Tải bản đầy đủ (.pdf) (79 trang)

Nghiên cứu đối chiếu câu phủ định tiếng pháp và tiếng việt trên bình diện cú pháp ngữ nghĩa

Bạn đang xem bản rút gọn của tài liệu. Xem và tải ngay bản đầy đủ của tài liệu tại đây (765.3 KB, 79 trang )

1

UNIVERSITÉ NATIONALE DE HA NOI
ÉCOLE SUPÉRIEUR DE LANGUES ÉTRANGÈRES
DÉPARTEMENT POST-UNIVERSITÉ

MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDES POST-UNIVERSITAIRE

ÉTUDE CONTRASTIVE DES PHRASES NÉGATIVES EN FRANÇAIS ET EN
VIETNAMIEN AU POINT DE VUE SYNTAXICO-SÉMANTIQUE
(NGHIÊN CỨU ĐỐI CHIẾU CÂU PHỦ ĐỊNH TIẾNG PHÁP TIẾNG VIỆT
TRÊN BÌNH DIỆN CÚ PHÁP- NGỮ NGHĨA)

PRÉSENTÉ PAR : NGUYỄN BÁ TRẠI

SPÉCIALISÉ EN

: LINGUISTIQUE DU FLE

CODE

: 60 22 20

SOUS LA DIRECTION DU : Prof. Dr. PHAN THỊ TÌNH

HÀ NỘI – 2010


3

Abréviations en francais



A
Adj
Adv
Art
AUX
C
Indef
GAdv
G Préd
GN
GV
Gprép
NÉG
N
O
PréP
ProP
PP
ProN
QQ’UN
QUANT
S
SN
V
Vf

LOCUTION ADVERBIALE
ADJECTIF
ADVERBE

ARTICLE
AUXILIAIRE
COMPLEMENT
INDEFINI
GROUPE ADVERBIAL
GROUPE PREDICAT
GROUPE NOMINAL
GROUPE VERBAL
GROUPE PREPOSITIONEL
NÉGATION
NOM
OBJET
PRÉPOSITION
PROPOSITION
PARTICIPE PASSE
PRONOM
QUELQU’UN
QUANTITATEUR
SUJET
SYNTAGME NOMINAL
VERBE
VERBE CONJUGUÉ


4

Abréviations en vietnamien
BN
CN
DT

ĐN
ĐDT
LT
ST
TĐT
TPĐ
TN
TrN
TT
VN
VT
Các ký hiệu
/ Hoặc
Ví dụ TN/BN
(Tân ngữ hoặc Bổ ngữ)

Bổ ngữ
Chủ ngữ
Danh từ
Định ngữ
Đại (danh) từ
Liên từ
Số từ
Trợ động từ
Từ Phủ định
Tân ngữ
Trạng ngữ
Tính từ
Vị ngữ
Vị từ



5

TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS .............................................................................................................. 2
TABLE DES MATIÈRES...................................................................................................... 5
INTRODUCTION ................................................................................................................. 7
CHAPITRE 1- LES BASES THEORIQUES ....................................................................... 13
1.1 La négation . .................................................................................................................. 13
1.1.1. Le point de vue philosophique. ................................................................................... 13
1.1.2. Le point de vue logique .............................................................................................. 14
1.1.3. L’objectif de porte-parole dans la communication linguistique. .................................. 17
1.2. La portée de la négation ................................................................................................ 20
1.2.1. La négation propositionnelle et la négation de phrase ................................................. 22
1.2.2. La négation partielle et la négation totale .................................................................... 23
1.2.3. La négation polémique et la négation descriptive ...................................................... 254
1.2.4. La portée et le foyer de la négation ........................................................................... 276
CHAPITRE 2 : LES EXPRESSIONS DE LA NEGATION EN FRANÇAIS ..................... 298
2.1. Les opérations négatives et marqueurs ........................................................................... 28
2.2. Le champ de la négation ................................................................................................ 28
2.3. Le niveaux d’incidence négative.................................................................................... 29
2.4. La négation prédicative ................................................................................................. 30
2.4.1. La négation simple ..................................................................................................... 31
2.4.2. La négation double des actants et des circonstants ...................................................... 35
2.4.3. La négation prédicative des circonstants ..................................................................... 36
2.4.4. La négation multiple ................................................................................................... 37
2.4.5. La négation prédicative discrète ................................................................................. 37
2.4.6. La négation prédicative restrictive (=exceptive) .......................................................... 38
2.5. La négation non prédicative........................................................................................... 39

2.5.1. La forme négative de c'est .......................................................................................... 39
2.5.2. La négation non prédicative peut être incidente à un déterminant: .............................. 39
2.5.3. La négation des formes verbales non finies ................................................................. 40


6

2.6. L’emploi des demi-négations......................................................................................... 41
2.7. Le combinatoire des demi-négations.............................................................................. 44
CHAPITRE 3- ANALYSE ET COMPARAISON DE LA SYNTAXICO - SEMANTIQUE
NEGATIVE EN FRANÇAIS ET EN VIETNAMIEN .......................................................... 45
3.1. L’analyse et la comparaison de la syntaxe et de la sémantique sous le mode de
composition. ........................................................................................................................ 45
3.1.1. Les principaux moyens négatifs du vietnamien ........................................................... 46
3.1.2. Les principaux moyens négatifs du français ................................................................ 47
3.2. L’analyse et comparaison de la structure des phrases négatives par la portée de la
négation. .............................................................................................................................. 58
3.2.1. La négation sur le sujet. .............................................................................................. 58
3.2.2. La négation sur le prédicat. ......................................................................................... 61
3.2.3. La négation sur le complément . ................................................................................. 62
3.2.4. La négation sur la locution adverbiale ........................................................................ 64
3.2.5. La négation sur l’attribut .......................................................................................... 67
3.2.6. La négation sur toute la phrase . ................................................................................. 69
CONCLUSION.................................................................................................................. 754
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 77


7

INTRODUCTION

Présentation du sujet
La négation n'est pas uniquement affaire de syntaxe : elle est aussi sémantique,
logique, pragmatique. Dans cette optique, notre mémoire intitulé «

ETUDE

CONTRASTIVE DE LA PHRASE NEGATIVE EN FRANÇAIS ET EN
VIETNAMIEN AU POINT DE VUE SYNTAXICO-SEMANTIQUE » se concentre
sur la description des éléments syntaxico-sémantiques de la négation en français et en
vietnamien. Nous employerons le français comme langue de base. Notre travail porte
principalement sur les moyens d’expression de la négation et sur la comparaison des
particularités négatives employées dans les deux langues pour trouver des applications
convenables dans l’acquisition linguistique et l’enseignement du français, langue
étrangère.

Raisons du choix
La négation ou l’expression négative a été et est toujours sujet de beaucoup de
discussions des linguistes. La raison en est que souvent, dans la communication
quotidienne, suivant la situation, une forme linguistique peut servir à exprimer des
sens différents et inversement, un sens peut être traduit par plusieurs formes dont la
négation. En effet, on peut exprimer la négation par de différentes formes
(grammaticale, lexicale et morpho-syntaxique.) Ce qui pose d’énormes problèmes aux
apprenants vietnamiens quand ils s’expriment en français. D’autre part, entre les
différentes langues/cultures, il y a des structures négatives et des expressions négatives
différentes. Sur le plan de la théorie, les recherches grammaticales, surtout les
recherches structurales sur la phrase sont un des contenus importants des recherches
syntaxiques à côté de celles basées sur la grammaire traditionnelle ou la grammaire
contemporaine. De plus, parmi les types et formes de phrases classées suivant le but de
communication, les phrases négatives sont le phénomène le plus universel de toutes les
langues du monde.



8

Pour analyser et expliquer les formes négatives, plusieurs linguistes ont mené
des recherches sur la négation en français et en vietnamien. Parmi eux, deux ont fait
des études comparatives. D’abord, c’est NGUYỄN PHÖ PHONG qui a étudié le mot
KHÔNG en comparaison avec le mot CHẲNG dans « Quelques aspects de la négation
en vietnamien » (1994, vol.23, pp. 231-239). NGUYỄN ĐỨC DÂN, lui a étudié la
négation en reliant à la logique dans « Logic và sự phủ định trong tiếng Việt- La
logique et la négation en vietnamien » (Ngôn Ngữ 3/1977, pp 42-55), « Logic – Ngữ
nghĩa – Cú pháp »(Nxb ĐH&THCN, Hà nội, 1987). Quant à elle, Anne Sanell a étudié
les particules de portée de la négation dans « Parcours acquisitionnel de la négation
et de quelques particules de portée en français L2 » (Printed by Universitetsservice
US-AB, Stockholm 2007). Pourtant, ces recherches ne se sont pas intéressées
profondement et systématiquement aux formes et à la signification des expressions
négatives.
En ce qui concerne notre profession, étant professeur de français, nous avons
remarqué que les apprenants rencontrent souvent des difficultés dans la compréhension
et l’expression négatives en français et en vietnamien.
La réalité mentionnée, nous a poussé à choisir ce sujet. De là, pour mieux
réaliser la tâche donnée, notre problématique sera : quelles sont les caractéristiques de
la négation en français et en vietnamien. Alors, nos questions de recherche sont :
- Quels sont les moyens d’expression de la négation en français et en
vietnamien ?
- Comment ces moyens affectent-ils la structure sémantique de la phrase?
- Quelles différences et ressemblances y-a-t-il entre les moyens d’expression
négative en français et leurs homologues en vietnamien ? Quelles en sont les causes ?
A partir de ces questions, nous formulons des hypothèses : La première, il
existe des moyens d’expression négative divers sous formes de mots ou de groupes de

mots dans les langues dont le français et le vietnamien. En second lieu, ces moyens
ont des champs d’affection différents. On peut caractériser et classifier les phrases


9

négatives d’après la portée de la négation par le statut du constituant frappé de
négation. (négation portant sur : le sujet, le prédicat, le complément ou la phrase)
Enfin, il y a beaucoup de moyens d’expression de la négation avec des
différences et ressemblances à tous les niveaux formels, syntaxiques, sémantiques en
français et en vietnamien. Les différences dans les expressions négatives s’expliquent
par le fait que cela dépend du locuteur, de la culture, de l’instruction surtout de la
situation de communication… Cela est dû également au fait que chaque peuple a sa
façon d’expression de la négation. Les vietnamiens emploient, par exemple, le mot AI
dans KHÔNG AI ou KHÔNG + V + AI : Không ai đến cả, Tôi không gặp ai cả mais
en français, on emploie le mot PERSONNE NE ou ne personne: Personne n’est venue,
Je n’ai vu personne et en anglais on emploie le mot NOBODY ou NON ONE :
Nobody/no one came, I saw nobody/no one. ..

Objectifs de la recherche
Dans cette conjoncture sociale et économique, ma recherche fonctionnaliste
s’intéresse aux moyens employés pour exprimer la notion de négation chez les peuples
français et vietnamiens. De là, j’essaie de dégager les ressemblances et différences
entre ces moyens en français et en vietnamien.
Notre étude vise la compréhension et l’emploi de la négation et de quelques
particules de portée négative en français mais également à contribuer à l’acquisition et
de ces moyens chez les vietnamiens apprenant le français. Cet objectif est sollicité entre
autre par le fait que les résultats d’un grand nombre d’études montrent que la maîtrise
des marqueurs de la négation est une tâche difficile pour les apprenants, dans la mesure
où elle nécessite la mise en relation de plusieurs phénomènes structuraux. En effet,

l'apprenant doit saisir non seulement la signification de chaque item linguistique, mais
aussi la position de cet item dans la chaîne syntagmatique et la fonction pragmatique
que chaque item assume dans un contexte discursif donné.
C’est pour les raisons précitées que notre étude a pour but d’approfondir le côté
de la compréhension, de l’acquisition et de l’emploi de la négation et des particules de


10

portée négative aussi bien au niveau syntaxique qu’au niveau pragmatique. Pour ce
faire, nous étudierons la position syntaxique des items négatifs et leurs fonctions
discursives.

Puis, nous nous efforçons d’établir un itinéraire acquisitionnel de la

négation et des particules de portée négative susmentionnées dans la production orale et
écrite des vietnamiens apprenant le français.
Le corpus se compose d’enregistrements des réalisations, de copies, de textes
narratifs des apprenants du niveau débutant au niveau très avancé. Nous nous
intéressons à l’apparition des négateurs et des particules de portée, plus précisément,
nous cherchons à savoir à quel moment dans l’acquisition ils apparaissent, ainsi que la
fonction de ces termes dans le discours. Pour illustrer nos analyses, nous avons collecté
et relevé quelquefois des matériaux linguistiques écrits dans les œuvres étudiées, mais
aussi dans des romans en français et en vietnamien.
Le mémoire se concentre sur la comparaison des caractéristiques syntaxicosémantiques des phrases négatives du français et du vietnamien. Nous travaillons plus
précisément sur la négation descriptive et la négation de rejet. La négation descriptive
est exprimée par des moyens concrets mais la négation de rejet s’identifie grâce à des
situations. C’est pourquoi mon mémoire se concentre essentiellement sur la négation
descriptive. Il existe des couches significatives différentes dans chaque type de phrase
négative mais dans le cadre du sujet, nous abordons surtout le plan de la syntaxicosémantique. Nous comparons ces moyens linguistiques en français avec ceux du

vietnamien. De là, nous établissons les similitudes et les différences entre les deux
langues dans ce domaine.
Pour pouvoir comparer ces aspects, nous analyserons soigneusement la portée
de signification négative dans les phrases négatives du français et du vietnamien. Nous
abordons aussi le rôle du verbe (en français) dans le prédicat de régir les éléments
environnants quand il est nié; le rôle des indéfinis, des quantificateurs dans les phrases
négatives du français et du vietnamien. L’étude de ces mots aidera à mieux
comprendre la similarité et la différence entre les modèles et les variantes des phrases
négatives du français et du vietnamien sur le plan syntaxico-sémantique.


11

Méthodologie de recherche
Pour réaliser ce travail, nous avons tout d’abord, collecté des moyens
d’expression négatifs dans les copies des apprenants et aussi dans les textes en français
et en vietnamiens puis les répertoriés.
En deuxième étape, nous appliquons la méthode analytique qui consiste à
décomposer les moyens d’expression négatifs en éléments plus petits, mots, groupe de
mots…Ce travail se fait sur la base des théorie concernant la négation et les phrases
négatives présentées par les linguistes étrangers et vietnamiens.
En troisième lieu, la méthode synthétique est appliquée c’est-à-dire que nous
combinons les éléments pour en tirer les caractéristiques syntaxico-sémantiques et
pragmatiques des moyens négatifs. De là, nous procédons des comparaisons pour
préciser la similitude et la différence, la correspondance et non-correspondance entre
les moyens dans les deux langues française et vietnamienne.
L’étude des différences des modèles du français et du vietnamien aborde non
seulement des signes morphologiques mais encore la coordination des éléments dans
la structure.


Plan du mémoire
Notre mémoire se compose de 3 chapitres sans compter l’introduction, la
conclusion, et la partie bibliographique.
Le premier« Les bases théoriques du mémoire » concerne les notions comme :
la négation selon le point de vue philosophique, la négation selon le point de vue
logique, la négation selon l’objectif de porte-parole dans la communication
linguistique et la portée de la négation.
Le deuxième intitulé: « Les expressions de la négation en français » traite les
opérations négatives, les marqueurs, les niveaux d’incidence négative, la négation
prédicative/ non prédicative, l’emploi des demi-négations et la combinaison des deminégations.


12

Le dernier chapitre ayant pour titre : « Analyse et comparaison de la syntaxico
- sémantique négative en français et en vietnamien » sert à analyser et à comparer les
moyens négatifs sur le plan de la syntaxe et de la sémantique (la structure des phrases
négatives par la portée de la négation. )


13

Chapitre 1
LES BASES THÉORIQUES
Dans ce chapitre, nous repassons en revue certaines notions théoriques de base
de notre recherche qu’est la négation :
En linguistique, la négation est une opération qui consiste à désigner comme
fausse une proposition préalablement exprimée ou non ; elle s’oppose à l’affirmation.
La définition générale de la négation recouvre en fait un faisceau d'acceptions
complémentaires :



le noyau conceptuel fondamental de nier ;



l’ensemble des mécanismes linguistiques qui servent à nier ;



l’opération morphosyntaxique dans laquelle un item lexical nie ou inverse la
signification d’un autre item lexical ou d’une construction.



la caractéristique, d’un point de vue formel ou sémantique, d’un énoncé ou d’un
constituant négatif ;



l’énoncé négativé, par rapport à l’énoncé de référence (donc le résultat de
l'opération de négation).

1.1.La négation
1.1.1. Le point de vue philosophique
En termes de philosophie, la négation est considérée comme une étape
indispensable du développement, les conditions de la transformation de la nature des
choses. Le monde matériel est en mouvement et se développe sans cesse. Une certaine
forme de la matière est née, existée, puis perdue, remplacée par une autre forme. La
philosophie appelle ce remplacement la négation. Ce type négatif est un facteur

nécessaire de la mobilisation et du développement parce qu'il n'y a aucun domaine qui
peut se développer sans les formes négatives existées auparavant. En outre, quand il
s'agit de négatifs, la philosophie matérialiste ne veut pas aborder n’importe quelle


14

négation distinctive mais aborder la négation qui fait la prémisse et crée les conditions
pour le développement, pour quelque chose de nouveau remplaçant les anciens.
La cause de la nouvelle formulation remplaçant les anciens, c’est à dire la cause
du négatif, est située dans les choses elles-mêmes, il est le résultat du conflit qui se
résolve dans l'objet même.
C’est pourquoi que le négatif est objectif et qu’il est un facteur indispensable du
développement. Par exemple, les théories de la science et les lois ont vu le jour avec
un grand nombre grâce aux connaissances correctes et profondes qui remplacent les
connaissances incomplètes et fausses. En outre, la négation est le résultat de l'autodéveloppement sur la base de résoudre les contradictions inhérentes des choses et des
phénomènes. Alors, la nouvelle vie ne peut pas être un négatif absolu mais elle est un
héritage négatif. Le nouveau est né de l’ancien de sorte qu'il puisse choisir, conserver
et rénover les convenables du vieux et il ne supprime que l’obstruction de
développement du vieux. Par exemple, dans le domaine cognitif, la philosophie
marxiste est né mi 20ème siècle, il a hérité de toutes les valeurs idéologiques du passé,
directement des valeurs de la philosophie classique allemande. Avec de telles
caractéristiques, la négation dialectique est non seulement un facteur de surmonter les
vieux, mais elle rattache le nouveau au vieux, l’affirmatif au négatif et fait une étape
inévitable du contact et du développement. L’analyse des négatifs en termes de
philosophie peut nous aider à réaliser le véritable concept de développement : il nous
faut une attitude de soutien et de lutte, d’affirmation pour le nouveau, et contre le
vieux qui freine le développement. C’est pour cela qu’on peut dire que l’affirmation et
la négation sont toujours associées avec le processus de notre perception de l'évolution
du monde objectif.


1.1.2. Le point de vue logique
Négation logique et négation linguistique
En logique élémentaire, la négation est un opérateur qui se borne à inverser la
valeur de vérité des phrases assertives : si une phrase assertive non négative est vraie,


15

la phrase négative correspondante est fausse, et si une phrase assertive non négative est
fausse, la phrase négative correspondante est vraie. L’inversion de la valeur de vérité
est bien sûr aussi un élément essentiel de la négation des langues naturelles, mais du
point de vue linguistique, l’effet de la négation sur la valeur de vérité de la phrase
n’épuise pas la distinction entre phrases positives et phrases négatives, car on observe
que leur utilisation n’a pas les mêmes implications discursives.
Dans les langues naturelles, l’utilisation d’une formulation positive ou d’une
formulation négative pour véhiculer la même information (par exemple Il fait froid / Il
ne fait pas chaud) a des implications discursives : il est en effet normal d’utiliser des
phrases assertives positives pour introduire des informations nouvelles qu’on suppose
simplement ignorées de l’interlocuteur, alors qu’une formulation négative suggère
toujours plus ou moins une valeur de réfutation ou de rectification : le choix d’une
formulation négative implique toujours plus ou moins l’idée qu’on aurait pu penser
que … (et il se peut que vous le pensiez), mais ce n’est pas le cas. Une autre différence
entre la négation de la logique élémentaire et la négation du langage ordinaire est que
la logique élémentaire n’envisage que la négation globale d’un contenu propositionnel
( « ce n’est pas le cas que … »), alors que linguistiquement, la négation interfère avec
la structure informative de la phrase : les marques de négation tendent à être
interprétées comme portant spécifiquement sur un constituant, même lorsque du point
de vue morphosyntaxique elles occupent une place fixe –ex. (1).
(1) a. Jean n’a pas mangé (il a seulement bu)

b. Jean n’a pas mangé de viande (il a mangé, mais autre chose que de la
viande)
c. Jean n’a pas mangé la viande avec une fourchette (mais avec les doigts)
En ce qui concerne la portée de la négation, il faut distinguer entre les cas
illustrés par l’ex. (2), où rien ne signale explicitement le constituant sur lequel porte
spécifiquement la négation (ce qui veut dire que l’identification de ce constituant
repose entièrement sur des facteurs sémantiques et / ou pragmatiques), et les cas de
focalisation négative, où la portée de la négation est explicitement indiquée (soit par


16

l’intonation, soit par une construction spéciale) –ex. (3).
(2) a. La fête n’a pas été annulée à cause du mauvais temps
= La fête a été annulée, mais ce n’est pas le mauvais temps qui en est la cause
b. La fête n’a pas eu lieu à cause du mauvais temps
= La fête n’a pas eu lieu, et c’est le mauvais temps qui en est la cause
(3) a. Ce n’est pas Jean qui a mangé
b. Ce n’est pas la viande que Jean a mangé
Il est intéressant aussi de remarquer que, pour exprimer une négation qui
(comme la négation de la logique élémentaire) porte réellement sur toute la phrase, la
plupart des langues naturelles n’utilisent pas la simple négation de la phrase assertive.
La considération de données comme celles de l’ex. (4) montre qu’une phrase comme
Jean n’arrive pas implique d’interpréter le sujet comme topique ( en ce qui concerne
Jean, il est faux qu’il arrive ), ce qui la rend très peu naturelle dans un contexte comme
(4b), où le débat porte globalement sur le fait que Jean arrive, et non pas sur ce que fait
Jean. Dans ce contexte, on a recours à la construction Ce n’est pas Jean qui arrive,
qui, selon l’intonation qui l’accompagne, peut s’interpréter comme une focalisation
négative (La personne qui arrive, ce n’est pas Jean) ou comme une négation globale
(Ce qui se passe, ce n’est pas l’arrivée de Jean).

(4) a. (entendant du bruit dans l’escalier) : On dirait que Jean arrive
b. Ce n’est pas Jean qui arrive, c’est le voisin qui sort la poubelle
(Jean n’arrive pas, le voisin sort la poubelle serait peu naturel dans ce contexte)
En ce qui concerne la portée de la négation, un principe très général est que ne
peuvent être sous la portée de la négation, ni des éléments de l’énoncé en position
détachée –ex.(5), ni des adverbes qui peuvent à première vue sembler faire partie de
l’unité phrastique mais qui opèrent en réalité au niveau de la prise en charge
énonciative de l’unité phrastique –ex. (6).
(5) a. Je ne cherche pas Jean, mais Marie
b. Je ne le cherche pas, Jean, mais Marie
c. Je ne le cherche pas, Jean, je fais même ce que je peux pour ne pas le


17

rencontrer
(6) a. Jean ne viendra pas souvent
= Ce n’est pas le cas que Jean viendra souvent
b. Jean ne viendra certainement pas
= Ce n’est certainement pas le cas que Jean viendra
(et non pas Ce n’est pas le cas que Jean viendra certainement)
Un problème particulièrement important et délicat est la question de la négation
des quantificateurs. D’une part, la combinaison de quantificateurs avec la négation
linguistique ordinaire pose souvent (mais de manière variable selon les langues) des
problèmes d’interprétation qui peuvent s’expliquer par des hésitations quant à la
structure logique des phrases combinant quantificateurs et négation. Dans l’ex. (7),
nous voyons que le résultat de la simple addition de marques de négation à la phrase
(a) est une phrase dont la signification n’est pas la négation logique de la phrase (a).
(7) a. Trois étudiants ont été reçus = Il y a trois étudiants reçus
structure logique : pour trois x, x étudiant, x a été reçu

(on ne donne aucune précision sur le nombre de collés)
b. Trois étudiants n’ont pas été reçus = Il y a trois étudiants qui n’ont pas été
reçus, structure logique : pour trois x, x étudiant, x n’a pas été reçu (autrement
dit, trois étudiants ont été collés, et on ne dit rien du nombre de reçus)
c. NÉG (pour trois x, x étudiant, x a été reçu) —> Il n’y a pas trois étudiants
reçus (le nombre de reçus peut être supérieur ou inférieur à trois, mais pas égal à trois)

1.1.3. L’objectif de porte-parole dans la communication linguistique
La phrase négative est un des types de phrase divisée pour l’objectif de porteparole. Dans la communication on peut utiliser des phrases pour atteindre des objectifs
différents, comme la narration, la demande, ou l’expression des émotions, des
sentiments sur un objet ou sur un fait. Les phrases sont classées selon le type d'objectif
à base de porte-parole de deux caractéristiques:
- les caractéristiques sémantiques ou l’objectif de porte-parole


18

- les caractéristiques syntaxiques ou les caractéristiques spécifiques en termes de
structure.
Si l’on se base seulement sur les caractéristiques sémantiques de classement,
on ne verra pas toute la complexité et la diversité des structures de la langue dans son
fonctionnement. Par exemple l’objectif interrogatif, la requête peut être exprimée par
la structure en question, la structure narrative affirmative ou négative.
Sur les principes fondamentaux ci-dessus, en grammaire traditionnelle, on
distingue habituellement trois (ou quatre) types principaux de phrases simples :


la phrase déclarative (ou assertion) ;




la phrase interrogative ;



la phrase impérative (ou injonctive) ;



(la phrase exclamative).

La négation peut se superposer au moins aux trois premiers types (on parle de
forme négative, ou de transformation négative)
(a) La phrase déclarative (ou assertion)
Ce type confirmé ou non sert à narrer et à décrire un objet avec des
caractéristiques (activité, humeur, relations) de celui-ci, ou un événement avec certains
détails. En termes de logique classique, la phrase déclarative est la seule forme qui
peut dénoter un jugement logique avec une véracité ou une non-véracité. De
communication réelle, cette phrase peut rendre une ordonnance, une demande, une
prière...
(8) Le chat a mangé la sourit → Le chat n’a pas mangé la sourit
En dehors de la structure représentée par ses mots réels et ses mots
supplémentaires, la phrase déclarative utilise aussi les mots modaux pour exprimer la
propre attitude au contenu de la parole ou aux auditeurs ou même simplement à
compléter la phrase.
(9) Tu peux venir → Tu ne peux pas venir
(10) Descends la poubelle ! → Ne descends pas la poubelle !


19


(b) La phrase interrogative
L'interrogation est une des modalités d'énonciation qui correspond à une
attitude énonciative non thétique (le locuteur demande une information ou une
validation) et à un acte de langage (celui de la question).
(11) Les enfants jouent-ils au ballon ? → Les enfants ne jouent-ils pas au
ballon ?
On remarque toutefois que dans le cas de la phrase interrogative, la
transformation négative n’a généralement de sens que pour une question de type oui /
non (interrogation « totale »), et non pour les interrogations dites « partielles » :
(12) Combien de voitures as-tu vu passer ? → Combien de voitures n’as-tu pas
vu passer ?
(13) Quelle est la couleur de cette chemise ? → Quelle n’est pas la couleur de
cette chemise ?
De surcroît, même lorsque la négation est acceptable, la valeur illocutoire de
l’interrogation lui attribue souvent une signification ou une nuance particulière
(politesse, etc. )
(c ) La phrase impérative (ou injonctive)
La phrase injonctive peut être positive (ordre) ou négative (défense).
(14) Descends la poubelle ! → Ne descends pas la poubelle !
Elle peut exprimer :
-la défense, l'exhortation
(15) Ne jetez pas vos déchets n'importe où !,
-l'interdiction (« prohibitif », fréquemment avec l'infinitif en français
(16) Ne pas jeter de déchets !


20

-mais aussi le conseil, etc.

(17) Ne crois pas tout ce qu'il raconte !
Dans bon nombre de langues, comme le sanskrit, le grec ancien, l'arménien, le
morphème négatif utilisé dans ce cas diffère du morphème utilisé dans les déclaratives.
(d) La phrase exclamative
La phrase exclamative, lorsqu’elle ne constitue pas simplement une
emphatisation d’une déclarative.
(18) On a gagné !
Ce type de phrase pose également des problèmes de négativation, du moins en
français
(19) Que ce paysage est beau ! → Que ce paysage n’est pas beau ! (On utilisera
plutôt l'antonyme : Que ce paysage est laid !).
Dans le cas des phrases complexes, la négation peut s’appliquer à une
proposition particulière (principale ou subordonnée), ce qui rend épineuse la question
de la valeur de vérité de la phrase dans son ensemble :
(20) Si tu n’étais pas arrivé en retard [subordonnée conditionnelle négative,
contrefactuelle], on aurait pu attraper le bus.
(21) Je ne peux admettre [principale négative à valeur modale] que les choses
se soient passées ainsi.

1.2. La portée de la négation
En syntaxe, la portée négative est comprise comme la signification négative
régissant le constituant principal ou secondaire de la phrase. C’est à dire que la
signification négative agit sur l'ensemble ou une partie des constituants faisant le cadre
Sujet – Prédicat de la phrase appelée le domaine syntaxique.


21

(22) Certainement, je ne lui ai pas parlé (= Il est certain que je ne lui aie pas
parlé)

En sémantique, la portée négative est l'interaction de la portée négative et les
facteurs dans la portée négative appelée le domaine sémantique.
(23) Je vais acheter de la viande mais pas de poisson.
Si on appelle portée de la négation l'ensemble des morphèmes qui est concerné
par la négation, on voit que la portée de la négation, sauf pour la négation de
constituant, est plus grande que la construction dont la négation est un constituant
immédiat. On pourrait dire que la portée de la négation est différente de son incidence,
si on entend par "incidence de la négation" (cf. Hagège, 1982, 84; Forest, 1992, 36) le
fait, pour la négation, de se combiner syntaxiquement avec un autre constituant selon
une relation qui, suivant les cas, peut être endocentrique ou exocentrique. La portée de
la négation est alors en effet la phrase à laquelle appartient la construction dont la
négation est un constituant immédiat, même, avons-nous vu, lorsqu'on a parlé
improprement de "portée partielle" de la négation.
Il faut toutefois préciser que lorsque la phrase a une certaine complexité, la
portée de la négation n'est pas toute la phrase, mais seulement la première proposition
dont la construction négative est un constituant. La portée de la négation peut être la
proposition subordonnée, et non pas toute la phrase en question.
Du point de vue de la portée, on peut donc dire qu'il y a deux sortes de
négations: la négation de constituant, et la négation de phrase ou de proposition
suivant que la phrase concernée ne contient pas ou contient un constituant phrasoïde.
Quand en effet la phrase négative ne contient pas de constituant phrasoïde, c'est une
négation de phrase; quand elle contient un ou plusieurs constituants phrasoïdes, ce
peut être une négation de la phrase ou une négation d'une proposition de la phrase,
suivant que sa portée est toute la phrase ou seulement une de ses propositions. Ces
types de négation suivantes montreront plus clairement l’objectif négatif et la
signification négative.


22


Dans la mesure où le mot n’est qu’une notion syntagmatique, et par conséquent
morphologique, alors que la phrase est une notion syntaxique, on clarifiera peut-être
l’opposition faite entre la prétendue « négation de mot » et la « négation de phrase »,
en parlant d’une « négation de constituant » en face de la « négation de phrase », en
entendant par « constituant » un morphème ou une combinaison de morphèmes qui
forme, à l’intérieur d’une phrase donnée, on appelle un syntagme. Par exemple, les
expressions ni même ou ni non plus, sont suivies d’un groupe nominal analogue :
(24) Jacques n’est pas venu, ni même Paul (ni non plus Paul)
De fait, la négation de constituant ne rend pas négative la phrase où il se trouve,
laquelle reste une phrase affirmative, comme on peut s’en rendre compte dans certains
des exemples où l’on voit que le fameux constituant sur lequel est censée porter cette
négation peut être un simple morphème ou une construction :
(25) Il a trouvé ici quelque chose d'intéressant il n'y a pas longtemps, elle non
plus
(26) Il avait parlé avec quelqu’un d’autre, il n'y a pas tellement longtemps,
non?
(27) Il a épousé une fille pas riche, et toi aussi »
Alors, la négation de constituant porte sur un morphème ou une combinaison de
morphèmes. C’est la négation qui non seulement ne rende pas négative la phrase dont
elle est un des constituants, mais se trouve bel et bien, à chaque fois, dans une phrase
affirmative.

1.2.1. La négation propositionnelle et la négation de phrase
Si, récusant les notions de proposition principale et de proposition
indépendante, on oppose la proposition à la phrase, en disant qu’une proposition est un
constituant de phrase qui, dans un autre contexte, pourrait être une phrase, il convient
de distinguer la négation de proposition de la négation de phrase. Car, même si, au
point de vue du sens, la proposition négative a le même fonctionnement que la phrase
négative, elle ne rend pas pour autant la phrase négative. Elle peut en effet n’être



23

qu’un constituant phrastique de sens négatif dans une phrase affirmative (ou
interrogative), jouant alors le même rôle, dans la constitution du sens général de la
phrase, qu’un constituant non phrastique rendu sémantiquement négatif par la négation
dite de constituant. Et c’est quand l’éventuelle proposition négative n’est dominée par
aucun autre P qu’elle est en fait une phrase négative et que sa négation est une
négation de phrase.
(28) Il m’a dit qu’il n’allait pas en ville
Cette proposition négative ne rend pas du tout négative la phrase où elle se
trouve. Ce serait, par contre, une négation de phrase dans l’énoncé (29) :
(29) Il ne va pas en ville
où la négation joue le même rôle sémantique que dans la subordonnée complétive,
mais porte alors sur la phrase et non plus sur un constituant de la phrase.

1.2.2. La négation partielle et la négation totale
La négation totale porte sur toute la proposition et s’exprime au moyen de
ne…pas. Elle est donc composée de deux parties, ne et pas, dont la première est placée
devant le verbe fini et l'autre immédiatement après, encadrant ainsi le verbe fini : « Il
ne travaille pas ». Et la négation qui porte seulement sur un des constituants, quel
qu’il soit, de la phrase est la négation partielle. La négation s’effectue par des moyens
qui diffèrent suivant sa nature et suivant les termes sur lesquels elle porte.
1.2.2.1. La négation totale
C’est la négation qui n’implique ni limitation ni restriction exclusive :
(30) Je ne le connais pas (↔ je le connais)
(31) Un prêtre non assermenté (↔ un prêtre assermenté)
Au contraire, la négation partielle qui implique une limitation ou une restriction
exclusive :
(32) Je ne vous connais plus (↔ je vous connais encore)

(33) Je ne vois plus que vous (↔ je vois tout le monde).
La négation totale porte :


24

a) sur un verbe ou sur l’ensemble d’un prédicat verbal :
(34) Je n’irai pas (↔ j’irai).
(35) Il n’est pas malade (↔ il est malade).
(36) Il n’a pas d’esprit (↔ il a de l’esprit).
b) sur un autre terme que le verbe :
(37) C’est un livre pas ennuyeux du tout.
(38) Il est étudiant et non surhomme.

1.2.2.2. La négation partielle.
La négation est partielle quand elle implique une limite ou une restriction.
(a) LIMITE. Les adverbes ne… guère, ne… jamais, ne… plus constituent des
négations partielles dans la mesure où elles portent en fait sur le déterminant du verbe
ou sur un attribut.
A la négation totale : il n’y va pas (qui répond à une phrase positive du type : il
y va) s’opposent les négations partielles : il n’y va guère, il n’y va jamais, il n’y va plus
(qui répondent respectivement à des phrases positives du type : il y va souvent, il y va
toujours, il y va encore).
(b) RESTRICTION. Ne… que constitue une restriction partielle dans la mesure où, au
moyen de cet adverbe, on exclut toute personne, toute chose, tout fait, sauf ceux qui
sont symbolisés par le terme précédé de que. (Wagner, & Pinchon, 1962: p.394 et
p.402). On remarquera qu’ici les termes de « négation totale » et de « négation
partielle » prennent un sens particulier, foncièrement sémantique, puisqu’on nous parle
de négation totale à propos d’une négation de mot comme :
un prêtre non assermenté, qui est le contraire de un prêtre assermenté,

et de « négation partielle » à propos d’une « négation de phrase » comme Je ne vous
connais plus, qui ne nie pas je vous connais, mais je vous connais encore, donc ne
modifie qu’un seul mot de la phrase positive.


25

1.2.3. La négation polémique et la négation descriptive.
Comme l'interrogation, la négation représente un second mouvement de la
pensée, le premier étant constitué par l'assertion. L'énonciation négative se présente
comme s'opposant à une assertion préalable - que celle-ci ait été effectivement émise
par son énonciateur, qu'on la lui prête ou qu'on le soupçonne d'y souscrire. Ainsi, il
semble difficile d'annoncer à quelqu'un:
(39) Pierre n'est pas le cousin de Colette,
si personne n'a auparavant prétendu qu'il l'était.
On voit donc en stratégie argumentative, la négation joue un rôle contrastif dans
la polyphonie discursive. Pourtan, en manœuvre discursive, la négation s'exerce dans
le champ ouvert par l'assertion.
Les points de vue des philosophes du langage et des logiciens sur la négation
ont profondément marqué les théories linguistiques modernes concernant ce
phénomène complexe.
C’est pour cette raison que dans les recherches des dernières années, on
distingue couramment la négation descriptive de la négation polémique.
Soient ces trois couples d'énoncés:
(40) Marc n'est pas aussi intelligent que Pierre.
(41) Marc n'est pas aussi intelligent que Pierre, mais il est bien plus intelligent
que lui.
(42) Il ne me le dit plus.
(43) Il ne me le dit plus, il ne cesse de me le répéter.



26

(44) Paul n'est pas riche.
(45) Paul n'est pas riche; il est cousu d'or.
Les énoncés de sous (40), (42), (44) recèlent des négations descriptives, alors
que (41), (43) et (45) renferment des négations polémiques. Selon O. DUCROT
(1973: 123 - 131), cette distinction nous permet de dire que la négation descriptive,
propre à la phrase, est l'affirmation d'un contenu négatif et que la négation polémique,
par contre, est un acte de négation, la réfutation d'un contenu positif exprimé
antérieurement par un énonciateur différent du locuteur ou l'instance énonciative qui
produit cet acte.
Ainsi, (41) peut-il induire la conclusion:
(41') Marc est moins intelligent que Pierre,
tandis que son pendant polémique (41) accrédite une orientation argumentative
inverse. La structure phrastique (42) peut être paraphrasée par:
(42') Il se tait; il garde le silence,
alors que (43) représente par excellence une stratégie discursive, une utilisation
réplicative de la négation. L'énoncé (44) pourra être glosé par:
(44') Paul est pauvre.
Ce posé sera rejeté dans l'énoncé (45), dont la direction argumentative, inverse
de celle induite par (44), va vers des degrés supérieurs de la richesse. La négation
polémique est une stratégie argumentative, basée sur la contestation d'un énoncé
antérieur. Sa valeur polyphonique est incontestable; elle fait intervenir deux instances
énonciatives: l'énonciateur de l'affirmation antérieure et le locuteur de l'énoncé qui
rejette celle-ci. La négation polémique a ainsi un caractère dialogique, réfutatif,
réplicatif, polyphonique. Soient ces autres exemples d'énonciations négatives:



×