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(LUẬN văn THẠC sĩ) les problèmes linquistiques et culturels dans la traduction du vietnamien en français

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UNIVERSITÉ NATIONALE DE HANOÏ
UNIVERSITÉ DE LANGUES ET D’ÉTUDES INTERNATIONALES
DÉPARTEMENT D’ÉTUDES POST-UNIVERSITAIRES



NGUYỄN TUẤN ANH

LES PROBLÈMES LINQUISTIQUES ET CULTURELS
DANS LA TRADUCTION DU VIETNAMIEN EN FRANầAIS
(ẫtude de cas des traductions en franỗais dans le Journal télévisé de la
chne VTV4 de la Télévision nationale du Vietnam)
NHỮNG KHĨ KHĂN VỀ NGƠN NGỮ VÀ VĂN HỐ TRONG QUÁ
TRÌNH BIÊN DỊCH TỪ TIẾNG VIỆT SANG TIẾNG PHÁP
(Nghiên cứu trên ngữ liệu là những bản tin dịch từ tiếng Việt sang tiếng
Pháp của kênh VTV4 – Đài truyền hỡnh Vit Nam)

MẫMOIRE DE MASTER

Code :

60220203

Option : Linguistique franỗaise

Hanoù, 2016

TIEU LUAN MOI download :


UNIVERSITÉ NATIONALE DE HANOÏ


UNIVERSITÉ DE LANGUES ET D’ÉTUDES INTERNATIONALES
DÉPARTEMENT D’ÉTUDES POST-UNIVERSITAIRES



NGUYỄN TUẤN ANH

LES PROBLÈMES LINQUISTIQUES ET CULTURELS
DANS LA TRADUCTION DU VIETNAMIEN EN FRANầAIS
(ẫtude de cas des traductions en franỗais dans le Journal télévisé de la
chne VTV4 de la Télévision nationale du Vietnam)
NHỮNG KHĨ KHĂN VỀ NGƠN NGỮ VÀ VĂN HỐ TRONG QUÁ
TRÌNH BIÊN DỊCH TỪ TIẾNG VIỆT SANG TIẾNG PHÁP
(Nghiên cứu trên ngữ liệu là những bản tin dịch từ tiếng Việt sang tiếng
Pháp của kênh VTV4 – Đài truyền hỡnh Vit Nam)

MẫMOIRE DE MASTER
Code :

60220203

Option : Linguistique franỗaise
Directeur de recherche : Pr. Dr. Đinh Hồng Vân

Hanoï, 2016

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ATTESTATION SUR L’HONNEUR

Je, soussigné, Nguyen Tuan Anh, en tant qu’étudiant en master du
Département d’études

post-universitaires – Université de Langues et d’Études

internationales – Université Nationale de Hanoï, atteste sur l’honneur que ce
mémoire de master a été réalisé par moi-même, ce travail est personnel et toutes
sources d’informations externes et les citations d’auteurs ont été mentionnées
conformément aux usages en vigueur (Nom de l’auteur, nom de l’article, éditeur,
lieu d’édition, année, page).
Je certifie par ailleurs que j’ai ni contrefait, ni falsifié, ni copié l’œuvre
d’autrui afin de la faire passer pour mienne.
Je supporterai toutes les sanctions en cas de plagiat.

Fait à Hanoï, le 20 novembre 2016

Nguyễn Tuấn Anh

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REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier de prime abord sincèrement Monsieur Pr. Dr Đinh
Hồng Vân, mon directeur de recherche sans l’aide duquel ce travail n'aurait pas pu
voir le jour. Durant la réalisation de mon mémoire, il a consacré son temps et son
énergie à me diriger à mener à bien cette étude. Son esprit ouvert, sa pertinence, son
écoute attentive, sa générosité et sa bienveillance m'ont été précieux et
indispensables. Il m'a apporté non seulement une multitude de conseils

convaincants et des mots d’encouragement, mais même de minutieuses corrections
des imperfections linguistiques.
Je voudrais également adresser mes remerciements à mes professeurs du
Département d’études post-universitaires – Université de langues et d’études
internationales – Université nationale de Hanoï, qui m'ont proposé de nouvelles
pistes de réflexion.
Mes remerciements s’adressent aussi à mes collègues

– traducteurs et

rédacteurs de la chne VTV4 de la Télévision nationale du Vietnam qui m'ont
beaucoup aidé dans la recherche documentaire.
Je voudrais remercier enfin de tout cœur mes parents et ma petite sœur qui
m'ont donné de l'espoir et de la force pour me permettre de mener ce travail jusqu'au
bout.

ii

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RÉSUMÉ DU MÉMOIRE
Notre travail porte sur les « problèmes linguistiques et culturels dans la
traduction du Vietnamien en Franỗais ằ. Il se compose de 3 chapitres.
Le premier chapitre constitue le cadre théorique de la recherche. Nous
voudrions y présenter des fondements théoriques, des conceptions différentes de la
traduction qui jouent un rôle primordial dans la collecte et l’analyse du corpus
présenté dans le deuxième chapitre de cette étude. Nous n’avons pas l’ambition de
présenter les ộlộments thộoriques de faỗon exhaustive, nous essayerons de les
classer selon un ordre allant du plus élémentaire au plus complexe.

Le deuxième chapitre est consacré à l’analyse des textes journalistiques
traduits du vietnamien en franỗais. Ces derniers ont ộtộ rộdigộs et diffusộs la
chne VTV4 de la Télévision du Vietnam pendant la période 2014-2016.
Et le troisième chapitre portera sur quelques propositions pour améliorer les
compétences des traducteurs.

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TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION ..................................................................................................... 1
1. Justification du choix du sujet de recherche ..................................................... 3
2. Objectifs de la recherche ................................................................................... 3
3. Questions et hypothèses de recherche............................................................... 4
4. Méthodologie de recherche ............................................................................... 4
5. Choix du corpus ................................................................................................ 4
6. Structure du mémoire ........................................................................................ 4
CONTENU ................................................................................................................ .6
Chapitre 1 : Aperỗu des thộories de la traduction .............................................. 6
1.1 Qu’est-ce que la traduction ? .......................................................................... 6
1.1.1 Approches linguistiques et sociolinguistiques ........................................ 7
1.1.1.1 Traduction par la simplification ........................................................ 8
Approche d’Ilboudo ....................................................................................... 9
1.1.1.2 Approche de Catford ....................................................................... 11
1.1.1.3 Approche de Vinay et de Darbelnet ................................................ 12
1.1.1.4 Approche de Mounin ....................................................................... 14
1.1.1.5 Approche de E. Nida ....................................................................... 16
1.1.2 Approches fonctionnelles et culturelles ................................................. 19

1.1.2.1 Schéma de la communication verbale de R. Jakobson .................... 19
1.1.2.2 Théorie des typologies de texte de Reiss ......................................... 21
1.1.2.3 Hans J. Vermeer : la théorie du skopos et ses prolongements ........ 23
1.1.2.4 Approche de Hatim & Mason.......................................................... 25
1.2 La Théorie du Sens ....................................................................................... 27
1.2.1 Quelques conceptions interprétatives de la traduction de l’ESIT ...... 27
1.2.2 Les trois niveaux de la traduction ....................................................... 29
1.2.3 Le processus de la traduction ............................................................. 32
1.2.4 Le bagage cognitif .............................................................................. 41
1.2.5 Les équivalences et les correspondances ............................................ 43
iv

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1.2.6 La fidélité dans la traduction .............................................................. 45
1.3 Les liens entre la langue et la culture dans la traduction .............................. 47
Chapitre 2 : Comment les traducteurs et rédacteurs de la chne VTV4 de la
Télévision du Vietnam traduisent-ils ? .............................................................. 49
2.1 Présentation du corpus.................................................................................. 49
2.1.1 Caractéristiques du texte de presse télévisée ......................................... 51
2.2 Analyse du corpus : Explication des problèmes rencontrés par des
traducteurs de VTV4 dans la traduction des textes journalistiques. .................. 54
2.2.1 Problèmes dans la compréhension du texte source ................................ 54
2.2.2 Problèmes dans la réexpression en langue cible .................................... 70
Chapitre 3 : Que faire pour améliorer la compétence traductionnelle des
traducteurs ? ........................................................................................................ 87
3.1 Perfectionnement linguistique ...................................................................... 88
3.2 Amélioration des compétences intellectuelles ............................................. 90
CONCLUSION ........................................................................................................ 97

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................ 102
WEBOPGRAPHIE ............................................................................................... 103
ANNEXE .................................................................................................................... I

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INTRODUCTION
1. Justification du choix du sujet de recherche
« La traduction est une activité humaine universelle, rendue nécessaire à toutes
les époques et dans toutes les parties du globe par les contacts entre communautés
parlant des langues différentes que ces contacts soient individuels ou collectifs,
accidentels ou permanents qu‘ils soient liés à des courants d‘échanges économiques ou
apparaissent à l‘occasion des voyages ou qu‘ils fassent l‘objet de codifications
institutionnalisées (traités bilingues entre États, par exemple). Il n‘est guère de peuplade
si reculée qui sont totalement isolée et puisse se passer d‘un recours à la traduction »
(Lamiral, 1979: 28). Cette médiation linguistique entre communautés de langues
différentes a donc toujours exigé en leur sein la présence de traducteurs et d’interprètes.
De toute évidence, la traduction existe depuis fort longtemps. Elle est considérée
comme un moyen très important dans l’enseignement, l’apprentissage des langues
étrangères et le perfectionnement linguistique, ainsi qu’une activité humaine nécessaire
aux relations culturelles, politiques, scientifiques, économiques, commerciales etc. entre
les peuples, les nations, les communautés et les individus de langues maternelles
différentes. En fait, comme le souligne Edmond Cary : « Le monde actuel est un monde
en mouvement ; la traduction qui est elle-même passage est une des composantes
essentielles de notre civilisation. Nous vivons l‘âge de la traduction : celle-ci est devenue
indispensable à l‘accomplissement de toutes les activités humaines » (Cary, 1986: 84).
Autrement dit, nous vivons dans un monde où la mondialisation résonne en écho, le rôle

de la traduction est de plus en plus prépondérant et les besoins de la traduction ne cessent
de s’accrtre au fur et à mesure de l’intensification des échanges internationaux. Les
besoins d’échanges d’informations et de transfert des technologies pour se développer et
s’intégrer au monde exigent que tout le monde en sache davantage sur d’autres
communautés culturelles. Pour ce faire, la communication entre les peuples constitue
toujours un levier pour le développement, notamment dans le contexte de l'intégration
mondiale actuel. Les échanges multiformes entre les pays contribuent largement à
améliorer la vie des populations. C'est pour cette raison que le Vietnam prête ces
dernières années une attention particulière à la politique d'ouverture. Les étrangers sont
invités et encouragés à prendre part à presque tous les secteurs d’activités : économie,
culture, éducation, tourisme, etc ... et les liens entre le pays et les partenaires
internationaux se resserrent de jour en jour. Promouvoir le Vietnam, sa culture et ses
habitants au monde reste toujours une politique prioritaire de l’État. Nous voyons donc
le rôle extrêmement important de la présence des traducteurs et des interprètes en la

1

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matière. Selon Victor Hugo, « les traducteurs sont les ponts […] entre les peuples,». Ils
sont aussi « les gardiens, les protecteurs, et les propagateurs des cultures du monde »,
selon le Président de l’Université Paris III, Henri Béhar.
Je suis traducteur et rộdacteur du Journal en franỗais de la chaợne internationale de
VTV4 de la Télévision nationale du Viet Nam. En ce qui concerne mon travail, chaque
jour, j’ai pour tâche principale de traduire des textes dactualitộ du vietnamien en franỗais.
Puis, les produits des traductions sont ensuite rédigés et diffusés à la chne VTV4 à 3
heures du matin (heure locale).
En ce qui concerne la traduction, cette activité consiste à déverbaliser, après avoir
compris le texte original, puis de reformuler ou exprimer un message. Cela n'est pas

toujours facile. Car pour ce faire, le traducteur doit disposer d’un certain nombre d’outils:
une bonne connaissance de la langue du texte, la compréhension du sujet, la bonne
mtrise de la langue de rédaction, mais aussi une méthode judicieuse, des réflexes
adéquats, qui vont lui permettre de saisir pleinement le message de l’auteur véhiculé par
le texte, ce qui aboutira à une bonne traduction par la recherche d’équivalences, sans se
laisser enfermer dans les simples correspondances. Cependant, nous savons qu’il existe
toujours des différences entre les langues. De toute évidence, ces écarts obligent le
traducteur à se débrouiller pour soigner les textes produits. Actuellement, les problèmes
auxquels les traducteurs vietnamiens se sont heurtés dans leur travail résident très
souvent dans la grande différence entre les systèmes linguistiques vietnamien et franỗais
et dans la diffộrence entre la culture vietnamienne et la culture franỗaise.
La traduction des textes journalistiques du vietnamien en franỗais m’a fait prendre
conscience de quelques problèmes rencontrés lors de la traduction tels que les problèmes
dans la compréhension du texte source, les problèmes liés à la terminologie (traduction
des termes spécialisés), les problèmes liés au transfert des facteurs culturels ou les
problèmes dans la réexpression du texte source. Ces problèmes seraient dus à
l’insuffisance des connaissances thématiques, des connaissances linguistiques ; des
connaissances extralinguistiques, à l’absence de déverbalisation, etc….
Ces difficultés rencontrées nous poussent à mener cette recherche intitulée «
Les problèmes linguistiques et culturels dans la traduction du Vietnamien en
Franỗais ằ, et dont lobjectif, sur lequel nous reviendrons plus loin, est
d’étudier les rapports entre langue et culture dans la traduction, considérée à
la fois comme un phénomène linguistique et culturel.
Nous avons eu la chance de découvrir la Théorie interprétative de la traduction
développée à l’ESIT. Et nous sommes convaincus que c’est le meilleur outil pour
résoudre de nombreux problèmes de traduction notamment ceux concernant des aspects

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linguistiques et culturels. Et dans notre étude, nous avons pour l’objectif de prouver que
cette théorie est valide dans la traduction des articles de presse.
2. Objectifs de la recherche
Notre travail de recherche abordera l’étude des problèmes rencontrés dans la
traduction pour viser un objectif plus ambitieux, c'est d'élucider des causes
profondes susceptibles d'expliquer les difficultộs auxquelles les traducteurs et
rộdacteurs du Journal en franỗais de la chne VTV4 se sont heurtées dans la
traduction des textes journalistiques du vietnamien en franỗais.
Ainsi, notre ộtude vise proposer quelques solutions pour améliorer des
compétences traductionnelles des traducteurs vietnamiens dans la traduction des
articles de presse du Vietnamien en Franỗais en général et la capacité de
réexpression des textes destinés à la télévision en particulier.
3. Questions et hypothèses de recherche
 Dans le cadre de mémoire de fin d’études post-universitaires, nous essayons
de trouver les réponses à ces questions suivantes :
 Quels sont problèmes linguistiques et culturels rencontrés par les
traducteurs du Journal en franỗais de la chaợne VTV4 dans la
traduction des articles de presse du vietnamien en franỗais?
Quels sont les ộlộments qui influencent la qualité des traductions chez
les traducteurs ?
 Serait-il possible de trouver dans la Théorie interprétative de la
traduction des solutions aux difficultés de la traduction des textes
journalistiques?
 Ces questions nous permettent de formuler les hypothèses suivantes :
 Les problèmes observés lors de la traduction par les traducteurs du Journal en
franỗais de la chne VTV4 sont divers : les problèmes dans la
compréhension du texte source, les problèmes liés au jargon et à la
terminologie (traduction des termes spécialisés), les problèmes concernant la

réexpression du texte source et ceux liés au transfert des facteurs culturels.
Ces problèmes seraient dues à l’insuffisance des connaissances thématiques,
linguistiques, extralinguistiques ; à l’absence de déverbalisation, etc…
 La qualité des traductions dépend d’une part de la bonne compréhension
des messages de l’auteur du texte de départ ; d’autre part, le contexte et le
cotexte constituent les deux facteurs importants permettant aux
traducteurs d’accéder au sens véhiculé par le texte.

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 La Théorie interprétative de la traduction fournit des outils efficaces pour
résoudre de nombreux problèmes de traduction notamment ceux de la
traduction des articles de presse.
4. Méthodologie de recherche
La principale méthode à laquelle que nous recourons dans notre recherche est
la méthode descriptive avec ses propres techniques telles que : la recherche
documentaire, l’observation systématique, l’analyse des résultats,…. Cette méthode
nous permet de présenter une situation, de décrire, de présenter les circonstances et
de fournir une image précise d’un phénomène ou d’une situation particulière.
Tout au long de la recherche et surtout dans la collecte et l’analyse des
données interviennent donc plusieurs méthodes différentes telles que méthode
qualitative, synthétique ou analytique.
Du point de vue traductologique, l’ensemble du travail se situera dans le
cadre de la Théorie interprétative de la traduction qui s’attache à montrer que d’une
part, tout énoncé mobilise aussi bien chez le locuteur que chez l’interlocuteur une
double connaissance, linguistique et cognitive, et d’autre part, traduire, c’est
restituer dans une langue le sens partiellement explicité dans le texte.

Du point de vue théorique et méthodologique, nous nous efforcerons
d’appliquer les procédés d’analyse et de critique tels qu’ils ont été utilisés dans les
ouvrages des tenants de la Théorie interprétative de la traduction.
5. Choix du corpus
Notre recherche se réalise sur un corpus constitué de 9 textes journalistiques
traduits du vietnamien en franỗais par les rộdacteur et traducteurs de la chne
VTV4 pendant la période 2014-2016. Ces derniers sont liés à différents domaines.
Le fait que je suis rédacteur et traducteurs à la chne VTV4 va faciliter la
recherche en la matière.
6. Structure du mémoire
Notre travail s’articule autour de trois chapitres.
Le premier chapitre constitue le cadre théorique de la recherche. Nous
voudrions y présenter des fondements théoriques, des conceptions différentes de la
traduction qui jouent un rôle primordial dans la collecte et l’analyse du corpus
présenté dans le deuxième chapitre de cette étude. Nous n’avons pas l’ambition de
présenter les éléments théoriques de faỗon exhaustive, nous essayerons de les
classer selon un ordre allant du plus élémentaire au plus complexe.
Le deuxième chapitre sera consacré lanalyse des textes journalistiques
traduits du vietnamien en franỗais. Ces derniers ont été rédigés et diffusés à la

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chne VTV4 de la Télévision du Vietnam au cours des deux années 2014-2015.
Cette analyse vise à identifier les causes des difficultés des traducteurs lors de la
traduction.
Le troisième chapitre portera sur quelques propositions pour améliorer des
compétences des traducteurs.


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CHAPITRE I
APERÇU DES THÉORIES DE LA TRADUCTION
Le premier chapitre vise à clarifier des problèmes théoriques, qui, à leurs tours,
jouent un rôle primordial dans la collecte et l’analyse du corpus présenté ci-dessous.
Il serait prộtentieux de vouloir aborder ici de faỗon exhaustive toutes les théories de la
traduction, nous essayerons de les classer selon un ordre allant du plus élémentaire au
plus complexe. Ce chapitre est divisé en deux parties. La première porte sur les
définitions de la traduction selon différents courants, la deuxième partie sur la
traduction qui est conỗue par les auteurs de la Théorie du Sens.
1.1 Qu’est-ce que la traduction ?
Il est incontestable que la traduction a elle-même une longue histoire
marquant différents courants de cette matière. De nombreuses définitions ainsi
conceptions de traduction ne cessent donc de s’ajouter aux connaissances de
l’Humanité sur ce sujet. Un grand nombre de théoriciens et de praticiens dans le
domaine de la traduction s’accordent pour dire qu’il n’est pas facile de proposer une
définition pertinente de la traduction. Ce qui en résulte le plus souvent c’est plutôt
une description, ce qui démontre la complexité de cette opération. Cette première
partie a pour but de présenter quelques définitions de la traduction proposées par
différents auteurs et aussi de préciser le rapport entre la traduction et la linguistique.
La traduction connt sans doute une longue histoire qui demande une étude
bien détaillée pour la comprendre vraiment. Même si l’objectif de l’étude n’est pas
de cette étendue, la compréhension de l’évolution de la traduction n’est pas inutile.
Donc, vouloir écrire une évolution de l’histoire de la traduction, nous essayons de
répondre à une série de questions suivantes. Depuis quand traduit-on ? Pourquoi

traduit-on ? A-t-on toujours traduit de la mờme faỗon ? Y-a-t-il des époques
favorables à la traduction ? Et la liste pourrait s’allonger. C’est dire que l’entreprise
est vaste. Étudier l’histoire de la traduction, en effet, équivaut en quelque sorte à
reprendre l’histoire du monde, l’histoire des civilisations, mais par le biais de la
traduction. A la différence près, cependant, que l’histoire de la traduction n’a pas la
continuité de l’Histoire et qu’elle présente, bien au contraire, de nombreuses lacunes
et dans le temps et dans l’espace.
Selon Woodsworth (1996 : 13), dans la perspective de son enseignement, elle
a proposé plusieurs découpages de l'histoire de la traduction qui combine réflexion
et théorie à la pratique. Ainsi elle a distingué les découpages dans le temps et

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l'espace, et les types de traduction (la traduction biblique, la traduction littéraire et
la traduction scientifique). Munday (2001 : 2), dans son étude récente sur la
traductologie, associe découpages temporels et orientations théoriques: la période
avant le XXè siècle, les théories linguistiques et les développements récents. Dans la
mesure où notre analyse n'est pas une étude de l'histoire de la traduction, nous
mettrons l'accent sur les théories contemporaines qui sont à même de nous fournir
une méthode d'analyse de notre problématique. Nous partirons d’approches
purement linguistiques pour aboutir à des approches qui tiennent compte des aspects
linguistiques et culturels dans la traduction.
La théorie de la traduction au XXè siècle
Le XXè siècle est le siècle d’épanouissement de la linguistique, dès lors elle
est considérée comme une science indépendante. Cette révolution linguistique
entrne aussi l’évolution de la traduction car la linguistique noue toujours un lien
très étroit avec la traduction.

Il existe de nombreuses approches explicatives de la traduction. Chaque
approche se caractérise, en règle générale, par une terminologie propre, des
catégories spécifiques et une méthodologie distincte. On peut distinguer aussi des
courants différents dans une même approche. La combinaison des plusieurs
approches ne peut qu'enrichir la traductologie. Dans le cadre de notre recherche,
nous nous permettons de distinguer deux approches : les approches linguistiques et
sociolinguistiques, et les approches fonctionnelles et culturelles.
1.1.1 Approches linguistiques et sociolinguistiques
L’abondance des théories linguistiques et l’influence longtemps exercée par
celles-ci sur la traduction s’expliquent sans doute par la conception même de cette
dernière. D’abord, la définition la plus courante qui considère la traduction comme
étant le passage d’un message dans une langue source vers une langue cible.
Si l’on considère l’évolution de la réflexion et de la théorie, on se rend
compte que la traduction a été longtemps associée à la linguistique contrastive.
Parmi les premiers à formuler les théories linguistiques de la traduction les plus
connues, on peut citer Vinay et Darbelnet (1958), Mounin (1963), Catford (1965).
A présent, nous nous permettons de présenter les principales approches
linguistiques et sociolinguistiques de la traduction, nous allons exposer des
ébauches de conseils pratiques de traduction. On verra qu’en réalité, ces conseils
portent plutôt sur des aspects linguistiques de la traduction.
1.1.1.1 Traduction par la simplification

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La
traduction par
la simplification, mise au point par

l’INADESFORMATION, une organisation interafricaine de dộveloppement, repose
sur le franỗais fondamental. Il a ộtộ dộveloppộ dans les années 1950 par le ministère
de l’Éducation nationale en France, sur l'initiative de l'UNESCO, comme instrument
de communication pour ceux qui ne maợtrisent pas assez bien la langue franỗaise, en
particulier les immigrés et les populations des pays francophones d’outre-mer. Il ne
constitue pas une langue, mais un niveau de langue qui se caractérise par la
simplicité de son vocabulaire et de sa syntaxe.
La traduction par la simplification est une méthode utilisée surtout dans la
traduction vers les langues nationales africaines. Cette simplification se fait en
transformant les deux éléments qui constituent la structure superficielle de la langue,
à l’origine de sa complexité, à savoir le vocabulaire et la syntaxe (INADESFORMATION, 1986 : 21). La simplification ou le transfert est suivi par la
restructuration du texte qui consiste à reconstituer l'ensemble du texte en respectant
les principes suivants :
1. le style du texte simplifié doit être correct ;
2. le franỗais fondamental se rapproche du langage oral ;
3. la signification et l'ordre logique des propositions doivent être gardés ;
4. les relations temporelles du texte doivent être restituées ;
5. le style du texte simplifié doit garder le ton du texte initial ;
6. les expressions triviales ou trop familières sont à proscrire ;
7. le rythme et l'euphonie du texte doivent être respectés.
La traduction par la simplification avec ses trois phases (analyse,
simplification et restructuration) ressemble à la méthode interprétative, sur laquelle
nous reviendrons plus loin, qui en compte également trois (interprétation,
déverbalisation et reformulation). Toutes les deux méthodes cherchent à extraire le
sens du texte source pour le ré-exprimer dans la langue cible. Toutes deux
s’inspirent du langage oral.
Pour illustrer la méthode de traduction par la simplification, nous allons
reprendre un exemple tiré de l’ouvrage de l’INADES-FORMATION (1986). Dans
la phrase suivante : «l’analphabétisme est une violation des droits de l’homme», ce
sont les termes qui sont complexes, mais la structure est simple : sujet + verbe +

attribut. Dans de pareilles circonstances, le traducteur doit expliquer ou reformuler
la phrase. L’abstraction étant marquée, la paraphrase est recommandée. Les
partisans de la méthode de la traduction par la simplification proposent la
simplification suivante : «Si tu veux que ton frère soit un homme, apprends-lui à lire

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et à écrire». Il s’agit en fait, si nous nous référons à la catégorisation de la traduction
de Jakobson, de passer par la traduction intralinguale pour aboutir à la traduction
interlinguale.
La simplification terminologique est l’approche proposée par Ilboudo (1986)
dans le cadre de la traduction technique dans les langues nationales que nous allons
exposer brièvement.
Approche d’Ilboudo
Pour Ilboudo, dans toute entreprise de traduction dans les langues nationales
la simplification des concepts constitue un préalable indispensable. Dans le cadre de
la production des documents en langues nationales portant sur les instruments de
gestion et de formation au profit des coopératives rurales, Ilboudo indique la
démarche à suivre après la traduction des termes en franỗais simple. La traduction
dans les langues nationales doit être précédée par la traduction des termes
techniques en langues nationales, qui se déroule en trois phases : la recherche
terminologique, le dépouillement et le pré-test des néologismes.
La recherche terminologique comporte trois pistes. La première concerne les
coopérateurs. Il s’agit d’une recherche auprès des membres des institutions
bénéficiaires de la traduction, en particulier les membres monolingues. La seconde
piste est celle des spécialistes mtrisant la langue nationale et le domaine coopératif.
La troisième piste est une recherche documentaire qui permet de trouver des

données et des termes pour la traduction de concepts.
Dans la mesure où la phase de recherche terminologique peut aboutir à la
collection de plusieurs termes, la phase de dépouillement, qui doit associer la
structure juridique responsable des langues nationales (académies ou commissions
nationales des langues), vise à guider le choix du terme le plus adéquat selon les
critères de dépouillement et de sélection suivants : la conformité avec la structure de
la langue, l’adéquation notionnelle afin de s’assurer que le nouveau terme cerne de
près la notion à traduire et éviter ainsi de retenir des traductions erronées, la facilité
de compréhension, l’acceptabilité par les locuteurs et la brièveté du terme. Selon
l’auteur, les quatre premiers critères sont les plus déterminants.
La dernière phase, avant la production des documents en langues nationales,
concerne le pré-test des néologismes auprès de locuteurs monolingues à partir des
mêmes critères que ceux de la phase précédente :
« La terminologie ayant une fonction essentielle de communication, il y a
lieu de se préoccuper du degré de compréhension, de l‘acceptabilité, de la

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conformité avec la structure de la langue et de l‘adéquation notionnelle des
néologies proposées » (Ilboudou, 1986: 31).
Quant à la production des documents en langues nationales elle-même,
Ilboudo se contente de dire qu’elle « est relativement facilitée par la disponibilité
des termes techniques issus de la recherche terminologique » (Ilboudou, 1986: 31).
Les méthodes de traduction préconisées par Ilboudo et par
l’INADESFORMATION sont certes intéressantes, elles ne constituent pas des
approches théoriques de la traduction. Cependant, elles méritent d’être mentionnées
car, comme on le verra, elles seront utiles lors de l’analyse de notre corpus de

traduction, en particulier des stratégies de traduction.
Utilisée dans les traductions pour la vulgarisation, la traduction par la
simplification présente de nombreux avantages. D'abord, elle est une méthode
orientée vers la langue et la culture cibles, en particulier les langues et les cultures
africaines. On peut dire que les conseils pratiques qu’elle formule se font l’écho de
la théorie de Nida, que nous verrons plus loin, selon laquelle le sens ou le message
doit être privilégié par rapport à la forme en cas de conflit entre les deux. Mais on
peut se demander si la simplification du vocabulaire et de la structure du texte
n'appauvrit pas le texte source et la langue source. L’exemple ci-dessus, que nous
reprenons, « l‘analphabétisme est une violation des droits de l‘homme », a été
simplifié en « si tu veux que ton frère soit un homme, apprends-lui à lire et à écrire
». Une telle simplification misogyne constitue une transformation du message
original des droits humains. Elle peut également ờtre perỗue comme une
infantilisation du public cible.
Certains principes de la traduction par la simplification semblent vagues et
confus et posent même la question de responsabilité morale et éthique du traducteur.
Par exemple, le principe selon lequel sont à proscrire les expressions triviales ou
trop familières est-il du ressort du traducteur ? Le traducteur a-t-il le droit d'omettre
des parties d'un texte sous prétexte qu'il comporte des expressions triviales ? Qu'estce qu’une expression triviale ? Un tel principe ne va-t-il pas à l'encontre de la règle
d'or de la traduction par la simplification qui consiste à «ne rien ajouter au sens
d'un texte et ne rien lui enlever» (INADES-FORMATION, 1986: 38). En laissant
de côté ces contradictions, on ne peut s’empêcher de relever le caractère prescriptif
et normatif de la traduction par la simplification.
Après cet exposé sur la méthode de traduction par la simplification, nous
allons nous intéresser maintenant aux approches linguistiques et sociolinguistiques
de la traduction.

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1.1.1.2 Approche de John Catford (1917-2009)
Pour Catford, la traduction est une opération entre langues, c'est-à-dire un
processus de substitution d'un texte dans une langue par un autre texte dans une
autre langue. Cette conception de la traduction amène Catford à poser l'équivalence
comme étant au centre de la pratique et de la théorie de la traduction :
« A central problem of translation-practice is that of finding TL [target
language] translation equivalents. A central task of translation theory is that of
defining the nature and conditions of translation equivalence (Catford, 1965: 21).
Catford distingue deux types d'équivalence : l'équivalence textuelle et la
correspondance formelle. L'équivalence textuelle est toute forme de texte cible dont
l'observation permet de dire qu'elle est l'équivalent d'une forme de texte source,
tandis qu'il y a correspondance formelle lorsque les différentes catégories de la
langue cible occupent la même place que celle de la langue source. Catford
distingue également la traduction réduite (« restricted translation »), par opposition
à la traduction totale (« total translation »), définie comme « replacement of SL
textual material by equivalent TL textual material, at one level » (Catford, 1965: 22).
Cette notion de traduction réduite désigne l’équivalence aux niveaux phonologique,
graphologique, grammatical ou lexical. Ce type de traduction présente très peu
d’intérêt pour la traduction qui, comme les thérociens conviendront par la suite,
porte en général sur des textes.
Selon Catford, la traduction peut s’avérer impossible, et il distingue deux
situations : l’intraduisibilité linguistique et l’intraduisibilté culturelle.
L’intraduisibilité linguistique provient de l’absence d’équivalents dans la langue
cible et l’intraduisibilté culturelle renvoie à l’absence d’éléments culturels de la
langue source dans la culture de la langue cible. Après cette analyse, Catford
ramène l’intraduisibilité culturelle à l’intraduisibilité linguistique, car dit-il :
« to talk of ‗cultural untranslatability‘ may be just another way of talking
about colloquial untranslatability : the impossibility of finding an equivalent

collocation in the TL. And this would be a type of linguistic untranslatability »
(Catford, 1965: 101).
Une telle attitude conduit Catford à envisager le processus de traduction sous
l’angle linguistique, même s’il reconnt que les différences linguistiques reflètent
les différences culturelles. Les écarts («shifts») constatés dans la traduction sont la
conséquence directe de la divergence entre équivalence formelle et équivalence

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textuelle : « By ‗shifts‘ we mean departures from formal correspondence in the
process of going from the SL to the TL » (Catford, 1965: 73). Il distingue deux types
d’écart : les écarts de niveau («level shifts») et les écarts de catégorie («category
shifts»). Les écarts de niveau concernent, par exemple, l’expression d’éléments
grammaticaux de la langue source en éléments lexicaux dans la langue cible et vice
versa. Quant aux écarts de catégories, ils traitent des changements intrasystémiques
qui peuvent intervenir lors du processus de traduction au niveau de la structure, de
la classe, d’unité ou de rang.
De toutes les théories linguistiques de la traduction, celle de Catford a
rencontré le moins de succès, parce qu’elle est trop axée sur le système linguistique
au lieu de l’usage qu’on en fait. Malgré sa distinction entre correspondance formelle
et équivalence textuelle, il n’arrive pas à percevoir que cette différence provient du
lien étroit entre langue et culture, et que, par conséquent, on ne saurait réduire la
traduction à un transfert purement linguistique. Les écarts dans la traduction
(«translation shifts») que constate Catford constituent une description des résultats
du processus, plutôt que d’une théorisation pouvant servir dans l’activité traduisante.
L’approche de Catford représente les théories ayant une conception
linguistique et mécaniste de la traduction qui non seulement ne correspond pas à la

pratique, mais bien souvent conduit à l’impossibilité de la traduction entre deux
langues. Certains linguistes, à l’instar de Vinay & Darbelnet (1958 / 1995) et de
leurs procédés de traduction que nous allons examiner ci-dessous, pensent que la
traduction est possible par le biais d’une étude comparative de la structure de la
paire de langues en présence.
1.1.1.3 Approche de Jean-Paul Vinay (1910-1999) et de Jean Darbelnet
(1904-1990)
Louvrage Stylistique comparộe du franỗais et de l'anglais (1958) de Vinay
et Darbelnet parut pour la première fois en anglais en 1995 sous le titre de
Comparative Stylistics of French and English. A Methodology for Translation (une
traduction et une édition de Sager et Hamel). Ces deux auteurs tentent de
développer dans leur ouvrage une approche de la traduction à partir d'une ộtude
comparative du franỗais et de l'anglais. Ils estiment que la traduction, le passage
d'une langue A à une langue B, relève d'une discipline de nature comparative. Le
but d’une telle discipline est d'expliquer les procédés impliqués dans le processus de
traduction et de faciliter sa réalisation par la mise en relief de lois valables pour les
deux langues en présence. La discipline susceptible d'expliquer le mécanisme de la
traduction n'est rien d'autre que la stylistique comparée selon Vinay & Darbelnet.

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La stylistique comparée est fondée sur la connaissance de deux structures
linguistiques ancrées dans deux cultures qui, par nature, appréhendent la rộalitộ de
faỗon diffộrente. Pour Vinay et Darbelnet, traduction et stylistique comparée sont
indissociables et toute comparaison doit porter sur des données équivalentes. Il
existe un lien étroit d'interdépendance entre traduction et stylistique :
« The procedures of the translator and the comparative stylistician are

closely linked, if in opposite senses. Comparative stylistics begins with translation
to formulate its rules; translators use the rules of comparative stylistics to carry out
translations » (Vinay & Darbelnet, 1995: 5).
Parmi les rôles qu'ils assignent à la traduction, il y a celui de la comparaison
de deux langues. La traduction permet de mener des recherches sur le
fonctionnement d'une langue par rapport à une autre et c'est en cela que l’étude de la
traduction est une discipline auxiliaire de la linguistique. Leur conception de la
traduction repose sur la linguistique saussurienne qui fait la distinction entre langue
et parole :
« Langue refers to the words and expressions generally available to speakers,
quite independent of the use they make of them. Once we actually speak or write,
these words belong to parole » (Vinay & Darbelnet, 1995: 15).
L'émetteur d'un message utilise les ressources de la langue pour transmettre
un message qui est personnel et imprévisible. Cette distinction entre langue et
parole permet aux auteurs de soutenir que les difficultés liées à la traduction
proviennent de la parole plutôt que de la langue.
Cependant, Vinay et Darbelnet notent que la langue nous étant donnée
comporte des servitudes et des options qui sont respectivement la grammaire et la
stylistique. Il appartient donc au traducteur de faire la part des choses entre ce qui
est imposé au rédacteur et ce qui relève de son libre choix. Servitudes et options
opèrent sur trois plans : le lexique, l'agencement et le message. Elles sont à la base
des différentes stratégies possibles de traduction. Pour Vinay et Darbelnet, il en
existe deux : la traduction directe ou la littérale et la traduction oblique. La
traduction directe consiste à transposer les éléments de la langue source dans la
langue cible, mais lorsque la transposition s’avère impossible à cause des
différences structurelles et métalinguistiques entre langue source et langue cible, la
traduction oblique s’impose.
Vinay et Darbelnet ont proposé sept procédés de traduction à savoir :
l’emprunt, le calque, la traduction littérale, la transposition, la modulation,
l’équivalence et l’adaptation.


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Cependant, on voit que les sept procédés de traduction qui découlent de cette
approche tiennent très peu compte des différences culturelles, des types et des
fonctions de texte et de l’audience visée. En effet, tout au long de l’ouvrage, les
auteurs ne cessent de répéter que le message constitue la préoccupation majeure du
traducteur. La notion d’unité de traduction, malgré son originalité, reste guidée par
l’importance accordée au message :
« Translators ... start from the meaning and carry out all translation
procedures within the semantic field. They therefore need a unit which is not
exclusively defined by formal criteria, since their work involves form only at the
beginning and at the end of their task. In this light, the unit that has to be identified
is a unit of thought, taking into account that translators do not translate words, but
ideas and feelings » (Vinay & Darbelnet, 1995: 21).
Les auteurs ne font pas de distinction entre unité de pensée, unité
lexicologique et unité de traduction. Une telle perception de la traduction, aussi
pertinente soit-elle du point de vue stylistique, montre les limites de l’approche
contrastive dans le cas de cultures différentes.
Cependant, cette approche comparative est sans doute intéressante lorsqu’on
veut confronter une traduction et son original en vue de faire ressortir les
caractéristiques des deux langues en présence. La méthode d’analyse de notre
corpus qui porte sur des traductions peut tirer des éléments de l’approche de Vinay
& Darbelnet pour décrire les langues en présence et les procédés de traduction.
Les limites des approches essentiellement linguistiques, à l’instar de celles de
Catford et de Vinay & Darbelnet, montrent la nécessité d’une approche pouvant
rendre compte de la possibilité d’une théorie et d’une pratique de la traduction

prenant en compte le lien ộtroit entre langue et culture. Cette nộcessitộ a ộtộ vite
perỗue par certains linguistes, parmi lesquels Mounin, dont nous allons présenter cidessous l’approche.
1.1.1.4 Approche de Georges Mounin (1910-1993)
À l ’opposé de celles de Catford et de Vinay & Darbelnet, l’approche de
Mounin bat en brèche les conceptions linguistiques qui, nous l’avons vu,
aboutissent à l’intraduisibilité d’une langue à l’autre parce que chaque langue,
comme le soutiennent de nombreux linguistes à l’instar de Whorf, découpe la rộalitộ
de faỗon diffộrente et unique. Tout en adhộrant la thèse selon laquelle la langue
représente une vision particulière du monde, Mounin (1963) a réussi à démontrer
que la traduction n’est pas qu’un transfert linguistique.

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Il ne s’agit pas pour Mounin de nier la réalité linguistique de la traduction, mais de
prouver que celle-ci comporte des aspects «non-linguistiques » et
«extralinguistiques». Ceux qui ont conclu très vite à l’intraduisibilité entre langues
sont partis du fait que le sens sur lequel porte la traduction dépend de l’énoncé
linguistique. À partir de la critique saussurienne du sens, Mounin (1963 : 40)
montre que «la saisie des significations... est, ou peut être difficile, approximative,
hasardeuse». Mais la difficulté à saisir le sens n’implique pas pour Mounin
l’impossibilité d’une théorie ou d’une pratique de la traduction car, relève-t-il,
malgré les différentes visions du monde qu’exprime la diversité linguistique, il
existe des universaux linguistiques, anthropologiques et culturels qui sous-tendent
les significations dans les langues : « Les universaux sont les traits qui se retrouvent
dans toutes les langues – ou dans toutes les cultures exprimées par ces langues »
(Mounin,1963: 196 ).
En ce qui concerne les systèmes linguistiques, il existe, selon Mounin, des

traits universels qui rendent la traduction possible pour peu que le traducteur
envisage une autre possibilité d’accéder aux significations des autres visions du
monde, à savoir la voie ethnographique. Mounin entend par ethnographie « la
description complète de la culture totale d‘une communauté » et la culture ellemême est considérée comme « l‘ensemble des activités et des institutions par où
cette communauté se manifeste » (Mounin, 1963: 233). La connaissance de la
culture de la langue source permet d’identifier les situations communes à la culture
de la langue cible et partant de rendre la traduction possible. Pour Mounin, ce qui
compte dans la communication, ce sont la situation et les différences linguistiques
notamment, qui, syntaxiquement, relèvent de l’arbitraire du signe :
« La traduction est un cas de communication dans lequel, comme dans tout
apprentissage de la communication, celle-ci se fait d‘abord par le biais d‘une
identification de certains traits d‘une situation, comme étant communs pour deux
locuteurs. Les hétérogénéités des syntaxes sont «court-circuitées» par l‘identité de
la situation » (Mounin 1963 : 266).s
L’approche de Mounin est intéressante d’un double point de vue. D’abord,
elle constitue la réponse d’un linguiste à d’autres linguistes au sujet des questions de
la traduction, en particulier de sa possibilité ou de son impossibilité. Ensuite, son
approche arrive à résoudre la question de la diversité des langues par le biais des
universaux tout en affirmant que culture et langue ont le même poids dans la
traduction. Pour Mounin, la traduction nécessite la connaissance de la langue et la
connaissance de la culture dont cette langue est l’expression.

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À présent, nous allons nous intéresser à l’approche de Nida, qui, à partir
d’une conception linguistique de la traduction, va évoluer vers une approche
sociolinguistique.

1.1.1.5 Approche d’Eugene Nida (1914-2011)
Il existe sans doute plusieurs approches sociolinguistiques de la traduction. Mais
Eugene Nida est sans conteste le plus connu. Il constitue l'un des personnages les
plus importants du XXè siècle en matière de théorie et de pratique de la traduction,
en particulier biblique. Comme nous l’avons indiqué, il n’est pas aisé de catégoriser
Nida, tant les fondements de sa théorie de la traduction se nourrissent à plusieurs
sources : linguistiques, sociolinguistiques, culturelles et surtout théologiques. Nida,
lui-même, distingue essentiellement trois approches thộoriques de la traduction :
philologiques, linguistiques et sộmiotiques.
Nous plaỗons sa théorie parmi les catégories sociolinguistiques parce que dans le
schéma classique qui envisage la traduction comme étant celle d’une langue source
vers une langue cible, Nida abandonne les notions «cible» (target) et «langue cible»
(target language) au profit de celles de «récepteur» et de «langue réceptrice». Pour
Delisle (1984: 56) qui range également la théorie de Nida dans la catégorie des
théories sociolinguistiques, l’utilisation d’une telle terminologie témoigne du souci
de l’auteur de rattacher sa théorie de la traduction à celle de la théorie de la
communication et d’adapter le message biblique à la mentalité de chaque peuple.
La traduction ne peut ờtre perỗue en termes purement linguistiques aux yeux de
Nida (1969: 130) : « Linguistic features are not the only factors which must be
considered. In fact, the «cultural elements» may be even more important ». De ce
fait, Nida est certainement parmi les tout premiers qui ont pris leurs distances vis-àvis du débat entre traduction «littérale» et traduction «libre» qui a prévalu depuis les
origines de la traduction jusqu'au XXe siècle.
Pourtant, il faut distinguer dans l’approche de Nida une évolution d’une
théorie linguistique vers une théorie sociolinguistique de la traduction. Au départ,
sous l’influence de Chomsky qui dominait la linguistique avec sa grammaire
générative dans les années 1960, Nida développe une théorie linguistique de la
traduction qu’il tente d’ériger en science :
« When we speak of "science of translating", we are of course concerned
with the descriptive aspect; for just as linguistics may be classified as a descriptive
science, so the transference of a message from one language into another is

likewise a valid subject for scientific description» (Nida, 1964 : 3).

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Pour Nida, le traducteur doit avoir une approche générative de la langue, la
clé devant lui fournir le moyen de générer le texte cible :
« A generative grammar is based upon certain fundamental kernel sentences,
out of which the language builds up its elaborate structure by various techniques of
permutation, replacement, addition, and deletion. For the translator, especially, the
view of language as a generative device is important, since it provides him first with
a technique for analysing the process of decoding the source text, and secondly with
a procedure for describing the generation of the appropriate corresponding
expressions in the receptor language » (Nida, 1964 : 60).
Étant donné que les langues sont fondamentalement différentes les unes des
autres en ce qui concerne le sens des symboles qui la composent ou l'organisation
de ces symboles eux-mêmes, Nida en conclut qu'il ne saurait y avoir de
correspondance absolue entre langues. C'est bien une telle approche qui a conduit
Nida à définir le processus de traduction comme suit :
« Translating [which] consists in producing in the receptor language the
closest natural equivalent to the message of the source language, first in meaning,
and secondly in style (Nida, 1969 : 12). - Traduire signifie produire en langue
d´arrivée l´équivalence naturelle la plus proche du message de la langue de départ,
d´abord en signifié, ensuite en style ».
Il est évident qu´il attribue une valeur primordiale au sens communicatif,
donc l´objectif est de créer un message clair et intelligible en n´importe quelle
langue.
De plus, dans son essai fondamental sur la traduction biblique « Toward a

Science of Translating (1964) », Nida introduit deux concepts fondamentaux, ceux
d´équivalence formelle et d’équivalence dynamique, qui peuvent influencer la
manière de traduire. Alors, il faut que le traducteur analyse les idées sous-jacentes
du texte à traduire et les place dans la langue d’arrivée avant de convertir le texte à
la langue d’arrivée.
L'équivalence formelle accorde une importance à la forme et au contenu du
message. Ce type de traduction est tourné vers le texte source : le texte cible doit
correspondre le plus possible au texte source avec son contenu et sa forme. Quant à
l'équivalence dynamique, dont Nida lui-même est partisan, elle vise à exprimer de la
faỗon la plus naturelle possible le message en prenant en compte la culture du
destinataire du message. Elle cherche à produire chez le destinataire du texte cible
un effet équivalent à celui produit chez le destinataire du texte source :

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« Dynamic is therefore to be defined in terms of the degree to which the
receptors of the message in the receptor language respond to it in substantially the
same manner as the receptors in the source language. This response can never be
identical, for the cultural and historical settings are too different, but there should
be a high degree of equivalence response, or the translation will have failed to
accomplish its purpose » (Nida 1969:24).
De même, Nida, dans son ouvrage « Toward a Science of Translating (1964),
fait une distinction, en traduction, entre l´équivalence formelle et l´équivalence
dynamique, la première faisant référence à une reproduction fidèle des éléments
formels du texte source, tandis que la deuxième rend compte de l´équivalence
d´effet communicatif extralinguistique :
Une traduction visant l´équivalence dynamique cherchera à créer une

expression totalement naturelle, afin de placer le destinataire devant des modes de
comportement propres à sa culture ; une telle traduction ne cherche pas à ce que le
destinataire comprenne les comportements culturels de la situation source afin
d´appréhender le message (Nida, 1964: 159).
Dans un article intitulé « A Framework for the Analysis and Evaluation of
Theories of Translation», Nida souligne la finalité de la traduction, les rôles
respectifs du traducteur et des destinataires, ainsi que les implications culturelles du
processus de traduction :
« Quand on s´interroge sur la supériorité éventuelle d´une traduction sur
une autre, la réponse ne peut être donnée sans avoir réponse à une autre question :
«Supérieure pour qui ? ». Dans le cas de différentes traductions d´un même texte,
l´adéquation relative de chacune d´elles est toujours fonction de la mesure où
chaque traduction arrive à remplir la finalité recherchée. C´est-à-dire que la
validité relative de chaque traduction sera jugée selon la capacité des destinataires
à réagir au message (pour ce qui est du contenu aussi bien que de al forme), par
rapport à : 1. la réaction que l´auteur du texte source voulait que soit la réaction
chez les destinataires en langue source ; 2. la réaction réelle de ceux-ci. Il est
évident que les réactions ne sauraient jamais être identiques, puisque la
communication interlinguale implique toujours des différences de type culturel,
notamment des différences entre les systèmes de valeurs, les présupposés
conceptuels et les antécédents historiques » (Nida, 1976: 64).
Nida qualifie cette approche de sociolinguistique. Pourtant, l´application de
cette approche à la traduction en général l´amène à proposer un modèle à trois
étapes pour le processus de traduction. Dans celui-ci, les éléments de surface du

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