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Các động từ tình thái devoir falloir pouvoir vouloir và các dạng thức tương đương trong tiếng việt ngôn ngữ học

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UNIVERSITÉ NATIONALE DE HANOÏ
UNIVERSITÉ DE LANGUES ET D'ÉTUDES INTERNATIONALES
DÉPARTEMENT DES ÉTUDES POST-UNIVERSITAIRES
---------------------------------

HÀ MINH PHƯƠNG

LES VERBES MODAUX "DEVOIR", "FALLOIR",
"POUVOIR", "VOULOIR" ET LEURS MOYENS
D'EXPRESSION ÉQUIVALENTS EN VIETNAMIEN
CÁC ĐỘNG TỪ TÌNH THÁI "DEVOIR", "FALLOIR",
"POUVOIR", "VOULOIR" VÀ CÁC DẠNG THỨC
TƯƠNG ĐƯƠNG TRONG TIẾNG VIỆT

MÉMOIRE DU MASTER

Discipline : LINGUISTIQUE FRANÇAISE
Code

: 60. 220. 203

HANỌ - 2013


UNIVERSITÉ NATIONALE DE HANOÏ
UNIVERSITÉ DE LANGUES ET D'ÉTUDES INTERNATIONALES
DÉPARTEMENT DES ÉTUDES POST-UNIVERSITAIRES
---------------------------------

HÀ MINH PHƯƠNG


LES VERBES MODAUX "DEVOIR", "FALLOIR",
"POUVOIR", "VOULOIR" ET LEURS MOYENS
D'EXPRESSION ÉQUIVALENTS EN VIETNAMIEN
CÁC ĐỘNG TỪ TÌNH THÁI "DEVOIR", "FALLOIR",
"POUVOIR", "VOULOIR" VÀ CÁC DẠNG THỨC
TƯƠNG ĐƯƠNG TRONG TIẾNG VIỆT

MÉMOIRE DU MASTER

Discipline

: LINGUISTIQUE FRANÇAISE

Code

: 60. 220. 203

Directeur de recherche: DR. TRỊNH ĐỨC THÁI

HANOÏ - 2013


TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION ........................................................................................ 8
CHAPITRE 1: CADRE THÉORIQUE .................................................... 11
1.1. Aperỗu gộnộral sur les verbes en franỗais et en vietnamien.................................... 11
1.1.1. Les verbes en franỗais .................................................................................... 11
1.1.2. Les verbes en vietnamien ............................................................................... 12
1.2. Concepts théoriques de la modalité en linguistique ............................................... 13
1.2.1. Définitions de la modalité .............................................................................. 13

1.2.2. Classification des modalités ........................................................................... 15
1.2.3. Modalisateurs en linguistique ......................................................................... 18
1.2.3.1. Des modalisateurs lexicaux et morphosyntaxiques................................... 18
1.2.3.2. Des modalisateurs phonétiques ............................................................... 22
1.2.4. Qu'est-ce que c'est un verbe modal? ............................................................... 23

CHAPITRE 2: LES VERBES MODAUX "DEVOIR", "FALLOIR",
"POUVOIR", "VOULOIR" ET LEURS MOYENS D'EXPRESSIONS
ÉQUIVALENTS EN VIETNAMIEN........................................................ 25
2.1. Valeurs modales des verbes "devoir", "falloir", "pouvoir" et "vouloir". ................. 26
2.1.1. Le verbe "devoir" ........................................................................................... 26
2.1.1.1. "Devoir" déontique.................................................................................. 26
2.1.1.2. "Devoir" épistémique .............................................................................. 28
2.1.1.3. "Devoir" aléthique .................................................................................. 30
2.1.2. Le verbe "falloir" ........................................................................................... 32
2.1.2.1. "Falloir" déontique ................................................................................. 32
2.1.2.2. "Falloir" épistémique .............................................................................. 34
2.1.3. Le verbe "pouvoir" ......................................................................................... 36
2.1.3.1. "Pouvoir" déontique ................................................................................ 36
2.1.3.2. "Pouvoir" épistémique ............................................................................. 39
2.1.4. Le verbe "vouloir" .......................................................................................... 40
2.1.4.1. "Vouloir" déontique................................................................................. 40
2.1.4.2. "Vouloir" épistémique ............................................................................. 41
2.1.4.3. "Vouloir" volitif ....................................................................................... 42
2.2. Moyens d'expression équivalents en vietnamien des verbes "devoir", "pouvoir",
"vouloir", "falloir" ....................................................................................................... 43


2.2.1. Constitution du corpus ................................................................................... 43
2.2.2. Le verbe "devoir" ........................................................................................... 44

2.2.2.1. Devoir déontique ..................................................................................... 44
2.2.2.2. Devoir épistémique .................................................................................. 47
2.2.2.3. Devoir aléthique ...................................................................................... 50
2.2.3. Le verbe "falloir" ........................................................................................... 51
2.2.3.1. Falloir déontique..................................................................................... 51
2.2.3.2. Falloir épistémique ................................................................................. 55
2.2.4. Le verbe "pouvoir" ......................................................................................... 55
2.2.4.1. Pouvoir déontique ................................................................................... 56
2.2.4.2. Pouvoir épistémique ................................................................................ 59
2.2.5. Le verbe "vouloir" .......................................................................................... 61
2.2.5.1. Vouloir déontique .................................................................................... 61
2.2.5.2. Vouloir épistémique................................................................................. 65
2.2.5.3. Vouloir volitif .......................................................................................... 66

CONCLUSION........................................................................................... 71
BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................... 73
ANNEXE


INTRODUCTION
1. Problématique
Qu'est-ce qu'un "verbe modal"? Ce terme désigne un phénomène linguistique
familier et très répandu. En effet, depuis le début du XX e siècle, la modalité dans le
domaine verbal est devenue une question linguistique majeure d'autant plus qu'elle
fait

partie

intégrante


de

l'énoncé

et

que

son

interprétation

contribue

considérablement à l'appréhension de son "dit". Proposer, suggérer, estimer,
demander, ordonner, douter,... tous ces actes de langage et beaucoup d'autres ne
sauraient s'effectuer sans la présence de tels verbes. Ainsi, le rôle typique de la
modalité est de refléter l'opinion du sujet parlant afin d'exprimer son appréciation,
son jugement, etc. sur le contenu mentionné dans la phrase. Cette opinion est fondée
sur la relation entre le locuteur et l'interlocuteur ainsi que le fait et les circonstances
de la communication.
Etant enseignant de franỗais, nous constatons que les verbes modaux en
gộnộral et les verbes "devoir", "falloir", "vouloir", "pouvoir" en particulier occupent
une place indispensable dans le fonctionnement de la langue franỗaise. Ce sont des
verbes qui apparaissent assez fréquemment. L'utilisation de ces verbes couvrent un
champ sémantique très varié. En fait, l'emploi des verbes modaux peut modifier les
nuances sémantiques des énoncés.
Pourtant, les grammaires scolaires consacrent en général peu de place à
l'analyse de ces verbes, tout au plus une remarque en passant sur les particuliarités
sémantiques dans la rubrique des verbes. Jusqu'à ces dernières décennies, on voit

appartre des recherches théoriques traitant sérieusement la question des verbes
modaux.
De plus, il n'existe pas encore d'études descriptive et analytique profondes au
plan sộmantique entre ces verbes franỗais et leurs homologues en vietnamien.
D'ailleurs, ainsi que la modalité et notamment les verbes modaux sont largement
enseignés et étudiés en France et dans d'autres pays du monde, il reste encore dans
notre pays bien peu de recherches sur ce domaine. Son enseignement n'est pas
systématique et n'a pas encore sa vraie place.


Face à cette situation et en tant qu'enseignant de la pratique de la traduction,
nous nous proposons de réaliser cette recherche dont l'intitulé est "Les verbes
modaux "devoir", "falloir", "pouvoir", "vouloir" et leurs moyens d'expression
équivalents en vietnamien".
2. Objectifs de recherche
Notre recherche a pour objectif d'analyser les valeurs modales des verbes
"devoir", "falloir", "vouloir", "pouvoir" et ensuite de donner des remarques sur les
moyens d'expression de ces verbes en vietnamien ainsi que sur les difficultés au
cours de traduction de ces verbes.
3. Questions de recherche
À partir de l'objectif de recherche, nous formulons les questions de recherche
concrètes suivantes:
(1). Quelles sont les valeurs modales des verbes "devoir", "falloir",
"vouloir", "pouvoir"?
(2). Quels sont les moyens d'expression équivalents en vietnamien de ces
verbes ?
4. Hypothèses de recherche
Pour répondre à nos deux questions de recherche, nous envisageons deux
hypothèses suivantes:
(1). Les verbes "devoir", "falloir", "vouloir", "pouvoir" en franỗais reflốtent

plusieurs valeurs modales diffộrentes: dộontique, ộpistộmique, implicative, etc.
(2). Les moyens d'expression de ces verbes en vietnamien sont: "phải",
"nên", "cần phải", "muốn", "có thể", etc.
5. Méthodologies de recherche
Pour entreprendre notre travail, nous avons recours à un certain nombre
d'approches et méthodes de recherche, particulièrement, la méthode descriptive.
Dans un premier temps, nous avons conscience que, pour cette étude, le
recours à la documentation est indispensable. Cette recherche documentaire nous a


permis une analyse plus ou moins approfondie dans la partie dite "Cadre théorique"
servant de base pour une description de la modalité dans la deuxième partie.
D'autre part, nous avons également appliqué l'analyse synthétique pour
dégager les valeurs modales des verbes en question.
Ainsi, l'objectif de notre travail est d'analyser les valeurs modales des verbes
devoir, falloir, pouvoir, et vouloir, et plus loin, nous donnerons des remarques sur la
traduction de ces verbes en vietnamien. Pour cela, nous avons recours à une
méthode descriptive et analytique. La recherche descriptive joue un rôle très
important dans notre travail de recherche. Parmi les démarches d'investigation
potentielles concernant ce type de recherche, l'analyse des données langagières est
celle qui sera adoptée dans la première partie de ce mémoire. Ensuite, nous nous
basons essentiellement sur des théories linguistiques pour décrire et analyser les
valeurs des verbes choisis, ainsi que leurs moyens d'expressions équivalents en
vietnamien dans le deuxième chapitre.
6. Plan du mémoire
Notre présent mémoire se compose de deux chapitres: "Cadre théorique" et
"Les valeurs modales des verbes devoir, falloir, pouvoir, vouloir et leurs moyens
d'expression équivalents en vietnamien".
Le premier proposera quelques généralités sur la modalité et la définition
d'un verbe modal. Cette partie favorise une analyse dans le deuxième chapitre qui

étudiera les valeurs modales des verbes "devoir", "falloir", "vouloir", "pouvoir" et
les moyens d'expressions équivalents de ces verbes en vietnamien.


CHAPITRE 1: CADRE THẫORIQUE

1.1. Aperỗu gộnộral sur les verbes en franỗais et en vietnamien
Dans la plupart des langues, le verbe et le nom sont toujours considérés
comme deux éléments essentiels pour une construction de phrase. En effet, le verbe
est l'une des classes grammaticales universelles qui joue un rôle majeur dans
l'organisation d'une phrase. En mettant en relation ses autres éléments constitutifs,
selon les règles morpho-syntaxiques propres à chaque langue, le verbe fait de la
phrase un ensemble signifiant dont il constitue le noyau.
Constitué comme tout autre mot d'un lexème susceptible de se combiner à
des morphèmes spécifiques, on peut envisager les verbes selon ses deux
consitutants. Dans les langues dotées de conjugaisons, les morphèmes prennent la
forme de désinences qui peuvent indiquer la ou les personnes grammaticales en
rapport avec le verbe, le temps, l'aspect, le mode, la voix. Des verbes auxilaire et
semi-auxiliaire peuvent tenir dans certaines langues le rôle des morphèmes verbaux
ou les compléter.
En principe, un verbe est un mot qui peut exprimer:
- l'action accomplie par le sujet;
- l'action subie par le sujet;
- l'existence du sujet;
- l'état du sujet;
- la relation entre le sujet et l'attribut.
1.1.1. Les verbes en franỗais
Dans la plupart des langues, nous trouvons au moins deux éléments
essentiels pour une construction de phrase: nom et verbe. Dans cette partie, nous
présentons brièvement une classification des verbes en franỗais sur le plan

sộmantique. Ici, nous nous contenterons d'exposer les classes verbales proposées par
Z. Vendler (Temporalité et classes de verbes dans L'information grammaticale no
39, p3-8). Ce dernier établit quatre types de verbes comme suit:


- Verbes d'état
- Verbes d'activité
- Verbes d'accomplissement
- Verbes d'achèvement
Les traits sémantiques à l'origine de chaque catégorie sont les suivants: +/dynamique, +/- duratif, +/- télique et +/- ponctuel.
Verbes d'état

aimer Paris

Verbes d'activité

lire beaucoup

Verbe d'accomplissement

lire un roman

Verbe d'achèvement

partir

"Ainsi, les verbes d'état sont -dynamique, alors que les autres catégories sont
+dynamique, du fait que leur réalisation nécessite de l'énergie. Les verbes
d'achèvement sont +ponctuel parce que leur action s'achève dès qu'elle commence.
Ce sont des verbes +téliques, tout comme les verbes d'accomplissement: c'est le

point final qui est important à leur sens. A la différence des verbes d'achèvement,
les verbes d'accomplissement sont - ponctuel, mais +duratifs, en raison de la durée
qui est nécessaire avant que leur action ne s'achève. Les verbes d'activité sont
+duratifs, comme les verbes d'accomplissement. Par contre, ces derniers, comme
les verbes d'état, n'ont pas de point final. En conséquence, il s'agit de verbes téliques." (Les temps du passộ franỗais et leur enseignement; p185)
1.1.2. Les verbes en vietnamien
Comme vous le savez, le système verbal en vietnamien joue un rôle très
important dans le fonctionnement de cette langue. Ainsi, la structure verbale est
utilisée dans presque toutes les conversations quotidiennes.
Selon plusieurs linguistes vietnamiens, les verbes en vietnamien sont divisés
en deux grands groupes: les verbes modaux et les verbes opérationnels.
Le premier groupe comprend des verbes qui marquent:


- Le processus: bắt đầu, tiếp tục, tiếp diễn, hết, thôi, xong, et.c
- La nécessité: cần, nên, phải, etc.
- La possibilité: có thể, khơng thể, etc.
- Le souhait: muốn, mong, thèm, hòng, chực, etc.
- La volonté: dám, định, toan, quyết, etc.
- La passivité: bị, phải, chịu, được, etc.
Le deuxième groupe du système verbal en vietnamien se compose des verbes
opérationnels. Ces verbes comprennent des verbes qui expriment:
- L'action: đọc, ăn, đánh, làm việc, chơi, đi, etc.
- L'impression: yêu, nhớ, tin, nghe, biết, nghi ngờ, etc.
- La direction: ra, vào, lên, xuống, etc.
- L'existance: có, cịn, hết, mất, etc.
- La transformation: hóa thành, nên, trở thành, etc.
- La comparaison: bằng, thua, hơn, kém, etc.
1.2. Concepts théoriques de la modalité en linguistique
1.2.1. Définitions de la modalité

La modalité est un domaine qui concerne différents faits de langue et fait
toujours l'objet des polémiques linguistiques. En effet, plusieurs textes, articles et
livres, publiés entre 1974 et 2000, traduisent l'évolution de la problématique de la
modalité et des verbes modaux.
La modalité, on le sait, est une notion aux définitions multiples et aux
frontières floues. En effet, bon nombre de grammairiens et de linguistes, dans leurs
ouvrages, ont donné leurs définitions de "modalité". La conception minimaliste
consiste à dire qu'elle regroupe au moins deux catégories: le nécessaire et le
possible, c'est-à-dire le sémantisme des verbes "devoir" et "pouvoir". En
linguistique, ce sont deux séries de modalités qui sont généralement distinguées: la
modalité épistémique et la modalité déontique (ou radicale). Pour certains linguistes


cependant il est nécessaire d'ajouter à ces deux séries d'autres modalités, comme par
exemple les modalités aléthiques, ou encore, les modalités existentielles, factuelles
ou axiologiques. D'un autre côté, il y a des auteurs, comme Eric Gilbert, qui
refusent le cadre de la traditionnelle distinction entre la modalité épistémique et la
modalité déontique. D'ailleurs, si on aborde des définitions "larges", la modalité est
l'attitude du sujet parlant vis-à-vis du contenu propositionnel de l'énoncé. La
modalité inclura alors la nécessité, la possibilité, le potentiel, etc. Nous en
présentons ici une synthèse des définitions de la modalité.
Tout d'abord, dans le Robert (1998), le mot "modalité" connt trois
significations:
- Forme particulière d'une pensée, d'un fait, d'un être, d'un objet, d'une
organisation, etc., manière dont se fait une action: les modalités de paiement.
- Ensemble des formes permettant au locuteur d'indiquer la manière dont il
envisage le contenu de son énoncé.
- Manière dont le prédicat est rapporté au sujet de la proposition dans
laquelle il figure.
En linguistique, l'un des premiers à s'occuper des modalités est Ferdinard

Brunot, qui, dans son ouvrage de référence "La pensée et la langue" (1992: p507),
donne une définition de la modalité comme suit: "une action énoncée, renfermée,
soit dans une question, soit dans une énonciation positive ou négative, se présente à
notre jugement, à notre sentiment, à notre volonté, avec des caractères extrêmement
divers. Elle est considérée comme certaine ou comme possible, on la désire ou on la
redoute, on l'ordonne ou on la déconseille, etc. Ce sont là des modalités de l'idée."
Ensuite, selon la théorie de Ch. Bally dans le Dictionnaire de linguistique
(2002:305), tout énoncé communique une pensée et comprend deux composantes: le
dictum, correspondant au contenu représenté, à ce qui est dit du monde de
référence, et le modus, correspondant à l'attitude exprimée par l'auteur de l'énoncé.
Dans la perspective pragmatique, le dictum correspondrait au contenu
propositionnel et le modus à la force illocutoire de l'énoncé.


Tandis que E.Benveniste dans "Problèmes de linguistique

générale 1"

(1965) traite la modalité "comme une assertion complémentaire portant sur énoncé
d'une relation, ce qui évoque le moule V modal + que + prédiction".
Lors d'un colloque portant sur la modalité à Berlin en 1989, E. Roulet précise
ce qu'il faut entendre par la modalité: "Je définirais la modalité comme une marque
du point de vue de l'énonciateur portant sur l'ensemble d'une proposition, ce qui
exclut du champ des modalités le vocabulaire axiologique lorsqu'il a une portée
locale, interne à la proposition".
D'après Cervoni (L'énonciation, 1987:65), "la notion de modalité implique
l'idée qu'une analyse sémantique permet de distinguer, un dit (appelé parfois
"contenu propositionnel") et une modalité - un point de vue du sujet parlant sur ce
contenu".
De son côté, Nicole Le Querler dans "Typologie des modalités" (1996:14)

pose la notion d'attitude constative ou informative du locuteur pour ainsi exclure
l'assertion simple des marqueurs de modalité: "Je proposerai comme définition de la
modalité: expression de l'attitude du locuteur par rapport du contenu
propositionnel de son énoncé".
"La Grammaire d'aujourd'hui", quant à elle, distingue les modalités logiques
(possibilité, nécessité, etc.) des modalités qui définissent le statut de la phrase "en
tenant compte de l'attitude du sujet parlant à l'égard de son énoncé et du
destinataire" (Arrivé, Gadet et Galmiche: 1986, p.390): c'est l'assertion, elle-même
divisée en affirmation et négation, interrogation, exclamation, ordre; c'est donc
également une conception très large de la modalité, dans laquelle toute assertion est
modale.
Quant à nous, nous partirons de la définition large de la modalité, selon
laquelle la modalité appart dans un énoncé comme étant des moyens langagiers
qui reflètent l'attitude du locuteur au contenu propositionnel de son énoncé.
1.2.2. Classification des modalités
Comme nous avons commenté plus haut, une catégorisation possible des
modalités suscite dans la pratique des points de vue très divergents.


Chez Culioli (La théorique des opérations énonciatives, 1976: 69-73), la
modalité se divise en quatre groupes:
"- La modalité 1: assertion, interrogation, injonction;
- La modalité 2: probable, vraisemblable, possible, éventuel;
- La modalité 3: appréciatif
- La modalité 4: "intersubjectif" i.e. volitif, déontique, permissif."
Tandis que dans une approche énonciative, on distingue les modalités
d'énonciation et les modalités d'énoncé:
- Les modalités d'énonciation marquent "l'attitude énonciative" du sujet de
l'énonciation "dans sa relation à son allocutaire" Elles se traduisent par différents
types de phrases énonciatives: assertive, interrogative ou injonctive.

- Les modalités d'énoncé marquent "son attitude vis-à-vis du contenu de
l'énoncé". Elles exprime la manière dont l'énonciateur apprécie le contenu de
l'énoncé.
Quant à d'autres linguistes comme Nicole Le Querler, Patrick Dendale, etc.,
ils approuvent la classification des modalités en trois groupes: les modalités
subjectives, les modalités intersubjectives et les modalités objectives:
- Les modalités objectives marquent le rapport que le sujet énonciateur
établit entre le contenu propositionnel de son énoncé et des réalités objectives. Ces
modalités objectives reflètent une stabilité ou une fluctuation qui est celle du
monde, et la rapporte. Elles se répartissent en deux sous-catégories comme suit:
+ Les modalités ontiques qui impliquent simplement un jugement de
vérité: Elle est déjà venue; elle vient; elle va venir; je te dis qu'elle vient; j'affirme
qu'elle vient; j'annonce qu'elle vient; j'atteste qu'elle vient; je confirme sa venue; je
te signale qu'elle vient; etc.
+ Les modalités aléthiques qui fluctuent autour du caractère vrai,
faux, incerain du fait présenté dans l'énoncé. L'engagement du sujet parlant y est
implicite: Il est possible qu'elle vienne; elle devrait venir; il est probable qu'elle
vienne; elle va bien venir; il y a de bonnes chances qu'elle vienne; etc.


- Les modalités subjectives marquent le rapport que le sujet énonciateur
entretient lui-même avec le contenu propositionnel de son énoncé. Ce type de
modalité comprend les modalités épistémiques et les modalités appréciatives:
+ Les modalités épistémiques comprennent le vrai, le faux et
l'incertain, mais à la différence des modalités aléthiques, le fait est ici explicitement
évalué par le sujet parlant, autrement dit le degré de certitude du locteur. En d'autres
termes, la présence de celui-ci est manifestée: Je crois qu'elle vient; je doute qu'elle
vienne; j'ignore si elle vient; je sais qu'elle vient; je m'aperỗois qu'elle va venir; je
prévois sa venue; etc.
+ Les modalités appréciatives (ou encore axiologiques/ expressives)

jugent le fait en termes de bon, mauvais et normal; c'est-à-dire l'appréciation
positive ou négative du locuteur sur le contenu propositionnel: Je regrette qu'elle
vienne; malheuresement, elle est déjà venue; je me réjouis qu'elle vienne; j'aime
qu'elle vienne; j'apprécie sa venue; je condamme sa venue; je critique sa venue; je
crains qu'elle vienne; etc.
- Les modalités intersubjectives marquent le rapport que le sujet énonciateur
entretient avec un autre sujet à propos du contenu propositionnel de son énoncé. La
modalité intersubjective - volitive, déontique est la plus susceptible d'engager des
rapports avec le faire:
+ Les modalités volitives manifestent le désir et/ou la volonté: Je veux
qu'elle vienne; je refuse qu'elle vienne; j'accepte qu'elle vienne; je m'attends à ce
qu'elle vienne; etc.
+ Les modalités déontiques dirigent l'obligation (la nécessité), la
permission et l'interdiction: Elle doit venir; elle se doit venir; il faut qu'elle vienne;
il est nécessaire qu'elle vienne; c'est très important qu'elle vienne; elle ne peut pas
ne pas venir; etc.
En fait, la catégorisation des modalités est très diverse. Pourtant, dans le
cadre de notre mémoire de master, nous observons strictement la division en trois
grands groupes de modalité: les modalités subjectives, les modalités intersubjectives
et les modalités objectives, dans lesquels s'imposent les six sous-catégories de


modalité: les modalités épistémiques, les modalités appréciatives, les modalités
déontiques, les modalités volitives, les modalités ontiques et les modalités
altéthiques. Nous réalisons toujours qu'un énoncé peut très bien se pencher entre les
trois groupes de modalité ou encore entre leurs sous-catégorisations. Nous devons
tenir compte des contextes pour bien comprendre de quel(s) type(s) de modalité il
est question et éventuellement s'il existe tous les six, lequel est le dominant.
1.2.3. Modalisateurs en linguistique
L'énoncé porte souvent des marques de l'émetteur, qui communique ses

sentiments et ses opinions. L'émetteur peut également marquer la prise de position
sur l'information qu'il rapporte: signaler que l'information n'est pas sûre (marque de
probabilité); ajouter une appréciation positive ou négative.
Les moyens d'expression sont nombreux: l'intonation, l'accent, la
typographie, la ponctuation, certains types de phrase, des verbes d'opinion et de
jugement, certains adverbes, la prise de distance de l'émetteur vis-à-vis de son
énoncé peut se faire avec le conditionnel, le subjonctif, etc. ou par des phrases qui
citent plus ou moins précisement les sources de l'information.
Comme vous le savez, notre mémoire de master portent sur la modalité dans
le domaine verbal. Alors, nous tentons de centrer seulement sur les modalisateurs
lexicaux et morphosyntaxiques et de faire une esquisse sur d'autres moyens
d'expression de la modalité. Il est à noter que les moyens d'expression de la
modalité sont minutieusement traités par Nguyen Ngoc Luu Ly dans sa thèse de
doctorat.
1.2.3.1. Des modalisateurs lexicaux et morphosyntaxiques
Il est vrai que le choix de tel ou tel mot contribue efficacement à exprimer
l'attitude du locuteur à l'égard de ce qu'il dit, c'est-à-dire une nuance de modalité.
Nous allons maintenant les examiner:
En premier lieu, c'est l'expression de modalité au moyens des noms. Le choix
d'un mot dans le discours dépend beaucoup de l'émotion du locuteur, car il existe
des synonymes mais rarement des synonymes parfaits dans tous les cas.


Il s'agit des noms simples avec nuances affectives en fonction de registre de
langue. On peut citer ici le cas de "gueule" (langue familière) et "bouche" (langue
courante). Ces deux noms sont des synonymes mais on ne peut pas les remplacer
mutuellement dans tous les situations de communication parce que leur emploi
dépend de la relation des locuteurs. Ainsi, on peut très bien dire: "Ferme ta gueule!"
pour formuler une colère ou une menace, mais on ne peut pas dire : "Ferme ta
bouche!".

D'ailleurs, selon Nguyen Ngoc Luu Ly, les mots lexicaux expriment cette
fine expressive plus nettement que les mots grammaticaux. En effet, on peut utiliser
des mots dérivés pour exprimer en y ajoutant un affixe de sens mélioratif ou
péjoratif, etc.
Prenons les exemples suivants:
- Il s'est fait renverser par un chauffeur. (1)
- Il s'est fait renverser par un chauffard. (2)
Dans la première phrase, le chauffeur est peut-être un bon conducteur mais à
cause de quelque chose d'impartial qu'il a causé l'accident et on le voit avec
sympathie. Tandis que dans la seconde, on le juge comme un conducteur
irresponsable et dangereux, et on exprime le mépris envers lui en utilisant le suffixe
"-ard". Donc, le suffixe contribue énormément à l'expression de l'attitude du sujet
parlant à l'égard de son énoncé.
En deuxième lieu, c'est l'expression de la modalité au moyen des adjectifs.
Nous constatons que le locuteur peut exprimer son jugement, positif ou négatif, sur
l'information qu'il donne. Cette modalité est exprimée par l'adjectif employé. Nous
pouvons citer ici un exemple: Cette maison est belle/ Cette maison est jolie/ Cette
maison est moche.
En troisième lieu, nous voudrions aborder de l'expression de la modalité au
moyen des adverbes. Pour exprimer son sentiment, le locuteur peut employer les
adverbes, notamment les adverbes qui assurent le rôle de complément de phrase tels
que certainement, probablement, peut-être, sans doute, etc. ou plus généralement


celui des compléments circonstanciels comme: à mon avis, en toute franchise, etc.
Prenons l'exemple suivant pour illustrer ce cas:
- Cet automobiliste a une conduite à risque.
 C’est une phrase de nature descriptive, on ne reconnt pas l'attitude du locuteur
envers le procès.
- Certainement, cet automobiliste a une conduite à risque.

 C’est une phrase modalisée, on trouve nettement l'attitude du locuteur, grâce à la
présence de l'adverbe "certainement".
En quatrième lieu, nous voudrions mentionner l’expression de la modalité au
moyen des interjections. Il faut dire que les interjections traduisent un sentiment
spontané plus ou moins intense de celui qui parle. On peut ici citer quelques-uns :
ouf (pour exprimer le soulagement qui suit un état de tension) ; ah (pour exprimer
une émotion vive ou renforcer une affirmation/ une négation) ; oh (pour exprimer la
surprise).
En dernier lieu, nous terminons avec le modalisateur verbal. Comme les
autres parties du discours, le verbe ou la construction verbale est une expression de
la modalité qui aide le locuteur à exprimer les degrés sentimentaux différents :
opinion, probabilité, jugement, certitude, volonté, désir, etc. Analysons maintenant
quelques exemples suivants :
- Jacques doit faire ces exercices ce soir. (1)
- Marie peut oublier l’heure de conférence. (2)
- Cette chance part inespérée. (3)
- Je crois savoir ce qui s’est passé avec lui hier. (4)
Dans les énoncés (1), (2), et (3), le locuteur signale que l’information donnée
n’est pas certaine en utilisant des verbes modaux tels que : pouvoir, devoir et
partre. Dans le quatrième énoncé, le sujet parlant donne son opinion (sa certitude)
par le verbe croire.


Dautre part, en franỗais, il est souligner que le temps et le mode
contribuent largement à donner des traits sémantiques et des valeurs modales
différentes à chaque verbe modal. Ainsi, les formes flexionnelles des verbes telles
que "–ait" de l’imparfait, "-a" de futur, ou bien la combinaison entre ces deux
morphèmes du futur et de l’imparfait dans les formes du conditionnel joue
considérablement le rôle de modalisateur. Prenons l’exemple : Je voulais vous
demander un service.

La grammaire traditionnelle a longtemps laissé croire que les temps
grammaticaux

exprimaient

fondamentalement

une

référence

au

temps

chronologique. Alors, on disait volontiers la règle suivante "l’imparfait – c’est
hier". Mais, dans l’énoncé ci-dessus, valeur dominante de l’imparfait n’est pas la
valeur temporelle, ni la valeur aspectuelle, mais la valeur modale. On dit dans ce
cas, c’est l’imparfait de politesse. Pour illustrer clairement ce rôle du temps et du
mode des verbes, comparons les deux énoncés suivants:
- Il peut finir ce devoir en cinq minutes. (1)
- Il a pu finir ce devoir en cinq minutes. (1’)
Le verbe "pouvoir" dans l’énoncé (1) est conjugé au présent et il exprime une
possibilité. Tandis que le verbe "pouvoir" dans l’énoncé (1’) qui est conjugé au
passé composé, manifeste une probabilité. Ces deux phrases peuvent être
reformulées comme suit:
- (1) = C’est possible pour lui de finir ce devoir en cinq minutes.
- (1’) = Peut-être, cinq minutes sont suffisantes pour lui de finir ce
devoir.
Autrement dit, la valeur modale et l’effet de sens des verbes modaux

dépendent également du temps et du mode du verbe. D’autre part, il est à noter que
certains types de phrase, en particulier les phrases assertives, les phrases
exclamatives et les phrases interrogatives (quand elles posent de fausses questions)
sont des moyens efficaces pour refléter le vouloir dire du locuteur. Citons ici un
exemple: un garỗon fait la cour une jeune fille. Il veut l’inviter à sortir avec lui,
mais il n’ose pas le lui dire directement. Après un temps d’hésitation, il lui dit: "Ce


soir, il fait beau, il ne pleut pas". Cette phrase est purement une phrase assertive,
mais dans ce contexte précis, ce garỗon ne lutilise pas pour la description du temps
mais il veut proposer une invitation "Alors, nous sortons!".
En outre, quelques expressions mettant à distance information donnée sont
des moyens immanquables pour montrer la position du locuteur envers l’évènement.
En effet, dans certains énoncés, le locuteur peut signaler qu’il ne prend pas la
responsabilité de l’affirmation. Il signale que le contenu de celle-ci est, au contraire,
à mettre au compte d’une tierce personne (de type "selon des sources…", "d’après
Monsieur/ Madame X…", "selon vous", "si l’on suit ce raisonnement…", etc.).
Prenons quelques exemples suivants:
- Selons certains, ce film est intéressant.
- D’après Monsieur X, ce film est intéressant.
Une telle classification des marqueurs de modalité montre bien que la
modalité est une notion très hétérogène qui couvre différents faits linguistiques.
Dans la partie qui suit, nous présenterons un résumé des modalisateurs phonétiques.
1.2.3.2. Des modalisateurs phonétiques
Il est naturel que dans la parole, les différents phénomènes prosodiques ne
soient pas dissociés mais il existe des indices permettant à l’auditeur de savoir
exactement quelle interprétation il doit donner cette suite de sons.
Dabord, nous commenỗons avec lexpression de la modalité au moyen de
l’accentuation. D’après Faure.G (L'art d'enseigner et d'étudier des langues) ,
l’accent concerne "le relief plus ou moins grand donné à l’expression d’un cetain

contenu pensée ou d’émotion sans que se trouvent altérées les nuances
psychologiques de ce contenu". En franỗais, il y a deux types de laccent, ce sont
l’accent de base (ou l’accent tonique) et l’accent d’insistance. Le premier type est
caractérisé par un accent rythmique apparu quand on parle sans émotion, sans
affection, sans insistance expressive ou didactique, il est toujours inconscient. Pour
ce type, l’accent tombe toujours sur la dernière syllabe du groupe rythmique. Le
deuxième type est apparu quand on veut exprimer de différentes nuances de
sentiment, d’émotion. Ainsi, pour atteindre ce but, on peut imposer l’accent à


n’importe quelle syllabe d’un groupe rythmique. Prenons l’exemple: C’est ma
maison!. Dans cet énoncé, le locuteur peut mettre l’accent sur la syllable |ma| pour
insister sur la possession (C’est une maison de moi-même, ce n’est pas ta maison);
ou bien, sur |m| pour insister sur l’objet présenté dans l’énoncé (C’est ma maison,
ce n’est pas ma villa).
Enfin, pour terminer les modalisateurs phonétiques, nous voulons
mentionner l'expression de la modalité au moyen de l'intonation. Il faut dire que les
différentes formes d'appréciations du locuteur qui s'effacent le plus souvent à l'écrit,
peuvent être exprimées à l'aide de ce moyen. En réalité, plusieurs études montrent
que l'intonation joue un rôle énorme dans l'expression de la modalité. Ainsi, une
grande diversité d'émotion peut être transmise par de petites différences
d'intonation. L'intonation peut traduire la colère, la surprise, la certitude, la
déception, etc. Comparons maintenant l'exemple suivant:
- Mes clés!
- Je voudrais mes clés!
Dans le premier énoncé, c'est l'intonation qui tient le modus. Cet énoncé
montre bien le pouvoir expressif de l'intonation. Le deuxième énoncé a moins
d'expressivité intonative que le premier mais le deuxième énoncé est plus ambigu
du point de vu de l'intention, il pourrait signifier "Mais tu prends mes clés ou pas?"
ou bien "Apporte-moi mes clés!" ou "Oh! J'ai oublié mes clés!", et ce n'est que

l'intonation qui marque la modalité, dans le premier cas, surprise indignée, dans le
deuxième injonction.
Brièvement, les modalisateurs en linguistique sont très variés et ils sont assez
compliqués. Nous les résumons dans le tableau récapitulatif qui est présenté dans
l'Annexe. Dans la partie qui suit, nous essayerons de faire une synthèse des
définitions d'un verbe modal.
1.2.4. Qu'est-ce que c'est un verbe modal?
Maintenant que nous connaissons les généralités sur la modalité, alors, que
faut-il entendre par verbe modal?


Un verbe peut être appelé modal parce qu'il a été consacrộ comme tel par la
tradition grammaticale. S'y rangeraient de faỗon indiscutable des verbes comme
devoir ou pouvoir pour le franỗais, verbes dont les caractéristiques sémantiques et
syntaxiques ont été amplement décrites dans le passé.
Un verbe peut aussi être qualifié de modal quand il a parmi ses emplois au
moins un emploi modal. C'est le cas, par exemple, de l'auxiliaire du futur
pộriphrastique en franỗais, le verbe aller, étudié par Angela Schrott.
On peut également, comme Bernard Pottier et Aboubakar Ouattara,
considérer un verbe comme modal quand il comporte dans sa définition sémique un
ou plusieurs traits modaux. En effet le verbe renoncer, composé des traits modaux
"avoir voulu" et "ne plus vouloir", est, selon ce critère, à considérer comme un
verbe modal pour Ouattara.
Selon Pottier, "un verbe modal est une "lexie verbale simple ou complexe
traduisant linguistiquement [...] une catégorie modale universelle"" [Les verbes
modaux: iv]
Bref, on appellera verbe modal, toute lexie verbale simple ou complexe
traduisant linguistiquement une notion modale et par conséquent une catégorie
modale universelle.


Dans ce chapitre, nous avons étudié les gộnộralitộs sur les verbes en franỗais
et en vietnamien, les concepts théoriques de la modalité en linguistique. Cette partie
nous part bien importante car en nous basant sur ces résultats, nous avons analysés
les différents valeurs modales exprimées par les verbes "devoir", "pouvoir",
"falloir" et "vouloir".
Dans le chapitre qui suit, nous analyserons les valeurs modales manifestées
par ces verbes et puis, de donner des remarques sur leurs moyens d'expressions
équivalents en vietnamien.


CHAPITRE 2: LES VERBES MODAUX "DEVOIR", "FALLOIR",
"POUVOIR", "VOULOIR"
ET LEURS MOYENS D'EXPRESSIONS ÉQUIVALENTS
EN VIETNAMIEN

Le terme "verbe modal" désigne un phénomène linguistique familier et trốs
rộpandu en franỗais. Le systốme des verbes modaux a une frộquence assez
importante dans la langue franỗaise. Le sens des phrases et des énoncés dépend
d’une manière cruciale de l’emploi de ces verbes.
Les verbes modaux en franỗais sont en principe: devoir et pouvoir. À côté de
ces deux verbes, la langue donne également la fonction modalisante à d’autres
verbes, essentiellement vouloir, falloir, savoir, aller, sembler, partre. Cette série
des verbes modaux exprime des traits sémantiques différents et est d’un usage très
fréquent tant à l’oral qu’à l’écrit. Pourtant, les grammaires scolaires consacrent en
général peu de place à l’analyse de ces verbes, tout au plus une remarque en passant
sur les particularités sémantiques dans la rubrique des verbes. C’est au cours de ces
dernières décennies qu’on voit apprtre des élaborations théoriques traitant
sérieusement la question du verbe modal. Cependant, en linguistique franỗaise, le
statut exact de ces ộlộments nest pas encore bien déterminé.
Dans le cadre de notre travail, nous n’analyserons que les valeurs modales

des quatre verbes principaux : “devoir, pouvoir, falloir, vouloir” selon six souscatégories de modalité: les modalités épistémiques, les modalités appréciatives, les
modalités volitives, les modalités déontiques, les modalités ontiques et les modalités
aléthiques.


2.1. Valeurs modales des verbes "devoir", "falloir", "pouvoir" et "vouloir".
2.1.1. Le verbe "devoir"
Dans la linguistique franỗaise, les ộtudes sur le verbe "devoir" constituent,
sinon la totalité, au moins la majeure partie de la littérature concernant les verbes
modaux ou la modalité. Ce verbe renvoie, comme on le sait, à plusieurs valeurs.
Une théorie de la modalité se devrait donc de les articuler entre elles.
Il est courant de distinguer deux "devoir" : un devoir déontique et un devoir
épistémique. La modalité déontique au sens large est une modalité du FAIRE, qui
correspond à ce qu’on appelle, surtout en linguistique anglosaxonne, modalité
radicale, ou modalité orientée vers l’agent, alors que la modalité épistémique est
une modalité de l’ÊTRE. Autrement dit, les valeurs principales du verbe "devoir"
sont: (i) probabilité ou plausibilité, (ii) obligation (soit imposée par un tiers dont on
dépend, soit par une contrainte externe) et auto-obligation, à rapprocher de la valeur
aléthique.
En effet, un même énoncé comme (1) pris hors contexte possède plusieurs
valeurs modales (2) que le contexte contribue à déterminer:
(1). Marc doit nager.
(2). a. Il est probable, à l'heure qu'il est, que Marc soit à la piscine, il doit
donc nager.
b. C'est un ordre: Marc doit nager. (obligation, ordre)
c. À neuf ans, un enfant comme Marc doit nager, il se doit nager.
(auto-obligation)
2.1.1.1. "Devoir" déontique
Tout d'abord, dans les contextes déontiques, "devoir" est jugé plus solennel
ou insistant qu' "il faut". Ainsi, ce verbe exprime surtout l'obligation, la nécessité ou

la permission / l'interdiction. Nous citerons quelques exempes suivants pour
l'illustrer:
- "Les discriminations doivent être combattues car elles touchent les valeurs
même de la République. Elles touchent à l'égalité des droits de toutes personnes.
Elles touchent à l'égalité des chances". [ Propos de Jacques Chirac, le 3 mars 2005]


Dans cet exemple, le verbe "devoir" exprime une obligation qui signifie Il y a
une obligation de combattre les discriminations.
- Nous devons/ devrions l'aider à oublier sa tristesse.
Dans cet énoncé, "devoir" exprime clairement une nécessité. Autrement dit,
on peut le reformuler comme suit: Il est nécessaire que nous l'aidions à oublier sa
tristesse.
- “Pour atteindre le boulevard Montparnasse, j’ai dû me frayer un chemin
travers les couples dansants.
[Le mystốre Frontenac-Franỗois Mauriac: p187]
Dans lexemple ci-dessus, devoir traduit une obligation qui signifie Les
circonstances m’ont obligé à me frayer un chemin à travers les couples dansants.
- La scène va commencer dans 10 minutes. Tu dois être plus rapide, sinon,
tu seras en retard.
On constatons que le devoir dans cet énoncé exprime une nécessité. En effet,
on peut reformuler cette phrase avec il faut que comme suit: La scène va
commencer dans 10 minutes, alors, il faut que tu sois plus rapide.
- Il n'a rien compris. Il doit relire ce livre. (nécessairement devoir =
"obligation")
- " Le G8 de Gleneagles, en juillet prochain, doit permettre de franchir une
étape décisive sur le financement du développement".
[ Discours de Jacques Chirac, le 26 janvier 2005]
Cet énoncé de M. Chirac exprime une nécessité d'avoir une étape décisive
sur le financement du développement. On peut le transcrire comme suit: "Il est

nécessaire que le G8 de Gleneagles en juillet prochain donne une décision sur le
financement du développement"
- "Vaincre la pauvreté par l'alliance du marché et de la solidarité. Telle doit
être notre ambition partagée." (devoir = obligation)
[ Allocution de Jacques Chirac, février 2004]


- "La France du XXIe siècle va devoir procéder à une vaste distribution des
pouvoirs pour rendre aux citoyens des capacités d'action et une liberté d'initiative
qui ont été aujourd'hui confisquées."
[Discours de Jacques Chirac, le 10 avril 2002]
Dans cet énoncé, le verbe devoir à l'infinitif, suivant un autre verbe modal
"aller" exprime une obligation: "Il est obligatoire que la France du XXIe siècle
procède à une vaste distribution des pouvoirs pour rendre aux citoyens des
capacités d'action et une liberté d'initiative qui ont été aujourd'hui confisquées..."
2.1.1.2. "Devoir" épistémique
Ressortissant à la modalité épistémique du verbe “devoir”, au niveau du sens
problématique, ce verbe exprime une forte probabilité qui se laisse paraphraser par
des adverbes épistémiques tels que probablement, certainement, sans doute. Voici
quelques exemples:
- "Marlyse se retourne, grogne, se rendort. J’ai dû la heurter de mon coude."
[Le Gang – Roger Borniche: p296]
- Maman, tu as dû être très heureuse à ce moment-là, non?
- "Ça doit être un moment terrible que celui-là."
[Le Square – Marguerite Duras: p100]
- " Elle devait conntre juste ce qu'il fallait dans les carrières tragiques de
Vangogh, de Gaugain pour être épouvantée."
[La promesse de l'aube - Romain Gary: p12]
- "Le démon secret m'habitait toujours: il ne devait jamais me quitter."
[La promesse de l'aube - Romain Gary: p109]

- " J'avoue franchement que je craignais un peu l'entrée de ma mère dans le
monde diplomatique dont cette fameuse licence en droit devait, selon elle, m'ouvrir
un jour les portes".
[La promesse de l'aube - Romain Gary: p220]


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