,
,
,
VOYAGE
AUTOUR DU MONDE,
(Bxécuté par <ûrïia tut îlot
€/ur /a
(ûoi
/&>
ae &a/
-/(iocu&^/e',
cwmeed
182.2
,
^oauiuuUj y
X-co
1823 ,
1824
/
Jieitr/cm/
1820
SOUS LE MINISTÈRE ET CONFORMÉMENT AUX INSTRUCTIONS DE S. E. M. LE MARQUIS
DE CLERMONT- TONNERRE, MINISTRE DE LA MARINE;
<8t
public sous
DE SON EXCELLENCE M
Us auspices
CR
LE
C TL
DE CHABROL,
MINISTRE DE LA MARINE ET DES COLONIES,
PAR
CAPITAINE DE EREGATE
,
M. L.
I.
DUPERREY,
CHEVALIER DE SUIT-LOUIS ET MEMBRE DE LA LEGION d'hoNNEUR,
COMMANDANT DE L'EXPEDITION.
Zoologie
PAR MM. LESSON ET GARNOT.
#^ 1
1
'lSMiiêS^iffy£tJiMWtS^fi''
^m'mé>SM
'
|C
%
IKiaSSS WISBS6 3XEBWJJ
PARIS.
ARTHUS BERTRAND, LIBRAIRE-ÉDITEUR
RUE HAUTEFEUILLE, N°
1826.
23.
fia?
u.s)
k,\
rC- L
PREFACE.
Le gouvernement, en ordonnant la publication des
travaux du voyage de M. le capitaine de Freycinet,
sur la corvette l'Uranie, imposa aux médecins de l'expédition
tâche de faire connaître au
la
monde
vant leurs découvertes en histoire naturelle.
à l'égard de l'expédition de
M. Duperrey,
On
les
sa-
suivit,
mêmes
par suite on nous chargea, M. Garnot
moi, de rédiger la plupart des observations zoolo-
errements;
et
giques
et
faites
pendant
la
campagne de
la corvette
la
Coquille.
Nos
efforts
nous tiendront sans doute compte des
constants qu'il nous a fallu faire pour répondre
lecteurs
du ministère de la marine et des savants.
La vie de mer n'est point propre aux recherches
d'érudition et ce n'est donc que par des travaux
opiniâtres que nous avons pu nous mettre au couà l'attente et
,
rant des sciences naturelles, et suivre leurs progrès,
aujourd'hui surtout que chaque
peuple de l'Europe
envoie des voyageurs pour parcourir
le
globe, et que
leurs observations sont publiées dans mille ouvrages,
et surtout
Le
dans des recueils périodiques sans nombre.
désir de remplir avec quelque distinction la tâche
imposée à notre zèle a soutenu notre ardeur,
et
la
PREFACE.
ij
seule
que
récompense
nous puissions
ambitionner
pour des travaux étrangers à nos devoirs, est qu'ils
ne soient point au-dessous de ce que les naturalistes
ont le droit d'en attendre. Nous devons ajouter encore que, bien que nos collections aient été nombreuses
et
variées,
furent le
elles
résultat
propres ressources individuelles, et
de nos
qu'elles n'occa-
sionnèrent aucune dépense à l'expédition.
Le ministère de
pos de placer sur
listes
marine n'ayant pas jugé à pro-
la
la corvette la Coquille
des natura-
dûmes, au moment du
chacun de nous les diverses bran-
de profession, nous
départ, assigner à
ches que nos recherches devaient plus exclusivement
embrasser. Ainsi,
déjà
l'expédition,
publications
M.
d'Urville,
second
avantageusement connu
estimables
,
se
de
officier
par
des
réserva la Botanique
et
l'Entomologie; et M. Garnot, docteur en médecine,
chirurgien-major de
clusivement à
la
la
corvette, désira se livrer ex-
Mammalogie
et à l'Ornithologie.
Il
nous échut donc en partage les branches nombreuses
et encore peu exploitées qui n'entraient point dans
les
la
goûts de ces deux officiers
,
en y joignant de plus
Géologie.
une nouvelle expédition
dans l'Océan Pacifique, M. d'Urville, lors de la puAppelé bientôt
blication des
Coquille, se vit
à diriger
matériaux apportés par
dans
la
corvette la
la nécessité d'en confier la rédac-
tion à diverses personnes; et c'est ainsi
que
MM. Bory
PRÉFACE.
Ad. Brongniart eurent à faire
plantes nouvelles du voyage, et que
de Saint-Vincent
connaître les
M.
et
Latreille, qui s'adjoignit
au jour
les
iij
M. Guérin, dut mettre
descriptions des insectes alors inédits.
M. Garnot, dont
le zèle et
épreuve, fut atteint, sur
l'ardeur étaient à toute
la côte
du Pérou, d'une dy-
en mars 1823 et cette redoutable affection, prenant un caractère chronique,
le contraignit à débarquer au Port- Jackson de la
senterie des plus graves,
;
Nouvelle-Galles du Sud, en janvier 1824. Bien que
souvent
menacé
,
dans ce laps de temps
sa vie
collections,
et
,
des rechutes aient
,
ne cessa pas de s'occuper de
des préparations nombreuses que
il
ses
les
chasses journalières de plusieurs des gens de l'équi-
page nécessitaient. Mais, enfin,
tour,
et
quitter
une
il
dut songer au
expédition qui
re-
devait encore
explorer des parages insalubres, et sillonner
le
grand
Océan pendant près de deux années. En abandonnant la Coquille, M. Garnot emporta avec lui la plus
grande partie des collections réunies jusqu'à ce jour;
elles formaient plusieurs grandes caisses que nous
espérions voir arriver dans notre patrie
comme
les
prémices de nos travaux. Mais vain espoir! en s'em-
barquant sur le navire anglais
tre malheureux collègue devait
let
le
Castle-forbes, no-
faire
naufrage
(juil-
1824) au cap de Bonne-Espérance, et perdre en un
seul jour le fruit d'une
soins.
Heureux,
année de persévérance
et
de
toutefois, qu'il n'ait point été victime
de ce funeste accident.
PRÉFACE.
iv
Enfin réunis après des contrariétés longues et im-
M. Garnot
prévues, nous espérions,
moi, publier
en commun les observations que nous avions pu faire
isolément dans le voyage. Mais, appelé après quelque
temps de séjour dans la capitale, à la place de chirurgien en chef de
l'île
de
la
et
Martinique, M. Garnot
nous remit divers Mémoires qu'il avait rédigés, en
nous priant de les insérer textuellement, et sous son
nom, en nous laissant par conséquent responsable de
nos propres travaux. Nous avons donc dû apposer le
nom de leurs auteurs aux divers articles qu'on trouvera dans les deux volumes de cet ouvrage, où ils
sont insérés à leur place naturelle, et au milieu de
Mémoires sans signature dont nous réclamons ici la
,
propriété
I
.
Les limites que nous a fixées l'ordre de publication
de tout l'ouvrage, ne nous ont pas permis de passer
en revue toutes nos découvertes. Nous avons dû faire
un choix, et n'offrir au public que les faits les plus
neufs et les plus saillants dans
l'état
actuel
de nos
connaissances, et négliger par conséquent cette quantité
de
détails partiels
signalés,
qui concernent des objets déjà
quelqu'iniparfaites
qu'en
soient
les
des-
criptions.
LESSON.
Paris, janvier 1828.
1
le
M.
Bory de Saint-Vincent doit publier
les
Polipyers recueillis dans
voyage, et M. Guérin donnera un travail étendu sur
les
Insectes et sur les Crus-?
tacés.
le
colonel
VOYAGE
AUTOUR DU MONDE,
PENDANT LES ANNÉES
1822, l823, 1824
et
l82 5.
ZOOLOGIE.
CHAPITRE PREMIER.
CONSIDÉRATIONS GENERALES SUR LES ÎLES DU GRAND-OCEAN, ET SUR
LES VARIÉTÉS DE LESPECE HUMAINE QUI LES HARITENT.
Quod
vidimus , testamur.
lMous croyons nécessaire de présenter un tableau succinct et
rapide des îles de la mer du Sud, et des races qui les habitent,
envisagées sous les rapports divers de mœurs, de coutumes et
d'organisation, et de le faire servir d'introduction aux descriptions
,
naturellement arides
,
des animaux nouveaux
ou peu
connus qui forment la partie zoologique de notre voyage. L'ensemble des idées que nous émettons sur ce sujet obscur et difficile offrira
Voyage
rie
sans doute quelque intérêt; car
la Coquille.
— Z.
Tom.
I.
il
est
en grande
!
s
VOYAGE AUTOUR DU MONDE,
2
partie le résultat d'observations
pendant
cueillies sur les lieux et
tion. Parfois
nombreuses
et détaillées
,
re-
cours d'une longue naviga-
le
nos opinions se trouveront coïncider avec
les faits
déjà annoncés par deux savants voyageurs, d'une sagacité re-
connue,
MM.
Fors ter et de Chamisso ; et d'avance, on voudra
bien leur en attribuer
chaque
le
mérite, sans que nous ayons à les citer
Cependant, on pourra
fois.
manière de voir
devons à tous
diffère assez
les
deux
souvent de
l'idée
convaincre que notre
se
la leur, et
que,
si
de grouper sous forme de géné-
principaux traits historiques des naturels de la
ralités les
nous
du Sud nous avons cependant apporté dans
,
mer
ce travail plusieurs
modifications remarquables.
§ I-.
DU GRAND-OCÉAN ET DES
iLES OCEANIENNES.
Le Grand-Océan, au milieu duquel sont semées les terres de
l'Océanie proprement dite comprend ce vaste espace de mer
I
,
qui baigne les côtes occidentales de l'Amérique,
les côtes orien-
nombreuses du Sud-Est
de l'Asie, en communiquant avec les mers des Indes et de Chine
par de nombreux canaux; remontant au Nord-Est sur les îles
du Niphon, jusqu'à la presqu'île du Ramtschatka; se limitant
tales
de
la
Nouvelle-Hollande,
au Nord aux
îles
Aléoutiennes et Kouriles
breux archipels de
1
Adoptant
Océanie
toutes les
les
la
Moluques,
la côte
,
au milieu des nom-
Nord-Ouest d'Amérique, aux rivages
manière de voir de plusieurs géographes modernes, nous appelons
les îles
îles
les îles
innombrables qui sont éparses dans
qui forment ce qu'on appelle
les
Philippines,
les îles
de
la
les
Grand-Océan,
et
Polynésie.
archipels d'Asie, et qui renferment
Sonde
autres écrivains ont, au contraire, transposé ces
le
et la
Nouvelle-Guinée. Quelques
noms mais
pour comprendre ce que nous appelons Océanie
;
el
il
Polynésie.
suffit
qu'on
soit averti
fciajii
DE!
ZOOLOGIE.
de
la Californie
3
en donnant naissance à
,
la
mer
Vermeille ren;
fermant un intervalle de cent soixante degrés et n'ayant pour
borne au Sud que les mers de la Zone glaciale australe. Cette
,
vaste surface d'eau ne présente qu'une petite portion de terre
habitée par l'homme; et encore celle-ci se trouve-t-elle morcelée
en un nombre considérable d'iles isolées ou disposées par
groupes qui forment des archipels distants et épars dont la
composition minérale appartient à trois formations différentes.
,
,
ou l'autre tropique, mais
tropique du Capricorne les îles
Placées indifféremment dans l'un
plus particulièrement sous le
,
vraiment océaniennes diffèrent, par leur disposition générale,
de
qui part de la pointe Sud-Est de la Nouvelle-
la traînée d'îles
Guinée
,
chaîne à
et qui s'avance
l'Est
dans
le
Sud en formant une longue
,
de l'Australie ou Nouvelle-Hollande
la Louisiade, la terre des Àrsacides, les archipels
telles
:
sont
de Santa-Crux,
des Hébrides, de la Nouvelle-Bretagne de la Nouvelle-Calédonie,
,
les îles
Norfolk
,
la
Nouvelle-Zélande, et sans doute
les îles
Camp-
Macquarie et ces îles semblent être véritablement le prolongement des terres avancées de l'Asie car on doit regarder/
bell et
;
;
les archipels
entière,
de
comme
la
Sonde
les
,
des Moluques , enfin de la Polynésie^
débris de ce continent, crevassé de toute]
part sous l'équateur.
A
ce sujet,
une opinion
assez générale)
admet que le globe a subi l'action d'une force puissante sous lai
Zone équatoriale; et on a remarqué des dispositions analogues
dans le morcellement du continent américain sous le tropique
du Cancer, et même en Europe plus au Nord entre la Médi,
,
mer Rouge. L'isthme de Suez, en effet, corresl'isthme de Panama et le cap York dans le détroit de
terranée et la
pond à
Torrès
,
;
,
prolongement d'un bras de terre qui
Nouvelle-Guinée à la Nouvelle-Hollande et que les
est sans
unissait la
vagues ont
doute
le
,
brisé. Enfin, les trois
extrémités des masses de
terre dans l'hémisphère austral offrent
une grande
similitude.
Le
VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
4
Diémen
cap de
les
devait être le promontoire
Horn
caps de Bonne-Espérance et de
Sud de l'Asie, comme
terminer
se trouvent
aujourd'hui l'Afrique et l'Amérique. Le détroit de Bass est
nalogue de celui de Magellan;
et le
banc des Aiguilles, à
l'a-
l'ex-
du cap de Bonne -Espérance, annonce que des terres
affaissées s'y élevaient, et ont pu en être isolées par un détroit,
ou qu'elles ont disparu dans la catastrophe qui a morcelé les
trémité
extrémités méridionales de l'Afrique et de l'Amérique.
La Nouvelle-Hollande qui dans
cette
,
,
hypothèse
,
formerait
méridionale des vastes contrées de l'Asie, en diffère
la partie
complètement par
ses
productions
,
de
même
que
les
pays des
Cafres, des Hottentots, et les terres magellaniques , diffèrent
des continents dont
ils
sont les prolongements. Cependant les
animaux ou les végétaux de l'Australie ont reçu une physionomie spéciale un cachet qui leur est propre et leurs formes
r
,
,
insolites
semblent éluder tous
les principes
de classification.
Mais, à mesure qu'on avance vers l'équateur,
tachent à ceux que produit l'Asie
;
les êtres se rat-
et enfin, sur la partie inter-
on en trouve un grand nombre qui sont communs
à la Nouvelle-Guinée, comme aux terres d'Arnheim et de Carpentarie. L'opinion qui admet que la Nouvelle -Hollande est
sortie plus récemment du sein des eaux est généralement reçue
et quoique l'intérieur soit pour nous couvert d'un voile mystérieux ce qu'on connaît du littoral lui donne le plus grand
tropicale,
;
,
poids.
Sans rajeunir de
sitions
coup
1
vagues
d'ceil
Ce nom
Hollande
:
et
ou sans se perdre en suppohypothétiques on ne peut, en jetant un large
vieilles idées
,
,
sur l'ensemble de ces terres
est
,
se dispenser
adopté par beaucoup de géographes pour désigner
quelques-uns écrivent Australasie. Par
Tasmanie
,
de remar-
la
Nouvelle-
on indique
de Diémen, découverte, en 1642, par Abel Tasman, navigateur hollandais.
la terre
ZOOLOGIE.
quer que toutes
les îles
qui forment
velle-Guinée jusqu'au Sud de
5
le
chaînon depuis
la
Nou-
Nouvelle-Zélande semblent
la
être les bords de l'ancien continent Australique déchiré; car
aujourd'hui
les
nombreux canaux qui
isolent ces archipels sont
encombrés de bancs à fleur d'eau, de plateaux de récifs ou
de rochers épars, qui forment de cette partie de l'Océan une
mer semée d'écueils.
Si nous examinons la partie orientale de l'Australie, depuis
les rivages
de Port-Jackson jusqu'à i5o milles dans l'intérieur
du pays, en franchissant
l'épaisseur des
parviendrons peut-être à
Toutes
idée.
effet,
les côtes
de
saisir les
la
montagnes Bleues, nous
chaînons qui étaient cette
Nouvelle -Galles du Sud sont, en
entièrement composées d'un grès houiller à molécules
peu adhérentes; et ce que nous appelons le premier plan des
montagnes Bleues est également composé de ce grès, qui cesse
entièrement au mont York. Là une vallée profonde isole ce
premier plan du second qui est composé en entier de granité.
La hauteur de ces deux chaînes parallèles, qui courent du Sud
au Nord, est la même. Le mont York, d'après les observations de
M. Oxley ', est élevé de 3, 292 pieds anglais, et se trouve éloigné
de la côte par un intervalle de 1 00 milles environ. Quelques voyageurs pensent, sans doute à tort, que cette montagne conique,
et brusquement terminée par une pente roide sur le Val de
Clwyd, est l'ossuaire d'un ancien volcan, dont le périmètre a
été enseveli sous le dépôt du grès marin qui revêt toute cette
,
,
étendue de
territoire.
On
est plus
fondé à
le
considérer
recouvert d'une formation tertiaire; ce que prouvent
abondant d'un
lignite stratiforme ,
le
qui occupe toute
comme
gisement
la
partie
1
Journals of two expéditions into the interior oj New-South-Wales undertaken by order of the bristish governement in the years 1817-18. By John OXLEY;
,
in-4°,
London, 1820.
,
VOYAGE AUTOUR DU MONDE,
6
moyenne du mont York,
de la mer, et
les
à 1,000 pieds au-dessus
du niveau
empreintes nombreuses de phytolithes qui se
rencontrent vers son
sommet
,
et qui paraissent
pour
la
plupart
appartenir à des feuilles d'Eucalyptus ou à des fougères. Au-delà
du Val de Clwyd, se développe la deuxième chaîne, et celle-ci
se trouve être complètement primitive; car les roches qui la
composent sont des granités, des syénites quartzifères et des
pegmatites. C'est sur le rebord de ce plan des montagnes Bleues
qu'on remarque aujourd'hui les traces nombreuses de bouches
volcaniques, et que des masses basaltiques, dont les plus remarquables forment ce qu'on appelle les Chutes de Bathurst
s offrent abondamment aux regards du voyageur. En dernière
analyse, un terrain tertiaire, reconnu sur le littoral de la Nouvelle-Galles, comme sur divers points au Sud de la NouvelleHollande *, serait donc accolé sur le sol primitif qui compose
le
plateau central de cette vaste contrée.
Les échantillons nombreux que nous avons rapportés de
la
Diémen indiquent encore une étendue assez considérable de sol tertiaire adossé à un terrain de pegmatite et de
serpentine où l'on observe des gisements assez puissants àefer
terre de
,
,
fibreux natif, au milieu de roches amianthoïdes
.
Il est
à remar-
quer que nous trouvâmes des empreintes de productus aux
Malouines
,
et
que
les spirifères se
montrent en abondance
îles
,
et
dans un bel état de conservation, avec plusieurs autres testacés,
sur les bords de la rivière Tamar,
à i5o pieds au-dessus
non
du niveau de
PÉRON,
Voy. aux Terres australes (2
e
du port Dalrymple,
mer.
la
La Nouvelle-Zélande, séparée de
1
loin
la
Nouvelle - Hollande par
édii.
,
4 v °l- in -8°, Paris, 1824),
consacre plusieurs paragraphes à l'explication des divers phénomènes géologiques
que
lui
présentèrent
la terre
de Diémen,
d'Édels, de Witt, et à'Endrackt.
(
Tom.
les îles
du
détroit de Bass, et les terres
IV, pag. 21 5 et suiv.
)
ZOOLOGIE.
un simple canal,
est hérissée
,
7
sur sa surface
,
de volcans éteints
ou même en activité et de prismes basaltiques et cependant
on y trouve également quelques roches primitives et surtout
un jade d'une grande beauté. Mais, malgré le rapprochement
de ces deux contrées leur physionomie est toute différente et
si on remarque quelques points d'analogie, on ne les trouve
que dans le règne animal.
La Nouvelle-Irlande avons-nous dit semble être plus particulièrement le prolongement des terres d'Asie; et en effet, les
hautes montagnes de cette grande île, située près de l'équateur,
doivent être primitives, tandis que les collines de sa circonférence et les écueils du rivage sont entièrement de carbonate
de chaux madréporique ', qui forme des sortes de murailles, ou
plutôt un rivage récent moulé sur un autre plus ancien. En
remontant au Nord sous la ligne les observations que nous
,
:
,
,
;
,
,
,
avons pu suivre à
les
,
Nouvelle - Guinée nous démontrent que
montagnes d'Arfak sont composées de roches primitives;
la
car les rivières qui en descendent coulent sur des galets de
granité
;
tandis que les terres
littoral sur plus
Masanouary
et
assez élevées qui forment
de 11 milles de largeur, ainsi que
Masmapy, qui
réry, sont, sans exception,
les lies
le
de
sont à l'entrée du havre de Do-
de calcaire madréporique, élevé de
plus de i5o pieds au-dessus
du niveau
actuel des eaux.
D'un
on sait d'une manière positive que les îles de la
Sonde, les Moluques, Timor même, malgré l'opinion erronée
de Péron, sont de formation primordiale; et que le calcaire
saxigène ne s'offre jamais que comme une ceinture extérieure,
ce dont les îles d' Amboine de Bourou de Céram offrent la
autre côté
,
,
,
preuve palpable.
1
En
franchissant par la pensée la largeur en-
Fait également mentionné par
de Lapèrouse
,
t.
I, pag.
,
24°
1
M. LABILLARDIÈRE. Voy. à
édit. in-4°, Paris,
an
vxii.
la
recherche
,
VOYAGE AUTOUR DU MONDE,
8
de l'Océan Pacifique, et nous reportant sur la côte occidentale d'Amérique, on y retrouvera de vastes surfaces couvertes
tière
de testacés
en un mot, un sol
fossiles,
tertiaire, élevé
de i5o à
200 pieds au-dessus du niveau de la mer (àPayta, côte du Pérou);
et ne doit-on pas naturellement conclure que, par des causes
quelconques
,
et
que nous ne devons pas rechercher ici
niveau de l'Océan
,
le
dernier
était à cette élévation, et baignait alors la
surface de la Nouvelle-Galles
du Sud jusqu'au premier plan des
montagnes Bleues?
En examinant ensuite l'ensemble des îles océaniennes proprement dites puis chacune d'elles en particulier, nous ne trouverons, sans nulle exception que deux sortes de formation
,
:
,
l'une basaltique , et l'autre de création animale. Toutes les îles
hautes de la
mer du Sud
présentent, en effet, les conditions de
ce qu'on appelle terrains volcaniques,
pable de volcans. Ces
îles
ou sont
produit pal-
le
montagneuses, couronnées quelquefois
par des pics qui se perdent dans
les
nuages, sont généralement,
entre les tropiques seulement, entourées d'une bande de terre
que supporte un calcaire à polypiers, élevé de quelques toises
au-dessus du niveau de la mer. Mais ce rivage accessoire n'est
presque jamais unique
une ceinture
zoophytes
,
et
d'îles
:
souvent, à quelque distance,
basses
,
plates
,
uniformes
s'y joint
mêmes
que nous nommerons parfois Motous, d'après
Taïti et chez les
Pomotous
comprendront, sous
zife,
dues aux
,
désignation générale de la langue océanienne
les divers
il
le
,
la
usitée surtout à
\ Les îles de notre seconde division
nom
générique de Skopelonyse , ce que
peuples navigateurs appellent indifféremment Arre-
Paracels, Attoles et Attelons, ou Coralligènes
,
dont
l'exis-
tence est due au travail lent et successif d'animacules délicats
n'élevant jamais
1
que jusqu'à
la surface
des vagues, en bâtissant
Insulaires des îles basses de lArchipel dangereux.
ZOOLOGIE.
9
sur de hauts fonds leurs demeures pierreuses
donner
cela de
:
bien éloignés en
au phénomène décrit avec pompe par un
lieu
savant d'ailleurs très-célèbre Recueils qui naissent sous
,
le sillage
des navires. Mais les iles-récifs sont de trois sortes simples, ce sont
:
motous des grandes terres; disposées en cercle, avec une mer
intérieure, ce sont les motous a lagons de plusieurs navigateurs.
Enfin ces iles présentent encore une modification plus singules
,
lière
c'est celle d'offrir
:
de vastes plateaux à fleur d'eau, recou-
motous arrondis et verdoyants, ayant un ou plusieurs
lagons, et que les Anglais nomment îles-groupes (islands-groups).
verts de
Les motous simples ne se rencontrent guère qu'autour des
terres hautes, auxquelles
ils
forment des ceintures,
telles qu'à
Maupiti, Borabora, et dans tout l'archipel de la Société. Les mo-
une sorte de système d'iles qu'on
remarque plus particulièrement dans deux points de la mer du
Sud, au milieu des archipels Gilbert et Mulgrave d'une part,
et au milieu de la mer Mauvaise d'une autre part et dont on
peut aisément se faire une idée en examinant un plan des iles
de Clermont -Tonnerre, de la Harpe, etc. Mais les îles-groupes
tous a lagons appartiennent à
,
semblent être particulières à l'archipel étendu des Carolines.
Là,
plateau de lithophytes prend souvent
le
loppement.
motous
pels de
Il n'est
parfois
distants et isolés,
Rotzebue, de
surmonté que par des
En
si
basses
iles
ou
comme on le remarque dans les archi-
Pialick et
Radack;
et
souvent
comme on en
il
environne
a la preuve par
l'île
long-temps fabuleuse, les Palaos, Ulia,
etc.
des terres volcanisées hautes
ftHogoulous, crue
un immense déve-
,
dernière analyse, les terres du Sud-Est de l'Asie, l'Aus-
tralie,
laTasmanie,
nésie
de
,
même l'île
la
et
même
le
Nouvelle-Guinée à
Campbell
,
chaînon terminal de
la
la Poly-
Nouvelle-Zélande peut-être
sont des terres primordiales
,
;
et les îles
de
l'Océanie, de formation récente et postérieure dans l'histoire
du globe, sont volcaniques
— Tom.
Voyage de
la Coquille.
Z.
I.
et
madréporiques.
2
VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
io
Mais, pour que notre idée
complète sous ce rapport,
soit
il
nous reste à envisager les causes qui peuvent démontrer l'origine ignée d'un aussi grand nombre de terres séparées par d'im-
menses espaces
et
par
la plus vaste
étendue de mer connue.
L'ancienne opinion qui veut qu'elles soient
les débris
qui sur-
gissent d'un continent austral brisé n'est point admissible; et
la seule raison satisfaisante
de tant
assez
d'îles
éparpillées
qu'on puisse donner de
comme au
hasard
communément par grands groupes
,
la
naissance
mais cependant
a sans contredit été
,
émise par Forster, et généralisée ensuite, trop exclusivement
peut-être
par
,
le
savant géographe Buache. Forster (Observ.J
comme
considérait toutes ces îles
assises sur les points culmi-
nants des chaînes sous-marines, s'irradiant sous la mer,
comme
sur la surface de la terre. Ainsi s'explique sans
elles le font
dif-
ficulté la naissance des îles
de corail dont
par
sur ces éminences placées à peu de
les polypiers saxigènes
profondeur
;
et c'est
de
la
la
,
base est construite
conformation des chaînes formant
les
bassins sous l'eau que naît celle qu'affectent dans leurs contours
les îles basses.
La
du Grand-Océan couverte de terrains volcanisés
anciens ', présente encore une quantité prodigieuse de monts
ignivomes en activité également nombreux sur les terres ou sur
2
les continents qui lui servent de limites. La Nouvelle-Zélande
surface
,
,
,
1
Les
îles
de
la Société,
au milieu des masses basaltiques (Basalte avec Péridot)
plupart des montagnes de leur portion centrale
qui constituent
la
composé d'une
belle dolèrite.
Cook ;
et
La
en
est
de
même
à
Noukahiva.
(
,
ont leur ossuaire
est élevé
de 3,323 mètres, d'après
sommet
des lacs qui sont d'anciens
des montagnes voisines présentent à leur
cratères. Il
2
Le mont Oroena
Rrusejvst.
)
Nord de la Nouvelle-Zélande est entièrement volcanique. La cascade
de Kiddi-Kiddi est remarquable par la grande nappe d'eau qui se précipite d'une
partie
colonnade basaltique très-élevée. Le lac de
Rotoudoua
dans
cratère d'où jaillissent des sources d'eau
la
mythologie de ces peuples,
est
un
,
qui joue
un
si
grand rôle
chaude. Des blocs d'une belle obsidienne, des tuffas rouges, abondent sur plusieurs points.
ZOOLOGIE.
i,
Tanna, les Nouvelles-Hébrides, la Nouvelle-Calédonie, les iles
Schouten les Mariannes les Sandwich \ la Californie, ont encore
,
,
des volcans en activité; et sur les bords
,
ne faut que
il
des Andes en Amérique, des Gallapagos, etc.
lantique
,
etc.
citer
ceux
L'Océan At-
sous ce rapport présente une grande analogie avec la
,
,
mer du Sud;
car les
distantes et éloignées de la côte d'Afrique
iles
sont volcaniques, telles que Sainte-Hélène, l'Ascension, Madère,
les
Açores,
les
Canaries, les
même phénomène
le
des Indes par les
îles
îles
du Cap-Vert, Tristan-d'Acunha
se manifeste
Maurice
encore autour de ces
îles la
et
dans
dans
les Antilles,
la
:
mer
de Bourbon. Mais on remarque
formation madréporique qu'on ne
,
retrouve point d'une manière complète dans l'Océan Atlantique.
Des
récifs
Rodrigues
surgies
du
de corail enveloppent, en
,
les
Mahées,
effet,
les Seychelles, etc.
l'île
Maurice,
Plus anciennement
sein des eaux , les iles volcaniques de la
ont été peuplées
les
les îles
mer du Sud
premières et ce n'est que long-temps après
;
humaine a été s'établir sur les iles
basses, où son existence est beaucoup plus précaire, et entourée
de privations plus nombreuses. Enfin, si la Zone équatoriale
offre seule le phénomène des formations de roches madrépoet successivement
que
l'espèce
riques en grand, les hautes latitudes boréales et australes en
présentent encore des traces légères produites par
nullipore
,
qui encroûte
les
rochers baignés par la mer, et qu'on
retrouve également à Terre-Neuve,
De
ces considérations
sommaires
comme aux
des terrains ignés, et 3° des
au-dessus
1
Le
îles
îles
que
Malouines.
les
peuples
des terrains primitifs,
i°
madréporiques à peine élevées
cette idée,
en examinant
toises, suivant
M. Horner (voy.
du niveau des vagues. Suivons
pic d'Owahie ou
résulte
il
,
qui doivent nous occuper habitent,
i°
un polypier
Monoroa, haut de 2,254
de Krusenst.J, vomit une immense coulée de lave, vers 1801, suivant M. de Chamisso ( Kotzebues Voy. round the world),
t.
II, p.
353.
2.
VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
ia
rapidement
les caractères
du Sud.
La végétation des
généraux de
la
botanique de
la
mer
compose de plantes
terres de l'Océanie se
entièrement indiennes, ou analogues à celles de l'Inde équatoriale, c'est-à-dire,
aux végétaux qui revêtent
les îles
de
la
Sonde,
Moluques et la Nouvelle-Guinée. Leur distribution paraît
évidemment avoir été faite de la Polynésie dans l'Océanie jusles
qu'aux
îles les
plus voisines de l'Amérique, à
l'île
exemple, de l'Occident vers TOrient, contre
et des vents réguliers et des courants.
peux,
si
imposant dans
les îles
de
la
le
de Pâques, par
cours habituel
Le règne végétal,
si
pom-
Polynésie, diminue successi-
vement de sa richesse en avançant vers l'Est, et cette vérité a été
démontrée complètement par les deux Forster et par M. de Chamisso car on ne peut rien conclure de quelques plantes américaines ( qui datent même, pour la plupart, de l'arrivée des Européens), perdues dans la masse de celles indo -polynésiennes
qui composent uniquement la végétation de l'Océanie, pas plus
que de ce qu'on rencontre dans la Nouvelle-Hollande des espèces
européennes, ou qui n'en diffèrent point au premier examen \
Il resterait à examiner l'île de Juan Fernandez mais nous n'avons que peu de données sur sa végétation et il n'y aurait rien
de surprenant que cet ancien volcan ne partageât la flore du
;
,
;
,
continent dont
il
est très-rapproché. Il
y a des plantes qui sem-
du globe sous les zones qui leur conviennent;
et on peut citer en ce genre le porlulaca, que nous rencontrâmes sur toutes les terres que nous avons visitées, entre les
blent faire le tour
deux tropiques, dans
le
Grand-Océan, comme dans l'Atlantique 2
La végétation indo-polynésienne
1
Le Val de Clwyd, dans
les
se
montre dans toute
montagnes Bleues,
typha, Ijthrum, plantago, samolus,
etc., qui
me
est revêtu
Consultez Humboldt, Géographie des plantes
sa splen-
de plantes des genres
parurent en tout ressembler à
ces plantes des marécages d'Europe.
2
.
,
in-8°, 1817.
ZOOLOGIE.
deur sous
de
la
la ligne
Sonde,
équinoxiale
elle s'étend
i3
d'abord imposante sur
:
progressivement sur
les lies
nombreuses
les
possessions malaises et tidoriennes , et étale toute sa
pompe
et
tout son luxe sur les Moluques orientales et sur la terre des
Papous. C'est là que des palmiers nombreux, des cyeas, des fougères prennent la forme gracieuse et svelte de colonnes légères
:
,
leurs forêts
immenses
que
(
tels
les gatip
composent d'arbres de grande
se
inocarpus edulis), les arbres à pain,
taille \
mus-
les
cadiers, les spondias; c'est dans leurs profondeurs qu'on re-
trouve la patrie des plantes nourricières des Océaniens
longues lianes arborescentes
,
sont innombrables et variées.
,
de
des légumineuses, dont les formes
En
suivant la masse de ces véaé-
taux, nous la voyons diminuer successivement à mesure qu'on
avance vers
le détroit
seulement
et sont d'autant plus
,
de Torrès
quelques espèces
:
le
traversent
remarquables qu'elles appar,
un grand
tiennent à des genres qui n'en renferment point
nombre. Telles sont l'arec à chou, l'érythrine indien,
goutier, deux muscadiers sauvages, la flagellaria indica,
En continuant d'examiner
les plantes
le
sa-
etc.
\
suivant la latitude des
lies
qui forment la chaîne avancée au Sud de la Polynésie, telles
que
la Nouvelle-Irlande
verons
le
même luxe
;
,
la
et les
Nouvelle-Bretagne nous y retrouaréquiers les sagoutiers les grandes
,
,
,
fougères, les drymirrhizées peuplent encore
,
ainsi
quois
T
que nous observâmes
,
les
Barringtonia
,
,
les
à l'entour
Hollande, exécuté par
le capitaine
du port Praslin
calophyllum
Observations de M. Cunningham,
faites
dans
King (manusc.
le
).
les forêts.
,
les filao
,
C'est
les va-
(casuarina
voyage autour de
3a
Nouvelle-
Le journal de Ring, avec des
vient d'être publié sous ce titre NarÏVestein Coasts of Australia; perthe
and
Survej
Intertropical
a
of
qf
formed between the years 1818 and 1822. By captain Phillip P. KING, with an
recherches intéressantes d'Histoire naturelle
.,
:
rative
Appendix containing varions subjects
2 vol., Lond., 1826.
relating to
Hydrography and natural History.
,
i
VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
4
mdi'ca), propres à toute l'Océanie
en latitude en allant vers
,
;
mais, à mesure qu'on s'élève
Sud aux Hébrides
le
,
nombre de ces mêmes végétaux
lement. Plus au Sud encore la Zone tempérée
Calédonie
,
australe change
,
commun
a de
la
physionomie des végétaux
et
;
à la Nouvelle-
décroît naturel-
le
complètement
,
l'île
avec la partie Nord de la Nouvelle-Galles du Sud
l'Araucaria , qu'on voit encore au havre de Balade
Nouvelle-Zélande
que
phormium tenax
le
même
quoique rapprochée de
,
latitude,
:
mais
composée de deux
cette île vaste et
détroit
de Norfolk
en diffère
la
il
et avec la
est à
remarquer
terres séparées par
un
Nouvelle-Hollande et par
complètement,
si
,
qu'elles
ne
la
se res-
semblent nullement dans leurs productions végétales. Toutefois
la
Nouvelle-Zélande
,
riche en genres particuliers à son sol et
si
peu connus, en a cependant d'indiens, tels que des piper, des
olea et une fougère réniforme qui existe à ce qu'on assure
,
,
Maurice.
A
l'époque de notre séjour à la Baie des
à
l'île
la
Nouvelle-Zélande
la saison
,
la
îles
de
végétation se ressentait des approches de
hyémale.
Pour peu qu'on ait voulu suivre
d'émettre, on sera convaincu que
que nous venons
terres hautes du Sud-
les idées
les
Est de la Polynésie, entre les tropiques, partagent les
végétaux alimentaires que
les îles
mêmes
des Indes orientales.
Ils se
sont répandus diversement par suite sur les terres les plus loin-
que près des côtes d'Amérique.
taines, et ne se sont arrêtés
Comment, par exemple,
les
végétaux
lynésie se retrouvent-ils sur les îles
Marquises de Mendoce
immense?
,
si
communs
Sandwich
et sur les îles des
un
intervalle
telle
question,
qui en sont séparées par
Il serait fort difficile
sur la Po-
de résoudre une
parce que des vents et des courants qui se dirigent dans un
sens contraire ne permettent point de leur attribuer aucune
influence pour l'établissement de la végétation sur des points
comme
égarés sur la surface du Grand-Océan.
,,
ZOOLOGIE.
Toutes
les lies
peu d'exceptions près
à pain sans noyaux de taro (arum escu-
océaniennes hautes
sont plantées de fruits
i5
,
à
,
lentum), de cannes à sucre, de bananiers, qui y viennent presque
spontanément pour contribuer à
,
ces insulaires.
On
la vie paisible et
heureuse de
retrouve à Taïti Y hibiscus rosa sinensis
abondant sur toutes
les
Moluques
;
les
pandanus,
,
si
Gardénia
le
bambou, y reproduisent leurs tribus; et « c'est dans cette île, dit M. d'Urville
« [Dislrib. des fougères Ann. se. nat., septemb. i8a5), que com« mence à paraître une foule de fougères
qui semblent habiter
« cette Zone
à partir de cet archipel et même des Marquises
Jiorida, les cyathées, le cratœva, des jîcus, le
,
,
,
,
«jusqu'aux Moluques, et plusieurs jusqu'à l'Ile-de-France,
«sont
les
Ijcopodium phlegmaria , schizea cristata
,
etc.,
tels
etc.»
Ainsi, les îles équatoriales partagent les productions végétales
de source indienne, avec des différences cependant dans leur
répartition ; car, suivant
bue),
le
Barringtonia et
M. de Chamisso (t. II du Voj. de Kotzele filao
,
si
communs
à Taïti et à Bora-
bora, ne se trouvent point aux Sandwich, tandis que ces dernières ont le bois de sandal, dont les îles de la Société paraissent
privées, etqui est
Il
est plus aisé
si
commun aux Marquises, aux Fidjis, etc., etc.
de se rendre compte de
la
manière dont
la vé-
La flore de ces motous
compose point d'un grand nombre d'espèces et nous
gétation a envahi les îles basses de corail.
ne
se
,
avons eu souvent l'occasion de
la suivre
dans
les diverses
phases
de ses progrès. La manière dont s'opère cet intéressant phé-
nomène répond
assez exactement
poétiques sans doute
,
aux descriptions
mais vraies dans leur ensemble
,
,
un peu
des mi-
charme de
à Bernardin de Saint-Pierre et à M. de
grations végétales esquissées avec cette pureté et ce
,
style qui
appartiennent et
Chateaubriand. Sous
détails fournis
le
rapport de l'exactitude des
faits, les
primitivement par Forster, puis par M. de Cha-
misso, laissent sans doute peu de chose à désirer.
,
VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
16
Quelques végétaux semblent avoir pour fonctions d'envahir les
récifs de coraux à mesure qu'ils se dessèchent les Bruguiera, par
exemple qui se plaisent dans l'eau salée étendent peu à peu le
:
,
,
lacis
de leurs rejets à l'embouchure des rivières, au milieu des
vases qu'ils accumulent sans cesse. Bientôt
un humus
suffit
pour
recevoir quelques autres plantes, et les sables des rivages, même
purs
,
sont bientôt occupés par
pes caprœ,
banc de
le
le
pandanus odorant,
corail est isolé
,
scœvola lobelia,
le
convofaulus
l'hibiscus tiliaceus, etc. Si le
et distant
de quelque
lie
principale
y portent bientôt des cocos, des fruits
du bonnet carré de Bougainville (Barringtonia) qu'on rencontre
les flots sans cesse agités
,
en mer presque journellement. Ces
Mais
,
c'est
et sont ainsi les
par recueil,
madrépores, germent,
jetés sur le sable calcaire des
ponnent
fruits, arrêtés
premiers colons de
la
s'y
cram-
nouvelle terre.
principalement au précieux cocotier qu'il est réservé
de conquérir sur
la
mer, pour l'habitation de l'homme, ces
bandes plates d'écueils jetés au milieu des vagues, à quelques
toises au-dessus de leur niveau. Autant ce palmier redoute les
hauteurs, où
récifs. Il
il
languit, autant
y forme d'épaisses
il
s'élance avec vigueur sur les
forêts,
dont on ne peut
se faire
une idée par la description et dont rien n'égale la grâce et la
beauté. Le navigateur passerait fréquemment dans le voisinage
de ces îles sans en avoir la moindre connaissance si un bouquet
,
,
de cocotier, à l'horizon, ne
Ce roi des palmiers,
comme le nomment quelques Orientaux, une fois établi et en
rapport la race humaine ne tarde point à y paraître et peut
compter sur ses produits pour assurer son existence. On conçoit
les lui décelait.
,
,
que
les
peuples qui émigrent des terres riches en fruits et en
racines de toute sorte sont exposés, sur les îles basses, à de
breuses privations. L'eau douce leur
aussi
la
ils
nom-
manque souvent souvent
;
sont réduits à vivre de vaquois, de taro, ou de ce que
pêche leur fournit.
On peut
assurer que chez ces
hommes
la
ZOOLOGIE.
17
défiance est beaucoup plus grande, et que leurs mœurs sont beau-
coup plus farouches que
celles des autres insulaires.
subsistance n'est point assurée,
ils
Comme leur
craignent toujours qu'on ne
vienne leur en soustraire une partie. D'un autre côté cependant,
,
l'industrie et le besoin luttent contre le
et
manque de
ressources,
ont forcé ces peuples à s'adonner à la navigation, et à devenir
habiles dans cet art. L'objet le plus indispensable d'un insulaire est sans
doute une pirogue; et cependant,
vent
île
qu'une
d'assez forte
de
il
arrive sou-
ne produit point de bois
réparer ou en fournir la mâ-
sorte
cette
dimension pour
les
que nous en eûmes des exemples en longeant
le grand archipel des Carolines et les îles Mulgrave et Gilbert.
Leurs frêles embarcations présentaient parfois des pièces mal
ture. C'est ainsi
ajustées, faites de plusieurs
morceaux
& hibiscus
tiliaceus, le seul
bois dense qui puisse croître sur ces terres.
La Polynésie proprement dite s'arrête au Nord-Est par une
bande d'archipels composés des îles de Formose Luçon et Mindanao, dans les Philippines. Mais on remarque que les chaînes
d'îles placées dans le Tropique du Cancer et dans l'hémisphère
Nord, jusqu'au-delà du 160 degré de long., telles que les Mariannes les Palaos Hougoulous et Oualan ont reçu de ces
contrées, probablement avec la race humaine, les orangers, les
,
e
,
,
,
citronniers et les bruguiera
reste des îles de l'Océanie
riété sans
,
qu'on ne retrouve point dans
du Tropique du Capricorne. La
semences de l'arbre à pain
est la seule
aux Sandwich, aux Tonga, aux Marquises,
Mais
la Société.
Moluques
la variété à châtaignes, si
et à Célèbes, se retrouve,
mière espèce, aux Palaos
et à
le
va-
qu'on observe
comme aux îles de
commune dans les
en nombre égal à
Oualan par exemple,
la pre-
et est la
seule qui assure l'existence des Carolins des îles basses. Ces naturels,
en effet, paraissent être réduits fréquemment à
se
nourrir
des fruits demi-ligneux du pandanus.
forage de
la Coquille.
—
Z.
Tom.
I.
O
VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
i8
du Grand-Océan, nous trouvâmes les mêmes
productions végétales et le plus souvent les mêmes noms pour
mais à
les désigner. C'est ainsi que les vallons si pittoresques
à la longue si monotones, des Sandwich, et de la reine de la
mer du Sud, Taïti, si éloignés, produisent abondamment le
Sur toutes
les iles
,
,
[arum
taro
esculentiunj, l'igname (Dioscorea), la
Cythère ( spondias dulcîs),
dans
les
comme
temps de
les
etc., etc.
le
pratiquent
,
de
Les Taïtiens mangeaient,
disette, la moelle d'une fougère
Nègres
pomme
en arbre,
à Maurice et à Madagascar,
cambare marron et toutes les deux appartiennent au
genre cyathea. Le pya est la racine du tacca pinnatifida qui
croît dans toutes les Moluques à la terre des Papous et à la Noupour
le
;
,
,
La noix d'ahï ( inocarpus edulis) se rencontre depuis les îles de la Sonde où les Hollandais nomment l'arbre gatipboom jusqu'aux îles les plus orientales de la mer du Sud. Il en
est de même du terminalia, du morinda citrifolia, du curcuma,
velle-Irlande.
,
,
et d'une foule d'autres
de présenter
végétaux dont
serait assez fastidieux
il
ici la liste.
Placées hors
du Tropique
,
de
les vastes îles
lande dont l'intérieur est encore à connaître
,
à la race qui les habite les
mêmes
ressources
la
Nouvelle-Zé-
n'ont
,
pu fournir
et la nécessité la
,
contraignit de se plier à la pauvreté du sol sur lequel elle devait
vivre, et de tirer sa principale ressource alimentaire de la racine
sèche et ligneuse de
qui couvre
le
pays
d'attention, c'est
du Sud
la
:
fougère ( acrostichum furcatum Forster),
,
mais ce qui rend cette fougère très-digne
que
les
peuples noirs de
s'en nourrissent habituellement
,
la
Nouvelle-Galles
et la
nomment
di'n-
goua.
L'île
de Pâques
,
également hors des limites du Tropique du
Capricorne ne présente qu'un nombre très-restreint de végé,
taux ceux qu'on rencontre sur cette terre brûlée appartiennent
;
encore cependant aux plantes indiennes
:
tels
sont entre autres
,
ZOOLOGIE.
Y hibiscus populneus, des
indique aussi à Taïti,
19
mimosa, un solarium que Forster
fils
etc., etc.
La zoologie des îles Malaisiennes aussi riche que variée par
les nombreuses espèces qui leur sont propres, semble attester
que cette portion centrale de l'Asie orientale a fait partie d'un
,
continent, puisque ces
canaux qui
à plusieurs d'entre
séparent sont peu profonds
les
combrés de bancs
idée.
sont peuplées de grands quadrupèdes
communs
vivants, qui sont
les
îles
,
elles.
,
D'ailleurs
et ils sont en-
qui semblent complètement légitimer cette
Mais, toutefois, chaque
île
de ces grandes terres équato-
de l'archipel des Indes recèle quelques espèces qui y seraient aujourd'hui isolées, et plusieurs ont fourni la singularité de
riales
reproduire des individus de genres qu'on avait jusqu'à ce jour
regardés
comme
tels sont,
dans deux branches différentes, un
cous
,
essentiellement propres au
et le rupicole vert.
Tout
Nouveau-Monde
ce que nous savons de l'histoire
naturelle de ces contrées fécondes est d'un haut intérêt
malgré
recherches infatigables de
les
;
courou-
tapir, des
d Horsfield de Diard, de Duvaucel ,
,
de Van-Hasselt, et de Reinwardt ,
;
et
Stamford Raffles
de Leschenault de Kuhl,
sir
,
fourniront long-temps
elles
encore d'abondantes moissons en objets curieux et remarquables; mais leur climat a déjà dévoré plusieurs naturalistes eu-
ropéens, et la barbarie profonde des habitants de l'intérieur
opposera long-temps une barrière insurmontable aux tentatives
de ceux qui voudraient essayer de nous en faire connaître
les
merveilleuses productions. C'est dans les mers de ces archipels
que
se
trouve aujourd'hui
mamm., 75 1
par Renard
1
Renard,
pi.
esp.
*,
),
le
dugong
qu'on a cru
si
(
halicore indicus
fig.
Desm.
long-temps fabuleux, figuré
mais complètement décrit par
34,
,
180. (Poissons des Indes,
i
les naturalistes
vol. in-fol.,
Amsterd., 1754.)
3.