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Étude des coverbes đã et đang dansla traduction en vietnamien du roman le colonel chabert dhonoré de balzac

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Étude des coverbes “Đã” et “Đang” dans la traduction en vietnamien du Roman “Le colonel Chabert”
d’Honoré de Balzac

UNIVERSITÉ DE VINH
DÉPARTEMENT DES LANGUES ẫTRANGèRES
===== =====

NguYễn THị VÂn

étude des coverbes đà et “®ang”
dans la traduction en vietnamien du
Roman “Le colonel Chabert”
d’HonorÐ de Balzac

MÐmoire de fin d’Ðtudes universitaires

Vinh, 2009
Mémoire de fin d’études universitaires - Nguyễn Thị Vân - 46A Pháp

1


Étude des coverbes “Đã” et “Đang” dans la traduction en vietnamien du Roman “Le colonel Chabert”
d’Honoré de Balzac

TABLE DE MATIÈRE
Remerciements .......................................................................................................3
Introduction ......................................................................................................... 4
Contenu ..................................................................................................................7
CHAPITRE 1: Fondements théoriques .................................................................7
1.1. Généralités sur la traduction .............................................................................7


1.1.1. Définitions de la traduction ...........................................................................7
1.1.2. Définitions de la traduction littéraire ............................................................8
1.1.3. Acceptions sur la traduction ....................................................................... 10
1.1.3.1. Fidélité à la lettre ..................................................................................... 10
1.1.3.2. Fidélité au sens ........................................................................................ 11
1.1.4. Préceptes ..................................................................................................... 11
1.2. Généralités sur la linguistique contrastive .................................................... 12
1.2.1. La linguistique ............................................................................................ 12
1.2.2. Définitions de la linguistique contrastive ................................................... 13
1.2.3. Historique de la linguistique contrastive .................................................... 13
1.2.4. Les insuffisances des études contrastives .................................................. 14
1.2.5. Limites et perspectives ............................................................................... 16
CHAPITRE 2: Étude des coverbes “Đã” et “Đang” dans le roman “Le
colonel Chabert” ................................................................................................... 18
2.1. Présentation de l’auteur et de l’oeuvre ......................................................... 18
2.1.1. L’auteur Honoré de Balzac ........................................................................ 18
2.1.2. L’oeuvre “Le colonel Chabert” .................................................................. 19
2.1.3. La traductrice Đặng Anh Đào .................................................................... 20
2.2. Quelques caractéristiques du vietnamien ...................................................... 21
2.3. Poin de vue sur le vietnamien........................................................................ 21
2.3.1. Point de vue traditionnel: Le vietnamien, une langue à temps verbaux .... 21
2.3.2. Point de vue non tradictionnel: Le vietnamien, une langue à aspect ......... 22
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d’Honoré de Balzac


2.4. La notion coverbe .......................................................................................... 22
2.4.1. L’absence du coverbe ................................................................................. 23
2.4.2. Le coverbe “Đã” ......................................................................................... 23
2.4.3. Le coverbe “Đang” ..................................................................................... 24
2.5. “Đã” et “Đang” dans la traduction “Đại tá Chabert” de Đặng Anh Đào ...... 25
2.5.1. Le coverbe “Đã” dans « Đại tá Chabert » ................................................. 25
2.5.1.1. “Đã” traduit dans le Présent .................................................................... 25
2.5.1.2. “Đã” traduit dans le Passé Composé ....................................................... 28
2.5.1.3. “Đã” traduit dans l’Imparfait................................................................... 31
2.5.1.4. “Đã” traduit dans le Passé simple ........................................................... 33
2.5.1.5. “Đã” traduit dans le Plus-que-parfait et l’Infinitif passé......................... 34
2.5.2. Le coverbe “Đang” dans « Đại tá Chabert » ............................................. 35
2.5.2.1. “Đang” traduit dans le Présent ................................................................ 36
2.5.2.2. “Đang” traduit dans l’Imparfait............................................................... 38
2.6. L’ordre des procès et la Localisation temporelle .......................................... 42
2.6.1. L’ordre des procès ...................................................................................... 42
2.6.2. La localisation temporelle .......................................................................... 42
CHAPITRE 3: Remarques Pédagogiques .......................................................... 44
3.1. Importance dans l’acquisition des caractères du vietnamien et de la
traduction .............................................................................................................. 44
3.2. Le penchant naturel de la traduction littérale ................................................ 45
3.3. Les exercices pratiques .................................................................................. 46
Conclusion ........................................................................................................... 52
Bibliographie ....................................................................................................... 54

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Étude des coverbes “Đã” et “Đang” dans la traduction en vietnamien du Roman “Le colonel Chabert”
d’Honoré de Balzac

Remerciements
Je remercie d’abord Monsieur Nguyễn Duy Bình, mon Directeur de
mémoire, pour la confiance qu’il m’a témoignée, la patience dont il a fait preuve
à mon égard et les indications qu’il m’a prodiguées depuis le début de ce travail.
Mes remerciements sont également addressés aux professeurs au
Département des Langues Étrangères, ceux qui m’ont enseignée au cours de mes
études à l’Université de Vinh.
Je remercie enfin toute ma famille, tous mes amis et camarades de classe
qui m’ont soutenue et encouragée tout au long de mon travail.

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d’Honoré de Balzac

INTRODUCTION
1. Motivations scientifiques
1.1 Le franỗais prend, depuis longtemps, une place spộciale dans notre
pays. Cette langue est utilisée dans plusieurs domaines comme économique,
politique, culturel, diplomatique… Il existe des mots, des phrases qui sont
équivalents en franỗais mais qui ne le sont pas en vietnamien. Ce serait peut-ờtre
un des obstacles pour lapprentissage du franỗais des vietnamiens.
1.2 Acquérir une nouvelle langue est, peut-on dire, synonyme de découvrir
une nouvelle culture avec des moeurs et des coutumes originales. À l’aide des

connaissances culturelles de tel ou tel pays, nous pouvons bien apprendre la
langue, traduire de manière scientifique en langues différentes, sans perdre la
pureté linguistique de la langue d’arrivée. Cependant, l’apprenant a le plus
souvent tendance à imposer des règles grammaticales, morphosyntaxiques de la
langue maternelle à la langue étrangère. Cela provoque des difficultés pour
l’acquisition de la langue étrangère. Les raisons ci-dessus nous ont poussé à
réaliser le travail de fin d’études sur l’étude des coverbes “Đã” et “Đang” dans
l’oeuvre littéraire “Le colonel Chabert”, sur linterfộrence linguistique entre le
franỗais et le vietnamien par le biais de leur signification et de leur sens, illustré
par des exemples concrets.
2. Objectifs de la recherche
En choisissant ce sujet, l’auteur du mémoire vise un double objectif:
- Faire l’analyse des mots coverbes utilisés dans une traduction littéraire.
-

À partir des résultats de l’analyse, fournir aux apprenants la capacité
d’utiliser des mots coverbes dans la matière de la traduction, afin de les
aider à bien saisir le franỗais.

3. Cadre et objets de la recherche
Dans le cadre d’un mémoire de fin d’études universitaires, faute de temps
et de conditions nécessaires, nous n’avons pas l’ambition de faire une recherche
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d’Honoré de Balzac


approfondie sur tous les emplois des coverbes, nous n’étudions que quelques
coverbes les plus utilisés dans la traduction littéraire.
Avec cette précision du cadre de la recherche, nous pensons que pour
obtenir des remarques pertinentes sur notre sujet, il faudrait traiter non seulement
les données tirées des fiches de questionnaire mais aussi des sources de haute
confiance qui sont les livres dauteurs franỗais et vietnamiens renommộs tels que:
Nghiờn cứu dịch thuật (Étudie de la traduction) de Hoàng Văn Vân, Cơ sở ngôn
ngữ học de Nguyễn Nhã Bản, Théories et pratiques de la traduction littéraire
d’Inês Oseki-Dépré, La notion de fidélité en traduction d’Amparo Hurtado
Alblir, Introduction à l’histoire de la traduction de la littộrature franỗaise au
vietnamien (Mộmoire de DEA de Lettre & Art) de Nguyễn Duy Bình, Tấn trị
đời-La Comédie Humaine, version vietnamienne de Lê Hồng Sâm - Đặng Anh
Đào, ect.
Notre sujet “Étude des mots coverbes “Đã” et “Đang” dans la traduction
du roman “Le colonel Chabert” de traductrice Đặng Anh Đào est réalisée dans
l’espoir d’ouvrir à l’apprenant un chemin le plus court et le plus simple aux
meilleurs résultats sans être influencé par les effets pervers de l’interférence de la
langue maternelle sur la langue étrangère, et à améliorer ses compétences
linguistiques.
4. Méthodes de recherche
Pour parvenir aux objectifs précédemment exposés, nous appliquons dans
notre étude les méthodes suivantes que nous détaillons ultérieurement dans les
chapitres du mémoire:
- Méthodes statistique et synthétique: Nous faisons la synthèse des exemples
contenant les coverbes “Đã” et “Đang” dans les documents de référence.
Ensuite, nous essayons de classer des significations de chaque coverbe.
- Méthode analytique: En principe général, l’analyse est une bonne méthode
afin de trouver les traits sémantiques se cachant derrière des structures

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grammaticales de ces coverbes. Grâce à cette méthode, nous pouvons
subdiviser et approfondir la question en analysant des exemples concrets.
- Méthode contrastive: Durant l’élaboration de ce sujet, nous avons employé
la méthode contrastive pour éclairer les divergences et analogies entre les
deux langues, les deux cultures. C’est pourquoi nous voudrions présenter
en détails la théorie d’analyse contrastive.
5. Signification de la recherche
Notre recherche peut comporter des valeurs théoriques et pratiques
suivantes:
- Sur le plan thộorique, nous nous efforỗons de mettre en lumière les
caractéristiques des coverbes “Đã” et “Đang”.
- Sur le plan pratique, les résultats de la recherche orientent d’une part les
recherches ultérieures vers une étude plus approfondie de l’utilisation des
coverbes dans la traduction en vietnamien et contribuerait d’autre part rendre
meilleur et plus efficace lenseignement/apprentissage du franỗais au vietnamien.
Le mémoire serait par ailleurs un document de référence utile et profitable pour
les enseignants et les apprenants vietnamiens.
6. Structure générale de la recherche
Notre recherche se compose de 3 chapitres:
- Dans le premier chapitre, nous essayerons de constituer le cadre
théorique de notre étude, c’est-à-dire examiner quelques notions de base servant
de fondements théoriques pour la recherche.
- Le deuxième portera sur l’étude et l’analyse des coverbes


“Đã” et

“Đang”, utilisés dans le roman “Le colonel Chabert” de la traductrice Đặng Anh
Đào.
- Dans le troisième, nous chercherons à proposer des applications
pédagogiques et quelques solutions possibles.

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CHAPITRE 1
Fondements théoriques
1.1.

Généralités sur la traduction

1.1.1. Définitions de la traduction
Qu’est-ce que la traduction? Il est difficile de répondre à cette question de
manière adéquate car cette notion peut renvoyer à des acceptions très diverses.
Notons d’abord que “traduire” est issu d’un mot latin traducere, signifie “faire
passer”, “transporter”. Son équivalent en vietnamien est “dịch” qui porte le sens
du “transfert”. D’après le Petit Robert, traduire consiste à faire que ce qui était
énoncé dans une langue naturelle le soit dans une autre, en tendant à
l’équivalence sémantique et expressive de deux énoncés. (Voir Nguyên Duy

Binh, Introduction à l’histoire de la traduction de la littộrature franỗaise au
Vietnam, Mộmoire de DEA, P.9). Autrement dit, la traduction est un moyen
d’accès à une information en langue étrangère.
Selon J.R. Ladmiral, traduire, c’est transmettre des informations d’une
langue de départ (langue – source) dans une langue d’arrivée (langue – cible).
Elle est une activité humaine universelle, rendue nécessaire à toutes les époques
et dans toutes les parties du globe. La véritable traduction est un acte de
communication déterminée par les conditions de production du traducteur. (Voir
Jean-René Ladmiral, Théorèmes pour la traduction, Petite Bibliothèque Payot,
P.11, 13).
Voici la définition que donne Edmond Cary dans “Noblesse de la parole”:
“La traduction est une opération qui cherche à établir des équivalences entre
deux textes exprimés en des langues différentes, ces équivalences étant toujours
et nécessairement fonction de la nature de deux textes, de leur destination, des
rapports existent entre la culture des deux peuples, leur climat moral,

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intellectuel, affectif, fonction de toutes les contingences propres à l’époque et au
lieu de départ et d’arrivée.”
Plus simplement, l’acte de traduire, à en croire Marianne Lederer, consiste
à “comprendre” un “texte”, puis en une deuxième étape, à “réexprimer” ce
“texte” dans une autre langue.
Sur le plan du langage, elle juge que “traduire” est affaire de

correspondances et d’études linguistiques. Or, la traduction est affaire de
langage: l’emploi d’une langue s’accompagne de la propriété d’acquérir et
d’emmagasiner des connaissances sous forme non verbale. (Voir Marianne
Lederer, La traduction aujourd’hui, Hachette, 1994, P.11, 13, 87).
G. Mounin y ajoute que “La traduction consiste à produire dans la langue
d’arrivée l’équivalent naturel le plus proche du message de la langue de départ,
d’abord quant à la signification, puis quant au style”. (Georges Mounin, Les
problèmes théoriques de la traduction, Tel Gallimard, 1963, Préface XII).
La traduction correspond à une opération de transformation (transfert,
transposition) un texte d’une langue dans une autre. Selon le point de vue de I.O.
Dépré, elle est examinée non seulement comme carrefour intertextuel et
interculturel, mais encore comme un art, art fondé sur une science, et comme
pratique intermédiaire, comme voie ou moyen de communication.
À l’époque moderne, des philosophes l’évoquent comme matière à
réflexion. Non seulement elle aide l’effacement des frontières du savoir, de la
langue, de la pensée et de la culture, mais encore permet la confrontation avec
l’étranger. (Voir Inês Oseki-Dépré, Théories et pratiques de la traduction
littéraire, Armand Colin, 1999, P.11, 17, 79).
1.1.2 Définitions de la traduction littéraire
La littérature désigne “l’ensemble des oeuvres, des textes littéraires dans
la mesure où ceux-ci manifestent une relation avec l’esthétique, autrement dit un

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rapport avec la beau”. (Mireille Naturel, Pour la littérature de l’extrait à
l’oeuvre, Clé International, P.175).
À toute époque, dans la vie spirituelle des hommes, elle occupe une place
privilégiée. Parallèlement, dans le contexte de la mondialisation, une culture ne
peut rester isolée. Elle a besoin d’autres cultures pour se constituer. Alors, la
traduction littéraire devient un des instruments de la constitution de
l’universalité, instrument indispensable.
Ainsi, “la traduction littéraire n’est pas, dit Edmond Cary, une opération
linguistique, c’est une opération littéraire”. (Cité par Georges Mounin, Op.cit.,
P.13).
En ce qui concerne la traduction qualifiée de littéraire, c’est la traduction,
qui transpose un texte littéraire d’une langue dans une autre, qui convient à la
littérature et répond à ses exigences esthétiques, expressives.
Plus concrètement, la traduction littéraire fait passer le roman, la poésie, le
théâtre et tout autre genre littéraire d’une langue à une autre. Ainsi, la traduction
des textes techniques, scientifiques, historiques ou sociaux est qualifiée si elle
répond aux exigences esthétiques et expressives de la littérature. C’est pour cela
qu’il faut de la création dans le processus de la traduction. Donc, des fiches
techniques ne peuvent pas être considérées comme textes littéraires parce qu’il
n’apportent pas de créativité.
Selon le point de vue de Octavio Paz qui propose quatre points principaux
considérant la traduction comme création littéraire:
- Le rapport entre langage et traduction
- L’aspect littéraire de la traduction
- Le rapport entre traduction poétique et création littéraire
- La traduction, pont interculturel
Paz, lui même, estime également la traduction littéraire comme la découverte de
différentes civilisations, modes de pensées, moeurs, etc. Elle devient non plus le

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moyen de révéler l’identité ultime des hommes, mais le véhicule qui montre leurs
singularités. (Voir Inês Oseki-Dépré, Op.cit., P.112).
Dans le cadre de notre étude, la traduction touché à la traduction littéraire,
plus précisément à celle des coverbes Đã et Đang.
1.1.3. Acceptions sur la traduction
1.1.3.1. Fidélité à la lettre
Les linguistes appellent la fidélité à la lettre le procédé du mot à mot.
L’exigence de cette traduction est la clarté, la simplicité, le bon sens et surtout le
bon goût.
Selon Cicéron, le premier théorien de ce courant, traduire mot à mot
consiste à conserver le génie de tous les mots et la valeur qui sont des beautés de
la littérature des textes originaux. (Voir I.O. Dépré, Op.cit., P.19). Autrement dit,
à chaque image, une métaphore, chaque “beauté” du texte original doivent
correspondre une image, une métaphore, une “beauté” dans le texte d’arrivée.
En réalité, dit Saint-Jérôme, “si je traduis mot à mot, cela rend un son
absurde”. (Cité par Michel Ballard, De Cicéron à Benjamin, P.U.L, 1991, P.61).
La traduction mot pour mot n’a jamais pu fonctionner la même surface
conceptuelle dans des langues différentes.
La fidélité à la lettre, selon I.O. Dépré, ne peut restituer pleinement le sens
qu’il a dans l’original ou elle rend un contresens en somme. Elle l’appelle
mauvais goût. R. Ladmiral évoque ce qui le rend impraticable. Tout cela renvoie
à l’opposition entre mot et sens.
Ainsi, le problème de la traduction est souvent posé dans les termes

antinomiques d’un débat académique: la fidélité ou l’élégance, la lettre ou
l’esprit. Ce sont des deux pôles d’une même alternative qui scandent l’histoire de
la traduction selon un mouvement de balancier entre “l’équivalence formelle” et
“l’équivalence dynamique”, entre le mot à mot ou les “belles infidèles”.

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1.1.3.2. Fidélité au sens
On appelle la fidélité au sens de la fidélité à l’esprit ou les “belles
infidèles”. Gurtado Alblir a défini le sens comme “une synthèse non-verbale
opérée par le processus de compréhension qui le situe lui-même au carrefour des
références linguistiques et non linguistiques”. (Amparo H.Ablir, La notion de
fidélité en traduction, Didier Ðrudition, 1990, P.144).
C’est pourquoi, il est estime que la fidélité au sens exige trois paramètres
le “vouloir dire” de l’auteur, la langue d’arrivée et le destinataire de la traduction
qui ne sont pas indissociables. Ce courant s’oppose à la traduction mot à mot.
Bien que libre et infidèle, cette traduction est belle et plus accessible à son
public. Georges Mounin dans “Les belles infidèle” (1955) condamne mot à mot.
Il montre que la fidélité à la lettre n’est pas parfait parce qu’il oublie que le texte
traduit est dans une autre langue, une autre époque et dans une autre civisilation.
Cependant, il explique que l’origine des belles infidèles repose sur des raisons
historiques et sociales: “Les belles infidèles ne faisaient qu’éliminer ce qui n’était
pas en accord avec le goût de lộpoque, remplaỗant les moeurs, les idộes, le style
des Anciens par les critères de l’époque pour les textes touchent le public”.

(Amparo H.Alblir, Op.cit., P.17). D’après lui, les belles infidèles représentent la
mort du mot-à-mot qui est liée à l’histoire (car déterminée par l’époque).
1.1.4. Préceptes
Etienne Dolet propose quelques préceptes qui sont valables jusqu’à nos jours:
- Comprendre parfaitement le sens du texte et l’argument traité par l’auteur
qu’on ne dispose à traduire.
- Conntre parfaitement aussi bien la langue originale que la langue dans
laquelle on va traduire – préceptes qui renvoient à la compétence du
traducteur.
- Ne pas s’asservir au point de rendre l’original mot pour mot, ou autrement
dit, “chaque langue a ses propriétés, translations et diction, locutions,
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subtilités et véhémences à elle particulières” ou encore “si l’ordre des
mots perverti tu exprimes l’intension de celui que tu traduis, aucun ne t’en
peut rendre”. (O.I.Dépré, Op.cit., P.24).
1.2. Généralités sur la linguistique
1.2.1. La linguistique
La linguistique est l’étude scientifique du langage et des langues naturelles
telles que les paroles des sujets parlants (des locuteurs) les réalisent. Son objectif
principal est d’expliquer la structure, l’évolution des langues.
La linguistique est considérée comme une science parce qu’elle traite d’un
objet spécifique, les langues naturelles. Elle élabore des théories, précise ses
méthodes d’analyse et de description. Comme science, elle obéit aux exigences

d’analyse scientifique. Toute étude scientifique est caractérisée par une méthode
et par les étapes ci-après: l’observation, la description, l’explication et la
génération, ou élaboration théorique. (Nguyên Duy Binh, Cours de linguistique
contrastive; Etudes contrastive du franỗais et du vietnamien, P.5)
- Lobservation des phộnomốnes est le point de départ de toute recherche
scientifique. En linguistique, cette observation se fait par le biais d’un corpus.
L’observation est jugée adéquate si le corpus est exaustif et représentative des
faits de communication.
- La description des actes linguistiques observés doit montrer que, pris
isolément, ces faits sont divers, distincts, individuels; mais pris collectivement,
ces faits linguistiques présentent certaines analogies, certaines régularités. Pour
être adéquate, la description doit être objective, c’est-à-dire fondée sur une
observation impartiale du comportement linguistique des sujets parlants.
- L’explication des faits linguistiques observes consiste à cerner la nature
du phénomène, à interpréter le pourquoi et le comment de son déroulement en
vue de sa génération ou de son application.

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- L’élaboration d’un modèle ou théorie, c’est celle d’un ensemble organisé
de règles destiné à expliquer la compétence linguistique des locuteurs.
1.2.2 Définitions de la linguistique contrastive
La linguistique contrastive, c’est la comparaison terme à terme, rigoureuse
et systémique, de deux langues, L1 (langue source) et L2 (langue cible), et de

leurs différences structurelles, pour réaliser des outils mieux adaptés et des
méthodes plus performantes, en général pour l’enseignement de L2 puisque c’est,
le plus souvent, dans le sens du L1>L2 que se pratique l’analyse contrastive. Voir
Renaud Dumond, Doctorant de l’Université des Antilles de la Guyanne (UAG).
La linguistique contrastive s’intéresse sous l’aspect synchronique aux
divergences et convergences entre deux ou plusieurs langues. Il existe un lien
méthodique étroit avec l’analyse de texte (ou analyse de discours) contrastive.
On utilise les terminologies compares pour étudier la synonymie et les relations
d’équivalence. Après, on notera un autre lien étroit avec la typologie linguistique,
qui a pour but de classer les langues, apparentées ou non, sur la base de leurs
similitudes structurelles.
À partir des résultats de comparaisons systématiques et en complétant ces
comparaisons par un examen de fautes effectivement commises, on peut soit de
les prévenir, soit de les éliminer.
1.2.3. Historique de la linguistique contrastive
C’est dans les années soixante que la linguistique contrastive a connu un
immense succès. Nourrie des apports de la linguistique structurale et
distributionnelle et de ceux de la psychologie béhavioriste, cette approche de la
description linguistique, orientée vers l’enseignement-apprentissage des langues
étrangères, tel qu’on le concevait il y a une cinquantaine d’années, notamment –
l’époque du FLE (puisqu’on ne parlait pas encore de franỗais langue seconde),
na pas tardộ ờtre dộcriộe puisquelle n’avait pas été à la hauteur des

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espérances, et même des certitudes, que didacticiens et linguistes avaient placées
en elle au moment du “structuralisme triomphant”.
Il peut donc sembler paradoxale, aujourd’hui, de consacrer une réflexion à
ce type d’approche, autrefois dénommé “linguistique appliquée”, avec toute la
suspicions (pour ne pas parler de mépris), qui accompagne parfois cette
dénomination, tout au moins en Europe.
Lorsque les habitudes des deux langues sont semblables, on parlera de
transfert négatif: en terme de linguistique, on parle donc d’interférence quand il
s’agit de transfert négatif d’habitudes de la langue maternelle dans la langue
seconde ou étrangère.
L’interférence, et c’est ce qui intéresse le didacticien, se manifeste sous
forme de fautes: fautes de prononciation, de grammaire, de vocabulaire, etc.
Mais la plupart des auteurs de l’époque classent sous la rubrique
“pédagogique” des éléments qui, aujourd’hui, participeraient en réalité d’une
approche sociolinguistique de la didactique des langues. Ici, “pédagogique” est
donc à comprendre comme qui prend en compte la réalité à laquelle est confrontộ
lapprenant. Dune faỗon gộnộrale, on peut donc affirmer que c’est la situation
sociolinguistique

qui

conditionne

les

conditions

d’enseignement


et

d’apprentissage des langues mais qu’il ne faut pas, pour autant, négliger les
aspects psycholinguistiques de la question. La sociolinguistique et la
psycholinguistique sont donc les deux disciplines qui se situent en amont de la
didactique des langues et qui sont, à des degrés divers, prises en compte par les
tenants de l’analyse contrastive.
1.2.4. Les insuffisances des études contrastives
En réalité, tout est fait en fonction de la langue cible: toutes les études
contrastives menées en Afrique, par exemple, l’ont été dans une perspective
exclusivement didactique, occultant complètement les aspects culturels, à une
époque où la notion de langue-culture, il faut le dire ici, n’était pas de mise.

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D’autre part, les études contrastives se sont limitées pendant trop
longtemps à l’étude des différences interlinguistiques alors qu’il existe toujours
des “points d’appui”. Par exemple, pour les ộtudes qui portent, encore une fois,
sur le franỗais et le wolof, on ne fait jamais appel au fait que, dans les deux
langues, l’antéposition est de règle pour le sujet par rapport au verbe. Il faut donc
s’appuyer au maximum sur les transferts positifs.
Il faut également signaler que, au moins pour les langues africaines, les
moyens d’investigation des correspondances intra-systèmes sont encore
aujourd’hui largement insuffisants parce que les études théoriques ne sont

toujours pas assez nombreuses et diversifiées.
En réalité, c’est à une conception plus dynamique de la comparaison
linguistique qu’il faut maintenant oeuvrer. En effet, celle-ci devrait permettre de
dépasser le stade de la description linguistique des énoncés interférentiels pour
parvenir à celui de la découverte des règles de la formation de la phrase
interférentielle, sans lesquelles on ne voit pas comment une comparaison
linguistique pourrait prétendre être en mesure de prédire les interférences.
Là encore, c’est vers la sociolinguistique plutôt que, vers la linguistique
que n’ont pas manqué de se tourner les didacticiens en quête de solutions aux
problèmes posés par les différences entre les langues, mais aussi entre les faỗons
de les pratiquer.
Cest ici que doit prendre place une distinction proposée par William
Labov, entre les normes relativement pratiquées par les membres d’une
communauté, normes relativement diversifiées selon les individus, les catégories
socioprofessionnelles et les région et les normes subjectivement reconnues qui
sont revendiquées par tous ceux qui reconnaissent appartenir à cette
communauté, même s’ils ne les pratiquent pas spontanément. En réalité, ce sont
d’abord ces normes sociales reconnues en tant que telles qui assurent l’unité
d’une communauté, beaucoup plus que celles qui constituent la cohérence,

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Étude des coverbes “Đã” et “Đang” dans la traduction en vietnamien du Roman “Le colonel Chabert”
d’Honoré de Balzac

toujours remises en question, d’un système phonologique, morphosyntaxique ou
lexical. L’analyse contrastive, approche qui se voulait au départ exclusivement

linguistique, a donc, de ce point de vue, totalement manqué sa cible, celle de la
transparence de l’intercompréhension dans le respect du système de L2 par un
locuteur issu de L1.
Parler la langue de l’autre, c’est prendre conscience de l’existence de tous
les cribles qui viennent parfois en occulter notre perception, ces cribles étant
évidemment d’abord linguistiques, mais aussi et surtout culturels. La seule
manière de concevoir une nouvelle dynamique didactique sera donc de faire
prendre conscience que sa priorité doit être la prise en compte de la différence, à
tous les niveaux, entre lui et l’autre.
1.2.5. Limites et perspectives
Si les didacticiens ont exploité avec avidité, comme on vient de le voir, les
données fournies un peu partout par les analyses contrastives, en Afrique
notamment, on ne peut que constater, aujourd’hui, les limites de cette
exploitation pộdagogique, et mờme, dune certaine faỗon, ses lacune. La premiốre
dentre elles est ordre quasi politique. En effet, l’analyse contrastive, souvent
présentée par ses adeptes comme une manière indirecte, certes, mais réelle, de
prendre en compte la langue maternelle de l’apprenant dans les programmes,
dispensa pendant trop longtemps les décideurs de se pencher plus avant sur
l’épineux problème de la mise en place d’enseignements bilingues dans les
systèmes éducatifs. On peut donc affirmer aujourd’hui que l’adoption des
méthodologies, tirant leurs principes pédagogiques de l’analyse contrastive ou
différentielle, a servi d’alibi aux décideurs pour retarder l’introduction des
langues maternelles dans les systốmes ộducatifs au sein desquels le franỗais
nộtait pas la langue maternelle de l’apprenant.
Mais il y a plus grave. En effet, limitée dans les années soixante-dix aux
seuls aspects linguistiques (essentiellement phonologie, morphologie et syntaxe),

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d’Honoré de Balzac

l’analyse contrastive n’a pas produit les résultats escomptés. Selon Henri Besse,
dans le numéro 188 du Franỗais dans le monde, publie un article intitulộ
ô Ðduquer la perception interculturelle » dans lequel il aborde la question des
cribles culturels, allants bien au-delà d'une comparaison terme à terme, la plupart
du temps fastidieuse, des systèmes linguistiques en présence chez l'apprenant en
début d'apprentissage.
Il faudra attendre les années quatre-vingt pour qu'apparaissent dans
quelques pays d'Afrique francophone, et d’abord au Mali, des programmes dits
de pộdagogie convergente. Selon ces programmes, le franỗais et les langues
maliennes sont enseignées à l'école du Mali, selon les mêmes principes
méthodologiques, d'où la dénomination de “convergence” utilisée par les
promoteurs de cette nouvelle politique linguistique. L'idée qui sous-tend ce type
de projet est que les processus cognitifs d'apprentissage de L1 et de L2 sont les
mêmes. Là n’est pas la question qui nous préoccupe ici, mais ce qui est à
souligner c’est que, dans ces conditions-l, le franỗais et les langues nationales
maliennes sont enseignées simultanément, même si un décalage d’une année
existe entre l’enseignement de la langue maternelle (dès la première année) et
celui du franỗais, introduit en deuxiốme annộe de cursus. Les deux langues en
présence font donc ici l’objet de comparaison implicite interlinguistique. Du fait
de leur présence simultanée dans la classe, les deux langues font l’objet d’une
réelle didactique interculturelle qui a l’immense avantage d’installer l’apprenant
dans ses deux langues, sur tous les plans à la fois. Il aura donc fallu de l’analyse
contrastive et ceux de la didactique interculturelle.

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Étude des coverbes “Đã” et “Đang” dans la traduction en vietnamien du Roman “Le colonel Chabert”
d’Honoré de Balzac

CHAPITRE 2
Étude des coverbes “Đã” et “Đang” dans le roman
“Le colonel Chabert”
2.1. Présentation de lauteur et loeuvre
2.1.1. Honorộ de Balzac
ẫcrivain franỗais (1799-1850), il est considéré comme le créateur du
roman réaliste moderne. Ses premiers ouvrages, des romans écrits à la manière
de Walter Scott et de médiocres comédies, ne lui valurent guère de succès. Il
collabore à de nombreux journaux. Il entreprend la publication de ses romans par
feuilletons dans les revues. Avide de gloire et de richesse, il se lance en 1825
dans l'édition, aventure dont il sortira ruiné à tout jamais. Ses relations
amoureuses avec Mme de Berny, qui lui ouvre les portes des salons fermés de
l'aristocratie, sont le prélude à une carrière d'écrivain à la mode. Les Chouans et
la Physiologie du mariage lui assurent la célébrité à partir de 1829, que confirme
la parution en 1831 de Peau de chagrin. Il conỗoit vers 1833 le projet de la
Comédie humaine, un grand cycle de romans qui relate les aventures d'une série
de personnages unis par les liens du sang ou de l'amitié. Espérant trouver fortune
et gloire au théâtre, ses rares incursions dans le domaine se soldèrent par des
échecs.
Prodigieux travailleur, l'ambition et la nécessité le contraignaient selon ses
dires à une condition de forỗat. ôHomme de dộsordre, [il] passa sa vie à essayer
en vain de se mettre en ordre» (Remy de Gourmont). Deux mois après son retour
de Russie, où il avait épousé Mme Hanska, il mourut le 18 août 1850, dans

l'indifférence générale, des suites de l'hypertrophie du cœur qui le minait.
“Tous ses livres ne forment qu’un livre vivant, lumineux, profond, où l’on
voit aller et venir et marcher et se mouvoir, avec je ne sais quoi d’effaré de
terrible mêlé au réel, tout notre civilisation contemporaine; livre merveilleux que
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le poète a intitulé Comédie et qu’il aurait pu intituler Histoire, qui prend toutes
les formes et tous les styles. Livre qui est l’observation et l’imagination”. (Victor
Hugo, hommage prononcé sur la tombé de Balzac.)
2.1.2 Le roman “Le colonel Chabert”
Le colonel Chabert est un roman d’Honoré de Balzac qui part sous sa
forme définitive en 1844, une première version du texte ayant paru en 1832
(sous titre La Transaction dans la revue l’Artistes). Il sera de nouveau publié en
feuilleton dans le supplément littéraire du Constitutionnel en 1847.
Il entre dans les Scènes de la vie parisienne de La Comédie humaine, dont
il est un des principaux romans.
Le colonel Chabert, en tant que tel, est une parenthèse émouvante dans la
galerie de portraits balzaciens, un hommage rendu aux grognards de Napoléon
Ier.
Si l’on ne retrouve plus ce personnage dans La Comédie humaine (excepté
un rappel dans La Rabouilleuse, où Philippe Bridau évoque la charge glorieuse
du colonel Chabert à la bataille d’Eylau), nombre de protagonistes du roman ont,
en revanche, un rôle dans les oeuvres suivantes ou précédentes, en particulier les
gens de robe dont fait partie Maợtre Derville.

Maợtre Derville, qui reỗoit le colonel Chabert et accepte de le défendre, est
un avoué important dans La Comédie humaine. On le trouve dans Une
ténébreuse affaire où il succède à Mtre Bordin, et ó le compte de Marsay
meurt dans de mystérieuses circonstances.
Mtre Derville est aussi l’avo de la femme de Chabert, ce qui explique
son insistance à éviter un procès et à proposer une transaction. Il acquiert dans
Gobseck une grande réputation par la manière dont il rétablit la fortune de la
vicomtesse de Grandieu. C’est aussi l’avoué du père Goriot et l’exécuteur
testamentaire de Gobseck pour sa nièce Esther dans Splendeurs et misères des
courtisanes.

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2.1.3. La traductrice Đặng Anh Đào
La Vice-professeur et Docteur Đặng Anh Đào est née en 1934 à Thanh
Chương, à Nghệ An. Elle est quatrième fille de l’écrivain Đặng Thai Mai et
femme du Général de division Phạm Hồng Sơn. Beaucoup de gens l’a connue
comme une Dame Professeur modèle; une chercheuse de la littérature
occidentale, surtout de la littộrature franỗaise; une traductrice prestigieuse, et la
fois un auteur de plusieurs récits et poèmes.
Retirée au Département de la Littérature de l’École Normale Hanoï, elle
est un membre des Jurys de thèses et de mémoires de Master et de Docteur
littéraires.
Elle est connue par les ouvrages de recherche de la théorie littéraire

comme “Đổi mới nghệ thuật tiểu thuyết phương Tây hiện đại” (Rénovation de
l’art dans les romans occidentaux modernes), “Tài năng và người thưởng thức”
(Talent et lecteurs), “Văn học Phương Tây thế kỷ 19 - 20” (Littérature
occidentale du XIXè – XXè siècle), etc. Elle traduit des oeuvres de Victor Hugo
et de Balzac, dont “Le colonel Chabert”. Ces dernières années, elle est parue
comme une critique littéraire vive et ténue, concernant les questions de la
traduction.
Parmi 50 traducteurs francophones qui se trouve dans “Les traducteurs
littéraires vietnamiens”, elle est un des plus célèbres. Ce vieillessement de
traducteurs francophones vietnamiens correspond à la remarque de Lê Hồng Sâm
il y a peu: “Pendant que nombre de traducteurs francophones sont morts ou
devenus vieux […], la jeune génération n’a pas assez de connaissances
culturelles, philosophiques, religieuses, sociales, etc., pour bien traduire les
oeuvres contemporaines. C’est une des raisons pour lesquelles la littộrature
franỗaise contemporaine parvient difficilement au public vietnamien.

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Étude des coverbes “Đã” et “Đang” dans la traduction en vietnamien du Roman “Le colonel Chabert”
d’Honoré de Balzac

2.2. Quelques caractéristiques du vietnamien
Selon Haudricourt, le vietnamien, qui appartient à la famille austroasiatique, est né de la fusion d’un dialecte “môn-khmer”, d’un dialecte “thaï” et
peut-être même d’une troisième langue encore inconnue.
À la diffộrence du franỗais, langue flexionnelle, le vietnamien est une
langue isolante comme le chinois. Ses caractères isolants sont manifestés d’une
part par la formation des mots et d’autre part par l’ordre des mots et l’intonation

du locuteur. Du point de vue morphologique, tous les mots vietnamiens sont
invariables.
En franỗais, la flexion verbale peut indiquer la voix (active, passive et
pronominale), la personne (1ère, 2è, 3è), le nombre (singulier, pluriel), le mode
(indicatif, subjonctif, impératif), le temps (passé, présent, futur) et l’aspect
(lexical, grammatical). En revanche, le verbe vietnamien, ne connaissant pas la
conjugaison, n’exprime ni la voix, ni la personne, ni le nombre, ni le temps, mais
il peut traduire l’aspect lexical. (Voir Do-Hurinville D.T, 2006, Étude “Đã” et
“Đang”. Ordre de procès et localisation temporelle en vietnamien. Comparaison
avec le franỗais.)
2.3. Les points de vue sur le vietnamien
2.3.1. Point de vue traditionnel: Le vietnamien, une langue à temps
verbaux
Selon la grammaire franỗaise traditionnelle, formộe dans le moule grộcolatin, le franỗais dispose de temps verbaux (ou grammaticaux ou “tenses”) pour
exprimer le passé, le présent et le futur. Cette conception a été introduite
officiellement dans la langue vietnamienne lors de la republication du premier
dictionnaire (1651) rédigé par Alexandre de Rhodes. L’auteur a cherché les 3
marqueurs suivants pour indiquer le temps:
Tôi đã hát (Je / passé /chanter): “J’ai chanté.”
Tôi đang hát (je / présent /chanter): “Je suis en train de chanter.”

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Étude des coverbes “Đã” et “Đang” dans la traduction en vietnamien du Roman “Le colonel Chabert”
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Tôi sẽ hát (je / futur / chanter): “Je chanterai.”

Cette approche temporelle a séduit un très grand nombre d’adeptes
vietnamiens de la modélisation de la structure temporelle de leur langue. En effet
dans le Grand dictionnaire vietnamien paru en 1999, on retrouve la même
définition de ces trois marqueurs que celui de A. de Rhodes. Pendant plus trois
siècles, le point de vue sur ces trois mots n’a presque pas changé.
2.3.2. Point de vue non traditionnel: Le vietnamien, une langue à aspect
Toutefois, dans le concert de partisans, les vietnamiens de l’existence de
temps verbaux dans leur langue, il existe quelques voix discordantes Nguyễn
Kim Thản (1977) et Jo – Wang Lin (2003) soulignent que dans les langues
flexionnelles existent des temps grammaticaux pour designer le passé, le présent
et le futur, mais qu’en revanche, dans les langues isolantes (vietnamienne,
chinoise…), ce sont les circonstanciels de temps qui permettent de les exprimer.
Quant à Cao Xuân Hạo (1998), il affirme le point de vue traditionnel en
soulignant que le vietnamien est une langue à aspects sans temps verbaux: “đã”
traduit l’aspect “perfect” de l’anglais, “đang” s’apparentant laspect
imperfectif du russe, laspect franỗais dans lopposition aspectuelle entre
l’imparfait et le passé simple.
2.4. La notion de “coverbe”
Pour pouvoir interpréter et homogénéiser tous les emplois de “đã” et
“đang”, etc., nous proposerons une approche monosémique en prenant en
considération leur sens verbal original. Nous cherchons un invariant sémantique
permettant de réunir toutes les valeurs de ces coverbes en discours.
Nous appellerons donc “đã” et “đang”, etc., coverbes pour indiquer leur
existence simultanée avec les verbes (où procès verbaux) des énoncés. Ces
coverbes peuvent être antéposés ou postposés aux procès pour montrer, au point
de référence choisi, qu’ils sont achevés, qu’ils sont en train de se produire, ou
qu’ils se réaliseront. (Voir Do-Hurinville D.T, 2006, Étude “đã” et “đang”.

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Étude des coverbes “Đã” et “Đang” dans la traduction en vietnamien du Roman “Le colonel Chabert”
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Ordre des procès et localisation temporelle en vietnamien. Comparaison avec le
franỗais, P3.).
Nous distinguerons deux situations suivantes: l’absence de coverbe (ø –
verbe) et la présence de coverbes (đã – verbe), (đang – verbe).
2.4.1. L’absence de coverbe (ø)
L’emploi du verbe sans coverbe a été très peu étudié en vietnamien, et
pourtant il mérite d’être présent, car du point de vue statistique, la fréquence
d’emploi des énoncés dépourvus des coverbes (đã, đang, etc.) dépasse de très
loin celle d’empoi des énoncés pourvus de ces coverbes. Selon J.-W.Lin (2003),
un très grand nombre de phrases en chinois ne contiennent ni le circonstanciel de
temps ni la marque d’aspect.
La fréquence d’emploi des énoncés sans coverbes est d’environ 70% dans
la presse; 80% dans les ouvrages d’histoires et de politque; 93% dans les oeuvres
littéraires. Dans les ouvrages et revues scientifiques, cette fréquence d’emploi
avoisine mêmes les 100%.
Cela met l’accent sur le fait qu’en vietnamien les circonstanciels de temps
localisateurs sont les principaux moyens pour situer les procès dans le passé, le
présent et le futur.
2.4.2. Le coverbe “Đã”
Dans les dictionnaires

vietnamiens, “đã”

est présenté comme un


morphème polysémique appartenant à deux catégories opposes:
Mot auxiliaire:
- Mot auxiliaire :
(a) Tôi đã làm xong công việc. (Je / đã / faire / finir / de / travail): “J’ai
déjà fini mon travail.”
(b) Đã bốn giờ rồi. (đã /quatre / heure / rồi): “Il est déjà 4heures.”
-Verbe (mot lexical):

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(c) Thuốc đắng giã (đã) tật. (médicament / amer / đã / maladie): “Le
remède amer guérit la maladie.”
(d) Phải du lịch cho thật đã đời. (Falloir / aller / voyager / pour / đã / vie):
“Il faut voyager pour être pleinement satisfait.”
Nous nous interrogeons ici sur l’hétérogénéité des emplois de “đã” en
discours. Il pourrait acquérir plusieurs sens en vietnamien et correspondre à
plusieurs traductions franỗaises, par exemples le passộ compose avec dộj en
(a), le présent avec “déjà” en (b). Les énoncés (c) et (d) peuvent ờtre paraphrasộs
de la faỗon suivante: Le remốde amer met en fin à la maladie, la guérison étant
acquise” et “voyager beaucoup pour mettre fin à l’envie de voyager, la
satisfaction touristique étant acquise.”
Ces exemples amènent à la description de sémantisme de base de ce
coverbe “đã” met fin à une situation X’ à un point de référence choisi, X étant

une situation nouvelle, acquise à partir de ce point de référence. Autrement dit,
ce terme indique un changement de situation se réalisant cognitivement par
rapport à un point de référence.
2.4.3. Le coverbe “Đang”
Selon les linguistes vietnamiens, “đang” serait issu du mot indonésien
“sedang” comme dang “sedang minum” – (đang uống - đang / boire).
§ang, selon le dictionnaire sino-vietnamien de de Đào Duy Anh (1950),
est probablement l’acception “chính giữa” (être au milieu de). Le coverbe đang
indique que ce procès est en train de se dérouler à un point de référence
simultané, antérieur ou postérieur à tension.
Ce sémantisme de base présuppose que les procès précédés de đang
prendront fin à un moment donné après un point de référence choisi.
Exemples:
- Paul đang vẽ một con chim. (P. /đang / dessiner / un / cl. / oiseau): “Paul
est en train de dessiner un oiseau.”

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