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Moyens dexpression de la causalité en français (sur le corpus du quotidien le monde = phương tiện biểu đạt mối quan hệ nhân quả trong tiếng pháp (trên ngữ liệu nhật báo le monde

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UNIVERSITE NATIONALE DE HANOI
ECOLE SUPERIEURE DE LANGUES ET D’ETUDES INTERNATIONALES
DEPARTEMENT DE FORMATION POST-UNIVERSITAIRE

TÔ LAN PHƢƠNG

MOYENS D’EXPRESSION DE LA CAUSALITÉ EN FRANÇAIS
(SUR LE CORPUS DU QUOTIDIEN « LE MONDE »)
Phƣơng tiện biểu đạt mối quan hệ nhân – quả trong tiếng Pháp
(Trên ngữ liệu nhật báo Le Monde)

Mémoire de Master en linguistique
Code : 60 22 20

Hanoï – 2012


UNIVERSITE NATIONALE DE HANOI
ECOLE SUPERIEURE DE LANGUES ET D’ETUDES INTERNATIONALES
DEPARTEMENT DE FORMATION POST-UNIVERSITAIRE

TÔ LAN PHƢƠNG

MOYENS D’EXPRESSION DE LA CAUSALITÉ EN FRANÇAIS
(SUR LE CORPUS DU QUOTIDIEN « LE MONDE »)
Phƣơng tiện biểu đạt mối quan hệ nhân – quả trong tiếng Pháp
(Trên ngữ liệu nhật báo Le Monde)

Mémoire de master en linguistique
Code : 60 22 20
Directeur de recherche: ĐINH HỒNG VÂN



Hanoï – 2012


iii

TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION ........................................................................................................ 1
CHAPITRE I: CADRE THEORIQUE.......................................................................... 5
1. Causalité ............................................................................................................... 5
1.1. Définition de la causalité ................................................................................ 5
1.2. Rôles de la causalité ..................................................................................... 16
1.3. Catégorisations de la causalité...................................................................... 19
1.4. Etat de recherche de la causalité dans le domaine linguistique ..................... 22
2. Catégorisations des marqueurs de la causalité ................................................... 24
2.1. Selon le critère sémantique .......................................................................... 25
2.1.1. Approche qualitative ............................................................................. 25
2.1.2. Approche fonctionnelle ......................................................................... 30
2.1.3. Approche analytique ............................................................................. 31
2.1.4. Approche synthétique ............................................................................ 33
2.2. Selon le critère grammatical ......................................................................... 34
2.2.1. Moyens d’expression de la cause........................................................... 34
2.2.2. Moyens d’expression de la conséquence ............................................... 39
CHAPITRE 2: ETUDES SUR LES MOYENS D’EXPRESSION DE LA CAUSALITE
DANS LE QUOTIDIEN « LE MONDE » .................................................................. 44
1. Choix du corpus.................................................................................................. 44
2. Collecte des données........................................................................................... 44
3. Analyse des données ........................................................................................... 45
3.1. Selon le critère grammatical ......................................................................... 45



iv

3.1.1. Conjonctions ......................................................................................... 45
3.1.2. Adverbes et locutions adverbiales ......................................................... 49
3.1.3. Participes passés.................................................................................... 50
3.1.4. Gérondif et participe présent ................................................................. 54
3.1.5. Verbes ................................................................................................... 55
3.1.6. Noms .................................................................................................... 65
3.1.7. Prépositions et locutions prépositives .................................................... 64
3.1.8. Position des moyens d’expression de la causalité .................................. 67
3.2. Selon le critère sémantique .......................................................................... 69
3.2.1. Approche qualitative ............................................................................. 70
3.2.2. Approche fonctionnelle ......................................................................... 74
3.2.3. Approche analytique ............................................................................. 74
3.2.4. Approche synthétique ............................................................................ 75
CONCLUSION .......................................................................................................... 78
BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................... 81


1

INTRODUCTION

1. Justification du choix du sujet de recherche
Imaginons l’énoncé “La situation internationale est préoccupante”, produit à la tribune
de l’ONU. Si l’opérateur continue en disant: “le chat de ma tante est sur le tapis”, on peut
supposer que cela, comme on dit, jette un froid. Au contraire, dans le contexte suivant, notre
énoncé paraît être tout à fait à sa place: “Mon cher Jacques, je te préviens, je suis allergique
aux chats. J’espère que tu n’en as pas chez toi”. Réponse de Jacques: “Je suis désolé; le chat

de ma tante est sur le tapis”. Cet exemple, cité dans l’Enonciation par Jean Cervoni (Cervoni,
1987) fait preuve de l’importance de la cohésion dans le discours, celle qui exige l’adéquation
des phrases utilisées l’une à l’autre.
De nombreuses relations logiques assument cette cohésion du discours. Une des
relations les plus exprimées est la causalité. Chaque langue, avec son propre système
syntaxique et sémantique, a des moyens différents pour exprimer cette relation. Beaucoup de
recherches en linguistique ont pris la causalité comme l’objet de travail. Elles sont
principalement consacrées à des questions syntaxiques (constructions causatives, ou
factitives), à l’étude du lexique causal et aux relations causales entre les énoncés dans le
discours. Quant aux manuels de grammaire, les moyens d’expression de la causalité sont
plutôt simplement cités alors que leur nuance passe souvent sous silence. Pourtant, dans le
mémoire de fin d’études universitaires sur les trois connecteurs de cause “Car, Parce que,
Puisque”, nous avons pu constater qu'une bonne reprise de conscience de la nuance des
moyens d’expression causale est indispensable pour les utilisateurs de la langue. C’est cette
nuance qui décide le choix de moyens d'expression.
En tant qu’enseignant de français, nous constatons que de nombreuses manières
d’exprimer la causalité, fréquemment utilisées par les natifs, restent difficiles pour les
apprenants. Le fait que ces derniers ont tendance à les éviter révèle une maîtrise insuffisante
de ces outils par les étrangers. Par ailleurs, malgré la diversité des moyens d’expression de la
cause et de la conséquence, les apprenants ont du mal à s’en servir dans leur communication.
Ils utilisent souvent un même procédé pour toutes les situations de communication, celui qu’ils


2

ont appris en premier lieu. Leurs paroles sont donc moins convaincantes et attirantes. Ceci
pourrait s'expliquer par un éventuel écart entre les outils qui sont enseignés aux étrangers et
ceux qui sont effectivement utilisés par les natifs.
Pour apprendre une langue étrangère, l’acquisition des éléments linguistiques n’est pas
suffisante. Il est nécessaire qu’on apprenne le style d’expression des natifs pour réduire au

minimum les contaminations de la langue maternelle sur la langue étrangère apprise.
Autrement dit, il faut apprendre à s'exprimer à la française et éviter d’appliquer l’habitude
d’expression en vietnamien dans une situation de communication en français.
Motivée par les raisons susmentionnées, nous réalisons ce travail de recherche afin
d'établir un tableau de synthèse des moyens d’expression causales en précisant leur nuance et
en identifiant les procédés les plus utilisés par les Français. Ce travail se veut faciliter la tâche
des enseignants dans le choix des moyens d’expression de la causalité, ce qui pourrait
contribuer à améliorer leur travail quotidien auprès des étudiants.
En outre, nombre de journaux français, dont le quotidien Le Monde, constituent une
ressource fiable pour l’enseignement et l’apprentissage du français : de nos jours, les extraits
de presse sont très souvent utilisés dans les cours de langues. En effet, les auteurs de manuels
de français y trouvent une source de langue authentique avec une forte variété de types de
texte véhiculant une grande quantité d'informations, c’est pourquoi nous avons choisi les
journaux comme le corpus de notre recherche.

2. Objectifs de recherche
Notre recherche vise à réaliser une description de différents moyens d’expression de la
causalité aussi bien explicites qu'implicites. Ce travail nous permettra également de clarifier la
nuance de ces moyens. En effet, bien qu’ils servent tous à exprimer la relation causale, leurs
valeurs différentes ne les rendent pas toujours interchangeables.
En outre, en faisant référence à ces nuances, notre recherche a pour l’objectif
d'identifier les moyens d’expression de la causalité les plus utilisés dans les journaux français,
en particulier dans le quotidien Le Monde. Cette étude permettrait non seulement de considérer


3

le rôle important de la causalité dans l'assurance de la cohésion du discours mais aussi d’aider
les enseignants à choisir les moyens les plus pertinents pour apprendre aux étudiants.


3. Méthodologie de recherche
Pour réaliser ce travail, nous avons combiné différentes méthodes de recherche en
science du langage. La méthode descriptive et synthétique nous ont permis de décrire les
moyens d’expression de la cause et de la conséquence. La méthode analytique est appliquée
pour faire analyse la nuance des moyens présents dans le corpus du quotidien français Le
Monde et sur les exemples cités par différents auteurs.

4. Questions de recherche
Notre travail de recherche a essayé de répondre aux questions suivantes:
- Quels sont les moyens d’expression de la causalité en français et leurs nuances ?
- Quels sont les moyens les plus utilisés dans le quotidien Le Monde ?

5. Hypothèses de recherche
Pour les deux questions de recherche posées au-dessus, nous avons des hypothèses de
recherche suivants :
- En français, la causalité est exprimée par différents moyens aussi bien lexicaux que
gramatico-sémantique.
- Etant un grand quotidien national français, Le Monde peut fournir des données utiles à
l'étude de l'expression de la causalité en français.

6. Les résultats escomptés
Le présent mémoire se structure en deux chapitres :
-

Par la synthèse des informations, le premier chapitre présente le cadre théorique traitant
deux problèmes : théorie sur la causalité telle que la notion de causalité, les rôles de la
causalité dans des domaines différents, les catégorisations de la causalité; celle sur les
moyens d’expression de la cause et de la conséquence. Par ailleurs, les nuances des
moyens les plus usuels feront bien également l'objet d'analyse et seront présentées dans ce
chapitre.



4

-

Le deuxième chapitre est consacré à l’étude des moyens d’expression de la causalité
utilisés dans le quotidien Le Monde. Les statistiques fourniront non seulement la liste des
moyens les plus usuels mais aussi leur fréquence dans ce quotidien.


5

CHAPITRE I: CADRE THEORIQUE
1. Causalité
1.1. Définition de la causalité
Il semble que la causalité peut être définie par un lien direct et simple avec la cause. Pourtant
c'est une conception très vaste, qui couvre plusieurs domaines et par conséquent, il est difficile
d'en faire une définition exhaustive.
A. Jackiewicz a même parlé de la “pluralité de points de vue” dans l’étude de la causalité.
“Cette notion, en tant que l’objet de recherche et l’outil d’investigation, tour à tour intéresse
de nombreuses disciplines (physique, biologie, médecine, philosophie, sociologie, psychologie,
linguistique, intelligence artificielle…), qui l’approchent et se l’approprient avec la
terminologie et les modèles qui leur sont propres.” (Jackiewicz, 1998). Il a établi des tableaux
qui réunissent, à titre illustratif, plusieurs définitions ou critères définitoires qui ont été
proposés dans différents domaines pour cerner la notion de causalité. Bien que dans le cadre
de ce modeste travail de recherche nous n’ayons pas l’ambition de découvrir cette notion dans
tout son sens, nous citons ces tableaux synthétiques comme une bonne référence pour qu’on
ait un panorama plutôt clair de ce terme.
En philosophie

N0
1

Auteur

Définitions ou critères définitoires

Aristote (384-322), présenté Quatre causes: cause formelle, cause matérielle, cause
dans (Aubenque 69)

2

De

Descartes

efficiente, cause finale.
à

Kant Le lien causal (passage objectif, mais non sensible

(1780/1781), à Meyerson, et à entre

3

la cause et

l’effet)

est


reconstitué par

Brunschvicg (1922)

l’intelligence (causa seu ratio).

Spinoza (1661-1677)

“J’appelle cause adéquate celle dont on peut percevoir
l’effet clairement et distinctement par elle-même;


6

j’appelle cause inadéquate ou partielle celle dont on ne
peut connaître l’effet par elle seule” Ethique III, (cause
adéquate = cause formelle)
4

Hume (1739-1740)

Succession

régulière;

impression

subjective


de

connexion nécessaire.
5

Russell (1912)

Rejette la notion de cause en science moderne.

6

Roman Ingarden (1948)

Distinction entre cause indirecte: “si, entre la
réalisation d’un certain effet E (effet) et celle d’une
certaine cause C (cause) il y a un intervalle défini de
temps pendant lequel C n’existe plus et E n’existe pas
encore, en ce cas E n’est point l’effet de C, mais au
plus l’effet d’une autre C’ qui, de sa part, est l’effet de
C ou de C’’ qui, lui, est l’effet de C ou d’une autre C”’,
etc.”, et directe: cas où ce laps de temps est inexistant
et “que les autres conditions de la relation de causalité
sont remplies, nous disons la cause directe”.

7

Wittgenstein

et


successeurs (1958)

ses Critères d’identification des causes et des raisons:
(1) Hétérogénéité logique, (2) Connaissance avec ou
sans observation (expérimentation), (3) L’allongement
possible des chaînes de causes et de raisons, (4) Règles
d’interprétation et normes d’exécution.

8

John Stuart Mill (1974)

Notion de cause totale (“the whole cause”).

9

D. Davidson (1982)

Deux niveaux d’analyse: celui de la relation causale
entre événements que l’on peut saisir directement, sans
explication, et celui de l’explication causale qui se
superpose à la saisie directe et qui peut être formulée


7

dans

des


langages

théoriques

différents,

voire

concurrents.
10

Jean Largeault (1985, 1990)

“Il n’y a peut-être pas de sens à essayer de définir ce
qu’est une cause. Il semble naturel de présumer que
c’est quelque chose qui agit. Il existe deux grandes
conceptions des causes: idéalistes (ou positiviste) et
réaliste.”

11

Dretske (1988, 1993a)

Causes

déclenchantes

et

causes


structurantes

(conditions d’arrière plan).
12

Jean-François Bordron (1996)

“Une cause ne peut ne pas agir. Un agent peut
suspendre toute action.”

Tableau 1.1: Définitions ou critères définitoires de la causalité (philosophie)
En sociologie et psychologie
N0
13

Auteur
Emile Durkheim (1897)

Définitions ou critères définitoires
Dans son étude sur les causes du suicide, il déclare
inintéressante pour le sociologue la prise en compte
des itinéraires individuels des suicidés, menant à des
“insolubles problèmes de casuistique”. Seules sont
valables les “vraies causes déterminantes” d’ordre
social,

mises

en


évidence

dans

des

analyses

statistiques.
14

Serge Moscovici (1979)

Distinction entre causalité primaire (les imputations:
recours spontané, recherche des intentions) et causalité
dérivée (les attributions: opération d’objectivation).


8

15

Uli Windisch (1982)

Cinq

formes

logico-discursives


de

l’explication

causale: la causalité segmentée, la causalité circulaire,
la causalité contingente, la sursaturation causale, la
causalité multiple.
16

Albert Michotte (1946)

Causalité perceptive. Michotte étend le domaine de la
causalité à la perception elle-même.

17

Jean Piaget (1950)

L’impression plus ou moins anthropomorphique, plus
ou moins formalisée, d’une efficience, toujours
associée à la causalité et qui lui donne sa puissance
explicative, sa prégnance psychologique, a précisément
sa source dans le schème de l’action propre.

Tableau 1.2: Définitions ou critères définitoires de la causalité (sociologie et psychologie)
En statistiques, mathématiques et Intelligence Artificielle (IA)
N0
18


Auteur

Définition ou critères définitoires

Patrick Suppes (Suppes 81) Définit formellement trois notions causales: cause
(approche bayésienne)

prima facie, cause fallacieuse et cause véritable
(genuine cause); citons la définition de la première:
“l’événement B est une cause prima facie de
l’événement A si et seulement si (i) l’événement B se
produit avant A; (ii) la probabilité (conditionnelle) que
A se produise lorsque B s’est produit est supérieure à
la probabilité (non conditionnelle) de l’arrivée de A”.

19

Brouwer

(présenté

(Largeault 92))
(intuitionnisme)

dans Le cours des phénomènes offre une causalité-spectacle
qui consiste en concomitances ou en consécutions plus
ou moins constantes. Indépendamment de l’homme il


9


n’y a pas de cohérence causale dans l’univers.
20

Glenn

Shafer

(1996) Les causes sont des étapes (des choses, des

(Statistiques)

événements) qui changent des probabilités des
événements futurs. Parler de la causalité c’est parler de
la capacité de prédiction de la nature.

21

Roger

Schank,

Robert Distinction entre le résultat, la raison, la permissibilité,

Abelson (1975, 1977) (IA)

puis l’empêchement et l’initialisation.

Tableau 1.3: Définitions ou critères définitoires de la causalité
(statistiques, mathématiques et IA)

En physique
N0
22

Auteur
Jean Ullmo (1967)

Définition ou critères définitoires
La causalité, au sens le plus général, consiste à
attribuer les événements, les phénomènes, à des objets
identifiables, capables de les produire; la légalité règle
leur manifestation ou leur déroulement dans le temps.

23

Mario Bunge (1971)

Une relation causale doit satisfaire aux conditions
suivantes:
C1. La relation doit engager au moins deux systèmes
différents; C2. Les causes et les effets doivent être
régulièrement conjoints; C3. Il doit y avoir un délai
positif ou nul entre la cause et l’effet; C4. Le feed-back
du déterminé sur le déterminant doit être négligeable;
C5. Il ne doit pas y avoir d’effets spontanés; C6. Les
causes et les effets doivent être en relation biunivoque.

Tableau 1.4: Définitions et critères définitoires de la causalité (physique)



10

En logique naturelle et argumentation
N0
24

Auteur

Définition ou critères définitoires

Jean Blaise Grize (1990)

Distinction entre une liaison causale, établie dans une
explication, et un lien logique de raison à conséquence
qui correspond à une justification (deux valeurs de
parce que).

25

Perelman et Olbrecht-Tyteca Le lien causal permet des argumentations de trois
(1958)

types:
a. celles qui tendent à rattacher à l’un à l’autre deux
événements successifs donnés, au moyen d’un lien
causal;
b. celles qui, un événement étant donné, tendent à
déceler l’existence d’une cause qui a pu le déterminer;
c. celles qui, un événement étant donné, tendent à
mettre en évidence l’effet qui doit en résulter.


26

Christian Plantin (1990, 1996) “La connaissance causale intervient sous diverses
formes en argumentation, et il faut distinguer les
argumentations établissant une relation causale des
argumentations exploitant une relation causale.”.
“L’argumentation est dans la cause qu’il construit”.

Tableau 1.5: Définitions ou critères définitoires de la causalité
(logique naturelle et argumentation)
Dans les encyclopédies et dictionnaires
N0

Source

Définition ou critères définitoires


11

27

La

Grande

Encyclopédie Causalité, principe suivant lequel “tout ce qui arrive a
une cause par laquelle il arrive”


Larousse (1972)
28

Encyclopédie

philosophique Causation: désigne l’opération même de la cause,

universelle (Auroux 90)

l’effectivité de la production de l’effet.
Cause efficace: fait d’un être exerçant une action, la
cause efficiente est la cause à proprement parler”
“quoi qu’il en soit, la “cause” répond toujours à la
question pourquoi; question multivoque qui offre une
large variation dans la classification des réponses et la
possibilité de moduler, en fonction des impératifs de
chaque philosophie, la typologie des différentes
causes.”

29

Le

Robert:

Dictionnaire Causalité: rapport de la cause à l’effet qu’elle produit

alphabétique et analogique de => Relation.
la langue française (1991)


Causation: rapport entre cause et effet; pouvoir d’agir
en tant que cause.
Cause: (1) ce qui produit un effet; (2) ce par quoi un
événement arrive, une action se fait; (3) ce pour quoi
on fait quelque chose.

30

Encyclopaedia

Universalis, “Le principe de causalité peut être envisagé de deux

Causalité (philosophie) par points de vue radicalement différents; ou bien on
Bertrand Saint-Sernin (1993)

suppose que notre raison saisit la réalité et le mot
“causalité” désigne un ensemble de relation d’ordre
entre

les

choses

elles-mêmes,

touchant

leur

permanence, leur succession et leurs interactions, ou

bien l’idée de causalité ne dénote par une propriété des
choses

elles-mêmes,

mais

seulement

un

mode


12

d’intellection, important ou au contraire désuet, des
phénomènes dont nous avons l’expérience.”
Tableau 1.6: Définitions ou critères définitoires de la causalité (encyclopédies et dictionnaires)
En linguistique
N0
31

Auteur

Définition ou critères définitoires

James D. McCawley (1968)

Mise en évidence d’un prédicat CAUSE qui entrerait

dans la signification des verbes de causation de
changement:
(x

killed

y:

x

CAUSED

(COMME

ABOUT(NOT(ALIVE y))));
32

Nedjalkov et Silnickij, (1969) “Les composants immédiats d’une situation causative
(1971),

voir

aussi

Kordi sont deux micro situations, liées entre elles par un
rapport de causation ou de cause.”. Nedjalkov

(1988)

distingue: causation factitive (nécessité); causation

permissive

(possibilité);

causation

“prohibitive”

(empêchement ou interdiction); causation par contact
(physique);

causation

sans

contact

(indirecte);

causation discursive.
33

Masayoshi Schibatani (1976) “a. The relation between the two events is such that the
voir

aussi

James

McCawley (1976)


D. speaker believes that the occurrence of one event, the
“caused event”, has been realized at t2, which is after
t1, the time of the “causing event”.
b. The relation between the causing and the caused
event is such that the speaker believes that the
occurrence of the caused event is wholly dependent on
the occurrence of the causing event; the dependency of


13

two events here must be to the extent that it allows the
speaker to entertain a counterfactual inference that the
caused event would not have taken place at that
particular time if the causing event had taken place,
provided that all else had remained the same”.
Distinction entre la causation manipulatoire et la
causation directive.
34

Gaston Gross (1983)

Le phénomène A est la cause d’un phénomène B
quand les conditions suivantes sont remplies: (i) le
phénomène A précède dans le temps le phénomène B,
(ii) le phénomène A est nécessaire à l’apparition du
phénomène B.

35


Leonard Talmy (1985, 1988)

Cas particulier dans une dynamique des forces.
Le modèle de Talmy est construit sur la métaphore de
l’interaction des forces, où s’opposent: l’agoniste et
l’antagoniste, l’action et le repos, l’entité plus forte et
l’entité plus faible, la situation stable et le changement,
la tendance et le résultat. Huit situations particulières
d’interaction peuvent être distinguées, dont celles où
l’antagoniste fait subsister ou fait changer l’état de
l’agoniste (“causing”), et celles où il laisse subsister ou
laisse changer l’état de l’agoniste (“letting”).

35

Jackendoff (1990)

Fonction thématique CS (CS+: causation aboutissant à
un succès; Csu: causation à succès indéterminé: CS-:
causation aboutissant à un échec.
Fonction actionnelle AFF (AFF-: causation; AFF0:
laisser-faire; AFF+: assistance).


14

36

Lascarides, Asher, Oberlander Proposent des règles spécifiques pour gérer des

(1992); Lascarides (1993)

37

connotations temporelles et causales.

Jean-Pierre Desclés et Zlatka “Par causalité nous entendons un schème qui établit
une “relation causale” entre deux situations Sit1 et Sit2

Guentcheva (1997)

(…). La “relation causale” signifie soit que Sit1 est une
condition pour que Sit2 puisse avoir lieu, soit que Sit1
est présentée comme étant une explication ou une
justification de Sit2.”
38

Jacques

François

Dehnière (1997)

et

Guy “Causativité: à la lecture de la phrase on repère la
cause et son effet”.

Tableau 1.7: Définitions ou critères définitoires de la causalité (linguistique)
Les définitions ou critères définitoires de la causalité des 38 auteurs cités au-dessus ne sont

qu’une petite partie d’un ensemble des travaux de recherche sur la causalité. Pourtant, elles
font suffisamment preuve de la pluralité de points de vue sur cette notion.
Malgré la divergence dans la conception des auteurs tant dans un même domaine que dans de
différents domaines, nous y trouvons un point commun entre ces diverses définitions. D’une
manière ou d’autre, la causalité est toujours composée de deux éléments: la cause et l’effet. En
philosophie d’abord: “cause efficiente” parmi trois autres formes de cause (Aristote); “passage
objectif, mais non sensible entre la cause et l’effet” (de Descartes à Kant), distinction de
“cause adéquate – cause inadéquate”, de “cause indirecte – cause directe” à travers de l’effet
(Spinoza, Roman Ingarden). En sociologie et psychologie, “l’impression d’une efficience
toujours associée à la causalité” (Piaget). En statistique, mathématiques et IA, “une causalité
consiste en consécutions” (Brouwer); “les causes sont des étapes qui changent des
probabilités” (Glenn Shafer). En physique: “les causes et les effets doivent être régulièrement
conjoints” (Bunge). En logique naturelle et argumentation: “les argumentations tendent à
mettre en évidence l’effet qui doit en résulter” (Perelman et Olbrecht-Tyteca). En linguistique:
“the relation between “caused event” and “causing event” ” (Schibatani); “le phénomène A –
la cause est nécessaire à l’apparition du phénomène B” (Gaston Gross).


15

Concernant le rapport cause - conséquence, Cécile Grivaz dans son étude “Un jeu de règles
permettant de déterminer si une relation causale est exprimée entre des propositions” (Grivaz,
2009) propose des caractéristiques de la causalité autour de deux éléments.
Une cause se passe toujours avant une conséquence. Cette caractéristique évoque de l’idée de
la succession de deux événements au moyen d’un lien causal de Perelman et Olbrecht-Tyteca,
et du fait qu’un phénomène A (la cause) précède dans le temps le phénomène B (l’effet) de
Gaston Gross dans les tableaux de définitions ou critères définitoires de la causalité cités audessus. Dans certains cas il est difficile de juger de la temporalité, comme dans Jean a tapé le
verre contre la table et le verre s’est cassé ou Jacques s’est fatigué en conduisant, mais la
cause ne peut en tous cas jamais se passer après la conséquence.
Une autre caractéristique de la causalité est la propriété contrefactuelle: “si la cause n'aurait

pas eu lieu, la conséquence ne se serait pas produite non plus. Quand on utilise ce test il faut
faire attention à ce qui se serait probablement passé. Par exemple, si on se demande si “Jean
s’est cassé la jambe en skiant” est causal, il faut se demander ce qui se serait probablement
passé si Jean n’était pas allé skier (il ne se serait pas cassé la jambe), même s’il aurait pu se
casser la jambe d’une autre façon, par exemple en glissant sur une peau de banane.” (Grivaz,
2009)
Il s’agit également de la mention des caractéristiques de la causalité, A. Guha, d'un point de
vue cognitif, introduit les deux autres: l’opérativité et la transitivité. “L’opérativité correspond
à l’actualité du pouvoir causal dans une situation donnée. Elle implique notamment qu’une
cause mentionnée à distance dans la surface du texte (son lexique et sa syntaxe) peut rester
opérative. Par exemple, un but est opératif tant qu’il n’a pas été éteint. Le maintien de
l’opérativité d’une cause permet à la fois qu’un segment soit la cause d’un autre segment non
adjacent dans le texte, ainsi que la multiplicité des antécédents causaux. La transitivité
résultée de la transitivité de la notion de "condition nécessaire". En effet, si A est une cause de
B, et B est une cause de C, alors A est une cause de C: en l’absence de A, C ne peut avoir lieu,
car B ne peut avoir lieu (A condition nécessaire de B), et puisque B n’a pas lieu, C n’a pas
lieu non plus (B condition nécessaire de C). Il est donc possible de composer les couples
cause – conséquence entre eux pour former des chaîner causales.” (Guha, 1998)


16

Ainsi, le rapport cause – effet va et vient toujours non seulement dans les définitions mais
aussi dans l’analyse des caractéristiques de la causalité énumérées ci-dessus. C’est pour cela
que nous avons choisi de considérer la causalité comme une relation cause – effet
(conséquence). Pour nous, c’est dans cette relation cruciale que réside la causalité. C’est
également le choix d’A. Jackiewicz dans “L’expression de la causalité dans le texte”. Selon
cet auteur, “le choix de considérer la causalité comme la relation entre deux situations (faits,
entités…) nous paraît entièrement compatible avec à la fois notre perception intuitive de cette
notion et la façon directe et courante de l’exprimer (X est la cause de Y, il y a une relation

causale entre, X a pour effet Y…). De plus, cette manière de voir cette notion permet
d’aborder l’étude de plusieurs moyens d’expressions de la causalité (non seulement les verbes
causatifs, mais aussi les diverses locutions verbales ou prépositives…)”. (Jackiewicz, 1998)

1.2. Rôles de la causalité
Au point précédent, on a vu de quelle façon on peut comprendre la notion de causalité. D’où
se pose une autre question: pourquoi la notion de causalité est si largement étudiée dans les
travaux de nombreux de champs de recherche? On peut trouver la réponse à cette question
quand on parle de son rôle tant dans la vie quotidienne que dans l’univers scientifique.
D’après A. Jackiewicz, “les connaissances causales sont omniprésentes tant dans nos
raisonnements quotidiens que dans de nombreux domaines de connaissance (scientifique,
technique, économique…)” (Jackiewicz, 2004). Beaucoup d’exemples en témoignent. En
médecine, on cherche toujours les causes des maladies pour avoir de bons remèdes; dans la
technique, un accident d’avion s’est passé, tout de suite, on cherche sa boîte noire pour
chercher l’origine des conséquences souvent très graves; en économie, la dévaluation du dollar
ou de l’or est toujours rejointe à une certaine cause politique. On a même des locutions pour
parler du rapport cause-effet dans le comportement comme “Qui sème le vent récolte la
tempête”. C’est pourquoi le rôle des connaissances causales dans la structuration de
l’expérience humaine, permettant à la fois l’intelligibilité et la maîtrise des phénomènes, les
rend indispensables et précieuses dans quasiment tous les domaines d’activité. En effet, la
causalité fait partie (aux côtés des relations temporelles, entre autres) des relations
conceptuelles organisatrices des connaissances qui sous-entendent la perception des processus,


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des événements et des actions humaines. Ces relations sont fondamentales au sens où il n’est
pas d’activité qui, d’une manière ou d’une autre, ne les mette en jeu.
Amal GUHA partage ce point de vue avec Jackiewicz sur le rôle de la causalité, qu’“elle est le
fondement de l’intelligibilité du monde, de notre capacité à prédire les événements, à planifier

nos actions, à interagir avec notre environnement. Ce qui n’est pas causal est fortuit ou
accidentel, sans explication”. (Guha, 1998)
Dans “Causalité, force dynamique et ramifications temporelles”, Anne Reboul a également
choisi la conception de Hume, “un des philosophes les plus utiles dans ce domaine”, sur
l’importance de la causalité comme point de départ pour indiquer rapidement quelques
généralités sur la causalité. “Hume disait de la causalité qu’elle était le ciment de l’univers.
De façon plus précise, on peut en dire qu’elle est le ciment conceptuel de l’univers, la notion
qui nous permet, au-delà de la simple succession temporelle, de faire sens du rapport des
éventualités entre elles. En d’autres termes, ceux de Hume (1975, 26. Anne Reboul traduit.
Les italiques sont de Hume):
“Tous nos raisonnements concernant les faits semblent fondés sur la relation de cause
à effet. Seule cette relation nous permet d’aller au-delà des données de notre mémoire
et de notre perception. (…) Tous nos raisonnements concernant les faits sont de même
nature. Et il y est constamment supposé qu’il y a une connexion entre le fait présent et
ce qui en est inféré. S’il n’y avait rien pour les lier, l’inférence serait précaire”.”
(Reboul, 2003)
A. Jackiewicz y ajoute le rôle de la causalité sur le plan de l’argumentation. Sur ce plan,
“comme l’ont montré différents auteurs (Borel, 1981), (Plantin, 1990), (Miéville, 1992),
(Perelman & Olbrechts-Tyteca, 1992), (Jackiewicz, 1999a, 1999b), la causalité peut être
engagée dans plusieurs sortes d’actions discursives dont certaines cherchent à établir
l’existence d’une relation causale nouvelle (acte d’explication), d’autres exploitent une
relation causale déjà établie à des fins d’étayage (acte de justification) ou d’inférence
(relation d’argument à conclusion)”. (Jackiewicz, 2004)
De son côté, dans “Compréhension de textes et représentation des relations causales” (Guha,
1998), A. Guha, met en relief le rôle important de la causalité dans une approche


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multidimensionnelle des représentations du texte en particulier et dans la compréhension des

textes en général.
Selon l’auteur, comprendre un texte, c’est en élaborer une représentation mentale cohérente. Il
existe trois niveaux de représentation: macrostructure, microstructure et modèle de situation.
Les deux premiers sont les représentations du texte proprement dit tandis que le modèle de
situation permet d’envisager la cohérence du texte, au-delà des unités textuelles, au niveau de
la situation à laquelle réfère le texte. La cohérence du modèle de situation se décompose en
cinq dimensions: le temps, l’espace, la causalité, la motivation et les protagonistes. À l’appui
de plusieurs études empiriques portant sur au moins deux dimensions, A. Guha et ses
collaborateurs ont bien étudié le rôle spécifique de la causalité et ses interactions avec les
autres dimensions. “La causalité apparaît comme un facteur d’une importance particulière,
interagissant avec les autres dimensions, notamment à travers la notion d’événement. La
causalité est à la fois un facteur de continuité de la représentation, et un facteur de pertinence
pour le codage des informations relatives aux autres dimensions.” (Guha, 1998).
Ainsi, dans le cadre multidimensionnel, la causalité est une dimension essentielle de la
cohérence du modèle de situation.
D’ailleurs, la causalité montre également son rôle dans la représentation du texte, en
particulier le texte narratif. Pour mettre en évidence ce point, A. Guha utilise les résultats de
recherche de plusieurs auteurs qui ont décrit les relations de cohérence entre les éléments du
texte comme relevant essentiellement de la causalité. “[…] Il s’agit donc pour le lecteur de
relier le début et la fin du texte en une chaîne de relations causales, qu’on appelle chemin
critique ou chaîne causale. Ce chemin constitue l’épine dorsale du récit. En un mot, dans un
texte, le poids (importance et mémorisation) des informations du texte peut être prédit par leur
place dans le réseau de ses relations causales: l’importance d’une information dépend de sa
centralité (proximité au chemin causal reliant le début à la fin du texte) et sa connectivité (le
nombre de liens causaux)”. (Guha, 1998)
A. Jackiewicz analyse un autre aspect du rôle de la causalité dans la langue. “Activité cognitive
par excellence, le langage humain rend compte de la façon dont nous lisons le monde qui nous
entoure pour en parler à nos semblables. Sensations, perceptions ou raisonnements élaborés



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empruntent la voie des langues pour être communiqués et rendus intelligibles. Les schèmes
causaux, comme le montrent de nombreuses études de psycholinguistique, organisent des
narrations, sous-tendent des explications, fondent explicitement ou implicitement des
enchaînements argumentatifs. La causalité se trouve ainsi profondément inscrite dans la
dimension dialogique du langage”. (Jackiewicz, 2004)
En un mot, quel que soit le résultat des études scientifiques sérieuses ou l’observation simple
de la vie de tous les jours, la relation de causalité existe toujours comme une partie
indispensable de la vie humaine.

1.3. Catégorisations de la causalité
Dans “La causalité dans la langue: une question de point de vue” (Jackiewicz, 2004), A.
Jackiewicz a fait un bilan des catégorisations de la causalité contruites à partir de l’étude de
ses marqueurs. D’après lui, elles sont essentiellement de trois types, selon le composant de la
relation pris en considération. “Citons en premier lieu les catégorisations qui s’attachent à
caractériser l’action causale efficiente, en proposant des distinctions comme “causation
directe – causation indirecte”, “causation par contact – causation sans contact”, “causation
discursive – causation non discursive” (Nedjalkov & Silnickij, 1969), (Talmy, 1988), (Kordi,
1988), (Jackendoff, 1990), (Pustejovsky, 1995). D’autres typologies cherchent essentiellement
à différencier et à structurer les différents effets possibles d’une action causale (“causer –
gêner – laisser – faire” ou “création – croissance – maintenance – décroissance – arrêt”
(Talmy, 1988), (Garcia, 1998), (Park & Abraham, 2001). Enfin, certaines valeurs de causalité
peuvent être dégagées en caractérisant les situations mises en relation (état, processus,
événement…) (Gross, 1996). En pratique, les différentes typologies mêlent fréquemment des
informations de natures différentes”. (Jackiewicz, 2004)
Il s’agit également de la catégorisation de la causalité, pourtant Guha dans son étude
“Compréhension de textes et représentation des relations causales”, au point de vue cognitive,
a proposé d’autres catégorisations sémantiques de la causalité en énumérant quelques critères
classificatoires de la causalité factuelle susceptible de caractériser des processus cognitifs en

jeu (par opposition aux domaines de connaissances spécifiques), ou un degré de typicité. “Les
critères sémantiques suivants sont inspirés des classifications proposées par des travaux de


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psychologie du développement, et d’autre part des travaux de la veine de la sémantique
cognitive.


Nature de la cause et de la conséquence: les relations de causalité dépendent-elles de
la nature des termes impliqués (états, événement)? L’importance respective accordée
aux états et aux événements diffère en fonction de l’expertise du sujet (Molinari 2002)



Caractéristiques de la cause



Référents impliqués dans la causalité: le caractère naturel ou artificiel des actants
impliqués, ou encore l’opposition entre référents animés et non animés est susceptible
de correspondre à des régimes d’explication distincts lors du développement
(Berzonsky, 1971; White 1990).



Possibilité d’interaction avec la cause: une cause manipulable, c’est-à-dire une cause
sur laquelle une volonté humaine est susceptible d’agir, n’engage pas le même rapport
à la contrefactualité qu’une cause inéluctable (ex. Un tremblement de terre).




Caractéristiques de la conséquence: le caractère temporaire ou définitif de la
conséquence peut constituer une mesure intrinsèque de l’importance de la relation
cause-conséquence.



Réciprocité de la relation entre la cause et la conséquence: si la conséquence a un
effet en retour sur la cause, le rapport peut être envisagé comme un système cyclique
plutôt que comme un mouvement uniforme.



Prototypes de la causalité mécanique: action mécanique d’un agent sur un patient,
déclenchement et empêchement peuvent être la structure de schémas caractérisés non
par un domaine spécifique, mais par une sémantique des forces (Denhière et Baudet,
1992, Talmy, 1988, Michotte, 1953).” (Guha, 1998)

De tous critères classificatoires énumérés ci-dessus, on trouve que les types de causalité
proposés par A. Jackiewicz ne sont en fait que des cas particuliers, concrétisés d’une part de la
classification sémantique de la causalité proposée par A. Guha. Caractériser l’action efficiente,
différencier les différents effets ou les situations mises en relation correspondent aux critères
de “nature de la cause et de la conséquence”, de “caractéristiques de la cause” ou de
“caractéristiques de la conséquence”.


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Afin d’analyser les arguments de causalité et de conséquence employés dans le discours
politique, André Gosselin & Gilles Gauthier ont proposé une autre typologie. Selon ces deux
psychosociologues, les individus expliquent les réussites et les échecs des gens qu’ils
considèrent positivement (y compris eux-mêmes) d’une manière différente quand ils
expliquent les actions réussies ou ratées de ceux qu’ils considèrent négativement (leurs
ennemis, leurs adversaires, leurs concurrents, etc.). En se basant sur cette différence, ils
proposent quatre types d’arguments de cause:
-

“l’argument du mérite qui consiste pour l’acteur à s’attribuer le crédit d’un état de choses
considéré comme positif;

-

l’argument de justification consistant, pour l’acteur, à attribuer au contexte ou aux
facteurs environnants un état de choses négatif qu’on pourrait associer à ses actions et
décisions;

-

l’argument de chance qui consiste à refuser à l’adversaire le mérite d’un état de choses
positif en prétendant qu’il a seulement bénéficié de circonstances favorables;

-

l’argument de responsabilité consistant à tenir l’adversaire responsible d’un état de
chosees considéré comme négatif”.

Et six types d’arguments de conséquence :
-


“l’argument de l’effet pervers selon lequel les initiatives visant à améliorer l’ordre social,
politique ou économique existant résultent invariablement en des effets radicalement
contraires au but recherché;

-

l’argument de l’inanité qui pose que les projets de transformation de l’ordre institué sont
vains, inopérants ou sans effet aucun;

-

l’argument de la mise en péril qui stipule que les programmes réformistes ont une très
fâcheuse tendance à compromettre ou, plus encore, à réduire à néant des acquis,
avantages et droits précédemment obtenus, souvent de peine et de misère;

-

l’argument de l’engagement fatal qui consiste à attaquer une politique de l’adversaire
sous prétexte que celle-ci ouvre la porte à une deuxième action nettement moins désirable,
et ainsi de suite dans une spirale où il est difficile de deviner la conclusion finale;


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