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La femme dans les nouvelles de guy de maupassant

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UNIVERSITÉ NATIONALE DE HANOI
UNIVERSITÉ DE LANGUE ET D’ÉTUDES INTERNATIONALES
DÉPARTEMENT DE LANGUE ET DE CIVILISATION FRANCAISES

MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDES
LA FEMME DANS LES NOUVELLES DE
GUY DE MAUPASSANT

Sous la direction du : Pr.Dr. Phạm Thị Thật
Présentée par

: Hoàng Diệu Tú

Classe

: QH2009.1.F1

Hanoi – 2013


ĐẠI HỌC QUỐC GIA HÀ NỘI
TRƯỜNG ĐẠI HỌC NGOẠI NGỮ
KHOA NGƠN NGỮ VÀ VĂN HĨA PHÁP

KHỐ LUẬN TỐT NGHIỆP
NGƯỜI PHỤ NỮ TRONG TRUYỆN NGẮN
CỦA GUY DE MAUPASSANT

Giáo viên hướng dẫn

: PGS.TS Phạm Thị Thật



Sinh viên

: Hồng Diệu Tú

Khố

: QH2009.1.F1

HÀ NỘI – NĂM 2013


ATTESTATION SUR L’HONNEUR
J’atteste sur l’honneur que ce mémoire a été réalisé par moi-même et que les
données et les résultats qui sont présentés sont exactes et n’ont jamais publiés
ailleurs.

Hoàng Diệu Tú


REMERCIEMENTS
Nous voulons remercier sincèrement à Madame le professeur – docteur
Phạm Thị Thật pour me donner les conseils utiles et la patience qui m’ont été très
utiles et précieux pour achever mon mémoire de mtrise.
Nous tenons également à adresser mes remerciements les plus profonds à
tous les professeurs du Département de Langues et de Civilisation franỗaises pour
leur enseignement et leur dộvouement durant mes quatre années d’études.
Enfin, nous voulons exprimer notre gratitude à nos proches et nos amis pour
m’avoir supporté ainsi qu’avoir m’aidé tout au long de la rédaction de ce mémoire.


i


RẫSUMẫ
La littộrature franỗaise est connue pour un grand nombre dộcrivains de
renom dont Guy de Maupassant. Ayant pratiqué plusieurs genres, Maupassant est
surtout connu pour ses nouvelles et contes – genre considéré comme mineur. Dans
le monde des personnages de cet écrivain, la femme occupe une place très
importante. Le but de notre mémoire est d´examiner les personnages féminins dans
les contes et nouvelles de Guy de Maupassant.
Notre mémoire comporte trois chapitres :
Dans le premier chapitre, il s’agit des connaissances de la vie et l’œuvre de
Guy de Maupassant, de la particularité de son écriture. On constate que les thèmes
traités par l´auteur ainsi que les personnages abordés dans ses nouvelles sont très
divers.
Dans le deuxième chapitre, on affirme que depuis l’Antiquité jusqu’à nos
jours, la femme doit subir de nombreuses préjugés négatives. Malgré sa lutte afin de
revendiquer l’égalité dans le travail, dans l’éducation et dans la politique, sa
situation n’a pas beaucoup changé. Ce phénomène exerce une grande influence dans
les œuvres littéraires contemporaines en général et dans les contes et nouvelles de
Guy de Maupassant en particulier.
Dans le dernier chapitre, nous avons relevé le portrait des femmes dans les
contes et nouvelles de Guy de Maupassant qui traduit en partie l’impact des
préjugés de son époque et de son esprit misogyne. Quelles que soit leurs classes
d’appartenance, elles connaissent des destins malheureux. En général, les
personnages féminins de Guy de Maupassant sont souvent des naïves, des
ignorantes, des avares et victimes de leur passion.

ii



TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION .....................................................................................................1
CHAPITRE 1 : GUY DE MAUPASSANT – MAITRE DES CONTES ET DES
NOUVELLES ............................................................................................................3
1. UNE VIE MOUVEMENTÉE .................................................................................3
2. GUY DE MAUPASSANT – PRINCIPE ESTHÉTIQUE ET ÉCRITURE ............5
2.1. UNE ŒUVRE GRANDIOSE PAR UN PETIT GENRE..................................................5
2.2. PRINCIPE ESTHÉTIQUE DE GUY DE MAUPASSANT .............................................7
2.3. THÈME ET STYLE D’ÉCRITURE DE GUY DE MAUPASSANT .................................9
CHAPITRE 2 : LE XIXE SIÈCLE – UN SIÈCLE CONTRAIGNANT POUR
LES FEMMES .........................................................................................................13
1. STATUT DE LA FEMME FRANÇAISE AU XIXE SIÈCLE .............................14
2. LA LUTTE D’ÉMANCIPATION DE LA FEMME ............................................16
2.1. LES REVENDICATIONS DANS LE TRAVAIL ........................................................16
2.2. LES REVENDICATIONS DANS L’ÉDUCATION .....................................................17
2.3. LES REVENDICATIONS DANS LA POLITIQUE .....................................................18
CHAPITRE 3: PERSONNAGES FÉMININS DANS LES NOUVELLES DE
GUY DE MAUPASSANT.......................................................................................22
1. LA FEMME DANS LES NOUVELLES DE GUY DE MAUPASSANT ...........22
1.1. LES PETITES TRAVAILLEUSES ..........................................................................22
1.2. LES PETITES BOURGEOISES ..............................................................................23
1.3. LES PROSTITUÉES ............................................................................................25
2. PORTRAIT CARACTÉRISTIQUE DES FEMMES ...........................................28
2.1. LA FEMME NAÏVE.............................................................................................29
2.2. LA FEMME IGNORANTE ....................................................................................30
2.3. LA FEMME AMOUREUSE...................................................................................31
2.4. LA FEMME AVARE............................................................................................35
2.5. LA FEMME COURAGEUSE .................................................................................36
CONCLUSION ........................................................................................................40

BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................42
SITOGRAPHIE.......................................................................................................44
ANNEXE 1 ...............................................................................................................45
ANNEXE 2 ...............................................................................................................50

iii


Introduction
La littộrature franỗaise est connue pour une grande quantitộ dộcrivains de
renom dont Guy de Maupassant. Avec un grand nombre d’œuvres diverses, il
montre son talent par plusieurs genres. En effet, à la fois poète, dramaturge,
romancier, mais Guy de Maupassant est surtout connu pour ses nouvelles et contes.
Il a écrit environ 300 nouvelles et la plupart d´elles sont des chefs-d’œuvre. Le
nombre d'ouvrages de Guy de Maupassant traduits en langues étrangères et adaptés
au cinéma est la preuve de son talent et de son influence sur la littộrature franỗaise
et mondiale.
Le monde de personnages dans les nouvelles et contes de Guy de
Maupassant est très varié. On observe cependant que la femme y occupe une place
très importante. Quels sont les types de femmes dans les nouvelles de Guy de
Maupassant et comment sont-elles représentées sous la vue de cet écrivain qualifié
de misogyne ? Ce sont les questions qui nous intéressent et qui nous poussent à
entreprendre ce mémoire intitulé ‘‘La femme dans les nouvelles de Guy de
Maupassant’’.
Pour entreprendre notre recherche, nous avons recourt aux différentes
méthodes et techniques. D’abord, nous avons étudié la biographie et la
bibliographie de Guy de Maupassant pour dégager des traits caractéristique de sa
vie et de son uvre. Ensuite, la mộthode sociologique nous permet davoir un
aperỗu gộnộral de la femme franỗaise au XIXe siốcle. Enfin, nous possédons aux
techniques analytiques et synthétiques. Nous choisissons, parmi les nouvelles de

Guy de Maupassant, 80 nouvelles dont les personnages principaux sont les femmes.
Ce sera le principal corpus des analyses de notre 3e chapitre.
Notre mémoire comporte trois chapitres :
Il s’agit d’abord, dans le premier chapitre, d’une vue générale de la vie
mouvementée et de l’œuvre grandiose de Guy de Maupassant. Ensuite nous allons
1


présenter le principe esthétique, le style d’écriture et les thèmes fréquents des
nouvelles de cet auteur.
Le deuxième chapitre tente de donner un aperỗu gộnộral sur la situation
difficile de la femme franỗaise au XIXe siècle. Nous voulons focaliser notre
attention sur les conditions difficiles des femmes à cette époque. Nous allons
présenter les préjugés négatifs dont la femme est l’objet depuis des millénaires et la
lutte qu’elles mènent en vue d’une émancipation. Cela nous permettra de mieux
comprendre le pourquoi et comment Guy de Maupassant présente les femmes dans
son œuvre.
Nous divisons le troisième chapitre qui concerne l’image de la femme dans
les nouvelles de Guy de Maupassant en deux parties. Dans la première, nous
essayons de classer des types de femmes selon leurs statuts sociaux. La deuxième
est consacrée au portrait caractéristique des personnages féminins fait par Guy de
Maupassant dans ses nouvelles.

2


Chapitre 1
GUY DE MAUPASSANT – MAITRE DES CONTES ET DES NOUVELLES
1. Une vie mouvementée
Guy de Maupassant est né le 5 août 1850, soit au château de Miromesnil,

près de Dieppe, commune de Tourville-sur-Arques, soit à Fécamp chez sa grandmère maternelle, 98, rue Sous-le-bois. Les Maupassant étaient une vieille famille
venue de Lorraine qui s’était installée en Seine-Maritime (Normandie) au milieu du
XIXe siècle. Son père, Gustave de Maupassant, avait épousé en 1846 Laure le
Poittevin, une demoiselle de la bonne bourgeoisie. Avec son frère Alfred, elle avait
été l’amie de Gustave Flaubert, le fils d’un chirurgien de Rouen, qui devait exercer
une certaine influence sur la vie de son fils. Elle est une femme d’une culture
littéraire peu commune, aimant beaucoup les classiques, particulièrement
Shakespeare. En 1854, la famille s’installe au château Blanc de GrainvilleYmauville, près du Havre. En 1856, elle donne naissance à Hervé, le frère cadet de
Maupassant. Séparée de son mari volage en 1860, elle s'installe avec ses deux fils à
Étretat.
Maupassant passe son enfance entre mer et campagne, parmi les enfants de
pêcheurs, à deux pas de la mer et des grands voiliers qui l'attireront toute sa vie. Il
grandit dans l’amour de la nature et des sports en plein air; il va pêcher avec les
pêcheurs de la côte et parle patois avec les paysans. Il est profondément attaché à sa
mère.
Il entre d’abord au petit séminaire à Yvetot, selon le souhait de sa mère.
C’est en ces lieux qu’il commence à versifier, à l’âge de treize ans. De sa première
éducation catholique il conserve une hostilité marquée envers la religion; il finit par
se faire renvoyer. Il est alors inscrit au lycée de Rouen, où il se montre bon élève,
s’adonnant à la poésie et participant beaucoup aux pièces de théâtre. A cette époque,
il côtoie Louis Bouilhet et surtout Gustave Flaubert, dont il devient le disciple.
3


En 1870, peu après son baccalauréat, il s’enrôle comme volontaire lors de la
Guerre franco-prussienne : affecté d’abord dans les services d’intendance puis dans
l’artillerie, il participe à la retraite des armées normandes devant lavancộe
allemande. Aprốs la guerre, il paie un remplaỗant pour achever à sa place son
service militaire et quitte la Normandie pour Paris.
A Paris, le jeune Maupassant passe dix années comme commis d’abord au

Ministère de la Marine puis au Ministère de l’Instruction Publique où il est transféré
en 1878. Le soir, il travaille d'arrache-pied à ses travaux littéraires. Fin janvier
1877, Tourgueniev le rencontre et le trouve tout décati.
La maladie fait une partie intégrante de la vie de Maupassant et influence
beaucoup son œuvre : Maupassant souffert de la maladie une grande partie de sa
vie. Il est tout d'abord atteint d'une maladie héréditaire. Sa mère souffert, ellemême, toute sa vie de troubles nerveux. Son frère, Hervé, interné dans un asile
pendant l'été 1887, meurt de la folie. Guy de Maupassant est en effet atteint du
même mal que son frère. Mais à cette maladie s'ajoute une syphilis. Cette maladie
ne cesse d'empoisonner l'existence du jeune homme, même s'il s'en gausse alors:
"J'ai la vérole, la vraie, et j'emmerde les bourgeois ".1 Pendant ces dix années, sa
distraction est le canotage sur la Seine, toujours en galante compagnie, le dimanche
et pendant les vacances.
Dans la nuit du 1er janvier au 2 janvier 1892, il fait une tentative de suicide
au pistolet. Mais son domestique, Franỗois Tassart, avait enlevộ les vraies balles,
alors il casse alors une vitre et tente de s’ouvrir la gorge. On l'interne à Paris le 7
janvier dans la clinique du docteur Émile Blanche. Il y meurt de paralysie générale,
un mois avant son quarante-troisième anniversaire, le 6 juillet 1893, après dix-huit
mois d’inconscience presque totale. Il est enterré au cimetière de Montparnasse à
Paris.

1

/>4


2. Guy de Maupassant – principe esthétique et écriture
2.1. Une œuvre grandiose par un petit genre
Guy de Maupassant commence à fournir des articles à plusieurs
journaux importants comme Le Figaro, Gil Blas, Le Gaulois et L’Écho de Paris
puis consacre ses loisirs à l’écriture de romans et de nouvelles. Toujours encouragé

par Flaubert le vieil ami de sa famille, il publie en 1879 son premier livre, un
fascicule d’une centaine de pages Histoire du vieux temps. S’étant lié avec Zola, il
participe en 1880 au recueil collectif des écrivains naturalistes Les Soirées de
Médan avec sa première nouvelle, Boule de Suif, qui remporte d’emblée un grand
succès et que Flaubert qualifie de ‘‘chef-d’œuvre qui restera’’. La disparition subite
de Flaubert en 1880, laissera le nouvel écrivain seul face à son destin.
En 1881, il publie son premier volume de nouvelles sous le titre de La
Maison Tellier, qui atteint en deux ans sa douzième édition ; en 1883, il termine son
premier roman, Une vie, dont vingt-cinq mille exemplaires sont vendus en moins
d’un an. Avec les droits d’auteur de La Maison Tellier il se fait construire sa maison
‘‘La Guillette’’ à Étretat. Son second roman, Bel-ami, part en 1885 et connt
trente-sept tirages en quatre mois. Après la publication de son second roman Belami, il voyage longuement en Algérie, en Italie, en Angleterre, en Bretagne, en
Sicile, en Auvergne. Et il produit régulièrement à chaque. Il fait une croisière sur
son yacht privé nommé ‘‘Bel-Ami’’. Cette croisière, où il passe par Cannes, Agay
et Saint-Tropez lui inspire Sur l’eau. Cette vie fiévreuse ne l’empêche pas de nouer
des amitiés parmi les célébrités littéraires de son temps: Alexandre Dumas fils lui
voue une affection paternelle. D’autre personne qui procure la passion pour la
littérature à Guy de Maupassant dont Gustave Flaubert – un ami et un maitre. Ce
dernier prend Guy de Maupassant sous sa protection et sera pour lui une sorte de
mentor littéraire, guidant ses débuts dans le journalisme et la littérature. Chez
Flaubert, il rencontre le romancier russe Ivan Tourgueniev et Émile Zola, ainsi que
de nombreux écrivains appartenant aux écoles naturalistes et réalistes. Maupassant
5


tombe également sous le charme de l’historien-philosophe Taine qu’il rencontre à
Aix-les-Bains.
Avec un grand nombre d’œuvres diverses, Guy de Maupassant montre son
talent par plusieurs genres. On ne peut pas nier son ộnorme contribution la
littộrature franỗaise: trois cents contes et nouvelles, six romans, plus de 250

chroniques, trois récits de voyages, deux pièces de théâtre, une centaine de poèmes
sans compter de son travail dans les années 1970 (un poème, trois pièces de théâtre
et un certain nombre d'œuvres en prose) que son professeur Flaubert a conseillé de
ne pas les envoyer à fin d’une publication.
Le nombre d'ouvrages traduits en langues étrangères et adaptés au cinéma de
Maupassant est aussi la preuve de son talent et de son influence sur la littộrature
franỗaies et mondiale. En effet, Maupassant est l'ộcrivain franỗais dont l'uvre a le
plus inspirộ d'adaptations cinématographiques et télévisuelles. On en compte plus
de 130 depuis Le retour de son fils (The Son's Return), réalisé en 1909 par D.W.
Griffith avec Mary Pickford, jusqu'à la série de huit téléfilms intitulée Chez
Maupassant et diffusée sur France 2 en 2007.
En France, la nouvelle est toujours considérée comme un genre mineur.
Pourtant, c’est avec ce ‘‘petit genre’’ que Guy de Maupassant a acquis une
réputation mondiale. Il a publié plus de 300 nouvelles qui sont regroupés dans des
recueils comme la Maison Tellier (1881), les Contes de la bécasse (1883) et les
Contes du jour et de la nuit (1885). Naturel, sincérité, simplicité, vérité de temps en
temps, tels sont les dons de ce conteur excellent. Jusqu'à la fin du XXe siècle, de
nombreux critiques littéraires à travers le monde montre l’appréciation sur son
talent et ses nouvelles. Georges Duhamel,

secrộtaire perpộtuel de lAcadộmie

franỗais estime que son influence l’étranger, et notamment sur la littérature
américaine, a été considérable. André Maurois le considère comme un bon
technicien, mais ‘‘ses peintures sont dune vộritộ superficielle. Blaise Cendrars,
grand ộcrivain qui a reỗu le Grand Prix littéraire de Paris en 1961 affirme que ‘‘c’est
un grand écrivain et que les historiens ne pourront se passer de son témoignage’’.
6



Pour John Bojer, écrivain norvégien, Maupassant est ‘‘le plus grand prosateur que
la France ait produit’’2
2.2. Principe esthétique de Guy de Maupassant
Le XIXe siècle est traversé par quatre courants littéraires principaux : le
romantisme, le réalisme, le naturalisme et le symbolisme. Pourtant, Guy de
Maupassant ne suit aucun courant. Il a défini ses conceptions de l’art narratif en
particulier dans la Préface de Pierre et Jean intitulée Le Roman en 1887-1888. Pour
lui, le romancier qui prétend ‘‘donner une image exacte de la vie, doit éviter avec
soin tout enchnement d'événements qui partraient exceptionnels’’. Cela parce
que ‘’son but n'est pas de nous raconter une histoire, de nous amuser ou de nous
attendrir, mais de nous forcer à penser, à comprendre, le sens caché des
événements.’’. Pour atteindre ce but, le romancier ‘‘doit tout mettre en œuvre pour
produire l’effet qu’il poursuit c’est-à-dire l’émotion de la simple réalité, et pour
dégager l’enseignement artistique qu’il en veut tirer, c’est-à-dire la révélation de ce
qu’est véritablement l’homme contemporain devant ses yeux’’. (Pierre et Jean,
1888, p.5)
Rejetant la ‘‘vision déformée, surhumaine, poétique’’ de l’idéal du roman
romantique, comme le roman symboliste marqué par les excès du psychologisme et
de l’écriture artistique, Maupassant s’adhère à l’idéal d’un ‘‘roman objectif’’ et part
à la recherche du réalisme tout en prenant conscience des limites de ce dernier. Pour
lui, le réalisme est ‘‘une vision personnelle du monde que le romancier cherche à
communiquer en la reproduisant dans un livre’’ et pour ce faire le romancier
effectue, à partir de sa personnalité, un choix dans le réel.
Digne élève de Flaubert, Maupassant se montre dans ses récits un
observateur très fin. Lorsqu’il met en scène des univers et des personnages qui lui
sont familiers, il n’a pas d’égal pour en rendre le trait caractéristique, l’aspect le
BENHAMOU N., Guy de Maupassant – Etudes réunies par Noëlle Benhamou, Editions : Rodopi
B.V, 2007, p.45
2


7


plus frappant ou le plus signifiant. Il ne veut pas faire une œuvre complexe, mais il
veut surtout dénoncer, de manière la plus simple, les aberrations de son temps : les
mariages forcés, l´adultère...c´est-à-dire une réalité souvent cachée du XIXe siècle.
Grâce aux moyens les plus simples qu´il utilise, chacun de ses récits part être un
petit chef-d’œuvre. ‘‘Il ne cherche pas, comme tant d´autres, des sujets
exceptionnels. Il décrit les événements anciens, gais ou sinistres qui sont parfois
réellement arrivés. Ses contes et nouvelles sont des emprunts à la réalité, des
souvenirs personnels, des histoires arrivées. Ce que ses amis lui ont raconté : les
potins, les aventures banales, c´est là qu´il puise ses trésors.’’3 En outre de cela, luimême, il observait de ses propres yeux la réalité décrite dans ses contes et
nouvelles. De plus, les caractères des personnes sont parfaitement étudiés et les
milieux décrits précisément.
Inspiré par Flaubert et, comme d’autres écrivains contemporains, par la
pensée de Schopenhauer, Maupassant dépeint un monde profondément désespérant.
L’inconscience, l’égoïsme, la cruauté y règnent en mtres, et l’homme n’y est, pour
reprendre ses propres termes, qu’ ‘‘une bête à peine supérieure aux autres’’. Des
paysans âpres au gain aux grands bourgeois insensibles, l’inhumanité et la bờtise
sont omniprộsents.
Il dộpeint aussi de faỗon excellente les caractốres, les qualités et les défauts
moraux ainsi que les espoirs des héros. ‘‘Certains [de ses personnages] sont si
ressemblants que les modèles qui les ont inspirés se sont reconnus et ont même
protesté.’’4 Il sait donner au public ce que celui-ci attendait. Il est toujours attentif à
ce qui intéresse ses contemporains. Il sait relever un genre qui lui était imposé.
Maupassant rejette également le naturalisme avec sa lourde documentation et
avec son ambition démonstratrice d’un réalisme total à la Zola, mais il pratique un

LACAZE – DUTHIERS G., Guy de Maupassant, son œuvre. Paris : Éditions de la Nouvelle revue
critique, 1926, p. 29

3

4

Ibid., p.30
8


réalisme sans exclusive morale vis-à-vis de la réalité sordide comme lors de la mort
de Forestier dans Bel-Ami ou la chienne en gésine au chapitre X dans Une vie.
Maupassant recherche la sobriété des faits et gestes plutôt que l’explication
psychologique, car ‘‘la psychologie doit être cachée dans le livre comme elle est
cachée en réalité sous les faits dans l’existence’’5. Il met l´accent sur une action, il
accuse des traits de ses personnages. Sa concision naturelle est limité aussi par une
nécessité extérieure-le journal (il ne peut pas dépasser le cadre de deux cents
lignes). C´est à force de ces caractéristiques qu´il parvient à donner à ses contes et
nouvelles l´illusion de la réalité. Il sait toujours choisir des expressions adéquates
pour décrire les traits de chaque personne, et cela non seulement du point de vue
extérieur. Cette sobriété s’applique aussi aux descriptions, rompant ainsi fortement
avec l’écriture balzacienne. Ce goût pour la densité conduit d’ailleurs Maupassant à
privilégier l’art de la nouvelle.
Les œuvres de Maupassant sont des reproductions détaillées de la réalité : ses
contes et nouvelles constituent un miroir fidèle de la réalité du XIXe siècle.
2.3. Thème et style d’écriture de Guy de Maupassant
Le style des nouvelles de Maupassant reprend quelques-uns des traits
typiques de l’écriture réaliste et de l’école naturaliste. Ses récits comportent en outre
des mots empruntés au patois normand (comme c’est le cas aussi dans les romans
de Barbey d’Aurevilly) ; les propos et les pensées des personnages sont d’ailleurs
souvent rapportés au style indirect libre, ce qui permet de mêler étroitement leurs
idiolectes (langages spécifiques) à la narration.

Les contes et nouvelles de Guy de Maupassant ont pour cadre soit dans le
milieu urbain soit dans le milieu rural. On n´y trouve pas l´évocation de la capitale,
mais il y a plutôt une allusion aux nouveaux quartiers construits par le baron

LACAZE – DUTHIERS G., Guy de Maupassant, son œuvre. Paris : Éditions de la Nouvelle revue
critique, 1926, p. 32
5

9


Haussmann au XIXe siècle et aux cafés à la mode qui s´y trouvent. Maupassant
montre de différentes couches sociales, en particulier les milieux mondains et
affairistes, mais aussi les gens humbles de Paris. Il aime les suivre dans leurs loisirs
du dimanche pratiqués surtout à la banlieue nord-ouest de Paris - Argenteuil qui
était encore un village au milieu des vergers et vignobles.
Aussi le monde paysan occupe une grande place dans ses récits. Malgré le
développement de la grande industrie sous Napoléon III, la France reste jusqu´à la
fin du XIXe siècle, un pays essentiellement agricole. La Normandie, région natale
de Maupassant est une terre privilégiée : le sol est fertile où les céréales poussent, le
climat est humide, favorable aux pâturages et, donc, à l´élevage. Maupassant
connaissait très bien ce milieu de sa jeunesse, il aimait cette terre et sa nature. Les
descriptions fréquentes du paysage embellissent toute son œuvre. Nous pouvons
trouver facilement La Normandie qui tient une place importante dans son œuvre
avec ses paysages (campagne, mer ou villes comme Rouen dans Une vie ou Le
Havre dans Pierre et Jean) et ses habitants, qu’ils soient paysans (Aux champs –
Toine…), hobereaux et petits notables (Une vie) ou petits bourgeois (Pierre et
Jean). Elle ne constitue cependant pas un cadre spatial unique puisque Paris sert de
toile de fond au grand roman Bel-Ami qui en montre différents quartiers
socialement définis, en particulier pour les milieux mondains et affairistes qu’on

retrouve ailleurs dans Fort comme la mort ou Mont Oriol. Le milieu des petits
employés de bureau parisiens et des classes populaires est lui plutôt présent dans
des nouvelles comme L’héritage ou La parure, Une partie de campagne ou Deux
amis pour les secondes.
Les thèmes des contes et nouvelles de Guy de Maupassant sont très variés.
Ils sont cependant tous liés à la vie quotidienne de son époque et aux différentes
expériences de la vie de l’auteur, se combine les uns aux autres.
Dans l’œuvre de Guy de Maupassant, la guerre de 1870 et l’occupation
allemande constitue un thème important. Maupassant se souvient des événements.
10


Et ces souvenirs sont à l’origine des œuvres très connus : Boule de suif –
Mademoiselle Fifi – Deux amis – Le père Milon – La folle...
Le thème de la famille et de l’enfant lui est également cher avec souvent la
question de la paternité (Pierre et Jean – Boitelle – Aux champs – L’enfant – En
famille…). Car Maupassant ne craint pas de violer les tabous ; il évoque aussi
l'inceste (l'Ermite), le parricide (Un parricide), l'homosexualité (La Femme de
Paul), la bâtardise aussi (l'Aveu), thème majeur comme celui de la paternité
incertaine et de ses affres (M. Parent).
Parmi les autres thèmes majeurs de l’œuvre de Maupassant se trouvent la
folie, la dépression et la paranoïa (Le Horla - Lui ? - La chevelure - Mademoiselle
Hermet) qui commence par ces mots révélateurs ‘‘Les fous m’attirent’’…) et aussi
la mort et la destruction (Une vie - Bel-Ami - La petite Roque - Fort comme la
mort…). On voit bien l´orientation pessimiste de l´auteur. Le héros de Maupassant
est toujours une personnalité inquiète et sombre, les racines de quoi nous pouvons
les trouver.
Sur le plan humain, Maupassant s’attache particulièrement aux femmes,
souvent victimes (Jeanne dans Une vie, La petite Roque, Miss Harriet…) avec une
place notable faite à la figure de la prostituée comme témoin de la misère de

l’individu, et d’une société d’où l’amour est exclu, mais également comme ce qui
révèle de la bassesse et de l’hypocrisie des bourgeois (Boule de suif – Mademoiselle
Fifi – La maison Tellier…).
***
Né dans une famille intellectuelle, Guy de Maupassant a son enfance en
liberté en Normandie. Guidé de sa mère, il a des contacts avec les grands écrivains
contemporains depuis sa jeunesse. Cela crée chez lui la passion pour la littộrature
franỗaise en gộnộral et pour la nouvelle en particuliốre.

11


Guy de Maupassant possède une œuvre grandiose avec trois cents contes et
nouvelles, six romans, plus de 250 chroniques, trois récits de voyages, deux pièces
de théâtre, une centaine de poèmes sans compter de son travail dans les années 1970
(un poème, trois pièces de théâtre et un certain nombre d'œuvres en prose) qu’il
laisse dans le tiroir. Parmi ces différents genres qu’il pratique, la nouvelle est le
genre qui lui procure une réputation non seulement en France mais aussi dans le
monde. De nombreux critiques littéraires à travers le monde considère Maupassant
comme ‘‘le maitre des contes’’.
Maupassant a défini ses conceptions de l’art narratif en particulier dans la
Préface de Pierre et Jean intitulée Le Roman (1887-1888). Il pense que le
romancier doit donner une image exacte de la vie, c’est pourquoi il se montre dans
ses récits un observateur très fin avec une description très rapide mais précise.
Les thèmes des contes et nouvelles de Guy de Maupassant sont liés à la vie
quotidienne de son époque et aux différentes expériences de sa vie. On y trouve un
grand nombre de personnages féminins. Elles sont présentées comme victimes de la
société et de l’inégalité qu’on lui réserve depuis des millénaires.

12



Chapitre 2
LE XIXe SIÈCLE – UN SIÈCLE CONTRAIGNANT POUR LES FEMMES
Il existe dans le monde, depuis des milliers d'années, les préjugés contre la
femme. C’est un être difficile à éduquer et l’origine des péchés humains.
Selon Confucius, l’existence de la femme dépend de trois hommes : le père,
le mari et le fils, elle leur est inférieure et d’une manière générale à tous les
hommes. De plus, une femme appelée ‘‘éduquée’’ doit posséder quatre vertus :
l’habileté au travail ménager, le sérieux du visage, la politesse et la soumission
exprimées dans la parole et la vertu féminine par excellence, la chasteté et doit subir
les trois dépendances qui sont la triple soumission au père quand la fille est encore
chez ses parents, au mari une fois mariée et au fils né après le décès du mari.
L’homme judạse remercie de ne pas être né femme dans la prière du matin.
Pour cette religion, la naissance d'un fils est célébrée à la synagogue.
L’islam déprécie la femme. Elle est complètement soumise : père, frère,
mari. Dans la société musulmane, l’homme est le maitre et a tous les pouvoirs sur
les femmes : il peut même tuer ses filles si elles ne restent pas chastes jusqu’à leur
mariage.
Le mythe Pandore des Grecs montre aussi notre type de préjugé contre la
femme. En soulevant le couvercle de la jarre qui contient les misères du monde: la
pauvreté, la fatigue, la guerre, la haine, elle a semé les souffrances sur l’Humanité.
Dans la Bible, Eva est la personne qui fomente Adam à manger la pomme
interdite - source de tous les péchés de l'humanité.
Selon différentes doctrines, la femme est un être inférieur aux hommes étant
à l’origine de tous les vices humains. Elle apparait dans le monde pour servir les
hommes. C’est comme une punition que le Dieu lui réserve.

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La femme franỗaise n'ộchappe pas cette rotation de la planốte. Quelle est la
situation de la femme franỗaise au XIX siècle ? C’est la question à laquelle nous
allons apporter les réponses en examinant son statut et ses luttes en vue dune
ộmancipation.
1. Statut de la femme franỗaise au XIXe siốcle
Comme toutes les femmes du monde, jusquau XIXe siốcle, la femme
franỗaise connait

un statut très humble. Mise à l’écart de la vie publique,

professionnelle et politique, elle est soumise à la loi de l’homme. Sa place est à la
maison. Les femmes qui travaillaient dans les usines étaient considérées comme un
phénomène anormal. Le problème s’aggrave lorsqu’il s’agit des femmes mariées.
La raison donnée est que la femme susciterait le désir sexuel dans les lieux de
travail!?!
La Révolution de 1789 a apporté de grands changements dans la vie sociale
franỗaise, mais ces changements napportent pas beaucoup dinfluences concernant
le statut de la femme. Or, on ne peut pas nier le fait que les femmes ont participé
activement à la Révolution de 1789, à celle de 1848, puis à la défense de Paris et de
la Commune en 1870-1871. Révolutionnaires ou conservateurs, les hommes qui se
succèdent au pouvoir sont presque tous d’accord sur un point : la place de la femme
est à la maison, pas dans la cité, et encore moins à la tribune d’une assemblée.
Dès les premiers jours de la Révolution de 1789, la question du statut de la
femme est soulevée. Condorcet, dans son ‘‘Essai sur l'admission des femmes aux
droits de cité’’, (Journal de la Société de 1789, 3 juillet 1790) souligne la nécessité
de revoir le statut de la femme ‘‘Il serait difficile de prouver que les femmes sont
incapables d’exercer les droits de cité. […], pourquoi en exclurait-on les femmes,
plutôt que ceux des hommes qui sont inférieurs à un grand nombre de femmes ?’’.
Olympe de Gouges proclame aussi en 1791 une Déclaration des droits de la femme

et de la citoyenne. Bien que très isolée, elle reste toujours active lors des journées

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révolutionnaires (5-6 octobre 1789, 10 août 1792). Enfin, Olympe de Gouges est
guillotinée pour avoir voulu ‘‘être homme d’État’’.
La lutte des femmes dans cette période n’est pas vaine. En effet, elles
obtiennent un nouveau statut civil : le contrat de mariage, le droit au divorce, le
droit égal à l'héritage, l'abrogation de la puissance paternelle sur les majeures… De
plus, une femme peut, à partir de 188, ouvrir un livret de Caisse d'Epargne et
disposer librement de son salaire. Enfin, l'enseignement public féminin primaire est
ouvert en 1836. En 1861 la première candidate au bac se présente, s'étant préparée
seule à l'examen.
Pourtant, les préjugés contre la femme durent toujours : le Code civil de
Napoléon affirme l´incapacité juridique totale de la femme. Le droit au divorce est
supprimé en 1816, étant donné que ‘‘la femme est une propriété que l'on acquiert
par contrat ; elle est mobilière car la possession vaut titre; enfin la femme n'est à
proprement parler qu'une annexe de l'homme...’’ (Balzac, Physiologie du Mariage,
p.45). Sa correspondance a été contrôlée jusqu’en 1938. Ce n´est qu´en 1907 que
l'épouse peut véritablement disposer de son salaire.
Dans le travail, l’urbanisation et le mode de vie bourgeois offrent de
nouveaux métiers. Avec la révolution industrielle, la main d’œuvre féminine est
recherchée, mais seulement dans les usines où les travaux répétitifs, longs, épuisants
et très mal payés. L’enseignement technique sadresse uniquement aux garỗons,
tandis que dans les programmes des écoles primaires et des écoles normales de
filles, l’État encourage les travaux de coupe (1880), d’aiguille et l’apprentissage de
la dentelle à la main (1903).
En France, les femmes au XIXe siècle sont distinguées selon leur couche
sociale et le milieu où elles vivent jusqu’au milieu du siècle, la France reste un pays

encore de trois quarts rural. Il s´ensuit que la vie des paysannes consiste surtout
dans les travaux des champs auxquels s'ajoutent encore les travaux domestiques,
mais aussi des activités de lingère, repasseuse, couturière, ou de petits commerces.
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Par contre, les femmes bourgeoises ayant la fortune ne travaillent pas, mais
contrôlent le travail effectué par leurs domestiques et s’occupent de l’éducation
morale et religieuse des enfants. Les œuvres de charité, les réceptions chez les unes
et les autres permettent aux femmes de se retrouver à l'extérieur de la maison.
Quant au monde des ouvriers, il commence à imiter ce modèle bourgeois.
L’ouvrier souhaite que la place de son épouse soit celle de la femme au foyer et la
ménagère représente un idéal de respectabilité.
En outre, il y a le monde des femmes domestiques qui sont souvent violées
puis abandonnées ou maltraitées par leur mtre.
2. La lutte d’émancipation de la femme
Le XIXe siècle est témoin du mouvement féministe naissant. La forme la plus
évidente d'action féminine est sans doute la participation concrète de femmes à des
mouvements de révolte ou de révolution. ‘‘Dans ce combat, la femme ne peut pas
être neutre ; les optimistes, qui ne veulent pas voir le fond des choses, peuvent se
figurer que le rôle de la femme est nul, qu'elle ne prend pas part la bataille, mais
ils ne s'aperỗoivent pas du secret et persistant appui qu'elle apporte à cette société
qui s'en va et que nous voulons chasser sans retour (...). C'est pour cela que l'Eglise
veut retenir la femme, et c'est aussi pour cela qu'il faut que la démocratie la lui
enlève ; il faut choisir, citoyens : il faut que la femme appartienne à la science ou
qu'elle appartienne à l'Eglise (...).’’6. Il s’agit des luttes pour des revendications dans
le travail, dans l’éducation et dans la politique.
2.1. Les revendications dans le travail
En France, les militantes de 1789 sont pour l'essentiel tricoteuses,
marchandes de halles, pauvresses, révoltées contre la misère, l'insolence et les

6

CRUBELLIER M., La mémoire de l'humanité - Les grands événements de l'histoire des femmes,

Editions Larousse, 1997. ‘‘Les lycées des jeunes filles’’, p. 228-229

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privilèges. Elles attendent beaucoup de la Révolution et expriment leurs
revendications par le biais de pétitions, adresses et cahiers de doléances. Leurs
revendications portent sur des problèmes auxquelles elles sont traditionnellement
confrontées : droit d'exercer un métier, protection des travaux féminins (couturière,
brodeuse…), salaires inappropriés,….
En 1789, les femmes participent activement aux journées révolutionnaires de
février 1848. Suite à leurs protestations, les femmes se voient accorder le droit au
travail au même titre que les hommes ; les ateliers nationaux leur sont ouverts, avec
retard, le 10 avril. Elles goûtent aux prémices d’une participation citoyenne en
élisant des déléguées à la Commission du Luxembourg, en proposant des réformes
pour leurs conditions de travail, la création de crèches ou de restaurants collectifs
(D’après Riot-Sarcey M., Émancipation des femmes, 1848, Genèses, 1992, N°7, p.
196).
Au XIXe siècle, même si l’homme et la femme effectuent les mêmes travaux,
leurs salaires ne sont pas du tout équivalent. Les femmes touchent en moyenne 27%
de salaire de moins que les hommes. A poste et expộrience ộquivalente, les femmes
perỗoivent en moyenne 10% de revenus en moins que les hommes. C’est pourquoi,
en 1866, les femmes du polissage débrayent pour obtenir ou se rapprocher de cette
égalité. Le premier congrès féministe international, réuni en 1878, réclame la liberté
du travail pour la femme, l'égalité des salaires, la journée de huit heures, le repos
hebdomadaire, un congé et des allocations de maternité, l'admission des femmes

dans les syndicats, la reconnaissance de la maternité et des travaux ménagers
comme travail social.
2.2. Les revendications dans l’éducation
Les révolutions pour gagner le droit de l’éducation des femmes au XIXe
siècle ont gagné beaucoup de succès. Claude-Henry de St Simon ainsi que Charles
Fournier plaident pour le droit de vote des femmes (en 1807) et la liberté en amour
(1808). En 1838, est créée la première école normale d’institutrices : école primaire
pour filles. En 1848, Jeanne Deroin tente de se présenter aux élections législatives
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de 13 mai, pour elle, ‘‘La cause du peuple et la cause des femmes sont intimement
liées’’. En 1821, Julie Victoire Daubie est la première bachelière de France. En
1862, Elisa Lemonnier crée l’enseignement professionnel féminin, public et laïc. En
1867, Victor Dupuy instaure les cours secondaires publiques destinés aux filles. En
1874, Joséphine Andree met en place le syndicat féminin de la couture. En 1876,
Hubertine Auclert

fonde le droit des femmes : groupe suffragiste qui devient le

suffrage des femmes en 1883. En 1880, les femmes obtiennent le droit d’accès aux
universités. En 1881, la loi Jules Ferry rend l’enseignement primaire public et laïc
pour tous les enfants, filles et garỗons.
Les femmes se regroupent ộgalement en clubs à Paris et en province. Elles
ouvrent leurs propres clubs tels que le club d’émanciper des femmes, ou encore le
club de l’éducation mutuelle des femmes. Elles multiplient également les
conférences. Elles insistent sur l’obligation d’émanciper le peuple et les femmes,
liant droit de vote, droit d’éducation et droit de travail, au cœur des préoccupations.
Les femmes réclament et obtiennent l’ouverture d’ateliers nationaux pour les
femmes grâce à l’action acharnée de Désirée Gay. Elles y tiennent des séances

régulières ponctuées par la lecture des lois et des journaux, discutent des problèmes
de l’éducation et s'occupent des tâches philanthropiques. A partir de 1792, l'activité
des clubs se radicalise, et aux côtés de Jacobins ces clubs prennent part à la vie
politique de leur région. Parmi les plus réputés à Paris on peut citer la Société
Patriotique et de Bienfaisance des Amis de la Vérité (1791-1792). Fondé par Etta
Palm d'Aedlers, ce club de femmes plaide pour l'éducation des petites filles pauvres
puis réclame le divorce et les droits politiques. Les salons, tenus par les femmes des
milieux dirigeants, tels ceux de Mme Roland et de Mme de Condorcet, ont
également joué un rôle important sous la Révolution. Le salon est à la fois un
espace privé et un espace public, lieu d'échange entre les sexes.
2.3. Les revendications dans la politique
Les revendications des femmes touchant aux droits politiques sont rares car il
y a peu de femmes qui ont conscience de leur importance. Les femmes de Provence
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protestent en 1789 contre la composition des Etats Généraux dont elles sont
exclues. Les députés répondent alors à ces revendications : ne sont-ils pas, eux, les
députés de tous et donc des femmes ? Par le biais d'un cahier de doléance, une
madame B.B. du pays de Caux rétorque dans Cahier de Doléances et réclamation
des Femmes, pays de Caux, 1789: ‘‘Etant démontré avec raison qu'un noble ne peut
représenter un roturier, […] les femmes ne pourraient donc être représentées que par
des femmes’’
En plus de revendications écrites, les femmes revendiquent par l'action : le 5
octobre 1789 elles constituent l'essentiel du cortège de Versailles et pénètrent dans
le château. Jules Michelet a dit: ‘‘Ce qu'il y a dans le peuple de plus instinctif, de
plus inspiré, ce sont les femmes. […] Les hommes ont pris la Bastille, et les femmes
ont pris le Roi’’7
Durant l'ensemble de la période révolutionnaire, les femmes occupent la rue
dans les semaines précédentes les insurrections, et appellent les hommes à l'action,

en les traitants de lâches. De cette faỗon, elles pộnốtrent la sphốre du politique et y
jouent un rôle actif. Mais dès que les associations révolutionnaires dirigent
l'événement, les femmes sont exclues du peuple délibérant, du corps du peuple armé
(garde nationale), des comités locaux et des associations politiques.
Ne pouvant prendre part aux délibérations des assemblées politiques, les
femmes prennent place dans les tribunes ouvertes au public. Elles y acquièrent le
surnom de "tricoteuses": ‘‘postées dans les tribunes, elles influencent de leurs voix
enrouées les législateurs assemblés’’8. Dans la mentalité populaire, ces tribunes ont
une fonction politique capitale et y prendre place signifie exercer une part de
souveraineté.

7

MICHELET J., La femme de la Rộvolution, Paris, 1854, p.19

8

CHARLES-FREDERIC R., Le Nộologiste Franỗais, ou vocabulaire portatif des mots les plus
nouveaux de la langue Franỗaise, Grattenaver, 1796
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