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chiến thuật lập luận trong tranh luận

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A mon meilleur ami : DO VINH QUANG
1
Remerciements
Ce mémoire n'aurait jamais vu le jour sans les critiques éclairées ainsi que
l'enseignement précieux, l'encouragement et la patience de Monsieur trÇn thÕ hïng -
Docteur en Science du langage, directeur de mes recherches. Qu'il trouve ici l'expression
de ma profonde reconnaissance et mes sincères remerciements.
Je tiens à remercier les professeurs de français des deux lycées : Hanoi - Amsterdam et
Chu Van An - Hanoi pour leur aide précieuse dans la construction de mes corpus.
J'adresse ma gratitude profonde à mes parents et mes soeurs qui m'ont toujours
encouragée et soutenue au cours de mon travail de recherche.
Mes remerciements vont enfin aux collègues, aux amis vietnamiens, français et belges
pour leur soutien efficace et surtout pour leurs conseils, leurs encouragements chaleureux.
2
Table des matiÌres
INTRODUCTION 6
Chapitre I : Le débat 8
I. Débat dans la typologie des interactions verbales 8
II. Définition 11
1. Définition du débat 11
2. Types de débats 13
Chapitre II : L'argumentation 16
I. Définition de l'argumentation 16
II Typologies des argumentations 18
1 Raisonnement sur la cause 18
2 Analogie 19
3 Définition 19
4 Argumentations sur les personnes 20
5 Argument d'autorité 20
III. Argumentation dans la langue 20


1 Topos 21
2 Opérateur argumentatif 24
3 Connecteur argumentatif 25
4 Marques axiologiques 25
IV. Eléments constitutifs de l'argumentation 26
1. Les participants 27
2. La thèse 28
3. L'argument 30
Chapitre III : Stratégies d'argumentation dans le débat médiatique 32
3
I. Le choix d'argument dans un débat médiatique 33
1. Le statut du débatteur et de son (ses) interlocuteur(s) 33
1.1 Le statut du débatteur 34
1.2 Le statut de l'interlocuteur 34
2. Stratégies d'argumentation dans le débat médiatique 35
2.1 Stratégies d'intervenir 35
2.1.1 Stratégies d'attaque 35
2.1.2 Stratégies de défense 45
2.2 Le choix des arguments 47
II. Réalisation linguistique des arguments 53
1. Moyens linguistiques pour justifier l'opinion personnelle et introduire
l'argument 54
2. Moyens linguistiques pour enchaîner les arguments 57
3. Moyens linguistiques pour donner un exemple 58
4. Moyens linguistiques pour donner une réfutation 59
4.1 Moyens linguistiques pour donner une réfutation absolue 59
4.2 Moyens linguistiques pour apporter une concession et introduire un
contre-argument 61
5. Moyens linguistiques pour inviter l'interlocuteur à préciser son point de vue 62
6. Moyens linguistiques pour prendre la parole 63

7. Moyens linguistiques pour synthétiser 64
Chapitre IV : Débat en classe de langue 66
I. Pourquoi travailler le débat dans la classe de langue ? 66
1. Débat dans la classe de langue 66
2. Débat dans les classes bilingues 11è, 12è du cursus A au Vietnam. 67
4
II. Compétences visées chez l'élève 69
1. Des compétences linguistiques 70
2. Des compétences communicationnelles paraverbales et non verbales 71
3. Des compétences cognitives 74
4. Des compétences individuelles 76
5. Des compétences sociales 76
III. Organisation pratique du débat en classe de langue 77
1. Consignes de l'exercice 77
2. Répartition des rôles pour la préparation 81
3. Préparation en groupe 83
3.1 Le groupe d'animateur 84
3.2 Le groupe de débatteur 88
4. Mise en commun 90
4.1 Répartition pour le déroulement du débat 90
4.2 Organisation de l'espace 91
4.3 Déroulement du débat 92
4.4 Synthèse de l'exercice 93
CONCLUSION 95
BIBLIOGRAPHIE 99
ANNEXE
Corpus 1
Corpus 2
Corpus 3
5

INTRODUCTION
On sait que les genres discursifs dans le domaine des grands médias (presse, radio
et télévision, Internet) connaissent une grande diversité. La communication médiatique
manifeste en même temps plusieurs fonctions : fournir des informations et aussi
commenter, inciter à faire, à penser Ces genres de discours méritent toujours
description, analyse et projet didactique. En tenant compte de cette importance,
beaucoup de recherches ont porté leur attention sur des genres discursifs : interview, fait
divers, reportage
Le débat - un des discours médiatiques assez compliqué à analyser - mérite toujours
l'attention des chercheurs en raison de ses caractéristiques intéressantes d'une interaction
verbale particulière ainsi que de ses applications variées et efficaces dans l'enseignement
du Français langue étrangère et du Français langue seconde.
De telles remarques nous font poser une suite de questions :
- Quelles stratégies un débatteur choisit-il dans son choix d'argument pour attaquer son
adversaire et se défendre lors d'un débat médiatique contradictoire?
- Quels moyens linguistiques lui sont-ils nécessaires pour réaliser ses arguments?
- Pour faire jouer une simulation globale de débat dans les classes 10è, 11è, 12è du
cursus A du programme de l’enseignement intensif du français et en français, quelles
démarches l'enseignant appliquera-t-il ?
C'est à partir de ces problèmes que nous avons choisi comme notre sujet d'études :
"Stratégies d'argumentation dans le débat".
Pour réaliser ce travail de recherche, nous adoptons une méthodologie descriptive,
analytique: décrire et analyser un débat médiatique authentique pour trouver les stratégies
d'argumentation les plus utilisées des débatteurs afin de proposer ensuite un projet
6
didactique concernant l'application de cette interaction verbale dans une classe de langue,
précisément dans les classes bilingues 11è et 12è.
Pour atteindre ces objectifs, nous partons des théories concernant le débat et
l'argumentation élaborées par Catherine Kerbrat-Orecchioni, Robert Vion, Christian
Plantin… et d'autres linguistes interactionnistes. Les stratégies d'argumentation seront

ensuite analysées à partir d'un corpus enregistré directement de TV5, qui, selon nous, ne
sera pas suffisant pour tirer des conclusions crédibles, mais nous fournira certainement des
illustrations spontanées, authentiques. Nos deux autres corpus réalisés dans des classes
bilingues nous aideront à construire notre projet didactique : "Débat en classe de langue".
Notre travail de recherche comprend quatre parties :
Dans les deux premiers chapitres, nous présenterons les éléments théoriques de base
concernant notre recherche : l'un abordera le débat en tant qu'une interaction verbale,
l'autre traitera les théories de l'argumentation.
Le troisième chapitre consiste à analyser quelques stratégies d'argumentation des
débatteurs illustrées par le débat enregistré de TV5. Nous voudrions aborder la tâche la
plus importante de tout débatteur, celle qui décide sa réussite : choisir ses arguments et leur
utilisation dans l'attaque contre l'adversaire ainsi que dans sa défense. Nous chercherons
également à trouver les moyens linguistiques les plus nécessaires pour la réalisation
verbale des arguments.
Le résultat du troisième chapitre accompagné des analyses des débats enregistrés dans
des classes bilingues nous permettra d'aborder le débat comme une activité pédagogique
dans une classe de langue.
7
Chapitre I : le DÐbat
L’analyse de n’importe quelle interaction, y compris le débat, nécessite toujours
une base théorique solide car chacune pourrait être étudiée sous différents points de vue de
différentes branches de la science du langage. Ainsi pour atteindre notre dernier but portant
sur la stratégie d’argumentation dans les débats, il nous faut tout d’abord mettre le débat
dans le cadre théorique de l’interaction verbale afin de déterminer sa définition, ses
différents types présents dans la réalité et surtout ses caractéristiques nécessaires à nos
analyses de corpus.
I. Le débat dans la typologie des interactions verbales
Proposer une typologie des interactions verbales reste toujours un travail difficile
pour les linguistes. Jusqu’en 1990, C. Kerbrat-Orecchioni a affirmé que :
« Aucune typologie consistante des interactions n’ayant encore été proposée à ce jour. »

1
Ainsi chaque auteur propose une typologie en se basant sur des critères différents. Cela
signifie que les interactions sont traitées sous différents points de vue.
La typologie de C. Kerbrat-Orecchioni (Les interactions verbales, Tome I) se base sur
six critères :
- la nature du site (cadre spatio-temporel)
- le nombre et la nature des participants
- le but
- la formalité
- le ton
- d'autres axes : la durée, le rythme…
1
C. Kerbrat-Orecchioni, Les interactions verbales – Tome 1, Armand Colin, 1990, p. 112
8
Elle ajoute que certaines différences entre les types d’interaction se localisent
également au niveau de leur contenu : thèmes abordés, nature de la marcro-structure…
Dans cette typologie de C. Kerbrat-Orecchioni, le débat, la discussion, l’entretien et
l’interview sont présentés sous forme d’une comparaison avec la conversation et entre eux-
mêmes. Avant d’analyser chaque interaction, l’auteur prévient que les relations entre ces
genres, et avec la conversation, sont loin d’être claires.
Le débat est ainsi défini pour se distinguer des autres interactions verbales selon ces six
critères parmi lesquels le but, la nature des participants et la formalité se reconnaissent
comme des points importants parce qu'ils nous aident à ne pas confondre le débat avec la
discussion - les deux types d'interaction verbale qui se ressemblent par leur caractère
argumentatif. Si on les regarde de dehors, on voit dans ces deux types d’interaction des
opinions s’opposer. Or ce mélange pourrait avoir des conséquences très négatives sur le
résultat de la communication.
En 1992, Robert Vion (La Communication verbale, Analyses des Interactions verbales,
Hachette Supérieure) a proposé un autre modèle de classement, qui est issu du courant de
recherche de la linguistique interactionnelle et qui représente l’aboutissement d’une

relation prenant appui sur les théories et les modèles antérieurs proposés dans ce domaine.
A l’instar des linguistes qui se sont intéressés à la problématique de l’interaction, dont
C. Kerbrat-Orecchioni que nous venons de citer ci-dessus, Vion propose un modèle de
structure hiérarchique de l’interaction composée de six unités formelles :
Interaction
Module
Séquence
Echange
Intervention
9
Selon l’analyse de R. Vion (1992), deux catégories majeures d’interaction à reconnaître
sont : celle « à structure d’échange » et celle qui ne possède pas cette spécificité. Les
interactions « à structure d’échange » se caractérisent par le fait que les participants ont la
possibilité de devenir énonciateurs à tout moment (énonciateurs potentiels), ce qui n’est
pas le cas pour les interactions « sans structure d’échange », comme les commentaires
sportifs, les présentations de la météo, les bulletins d’informations, les revues de presse etc.
Afin d’établir une classification plus précise des interactions verbales dans laquelle se
trouve le débat – le cible de ce mémoire, nous retiendrons les quatre critères proposés par
Vion (1992), qui facilitent le fait de situer le débat dans la typologie des interactions
verbales :
- Symétrie / Complémentarité : la symétrie caractérise une forme de comportement en
miroir auquel adhèrent les interlocuteurs, comme c’est le plus souvent le cas dans la
conversation usuelle. En revanche la complémentarité implique une différence entre les
interactants, liée par exemple à leurs statuts respectifs.
- Coopération / Compétition : la coopération, comme dans un échange amical, suppose
que les locuteurs sont sans cesse en quête d’un consensus général, alors que la compétition
se définit par sa nature conflictuelle, à l’exemple de la dispute ou du débat.
- Nature de la finalité : la finalité de l’interaction constitue également un critère qui
contribue de façon significative à son identification.
- Caractère formel / informel de l’interaction : il est en fonction d’un certain nombre

de conventions plus ou moins contraignantes liées par exemple au « lieu » dans lequel se
déroule l’interaction.
En reposant sur ces quatre critères, le débat se trouve dans la catégorie des
interactions :
- symétriques
10
- coopératives et compétitives en même temps (mais la compétitivité l'emporte
largement sur les marques de coopération)
- à finalité externe, vise à enregistrer des gains ou des pertes symboliques.
1
- En ce qui concerne le dernier critère « caractère formel/informel », d’après Vion, « le
débat nécessite une gestion explicite et formalisée de la parole, pouvant aller jusqu’à
définir les thèmes sujets à discussion, limiter le temps de parole de chaque intervenant,
organiser les tours de paroles et confier le contrôle de cette formalité à un animateur ou
un journaliste»
2
.
Après avoir essayé de faire un compte rendu sur la typologie des interactions de C.
Kerbrat-Orecchioni et de R. Vion, nous pourrions découvrir les caractères principaux du
débat, les données importantes qui nous emmènent à la partie suivante de ce chapitre : la
définition du débat.
II. Définition
1. Définition du débat
La première définition que nous voulons présenter est celle de C. Kerbrat-Orecchioni :
« Le débat est une discussion plus organisée, moins informelle : il s’agit encore d’une
confrontation d’opinions à propos d’un objet particulier, mais qui se déroule dans un cadre
« préfixé » (Casetti et al. 1981 : 22 sqq.) – sont ainsi en partie prédéterminés la longueur
du débat, la durée et l’ordre des interventions, le nombre des participants, et le thème de
l’échange. En outre, un débat comporte généralement un public, et un « modérateur »
chargé de veiller à son bon déroulement (et même en leur absence, on peut dire que ce

modérateur et ce public sont en quelque sorte intériorisés par les participants). Le débat
1
R. Vion, La communication verbale, Hachette – Supérieure, 1992, p. 128
2
R. Vion, La communication verbale, Hachette – Supérieure, 1992, p. 128
11
tient donc à la fois de la discussion (par son caractère argumentatif), et de l’interview (par
son caractère médiatique).
1
Cette définition met l’accent sur le caractère le plus important du débat : une
confrontation d’opinion et un cadre « préfixé ». Il s’agit ici d’une comparaison avec la
discussion et l’interview, qui nous aide à mieux comprendre ce type d’interaction. Il est
clair que l’analyse du débat sera très compliquée car ce dernier possède en même temps le
caractère argumentatif et le caractère médiatique.
R. Vion, lui aussi, a proposé une définition dans La communication verbale (1992).
En se basant sur les quatre critères de l’interaction verbale, il insiste sur le caractère
symétrique et la concurrence entre la coopération et la compétition dans le débat, et aussi
la présence du public.
« Le débat est un type d’interaction qui peut soutenir la comparaison avec la compétition
sportive mettant en présence deux sujets. (…) Par rapport aux critères retenus, le débat se
présente comme une interaction symétrique. (…) Outre son caractère symétrique, le débat
se caractérise par une dimension des formes de compétitivité sur celles de la coopération.
(…) L’une des caractéristiques du débat concerne l’existence d’un public. C’est ce dernier
qui constitue le véritable enjeu, c’est lui qu’il faut convaincre car il paraît peu probable de
pouvoir convaincre son adversaire. »
2
Donc, à partir de ces définitions, nous pourrons conclure que le débat est une
interaction verbale compliquée à analyser. Mais son caractère le plus important est sa
situation d’énonciation particulière où se trouvent plusieurs participants représentant
différents points de vue, qui visent chacun un but précis : convaincre l’adversaire et le

public par un art d’argumentation. Aussi celui-ci joue-t-il un rôle incontestable pour
1
C. Kerbrat-Orecchioni, Les interactions verbales – Tome 1, Armand Colin, 1990, p. 118
2
R. Vion, La communication verbale, Hachette – Supérieure, 1992, p. 138
12
chaque interactant dans l’attaque contre ses adversaires ainsi que dans la protection de soi-
même.
2. Types de débats
En recourant à l’Antiquité, selon l’intervention de Jane Méjias, au cours de
l’Université d’automne de Paris, consacrée à l’ECJS en novembre 99 publiée sur http : //
www2.ac-lyon.fr/enseigne/ses/ecjs/argumenter.html, le débat a toute une longue histoire :
les débats homériques (IXè siècle av J. –C.), dont la preuve est les réunions de l’assemblée
entre les héros de l’Iliade ; les débats de la démocratie athénienne, la joute éristique (Vè
siècle av J C.) ; Topique d’Aristote ( vers 350 av J. –C.), et les débats qui signifient un
genre poétique (depuis le début du XIIè siècle) créé par les trouvères et les troubadours ; la
disputation médiévale (XVè siècle)…
La liste des formes du débat tout au long de l’Histoire serait illimitée de continuer.
Nous nous contenterons de retourner au temps moderne pour voir les types de débat.
Toujours selon Jane Méjias, deux types principaux de débat à reconnaître sont : débat
scientifique et débat médiatique. La distinction se manifeste dans le tableau suivant :
Débat scientifique Débat médiatique
Des thèses sont confrontées. Des opinions sont confrontées.
Ces thèses sont fondées sur des hypothèses. Ces opinions sont fondées sur des
jugements de valeur.
Ces thèses sont étayées par des arguments
scientifiques.
Ces opinions sont étayées par des
expériences sociales, des intuitions.
Ce type de débat est préparé par un travail

documentaire.
Ce débat se passe d’une façon spontanée.
Ce débat est organisé. Il s’agit d’une écoute aléatoire dans ce
débat.
Ce débat ouvre le point de vue de l’autre. Ce débat renforce le point de vue de
chacun.
Ce débat donne lieu à une synthèse. Ce débat n’a pas de suite directe.
13
Ce débat permet de clarifier les enjeux. Ce débat permet l’évolution des
représentations sociales.
Cependant il nous semble que ce tableau reste insuffisant en ce qui concerne le débat
médiatique, dont le débat télévisé auquel nous nous intéressons dans ce mémoire. D’après
Noël Nel (Le débat télévisé, Armand Colin, 1990), pour une définition du débat télévisé, il
est impossible d’oublier un des deux éléments suivants
1
:
- le dispositif télévisuel : qui constitue un rôle important dans la problématisation du
thème de référence mais qui n’appartient pas directement au domaine linguistique. Ce
dispositif sera donc traité dans une autre recherche que celle-ci.
- le dispositif conversationnel, qui, quant à lui, « place les pratiques dialogiques dans la
perspective de la confrontation, qui inscrit les stratégies d’argumentation dans le cadre
d’une structure duelle à fort encadrement rituel. »
2
Cet élément repose sur un problème
intéressant mais fort compliqué : l’argumentation sur laquelle portera notre attention.
Pourtant sous l’angle de vue des enseignants, nous trouvons qu’à côté des débats
scientifique et médiatique, le débat pédagogique (le débat réalisé par des élèves dans
l’apprentissage) mérite également d’être étudié dans le cadre de l’étude des interactions
verbales. Par rapport aux caractères présentés ci-dessus des débats scientifique et
médiatique, on pourrait en identifier quelques-uns qui relèvent du débat pédagogique :

- Des opinions ou des thèses (selon la matière visée dans le débat) y sont
confrontées. Elles sont donc fondées soit sur des jugements de valeur, soit sur des
connaissances scientifiques acquises des apprenants.
- La préparation ainsi que l'organisation de ce type de débat sont dirigées par
l'enseignant mais son déroulement se passe d’une façon spontanée selon les
apprenants.
1
N. Nel, Le débat télévisé, Armand Colin, 1990, p. 19.
2
N. Nel, Le débat télévisé, Armand Colin, 1990, p. 19
14
- Quant aux objectifs de ce débat, on vise essentiellement son apport pédagogique :
renforcer l’acquisition et le développement des connaissances et la capacité de
réflexion des apprenants.
Le débat pédagogique pourrait se pratiquer dans différentes matières. Mais dans le
cadre de ce mémoire, nous ne nous intéressons qu’aux débats en langue étrangère
(précisément les débats réalisés en français par les élèves vietnamiens), dont l’un des
objectifs importants est de renforcer la capacité langagière des apprenants.
L’organisation de ces débats imitent celle des plateaux à la télévision sous forme soit
d’un jeu de simulation globale, soit d’un jeu spontané dans lequel les apprenants
présentent leur point de vue à eux-mêmes (Corpus 3). Donc, le perfectionnement de la
capacité langagière sera accompagnée de la capacité d’argumenter : l’apprenant pourra
utiliser la langue étrangère pour défendre son point de vue en réfutant le point de vue de
son (ses) adversaire(s).
Proposer une typologie de débat serait sans doute un travail difficile. Parmi les trois
types cités ci-dessus (débat scientifique, débat médiatique, débat pédagogique), qui ne sont
certainement pas les seuls, nous voulons simplement tracer une présentation générale dans
laquelle se situent le débat télévisé et le débat pédagogique. Ce travail nous servira de base
théorique de nos analyses de corpus dans les chapitres qui suivent de ce mémoire.
Chapitre Ii : l argumentation’

I. Définition de l'argumentation
L’argumentation a passé une histoire de développement de vingt cinq siècles : depuis
le Vè siècle av J C et le fameux procès entre Tisias et son maître Corax jusqu’à
maintenant, elle doit à de nombreux savants tels que : Socrate, Platon, Aristote,
Descartes… pour leur contribution.
15
Le XXè siècle est considéré comme une période importante de la Terre et de l’homme
pour ses remarquables événements historiques, scientifiques, économiques et sociaux, qui
influençaient énormément notre vie. La science du langage, dont l’argumentation – un de
ses petits domaines subissait sans doute leur influence. Ainsi a-t-elle connu un grand
développement.
Dans "L’argumentation" (Seuil, 1996), Christian Plantin a retracé l’histoire
contemporaine de l’argumentation (de 1945 à nos jours) en insistant sur trois grands
moments :
- Les refondateurs des années 50
- Les années 70 : critique des paralogismes et logique non formelle
- Tendances récentes : les pragmatiques de l’argumentation
Le dernier repère auquel on s’intéresse se base sur les noms célèbres comme : J.L.
Austin (Quand dire c’est faire – 1962), J. R. Searle (Les Actes de langage – 1969), H. P.
Grice (Logique et Conversation – 1975). Cette pragmatique ouvre cinq directions de
recherche
1
:
- La « pragmatique – dialectique »
- Argumentation et analyse de la conversation
- Pragmatique linguistique « intégrée » à la langue
- Pragmatique sociologique et philosophique de l’« agir communicationnel »
- Logique pragmatique
Donc dans le cadre des nouvelles tendances de la pragmatique, l’argumentation occupe
une place importante. Elle mérite sans doute des travaux de recherche sérieux.

1
C. Plantin, L’argumentation, Edition du Seuil, 1996, p. 12, 13
16
Jusqu’ici on peut affirmer l’importance de l’argumentation dans la science du langage
ainsi que dans la vie quotidienne. Mais qu’est-ce que l’argumentation ? Plusieurs
définitions ont été proposées.
Selon le dictionnaire universel francophone (Hachette – 1997) :
« Argumentation (n. f.) : 1. fait, art d’argumenter ; 2. ensemble des arguments tendant à
une même conclusion. »
1
Dans « L’argumentation » de Christian Plantin (Seuil, 1996), la première définition
citée se limite aux instruments linguistiques :
« L’argumentation est ainsi une opération qui prend appui sur un énoncé assuré (accepté),
l’argument, pour atteindre un énoncé moins assuré (moins acceptable), la conclusion.
Argumenter, c’est adresser à un interlocuteur un argument, c’est-à-dire une bonne raison,
pour lui faire admettre une conclusion et l’inciter à adopter les comportements
adéquats. »
2
Tandis que dans la deuxième définition, la notion d’argumentation est ouverte à
l’extralinguistique, au non verbal et au champ des influences sociales et psychologiques :
« On peut également définir l’argumentation comme l’ensemble des techniques
(conscientes ou inconscientes) de légitimation des croyances et des comportements. Elle
cherche à influencer, à transformer ou à renforcer les croyances ou les comportements
(conscients ou inconscients) de sa ou de ses cibles. »
3
Autant de définitions que d’auteurs : ceux qui placent du côté de la logique et du
raisonnement, ceux qui mettent l’accent sur l’interactivité de la communication, et ceux
1
Dictionnaire universel francophone, Hachette, 1997, p. 79
2

C. Plantin, L’argumentation, Edition du Seuil, 1996, p. 24
3
C. Plantin, L’argumentation, Edition du Seuil, 1996, p. 24
17
qui insistent sur les éléments linguistiques. L’argumentation, selon nous, serait une
construction qui relève d’opérations logiques en passant par le discours : combiner le
raisonnement naturel et agir sur autrui en servant du langage.
II Typologies des argumentations
1. Raisonnement sur la cause
Le raisonnement sur la cause est lié à l’avancement de tous les domaines du savoir,
dont l’argumentation. On pourrait, dans certains contextes, reconnaître un événement tout
en déterminant sa ou ses causes. Ainsi l’argumentation retourne-t-elle souvent à ce type de
raisonnement, qui possède plusieurs formes. Si l’on suit la classification de Christian
Plantin (L’argumentation, Seuil, 1996), on trouve trois grandes catégories, qui, à leur tour,
se subdivisent en sous-catégories
1
:
- L’argumentation établissant une relation causale (c'est-à-dire l’argumentation causale
affirme à tort l’existence d’un lien de causalité.). On peut la réfuter en montrant qu’il n’y a
pas de lien entre les deux faits, en montrant que ce n’est qu’une coïncidence là où
l’argumentation soit une relation de causalité.
- L’argumentation exploitant une relation causale regroupe trois sous-catégories :
l’argumentation par la cause, par effet et par conséquence.
- Les argumentations liées à l’argumentation par la cause comprend : l’argumentation
par le poids des choses, la pente glissante et l’argumentation indicielle.
Le raisonnement sur la cause est une technique efficace dans l’argumentation. Mais
cela ne signifie pas qu’il est parfait dans toutes les situations. Il pose pourtant des
difficultés pour l’argumentateur quand celui-ci tombe dans l’embarras causé par
l’explication et l’argumentation. L’argumentateur doit donc en tenir compte pour éviter
des échecs.

1
C. Plantin, L’argumentation, Edition du Seuil, 1996, p. 40
18
2. Analogie
L’analogie permet de transférer l’accord obtenu sur la situation recadrée à un terme ou
à une opinion au nom d’une ressemblance. Cette technique joue un rôle essentiel dans la
production et la justification des dires. Pourtant son efficacité dans l’argumentation n’est
pas grande : on pourrait réfuter une argumentation reposant sur une analogie soit sur sa
validité, soit sur une « surexploitation » de l’analogie.
3. Définition
La définition sert normalement à clarifier une désignation. Pour bien comprendre
quelque chose, l’identifier, la distinguer de son entourage dans la réalité, il nous faudrait sa
définition. Il s’agit ici de la définition normale, celle d’un objet.
Mais si une définition « consiste à définir un terme de telle sorte que la définition
exprime une prise de position, favorable ou défavorable, vis-à-vis de l’objet défini »
1
, il
s’agit de la définition argumentative. On peut l’appliquer à quelques formes
argumentatives comme : définir une circonstance en mettant l’accent sur telle ou telle
caractéristique par rapport aux autres, définir une situation par énumération des possibles
qu’elle comporte…
La faute que l’argumentateur commet souvent en utilisant la définition argumentative
est de les formuler comme des cercles vicieux.
4. Argumentations sur les personnes
Les argumentations sur les personnes désignent celles sur l’argumentateur produites
par ses adversaires. Comme l’indique Christian Plantin (L’argumentation, Seuil, 1996),
c’est le fait de « ramener la discussion de la question à la discussion de
l’argumentateur »
2
.

1
C. Plantin, L’argumentation, Edition du Seuil, 1996, p.53
2
C. Plantin, L’argumentation, Edition du Seuil, 1996, p. 84
19
Cette technique consiste à effectuer des réfutations efficaces en faisant référence à des
caractéristiques négatives particulières à la personne qui soutient telle ou telle assertion.
Ainsi une bonne compréhension de son adversaire constitue la base solide aidant
l’argumentateur à réaliser la réfutation. Il peut mettre en contradiction des paroles de son
adversaire, opposer ses paroles à des croyances ou à ses actes, ou encore ses demandes aux
autres et ses pratiques en réalité.
Il semble que cette technique est efficace car il s’agit d’une attaque personnelle contre
l’adversaire. Mais elle viole gravement les principes de politesse. Cette violation reste
toujours un problème dans beaucoup d’interactions verbales comme le débat.
5. Argument d’autorité
L’argument d’autorité consiste à s’appuyer sur la réputation d’un autre pour appuyer sa
propre argumentation. Il est légitime, et même bienvenu, de faire référence aux travaux
antérieurs. C’est aussi une bonne façon de capter la bienveillance de l’auditoire. En
revanche, l’argument d’autorité ne peut se substituer à un argument logiquement valide car
il n’apporte que des raisons extrinsèques et non pas intrinsèques au débat.
III. Argumentation dans la langue
Selon la théorie d'Anscombre J. –C. et Ducrot O. (Argumentation dans la langue,
Bruxelles, Mardaga, 1983), toute argumentation nécessite deux énoncés : un argument E1
et une conclusion E2, l’un servant à faire admettre l’autre ; l’argumentation est considérée
comme un ensemble de contraintes inscrites dans le matériau linguistique. La langue n’est
pas seulement susceptible d’un usage argumentatif, mais elle comporte, de façon
intrinsèque et inscrite dans la structure même des énoncés, une fonction argumentative. Par
conséquent, l’analyse de l’argumentativité se trouve dans le fonctionnement même des
marques de la langue.
20

C’est dire qu’il existe dans les langues des morphèmes, ou des structures, qu’on
définira essentiellement par leur valeur argumentative (bien qu’ils puissent avoir par
ailleurs d’autres propriétés sémantiques). De tels morphèmes seront considérés, au moins
du point de vue de la théorie de l’argumentation, comme des opérateurs et connecteurs
argumentatifs de la langue dont l’utilisation est explicitée et même décidée par les topoï –
les trajets argumentatifs que l’on doit obligatoirement emprunter pour atteindre, à partir
d’une occurrence donnée, une conclusion déterminée.
Dans les lignes qui suivent, nous essayons de tracer un bilan de quelques théories
nécessaires concernant les marques argumentatives dans la langue : les topoï, les
opérateurs, les connecteurs, les marques axiologiques.
1. Topos
Selon la théorie de Ducrot O., n’importe quelle argumentation se compose de deux
énoncés : E1 – argument et E2 – conclusion, c'est-à-dire que toute argumentation vise
toujours une conclusion. Mais quel est le mécanisme pour que l’argumentateur emmène
son interlocuteur des arguments à la conclusion visée ? Il serait nécessaire de rappeler ici
« le schéma argumentatif minimal »
1
proposé par Toulmin, repris par Plantin:
Données Conclusion
Loi de passage
La loi de passage (que l’on appelle aussi le lieu commun ou le topos) est très
importante dans l’argumentation. Elle peut être considérée comme un postulat
1
C. Plantin, L’argumentation, Edition du Seuil, 1996, p. 22
21
fondamental de largumentation discursive. Cest grõce elle que la donnộe ô tient son
orientation vers la conclusion ằ
1
.
Selon ô Largumentation ằ - Christian Plantin (Seuil, 1996) :

ô La loi de passage a pour fonction de transfộrer la conclusion lagrộment accordộ
largument. Ce passage suppose toujours un saut, une diffộrence de niveau entre ộnoncộ
argument et ộnoncộ conclusion.
Il y a toujours la fois ô plus ằ et ô moins ằ dans la conclusion que dans largument : la
conclusion est moins assurộe que largument exactement dans la mesure oự elle dit plus
que largument. ằ
2
Les topoù se caractộrisent par trois traits principaux
3
:
- Les topoù sont des croyances prộsentộes comme communes une certaine collectivitộ dont
font partie au moins le locuteur et son allocutaire ; ceux-ci sont supposộs partager cette
croyance avant mờme leur mise en discours ;
- Le topos est donnộ comme gộnộral.
- Le topos est graduel. (Ce trait est pourtant remis en cause par des linguistes qui justifient
lexistence des topoù absolus.)
On trouve ci-aprốs un exemple de la loi du passage :
ô Aveugles et primitifs, les termites nen sont pas pour autant une proie facile pour les
fourmis, leurs ennemies hộrộditaires. En effet, non seulement ils savent construire des
forteresses pratiquement inexpugnables, non seulement ils sont dotộs de redoutables
mandibules mais ils secrốtent des armes chimiques efficaces : toxines, glus,
anticoagulants, substances irritantes dont les chimistes commencent seulement
dộcouvrir la complexitộ. ằ
1
C. Plantin, Largumentation, Edition du Seuil, 1996, p. 26
2
C. Plantin, Largumentation, Edition du Seuil, 1996, p. 26
3
Đỗ Hữu Châu, Đại cơng ngôn ngữ học Tập 2, Ngữ dụng học , NXB Giáo dục, 2003, p. 194
22

Sciences et Avenir 482
Pour cette phrase, on peut dessiner des schémas argumentatifs suivants :
Arg1 C :
Les termites sont aveugles. Ils sont une proie facile des
fourmis.
Loi de passage 1
Les aveugles sont vulnérables
Arg2 C :
Les termites sont primitifs. Ils sont une proie facile des
fourmis.
Loi de passage 2
Les êtres primitifs sont vulnérables.
Non C pour autant
23
Arg 1 : ils savent
construire des
forteresses
pratiquement
inexpugnables
Arg 2 : ils sont dotés
de redoutables
mandibules.
Arg 3 : ils secrètent
des armes chimiques
efficaces : toxines,
glus, …
Non C : les termites
ne sont pas une proie
facile des fourmis.
Un topos (une loi de passage) est donc un principe général rendant possible l’accès à

une conclusion. Lorsque la conclusion, comme dans les deux premiers schémas de
l’exemple ci-dessus, est explicite, le topos explicite le trajet effectué entre l’argument et la
conclusion. Lorsqu’elle est implicite, il constitue au contraire le principe d’accès à cette
conclusion.
2. Opérateur argumentatif
« L’opérateur argumentatif (par exemple ne … que, presque, dès… etc.) a pour champ
d’application un énoncé unique, ou plus exactement, la phrase (entité de langue) réalisée
par cet énoncé). (…) Un morphème X est un opérateur argumentatif s’il y a au moins une
phrase P telle que l’introduction de X dans P produit une phrase P’, dont le potentiel
d’utilisation argumentative est différent de celui de P, cette différence ne pouvant se
déduire de la différence entre la valeur informative des énoncés de P et de P’. »
1
Cette définition prouve que la première catégorie de marques argumentatives est
constituée par les opérateurs (portant sur un seul énoncé) à fonction d’orientation. Tel est le
cas des termes comme «presque », « à peine », « au moins »… De tels opérateurs orientent
l’énoncé qui les contient vers certaines classes de conclusions déterminées, au détriment
d’autres rendues impossibles. Ainsi la marque « à peine » dans « Pierre a à peine 50 ans »
indique que l’énoncé est utilisé comme argument pour une conclusion de type « il est
jeune », tandis que la conclusion opposée, « il est vieux », est dans ce cas linguistiquement
impossible.
3. Connecteur argumentatif
1
O. Ducrot, "Opérateurs argumentatifs et visée argumentative", Cahiers de linguistique française No 5,
1983, p. 9, 10
24
ô Les connecteurs argumentatifs sont des signes qui peuvent servir relier deux ou
plusieurs ộnoncộs, en assignant chacun un rụle particulier dans une stratộgie
argumentative unique. ằ
1
Selon cette dộfinition, les connecteurs constituent une autre catộgorie des marques

argumentatives ayant aussi la fonction dorientation argumentative comme des opộrateurs.
La diffộrence se situe dans le fait que ceux-ci relient deux (ou plus de deux) ộnoncộs en
indiquant une relation entre les fonctions argumentatives que possốdent ces ộnoncộs dans le
discours. La relation peut ờtre ainsi de co-orientation argumentative, ou de contre
orientation argumentative.
Les connecteurs de co-orientation relient deux ộnoncộs orientộs vers une conclusion
commune, ou identique. Cest bien le cas de ô mờme ằ dont on apercevra le fonctionnement
argumentatif dans lexemple ô Jai besoin de me reposer, ou mờme de marrờter
complốtement. ằ : ô mờme ằ relie deux ộnoncộs vers une mờme conclusion ô je vais
prendre des vacances. ằ
Les connecteurs de contre orientation relient deux ộnoncộs prộsentộs comme orientộs
vers des conclusion inverses : cest le cas des connecteurs de concession comme ô mais ằ,
ô mờme si ằ, ô bien que ằ.
4 Marques axiologiques
Les marques axiologiques ne sont pas des morphốmes ayant la force argumentative
mais elles ont le contenu descriptif qui exerce la valeur argumentative. Selon Nguyen Huu
Chau (2003)
2
, les marques axiologiques peuvent ờtre rộalisộes par :
- le choix des ộlộments de la rộalitộ dans la description
1
O. Ducrot, "Opộrateurs argumentatifs et visộe argumentative", Cahiers de linguistique franỗaise 4, 1983, p.
9
2
Đỗ Hữu Châu, Đại cơng ngôn ngữ học Tập 2, Ngữ dụng học , NXB Giáo dục, 2003, p. 181, 182, 183
25

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