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Maladies syndromes edition tsunami - part 3 pot

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La bêta-thalassémie
Encyclopédie Orphanet Grand Public Maladies Rares Info Services 0 810 63 19 20
www.orpha.net/data/patho/Pub/fr/BetaThalassemie-FRfrPub51v01.pdf | Juin 2008
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Les aspects génétiques
l Quels sont les risques de transmission ?
La bêta-thalassémie est due à une anomalie génétique héréditaire. La fabrication des chaî-
nes bêta de l’hémoglobine est « commandée » par un gène, présent en deux exemplaires
hérités de chaque parent (l’un provient du père, l’autre de la mère).
La transmission de la bêta-thalassémie se fait de façon autosomique récessive, ce qui
signifie que les parents ne sont pas malades, mais qu’ils sont tous les deux porteurs d’un
exemplaire du gène défectueux. Seuls les enfants ayant reçu le gène défectueux (muté) à la
fois de leur père et de leur mère sont atteints. Ainsi, les personnes atteintes sont porteuses
du gène muté en deux exemplaires alors que chacun des parents n’en est porteur qu’à un
seul exemplaire (figure 3).
Dans ce cas, la probabilité d’avoir un enfant atteint de bêta-thalassémie majeure est de 1
sur 4 à chaque grossesse.
l Peut-on faire un diagnostic prénatal ?
Si le couple a un risque de donner naissance à un enfant atteint de bêta-thalassémie
majeure, il est possible de réaliser un diagnostic prénatal à chaque grossesse. Le but du
diagnostic prénatal est de déterminer au cours de la grossesse si l’enfant à naître sera
malade ou non.
Les deux techniques de prélèvement utilisées sont l’amniocentèse et le prélèvement des
villosités choriales.
Figure 3
Illustration de la transmission autosomique récessive.
Les deux parents portent le gène muté (« a »), mais ils ne sont pas malades (on dit qu’ils sont hétérozygotes).
L’enfant a/a a reçu les deux gènes mutés de son père et de sa mère : il est atteint de bêta-thalassémie majeure ou
bêta-thalassémie intermédiaire (on dit qu’il est homozygote).
Les enfants A/a ne sont pas malades (thalassémie mineure) mais ils sont porteurs du gène muté et risquent de le


transmettre à leur descendance.
L’enfant A/A n’a hérité d’aucun gène muté, ni celui de sa mère ni celui de son père : il n’est pas malade et ne
risque pas de transmettre la maladie.
Le risque de transmettre une maladie autosomique récessive, quelle qu’elle soit, est plus élevé en cas de mariage
consanguin.
Orphaschool. Transmission des maladies génétiques ( />La bêta-thalassémie
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L’amniocentèse permet d’examiner les cellules flottant dans le liquide entourant le fœtus
(liquide amniotique) afin de rechercher l’anomalie génétique à l’origine de la maladie. Le
prélèvement se fait à travers l’abdomen. Cet examen est proposé vers la 15
ème
semaine de
grossesse.
Le prélèvement des villosités choriales a l’avantage de se pratiquer plus tôt au cours de la
grossesse : il consiste à prélever une très petite quantité de tissu à l’origine du placenta
(le trophoblaste) à l’extérieur de l’enveloppe où le fœtus se développe. Le prélèvement se
fait à travers la paroi abdominale. Le test est généralement réalisé vers la 11
ème
semaine
de grossesse.
Ces examens entraînent un risque faible de fausse couche, différent selon le choix de la
technique de prélèvement, qu’il convient de discuter en consultation de génétique au
préalable. Le résultat est connu en une ou deux semaines, et, s’il s’avère que le bébé est
atteint de la forme la plus grave de la maladie (thalassémie majeure), les parents qui le
souhaitent peuvent demander une interruption de grossesse (interruption médicale de
grossesse ou IMG).
l Peut-on faire un diagnostic pré-implantatoire ?
Les techniques plus récentes de diagnostic pré-implantatoire (DPI) ont été déjà été appli-

quées à la thalassémie, dans des cas très particuliers. Le DPI consiste à rechercher l’anoma-
lie génétique responsable de la maladie sur des embryons obtenus par fécondation in vitro.
Cette technique permet de sélectionner les embryons qui n’ont pas la thalassémie majeure
pour les implanter dans l’utérus et éviter ainsi aux parents l’épreuve de l’interruption mé-
dicale de grossesse tardive.
l Quels sont les risques pour les autres membres de la
famille ?
Le diagnostic d’un cas de bêta-thalassémie dans une famille peut mener à la recherche de
la maladie chez les autres membres de la famille (enquête familiale). Des tests permettent
de dépister les porteurs sains (personnes qui possèdent un seul gène muté et qui ne sont
pas malades) ; cela peut être le cas des frères et sœurs d’un enfant malade. Ils sont alors
informés du fait qu’un enfant conçu par deux porteurs sains a une probabilité de 1 sur 4
d’être atteint d’une forme grave de bêta-thalassémie, et que leur conjoint pourra être testé,
s’il le souhaite, avant tout projet de grossesse.
Le traitement, la prise en charge, la prévention
l Existe-t-il un traitement pour cette pathologie ?
Outre la greffe de moelle osseuse (voir plus loin), concernant certains des patients at-
teints de thalassémie majeure et permettant de guérir la bêta-thalassémie, le traitement
par transfusions régulières corrige l’anémie lorsque celle-ci est trop sévère, et limite ses
complications.
Les traitements évoqués ci-dessous concernent les formes sévères de bêta-thalassémie.
Le choix du traitement est influencé par l’âge du malade, la sévérité de la maladie et la
réaction aux traitements.
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Correction de l’anémie
La transfusion sanguine
Les personnes atteintes d’anémie de Cooley ne fabriquent pas assez d’hémoglobine pour

vivre et des transfusions sanguines régulières leur sont indispensables. Elles sont effectuées
environ tous les mois.
La transfusion consiste à injecter au malade du sang ou des globules rouges prélevés sur un
donneur pour maintenir un niveau acceptable de globules rouges dans le sang. Elle se fait
à l’hôpital généralement lors d’une séance d’hôpital de jour. Une nouvelle transfusion est
effectuée lorsque les globules rouges transfusés précédemment ont été détruits. Un taux
d’hémoglobine correct est ainsi maintenu en permanence.
La plupart du temps, les enfants et les adultes atteints de bêta-thalassémie intermédiaire
supportent bien l’anémie. Ils se fatiguent plus vite que les autres mais n’ont généralement
pas besoin de traitement particulier. Cependant, il arrive que l’anémie s’aggrave, en raison
par exemple d’une infection ou d’une grossesse ; des transfusions occasionnelles seront
donc nécessaires.
Splénectomie
Dans certains cas, il est recommandé de retirer la rate par chirurgie afin d’éliminer le siège
de destruction des globules rouges. Cette opération est appelée splénectomie. Elle est
consseillée lorsque les besoins de transfusions sont trop élevés chez les personnes atteintes
de thalassémie majeure et pour diminuer l’anémie quand elle est mal tolérée chez celles
atteintes de thalassémie intermédiaire. Lorsqu’il n’y a plus de rate, l’anomalie de l’hémo-
globine persiste, mais les globules rouges ne sont plus détruits de manière excessive et ils
peuvent exercer tant bien que mal leur fonction de transporteur d’oxygène.
L’ablation de la rate comporte néanmoins des risques. C’est pour cela que la décision doit
être prise au cas par cas après accord entre les médecins.
En effet, la rate intervient dans la défense contre certains microbes, notamment le pneu-
mocoque, responsables d’infections potentiellement graves. Son ablation rend donc les
personnes plus vulnérables à ces infections. C’est pourquoi il est généralement recommandé
d’attendre l’âge de 5-6 ans avant d’opérer un enfant. Des mesures préventives sont systé-
matiquement mises en place avant une splénectomie, à savoir la réalisation de certaines
vaccinations et de leurs rappels (notamment contre le pneumocoque et, éventuellement la
grippe et les méningocoques) et la prise d’antibiotiques (pénicilline) pendant au moins les
5 ans suivant l’opération. Les personnes n’ayant plus de rate (« aspléniques ») seront plus

fragiles que les autres, et ce durant toute leur vie : il faudra donc qu’elles soient particuliè-
rement vigilantes en cas d’infections et qu’elles se fassent soigner très rapidement en cas de
fièvre. De même, une prise d’antibiotiques sera nécessaire à titre préventif (antibioprophy-
laxie) en cas d’intervention chirurgicale, même mineure (y compris des soins dentaires).
Suppléments d’acide folique
Une prise quotidienne d’acide folique (vitamine B9) est recommandée en cas de thalassé-
mie intermédiaire. L’acide folique intervient dans la fabrication des globules rouges qui est
accélérée en cas de thalassémie. Les besoins en acide folique sont donc plus importants.
Traitement de la surcharge en fer
Une accumulation de fer dans l’organisme (surcharge en fer ou surcharge martiale) se
produit chez les personnes thalassémiques. Chez les personnes atteintes de thalassémie
intermédiaire, cette surcharge est surtout liée à une plus grande absorption du fer par le
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système digestif.
La surcharge est plus précoce et plus sévère dans la thalassémie majeure, où elle est prin-
cipalement due aux transfusions régulières.
Le fer en excès dans le sang s’accumule dans différentes parties du corps (en particulier
le cœur, le foie et les glandes produisant les hormones) et peut conduire à des complica-
tions à l’âge adulte. L’accumulation du fer au niveau des glandes produisant les hormones
peut entraîner un diabète, un retard de croissance ou de puberté, une ménopause précoce,
etc. Plusieurs traitements de cette surcharge existent (voir le chapitre « Quels en sont les
risques »). Finalement, la surcharge en fer devient, avec les années, le problème central de
la maladie et du traitement.
Traitement des infections
Les enfants thalassémiques, surtout s’ils ne sont pas régulièrement transfusés ou si leur
rate a été enlevée, souffrent d’ une grande sensibilité aux infections.
Il est recommandé de vacciner les enfants atteints de bêta-thalassémie majeure contre

l’hépatite B et certains microbes auxquels ils sont particulièrement sensibles, comme le
pneumocoque (responsable de pneumonies, de septicémies et de méningites), le ménin-
gocoque (responsable de méningites), le virus de la grippe, en plus des vaccins habituels.
Il est important de faire les rappels régulièrement pour que la protection du vaccin soit
efficace.
La greffe de moelle osseuse
Le seul traitement qui puisse guérir définitivement la maladie est la greffe de moelle os-
seuse, appelée également « greffe de cellules souches hématopoïétiques » : ces cellules
souches, une fois greffées chez le patient, vont être capables de fabriquer, entre autres,
des globules rouges sans anomalie. La moelle osseuse, substance liquide située à l’intérieur
des os, est l’endroit où les cellules sanguines sont fabriquées : globules blancs, globules
rouges et plaquettes. La greffe de moelle osseuse consiste à remplacer la moelle malade
par une moelle non malade (prélevée sur un membre de la famille dont la moelle est com-
patible avec celle du malade) qui sera capable de fabriquer des globules rouges. Cette
procédure est réservée aux malades présentant une thalassémie majeure et disposant dans
leur famille d’un donneur compatible, qu’il soit sain ou porteur d’une thalassémie mineure.
C’est un traitement lourd qui peut entraîner des complications rares mais qui peuvent être
très graves. La décision de réaliser une greffe de moelle est donc discutée avec une équipe
médicale expérimentée et les bénéfices et les risques de la greffe doivent être bien compris
par la famille. Cependant, lorsque le donneur est un membre de la famille, les résultats de
la greffe sont très bons chez l’enfant.
Autres traitements chez l’adulte
A l’âge adulte, d’autres traitements peuvent être nécessaires : traitement des insuffisances
hormonales, traitement de l’ostéoporose, traitement des ulcères de jambe et des phlébites
(formation d’un caillot de sang dans une veine) qui se produisent plus fréquemment chez
les personnes thalassémiques. Certains malades ont également pu contracter une hépatite
virale et nécessiter un traitement spécifique.
l Quels bénéfices attendre des transfusions ?
Dans les formes majeures, un traitement transfusionnel mis en place très tôt et suivi de
façon rigoureuse permet d’éviter l’apparition des déformations des os du visage et de limiter

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le retard de croissance et de puberté. Entre chaque transfusion, les enfants mènent une vie
proche de la normale.
l Quels en sont les risques ?
Les transfusions permettent de rétablir une quantité acceptable de globules rouges et donc
de faire disparaître ou de diminuer significativement les symptômes d’anémie. Cependant,
les transfusions répétées ont un effet secondaire grave : elles entraînent une accumulation
de fer dans l’organisme des malades. En effet, à chaque transfusion, le corps reçoit une
quantité de fer (contenu dans l’hémoglobine normale des globules rouges transfusés) im-
portante. Si les globules rouges reçus sont éliminés peu à peu, le corps élimine en revanche
très mal le fer. Celui-ci, en s’accumulant dans les organes, devient toxique, perturbant le
fonctionnement normal des organes atteints (atteinte cardiaque, fibrose et cirrhose du
foie) et pouvant être à l’origine de décès (notamment par arrêt cardiaque). Les atteintes
hormonales sont les plus fréquentes (hormones sexuelles, diabète, hyperthyroïdie).
Afin d’éviter au maximum cette surcharge en fer, les personnes transfusées doivent régu-
lièrement suivre un traitement par un « chélateur » du fer. Un chélateur est un médicament
qui agit un peu comme un aimant en « attirant » le fer, créant une sorte d’amas (un com-
plexe) qui est facilement éliminé dans l’urine ou les selles. Trois médicaments existent à
présent. Le choix du médicament dépend des antécédents du malade et de l’importance de
sa surcharge en fer. Ce choix peut être modifié au cours de la vie de la personne malade.
Le premier chélateur de fer qui a été disponible était la desferrioxamine. Elle a beaucoup
amélioré l’espérance de vie des personnes thalassémiques. Elle est administrée par voie
sous-cutanée, en perfusion, pendant huit à douze heures par jour (souvent la nuit), cinq à
sept jours par semaine selon le degré de la surcharge en fer. Son administration est donc
très contraignante, surtout pour les adolescents. Elle se fait à la maison grâce à une mini-
pompe portable, installée par les parents ou le malade lui-même, après une formation par
l’équipe médicale. Par ailleurs, la desferrioxamine elle-même peut avoir des effets indésira-

bles comme des douleurs au point d’injection, des démangeaisons (prurit), et plus rarement
des troubles de la croissance, de la vision et de l’audition. Il est important de changer
régulièrement de point d’injection pour éviter l’apparition de petites boules dures (nodules)
sous la peau. Chez certains malades, des réactions allergiques peuvent survenir ainsi qu’une
infection particulière, la yersiniose, qui donne de la fièvre et des troubles digestifs et qui
oblige à un arrêt temporaire du traitement.
Un autre chélateur de fer qui, lui, se prend par la bouche (voie orale), est la défériprone.
Elle semble très active pour protéger le coeur. Ses principaux effets indésirables sont des
douleurs abdominales, des nausées et des vomissements (jusqu’à un tiers des malades),
ainsi que des douleurs articulaires. Ce médicament peut entraîner une complication rare
mais grave qui s’appelle l’agranulocytose : il s’agit d’une baisse rapide et importante des
globules blancs qui expose à un risque d’infection grave. Le nombre de globules blancs est
donc contrôlé régulièrement par prise de sang, et systématiquement en cas de fièvre. La
défériprone peut parfois être associée à la desferrioxamine si la surcharge en fer est trop
importante.
Enfin, un nouveau chélateur, le déférasirox, a récemment montré son efficacité par voie
orale pour éliminer le fer en excès. Il est, depuis 2007, le médicament prescrit à la majorité
des personnes atteintes de thalassémie majeure en France. Une étude internationale menée
sur 500 malades traités pendant un an a montré qu’il était aussi efficace que la desferriox-
amine. Il doit à présent être testé sur des périodes plus longues. Les effets indésirables les
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plus fréquemment observés sont des troubles gastro-intestinaux (principalement nausées,
vomissements, diarrhées ou douleurs abdominales), une éruption cutanée et des troubles
rénaux nécessitant une surveillance régulière (prise de sang et analyse des urines).
Les transfusions peuvent également exposer à d’autres risques. Le risque de transmission de
virus est exceptionnel car les précautions prises sont très importantes (contrôles rigoureux
du sang prélevé sur les donneurs, filtration avant transfusion, compatibilité entre le sang
du donneur et le malade). Une vaccination contre le virus de l’hépatite B est recommandée
avant la mise en place d’un programme transfusionnel. Dans de rares cas, des malades dé-
veloppent des sortes de réactions allergiques dues à l’injection de sang étranger dans leur

corps, ce qui peut avoir des complications graves et gêner la poursuite des transfusions.
l Quelles seront les conséquences du traitement pour la vie
quotidienne ?
En règle générale, les transfusions nécessitent une hospitalisation (séance d’hôpital de
jour) toutes les 3 à 5 semaines et un suivi régulier. Le traitement chélateur par perfu-
sion, quotidien ou presque, est probablement le plus contraignant. Il est particulièrement
difficile à accepter à certaines périodes de la vie, comme à l’adolescence, mais il est très
important de le faire pour éviter la survenue de complications potentiellement mortelles.
Cependant, la majorité des personnes thalassémiques reçoivent désormais un traitement
chélateur administré par voie orale.
En cas de splénectomie, la prise quotidienne d’antibiotiques et le respect des rappels de
vaccins (surtout chez les jeunes enfants) nécessitent une certaine rigueur, de la part des
parents surtout, et ce sur une longue période.
l Un soutien psychologique serait-il souhaitable ?
Il y a plusieurs moments au cours de la bêta-thalassémie où les parents aussi bien que leurs
enfants peuvent ressentir le besoin d’être soutenus par un psychologue. Pour les parents,
l’annonce du diagnostic, avec la culpabilité liée au fait d’avoir transmis une maladie, puis
l’accompagnement de son enfant en apprenant à le soigner sans le surprotéger, sont des
exemples où une aide psychologique est souhaitable. Pour les enfants malades, c’est le vécu
de la contrainte des traitements, la nécessité de se prendre en charge, les périodes de déni
ou d’opposition, comme à l’adolescence, qui sont spécialement sensibles. Le retard de crois-
sance et de puberté, s’ils sont présents, ont un retentissement psychologique considérable.
Les frères et sœurs, enfin, peuvent ressentir de la culpabilité ou même de la jalousie. A tous
ces moments, la famille ne doit pas hésiter à se faire aider par un psychologue.
l Comment se faire suivre ? Comment faire suivre son enfant ?
Le suivi des personnes atteintes de bêta-thalassémie se fait dans des services de pédiatrie
et d’hématologie pédiatrique puis à l’âge adulte dans des services de médecine interne ou
d’hématologie. Les patients atteints de forme majeure y reçoivent leurs transfusions men-
suelles et un suivi médical régulier qui permet de dépister d’éventuelles complications de
la surcharge en fer et les effets secondaires des traitements. Les coordonnées des services

spécialisés en hémoglobinopathies (maladies de l’hémoglobine) sont disponibles sur le site
d’Orphanet (www.orphanet.fr).
Des examens sanguins très réguliers sont pratiqués avant les transfusions, pour surveiller
l’efficacité des traitements et l’importance des effets indésirables du traitement chélateur
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du fer. Un bilan annuel est généralement effectué : selon l’âge du malade, il comprend une
consultation de cardiologie avec une échographie, un examen de l’audition et de la vue,
des radiographies des os, une échographie abdominale ou une IRM (imagerie par résonance
magnétique), un bilan hormonal Ces examens sont pratiqués pour s’assurer qu’aucun or-
gane n’est endommagé par la surcharge en fer. Par ailleurs, les concentrations en fer sont
mesurées régulièrement (par prise de sang), pour s’assurer qu’il n’y a pas de surcharge trop
importante et que les doses de chélateurs sont adaptées.
Dans certains cas, le prélèvement d’un petit échantillon de foie (biopsie hépatique) est
effectué pour évaluer plus précisément l’importance de la surcharge et ses conséquences
au niveau du foie. Les techniques d’imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM
ou RMN) permettent d’évaluer la quantité de fer dans le foie et le cœur sans pratiquer de
biopsie.
l Que peut-on faire soi-même pour se soigner ?
L’hygiène de vie est très importante. Il faut favoriser un exercice physique régulier, une ali-
mentation équilibrée apportant calcium, vitamine E et C et qui évite les aliments très riches
en fer. Il est primordial de suivre les conseils de son médecin concernant l’alimentation.
Il est vivement recommandé d’éviter le tabac.
Bien connaître sa maladie est très important, ainsi que le rôle des médicaments que l’on
prend tous les jours. Il est essentiel que les enfants soient au courant de leur maladie et se

sentent libres de poser toutes les questions qu’ils souhaitent à leur médecin.
En ce qui concerne le traitement chélateur du fer, plus il est pris de façon régulière,
meilleure est l’espérance de vie. S’il semble difficile à suivre ou que l’enfant n’est pas très
assidu, il ne faut pas hésiter pas à en parler avec les médecins et l’entourage.
Enfin, certains signes doivent amener à consulter en urgence, comme l’apparition de fièvre
chez une personne splénectomisée (sans rate) ou sous traitement par défériprone. Cela peut
traduire une infection grave et qui doit être prise en charge rapidement. De même, des dou-
leurs abdominales brutales, accompagnées ou non de fièvre, un malaise, des palpitations
ou un essoufflement sont des signes d’urgence.
l Quelles sont les informations à connaître et à faire connaître
en cas d’urgence ?
En cas d’urgence, il est impératif de signaler les traitements en cours et de faire part du dia-
gnostic de bêta-thalassémie à l’équipe soignante, surtout en cas d’intervention chirurgicale
(comme une splénectomie ou une cholécystectomie) et d’anesthésie. En cas de thalassémie
intermédiaire, l’anémie est souvent corrigée avant l’intervention par une transfusion.
l Peut-on prévenir cette maladie ?
Non, on ne peut pas prévenir cette maladie héréditaire. Mais, dans les pays où la maladie
est très fréquente, des campagnes d’information et de prévention par le conseil génétique
ont conduit à une diminution du nombre de naissances d’enfants malades.
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Vivre avec
l Quelles sont les conséquences de la maladie sur la vie
familiale, professionnelle, sociale, scolaire, sportive ?
L’impact de la bêta-thalassémie sur la vie quotidienne dépend évidemment de la sévérité
de la maladie.
Chez les personnes atteintes de thalassémie majeure, les transfusions régulières sont
contraignantes, et il faut pouvoir les planifier dans sa vie scolaire puis professionnelle

ainsi que pour partir en vacances entre deux transfusions. Quant au traitement chélateur
qui accompagne les transfusions répétées, il est particulièrement lourd quand il impose une
perfusion pendant plusieurs heures chaque jour. Il nécessite donc une organisation en cas
de déplacement et une véritable rigueur, surtout pour les enfants et les adolescents qui ne
comprennent pas toujours bien l’intérêt d’un traitement qui doit empêcher la survenue de
complications dans un futur éloigné. Cependant les traitements chélateurs actifs par voie
orale sont beaucoup moins contraignants.
Lorsque le contrôle de la surcharge en fer est efficace, les personnes atteintes vont relati-
vement bien et mènent une vie sociale proche de la normale.
Chez les personnes qui présentent une thalassémie intermédiaire ou chez les thalassémi-
ques majeurs avant leur transfusion, une tendance à se fatiguer plus vite que les autres ou
une sensation de faiblesse récurrente peut être présente. L’anémie, lorsqu’elle est sévère,
constitue un véritable handicap.
Pour les enfants, une scolarisation normale et la pratique d’activités sportives sont presque
toujours possibles. Un aménagement par un projet d’accueil individualisé (PAI) ou à un
projet personnel de scolarisation (PPS) est rarement nécessaire. Il s’agit d’une convention
associant la famille, l’école et le médecin scolaire, qui permet de répondre aux besoins de
l’enfant et d’informer les enseignants sur la maladie.
Si une période d’hospitalisation s’avère nécessaire, il est possible d’organiser un suivi sco-
laire à domicile (service assistance pédagogique à domicile ou SAPAD) ou à l’hôpital.
Quant aux adultes, ils peuvent exercer une activité professionnelle, aménagée ou non selon
leur fatigabilité et la survenue d’éventuelles complications.
De manière générale, si la bêta-thalassémie reste une maladie que l’on ne peut pas guérir
en dehors d’une greffe, la prise en charge a amélioré le pronostic de façon spectaculaire.
Cependant, à l’âge adulte, certaines complications chroniques peuvent altérer la qualité
de vie.
Désir d’enfant et grossesse
Autrefois, la thalassémie majeure avait toujours des conséquences sur la fertilité, en raison
de la surcharge en fer qui perturbe les fonctions hormonales. Les progrès du traitement
chélateur du fer et les aides médicales à la reproduction font que, de nos jours, de plus en

plus de personnes atteintes de thalassémie majeure ont des enfants.
Lorsqu’il y a désir d’enfant, la question du risque de transmission de la maladie est inévi-
tablement évoquée. Il est généralement proposé au conjoint de faire un examen sanguin
destiné à voir s’il est lui aussi porteur de la ou des anomalie(s) génétique(s).
Il est recommandé de discuter de tout projet de grossesse avec son médecin, souvent de
consulter un médecin spécialiste de la reproduction et de se faire suivre par un obstétricien
15
spécialisé (connaissant la maladie) dans une unité de « grossesse à risque ». En cas de
thalassémie intermédiaire, l’anémie peut s’aggraver et nécessiter des transfusions.
La surveillance médicale sera globalement renforcée au cours de la grossesse pour le suivi
cardiaque et hormonal de la mère et la surveillance de la croissance du fœtus.
En savoir plus
l Où en est la recherche ?
La recherche a pour but principalement l’amélioration des traitements et des moyens qui per-
mettraient de guérir définitivement la bêta-thalassémie. La thérapie génique (qui consiste
à utiliser des gènes normaux comme médicaments pour assurer un remplacement des gènes
défectueux du malade) est une voie de recherche importante. Les chercheurs poursuivent la
mise au point de nouveaux traitements chélateurs du fer moins contraignant que la desfer-
rioxamine (à prendre par voie orale) avec le moins d’effets indésirables possibles et étudient
avec plus de recul l’efficacité et la tolérance de ceux déjà commercialisés. Les associations
diverses de deux chélateurs sont actuellement étudiées, l’association défériprone-désféral
ayant déjà été utilisée pour augmenter la force du traitement chélateur. D’autres essais
cliniques sont nécessaires avant de généraliser l’utilisation des combinaisons.
l Comment entrer en relation avec d’autres malades atteints
de la même maladie ?
En contactant les associations de malades consacrées cette maladie. Vous trouverez leurs
coordonnées en appelant Maladies Rares Info Services au 0 810 63 19 20 (Numéro azur,
prix d’un appel local) ou sur le site Orphanet (www.orphanet.fr).
l Les prestations sociales en France
En France, les personnes atteintes de bêta-thalassémie majeure ou intermédiaire peuvent

bénéficier d’une prise en charge à 100 % par la Sécurité Sociale en ce qui concerne le rem-
boursement des frais médicaux.
Le dossier de demande de reconnaissance d’affection de longue durée (« ALD », impliquant
une prise en charge à 100 %) doit être constitué par le médecin traitant.
Les personnes atteintes ou les parents d’enfants atteints peuvent s’adresser à la Maison
départementale des personnes handicapées (MDPH) pour bénéficier de prestations, d’une
orientation adéquate et d’une aide pour les différentes démarches de prise en charge du
handicap. Suivant leur état, une prestation de compensation du handicap peut ainsi être
allouée aux malades ou à leur famille.
Pour plus de précisions, vous pouvez consulter le cahier Orphanet « Vivre avec une mala-
die rare en France : aides et prestations » (ici), qui compile toutes les informations sur la
législation en cours, les aides, les modalités de scolarisation et d’insertion professionnelle
disponibles pour les personnes atteintes de maladies rares.
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POUR OBTENIR D’AUTRES INFORMATIONS SUR CETTE MALADIE
CONTACTEZ
Maladies Rares Info Services au 0 810 63 19 20
numéro azur, prix d’une communication locale
OU CONSULTEZ ORPHANET www.orphanet.fr
CE DOCUMENT A ÉTÉ RÉALISÉ PAR :
AVEC LA COLLABORATION DE :
Docteur Isabelle THURET
Centre de référence des thalassémies
Service d’hématologie pédiatrique

Hôpital des enfants de la Timone,
Marseille

Association Française de Lutte
contre les Thalassémies
Association Française des
Conseillers en Génétique
1
La maladie
l Qu’est-ce que la cystite interstitielle?
La cystite interstitielle (CI), désormais appelée Syndrome de la vessie douloureuse, est
une maladie inflammatoire de la vessie qui se caractérise par des envies anormales d’uriner
(envies pressantes et/ou fréquentes) et par des douleurs importantes dans le bas ventre
et la vessie, au niveau de l’urètre (canal transportant l’urine de la vessie vers l’extérieur)
ou au niveau du vagin chez les femmes, parfois accompagnées d’une difficulté à uriner. La
sévérité des symptômes est variable d’une personne à l’autre.
Alors que la cystite « classique » est une inflammation de la vessie causée par des bac-
téries, qui peut être traitée par des antibiotiques, la cystite interstitielle n’est pas une
infection urinaire bactérienne. C’est une affection chronique, c’est-à-dire qu’elle dure dans
le temps, dont les causes ne sont pas élucidées.
l Combien de personnes sont atteintes de la maladie ?
Il est difficile de connaître le nombre exact de personnes atteintes par cette maladie, qui
est probablement sous-diagnostiquée. La prévalence (nombre de cas dans une population
donnée à un moment précis) varie selon les pays. En Europe, les estimations vont d’une
personne atteinte sur 12 500 à une personne sur 1500. Aux Etats-Unis, la prévalence est
estimée à un individu sur 1500 environ.
l Qui peut en être atteint ?
Si tout le monde peut être affecté, 90% des patients souffrant de cystite interstitielle sont
des femmes. La maladie survient en moyenne entre 30 et 40 ans, et 25% des patients ont
moins de 30 ans. Exceptionnellement, certains enfants peuvent présenter les symptômes de

cette maladie, mais selon les critères officiels américains (voir plus loin « critères du NIH »),
le diagnostic ne devrait être porté que sur les patients de plus de 18 ans.
La cystite interstitielle
Syndrome de la vessie douloureuse
La maladie
Le diagnostic
Les aspects génétiques
Le traitement, la prise en charge, la prévention
Vivre avec
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La cystite interstitielle
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Madame, Monsieur,
Cette fiche est destinée à vous informer sur la cystite
interstitielle. Elle ne se substitue pas à une consulta-
tion médicale. Elle a pour but de favoriser le dialogue
avec votre médecin. N’hésitez pas à lui faire préciser
les points qui ne vous paraîtraient pas suffisamment
clairs et à demander des informations supplémentaires
sur votre cas particulier. En effet, certaines informa-
tions contenues dans cette fiche peuvent ne pas être
adaptées à votre cas : il faut se rappeler que chaque
patient est particulier. Seul le médecin peut donner
une information individualisée et adaptée.
2
l Est-elle présente partout dans le monde ?
La CI peut atteindre les personnes de toute origine, mais la prévalence de la maladie semble
plus importante dans les pays occidentaux et les pays nordiques.
l A quoi est-elle due ?

On ne connaît pas encore les causes de cette maladie, qui a longtemps été considérée comme
d’origine psychologique, voire « hystérique ». Étant donné qu’il y a une grande variabilité
dans l’intensité et la présentation des symptômes, beaucoup de chercheurs pensent que la
cystite interstitielle regroupe plusieurs maladies, dont les causes sont multiples.
Une des hypothèses avancées concerne l’altération de la perméabilité de la paroi vésicale.
L’intérieur de la vessie est normalement tapissé par une couche de protéines (glycosami-
noglycanes notamment) dont le rôle est de protéger la paroi des composants agressifs et
toxiques de l’urine. Or cette couche protectrice est déficiente (et donc perméable) chez
70% des personnes atteintes de cystite interstitielle. Les éléments toxiques (par exemple le
potassium concentré) pourraient alors pénétrer la paroi de la vessie, provoquer une inflam-
mation et déclencher la cystite.
Par ailleurs, les chercheurs ont isolé une substance appelée « facteur antiprolifératif »
(APF) présente presque uniquement dans l’urine des patients atteints de CI. L’APF pourrait,
chez ces patients, empêcher la croissance de nouvelles cellules vésicales saines et donc le
renouvellement de la paroi de la vessie.
D’autres études suggèrent qu’un problème neurologique (hypersensibilité des nerfs) pourrait
contribuer aux douleurs ressenties dans la CI.
Les autres hypothèses concernent des mécanismes allergiques, auto-immuns, génétiques
ou environnementaux.
En effet, il semble que chez les patients, les cellules impliquées dans la réaction allergique
soient plus nombreuses, surtout dans la paroi vésicale.
Quant à l’hypothèse d’une maladie à composante auto-immune, elle repose sur le fait que
la CI est souvent associée à des maladies auto-immunes telles que la polyarthrite rhuma-
toïde ou le lupus érythémateux disséminé. Une maladie auto-immune se déclare lorsque
les défenses immunitaires, qui normalement ne s’attaquent qu’aux éléments « extérieurs »
(bactéries, virus…), se retournent contre les cellules mêmes de l’organisme et l’attaquent.
En fait, l’organisme produit des anticorps (molécules de défense) nocifs, appelés auto-an-
ticorps, qui entraînent l’autodestruction de certains tissus et occasionnent d’importantes
réactions inflammatoires : ces anticorps ont été retrouvés chez certains patients atteints
de CI. Une infection virale ou bactérienne ancienne pourrait être à l’origine du dérèglement

du système immunitaire.
Enfin, des chercheurs pensent que des facteurs génétiques pourraient également entrer
en jeu. Certaines personnes ont probablement une prédisposition génétique, c’est-à-dire
qu’elles ont des gènes qui les rendent plus vulnérables et plus à même de déclencher la
maladie. L’existence de plusieurs familles présentant des cas de CI sur plusieurs générations
étaye cette dernière hypothèse.
Ainsi, les hypothèses sur les causes de la CI restent nombreuses et il est tout à fait possible
que cette maladie soit d’origine multifactorielle.
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l Est-elle contagieuse ?
Non, la cystite interstitielle n’est pas contagieuse.
l Quelles en sont les manifestations ?
Les symptômes sont variables d’un malade à l’autre, et peuvent être plus ou moins invali-
dants, la maladie évoluant différemment chez chacun. Les symptômes caractéristiques sont
des envies anormales d’uriner et des douleurs. La maladie évolue par poussées entrecoupées
de périodes de diminution des symptômes.
Les premières manifestations de la maladie peuvent apparaître spontanément ou débuter après
une opération (hystérectomie ou autre intervention gynécologique), après l’accouchement,
ou après une grave infection bactérienne de la vessie.
Les patients ressentent la plupart du temps un besoin fréquent d’uriner, et ce jour et nuit.
Alors que les envies d’uriner normales sont espacées d’au moins deux heures et conduisent
à effectuer 4 à 6 mictions par 24 heures, le besoin d’uriner en cas de CI est quasiment
permanent. Le fait d’aller aux toilettes ne soulage presque pas le malade, et l’envie d’uriner
peut revenir quelques minutes, voire quelques secondes après la miction. Cette envie par-

fois constante d’uriner amène les malades à uriner plus de 8 fois par 24 heures, 16 fois en
moyenne et jusqu’à 50 fois dans les cas sévères.
Cette « pollakiurie » peut être le seul symptôme dans les cas peu sévères ou au début de
la maladie. Dans la plupart des cas il n’y que quelques gouttes parce que la vessie est vide
(même si les malades ont l’impression qu’elle est toujours pleine). Cependant, chez la
grande majorité des patients, il n’y a jamais de fuites d’urine involontaires.
Ce besoin d’uriner est presque tout le temps urgent, accompagné souvent de douleurs et de
spasmes. Souvent, à mesure que la maladie évolue, il existe une difficulté de plus en plus
grande à uriner ou à vider sa vessie. En effet, les muscles entourant l’urètre se développent
trop et finissent par mal se relâcher, rendant la miction difficile.
La douleur, constante ou intermittente, peut être très importante dans la CI : généralement
elle s’intensifie lorsque la vessie est pleine, et diminue transitoirement après la miction.
Elle ressemble à celle d’une infection bactérienne mais est beaucoup plus violente. Elle peut
être ressentie comme une brûlure, sous forme de spasmes, avec une sensation de pression,
ou comme des coups de poignard ou de lames de rasoir dans le vagin, la vessie et l’urètre
(voir schéma).
La douleur irradie dans le bas du ventre, au niveau de l’urètre, ou dans tout le bassin jusqu’à
la partie inférieure du dos dans certains cas. Elle peut également être ressentie dans l’aine
et dans les cuisses. Chez les femmes, la douleur peut se manifester dans le vagin et chez
les hommes, dans le pénis, les testicules, le scrotum et le périnée et lors de l’éjaculation.
Par conséquent, les rapports sexuels sont douloureux pour environ 50% des patients.
Beaucoup de femmes trouvent que leurs symptômes s’aggravent ou s’amenuisent avant
et pendant les menstruations, probablement en raison des changements hormonaux qui
agissent sur les cellules de la vessie.
Enfin, plus rarement, certains patients se plaignent aussi de douleurs articulaires et muscu-
laires (type fibromyalgie, c’est-à-dire des douleurs diffuses, généralisées, pouvant toucher
tous les muscles), de migraines et de problèmes gastro-intestinaux (type syndrome de
l’intestin irritable). On ne sait pas encore vraiment si ces douleurs ont un lien direct avec
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la CI. On suppose plutôt que d’autres syndromes provoquant ces symptômes s’associent à
la CI.
l Comment expliquer les symptômes ?
Comme on ne connaît pas les causes exactes de la maladie, il est difficile d’en expliquer pré-
cisément les symptômes. L’inflammation permanente de la paroi de la vessie est à l’origine
de la plupart des douleurs. Des petites plaies (glomérulations, voir plus loin) situées sur la
paroi vésicale fragilisent la muqueuse et entraînent des contractions des muscles lisses de
la vessie (muscles « automatiques » qui ne sont pas sous le contrôle de la volonté) ainsi
qu’une diminution de la capacité à uriner.
l Quelle est son évolution ?
La CI se caractérise généralement par des poussées suivies de périodes d’amélioration plus
ou moins importantes, évoluant sur un mode chronique. Les symptômes peuvent varier en
intensité au cours de la semaine ou même de la journée (crises de quelques heures ou de
quelques jours), ou bien être constants pendant des mois ou des années, ou encore empirer
progressivement. Même s’ils disparaissent totalement, une rechute est toujours possible,
parfois après quelques années de rémission.
Par ailleurs, en plus des variations liées au cycle menstruel, les femmes peuvent constater
une amélioration ou une exacerbation au cours de la grossesse ou après.
La sévérité des symptômes et l’évolution de la maladie sont aussi fonction du type de
cystite (avec ulcère de Hunner ou non, voir plus loin), qui répond plus ou moins bien aux
traitements.
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l Peut-on confondre cette maladie avec d’autres ? Lesquelles ?
Hormis l’infection urinaire dont les symptômes ressemblent à la CI (mais qui se caractérise
par la présence de bactéries dans les urines), d’autres maladies peuvent se traduire par les

mêmes symptômes, et notamment :
- des infections ou inflammations du système uro-génital comme les infections vaginales,
certaines maladies sexuellement transmissibles (herpès génital, chlamydiase), les vestibu-
lites vulvaires (inflammations au niveau de la vulve), les vaginites ou encore des diverticules
dans l’urètre ou toute forme de cystite bactérienne (éosinophilique, tuberculeuse…)
- l’hyperactivité vésicale ou du détrusor (muscle de la vessie)
- maladies du rein (lithiases rénales) ou calculs vésicaux
- troubles de la musculature du bassin (plancher pelvien)
- affections gynécologiques telles qu’une endométriose, une atrophie génitale, une tumeur
ovarienne
- troubles neurologiques (en raison par exemple d’une sclérose en plaques)
- prostatite chronique chez l’homme
Critères établis par le NIH (National Institutes of Health) aux Etats-Unis
pour le diagnostic de la cystite interstitielle:
Un des deux critères suivants doit obligatoirement être présent (visible à la cystoscopie)
- glomérulation de la muqueuse
- ulcère de Hunner
Un des deux symptômes suivants doit être présent
- cystalgies (douleurs vésicales)
- impériosités mictionnelles (envies pressantes)
Si l’un des critères suivants est présent, le diagnostic de cystite interstitielle est éliminé :
1) capacité vésicale > 350 cc en l’absence d’anesthésie
2) absence d’envie d’uriner après remplissage (à 30-100 cc/mn) de la vessie à 150 cc
3) présence de contractions vésicales involontaires pendant le remplissage ci-dessus
4) symptômes depuis moins de 9 mois
5) absence de mictions fréquentes la nuit
6) apparition de symptômes soulagés par les antimicrobiens, les anticholinergiques ou les
antispasmodiques
7) pollakiurie diurne < 8
8) diagnostic de cystite bactérienne ou de prostatite dans les trois mois

9) présence d’un calcul dans la vessie ou le bas uretère
10) herpès génital en phase d’activité
11) cancer utérin, cervical, vaginal ou urétral
12) diverticule de l’urètre
13) cystite au cyclophosphamide
14) cystite tuberculeuse
15) cystite après radiothérapie
16) tumeur vésicale bénigne ou maligne
17) infection vaginale
18) patient de moins de 18 ans
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traîner des effets secondaires indésirables, et notamment des troubles gastro-intestinaux
pouvant être sévères (gastrite, hémorragie digestive, ulcère). L’administration simultanée
d’un médicament destiné à protéger l’estomac est donc souvent nécessaire. Lors des traite-
ments prolongés, des vertiges et acouphènes (bourdonnement ou sifflement à l’intérieur
des oreilles) peuvent apparaître. Enfin, chez des sujets à risque, une insuffisance rénale
fonctionnelle (mauvais fonctionnement des reins) peut survenir.
De manière générale, tous les médicaments anti-douleur (antalgiques) peuvent être essayés,
sachant que chaque malade réagit différemment à chaque médicament. Le paracétamol et
les antalgiques opiacés, dérivés de la morphine, peuvent être efficaces, seuls ou en asso-
ciation avec d’autres anti-douleurs. Dans les cas de douleurs très fortes, la morphine peut
être recommandée. Prise avec discernement et à des doses adaptées, elle n’entraîne pas
de réelle dépendance. Ses effets secondaires (constipation, somnolence et vomissements)
peuvent cesser après le début du traitement et ne sont pas forcément plus importants que
ceux d’autres anti-douleurs.
Les antidépresseurs tricycliques (et notamment l’amitriptyline chlorhydrate), administrés à
des doses inférieures à celles utilisées pour traiter la dépression, ont également une action

sur la douleur. Il en va de même pour les antispasmodiques qui atténuent les contractions
musculaires douloureuses ou les anticonvulsivants qui agissent sur le système nerveux
(gabapentine ou clonazépam).
Comme l’allergie est l’une des causes probables de la CI, l’administration d’antihistaminiques
(hydroxyzine) peut être efficace, surtout chez les patients souffrant conjointement d’allergies
avérées.
Fatigue, somnolence, sécheresse de la bouche, constipation, mauvaise coordination des mou-
vements et vertiges sont des effets indésirables parfois causés par tous ces médicaments.
Enfin, les antiulcéreux, habituellement utilisés pour l’estomac, ont récemment montré une
efficacité certaine.
Les traitements ayant une action directe sur la vessie
Comme évoqué précédemment, l’hydrodistension (dilatation de la vessie avec de l’eau sous
anesthésie générale) peut soulager les patients pendant quelques semaines ou quelques
mois, même si les effets positifs s’estompent au fur et à mesure des interventions.
L’injection d’autres produits dans la vessie par cathéter peut soulager, mais elle néces-
site des interventions en hôpital, parfois sous anesthésie du fait des douleurs liées à
l’instillation.
Parmi les produits ayant montré une efficacité, on trouve l’héparine, qui a des propriétés
anti-inflammatoires et protectrices et qui contribue à renforcer temporairement la couche
altérée de glycoprotéines. Cependant, l’héparine n’est efficace qu’au bout de quelques mois,
et parfois pas avant 2 ans… De plus, comme c’est un anticoagulant, elle augmente le risque
d’hémorragie. Il est donc indispensable de faire surveiller régulièrement certains paramètres
sanguins (nombre de plaquettes et coagulation).
Le DMSO (diméthyle sulfoxyde) a lui aussi fait ses preuves contre la douleur, notamment
en association avec des corticoïdes, de l’héparine et/ou un anesthésique local. Les résul-
tats sont généralement bons au début du traitement, mais il faudra répéter les instilla-
tions comme pour la plupart des autres médicaments. Cependant, ce produit est très mal
toléré par certains patients chez qui il provoque des brûlures et peut même aggraver les
symptômes.
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L’acide hyaluronique, qui a un effet de restauration de la paroi vésicale détériorée, a montré
une efficacité dans certains cas mais il n’est pas pris en charge par la Sécurité Sociale.
Un autre médicament, administré par voie orale, agit sur la muqueuse de la vessie pour
aider à la « réparer », avec des résultats significatifs au bout de quelques mois. Il s’agit
de l’Elmiron (polysulfate de pentosan sodique), seul médicament qui a fait l’objet d’études
ayant permis d’approuver son indication pour la CI. En France, on peut se procurer ce mé-
dicament à la pharmacie des hôpitaux et il est remboursé si une autorisation temporaire
d’utilisation (ATU) a été délivrée. La demande doit être faite à l’AFSSAPS par le médecin
traitant.
La chirurgie
La chirurgie doit être envisagée en dernier recours (2% des cas de CI seulement), lorsque
tous les autres traitements ont échoué et que les symptômes deviennent extrêmement in-
validants. La décision doit être prise sur l’avis d’au moins deux médecins. En effet, il s’agit
souvent d’une chirurgie assez lourde et traumatisante, et parfois même inefficace (dans
certains cas, les symptômes persistent).
Parmi les différentes interventions possibles, la plus radicale est la cystectomie, qui est une
ablation de la vessie. Cette opération impose la mise en place d’une urostomie, qui consiste
à relier les uretères (qui acheminent normalement l’urine des reins à la vessie) à la paroi
abdominale, permettant l’évacuation de l’urine dans une poche extérieure adaptée.
Les interventions de dénervation des racines sacrées (on « coupe » les nerfs qui comman-
dent la vessie, appelés nerfs sacrés) visent à interrompre les messages nerveux douloureux,
mais exposent à un risque d’incontinence. Elles sont peu efficaces et ont été abandonnées
au Canada et aux Etats-Unis.
Il existe également des dispositifs implantables qui permettent de stimuler ces nerfs sacrés
en permanence par une électrode (neuromodulation). Les résultats sont assez mitigés selon
les études, et il existe un risque d’infection dû à l’implantation du boîtier.
Afin de pallier la diminution de la capacité de la vessie, une entérocystoplastie

d’agrandissement peut être effectuée : elle consiste à prélever une portion d’intestin pour
être suturée à la vessie et ainsi l’agrandir. Cette intervention permet de diminuer le nom-
bre de mictions par jour, mais le bout de vessie qui reste en place peut continuer à être
douloureux. De plus, l’entérocystoplastie présente des risques et des complications non
négligeables (infections chroniques, calculs, perforation…). Cette solution est donc rare-
ment envisagée.
Enfin, la chirurgie au laser a été utilisée avec succès pour traiter l’ulcère de Hunner, présent
chez 5 à 10 % des patients atteints de CI. L’efficacité du traitement au laser dans les CI
non ulcéreuses n’a pas été démontrée et n’est donc pas recommandée. Ces ulcères peuvent
aussi être traités par électrocoagulation par les voies naturelles.
l Quels bénéfices attendre du traitement ?
La réponse aux traitements varie en fonction du patient, et il est fréquent d’essayer de
nombreux traitements avant d’en trouver un qui soulage. Certaines méthodes ou certains
médicaments peuvent avoir des effets bénéfiques assez importants, mais souvent au bout
de quelques mois, et malheureusement pendant une période limitée : il est fréquent que le
traitement devienne de moins en moins efficace au cours du temps et que les symptômes
reviennent. De plus, il est difficile de dire si une amélioration a été causée par un médica-
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ment ou simplement par une rémission spontanée.
Par ailleurs, la liste des effets secondaires entraînés par certains médicaments peut paraître
impressionnante. Toutefois, il est important de noter que le choix d’un traitement repose
sur une évaluation précise des besoins du malade par le médecin, qui pèse consciencieuse-
ment le pour (amélioration de l’état du patient) et le contre (effets indésirables). La pre-
scription de tels médicaments s’accompagne nécessairement d’un suivi attentif avec des
examens réguliers permettant de vérifier qu’ils sont bien tolérés par l’organisme. Il est donc
nécessaire de suivre les recommandations de son médecin (respecter les doses et le nombre
de prises), et d’avoir confiance en ses choix.

l Quelles seront les conséquences du traitement pour la vie
quotidienne ?
Les méthodes d’instillation de produit dans la vessie impliquent des consultations régulières
à l’hôpital, avec éventuellement des anesthésies, et sont donc relativement pénibles.
Quant aux interventions chirurgicales, qui sont, rappelons-le, extrêmement rares, elles peu-
vent avoir des conséquences lourdes et difficiles à gérer (poche d’urine extérieure, vidage
de la vessie par cathéter, etc).
l Que peut-on faire soi-même pour se soigner?
L’alimentation joue un rôle important chez les patients atteints de CI, car de nombreux
aliments peuvent exacerber les symptômes. Parfois, la modification du régime alimentaire
suffit à soulager significativement les symptômes.
De manière générale, il faut éviter les boissons et les aliments qui acidifient l’urine et
contribuent à augmenter l’irritation de la vessie. Ainsi, mieux vaut éviter le café, les
boissons gazeuses, l’alcool, les épices et assaisonnements (mayonnaise, vinaigre), les ali-
ments acides (agrumes, tomates,…), les produits fermentés ou riches en tyrosine (abats,
fromages, certaines céréales), et les produits contenant de l’aspartame (édulcorants). Les
aliments très sucrés peuvent également provoquer des crises. Il faut également respecter
le traitement des allergies qui peuvent avoir un impact sur les symptômes.
Il est également possible d’avoir recours à des alcalinisants urinaires (qui empêchent l’urine
d’être trop acide) : eau de vichy, bicarbonate ….
Cependant, d’un patient à l’autre, ce ne sont pas les mêmes aliments qui aggravent les
symptômes. Il faut donc que chacun apprenne à repérer la nourriture qui pose problème
(par exemple en tenant un carnet précisant ce qui a été consommé et la conséquence sur
la douleur).
Enfin, les méthodes permettant de réduire le stress et d’apprendre à gérer sa douleur ont
des effets bénéfiques prouvés : hypnose, yoga, tai-chi, techniques de relaxation, acupunc-
ture, ostéopathie …
l Un soutien psychologique serait-il souhaitable ?
La plupart des patients errent de médecins en spécialistes pendant plusieurs mois ou an-
nées avant d’obtenir le bon diagnostic. En outre, on leur laisse parfois sous-entendre qu’il

s’agit d’un problème psychologique… De plus, la multiplication des examens et le début du
traitement jusqu’à l’obtention d’une amélioration est une période longue qui nécessite de
nombreuses consultations à l’hôpital. La chronicité de la maladie, la nécessité d’observer un
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CE DOCUMENT A ÉTÉ RÉALISÉ PAR :
AVEC LA COLLABORATION DE :
Professeur François Haab
Service Urologie
Hôpital Tenon, Paris
Professeur Christian Saussine
Service de Chirurgie Urologique
Hôpital Universitaire, Strasbourg
Association Française
de la Cystite Interstitielle
1
La maladie
Qu’est-ce que la délétion 22q11 ?
La délétion 22q11 (ou microdélétion 22q11) est une affection due à la perte d’un petit
fragment du chromosome 22. Elle se manifeste par diverses anomalies qui ne sont pas
toutes présentes chez une même personne. Les plus fréquentes sont des malformations
du cœur, une fente du palais, des diffi cultés d’apprentissage. Dans la plupart des cas, les
traits du visage peuvent être reconnus par un spécialiste. Ce syndrome peut s’accompagner

d’infections récurrentes dans la petite enfance.
Plusieurs appellations historiques ont été regroupées sous cette dénomination : syndrome
ou séquence de DiGeorge, syndrome vélo-cardio-facial (VCF), syndrome de Shprintzen ou
encore anomalies conotroncales et de la face. L’appellation CATCH22 (pour Cardiac-Abnormal
face-Thymus-Cleft palate-Hypocalcemia) a été abandonnée.
Combien de personnes sont atteintes ?
La prévalence (nombre de cas dans une population donnée à un moment donné) est de 1
sur 4 000 à 1 sur 6 000 personnes.
Qui peut en être atteint ? Est-elle présente partout en
France et dans le monde ?
L’affection est présente dès la naissance mais parfois les manifestations ne sont reconnues
que dans l’enfance voire à l’âge adulte. Elle touche indifféremment les garçons et les fi lles
quelle que soit leur origine géographique.
Quelles sont les causes de ce syndrome ?
La délétion 22q11 est une affection chromosomique due à la perte (délétion) d’un tout
petit fragment (le segment 11) situé dans le bras long (bras q) du chromosome 22. On uti-
lise parfois le terme de microdélétion pour insister sur la petitesse du fragment manquant.
La délétion 22q11
Syndrome de DiGeorge
Syndrome de Shprintzen
Syndrome vélo-cardio-facial
Anomalies conotroncales et de la face
La maladie
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La délétion 22q11
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Madame, Monsieur,
Cette fi che est destinée à vous informer sur la délétion
22q11. Elle ne se substitue pas à une consultation mé-
dicale. Elle a pour but de favoriser le dialogue avec vo-
tre médecin. N’hésitez pas à lui faire préciser les points
qui ne vous paraîtraient pas suffi samment clairs et à
demander des informations supplémentaires sur votre
cas particulier. En effet, certaines informations conte-
nues dans cette fi che peuvent ne pas être adaptées à
votre cas : il faut se rappeler que chaque patient est
particulier. Seul le médecin peut donner une informa-
tion individualisée et adaptée.
2
Environ 80% des cas sont sporadiques (on dit aussi «de novo»). L’apparition de cette af-
fection est la conséquence d’un « accident génétique » : l’enfant est porteur de la délétion
22q11 alors que ses parents ne sont pas atteints. Environ 20% des cas sont familiaux, la
transmission peut alors se faire de génération en génération, si la partie délétère du chro-
mosome 22 est transmise.
Le fragment du chromosome 22 perdu est identique chez presque toutes les personnes por-
teuses de la délétion 22q11. Lorsqu’un parent transmet la délétion à son enfant, la taille
du fragment manquant n’est pas modifi ée.
Cette délétion emporte une trentaine de gènes impliqués dans la formation de nombreux
organes au cours du développement du fœtus. A ce jour, on connaît peu de chose sur les
gènes responsables des manifestations particulières de la délétion 22q11. Le gène TBX1
semble impliqué dans les malformations du coeur et des vaisseaux et le gène COMT pourrait
avoir un rôle dans les troubles comportementaux.
Quelles en sont les manifestations ?
Les manifestations de la délétion 22q11 sont très variables d’une personne à l’autre et les
mêmes anomalies peuvent apparaître avec différents degrés de sévérité. L’énumération

ci-dessous des principales manifestations possibles de la maladie peut paraître très inquié-
tante mais il faut savoir qu’elles ne sont pratiquement jamais toutes présentes chez un
même individu porteur de la délétion 22q11.
Les malformations
- Une malformation cardiaque est présente dès la naissance dans plus de 70% cas. La
sévérité de cette anomalie est très variable. Il s’agit souvent d’une communication entre
la partie gauche et la partie droite du cœur, au niveau des ventricules ou des oreillettes
(communication interventriculaire ou interauriculaire) et qui représente la forme la moins
sévère. L’association de plusieurs de ces malformations cardiaques est possible (tétralogie
de Fallot). Enfi n, les formes les plus graves concernent les malformations des gros vais-
seaux du cœur comme l’interruption de l’arc aortique ou la persistance d’un tronc artériel
commun. Toutes ces anomalies peuvent entraîner une mauvaise oxygénation du sang, se
traduisant par une coloration bleutée de la peau (cyanose) et un épuisement du cœur. On
désigne souvent ce type de malformations, qui touchent les gros vaisseaux, sous le terme
de malformations conotroncales.
- Une anomalie du palais est également présente dans 70% des cas. Elle est très variable.
Parfois, la partie postérieure du palais n’est pas fermée (fente palatine postérieure), met-
tant la cavité de la bouche en communication avec les fosses nasales. Dans d’autres cas, le
palais semble entier, mais la partie osseuse fait défaut en arrière (fente sous-muqueuse).
Lorsqu’il n’y a pas de fente palatine postérieure, le voile du palais (partie souple située à
l’arrière du palais) peut être trop court. Un dysfonctionnement des muscles situés à l’arrière
du palais (insuffi sance vélaire) se retrouve dans la plupart des cas. Il est responsable d’une
mobilité insuffi sante du voile, qui ne joue pas son rôle de clapet isolant le nez de la bouche.
Ces anomalies entraînent chez le petit enfant des troubles lors de la déglutition et, plus
tard, des diffi cultés orthophoniques.
- Les enfants affectés par la délétion 22q11 peuvent présenter des caractéristiques particu-
lières du visage qui sont très variables d’un enfant à l’autre et souvent peu marquées.
- D’autres malformations moins fréquentes se retrouvent également dans la délétion 22q11
telles que la déviation de la colonne vertébrale (scoliose) ou la présence d’un rein de petite
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taille.
- De nombreuses autres malformations ont été rapportées dans la délétion 22q11. Elles ne
concernent qu’un petit nombre de patients, mais leur caractère inhabituel peut parfois faire
errer le diagnostic. Parmi ces anomalies peu communes, citons les malformations des pieds
(pied-bot), les orteils ou doigts surnuméraires (polydactylie), les malformations du larynx
ou des cordes vocales, les malformations vertébrales ou cérébrales.
Les problèmes d’alimentation et de croissance
- Chez le nouveau-né, on peut observer des troubles de l’alimentation qui sont présents dès
les premiers jours. Les régurgitations par le nez et les diffi cultés de succion ou de dégluti-
tion sont dues aux anomalies du palais. Le refl ux gastroœsophagien est fréquent.
- La courbe de croissance peut être ralentie pendant l’enfance et l’adolescence avec une
taille plus petite que la moyenne mais, à l’âge adulte, la plupart des personnes porteuses
de la délétion 22q11 ont une taille normale. A l’adolescence, certains enfants peuvent
développer une obésité marquée. Le périmètre crânien est souvent légèrement inférieur à
la norme pour l’âge.
Les problèmes endocriniens
Les enfants porteurs de la délétion 22q11, ont le plus souvent un taux de calcium anor-
malement bas dans le sang (hypocalcémie) durant les premières semaines de vie. Très
rarement, cette hypocalcémie peut entraîner des convulsions à la naissance ou des crises
d’épilepsie. Les problèmes de calcémie peuvent perdurer (moins de 5% des cas), ou réappa-
raître par moments tout au long de la vie, et notamment au cours des phases importantes
de la croissance.
Les problèmes infectieux et immunitaires
- Des bronchites, des bronchiolites, des rhino-pharyngites, des sinusites et des otites à

répétition sont plus fréquentes pendant la petite enfance que chez les enfants de la po-
pulation générale mais disparaissent généralement avec l’âge. Elles sont favorisées par les
dysfonctionnements des muscles du palais. Dans certains cas, elles accompagnent un défi cit
des capacités de l’organisme à se défendre contre les infections (défi cit immunitaire).
- Des maladies auto-immunes, maladies où le système immunitaire s’attaque aux organes et
tissus de l’individu lui-même, sont possibles dans une minorité de cas : polyarthrite chroni-
que évolutive (PCE) juvénile, vitiligo, hyperthyroïdie (maladie de Graves), hypothyroïdie.
Les problèmes psychomoteurs
- Une diminution du tonus musculaire (hypotonie) peut être à l’origine d’un retard moteur
dans la petite enfance.
- Des diffi cultés d’apprentissage, de mémorisation et un défi cit d’attention sont très fré-
quemment rencontrés. Environ 80% des enfants porteurs de la délétion 22q11 présentent
un défi cit intellectuel léger à modéré. Les enfants porteurs de la délétion 22q11 ont une
diffi culté à manipuler les petits objets et présentent une certaine lenteur dans la réalisation
des actions.
- Les diffi cultés d’expression sont pratiquement constantes. Même en l’absence de défi cit
intellectuel, le langage apparaît en retard, souvent après trois ans (70% des cas). Les
progrès ultérieurs sont rendus diffi ciles par les troubles de l’articulation secondaires au
mauvais fonctionnement du voile du palais (insuffi sance vélaire), rendant le discours peu
intelligible en l’absence de rééducation orthophonique.
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Les troubles du comportement
- Des troubles du comportement sont fréquemment présents et s’ajoutent aux diffi cultés
d’apprentissage liées au défi cit intellectuel : défi cit d’attention, hyperactivité, troubles
obsessionnels compulsifs, timidité et diffi cultés relationnelles. A l’adolescence ou à l’âge
adulte, des troubles psychiatriques surviennent dans 10 à 15% des cas, souvent de façon
brutale : bouffées délirantes, schizophrénie, dépression.

Bien que la liste de ces anomalies soit longue (plus de 180 anomalies différentes), elles
ne concernent qu’un nombre très restreint de cas, ce qui montre la grande variabilité de
cette affection et rend diffi cile la prise en charge. Dans certains cas les manifestations
de la délétion 22q11 peuvent être tellement légères ou peu spécifi ques, qu’elles passent
inaperçues.
Les différentes appellations de la délétion 22q11 découlent de l’expression variable de
celle-ci. Avant la découverte de la délétion en 1994, on pensait qu’il s’agissait de maladies
distinctes. La dénomination syndrome de DiGeorge désigne les formes les plus sévères de
la délétion 22q11, visibles dès la naissance. Cette forme associe des malformations car-
diaques, un défi cit immunitaire marqué et une hypocalcémie. La dénomination syndrome
vélo-cardio-facial (ou syndrome VCF, ou encore syndrome de Shprintzen), correspond à
la forme la plus habituelle : insuffi sance vélaire (V), malformation cardiaque (C), aspect
particulier de la face (F). En l’absence de malformation signifi cative à la naissance (ou si
leur présence n’a pas attiré l’attention), le syndrome de Shprintzen est habituellement
diagnostiqué dans l’enfance devant les problèmes orthophoniques et les diffi cultés d’ap-
prentissage. L’appellation CATCH22 (acronyme pour Cardiac-Abnormal face-Thymus-Cleft pa-
late-Hypocalcemia), inventée en 1994, lorsque la cause du syndrome de Shprintzen a été
identifi ée, est désormais abandonnée : ce nom, qui fait écho au titre d’un roman de Joseph
Heller, est jugé blessant par les Anglo-Saxons.
La dénomination délétion 22q11 est actuellement la plus appropriée.
Comment expliquer les symptômes ?
De nombreuses fonctions du corps peuvent être affectées dans la délétion 22q11 et la plu-
part des manifestations de ce syndrome restent inexpliquées.
La concentration de calcium sanguin (calcémie) est régulée par les glandes parathyroïdes
situées dans le cou près de la glande thyroïde. Chez de nombreuses personnes porteuses de
la délétion 22q11, ces glandes ne se sont pas développées correctement (hypoparathyroi-
die) et produisent une quantité insuffi sante d’une hormone, la parathormone (ou PTH). La
PTH règle la quantité de calcium présente dans le sang. Une quantité anormalement basse
de calcium dans le sang (hypocalcémie) est à l’origine des rares cas de convulsions chez les
nouveau-nés, et, chez les plus grands, de plaintes variées : douleurs musculaires vagues,

crampes, tétanie, constipation, ballonnements.
Le thymus est une glande située dans le thorax, devant le cœur. Elle joue un rôle impor-
tant, jusqu’à la puberté, dans la fabrication des lymphocytes T, cellules impliquées dans les
défenses immunitaires de l’organisme. Un thymus peu développé voire absent conduit à un
défi cit immunitaire à l’origine d’ infections récidivantes.
Quelle est son évolution ?
L’évolution de la délétion 22q11 est dominée par les troubles de l’apprentissage. L’espérance
de vie est rarement menacée (sauf dans les rares cas de malformations sévères) et les per-
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toutefois exceptionnel dans la délétion 22q11.
- Dans les cas de trouble de la déglutition, le recours à une sonde gastrique permettra l’ali-
mentation du nouveau-né. Des traitements médicamenteux adaptés permettront de limiter
les refl ux gastroœsophagiens et les problèmes de constipation.
- Les troubles des apprentissages nécessitent une prise en charge rééducative associant
orthophoniste, psychomotricien et psychologue. Le traitement des troubles de la parole
et plus particulièrement de l’articulation est pris en charge par un orthophoniste ou un
logopédiste le plus tôt possible (dès l’âge de 1 an). Les troubles majeurs du comportement
nécessitent parfois une prise en charge spécifi que par un pédopsychiatre, éventuellement
assortie d’un traitement médicamenteux.
Quels sont les risques du traitement ?
A long terme, une supplémentation en calcium augmente le risque de calculs rénaux et doit
donc être suivie régulièrement par un endocrinologue. Toute intervention chirurgicale est
potentiellement à risque mais celui-ci n’est pas augmenté chez les porteurs de la délétion
22q11.
Comment faire suivre son enfant ?
Le pédiatre ou le généticien organisera la prise en charge pluridisciplinaire en fonction des
manifestations de cette anomalie génétique.

En fonction de l’existence d’anomalies associées, le suivi pourra être multidisciplinaire :
cardiopédiatre (suivi pré- et post-chirurgical), orthopédiste (en cas de scoliose), immuno-
logiste, endocrinologue.
Le calcium et les hormones thyroïdiennes doivent être dosés chaque année. En cas de
supplémentation chronique avec du calcium, la fonction rénale devra être contrôlée régu-
lièrement (examen d’urine et de sang, échographie rénale).
Des examens cliniques et neurologiques réguliers sont nécessaires. L’appréciation du déve-
loppement général et, plus particulièrement, du développement du langage doit faire partie
du bilan pédiatrique systématique. Un examen ORL et un bilan orthophonique doivent être
réalisés régulièrement et plus particulièrement en cas d’otites à répétition. Les performan-
ces scolaires et les capacités intellectuelles sont également évaluées tout au long de l’en-
fance et l’adolescence. L’implication des parents et de l’entourage dans la prise en charge
précoce de l’enfant porteur de la délétion 22q11 est primordiale pour un développement
psychomoteur optimal.
En cas de troubles du comportement ou de troubles psychiatriques, une consultation chez
un psychologue ou un psychiatre est conseillée et un suivi à long terme permettra de li-
miter ces manifestations.
A l’âge adulte, la surveillance doit être maintenue, en particulier sur le plan du calcium, du
fonctionnement de la thyroïde, du dépistage des maladies auto-immunes et des troubles
psychiatriques, qui peuvent apparaître à tout âge.
Un soutien psychologique est-il souhaitable ?
Un soutien psychologique peut être utile aussi bien pour l’enfant porteur de la délétion
22q11 que pour l’entourage, parents et frères et sœurs.

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