Tải bản đầy đủ (.pdf) (134 trang)

Quantification en français et les expressions ðquivalentes en vietnamien

Bạn đang xem bản rút gọn của tài liệu. Xem và tải ngay bản đầy đủ của tài liệu tại đây (731.77 KB, 134 trang )


1







Remerciements

J’adresse mes sincères remerciements à Monsieur Le Professeur Trn Th
Hùng, mon directeur de recherche, avec qui j’ai eu grand plaisir à
partager, au cours de ces années, mes réflexions scientifiques et qui est
toujours un interlocuteur motivant et enthousiaste. Je le remercie pour ses
lectures attentives et exigeantes, ses remarques, ses suggestions, ses
conseils, sa disponibilité précieuse.
Je tiens également à remercier les professeurs du Département de langue et
de civilisation françaises à qui nous devons les connaissances et le courage
pour le travail de recherche.
Je suis aussi très connaissante à la Direction du Département des études
post-universitaires, à la Direction du Départemnt de langue et de
civilisation françaises, Ecole supérieure de langues étrangères, Université
nationnale de Hanoi qui ont créé des conditions favorables à mon travail.
Enfin, j’adresse ma gratitude profonde à ma famille qui m’a toujours
encouragée et soutenue, à mes collèges et amis qui, de près ou loin, m’ont
aidée à réaliser ce travail de recherche.

2









ASSURANCES
Nous donnons l’assurance que ce mémoire est le résultat de notre
travail de recherche et que le contenu du mémoire n’est pas encore
publié.

3




RÉSUMÉ
La quantification est un problème vaste et complexe. Elle concerne plusieurs
disciplines en linguistique comme le lexique, la syntaxe, la morphologie et le pragmatique.
Pourtant, dans les méthodes de français même dans les livres de grammaire, on ne peut pas
trouver un chapitre proprement réservé aux études de la quantification et des
quantificateurs. Ils sont traités dans des chapitres différents et de façon très brève.
Dans le cadre de ce mémoire, nous avons donc l’intention d’éclaircir la notion de la
quantification et celle des quantificateurs, d’analyser les caractéristiques principales de la
quantification, d’expliciter les moyens exprimant la quantité en français. Nous voudrions
également donner un classement des quantificateurs selon leur degré de quantité et
analyser l’emploi des quantificateurs du point de vue syntaxique et pragmatique. Enfin,
notre travail vise aussi à donner les équivalents des quantificateurs en vietnamien.



4

TABLE DES MATIÈRES
Introduction
1
Chapitre 1 : GÉNÉRALITÉS DE LA QUANTIFICATION ET DES
QUANTIFICATEURS

5
1. Problème de terminologie 5
2. Définitions
2.1. Quantité et intensité
2.2. Définitions des quantificateurs
7
7
7
3. Caractéristiques de la quantification
3.1. Caractéristiques formelles
3.1.1. Forme simple des quantificateurs
3.1.2. Formes composés des quantificateurs
3.2. Les degrés de la quantification
3.2.1. Quantificateurs logiques et quantificateurs linguistiques
3.2.2. Signification logique et linguistiques des quantificateurs
3.3. Les modes de détermination de la quantification
3.4. Propriétés syntactico-sémantiques des quantificateurs
3.5. Les types de quantificateurs
3.6. Quantificateurs purs et quantificateurs caractérisants
10
10
12

12
13
13
14
15
16
17
18
Chapitre 2 : MOYENS EXPRIMANT LA QUANTIFICATION
19
1. La mise au pluriel
1.1. Définition et formation graphique
1.1.1. La nature des mots ou la terminaison des mots
1.1.2. La nature des mots composés : forme simple ou forme composée
1.1.3. Le sens des mots
19
19
19
20
22
1.2. Les fonctions de la mise au pluriel
1.3. Nombre grammatical et quantification
23
24
2. Les quantificateurs 25
2.1. Les adjectifs numéraux
2.1.1. Adjectifs cardinaux
2.1.2. Adjectifs numéraux ordinaux
2.1.3. Termes dérivés des adjectifs numéraux
26

26
27
28

5

2.1.3.1. Nombres collectifs
2.1.3.2. Adjectifs numéraux multiplicateurs et fractionnaires
2.1.3.2. Préfixe exprimant la quantification
28
29
29
2.2. Les articles
2.2.1. Définitions et types d’articles
2.2.2. Articles et quantification
31
31
32
2.3. Les adjectifs et les pronoms indéfinis
2.3.1. Morphologie et syntaxe des indéfinis
2.3.1.1. Les adjectifs indéfinis
2.3.1.2. Les pronoms indéfinis
2.3.2. Valeur quantitative des indéfinis
35
35
36
36
37
2.4. Quantificateur adverbial
2.4.1. Les adverbes de quantité

2.4.2. Le quantificateur adverbial
40
40
41
2.5. Quantificateur nominal 42
2.6. Adjectifs quantificateurs 45
3. D’autres moyens exprimant la quantification 48
Chapitre 3 : CLASSIFICATION ET EMPLOIS DES QUANTIFICATEURS
49
1. La quantité déterminée
1.1. Marques et formes de la quantité déterminée
1.2. Particularités sémantiques
1.2.1. L’expression du degré de la quantité
1.2.2. L’expression de l’approximation
49
49
49
49
50
2. La quantité et l’intensité indéterminées
2.1. Marques et formes des quantificateurs exprimant la qualité ou l’intensité
indéterminée
2.2. Particularités sémantiques des quantificateurs
2.2.1. Quantité et intensité neutres
2.2.1.1. La quantité neutre
2.2.1.2. L’intensité neutre
2.2.2. Quantité et intensité fortes
2.2.2.1. La quantité forte
2.2.2.2. L’intensité forte
52


52
53
54
54
55
56
56
58

6

2.2.2.3. Procédés communs à la quantité et à l’intensité fortes
2.2.3. La quantité et intensité faibles
2.2.3.1. Quantité faible
2.2.3.2. Intensité faible
2.2.3.2. Procédés communs à la quantité et à l’intensité faibles
59
60
60
61
62
3. La quantité et l’intensité relatives
3.1. Marques et formes
3.2. Particularités sémantiques
3.2.1. L’adéquation
3.2.2. L’excès
3.2.3. L’insuffisance
63
63

64
65
66
67
4. La quantité et l’intensité totalisantes
4.1. Marques et formes
4.2. Particularités sémantiques
4.2.1. Quantité totalisante
4.2.1.1. Expression distributive
4.2.1.2. Expression globale de la totalité
4.2.2. Intensité totalisante
67
67
68
68
68
69
71
5. La quantité et intensité nulles
5.1. Marques et formes
5.2. Particularités sémantiques
5.2.1. Quantité nulle
5.2.1.1. La négation simple
5.2.1.2. Quantificateurs exprimant la quantité nulle
5.2.2. Intensité nulle
73
73
73
73
74

74
76
Chapitre 4 : ÉQUIVALENTS DES QUANTIFICATEURS EN LANGUE
VIETNAMIENNE

78
1. Numéraux de mesure
1.1. Unités de numération
1.2. Unités de mesure
1.3. Substantifs collectifs, substantifs partitifs et substantifs désignant la quantité
d’un contenant
1.4. Autres numéraux de mesure
78
79
80
80
81

7

2. Numéraux de quantité
2.1. Quantité déterminée
2.1.1. Noms de nombres employés comme complément cardinal
2.1.2. Noms de nombres employés comme complément ordinal
82
82
82
83
2.2. Quantité indéterminée
2.2.1. Quantité approximative

2.2.1.1. Accouplement de deux noms de nombre
2.2.1.2. Utilisation des numéraux approximatifs
2.2.1.3. Utilisation des auxiliaires approximatifs
2.2.2. Quantité forte et quantité faible
2.2.2.1. Grandes quantités et petites quantités
2.2.2.2. Emplois de quelques numéraux exprimant la quantité imprécise
84
84
84
85
86
86
86
87
2.2.3. Quantité neutre : pluralité
2.2.3.1. Emploi de “nhng”
2.2.3.2. Emploi de “các”
2.2.3.3. Différences entre “nhng” et “các”
2.2.3.4. Emploi de “chúng”
91
91
92
93
94
2.3. Quantité totale
2.3.1. Emploi des numéraux totalisants
2.3.2. Emploi des noms de nombre : “mi”, “trm”, “nghìn”, “vn”
2.3.3. Place des numéraux de totalité
94
94

96
97
2.4. Quantité distributive 97
Conclusion
100
Bibliographie
103




8

INTRODUCTION
De nos jours, de multiples échanges sur les plans culturel, économique, commercial
offrent de plus en plus de possibilités de contacts aux peuples dans le monde entier. La
relation entre le Vietnam et les pays francophones en général, entre le Vietnam et la France
en particulier ne fait pas exception. Donc, la maitrise des langues étrangères dont le
français est un besoin inévitable. Pourtant, les obstacles de communication créés lors d’une
rencontre interculturelle semblent inévitables. En observant les comportements langagiers
des apprenants de français, nous constatons que ces obstacles viennent d’abord de leurs
connaissances linguistiques. Ainsi, pour bien communiquer, la maîtrise des connaissances
syntaxiques qui régissent le fonctionnement de la langue est une condition primordiale.
En grammaire française, la quantification est une des questions qui ne fait jamais
l’objet d’une description en tant que telle. Traditionnellement, la logique restreignait
l’étude de la quantification aux quantificateurs universel et existentiel, du fait de leur
importance particulière pour l’analyse des raisonnements par déduction qui constitue le
centre d’intérêt de la logique classique, mais à date récente la sémantique formelle a repris
la question de la quantification d’une façon beaucoup plus directement utile pour le
linguiste intéressé à l’analyse des phénomènes syntaxiques liés à la quantification.

Pour exprimer la quantification, dans beaucoup de langues, les constituants nominaux
portent des marques morphologiques de nombre. Toutefois, l’expression morphologique
du nombre n’a rien d’universel. Par contre, toutes les langues ont des quantificateurs, c’est-
à-dire des mots signifiant une opération de quantification. La catégorie des quantificateurs
regroupe des items qui permettent notamment de préciser un certain type de rapport entre
les constituants fondamentaux de la phrase, le rapport précisé étant explicitement de nature
quantitative.
La question des quantificateurs relève de deux difficultés majeures auxquelles est
confronté le traitement automatique des langues naturelles : les faits de syntaxe et de
sémantique sont rarement analysables indépendamment les uns des autres, une analyse
linguistique plausible prend nécessairement appui sur le lexique. Ainsi, des formalistes
trop contraignants quant aux interactions entre syntaxe et sémantique se heurtent au fait
que l’expression de la quantité recourt à des unités linguistiques qui ne sont pas de même
nature (des déterminants, des adverbes, des pronoms, des noms…) De plus, des

9

phénomènes de surface identiques (la détermination) peuvent différer quant à leur
interprétation. Un déterminant quantificateur n’est pas strictement comparable selon qu’il
s’applique à un substantif prédicatif ou bien à un nom argument. Par ailleurs, l’expression
de la quantité est gouvernée par le lexique, un nombre limité de substantifs admettent la
séquence “un litre de” comme déterminant. C’est pourquoi, on peut difficilement réduire
la question de la quantification à un nombre restreint de règles à portée générale. Pour en
rendre compte, une analyse du lexique fondée sur ses particularités syntactico-sémantique
est nécessaire.
Pourtant, dans les méthodes de français même dans les livres de grammaire, on ne
peut pas trouver un chapitre proprement réservé aux études de la quantification et des
quantificateurs. Ils sont traités dans des chapitres différents et de façon très brève. Pour
l’emploi des quantificateurs, l’explication est très ambiguë et on ne voit pas clairement
leurs différences. On peut citer comme exemple le cas de “quelques” et de “plusieurs”.

Les définitions de “quelques” et “plusieurs” dans les dictionnaires et les grammaires
tendent à présenter ces deux mots comme des déterminants plus ou moins synonymes, de
la quantité peu levée, les rapprochant de “peu” et “un peu”. Une étude plus approfondie
des emplois de ces adjectifs indéfinis révèle cependant des différences assez considérables.
“Quelques”, en général, non prédicatif ne désigne la quantité qu’accessoirement et joue un
rôle parallèle à celui de “un peu”, alors que “plusieurs” signale plutôt la supériorité d’une
quantité par rapport à une quantité minimale que la quantité faible elle-même. Il apparaît
dès lors comme assez éloigné tant de “quelques” que de “peu” et “un peu”.
De plus, à travers les cours, nous trouvons que les apprenants de français ont
beaucoup de difficultés en utilisant des quantificateurs parce que les membres de
différentes sociétés disposent de moyens de communication qui leur sont spécifiques. Les
moyens exprimant la quantification en français et en vietnamien sont très différents. On
constate qu’il n’y a pas de classes grammaticales équivalentes en français et en vietnamien
qui servent à exprimer la quantité. Si la quantification en français est marquée par diverses
classes grammaticales, la langue vietnamienne exprime cette notion par une propre classe
grammaticale appelée les numéraux. Ces différences causent beaucoup de difficultés pour
les Vietnamiens apprenant le français car ils sont souvent influencés par des habitudes dans
la langue maternelle.

10

De telles remarques nous font poser une suite de questions : Comment définit-on la
quantification et les quantificateurs ? Quelles sont leurs caractéristiques ? Quels sont les
moyens exprimant la quantité ? Comment emploie-t-on les quantificateurs ? Comment
classe-t-on les quantificateurs ? Quels sont les équivalents des quantificateurs en
vietnamien ?
C’est à partir de ces problèmes que nous avons choisi “Quantification en français et
équivalent en vietnamien” comme sujet de notre mémoire de fin d’études post-
universitaires.
Dans le cadre d’une recherche de fin d’études post-universitaires, nous avons donc

l’intention d’éclaircir la notion de la quantification et celle des quantificateurs, d’analyser
les caractéristiques principales de la quantification, d’expliciter les moyens exprimant la
quantité en français. Nous voudrions également donner un classement des quantificateurs
selon leur degré de quantité et analyser l’emploi des quantificateurs du point de vue
syntaxique et pragmatique. Enfin, notre travail vise aussi à donner les équivalents des
quantificateurs en vietnamien.
À propos d’un tel travail, sur le plan théorique, notre étude relève du lexique-
grammaire qui postule que la phrase est le cadre minimal d’analyse des unités linguistiques
considérées. Les constituants fondamentaux d’une phrase simple correspondent à un
prédicat et son domaine d’arguments, un opérateur étant défini notamment par la nature de
ses arguments et leur configuration par rapport à celui-ci. Du point de vue méthodologique,
nous adoptons une méthodologie descriptive, analytique pour étudier les caractéristiques et
les moyens exprimant la quantification. L’emploi des quantificateurs en français est
analysé à partir d’un corpus qui est composé des exemples contenant des quantificateurs
relevés de deux romans : Un secret de Phillipe Grimbert et Les misérables de Victor Hugo.
La méthodologie comparative est utilisée pour des études constrastives des quantificateurs
A partir d’un corpus tiré des histoires drôles du peuple vietnamien traduites en français,
nous essayerons de donner les équivalents des quantificateurs en vietnamien. Enfin, dans
certains cas, nous devons emprunter des exemples cités par les auteurs que nos avons
consultés.
Notre travail de recherche comprend quatre chapitres. Dans le premier chapitre, nous
commencerons par le problème de terminologie. Nous donnerons ensuite des définitions de
“quantification” et de “quantificateur”. Nous analyserons aussi les caractéristiques

11

principales de la quantification. Le deuxième chapitre sera consacré à étudier les moyens
exprimant la quantification en français. Nous allons aborder deux façons essentielles
exprimant la quantification : la mise au pluriel et l’utilisation des quantificateurs qui sont
des adjectifs numéraux, des articles, des adjectifs et pronoms indéfinis. Ils peuvent être

aussi des quantificateurs adverbiaux, nominaux même adjectivaux. Pour le troisième
chapitre, nous accorderons une grande importance au classement des quantificateurs selon
divers critères : type d’opération de la quantification, degré quantitatif, nature sémantique
du terme auquel ils s’appliquent… A l’intérieur de chaque sous-classe des quantificateurs,
les emplois de chaque quantificateur seront analysés du point de vue syntaxique et
pragmatique. Pour conclure ce travail, le dernier chapitre servira à citer et classer les
équivalents des quantificateurs en vietnamien.

12

Chapitre I
GÉNÉRALITÉS DE LA QUANTIFICATION ET DES
QUANTIFICATEURS
1. PROBLÈME DE TERMINOLOGIE
En grammaire française, la quantification est une des questions de grammaire qui ne
fait jamais l’objet d’une description en tant que telle. Dans les livres de grammaire, on ne
peut pas trouver un chapitre proprement réservé aux études de la quantification et des
quantificateurs. Ils sont traités dans des chapitres différents comme : le pluriel, le nombre,
les articles, les adjectifs indéfinis, les adverbes de quantité…
Pourtant, on remarque que ces différentes catégories de mots expriment toute une
notion de quantité, même si chacune d’elles le fait d’une manière particulière et avec des
nuances qui lui sont propres.
En observant l’énoncé : “Hier, elle a acheté un disque au supermarché.”
On trouve que, pour quantifier le mot “disque”, on peut utiliser des expressions
linguistiques différentes, sans préjuger des effets de sens que chacune de ces expressions
pourrait apporter. À la place de “un”, on peut avoir “des”, des adjectifs numéraux “deux,
trois, quatre…” des adjectifs indéfinis comme “quelques, plusieurs”. On peut aussi le
remplacer par des adverbes de quantités “beaucoup de, peu de…” ou des expressions
diverses exprimant la quantité comme “plein de, un grand nombre de, une grande quantité
de, une quantité incroyable de…”

Dans le deuxième énoncé : Aujourd’hui, à midi, j’ai mangé de la viande saignante.
Pour quantifier le terme viande, on peut avoir des adverbes de quantité comme
beaucoup de, trop de, peu de… ou des numéraux combinés avec des termes de mesure du
poids : cent grammes de ; deux cents grammes de…
Pour intensifier le terme saignant, on peut utiliser les adverbes de quantités très,
assez, trop, peu, bien… ; des préfixes ultra-, archi-… des adverbes de manière
énormément, étonnamment, parfaitement, extrêmement… ou des expressions diverses qui
peuvent être postposées : on ne peut plus, à souhait…
Prenons comme exemple le troisième énoncé : Mon fils aime bien le sport.

13

Pour intensifier le verbe aimer, à la place de “bien”, on peut utiliser les adverbes de
quantités très, assez, trop, peu… ; des adverbes de manière postposés énormément,
passionnément… ou des expressions diverses comme à la folie, comme un fou
À travers ces exemples, avec des remarques données, on trouve que le procédé de
quantification dépend de trois éléments suivants :
- La nature sémantique du mot auquel il s’applique.
Dans la langue française, on ne peut pas dire “*J’ai acheté très disques” ni “*J’ai
mangé de la viande beaucoup saignante.” De même, on ne peut pas utiliser les numéraux
deux, trois, quatre… pour quantifier le terme “viande” si le contexte implicite ou explicite
ne précise pas le sens qu’il faut apporter à ce terme. On peut dire “J’ai mis trois viandes
dans le pot-au-feu.” si on précise ces trois sortes de viandes : “J’ai mis trois viandes dans
le pot-au-feu : du gîte, du plat de côtes et de la macreuse.”
Il s’agit là d’une différence de la nature sémantique du mot quantifié selon laquelle
on distingue quantité et intensité. Dans les deux cas précédents, la classe générique n’est
pas la même. Cependant, la cohérence sémantique entre les traits spécifiques du
quantificateur et du mot quantifié doit aussi être respectée. Ainsi, on pourra dire “C’est une
fillette follement gaie.” mais on ne dira pas “J’ai mangé de la viande follement saignante.”
- Le mode de détermination de la quantité. Le mode de détermination de la quantité

peut être:
- précise (déterminée)
- imprécise (indéterminée)
- relative
- totalisante
- nulle
- La variation du degré de quantité selon que celle-ci est forte ou faible.
On peut dire que “beaucoup” correspond à un degré fort et “peu” à un degré faible;
mais dans tous les cas, la force ou la faiblesse de la quantité dépend du contexte et de la
situation de discours, des normes sociales qui déterminent le degré moyen à partir duquel
doit être jugé l’importance de la quantité.

14

2. DÉFINITIONS
2.1. Quantité et intensité
Selon l’Académie française, 8ème édition, la quantité “se dit de tout ce qui peut être
mesuré ou nombré, de tout ce qui est susceptible d'accroissement ou de diminution.”
Dans le langage courant, la quantité désigne un nombre plus ou moins grand, une
proportion plus ou moins grande de personnes ou de choses.
Donc, la quantité est quelque chose dont on peut obtenir une mesure. Mais en
linguistique, il faut encore distinguer quantité et intensité selon la nature et la classe
d’appartenance sémantique des mots auxquels s’applique l’opération de quantification.
La quantité s’utilise dans les deux cas suivants :
- Le mot représente un être dénombrable, qu’on peut compter (classe du discontinu),
l'opération consiste à multiplier l'unité de référence.
Dans la phrase “Il y a quatre chaises autour de la table”, on a multiplié l'unité de
référence “une chaise’’ par le numéro quatre. Donc, il s'agit de la quantité.
- Le mot représente un être non dénombrable, qu’on ne peut pas compter (classe du
continu), l'opération consiste à amplifier la notion de référence.

Pour l'énoncé “Il y a beaucoup de vin.”, la notion de référence “du vin” est amplifiée
par le terme “beaucoup”.
L’intensité s’utilisera si le mot représente une propriété ou un processus, il apparaît
dans les deux cas à la classe du continu, nom dénombrable, l'opération consiste à
intensifier la notion de référence.
Elle a des cheveux très foncés.
Il dort profondément.
Dans ces deux phrases, les deux notions de références “foncé” et “dormir” sont
intensifiées par “très” et “profondément”.
2.2. Définitions des quantificateurs
En linguistique, il y a plusieurs définitions des quantificateurs.

15

Selon l’encyclopédie libre Wikipédia, en grammaire, “un quantificateur est une sous-
catégorie de déterminant indéfini, ajoutant une idée de quantité à l'actualisation du nom
noyau.”
Pour certains grammairiens, le quantificateur est analysé comme un adjectif indéfini
au sens large. On peut remarquer que le quantificateur s'apparente également à l'adjectif
numéral cardinal. Revêtant la forme d'une locution déterminative, un quantificateur est le
plus souvent construit à partir de deux éléments : le premier pouvant être soit un syntagme
nominal soit un adverbe de quantité, et le deuxième étant presque toujours la préposition
“de”.
Selon BUVET Pierre-André, “la catégorie des quantificateurs regroupe des items qui
permettent notamment de préciser un certain type de rapport entre les constituants
fondamentaux de la phrase, le rapport précisé étant explicitement de nature quantitative.” Il
donne la définition : “Nous appelons quantificateurs des actualisateurs permettant
d’exprimer la quantité comme trois, plusieurs, beaucoup de…”
Pour pouvoir comprendre cette définition, il faut préciser le terme “les
actualisateurs.” D’après lui, les actualisateurs sont des unités linguistiques dont le rôle

syntaxique est de relier entre eux les constituants fondamentaux de la phrase simple (un
prédicat et son domaine d’arguments). Leur rôle sémantique est loin d’être négligeable
puisque les relations entre les constituants premiers sont modulées par certains
actualisateurs. Observons la série de phrases suivante :
Luc a mangé trois bonbons.
Luc a mangé plusieurs bonbons.
Luc a mangé énormément de bonbons.
Luc a mangé les bonbons.
Luc a mangé ces bonbons.
Dans cette série, il est clair que les trois premières phrases diffèrent des deux
dernières. Ce qui les distingue, ce sont les déterminants. Ceux des deux dernières sont des
définis dont le rôle premier est, selon des modalités qui sont propres, d’une part à l’article
défini et, d’autre part, à l’article démonstratif, de préciser le référent des noms auxquels ils
se rapportent. Ceux des trois premières phrases ont en commun le rôle d’exprimer une
quantité relative aux noms qu’ils précèdent. La question “combien ?” permet d’en rendre
compte.

16

Dans tous les cas, on constate que les déterminants ont une fonction
syncatégorématique, d’une part, et qu’ils spécifient un certain type de rapport entre
“bonbon” et les deux autres constituants fondamentaux de la phrase (Luc et manger),
d’autre part.
D’après BUVET Pierre-André, la liste des unités linguistiques qui correspondent à
une telle définition comporte plus de 3000 items. Ce sont tous des déterminants, la plupart
étant des déterminants composés du type dét + nom + de et des déterminants nominaux
comme “un tas de” dans “Luc a mangé un tas de bonbons.”
Pourtant, on constate que les critères définitionnels qui ont conduit à l’élaboration
d’une telle liste ne sont pas totalement satisfaisants. Ils ne permettent pas de rendre compte
de phénomènes sémantiquement proches mais ne relevant pas de la détermination. C’est

pourquoi, il faut considérer parmi les quantificateurs des unités linguistiques qui ne sont
pas des déterminants.
Dans l’énoncé “Luc a fait beaucoup de voyage”, le déterminant “beaucoup de” est
clairement un quantificateur. La question “combien” permet de l’établir facilement.
Combien de voyage Luc a-t-il fait ?  Beaucoup
Mais le nom voyage est un prédicat qui peut apparaître également sous une forme
verbale. Cela entraîne un synonyme : Luc a beaucoup voyagé.
Dans ces deux phrases, la relation entre le prédicat “voyage” et son argument est
quantitativement marquée d’une façon identique par le déterminant composé “beaucoup
de” ou l’adverbe simple “beaucoup”. L’équivalence de ces deux phrases justifie la
présence de l’adverbe “beaucoup” parmi les quantificateurs bien qu’il ne soit pas
déterminant.
Donc, en résumé, un quantificateur dans la langue naturelle comme le français est un
mot (chaque, le, un…) ou une locution (la plupart de, un tas de, une flopée de…) relevant
de catégories syntaxiques variables (déterminant pour tous, chaque, quelques, aucun… ;
adverbes pour beaucoup, peu, trop… ; adjectifs…) exprimant la quantité attribuée aux
noms qu’ils déterminent.
Ce sont des formes qui ont pour fonction linguistique de signifier la quantité ou
l´intensité de façon particulière, à l’intérieur de chacun des modes de détermination :
déterminé, indéterminé, relatif, totalisant et nul.

17

Certains de ses formes sont des mots simples: “plusieurs, certaines, quelques ”,
d´autres résultent d´une combinaison de mots: on ne peut plus , d´autres encore sont des
marques grammaticales liées: préfixes, suffixes
Certains termes de quantité ont pour fonction de préciser la nature de la référence qui
sera prise comme la base de l´opération de quantification. Par exemple le mot “troupeau”
précise que l´objet quantifié est considéré comme un ensemble de plusieurs individus.
Il possède plusieurs troupeaux de bêtes à cornes

Ces termes se spécifient sémantiquement selon la nature de l´objet considéré. On
dira “une grappe de raisins, une volée d´oiseaux, une couche de peinture” et non “une
volée de raisins, une grappe de peinture…’’. Parfois cependant, ces termes peuvent être
appliqués à d’autres objets, pourvu qu’existe une motivation sémantique comme “un
torrent d’injures…”
3. Caractéristiques des quantificateurs
Après avoir précisé ce que recouvre la notion de quantificateur, nous examinons à
présent les principales caractéristiques des unités linguistiques qui relèvent de cette
catégorie.
3.1. Caractéristiques formelles
Dans la partie précédente, nous avons circonscrit la catégorie des quantificateurs à
quelques verbes supports, différents adverbes qui accompagnent le verbe et des
déterminants. Les faits de détermination étant relativement complexes à analyser, nous
indiquons ici les différents types de déterminant résultant de cette catégorisation.
Le tableau ci-dessous rend compte des principales particularités formelles de la
détermination du français.

18



Chacune des différentes sous-classes du tableau comporte des quantificateurs. Avant
d’examiner la répartition des quantificateurs dans ces sous-classes, nous précisons
quelques-unes des notions exposées ci-dessus.
- La notion de déterminants composés s’applique à des configurations stables de
formes simples qui relèvent de la détermination. C’est le cas, entre autres, des adverbiaux
constitués d’un adverbe suivi de la préposition de (énormément de, peu de…) ou de
l’indéfini un + modificateur qui se rapporte, dans certaines constructions, à des substantifs
n’acceptant pas uniquement l’article indéfini comme déterminant.
Ex : Il a une malchance incroyable.

- Les déterminants figés constituent un sous-ensemble des déterminants composés.
Leur interprétation est difficilement déductible de leur relation avec le substantif auquel ils
Les déterminants
Déterminants simples
Luc a acheté une voiture.
Déterminants
complexes
Combinatoires libres d’éléments déterminatifs
Luc a acheté toutes ces voitures.
Luc a acheté une voiture rouge.
Déterminants
composés
Déterminants composés non figés
Luc a acheté beaucoup de voitures.
Luc a acheté une demi-douzaine de
voitures.
Luc a une malchance incroyable.
Déterminants composés figés
Luc a acheté un paquet de voitures.
Luc a acheté une tonne de voitures.
Luc a une chance de cocu.

19

se rapportent. Cette particularité de figés apparaît clairement en ce qui concerne des
déterminants nominaux.
Luc a répondu à une foule de protestataires.
Luc a lu une foule de livres sur le sujet.
Dans ces deux phrases, “une foule de” fonctionne comme un déterminant dans la
mesure où ce sont les noms “protestataire” et “livre”, qui, respectivement, établissent des

relations distributionnelles avec les verbes “répondre” et “lire”. Pourtant, il s’agit de deux
emplois différents parce qu’il n’est pas possible de rendre compte de la structure interne
des suites nom + de + nom de ces deux phrases dans les mêmes termes. La première
phrase peut être paraphrasée par les phrases suivantes :
Les protestataires constituent une foule.
Les protestataires forment une foule.
Les protestataires sont en foule.
Une telle analyse est impossible pour “une foule de livres” dans la deuxième phrase.
Il en résulte que nous interprétons la séquence “une foule de livres” comme un déterminant
figé.
Certains déterminants nominaux figés ont également comme particularité de
s’appliquer à un nombre restreint de substantifs voire un seul comme “un nuage de” dans
“Luc s’est levé un nuage de lait dans son café.”
À partir de ces notions, on va examiner les formes des déterminants quantificateurs.
3.1.1. Forme simple des quantificateurs
Les déterminants simples comme “aucun, maint, nul, plusieurs, quelques…” sont des
quantificateurs de forme simple.
Ex : En allant faire quelques provisions pour le dîner, elle a entendu dire des choses.
(Les misérables, Victor Hugo)
Nous nous étions toujours appelés ainsi, martelait-il, cette évidence ne souffrait
aucune contradiction. (Un secret, Phillipe Grimbert)
3.1.2. Formes composés des quantificateurs
Pour les déterminants complexes, les quantificateurs peuvent avoir des types
suivants :

20

- “multiple, nombreux, rare” (la possibilité d’associer des modificateurs adjectivaux
comme avec l’article indéfini pluriel. Une telle association permet de caractériser
quantitativement le substantif).

Luc a posé de multiples / nombreuses / rares questions à Pierre.
- Quelques modificateurs figés entrent également dans cette catégorie de
quantificateurs.
Luc a bu du cognac à gogo
- Les déterminants composés qu’on interprète comme quantificateurs sont des
adverbiaux (beaucoup de, assez de…) ou des nominaux (un kilo de, un tas de…)
Luc a acheté beaucoup de / un kilo de tomates.
- Des déterminants nominaux figés sont également possibles.
Luc a fait une montagne de fautes.
3.2. Les degrés de la quantification
La quantité et l’intensité varient en degrés. On distingue toujours la force et la
faiblesse. On peut dire que “beaucoup” correspond à un degré fort tandis que “peu” à un
degré faible. Pourtant, dans tous les cas, la force ou la faiblesse de la quantité dépend du
contexte, c’est-à-dire, en fin de compte des normes sociales qui déterminent le degré
moyen à partir duquel doit être jugé l’importance de la quantité. “Un million” pourra
correspondre à une quantité forte s’il s’agit du nombre de participants à une manifestation
(encore faut-il savoir de quelle manifestation il s’agit, dans quelle ville, de quel pays) et à
une quantité faible s’il s’agit du nombre d’habitants d’une ville. À partir de combien de
personnes un groupe est-il important ? En la matière, tout est question de point de vue.
De plus, entre la force et la faiblesse, il existe encore d’autres degrés. C’est-à-dire,
les expressions quantitatives ont la propriété de définir des échelles quantitatives. Par
exemple, l’échelle quantitative positive comprendra “un, un peu, quelques, beaucoup,
tous”. L’existence d’échelles quantitatives associées aux quantificateurs a pour
conséquence deux faits pragmatiques en contradiction avec deux prédictions logiques.
3.2.1. Quantificateurs logiques et quantificateurs linguistiques
La première conséquence est une divergence entre les propriétés sémantiques des
quantificateurs en langue naturelle et les quantificateurs de la logique des prédicats comme

21


le quantificateur universel

x (pour tout x) et le quantificateur existentiel

x, c’est-à-dire
il existe au moins un x. En réalité, “tous les x” ne signifie pas toujours

x, de même que
un x n’a pas toujours la signification logique

x.
Tous les garçons, sauf Paul, peuvent aller se baigner.
Un homme est un homme.
Dans la première phrase, l’interprétation à donner à “tous les garçons” n’est pas
l’interprétation logique. Celle-ci implique en effet que l’ensemble des garçons dont le
cardinal est n satisfait sans exception la propriété “pouvoir aller se baigner”. En français,
tous les x sont P ne signifie pas nécessairement que l’ensemble des x dont le cardinal est n
ont sans exception la propriété P. La co-occurrence de “tous” avec “sauf” montre que le
cardinal de l’ensemble des x possédant la propriété P peut s’interpréter comme signifiant
“plus petit que n’’. Donc, tous les x ne signifie pas toujours

x.
Dans la deuxième phrase, “un homme”ne signifie pas “il existe au moins un x tel que
x est un homme”. En français, “un homme” dans “un homme est un homme.” implicite
“tous les hommes”.
3.2.2. Signification logique et linguistiques des quantificateurs
La deuxième conséquence de la divergence entre signification linguistique et
signification logique des quantificateurs est liée aux enchaînements auxquels ils donnent
lieu et à leurs propriétés argumentatives.
Pour les deux énoncés :

a. Max n’a pas lu tous les romans de Balzac.
b. Max a lu plusieurs romans de Balzac.
Ducrot a observé qu’elles ont des propriétés argumentatives apparemment
contradictoires avec leurs propriétés logiques.
Quand on se demande si Max est un bon connaisseur de Balzac et s’il peut donner
des renseignements sur un ouvrage de Balzac, selon l’intuition associée à des repères
quantitatifs, c’est la réponse b plutôt que la réponse a qui sera la plus favorable pour Max.
En effet, quand on dit de quelqu’un qu’il n’a pas lu tous les romans de Balzac, on pensera
qu’il en a lu beaucoup, voire presque tous. En revanche, si on dit de lui qu’il a lu quelques
romans de Balzac, on comprendra “quelques romans” comme signifiant “quelques romans

22

seulement”. En d’autres termes, “quelques” serait, dans l’échelle quantitative des livres de
Balzac lus par Max, inférieur à “pas tous”.
Cette intuition sémantique est contestée par Ducrot. Pour lui, l’énoncé a est orienté
vers une conclusion négative du type “Max connaît mal Balzac” et seul l’énoncé b a une
orientation argumentative positive du type “Max connaît Balzac”. L’orientation
argumentative respective de ces deux énoncés peut se vérifier grâce aux enchaînements sur
les conclusions positives et aux enchaînements grâce à “même” qui introduit un argument
plus fort de même orientation argumentative.
a. Max n’a pas lu tous les romans de Balzac.  Il ne pourra pas te donner des
renseignements sur cet ouvrage que tu cherches.
a. Max n’a pas lu tous les romans de Balzac.  Il n’en a même lu aucun.
b. Max a lu plusieurs romans de Balzac.  Il pourra te donner des renseignements
sur cet ouvrage que tu cherches.
b. Max a lu plusieurs romans de Balzac.  et même tous.
À travers ces analyses, on trouve qu’il n’y a pas toujours la cohérence entre la
signification logique et linguistique des quantificateurs.
3.3. Les modes de détermination de la quantification

Les différents quantificateurs ne sont pas tous sémantiquement équivalents. Il
convient tout d’abord de considérer à part les cardinaux et bon nombre des déterminants
nominaux qui ont une valeur quantitative propre et qui expriment une quantité déterminée
ou précise
Ex : Jean Valjean, libre, né à … reste dix-neuf ans prisonnier. Cinq ans pour vol,
quatorze ans pour avoir essayé de se sauver quatre fois. (Les misérables, Victor Hugo)
Luc a acheté un kilo de tomates.
Pour les autres quantificateurs, la quantité ou l’intensité exprimée peut être un des
quatre modes suivants :
- Quantité et intensité indéterminées ou imprécises.
Ex : Luc a bu une certaine quantité de cognac.
Quelques minutes après, il est dans une grande salle où il y a beaucoup de
monde. (Les misérables, Victor Hugo)

23

- Quantité et intensité relatives par rapport à une limite.
Ex : Le reste avait si peu d’intérêt.
Elle s’évanouissait les jours de marché quand la foule la serrait de trop près.
(Un secret, Phillipe Grimbert)
- Quantité et intensité totalisantes.
Ex : Tous mes proches savaient, tous avaient connu Simon, l’avaient aimé. Tous
avaient en mémoire sa vigueur, son autorité. Et tous me l’avaient tu.
(Un secret, Phillipe Grimbert)
- Quantité et intensité nulles.
Ex : Luc n’a bu aucun cognac.
3.4. Propriétés syntactico-sémantiques des quantificateurs
Nous proposons d’analyser séparément les quantificateurs selon que les noms
auxquels ils s’appliquent s’interprètent comme des arguments ou des prédicats.
Selon la théorie lexique-grammaire qui postule que la phrase est le cadre minimal

d’analyse des unités linguistiques considérées, les constituants d’une phrase simple
correspondent à un prédicat et son domaine d’arguments. Normalement, la plupart des
déterminants quantificateurs peuvent se combiner avec toutes sortes de noms
indépendamment de leur statut au sein de la phrase. Par contre, la nécessité d’un traitement
séparé des quantificateurs apparaît clairement si on prend en compte leurs propriétés
sémantiques. Considérons les situations suivantes :
Luc a donné plusieurs livres à Tom.
Luc a donné plusieurs gifles à Tom.
Ces deux phrases ont la même structure de surface : N1 + V + Dét + N2 + Pré + N3
mais elles ne sont pas comparables. Dans la première phrase, le verbe est un prédicat mais
un verbe support dans la deuxième. De même, le N1 est un argument dans la première mais
un prédicat dans la deuxième. Il s’ensuit que le déterminant quantificateur “plusieurs”
n’est pas strictement comparable dans ces deux phrases dans la mesure où l’application de
ce déterminant à un nom prédicatif permet de le caractériser aspectuellement. En effet, la
deuxième phrase est équivalente à “Luc a donné plusieurs fois une gifle à Tom.”

24

La combinaison d’un déterminant quantificateur et d’un nom prédicatif est l’une
des façons d’exprimer l’aspect fréquentation en français. Une telle possibilité n’est pas
directement déductible de “Luc a donné plusieurs livres à Tom.”, d’autres marqueurs sont
nécessaires pour caractériser aspectuellement le prédicat “donner”.
3.5. Les types de quantificateurs
Les termes quantitatifs peuvent être regroupés selon qu’ils décrivent:
• Une fraction
- appliquée à des êtres matériels dénombrables: Une demi-portion, la moitié d’une
portion, les deux cinquième d’un jambon…
- appliquée à des êtres matériels non dénombrables: La moitié de la viande, un tiers
du lait, le quart de la crème fraîche
- appliquée à des mesures: un demi-centimètre, un quart de tonne, deux tiers de

litre
• Une multiplication
- double, triple, quadruple, quintuple, etc. ou deux fois, trois fois
Ex : Sensible à son charme, elle le lui témoigne par de multiples attentions.
Il avait tiré les doubles rideaux, la pièce n’était éclairée que par sa lampe de
chevet. (Un secret, Phillipe Grimbert)
- certains termes signalent qu’un ensemble est formé de deux individus (une paire de,
un couple de, un duo de), de trois (trio), de quatre (quatuor, quartette)
Ex : On a loué les services d’un trio de musiciens, violons et accordéon réveillent
l’assemblée. (Un secret, Phillipe Grimbert)
• Une unité particulière
- comme partie d’un objet: une tête d’ail, un morceau de chocolat
- comme résultat d’une action: une bouchée de pain, une tranche de jambon, une
couche de peinture
• Un ensemble d’unités
- Une grappe de raisins, un régime de bananes, une rame de papier, un banc de
poisson, une volée de corbeaux

25

3.6. Quantificateurs purs et quantificateurs caractérisants
La catégorie des quantificateurs est assez floue du point de vue du fonctionnement
sémantique. En se basant sur les valeurs que les quantificateurs apportent aux noms qu’ils
complètent, on distingue les quantificateurs purs et les quantificateurs caractérisants.
Les quantificateurs purs sont ceux qui indiquent seulement le nombre des êtres qui
s’applique au nom déterminé.
Ex : Il n’a vu aucun étudiant.
Je ne mangerai pas tout ce pain.
Dans ces deux exemples, les déterminants “aucun” et “tout” expriment seulement une
quantité attribuée aux noms “étudiant” et “pain”. Ils sont donc quantificateurs purs.

Les quantificateurs caractérisants sont ceux qui ajoutent aussi à l’indication du
nombre celle de caractères propres à l’être auquel s’applique le nom.
Ex : Ces divers livres me fascinent.
Dans cette phrase, le déterminant “divers” exprime d’abord une quantité du nom
“livre” mais il apporte aussi le caractère d’indétermination sur l’identité du nom. Donc, il
exprime une pluralité d’être distincts dont l’identité reste indéterminée. Il s’agit, dans ce
cas, du quantificateur caractérisant.
Cependant, cette distinction dépend non seulement de la valeur sémantique des
quantificateurs mais aussi du contexte. Dans quelques cas, c’est le contexte qui indique un
quantificateur pur ou quantificateur caractérisant.
Prenons comme l’exemple le cas du quantificateur “quelques”. S’il est employé seul
au pluriel devant le substantif, “quelques” fonctionne comme quantificateur pur.
Ex : Quelques livres me feraient plaisir.
Mais dans l’énoncé “Ces quelques livres me feraient plaisir”, la nuance
d’indétermination porte aussi bien sur le nombre que sur l’identité. Il n’est donc pas ici
quantificateur pur mais quantificateur caractérisant.

×