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Nature Guyanaise V4, Cayenne, Sepanguy 1990

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NA1I'ID1EJE BULLETIN DE LA SEPANGUY
Société pour l'Etude, l'Aménage ment et la Protection d e la Nature
en Guya ne



Sommaire du N°4 (Avril 1990)
Ed itorial
Le Mot du Président

2

P.M. Forget
Rongeurs frugivores et Régénération forestière :

un Cas de Mutualisme en Forêt guyanaise

3

M. Hoff, G. Cremers e t J.-J. de Granville
Carte de la Ri chesse en Plantes de la Guyane française à palti r

d'un observatoire du Patrimoine naturel: la Banque de Données "AUBLET"
de l' Herbier du Centre

ORSTOM

de Cayenne


M. Canova, B. Gaucher
Abeilles e t Apiculture en Guyane

12

23

J .-J. Briswalter
Le Boa de Cook Coral/us enhydris

30

G. Hos tache, P. Vallat, C. Tessier
Maîtrise du Cycle d ' Elevage de l' Atipa

33

R UBRtQUES

Notes de Lecture
Actua lités
Vie de la Société
R ecolTImand'ations aux Auteurs

Bu lletin d'Adhésion e t d 'A bonnement
Infom13lions Sépanguy

Couvertllre : Boa de Cook - Photo L. Sanite

42

44
45

46
47
48


Editorial
"Na/ure guyal/aise" a un an et se développe cl un rythme
sO Il/en u: voIre quatrième num éro en est la preuve. Cette

croissan ce affecte aussi le nombre des lecte urs qui
apportent g-énére lt sement cl la rev ue un so ulien
indispensable dans ceue période de jeullesse . L'impatience
des abonnés, désireux de lire le dernier numéro d' tille de
leurs revues préférées, est la preuve de leur intérêt.
Pour un journal, les ailleurs SOllt aussi indispellsables que le public. Savants
professionels o u amateurs 0 111 bien voulu. nous confier leurs manuscrits

el

accepter

de bonne grâce les COII/railltes imposées par /' édition d'une revue de vulgarisatioll
de qualité. Plusieurs experts onl fourn i de précieux avis sur les articles soumis cl la
revue el 0 1/1 permis une sensible amélioration des lextes proposés et une meilleure
adaptation aux goûts du public. Enfin, le Département de Zoologie de l' INRA , m' a
permis de consacrer cl "Nature guyanaise" tout le temps nécessaire cl sa rédaction,
faci litée par un logiciel aimablemellt fo urni par le CREST/G .

La politique éditoriale élaborée il y a un an se fixait un objectif double: éditer
ulle publica tion de qualité , présent ée de mani ère attrayante. La légitim.e
satisfaction que l'ail peut éproll ver après un an ne doit pas masqller les_graves
défauts collstatés.
Coquilles multiples, fall tes de frallçais , présentation manquant d' homogénéité
ou de goût passèrent trop facilemen t cl travers la correction des épreuves ou
surgirent inopinément après le bon cl tirel: Une saisie plus allentive du texte, IIn e
correction plus soigne use des épreu ves et des instructions plus sévères cl
/' imprimeur devraient élimiller ces défall/s.
Un enregistrement des abonnemellls déficient et une diffusion mal organisée
ont privé de nombreux lecteurs de lellr revue. Merci cl ta li S ceux qui Ollt signalé cl
la rédaction ces incidents. La modernisation du fic hier des abonnés et des
consignes plus strictes aux responsables de la distribulÎan devraient limiter ces
inconvénients.

Pardonnez-nous d' avoir évoqué trop longuement nos petits problèmes
d'adolescence! Dorénavant nOlis n'écrirons plus que sur la Nature guyanaise. A
/' année prochaine!
Hugues L. RAYMO ND


Pour une gestion durable
Notre couvert forestier a CO ll Il LI /III très vif succès
dumllf les mois de février el mars, cet écosystème étallt
au cellfre des débats de deux colloques dalls les locaux
de la CCIG.
Le premie/; présellfé dans 1I0S colon/les Cl permis de
faire le point sur les connaissances acquises par les
orgallismes scientifiques œuvrant ell Guyane et nous
espérons pouvoir dans les meilleurs délais publier ses

actes.
Le deuxième, orchestré localemellf par le CIRAD, d'ulle portée illlernationale,
a laissé s'exprimer les responsables des pays de la ceinture Tropico- Equatoriale,
appuyés par le s orgallisations li o n go uvernementales en prése llce des
représentants de l'Europe et d'a /lires pays développés.
La gestion remplaçant la conservation et celle-ci s' étalll déjà substituée à la
protection , l' équilibre DEVELOPPEMENT-ENVIRONNEMENT est maintenant un
fait admis de tous.
Tous les projets (agricoles, forestiers, rowiers, miniers .. .) devront intégrer la
notion de durabilité et chacun aura à mesurer la portée de ses actes en ayant en
permanence à l'esprit ces questions:

Pourquoi ? Pour qui?
N'oublions pas que l'avenir de notre bonne terre dépend de la sagesse et de la
bonne volonté de tous.
Soyez les fourmis de la fable et faites le savoir autour de vo /./ s. Ainsi, vous
aurez apporté votre grain de protection à la gestion de notre patrimoille.

Léon SANTTE

2




Rongeurs frugivores et Régénération forestière:
un Cas de Mutualisme en Forêt guyanaise*
Pierre-Michel FORGET 1
Laboratoire d' Ecologie générale,


MNH

,4 avenue du Petit-Château, 91800 BRUNOY

Les rongeurs hystricomorphes 2 sud-américa ins sont les derniers représentants
d'un groupe d'archétypes qui colonisèrent la région néotropicale (la zone tropicale
du Nouveau Monde) à l'oligocène, il y a environ 40 millions d 'années. Parmi
ceux-ci, des espèces diurnes (agouti , acouchi) ou nocturnes (rats épineux) typiques
des Forêts ont conservé un comportement de mi se en réserve de leur nourriture tout
à Fai t original que l'on ne rencontre apparemment nulle part ailleurs dans le monde
tropical. L'objet de cet article est d'énoncer que ce comportement est en li aison
avec des contraintes de l'environnement (variations saisonnières du climat et de la
produ ctio n de fr uits) et d 'év oq uer, en s'appu yant sur des exemples guyanais,
l'impact de cette mi se en réserve sur la dynamique forestière.

La Mise en Réserve
INTÉRET DE LA MISE EN R ÉSERVE POUR LE RONGEUR
De nombreux an im aux emmagasin ent des rése rves lors des périodes de
surabondan ce de nourriture et anti ci pent a in si les ép isodes de dé fi c ie nce
alimentaire. Les rongeurs n'échappent pas à cette règle et les caches de noi settes
des écureuil s des régions tempérées relèvent de ce phénomène. En zone tropi ca le
humide, en particulier en Guyane (SABATIER, 1983), il ex iste une alternance entre
sa ison des pluies riche en fru its et sa ison sèche défi citaire. De novembre à juillet, il
y a abondance de fruits avec un maximum en fév rier-mars, le reste de l' année étant
pauv re à la fois en quantité de fru its et en nombre de points de Fructification . La
fructificalion des espèces forestières suit généra lement le régime des pluies mais
varie spécifiquement en fonction de la morpholog ie des fruits et des modes de
dissémination des graines.
Parmi le groupe diversifié des frugivores améri cai ns, les rongeurs terrestres
parti cipent activement à la régénération forest ière lors de la Fruct ificat ion des

végétau x. En effet, bien que les interacti ons entre animaux et végétaux so ient
3


encore mal connues, on peut supposer qu ' il ex iste une importante in terdépendance
à bénéfice réciproque (mutualisme) entre ces rongeurs et certa ines pl antes à tra vers
la conso mm ation et le stockage de graines ( HERRERA, 1985) . C'est le cas en
Guyane avec l'agouti DGsyprocla leporinG (Fig. 1) l'aco uchi MyoproclG exilis (Fig.
2) et les rats épineux Proechimys cuvieri et P. gliiGnensis.





Fig. J. Agouti tenant dans sa bouche une graine d'awara Asrrocaryum vulgare

4


Fig. 2. Acouch i consommant la pu lpe d' une gra ine de counana ASlrDCarylfm partll1wca.

M ODALITÉS DE LA MISE EN R ÉSE RVE

Ces rongeurs réalisent au sol des caches qui renferment chacune un fru it ou une
graine et sont éparpil lées autour de chaque aire de nourrissage qui est représentée
par l'aplomb de la couronne des arbres en fruits. Ce comportement de stockage
di spersé semble adapté au mode de vie de ces animaux. Il s' oppose à la mise en
réserve dans des garde-manger fréquemment observé c hez les rongeurs des régions
tempérées qu i accumulent de nombreux fruits ou graines dans une même cache.
En forêt trop ica le, les rongeu rs se déplacent sur des surfaces de un à plusieurs

hectares et n'utili sent pas touj ours les mêmes gîtes (DUBOST, 1988; GU ILLOTIN,
198 1) . Les réserv es di s persées assurent à c haqu e ind ividu une oppo rtunité
d'alimentation à tout instant en quelque endroit du domaine vital, indépendamment
des ressources fraîches di sponibles au sol. De ce fa it, la protection des caches n'est
pas totale , e t des indi vidu s de la mê me es pèce o u d ' aut res es pèces pe uvent
exploiter les réserves effectuées par d ' autres. Par a ill eurs les péca ri s Tayassu
tajaclI et T. albirostris retrouvent également de nombreuses graines grâce à un
comportement de fou ille (KIt.:Il E, 198 L).
5


Fréque nce de la Mi se en Réserve
Comme l'a supposé SA BATIER (1983), la production de grosses graines en fin de
sai son de fructification semble aller de pair avec la confection de caches par les
rongeurs qui rencontrent alors un excès de nou rritu re. Ainsi, la disparit ion des
graines de manil montagne Moronobea coccillea apparaît plus rap ide début juin
que début mai (fig. 3). C'est en effet en mai-juin que la prod uction de fruits chute
considérablement en forêt.




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Fi g. 3. Vi tesse de di sparition dcs graines de Man il montagne (Mol"Ollobea coccil/ca) en pourcen tage
cumulé s ur des placettes les t à Paracoll. Deux lots de 2 fois 25 graines chacun ont été disposés début

mai (A) el débu t ju in (8) à 30 III de dislance l'un de ('aulre.

Distance de Transport des Réserves
L'étude du comportement de mise en réserve nécessite souvent une approche
expérimentale. A l'aide de graines marquées par un brin de fil, il a été possible
d'anal yser ce comportement et de mesurer les di stances parcourues avant que les
graines ne soient cachées. Les distances de dissémination vont de quelques mètres
(5- 10) à plus de 20 dans le cas du campa Carapa guiallensis (fig. 4) . Des di stances
pilis élevées (50-250 m) ont été observées dans des m ilieux très différents de la

forêt guyanaise, au Panama (SMYTHE, 1978) et au Costa Rica ( HALLWACHS, 1986) .
Les graines sont enterrées ou enfouies sous la lilière à proximité d 'objets naturels:
à la base d 'arbres à contreforts ou racines traçantes, près des troncs ou branchages
au sol, dans les éclaircies créées par la chule d ' une branche (voli s) ou d ' un ou
6


plusieurs arbres (chabli s), dans les accumulations de liti ère à prox imité des grands
palmiers ( HERRERA , 1985). Ces sites sont probablement choisis en ra ison de la
présence d 'u n sol meuble fac ilitant le foui ssage.

"

n
1

10

;5

DtS L \ NeE (",1

Fig. 4. Di stance de disséminalion des graines de Carapa (Campa guianellsis)

à"

Aral aye. Panni 3

lOIs cie 25 graines disposées au sol en lin seul sile, 74 graines ont été rctouvées entérrées.


D é la i d'Exp lo itat ion des Réserves
L'ex ploitation des caches peut être rapide (le jour même ou le lendemain de la
mi se en rése rve) ou se pro longer pe ndant les mo is de sa iso n sèche lorque la
quantité de nourriture s'amoi ndrit. Dans certa ins cas e lle peut être reportée aux
années suivantes. L' intérêt des caches dépend étroitement de leur qualité nutritive,
qui diminue par épui sement progress if des réserves des graines au cours de la
germination.
Chez le wacapou VouacC/poua americallC/ la germination très rapide en saison
des pluies s'accompagne de l'épuisement total des coty lédons dans le mois sui vant
et va de pa ir avec une faible ap pétence des animaux vis à vis des grai nes gemlées,
enterrées ou non. Cette espèce est donc essentiellement consommée au cours de la
fructification (avri l-mai) et moins d ' un mois après la dispersion des graines dans
les cac hes . Chez le carapa , les réserves pe rs iste nt plus ieurs moi s après la
germination et cela facilite l'ex ploitation des graines enterrées jusqu 'en sa ison
sèche (FORGET, 1988).
7


Parmi les espèces à germination tardi ve et à réserves pérennes bien au-delà de
la sa iso n sèche, co mm e chez le manil mo ntag ne, les g ra in es pe uve nt ê tre
consommées pe ndant a u moin s une année. Les plu s longues durées d ' utilisat io n
d es caches ont été o bservées c hez des palmi ers comme l'awara A Slrocaryul1l
vu/gare et le counana A . paramaca e t d 'autres arbres dont les graines pe rsistent
plu s ie urs a nnées dans le so l sans germer o u conserve nt leu r ap péte nce a près
germin ati on. L a mi se en réserve d ' une grand e vari été d 'es pèces végé tal es

contribue donc à la nutrition de ces rongeurs à court, moyen, voire très long te rme.
FACTEURS INTERVENANT DANS LA MISE EN R ÉSERVE
D écle nche m e nt de la Mise e n Réserve
Qu e ls fac te urs déc le nc he nt le stockage de no urriture c hez ces ro ngeurs?

Co mm e nt re tro uve nt - il s ce ll e -c i? Ces qu es l io ns sont e ncore d es suj et s de
controverse. La pluviométrie pe ut paraître décisive dans le déclenchement de la
mise en réserve (HALLWACHS, 1986) mais la quantité de graines et de frui ts au so l et
la qu a lité d es es pèces Fru c ti fia nt e n sa iso n humide se mbl e être éga le m e n t
primordi ales (FORGET, 1988; SABATIER, 1983).
Loca li sation d es Réserves
Les animau x, qui ont a ppa remme nt une parfaite connai ssance des objets et
o bstacles constituant leur e nvironneme nt, emprunte nt fréquemment des itiné raires
déte rminés à prox imité desquels ils amassent le urs réserves. Il s pourraie nt do nc
re trouver le ur nourritu re, éventuellement à l' aide d ' une hypothé tique mémoire des
lieux, e n che rchant a up rès des structures rema rqua bles de leur e nviro nne me nt.
Cette fo uille peut être le cas échéant complétée par l'odorat.
Fonc tion du Comporte ment de M ise e n Réserve
Les raisons de ce comportement sont vraisemblablement innées et évoluti ves
chez ces rongeurs vivant da ns un ha bitat forestier qui montre des pé riodes pa uvres
en Fruits. L'éparpillement e t la multiplicité des caches peuvent être des adaptations
ré du isa nt la prédati o n d es g ra in es pa r les in sectes, d 'a ulres ro nge urs et les
mammifères omnivores.

8

,



Impact sur la Régénération naturelle
Au premier abord, la disparition des graines peut être associée à une prédation
de la part des rongeurs. En fait e lle correspo nd aussi à le ur dissémination qui
fa vorise souvent la régénération et le maintien des végétaux dans la forêt tropicale.
FACTEURS DE MORTALITÉ DES GRAINES

Au cours de la fructification, facteurs biotiques et abiotiques réduisent les
chances de régénération d ' une espèce après accumulation des graines sous le pied
parental. Par exemple, chez le wacapou et en Guyane (FORGET, 1988; SABATIER,
1983), en l'absence de di ssémination, toutes les graines et plantules non enterrées
meurent rapidement sous l'effet du climat (desséchement, ombre), des prédateurs
(insectes, rongeu rs, pécari s ... ), voire d'agents pathogènes inconnus. Certaines
espèces ont des graines " récalcitrantes" qui se déshydratent facilement et perdent
le ur pouvoir ge rmin at if si elles ne so nt pas imm édiate me nt enterrées. La
germination à la surface du sol s'accompagne d' un développement superficiel et
anarchique de la racine, su ite aux traumatismes infligés par les rongeurs ou les
fourmis. Souvent, des larves d 'i nsectes parasites, divers rongeurs et d'autres
mammifères mangent les g raines. Parfo is la forte densité de plantules suscite la
prolifération d'agents pathogènes ou attire des défoliateurs (légions de fourmis,
chenilles herbivores). De plus, l'aire située sous la couronne d'un arbre est plutôt à
l'ombre et peu favorable à la croissance des jeunes plants.
AVANTAGES DE LA DISSÉMINATION POUR LA PLANTE
Le transport et l'ensemencement des graines par les rongeurs leur confèrent une
protection partielle contre ces facteurs de mortalité. Les gra ines a insi cachées
sembl ent mieux protégées contre la déshydratation e t les prédateurs et e ll es
rencontrent un microbiotope bénéfique à leur développement. Le sol meuble des
caches favori se leur enracinement. La mati ère organique en déco mpos ition ,
humide, abondante près des obstacles marquant l'emplacement des caches, assure
une meilleure couverture des besoins hydriques et minéraux des jeunes plants.
Malgré un fo rt tau x de caches redécouvertes par divers animaux, il persiste
toujours en fin de saison humide des graines ou des germination s qui ont été
oubliées ou qui ne sont plu s consom mables. Les futures plantules viendront
enrichir la population préex istante de jeunes stades végétatifs en sous-bois. Ainsi,
au-delà d ' une simple destruction des graines dont l'effet sur la dynamique des
population s végé ta les n 'es t pa s nég ligeable, la mise en réserve implique la
9



dissémination des unités de régénérat ion hors de la zone parentale, habituellement
pe u propice à la s urvi e des semi s. Le wacapo u, très fréquent en Guyane, et
fructifiant abondamment certaines années en avril-mai , en offre un bon exemple.
Après mi se en réserve , plantul es, j eunes tiges et j eu nes arbres apparai ssent
éparpill és autour du pied parental. Cette répartition accroît la survie des plants en
sous-bois dans l' attente d ' éphémères éclaircies de la vo ûte forestière à la faveur
d ' un vol is ou d'un chablis. Les probabi li tés de survie des plantules el des stades
juvéni les sont proportionne lles à la fréquence des ouvertures qui dépend de la
distance au pied parental. La survie des unités de régénération est donc d'autant
plus élevée que les graines sont disséminées à de grandes distances.

Conclusion

Fi g. 5. Un rOllgçur dl! la 1"0 1"01, k ral épineux.

Le comporte ment a li mentaire de certai ns ron ge urs (Fig. 5) favori se la
di sséminatio n des graines de végétau x de la forêt tropicale et leur permettent,
malgré un fort taux de mortali té, d 'échapper à leurs prédateurs. Ces rongeurs
influent donc directement s ur la ré partition e t la s urvi e des espèces dans
l'écosystème fore stie r. Réciproq uement, ces végétau x ass uren t les ressources
10




alimentaires de ces animaux. Des relations de mutuali sme se sont établies entre ces
di vers partenaires au cou rs d'un processus évo luti f très ancien. Les rongeurs
confectionne urs de caches sont actuellement les uniques di sséminateurs de ces

es pèces à g rosses grain es et sont les garant s de le ur pérennité dan s la fo rêt
amazonienne. Toute perturbation irréversible de cet écosystème forestier entraînant
la di s pariti on de l'un des deux partena ires pourrait avoi r des conséqu e nces
désastreuses sur la su rvie à court terme de l'autre partenaire de cet éq uili bre
biologique.
REMERC IEMENTS
Je remerc ie vivement G. Dubost et un lecteur anonyme pOlir leurs commentai res sur le manuscrit et
l 'OR STOM, le CIRAD et l ' INR A pou r leur accueil en Guyane française. Ces travaux effectués à la Pi ste de

Saint-Elie, à l' Armuye et à Paracol! el fina ncés par les Min istères de [' Industrie et de la Recherche
(allocation de recherche), de l' Envi ronnement, des Département et Territoi res d' Oulre- Mer, l 'ORSTOM,
le MNHN et le CNRS, font partie d ' une thèse de l' Un iversité Pari s 6.
NOT ES

* Photos r,M. Forget
J. Adresse actue lle: Smithsonian tropical Research Institule, Aparlado 2072, BALBOA (Pan ama).
2. Les hystricomorphcs fo rment un groupe de rongeurs primitifs à poi ls ra ides auquel appartien t en
parti culier le porc~é pi c .
BIBLIOGR APHIE

1988. Ecology and soc ia ll ife of the red acollchi (Myoprocta praui) with spec ial reference
to scatterhoarding. 20010gical Society of London Pl'Oceedings, 139:70 1~ 703
P.M. FORGET, 1988. Di ssémination et régénération nature lle de huit espèces d 'arbres en forêt
g uyanaise. Thèse Docl. Univ. Pari s 6.
M. GUILLOTIN, 198 1. Données écologiq ues sur les petits rongeurs fo rest iers terrestres de Guyane
française. Thèse 3ème cycle USTL, Montpellier.
w. HALLWACHS, 1986. Agoutis (Das)'pl'Octa pl/nctata ): the inheri tors of guapin ol (Hymenaea
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Dr Junk Publishers, la Haye, 392 p.
C. HERRER A, 1985. Detenninanls of planl~animal coevoluti on: the case of mutualist ic di spersa l of seed

by vertebrates. Oikos, 44: 1 32~ 1 4 1
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near objects. Biorropica , 13: 14 1~ 145
D. SABATIER, 1983. Fructi ficat ion et dissémination en forêt guyanaise. Thèse 3ème cycle, USTL,
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N. SMYTH E, 1978. The nat ura l hi story of Ihe ce ntral ame rican ago ut i (Das)'proc/a plll/Clara).
Smithsonial/ Comribllliolls to Zoolog)', 257: 1-52
G. DUBOST,

11


Carte de la Richesse en Plantes de la Guyane française à
partir d' un Observatoire du Patrimoine naturel:
la Banque de Données "AUBLET"
de J' Herbier du Centre ORSTOM de Cayenne*
Mic he l HOFF, Georges C REMERS e t Je an-J acques de GRANVILLE
Centre ORSTOM, BP 165, 97323 CAYENNE, Guyane française

Riche de plus de 6.000 espèces, la Guyane française se présente globalement
comme une vaste fo rêt dense humide ponctuée de que lques savanes le long du
littora l e t de qu e lqu es in se lbe rg s dan s le s ud. Sill o nn ée pa r des chaîn es
submontag neuses au centre, elle est quadrillée par un réseau plus ou moins dense
de fl euves, ri vières et criques .
Ce tapis vert semble à premi ère vue bien homogène. Les limites et coupures
phytogéographiques et écol ogiques paraissent diffic iles à trace r. Est-il poss ible,
néa nmoins, de dépasser cet aspect monotone et de cerner l' hétérogéné ité de la
fl ore? Di verses approches sont théoriquement possi bles. Entre autres, il est utile de
pouvoir donner une estimation de la richesse spécifique, c'est à dire de calculer le
no mbre d 'es pèces po ur un e loca lité donnée e n G uyane . Les inform ati ons

concernant les lieux de récolte des spéc imens d ' herbier constituent un important
gisement de renseignements couvrant tout le territoire. La localisation précise de
tous les spécimens d ' herbier récoltés en Guyane française depui s deux siècles et
dé posés tant à Cayenne qu 'à Paris, ou dans les autres in stitutions botaniques
(Utrec ht , New Yo rk, Was hin g ton , Be rlin ... ) es t e n cours . Un e pre mi è re
exploitation globale est présentée.

La Banque de Données "AUBLET"
Une banque de données, dénommée "AUB LET" t constituée au Centre ORSTOM
de Cayenne ( HOFF & coll. , 1989) rassemble les spécimens d ' herbier récoltés en
Guyane depuis pl us de 30 ans.
Pour chaq ue spécimen sont enregistrées les informations suivantes:
- le numéro de la réco lte et le nom du collecteur
12




- la détermination (famille, genre, espèce et taxon infraspécifique s' il y a lieu)
- le nom du déterminateur et l'année de détermination
- le nom de la localité avec ses coordonnées géographiques et son alLitude
- le type de la formation végétale de la collecte
- la date
- l'état phénologique du spécimen (fl eur, fruit... )
- le type éco-biologique (herbacée, épiphyte, arbre, arbuste, li ane ...)
- la hauteur de la plante vivante
- di verses infonnations concernant la morphologie de la plante, son écologie et
sa localisation géographique préci se, son nom vernaculaire et ses usages .
La totalité de l' herbier de Cayenne est enregistrée, soi t 60.668 spécimens. lis
présentent probablement les deux ti ers de toutes les récoltes faites en Guyane

depuis deux siècles, c'est à dire depui s les débuts de la botanique moderne. Au
total, avec les échantillons récoltés en Guyane mais déposés dans d 'autres herbiers,
76.28 1 spécimens ont été enregistrés.

Méthodes
Traitement des Données
Un nom de localité, avec ses coordonnées géographiques, a été relevé pour
50. 388 spéc im ens, soi t 66 p. 100 du tot a l. En s upprimant les éch a nti ll on s
incomplètement détenninés, on arri ve à 36.55 8 spécim ens déterminés au moins au
niveau de l'espèce. Ces do nnées doivent ensuite être concentrées. En effet, une
même localité peut avo ir diffé rent s noms et être plus ou moins précise et une
mê me espèce peut avoir été réco ltée plu sie urs foi s au même endroit. Après
s uppression des doublons-espèces ( 16.833), des doubl ons localités (993) et des
loca lisati ons douteuses ( 134), le nombre d 'observations (une observation étant une
espèce dans une local ité) s'élève à 19.552.
Les localités répertoriées sont au nombre de 796. Les observations rassemblent
des informations concernant 4.278 taxons (espèces, sous-espèces et variétés) soit
86 p. 100 des 4.958 espèces actuellement enregistrées dans la banq ue de données.
En moyenne, chaque espèce est localisée 5 fois et c haque loca lité regroupe 26
espèces différentes .

Cartographie de la Richesse spécifique relative
Nous avon s dressé une carte indiquant, pour chaque quadrat de 5 km sur 10 km
13


(soi t 50 km 2 ), le nombre d 'espèces récoltées . L' interprétation ne peut être que
re lati ve car jamais nou s ne di sposerons d 'échantill ons d'herbie r de toutes les
espèces présentes dans toutes les loca lités de la Guyane. Ce n'est pas nécessaire
car il faudrait disposer d' un herbier de 3 à 4 millions de spécimens, soit 50 foi s

plus important que celui de Cayenne. Nous pouvons néanmoins tirer de cette carte
un certain nombre d'observations concernant la richesse relati ve des différents
sites de Guyane.

Zonation de la Guyane en Fonction de la Richesse spécifique
La Guyane (Carte 1) a été subdi visée sui vant 4 niveaux de richesse spécifique:
- plus de 100 espèces récoltées par quadrat : très riche (19 zones, 1 à 19, en noir)
- 30 à 100 espèces par quadrat: richesse moyenne ( 10 zones, A à J, quadri llé)
- 1 à 30 es pèces par q uadrat: ri c hesse fa ibl e (non num éroté, hachures
horizontales)
- zones où aucune donnée n'est disponible (en blanc)
La présence d'un grand nombre d 'espèces peut avoir plusieurs causes. Nous
all ons commenter brièvement les raisons de la richesse particulière des localités de
première catégorie (1-19) qui se regroupent en quatre ensembles géographiques: le
littoral, la chaîne septentrionale, la chaîne centrale et le sud. A côté de ces centres
de forte richesse spécifique, nous pouvons citer d 'autres régions (A-J) classées en
deuxième catégorie mai s éga lement bien di vers ifiées , bien que la quantité de
données dispon ibles soit plus fai ble.
L ES ZONES À R1CHESSE SPÉCIFIQUE ÉLEVÉE

Le Littoral
Mana-Acarouany (1). - Le quadrilatère formé grossièrement par la RN l , la D 8
et la D 9 est riche d'une part parce qu ' il est prospecté depuis plus de deux siècles et
d ' autre part parce qu ' il présente des milieux variés j uxtaposés : savanes, ri zières et
cultures, bords de mer, forêts sur sables blancs et forêts sur cuirasses latéritiques . Il
y ex isterait même, d 'après des récoltes anciennes, des tourbières à sphaignes qui
n'ont pas été retrou vées ultéri eurement.
La Pi ste de Saint-Elie (2). - La richesse de cette zone est due principalement
aux très importantes récoltes, pratiquement exhaustives, effectuées dans le cadre
du programme ECEREX (PRÉVOST, 1989). On y compte en effet 1.070 espèces pour

4.405 spécimens (CREMERS & coll. , 1989) .
14



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RI CHESSE SPECIFIQ UE
EN GUYANE FRANÇA I SE

III
IV

Zones à richesse spécifique é levée (plus de 100 espèces par quadrat). Les zones sont
numérotées de 1 à 19 (voir tex te).
Zolle à richesse spécifique moyenne (de 30 à 100 espèces parquadral). Les zones som
identifiées de A à J (voir lexie).
Zone à richesse spécifique faible (moins de 30 espèces par quadral).
Zone à richesse spécifique non connue.

15


La piste de Saut-Léoclate (3). - Des réco ltes nombreuses ont été réalisées dans

celle zo ne qui eng lobe éga le ment la pi ste F.R.G . ou Ri squeto ut , les sav anes
Macouria et la Route du Tour cie l '!le.
L' Ile de Cayenne (4). - L'Ile de Cayenne est très riche en espèces. Le nombre
élevé de taxons résulte d'abord des très abondantes récoltes effectuées autour de la
capitale. Mais les mi lieux y sont également très variés, avec les petites coll ines
boi sées entourant Cayenne, Bourda, Mont Mahury, Mont Cabassou, Mont Grand
Matoury, les marais de la Crique Cabassou, les forêts marécageuses de la Crique
Fouillée, les groupements de bord de mer des anses de Montabo et de Montjoly. La
végétation rudéra le et anthrop ique contribue pour une part importante à celle
richesse avec les nombreuses plantes introd uites, cu ltivées ou naturalisées autour
des jardins.
La Chaîne septentrionale
La Montagne de Kaw (5). - Avec 1.000 spécimens récoltés et 451 espèces, la
montagne et les marai s de Kaw constituent sans aucun doute l' une des zones
naturelles parmi les plus ri ches à proximité de Cayenne (DE GRANVtLLE, 1986).
La Montagne Cacao (6). - Longeant la RN 2 et la Route de l'Est, un ensemble de
petites montagnes se révèle riche et di versifié (Montagne des Chevaux, Montagne
Cacao, Montagne Maripa et Montagne Tortue) .
La région de Petit-Saut (7) . - Le Sinnamary en aval de Petit-Saut a été prospecté
abondamment par G. DEWARD en 197 1-1972 (Crique Grégoire). L'ouverture récente
de la piste de Petit-Saut en a fa it une zone de récolte importante, entre autres avec
cell es provenant du "Radeau des Cimes" en 1989.
La Montagne de la Trinité (8). - Plusieurs missions (1981 et 1984) ont montré la
très grande richesse de cet importan t mass if iso lé entre la Mana et le HautSinnamary.
Les stations de l' Arataye et des Nouragues (9). - Ces stati ons du Muséum
national d'Histoire naturelle, du C RS-ECOTROP (laboratoire d 'écologie tropicale du
CNRS) et de l'ORSTOM sont l'objet de prospection s systématiques et exhaustives.
Actuellement, 5.303 spéc imens ont été récoltés. lis représentent 734 espèces . Des
comp lémen ts récents s ur l ' inselberg des Nourag ues (c. SARTHOU et D. LARPtN)
augmenteront probablement la liste des taxons.


16





Les Criques Gabaret et Armontabo (l0). - Ces deux affluents de l' Oyapock
entourant Saint-Georges ainsi que la région de Saut-Maripa constituent un centre
de richesse spécifique élevée et probablement assez original.
La Chaîne centrale
Les Monts Attachi-Bakka (11). - Ils ont fait l'objet de deux missions (1971 et
1989) . Ce ma ss if montagneux de 780 m d'altitude pré se nte des forêts
submontagnardes particulièrement riches en fougères.
Les Montagnes Bellevue de l'Inini (12). - Cette chaîne de Montagnes de près de
40 km de long est certainement l' une des plus riches en espèces de Guyane.
La région de Saül-Monts Galbao (13). - L'importance f10ri stique de ces collines
et montagnes entourant Saül 2 a plusieurs foi s été mise en évidence (DE GRANVILLE,
1989).
Les Monts La Fumée- Pic Matécho (14). - Les Monts la Fumée font l'objet
d'une prospection exhaustive de la part du New York Botanical Garden (MûRI,
1987).
Le Sud
Les Monts Bakra - le Massif des Emérillons - le Sommet tabulaire (J 5). - Cette
chaîne de montagnes constitue un ensemble floristique d ' une très grande richesse.
Il est encore nettement sous-prospecté.
La région d ' Antécum-Pata ( 16). - Elle présente une richesse f10ristique un peu
artificielle. En effet, certains spécimens n'ont comme indication de localité que
Maroni , Moyen-Maroni , Haut-Maroni , Bas-Litani ou Bas-Marouini par exemple.
Ces spécimens ont été regroupés dans la région d'Antécum-Pata.

Le Marouini et la Roche Koutou (17) . - Cette zo ne a fait l' objet d'une
prospection récente (DE GRANVILLE et coll., 1990) qui en a montré la richesse
spécifique due principalement à de nombreux inselbergs.
Les Tumuc-Humac (18). - Zone particulièrement intéressante, le Mass if du
Mitaraka est également un haut-lieu de l 'étude de la flore guyanaise (DE
GRANVILLE, 1978).
17


La rộgion de Trois-Sauts (19). - Les environs de ce village wayapi a fa it l'objet
de rộcoltes importantes dans le cadre des ộtudes ethnobotaniques et linguistiques
de pien'e et Franỗoise GRENAND et d 'ộcologie vộgộtale cie LESCURE (1988).
LES ZONES A R1 CHESSE SPẫC1FIQUE MOYENNE

Saint-Laurent-du-Maroni et Saint-Jean (A) . - Celte zone a bộnộficiộ de rộcoltes
anciennes importantes du fait de la prộsence du service forestier et du bagne.
Mass if Dộkou-Dộkou - Paul-Isnard (s ). - Rộgion encore re lati veme nt peu
explorộe, elle dev iendra probabl ement un centre de di versitộ spộcifique ộlevộe
lorsque des complộments de rộcolte auront ộtộ effectuộs.
Kourou - Savane Matiti - Montagne des Singes (c) . - Facile d'accốs, celte zone
est rộguliốrement prospectộe. Elle associe des groupements de bords de mer, des
savanes et des marộcages, des fo rờts de plaine et des petites collines.
Le Bas-Approuag ue (0). - Les berges de ce fleuve prộsentent plusieurs zones
riches en espốces. Les rộcoltes ont ộtộ principalement faites par R.A.A. OLDEMAN .
Les Montagnes franỗaises (Gaa Kaaba) (E). - Peu collectộe, la zone compri se
entre la Crique Beùman et la ri viốre Abounami est probablement parmi les moins
connues botaniquement de la Guyane. Les donnộes dont on dispose (M. FLEURY, C.
SASTRE) en laisse cependant prộsager une grande richesse.
Le Haut-Approuague et le Sud-Ouest de Saỹl (F). - Avec plus de 1600 espốces,
cette zone assez accidentộe est particuliốrement riche en espốces. La carte montre

qu e toute la rộg ion es t remarqu abl e, hormi s les loca litộs mi e ux prospectộes
(Galbao, Mont La Fumộe et Pic Matộcho).
Le Bas et le Moyen-Camopi - le Tampok - l' Yaloupi (G, H ,1). - Ces trois riviốres
ont bộnộfi ciộ de rộcoltes plus ou moins abondantes . Elles prộsentent nộanmoin s
toutes les trois une richesse floristique certaine, supộrieure celle de la Mana, du
Sinnamary ou du Kourou . Est-ce le fait de rộcoltes plus faibles sur le littoral ou
rộellement d ' une plus grande richesse flori stique du Sud?
Le Mont Saint-Marcel - Montagne Cacao du Camopi (J). - Les inselbergs et les
autres reliefs du sud-est de la Guyane sont manifestement sous-ex plorộs. Ils sont
probablement aussi riches que le Mitaraka ou la roche Koutou.

18




Richesse spécifigue et Protection de la Nature
LA RI CHESSE ET SES CAUSES

Le calcul d'un nombre d 'espèces par quadral de 50 km 2 a permis de distinguer
en Guyane française une vingtaine de centres de forte richesse f1 0ristique et une
dizaine de zones de richesse moyenne. Quel est le nombre d 'espèces par quad rat?
Les local ités du littoral (pi ste de Sa int-Eli e, pi sle de Saut-Léodate et Il e de
Cayenne) ont bénéficié de récoltes quasi-exhaustives atteignant les 1.000 espèces
par quadrat. D'autres localités ont également fait l' objet de récoltes d ' inventaire
(A rataye, Saül). Il est par conséquent possible de proposer un chi ffre variant de
734 espèces à 1.600 par quadrat de 50 km 2 en Guyane.
A quoi est liée cette richesse spécifique? Elle est fonction principalement de la
juxtaposit ion de milieu x différents. La zone littorale est remarquable par ses
marai s, ses sav anes, ses fo rêts s ur divers s ubstrats (sab les blancs, cuirasses

la té ritiqu es ... ) et ses g ro upeme nt s rud é rau x e t a nthropi qu es. L a c h aîne
septentionale et la chaîne centra le associent aux fo rêts de basse et moyenne altitude
des forê ts s ubmonta g na rd es s ur les sommet s e t p l usieurs types de forêts
marécageuses, ri picoles et inondables le long des ri vières. Au ni veau des sauts, une
végétation particulière sur rochers ou de "brouillard" se développe. Dans le Sud,
les végéta tions assoc iées au x inse lbergs, les sava nes-roches di versifient et
enrichi ssent fo rtement la fl ore.
LA PRÉSERVATION DE LA RtCHESSE

Les M ilie ux à protéger
L'interprétation de la carte 1 permet de dégager quelques principes concernant
la protection du patrimo ine nature l guyanais. En effet, on peut observer que la
richesse f10r istique est répartie sur l'ensemb le du département. La richesse est
maximale lorsque coexistent plusieurs formation s végétales différentes. Il s'agit
principalement des mass ifs montagneux et des inselbergs, mais les berges des
rivières, les grands sauts ai nsi que les savanes littorales participent également à la
diversité de la flore. Pour préserver cette richesse il faut par conséquent conserver
le maximum de milieux écologiques différents.

t9


CARTE 2

GUYANE

LES GRANDS AXES FLORISTIQUE DE GUYANE

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les massifs momagneult
le bassin de l'Oyapock
le Nord-Ouest

les savanes



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1.




20


Les Axes privilégiés
La mise en réserve ou la protection des milieux naturels doit tenir compte de
certains axes géographiques . Ainsi (carte 2) une ligne 1 Kaw - Montagne Cacao Montagne Tortue - Station des Nouragues - Pic Matécho - Mont La Fumée - Mont
Galbao - Montagnes Bellevue de L'Inini - Monts Attachi-Bakka est un axe
floristique et écologique majeur pour la Guyane française . La ligne II Crique
Gabaret - Crique Armontabo -Rivière Camopi - Monts Saint Marcel préserve les
relations entre les diverses localités du Sud-Est guyanais. La ligne !II Montagne
française - Monts Dékou-Dékou - Montagnes de la Trinité relie les reliefs du ordOuest, avec une probable convergence avec la ligne 1 au niveau du Maroni. Enfin,
bien que non mi s en évidence ici , un axe IV rel iant les diverses savanes du littoral
devra être précisé.
Les Zones inconnues
Une assez grande partie de la Guyane semble presqu'inconnue. li ya peu de
récoltes sur la Mana, sur le Mo yen-Sinn amary et le Koursibo. L'interfluve
Approuague-Oyapock et Approuague-Camopi est aussi inconnu que l'interfluve
Maroni-Mana. Le Sud présente également des lacunes. Seules les rivières et leurs
abords sont prospectés. Ces vastes zones, du fa it de leur "mystère", doivent faire
l'objet de mesures conservatoires afin d'être, avant tout aménagement, explorées

biologiquement (faune, flore, végétation).

Conclusion
La carte de la richesse floristique de la Guyane française montre que les zones
les plus riches sont réparties sur l'ensemble du territoire. Toute mesure de
protection doit tenir compte d'une part de la diversité des formations végétales en
un même lieu et d'autre part des grands axes phytogéographiques en leur év itant de
trop grandes coupures.
NOTES

* Photos 1.1. de Granville.
1. Celle banque de données a été baptisée en J'honneur d'un botaniste du XVlIIème siècle.
2. La Forêt du MOnl Galbao a fail l'objet d'une planche en cou leur (Nat. guyan. 3, fig. Al)
REFERE CES BIBLIOGRAPHIQUES
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à l 'élUde de la Fl ore ct de la Végétation des inselbergs des
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M.F. PRÉVOST, 1989. Bibliographie du programme "ECEREX" (Pi ste de Saint·Elie, Guyane), 1977·1989.



t

39 p.




22


Abeilles et Apiculture en Guyane
Marie CANOVA, Bernard GAUCHER
973 15 SlNNAMARY, Guyane française

Les abeilles n'existaient pas sur le continent américain. La seule source de miel

éta it la mellipone Melip olla margina/a, très peu productive e t dépourvue
d'aiguillon . L'apiculture s'est cependan t rapidement développée au Brésil où l'on
travaillait il y a plus de trente ans à l'améli oration génétique du cheptel (adaptation
aux climats chauds et accroissement du rendement en miel) en croisant des races
européen nes, dont l'abeille italienne Apis mellifica ligusrica et des races
afri caines .

Des essa ims échappés accidente llement dans la région de Sâo Paulo sont à
l' origine des populations d'abeilles dites africani sées Apis mellifica adallsonii
ex trê me me nt agressives qui ont e nvahi le Brésil e n détruisant les abeilles
e uropée nn es (MIC HENER, 1975). Celte invasion a atte int e n 1974 la Guyane
française (où l'introduction d'abeilles européennes acclimatées aux Antilles n 'avait
pas donné lieu à un grand développement apicole), le Surinam en 1975 et le
Guyana en 1976. Elle menace à présent les Etats-Unis (CA OVA & GAUCHER, 1990,
TAYLOR, 1977). Elle a causé des pertes considérables aux apiculteurs ava nt qu'ils ne
s'adaptent au comporteme nt de cette nouvell e race. Malgré les difficultés de
manipulation de ces abeilles, nous avons pu obtenir une production intéressante et
présentons dans celte note les observations effectuées dans nos ruches.

Classification des Abeilles
Dans l'ordre des Hyménoptères (qui comprend aussi les guêpes, les fOUimis et
de nombreux et minuscules parasites d'insectes fréquemment utili sés en lutte
biologique contre les ravageurs des cultures), les abeilles forment un très grand
groupe d 'environ 20.000 espèces, dont 4 seulement appartiennent au genre Apis,
comme l' abe ill e domestique Apis mellifica, présente dans le monde entier à
l'exception de l'Extrême-Orient, des très hautes montagnes et de quelques déserts
d'Afrique et d 'Amérique (LOUVEAUX, 1977 A, B). Cette espèce de l'A ncien Monde
a été introduite en Amérique et en Australie par les colons européens.
L'abeille domestique compte elle même de nombreuses races dont on ne citera
23



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