
qui le manifeste avant mê me de savo ir marche r, ce qui l'entraîne parfois à
pre ndre des positions éto nna ntes (le ma rquage lui -mê me consiste pour le
s inge à urine r dans sa patte pui s à frotter ses main s l' une contre l' autre) . Les
g roupes diffé rents ne s'approche nt géné ral ement pas à moins de 70-100 m:
l' év itement se Fa it lorsque les singes entende nt les vocali sation s d'un autre
g roupe. Fe me ll es e t immatures fo rment des gro upes re lat ivement fermé s,
sauf lorsq ue des unités préa lable me nt sc indées se re trou vent. Ce sont les
mâ les, qui e n de hors de la période de re produc ti o n vivent éga le me nt e n
bandes, qu i assure nt le flu x géné tique. Cela s'ex plique par le Fait que qu ' un
nombre signifi catif d 'entre eu x quille le ur g roupe natal (au moment Ol! il s
d evie nn e nt ad ult es), le p lu s s ouvent so u s la pr ess io n de s m â les
re producte urs.
Les saïmiri s te nde nt il se déplacer et à inte rag ir avec des in dividus de
m ê me sexe e t d' âge co mp a rabl e, avec bi en ente ndu les importantes
excepti ons que constituent les mè res et les enfants, a in si que les adu ltes e n
pé riode de re produ c tion. En généra l, les fe me lles adu ltes exercent un e

a ttirance très importante sur les autres me mbres du g roupe. E lles bénéfi cient
de ce fait des inte rac ti ons les plus fréquentes et les moins agress ives. Les
femelles juvéniles sont, quant à elles, très attirées par les jeunes, et l'on sa it
qu 'ell es appre nnent auprès d ' une adulte à s'occupe r d ' un pe tit. Les mè res
confient occas ionne lle ment le ur progéniture à d 'a utres fem e lles qui assurent
a lors un vé rita bl e " m a te rn age" du pe tit. De m ême, on a o bser vé de
véritables initi ations sex ue ll es des jeunes mâles par des feme lles adultes. Il
se mbl e qu e toutes ces inte rac tion s soc ia les so ie nt dé te rminantes pour
l' aven ir de ces jeunes .
16




Reproduct ion
E n période de reprod uction , une foi s par an , les mâles sont très attirés par
les feme ll es adu ltes, mai s se ul s les indi v idus réceptifs accepte nt cette
approche des mâles. La gestati on dure environ 6 mois au cours desq uels
l'aspect ph ys ique de la feme lle va co nsidérab le ment se modifi er, le petit
représentant en fin de gestation plu s de 15 p. 100 du poids de sa mère, ce
qui correspond au plu s fort rapport connu pour les primates entre le poids de
la m è re et ce lui de son j eu ne. Ceci exp liqu e e n partie les prob lè mes
fréquent s qui s urvien nent en co urs de gestatio n et se tradui sent par des
résorptions massives et de nombreux avortements. De plu s les mi ses bas
sont fréquemment laborieuses.
Le petit saïmiri prend une part active à sa venue au monde: il a les yeux
ouverts et pousse de peti ts cris pendant la délivrance. Dès qu ' il peut libérer
un bras, il ag rippe la fourrure maternelle et grimpe le long du corps de sa
mèr e qui ne l 'a ide pa s dan s ce tte é tap e décisive. JI se po s itionn e
imm éd iatement s ur le dos de la mè re, adoptant e n ce la un e att itud e

fondamentalement différente de celle des singes de l'A nc ien Monde qui
e ux, res te nt accrochés a u ventre et ag rippe nt rapid ement la mam e lle
materne lle. Le jeune saïmiri utili se sa queue pour maintenir un contact étroit
avec le corps de sa mère qui continue à se déplacer comm e à l'acco utumée;
alors que, chez l'adulte, la queue n'a qu ' une fo nction de balanc ier ou de
support temporaire, ell e prése nte chez le nourri sson, des poss ibilités de
préhension, po uvant même permettre qu e lques instants la suspension du
jeune. Ces capac ités sont essenti elles il la survie du bébé singe: s' il chute, la
mè re ne saura pas le remettre sur son dos où le petit va rester 87 p. 1.00 du
temps, ne g l issant que par moments s ur le côté pour atte indre la mamelle.
Ceci s'effectue dan s l'i ndi ffé rence apparente de la mère qui ne semble pas
s'occ up e r le moin s du m o nde de so n pe tit! L'al la it ement diminue
progress ive ment dans les 5 mois qui suivent la nai ssance, le jeune étant
capable d'une certaine autonomie dès le 2ème moi s de son existence.
Statut et Sens ibili té vis à vis de la Chasse
La petite taille des saïmiris les a jusqu'à présent mi s en parti e à l'abri
d ' une chasse importante, et, encore maintenant, il s semblent mainteni r leurs
17


e ffec ti fs. li s sont cepe nd a nt traditi o nn e ll e m en t c hassés d a ns ce rta in es
rég ions o ù l' introduction du fusil est une menace pote ntielle très réell e. En
ta nt qu e c hasseurs de pe tites pro ies a nim a les, il s savent tire r pa rti des
m odi ficati ons de la forêt engendrées par l' activité humaine. On peut ainsi
o bserver ces pe tits si nges e n bo rd ure de pl anta ti o ns, en zone côtiè re o u
mê me e n bord ure de ro ute.

Le Tamarin à Mains dorées




Caractères généraux

Les tamarins, qu 'on appe ll e parfo is marm osets, appartie nne nt à la famille
des Callitrichidae do nt il s sont les seuls représenta nts en Guyane. Il s ont
o bte nu un succès cons idé ra bl e dans to ute l'A mé rique latine, pui squ 'on
dé nom bre I l espèces et enviro n 30 races po ur ce genre di stribué du bassin
de l'A mazonie à l' isthme de Pana ma. Il s sont les seul s Catlitrichidae à être
au ss i d ispe rsés e t à avo ir su s'a fFra nc hir e n parti e d e la Fo rê t tro pi ca le
humide, le ur mil ie u d 'o ri g in e , pui squ ' il s so nt éga le me nt capa bl es d e
s' adapter à une défo restati on limitée. Il s sont de la taill e d ' un écure uil , mais
de co loration no ire (3) : proches du Saïmiri , il s sont d ' un poids plus faibl e,
18


d 'env iron 500 g. Comme tous les Callitrichidae ils ont la parti c ularité de
posséder des griffes sur les doi gts il l' exception du pouce qui possède un
ong le véritable. Leur dentition est caractéri stique: les canines de la mâchoire
s upé rie ure débordent sur les dents de la mâchoire infé ri eure, ce qui leur
do nn e parfo is un ai r fau ssement me naçant. Il s do nne nt na issance à des
jumeaux, le père étant fo rtement impliqué dans l' élevage du jeune. Mâles et
fem e ll es ad ultes ont le même aspect général et sont de ce fa it diffi ciles à
ide ntifi er de loin.
Alimentation
La petite taill e des tamarins ex plique en partie leur succès dans divers
mili eux forestiers, particulièrement la végétation des zones secondarisées et
les zones cultivées où fru its, in sectes et araignées forment la base de leur
a lim e ntation. Elle es t compl é tée par des bourgeo ns, de j eunes feui lles
tendres et occasionne ll ement par un pe tit lézard ou un e greno uill e. Les
choix alim entaires de ces singes ne recoupent pas ceux des autres primates

d e la rég ion , ce qui limite la co mpé titi o n e ntre e ux. Dan s le cas des
tamarin s, et d ' un e façon plu s géné rale pour ce qui concerne les singes
étudi és dans des milieux fo restiers semb lables à ceux de la Guyane, il
se mbl e qu e le cho ix des fruit s utili sés n 'es t pa s fondam e nt a le me nt
déterminé par leur taille, leur tex ture, leur couleur ou leur structure ni par
le ur statut taxi nomique, mais plutôt par leur deg ré de concentrati on dans
l'espace et dans le temps.
L'activité de recherche des insectes et autres proies an imales dépendrait
du mome nt où la vu ln érab ili té de ce ll es-c i est la plu s grand e : les g ros
o rthoptè res, lé pidoptè res e t col éo ptè res se réc hauffe nt à des v itesses
moindr es que de s proi es animale s plu s pet it es, il s so nt d o nc
parti culièrement vulnérables quand ils émergent du repos nocturne et n 'ont
pas atteint leur capacité optim ale de fuite. Ce la ex plique de même l' arrêt
d'activité des tamarins bien avant la tombée de la nuit: tard dan s la soirée, la
capture des in sectes ne peut se faire qu ' à haut co ût énergétique (les insectes
ayant emmagas iné un max imum de chaleur sont encore vifs!). En outre, ces
singes ont tendance à attraper les proi es visibl es et de préférence immobiles,
qu ' il s découvrent par des approches re levant de la chasse à l'affût et qu'ils
po rtent e nsuite rapidement à leur bouche. De fait , les petits gro upes de
tamarins sont moins efficaces de ce poi nt de vue que les grandes troupes de
19


saïmiri s qui sont encore actives bien longtemps après le co ucher du so leil.
La cessati on des acti vités tôt le so ir év ite la co mpétition potenti e ll e des
tamarin s avec les petits marsupi a ux (comm e Ca /u romys phi/ander, peutêtre).
Mode de Vi e, Rôle dan s la Forêt
Les Calli/rich idae jouent un rôl e important dans la di spersion des graines
e n forêt tropical e: les tamarins ingèrent les graines d'une grande variété
d 'espèces d 'arbres et de li anes . Ces graines, qui tran sitent dan s le tractu s

di gestif et sont parti ell ement " di gérées" sans être détruites tendent il être
re lativement grosses et lou rdes. Elles passent à travers le système digestif en
1 à 3 heures et des essai s ex périmentaux de plantation de tell es graines
montrent qu' elles ont un taux de germi nat ion très nettement amé lioré par
rapport à cell es qui n 'ont pas été préalab lement consommées. A insi ont-ils,
à leur ni veau , avec des espèces végétal es différentes, el dans des milieux
différents, un rôl e proche de celui des atèles dans la forêt équilibrée et non
modifi ée par l ' homme. Agents disséminateurs réguli ers et efficaces pour un
ce rtain nombre d'espèces de plantes, les Calli/richidae exercent un e
influe nce déc isiv e sur la compos iti on, la di stribution et les schémas de
régénération de la forêt ombroph ile. Ce rôle est bien év idemment partagé
avec d 'a utres es pèces d ' oi sea ux ou de mammifères (prim ates, c hauvesso uri s, ron ge ur s e t g ro s m a mmi fè res te rres tres) dont l ' impact s ur
l' hétérogénéité flori stique des écosystèmes tropicaux est fondamenta l. En
tant que fru g ivores arboricoles à déplacements considérables, les primates
sont tout parti culièrement adaptés comme agents di sperseurs pour un certain
nombre d 'es pèces flori st iqu es. D es études préc ises ont indiqué qu e la
distance à laque lle les graines sont excrétées varie de 35 à 500 mètres environ chez les tamarins, qu i par ai lleurs, recherchent des espèces négli gées
par les sa'imiris, les Cebus et les Pithecia notamment.



Rythme d 'activité dans la Nature et Zones de Déplacement
Que lques études fine s ont été réali sées avec des tamarin s éq uipés de
c olli e rs é me ttant des s ig na ux radio: ces é tud es ont mi s e n év id e nc e
l 'a bsence d' acti vité tôt le matin et tard dan s l' après-m idi. Au total , un e
journée chez ces tamarins comprend entre Il et 12 heures d ' activité pendant
20





lesque lles il s pa rcoure nt e nviron 2 à 2,5 km (so it à vo l d 'o iseau e nviron 500
m) e t il s cou vre nt de la sorte environ 1/3 de le ur doma ine vita l c haque j our.
Pe ndant la sa ison des plui es, ils utili sent ain si entre 26 et 32 ha.
Les tamarins ex ploitent intensiveme nt la végétati o n basse, les bo rdures
de forê t, la végétati on secondaire e nvahi e par les lianes . Les gros é mergents
du genre Anacardiu/11 ou Spondias sont parti c uli è re me nt recherc hés car ils
apportent une protecti o n contre le rayonneme nt sol aire. Celui-c i a conduit
les tamarin s à év ite r les habitats forestie rs trop ou verts, à conopée bas et
di scontinu , e t à li anes rares, et les zones he rbe uses . Les zones ouvertes sont
cependant occasionne lleme nt fréque ntées, lorsqu ' elles correspo nde nt à des
passages obligés pour all er d ' un pan de forêt à un autre : c'est ain si que l' on
pe ut voir d es tamarin s tra verser les c he min s voire mê me les routes e n
Guyane .
L es s ites d e re po s c orres po nde nt da ns 90 p. 100 d es cas à de g ro s
é me rgents, arbres dé passant largeme nt la végétati o n e nv ironnante, e t de
pré fé re nce san s trop de connection s a vec les arbres e n vironn a nts (type
li anes), ce qui est vrai semb labement un moyen de se protéger des prédate urs
potenti els. Les singes nic he nt à l'extré mité des branc hes plutôt que près du
tro nc lui -mê m e , e t préfé re nti e ll e me nt d a ns les amas d e branc he ttes , de
fe uill es e t d e maté riau x f ibre u x qui pourra ie nt ressembl e r à d es nid s
succincts sur lesquels il s se reposent. Les singes atteig ne nt e n géné ral ces
lie ux de repos noc turne après des dé placeme nts rapides e t sil encie ux, sans
éc ha nges v o c au x , ce qui es t e nc ore un mo ye n d 'é v ite r d ' attire r les
pré d a te urs . Par aill e urs, au ni vea u d u s ite d e re pos, les ta marin s se
regroupent e n une masse qui de l'exté rie ur ressemble à une termitiè re ce qui
apporte une protection suppl éme ntaire, par mimé ti sme .
Vie soc iale
En général , la cellule de base est de ty pe fami lial , centrée sur un couple
stable dan s le temps, de je unes adultes pou vant s' intégre r te mporaire ment à

ce noyau. Les tamarin s vivent en fam illes de 5 à 7 individus en moyenne
(de 1 à 19 indi vidu s ont été recensés) . P lu sie urs unités de base pe uvent
s' a ssoc ie r mom e ntan é me nt. L ' org an is ation soc ial e es t fl ex ibl e , e ll e
s' org ani se a utour du noyau de dominants (le coup le) avec le ur descendance,
21


de j e un es adu ltes et des j uvénil es périphériques, dont la présence es t
temporaire.
Les fonctions de la feme lle dominante reproductrice sont mu ltiples , e ll e
assure entre autres le marquage des limi tes du territ oire. Dans ce type de
structure, seul le couple dominant est à même de se reprod uire, et de ce fa it,
il ex is te un co ntrôle sévè re de s pos s ibilités de rep rodu c ti o n . Cette
organi sati on ori gi nale semble typ ique de tamarins étudi és jusqu ' alors. Le
père porte les jeunes depuis les prem ières heures jusqu ' à leur accession à
l' indépendance. Il ex iste une forte agress ion intragroupe, mâles et femelles
m a inte nant un e hi é rarc hi e e n para ll è le . Il n ' y a donc pas d 'a ttract ion
parti culi ère entre mâles adultes et les liens entre animau x d ' un certain âge
sont donc, soit sexuels (partena ires) , so it parentaux (association tem porai re
avec les juvéniles).



De nombreuses mi grati ons ex istent entre groupes ce qui fait que ceux-c i
so nt assez instables, e n particul ie r e n ce qui conce rne les immatures .
Diffé re nts groupes peuvent s'associer temporairement et compter alors
jusqu' a 40 indi vidus. Le domaine est de 7 à 10 ha défendus et s'étend sur
une plu s grande zone où divers groupes se to lèrent sur environ 26 à 30 ha.
Les densités relevées oscil lent autou r de 28 individus par kilomètre-carré.
En captiv ité, les tamarin s so nt agress ifs envers des adu ltes de la même

espèce, in connu s; e n co ndition s nature ll es, ces répon ses peuvent ê tre
importantes dan s la défense territori ale. Les rencontres avec des partenaires
in co nnu s e ntraî ne nt un e a ug me ntat io n du marquage odora nt e t de s
démonstrations ritualisées (dos cambré, etc ...), particu lièrement de la part
des femelles.
Reproducti on
Le sys tè m e soc ia l pa rti cu li e r de s tama rin s permet un taux de
reproducti on assez élevé pour un si petit an im al : une femelle peut avoi r
jusqu'à 3 portées sur 2 ans. L' interva ll e moyen entre deux mises bas est en
effet de l'ordre de 7 à 9 mois. Le l1ursing du petit est assuré conjointement
avec le père. Dan s un prcmier temps, ce lui -ci écarte les aut res membres du
groupe de la parturiente. Il laissera ultéri eurement d ' autres individus porte r
le petit sur son dos, ce qui est une ex périence cruciale d 'apprenti ssage du
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comportement pare ntal! Ceci rappe lle ce qui a été mentionné égale ment
chez le j eun e saïmiri. A la diffé rence de ce qui se passe ch ez d ' autres
primates , la feme ll e n' a donc quasiment qu 'à assurer l'all aitement. Ell e es t
déchargée des autres soins au jeune: ce rô le est dévo lu au père (qui porte le
jeune) et aux juvéniles de la portée précédente (qui le toilettent), ce qui doit
perm ettre un rapide retour en oestrus de la mère. Ce lle-ci doit malgré tout
réc upérer ses dépenses énergétiques: elles représentei'aient environ 15 à 25
p. IOO de son propre poid s, ce qui est considérable et ex plique pe ut être
l' importance des phénomè nes de résorpti on inll'a-utérine et d 'avortements
au cours de la gestation qui dure environ 5 mois.
Le mode de vie des tamarin s est donc directement li é à celte coopérati on
et à cet in ves ti ssement pate rne l dans le succès de l'élev age du je une. A

l'occas ion d ' une naissance se constitue un sous-groupe de soin s aux jeunes,
et cela se traduit par une grande cohés ion spatial e des parents. Le jeune en
grand issant sera dans un premier temps l'objet de soins cro issants de la pa rt
d u pè re, pui s dans un second temps, il augmentera progress iveme nt son
indépendance spatiale vis à vi s du noya u fa mili al dont il peut se séparer vers
l'âge de deux ans. Pendant ce laps de te mps, il aura donc vu naître des frères
et soeurs et aura participé il leur élevage, facteur sans doute décisif pour son
pro pre avenir dans un nouvea u groupe. Comme dans le cas du Saïmiri , c'est
l' im portance progress ive du jeu qu i concourt à la di ssociation des liens avec
les ad ultes.
Statut général et Sensibilité à la Chasse
Au total, on peut résum er le mode de vie des tamarins en constatant qu ' il
es t fondé s ur un noya u de domi nants, se ul s ca pabl es de se re prod ui re
(rég ul ati on des nai ssances par li mitat ion des feme ll es reproductrices), qu'il
ex iste un retour rapide de l'oestrus (dans les deux ou trois moi s fai sant suite
à la naissance du j eune), ainsi qu ' un évi tement de l' inceste, qu e le mâle
pre nd en charge les soin s du je une, qu ' il ex iste une forte tend ance à la
territori alité (rô le essenti el des comportements de marquage, en parti culier
des feme lles!). De pl us, il ex iste des poss ibilités d'associati ons de groupes
(en dehors des zones défend ues) , dont la taille est déterminée, comme leur
stabilité et leur espacement , par des contraintes écologiques (di sponibilité
des ressources). Enfin l'espèce se rencontre tout auss i bien au contact des
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