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UNIVERSITÉ NATIONALE DE HANOÎ
ÉCOLE SUPÉRIEURE DE LANGUES ÉTRANGÈRES
DÉPARTEMENT DE FORMATION POST-UNIVERSITAIRE

Nguyễn Hồng Hải

Étude comparative de l’acte d’invitation
en français et en vietnamien
à travers les cartes d’invitation aux cérémonies
So sánh hành động mời trong
tiếng pháp và tiếng việt qua các thiếp mời dự lễ

MÉMOIRE DE MASTER
(Linguistique)
602220

Hanoï, 2010


UNIVERSITÉ NATIONALE DE HANOÎ
ÉCOLE SUPÉRIEURE DE LANGUES ÉTRANGÈRES
DÉPARTEMENT DE FORMATION POST-UNIVERSITAIRE

Nguyễn Hồng Hải

Étude comparative de l’acte d’invitation
en français et en vietnamien
à travers les cartes d’invitation aux cérémonies
So sánh hành động mời trong
tiếng pháp và tiếng việt qua các thiếp mời dự lễ


MÉMOIRE DE MASTER
Branche : Linguistique
Code de la branche : 602220
Directrice de recherche : Pr.Dr.Nguyễn Vân Dung

Hanoï, 2010


TABLE DES MATIÈRES
Introduction ...................................................................................................................... 3
CHAPITRE I : Fondements théoriques .............................................................................. 8
1. Conceptions des actes de langage ............................................................................ 8
1.1. Conception des actes de langage d’Austin et de Searle .................................... 9
1.2. Conception des actes de langage de C.Kerbrat-Orecchioni ............................ 12
2. Types de réalisation des actes de langage .............................................................. 13
2.1. Réalisations directes ........................................................................................ 14
2.2. Réalisations indirectes..................................................................................... 14
3. Facteurs d’influence des actes de langage ............................................................. 15
3.1. Contexte .......................................................................................................... 15
3.2. Relation interpersonnelle ................................................................................ 16
3.3. Politesse linguistique....................................................................................... 17
4. L’acte d’invitation aux cérémonies ...................................................................... 21
4.1. Définition de l’acte d’invitation ...................................................................... 21
4.2. Définition des cérémonies ............................................................................... 24
4.3. Valeurs de l’acte d’invitation aux cérémonies : .............................................. 26
4.4. Facteurs d’influence sur l’acte d’invitation aux cérémonies : ........................ 26
Chapitre II. Présentation des cartes d’invitation aux cérémonies en français et en
vietnamien ...................................................................................................................... 30
1. Types de carte d’invitation aux cérémonies ........................................................... 30
1.1. Cartes d’invitation formelles ........................................................................... 31

1.2. Cartes d’invitation informelles........................................................................ 31
2. Formulation : .......................................................................................................... 31
2.1. Cartes d’invitation formelles ........................................................................... 31
2.2. Cartes d’invitation informelles........................................................................ 32
1


3. Présentation des cartes d’invitation aux cérémonies en français ........................... 33
3.1. Façons d’expression de l’invitation à travers des cartes d’invitation aux
cérémonies.............................................................................................................. 33
3.1.1. Réalisations directes ..................................................................................... 34
3.1.2. Réalisations indirectes.................................................................................. 39
3.2. Décoration : ..................................................................................................... 45
4. Présentation des cartes d’invitations aux cérémonies en vietnamien ................... 46
4.1. Définition du terme « mời =invitation» en vietnamien................................... 46
4.2. Moyen d’expression de l’acte d’invitation à travers les cartes en vietnamien46
4.2.1. Verbes performatifs...................................................................................... 46
4.2.2. Types de phrase :.......................................................................................... 48
4.3. Décoration ....................................................................................................... 54
Chapitre III : Comparaison des cartes d’invitation françaises et vietnamiennes ........... 56
1. Ressemblances ....................................................................................................... 56
1.1. Forme .............................................................................................................. 56
1.2. Contenu ........................................................................................................... 57
1.3. Moyens linguistiques ...................................................................................... 57
2. Différences ............................................................................................................. 58
2.1. Formes des cartes ............................................................................................ 58
2.2. Termes d’adresse :........................................................................................... 58
2.3. Présence du locuteur dans l’acte d’invitation. ................................................ 59
2.4. Moyens d’expressions des cartes d’invitation aux cérémonies ...................... 61
2.5. Sollicitation d’une réponse : ........................................................................... 62

3. Essai d’expliquer les différences entre les cartes françaises et vietnamiennes :.... 63
Conclusion...................................................................................................................... 68

2


Introduction
Les invitations sont utilisées pour tout type d'événements et dans toutes les branches
économiques et culturels… : invitation personnelle (le baptême, l’anniversaire, le mariage, la
communion…), invitation pour la vie associative et le travail. On invite pour les soirées,
galas, weekend d’intégration, mais aussi pour les buffets dinatoires, anniversaires, cocktail,
pour la pendaison de crémaillère. Par ailleurs, on invite également pour les collectes de fonds,
les associations humanitaires, le sponsoring, les tickets et places dans le cadre de l'entreprise
pour les conférences, meetings, et séminaires...
Pour ces occasions, les cartes d'invitation sont la meilleure façon possible de dire
combien on soigne la personne et combien la présence de la personne conviée sera appréciée.
En effet, la présence des proches, des chers et des partisans dans n'importe quelle occasion
rend l’événement plus spécial. Les membres de famille et les amis améliorent la beauté et
l'importance des occasions les plus banales. Une invitation réussite est celle montrant la
sincérité et le désir d’avoir des destinataires aux cérémonies quelque soit qu’elle est
personnelle ou publique. Dans certains cas, une carte d'invitation se doit d'être également
originale pour cibler aux invités très importants (des chefs d’entreprise, des responsables des
organisations et des associations, etc.) qui n’ont pas beaucoup de temps et qui sont entourés
des plusieurs invitations de même types tous les jours.
Quant au texte des cartes qui mentionne le lieu de rendez-vous, la date, le temps aussi
bien que les codes vestimentaires est, de règle, court. C’est pourquoi on utilise souvent les
matières décoratives pour rendre la carte plus intéressante.
Il est certain donc que pour convier les invités à une cérémonie, l’envoi d’une carte
d’invitation s’avère incontournable dans toutes les cultures, dans toutes les langues et les notes
d'invitation peuvent être sous des formes diverses : forme d'une carte, d’une lettre, d’un

feuillet ou même les combinaisons des différentes sortes.

3


D’autre part, la réalisation des cartes d’invitation varie d’une langue à l’autre. On
constate des différences et des ressemblances entre les actes d’invitation des français et ceux
des vietnamiens. Ceci révélerait les propriétés des cultures concernées.
Même pour telle ou telle langue concrète, la formulation et la mise en page des cartes
changent considérablement selon les types de cartes. Il faut donc prendre conscience de ces
particularités pour les réaliser conformément à la culture et aux usages traduits dans chaque
langue.
Il y a certaines règles à suivre lorsqu'on rédige les invitations. Pour le mariage par
exemple, elles doivent d'abord comporter les deux noms et prénoms des époux, la date, l'heure
et le lieu de la célébration. Ensuite, dans les invitations classiques, il apparaîtra une phrase
sobre et élégante, ainsi que le jour, l'heure et l'endroit (Par exemple : Nous vous invitons à
venir partager notre bonheur, le ...). Pour une invitation romantique, on préfère sans doute une
phrase de mots magiques, (par exemple étant un moment unique dans notre vie, nous
souhaitons le partager avec vous, le ...). Une formule sans chichi est également possible, selon
les invités comme : Nous serions contents de trinquer avec vous lors de notre mariage, le ..., si
vous n'avez pas d'autres projets.
Toutes ces particularités des cartes d’invitation en français et en vietnamien constituent
le centre d’intérêt de notre recherche. En réalisant ce travail, nous visons à découvrir les
formes, les contenus, les structures syntaxiques fréquemment utilisés dans les cartes
d’invitation pour assurer la fréquentation de l’événement organisé (lancement de produit,
journée de formation, ouverture de magasin...)
Nous voudrions également relever, à travers de différentes types de carte, les
ressemblances et les différences dans les cartes d’invitation françaises et vietnamiennes pour
en trouver les raisons et de là, découvrir les cultures française et vietnamienne à travers un
acte social qui est celui de l’invitation aux cérémonies.

Afin de réaliser ces objectifs, durant cette recherche, nous nous donnons la tâche de
répondre aux questions suivantes :

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-Quelle sont les types de cartes d’invitation aux cérémonies françaises et vietnamiennes
? Et quels sont leurs composants ?
-Quelles sont les ressemblances et les différences entre les cartes d’invitation aux
cérémonies françaises et vietnamiennes ?
-Qu’est-ce qui font ces différences et ressemblances ?
Les hypothèses que nous formulons à ces questions sont les suivantes :
Les cartes d'invitation, surtout quand elles sont conçues délicatement servent à révéler la
meilleure façon d'inviter quelqu'un à venir pour n'importe quelle occasion.
Il existe, en gros, 2 types de cartes d’invitation (personnelles et formelles). Leur contenu
indique l’identité de l’émetteur, du destinateur, les raisons d’invitation, la date et le lieu. Dans
la carte formelle se trouvent en plus les formules de politesse et le programme (pour
l’invitation à la fête ou aux conférences).
Au niveau de la structure lexico-syntaxique, les cartes françaises et vietnamiennes ont
des structures syntaxiques propres qui expriment le degré d’intimité ou de distance. Celles des
vietnamiens ont un grand choix de titres d’appel, par contre leurs structures syntaxiques sont
moins variées.
Pour ce qui est de la forme, les cartes françaises possèdent une mise en page plus simple
et moins colorée (surtout celles d’invitation au mariage et à l’anniversaire) que celles des
Vietnamiens.
Les différences morpho-syntaxiques utilisées dans les types de cartes sont expliquées par
les propriétés de la culture des deux peuples français et vietnamien. En effet, les vietnamiens
ont un grand choix de titre d’appel suivant la relation sociale ou familiale ou considérée
comme telle (cô, gì, chú, bác, anh, chị, bạn, ông, bà, ngài…). D’autre part, dans leur mentalité,
les couleurs vivantes comme le rouge apportent du bonheur et de la chance, alors ils décorent

leurs cartes par beaucoup de rouge, de jaune, de fleurs et d’images animés symbolisant le
bonheur, le bien-être…

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Pour bien réaliser notre travail de recherche, nous avons collecté des cartes en français et
en vietnamien puis les avons classées, décrites et analysées en les caractérisant suivant les
types, la formulation, la mise en page… Tout cela afin de les comparer sous l’angle
pragmatique. Pour ce faire, nous adoptons la méthode descriptive des données collectées, puis
la méthode comparative, contrastive pour dégager des ressemblances et des différences
morphosyntaxiques et culturelles dans la structuration et la formulation des cartes.
Nos corpus sont constitués principalement des cartes d’invitation aux cérémonies
comprenant celles au mariage, celles à l’occasion d’un anniversaire, celles pour l’ouverture
d’une entreprise ou pour le centenaire d’une école, etc. Nous avons choisi ces types de cartes
parce que l’acte d’invitation aux cérémonies est très populaire dans les deux cultures.
Pourtant, en réalisant notre travail, nous avons rencontré encore beaucoup de difficultés dans
la collecte des corpus surtout dans celle en français. Par conséquent, malgré l’aide des amis
français et de nos collègues et professeurs vietnamiens, nous n’avons collecté que 80 cartes
françaises regroupées en 5 types de cérémonie (anniversaires, baptême, communion, mariage
et d’autres cérémonies). Cependant, nous avons trouvé plusieurs cartes d’invitation en
vietnamien mais elles ne sont pas variées comme nous croyions avec seulement 3 types de
cérémonie (anniversaire, mariage et des autres cérémonies). Cela est dû, d’une part, au grand
nombre de types de cérémonies en France dont certaines sont rares ou n’existent pas au
Vietnam. D’autre part, les Vietnamiens ont recours dans beaucoup de cas aux invitations
directes par des rencontres ou par des visites à la maison de l’invité ou au moins par des coups
de téléphone (si c’est amicale) pour des cérémonies informelles (comme l’anniversaire) parce
que la coutume veut que les contacts humains expriment mieux le respect de l’invité et
renforce la relation amicale entre les interactants. La deuxième difficulté provient de la
collecte des cartes d’invitation dont la formulation, la structuration ainsi que la décoration

restent assez semblables. Nous essayons alors de chercher les cartes d’invitation publiées à
l’Internet mais cela ne permet pas beaucoup d’enrichir notre corpus.
C’est pour ces raisons qu’après la sélection minutieuse, nous avons décidé de choisir 80
cartes d’invitation aux cérémonies en français et 31 en vietnamien. Bien que ces corpus soient
modestes, nous avons essayé de découvrir leurs caractéristiques principales et dégager les

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ressemblances et les différences dans l’acte d’invitation des français et celui des vietnamiens à
travers les cartes.
L’analyse des corpus est un point de départ pour notre recherche qui comprend trois
chapitres. Dans le premier, nous présenterons le cadre théorique. Il s’agit de la théorie des
actes de langage et des problèmes concernés qui servent de fondements théoriques aidant à
bien décrire un des actes rituels qu’est celui d’invitation. Ensuite, nous allons proposer une
définition générale de l’acte d’invitation et de la cérémonie. Nous essayerons de dégager les
valeurs pragmatiques et les conditions de réussite indispensables à l’acte d’invitation aux
cérémonies.
Le deuxième chapitre a pour objectif d’entreprendre une investigation comparative
visant à analyser la structuration et la formulation des cartes d’invitation aux cérémonies en
français et en vietnamien afin de dégager les caractéristiques de l’acte d’invitation dans les
deux cultures.
Dans le dernier chapitre, nous cherchons à dégager des ressemblances et différences
dans la structuration, et la formulation des cartes d’invitations des deux communautés de
langue française et vietnamienne et à les expliquer par les propriétés dans la culture des deux
peuples français et vietnamien.

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CHAPITRE I : Fondements

théoriques

Selon les théoriciens, le langage, outre sa force descriptive (à travers notamment des
propositions dites «constatives »), donne la possibilité au locuteur de réaliser des actions grâce
à l’énonciation d’une phrase « performative ». C’est par de tels actes que les êtres humains
expriment et communiquent leurs pensées. Ainsi, d’une façon générale, on entend acte de
langage « un moyen mis en œuvre par un locuteur » pour agir sur son environnement par ses
mots : il cherche à informer, inciter, demander, convaincre, etc. son ou ses interlocuteurs par
ce moyen. L’acte de langage désigne donc aussi l’objectif du locuteur au moment où il
formule son propos ». Autrement dit, l’acte de parole (ou l’acte de langage) peut être défini
comme le but communicatif de l’énonciation effectivement réalisée par un locuteur déterminé
dans une situation donnée.
Cependant, il existe différentes conceptions quant à la notion d’acte de langage dans
l’histoire d’évolution de la linguistique.

1. Conceptions des actes de langage
La théorie classique des actes de langage prend son point de départ dans la conviction
que l’unité minimale de la communication humain est l’accomplissement de certains types
d’actes. Une des approches originales en sciences du langage est l’approche pragmatique qui
est définie comme « l’étude du langage en acte ». Cette définition ouvre la voie à des types
d’investigation très divers :
La pragmatique de l’énonciation étudie le langage en situation qui est actualisé au cours
d’un acte d’énonciation particulier. L’objet des études dans ce domaine est son énonciation.
« Le langage envisagé comme un moyen d’agir sur le contexte interlocutif » qui permet
de réaliser un certain nombre d’actes spécifiques, appelés speech acts en anglais - traduit en
français par « actes de langage », « actes de discours », « actes de paroles », ou « actes de
communication ». Ces expressions désignent tout acte réalisé au moyen du langage.


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Et c’est aussi à partir de cette deuxième forme de pragmatique que les linguistes ont
développé la théorie de la pragmatique et la « pragmatique du troisième type », appelé « la
pragmatique interactionniste » a vu le jour. Ici, le langage est considéré moins comme un
moyen d’action que d’interaction entre des individus qui, lorsqu’ils se trouvent engagés dans
un processus communicatif quelconque, exercent tout au long de ce processus un réseau
d’influences mutuelles comme le disent les pionniers linguistes : parler, c’est échanger, et
c’est échanger en échangeant.
En 1962, la publication de l’ouvrage de J.L. Austin dont le titre « How to do thing with
words » - traduit en français « Quand dire, c’est faire », Seuil, 1970, - est considérée comme
un véritable acte de naissance de la théorie des speech acts.
1.1. Conception des actes de langage d’Austin et de Searle
Jusqu’aux années 50 du XXe siècle, selon les théories sémantiques, le langage sert à
décrire le monde par le biais de phrases qui rendent compte d’un état de fait et qui peuvent être
dites vraies ou fausses. Austin, avec son ouvrage publié en 1962, prouve que ce type d’analyse
ne permet pas de rendre compte de façon satisfaisante de l’usage que nous faisons
véritablement du langage.
Austin s’oppose à l’intérêt excessif porté à la phrase assertive, l’affirmation (avec les
valeurs de vérité qui lui sont attachées), et montre qu'il ne s’agit d’un type de phrases parmi
d’autres. Il remarque en effet que l’on utilise couramment le langage dans d’autres buts que
d’émettre des assertions vraies ou fausses.
Avec Austin, on prend conscience du fait que ce type d’analyse ne permet pas de rendre
compte de façon satisfaisante de l’usage que nous faisons véritablement du langage.
Austin distingue trois niveaux dans un énoncé : l’acte locutoire, l’acte illocutoire, et
l’acte perlocutoire :
- l'acte locutoire : c’est l’acte qu’on accomplit par le simple fait de dire quelque chose,
indépendamment des circonstances dans lesquelles on le produit. C’est l’acte de prononcer
une phrase en choisissant certains moyens linguistiques.


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- l'acte illocutoire : c’est l’acte de langage que l’on réalise par la production d’un
énoncé. On questionne, ordonne, affirme, on menace, etc.
- l'acte perlocutoire : c’est ce que l’énoncé provoque, ce sont ses effets sur les
interlocuteurs. Ils varient selon la situation de communication et sont en partie non
prédictibles. La parole est un moyen d’obtenir de tels effets (convaincre, séduire, effrayer,
émouvoir, agacer, etc.).
D’après lui, un énoncé performatif est un énoncé qui, sous réserve de certaines
conditions de réussite, accomplit l’acte qu’il dénomme. Et aussi dans son ouvrage, il affirme
que tous les énoncés sont dotés d’une force illocutionnaire (valeur d’acte), et même les
énoncés « constatifs », qui ne constituent qu’un type parmi d’autres d’actes de langage. Il
propose aussi une classification des valeurs illocutoires, ce sont :
- Les verdictifs ou actes « judiciaires » (comme condamner, décréter, etc.)
- Les exercitifs formulant un jugement, favorable ou non sur une conduite préconisée
(comme ordonner, pardonner, condamner, etc.)
- Les promissifs (comme promettre, garantir, etc.) qui obligent les locuteurs à adopter
une certaine conduite.
- Les comportatifs (comme s’excuser, remercier, critiquer, etc.) qui expriment une
attitude du locuteur envers la conduite antérieure ou imminente de quelqu’un.
- Les expositifs (comme affirmer, objecter, expliquer, etc.) qui expose une idée,
conduisent une argumentation, etc.
Quant au philosophe américain J.R.Searle, il affirme dans son ouvrage intitulé Speech
acts, paru en 1969, p.52) :
Premièrement, parler une langue, c’est réaliser des actes de langage. Deuxièmement :
ces actes sont en général rendu possibles par l’évidence de certaines règles régissant l’emploi
des éléments linguistiques, et c’est conformément à ces règles qu’ils se réalisent.


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D’après lui, l’énoncé linguistique fonctionne comme un acte particulier (ordre, question,
promesse, etc.), qui produit un certain effet et entraîne une certaine modification de la
situation interlocutive. Il distingue :
- Les actes de langage ou les actes illocutoires, qui correspondent aux différentes actions
peuvent être accomplis par des moyens langagiers. Le fonctionnement de ces actes est régi par
des règles de la langue.
- Les forces illocutoires, qui correspondent à la composante, dans un énoncé, permettant
à cet énoncé de fonctionner comme un acte particulier.
Ensuite, dans Sens et expression (publié en 1982), il distingue cinq catégories générales
d’actes illocutoires sur la base du but illocutoire et aussi de la direction d’ajustement entre les
mots et le monde, ce sont : les assertifs, les directifs, les promissifs, les expressifs, les
déclarations.
- Les assertifs : Ils ont pour but «d’engager la responsabilité du locuteur (à des degrés
divers) sur l’existence d’un état de chose, sur la vérité de la proposition exprimée». Et leur
direction d’ajustement va des mots au monde.
- Les directifs : Leur but consiste «dans le fait qu’ils constituent des tentatives de la part
du locuteur de faire faire quelque chose par l’auditeur» ; tentatives qui peuvent être «très
modestes» ou au contraire très «ardentes» selon l’axe du degré d’intensité de la présentation
du but.
- Les promissifs : Ce sont des actes «dont le but est d’obliger le locuteur (ici aussi, à
degrés variés) à adopter une certaine conduite future».
- Les expressifs : Ils sont définis comme ayant pour but «d’exprimer l’état
psychologique spécifié dans la condition de sincérité, vis-à-vis d’un état de choses spécifié
dans le contenu propositionnel».
- Les déclarations : L’accomplissement réussi de l’un de ses membres garantit que le
contenu correspond au monde.


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Searle a dit aussi que « à tout acte de langage possible correspond une phrase ou un
ensemble de phrases possibles dont l’énonciation littérale à l’intérieur d’une situation
particulière constitue l’accomplissement d’un acte de langage ».
En effet, la notion d’acte de langage qui dans la perspective austino-searlienne renvoie à
des unités isolées et non contextualisées doit être aménagée, revue, corrigée pour pouvoir
fonctionner efficacement dans le cadre d’un modèle des interactions.
Après Austin et Searle, nombreux chercheurs et linguistes traitent les problèmes de la
théorie speech acts, mais ils sont tous d’accord que tous les énoncés possèdent
intrinsèquement une valeur d’acte et que tout énoncé est doté d’une charge pragmatique plus
ou moins forte et évidente selon les cas.
1.2. Conception des actes de langage de C.Kerbrat-Orecchioni
Les actes de langage sont apparus dans la théorie classique des speech acts d’une façon
abstraite et isolée, ils détachent de leur contexte d’actualisation. Pourtant, en réalité, les actes
de langage fonctionnent en contexte et à l’intérieur d’une séquence d’actes. C’est aussi
l’objectif d’une discipline plus récente, la pragmatique des interactions verbales qui se fixe
comme « objectif de dégager les règles et principes qui sous-tendent le fonctionnement des
conversations, et plus généralement, des différents types d’échanges communicatifs qui
s’observent dans la vie quotidienne » (C.Kerbrat-Orecchioni 1994 : 7)
En général, les actes de langage ou actes illocutoires, qui correspondent aux différentes
actions que l’on peut accomplir par des moyens langagiers. Le fonctionnement de ces actes est
régi par des règles de la langue.
La notion d’acte de langage, déjà complexe dans les théories classiques, se complexifie
davantage depuis les avancées théorico-méthodologique apportées par la pragmatique
interactionniste. Cette discipline a fait évoluer la perception des actes de langage, la rendant
plus juste, car plus proche de la réalité pragmatique, et plus complexe à la fois. Dans les
interactions, les actes de langage nécessitent d’être incessamment apprivoisés, identifiés,
définis et redéfinis, car, malgré leurs proportions qui semblent réduites et facilement


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délimitées, il s’agit en réalité d’objets beaucoup plus vastes qui échappent aux tentatives de
figement descriptif.
Qu’est-ce donc qu’un acte de langage ? Selon C.Kerbrat-Orecchioni, l’acte de langage
est l’unité minimale de la grammaire. C’est aussi une suite linguistique dotée d’une certaine
valeur illocutoire (ou force illocutionnaire), et c’est encore une séquence qui prétend opérer
sur le destinataire un certain type de transformation.

2. Types de réalisation des actes de langage
Selon C. Kerbrat-Orecchioni, dire, c’est faire plusieurs choses à la fois (informer d’un
fait, et susciter une conduite) ; et plus précisément, dire, c’est faire une chose sous les
apparences d’une autre. En d’autres termes, en matière d’actes de langage, « il n’y a pas de
correspondance biunivoque entre un signifiant (forme de l’énoncé : déclarative ou impérative)
et un signifié (valeur d’assertion, de question ou d’ordre) ». Un acte de langage peut ainsi se
réaliser de différentes manières et une même structure peut exprimer des valeurs illocutoires
diverses.
Examinons un exemple d’une situation qui entraîne une action de la part de l’auditeur :
Le lundi matin, la mère dit à son enfant : « Il est déjà 8 heures 30». L’enfant finit assez
vite son petit-déjeuner et va à l’école.
Dans cette situation, on trouve que la mère ne dit pas à son enfant ce qu’il doit faire,
mais ce que la mère a parlé emmène à une décision que son enfant prend.
Dans certaines circonstances, les énoncés suivants sont pragmatiquement équivalents :
« ferme la porte », « tu peux/pourrais fermer la porte ? », « tu veux/voudrais fermer la
porte ? », « j’aimerais bien que tu fermes la porte », « la porte est ouverte », ou « il y a des
courants d’air ».
De façon générale, on distingue deux types de réalisations : réalisations directes et
réalisations indirectes.


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2.1. Réalisations directes
L’expression directe des actes de langage se base généralement sur deux types de
support principaux : les structures performatives et les formes de phrase.
- Les structures performatives
L’énoncé tel que «Je promets » est considéré comme l’énoncé performatif parce qu’on
ne peut pas dire «Je promets » sans promettre, et cet énoncé est aussi considéré comme l’acte
accompli puisqu’il dit explicitement qu’il est une promesse.
À l’issus du problème ci-dessus, C. Kerbrat-Orecchioni (2001, p.36) remarque :
« Les formulations performatives sont donc les plus claires auxquelles le locuteur puisse
recourir pour spécifier le statut pragmatique de l’énoncé qu’il produit. Mais ces
formulations n’existent pas pour tous les actes de langage et elles sont d’un usage relativement
rare […]. »
(C. Kerbrat-Orecchioni, Les actes de langage dans le discours, Nathan,)
- Les formes de phrase
Outre les structures explicites, les réalisations directes d’un acte de langage se font à
l’aide des formules diverses telle que la formule performative à la forme impérative. Cette
formule se présente sous des formes différentes, à savoir :
- L’infinitif prescriptif : « Éteindre sa cigarette avant d’entrer »
- Les tournures elliptiques : « Feu ? » ou « Deux baguettes ! »
- Certaines tournures déclaratives : « Il faut que tu partes. », « Je veux que tu partes. »,
« Tu fermeras la porte avant de partir. ».
2.2. Réalisations indirectes
On parle d’acte de langage indirect lorsqu’il s’exprime sous le couvert d’un autre acte.
Par exemple, dans «Tu peux fermer la porte ?», la valeur d’ordre s’exprime par le biais d’un
acte apparent de question (valeur «normale» de la structure interrogative».


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Les actes de langage indirects peuvent être conventionnels ou non conventionnels
(principe d’opposition qui est en réalité graduel) : dans le cas de « Tu peux fermer la
fenêtre ?» tout le monde admet que hors certains contextes particuliers, la structure vaut pour
une requête – cette valeur, qui peut encore être renforcée par un marqueur tel que « s’il te
plaît », est « conventionnelle » ; en revanche, si l’énoncé « Il y a des courants d’air.» peut
dans certaines circonstances recevoir cette même valeur, elle est alors «non conventionnelle»,
et très largement tributaire du contexte.

3. Facteurs d’influence des actes de langage
3.1. Contexte
Les actes de langage qu’Austin et Searle ont envisagés, apparaissent comme des entités
abstraites et isolées, c’est-à-dire détachées de leur contexte d’actualisation. Pourtant, dans la
communication réelle, les actes de langage fonctionnent en contexte, et à l’intérieur d’une
séquence d’actes qui ne sont pas enchaînés au hasard. Le contexte détermine le processus de
production ou d’interprétation. En ce qui concerne la production, le contexte détermine
l’ensemble des choix discursifs que doit effectuer le locuteur : sélection des thèmes et des
formes d’adresse, niveau de langue, actes de langage, etc.
Pour ce qui est de l’interprétation des énoncés par le récepteur, le contexte joue
également un rôle décisif, en particulier pour l’identification implicite du discours adressé.
Le contexte, autrement dit l’environnement extralinguistique de l’énoncé, se compose
des éléments suivants :
3.1.1. Le site (cadre spatio-temporel)
- Le cadre spatial peut être envisagé sous des aspects purement physiques : ce sont des
caractéristiques du lieu où se déroule l’interaction (lieu ouvert ou fermé, public ou privé, vaste
ou resserré, …) ; et le cadre spatial doit aussi être envisagé sous l’angle de sa fonction sociale
et institutionnelle.


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- Le cadre temporel est également déterminant pour le déroulement de l’interaction : le
discours tenu doit être apprécié au lieu, mais aussi au moment. (Par exemple : à partir de
quand et jusqu’à quand est-il convenable d’offrir ses vœux de nouvel an ?)
3.1.2. Le but
Celui-ci occupe dans le système global une place particulière. En effet, le but est dans
une certaine mesure intégré au site, puisqu’à tout site est associée une finalité intrinsèque,
mais il en est en même temps relativement autonome.
Le but de l’interaction, de l’acte de langage se localise quelque part entre le site (qui a
une destination propre), et les participants (qui ont leurs propres objectifs). Une interaction
comprend un but global de l’interaction et les buts plus ponctuels qui correspondent aux
différents actes de langage réalisés au cours de la rencontre.
3.1.3. Les participants
C’est l’aspect le plus important du cadre communicatif. Les participants peuvent être
envisagés dans leurs caractéristiques individuelles (âge, sexe, appartenance ethnique), sociales
(profession, statut, etc.) et psychologiques (constantes et passagères : caractère et humeur) ; ou
dans leurs relations mutuelles - degré de connaissance, nature du lien social (familial ou
professionnel, avec ou sans hiérarchie), et affectif (sympathie ou antipathie, amitié, amour, et
autres sentiments qui peuvent être ou non partagés), ou dans leur nombre : conversation à deux
« dialogue », à trois « trilogue » ou d’avantage « polylogue ».
3.2. Relation interpersonnelle
La dimension relationnelle se compose de différentes facettes, mais elle peut être
ramenées à deux axes principaux : l’axe « horizontal » et l’axe « vertical ».
3.2.1. La relation horizontale
L’axe de la relation horizontale est un axe graduel orienté d’un côté vers la distance, et
de l’autre vers la familiarité et l’intimité. Cette dimension permet, dans l’interaction, aux
partenaires de se montrer plus ou moins « proches » ou « éloignés ».


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En ce qui concerne la relation horizontale, les facteurs contextuels les plus déterminants
sont :
- Le fait que les interlocuteurs se connaissent un peu, beaucoup, ou pas du tout ;
- La nature du lien socio-affectif qui les unit ;
- La nature de la situation communicative (informelle ou formelle, voire cérémonielle)
3.2.2. La relation verticale (ou hiérarchique)
Cette dimension renvoie au fait que les partenaires en présence ne sont pas toujours
égaux dans l’interaction : l’un d’entre eux peut se trouver en position « haute » de
« dominant », cependant que l’autre est placé en position « basse » de « dominé ». La distance
verticale est par essence dissymétrique, ce qui reflète au niveau de ses marqueurs (par
exemple, dans l’utilisation non symétrique du pronom d’adresse).
3.3. Politesse linguistique
La politesse linguistique est un domaine d’investigation assez récent en sciences du
langage, un phénomène linguistiquement pertinent.
Pour R. Lakoff (1972), la politesse relève du rapport d’un interactant à autrui. Plus
précisément, la politesse est une manière pour tout sujet parlant de se comporter, d’interagir
avec autrui de manière harmonieuse selon les règles prescrites par un environnement social.
Pour la philosophe Camille Pernot (1996, p. 263)
« la politesse est, à tous égards, un art de communiquer qui […] rapproche les hommes
et donne à leurs relations extérieures la forme d’un commerce harmonieux.» et « la politesse
étant définie comme […] un ensemble de pratiques destinées, à l’occasion des rencontres
quotidiennes, à établir le contact et à faciliter les échanges entre les individus […]. »
Selon Henri Bergson (1991, p.152), la politesse est «un certain art de témoigner à
chacun par son attitude et ses paroles, l’estime et la considération auxquelles il a droit ».
Autrement dit, la politesse est en quelque sorte un protocole comportemental déployé par un
interactant dans un contexte socio-culturel précis.


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3.3.1. La face
Dans les interactions - les rencontres sociales, les interactants s’engagent verbalement à
respecter un «contrat communicatif » reposant sur le « principe de coopération ». La rencontre
communicative entre deux (ou plusieurs) individus est particulièrement délicate, car elle met
en contact, outre deux corps pourvus de la faculté de la parole, deux « faces sacrées » que les
locuteurs doivent préserver mutuellement.
La conception de la politesse se fonde sur la notion de « face », notion empruntée entre
autres à Goffman, mais étendue par incorporation de ce qu’on appelle plus communément le
« territoire ».
Selon Goffman (1993, p. 9), la notion de « face » peut être définie comme :
«La valeur sociale positive qu’une personne revendique effectivement à travers la ligne
d’action que les autres supposent qu’elle a adopté au cours d’un contact particulier».
Dans l’acception de Goffman, la face est importante pour l’individu, est une image du
moi, car il veut qu’elle soit ménagée, tout autant qu’il cherche à la préserver, à la garder. Bien
mener le jeu de l’interaction consiste donc à ménager la face des autres sans perdre la sienne :
«L’effet combiné des règles d’amour propre et de considération est que, dans les
rencontres, chacun tend à se conduire de façon à garder aussi bien sa propre face que celle
des autres participants» (Ibid., 1993, p. 44).
Tout l’effort que suppose ce ménagement réciproque s’appelle chez Goffman
«figuration » ou « face work » :
«Les règles de conduite empiètent sur un individu de deux façons générales:
directement, en tant qu’obligations, contraintes morales à se conduire de telle façon ;
indirectement, en tant qu’attentes de ce que les autres sont moralement tenus de faire à son
égard » (Ibid., 1993, p. 44).
Goffman constate qu’il existe des règles sociales qui devraient régir toute interaction
afin que celle-ci ne soit pas potentiellement menaçante pour la face des interactants. Goffman
divise ces règles en rites d’évitement (qui précisent ce qu’il ne faut pas faire) et rites de


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présentation (qui spécifient ce qu’il faut faire). A ces rites de préservation des faces Goffman
ajoute la réparation, qui permet de sauver la face si elle a été perdue.
Les linguistes Brown et Levinson (2000, p. 283) créent en 1978, en s’inspirant des
notions de «face» et de «territoire» de Goffman, la plus détaillée représentation des stratégies
de la politesse mise en relation à des comportements culturels différents :
«We would like our endeavour to be seen as an attempt to build one arch in one bridge
linking abstract concepts of social structure to behavioral facts »
Les deux auteurs construisent les notions de «face positive» qui équivaut à l’image de
soi-même positive, valorisante qu’une personne a besoin de recevoir des autres. C’est la
notion de «face» telle qu’on la trouve chez Goffman.
Pour Brown et Levinson donc, tout individu possède ces deux faces (positive et
négative). Ainsi, la plupart des actes de langage sont des actes potentiellement menaçants
(FTA) pour l’une des deux faces des interlocuteurs. La face positive, qui correspond en gros
au narcissisme, et à l’ensemble des images valorisantes que les interlocuteurs construisent et
tendent d’imposer d’eux-mêmes dans l’interaction. La face négative, qui correspond en gros à
ce que Goffman décrit comme les « territoires du moi » (territoire corporel, spatial, ou
temporel, biens matériels ou savoirs secrets …)
Toujours selon Brown et Levinson, toute interaction duelle met en présence quatre faces
(la face négative du locuteur, la face positive du locuteur, la face négative de l’interlocuteur, et
la face positive de l’interlocuteur). Ainsi, au cours du déroulement de l’interaction, les
interlocuteurs initient un certain nombre d’actes qui peuvent être menaçants pour l’une ou
l’autre de ces quatre faces d’où la naissance de l’expression « Face Threatening Act » (FTA)
qui correspond aux « actes menaçant pour les faces ».
Mais C.Kerbrat-Orecchioni trouve que le modèle de Brown et Levinson est exagérément
pessimiste, c’est-à-dire ce modèle présente les interactants comme des individus en perpétuelle
menace de FTA. Selon elle, il existe une autre catégorie d’actes qui peuvent être gratifiants

pour ces mêmes faces comme les vœux, les remerciements ou les compliments. Elle

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mentionne « en face de la notion de FTA, il convient de poser celle (que n’envisagent pas
Brown et Levinson) d’anti FTA (ou « actes anti menaçants ») qui ont au contraire pour les
faces, un effet positif : augmentation du territoire dans le cas du cadeau, valorisant de la face
positive dans le cas de louange, etc. (1992, p. 171). Et c’est d’où la notion et l’expression de la
« face flattering acts » (FFA) ou « actes gratifiants pour la face » (C.Kerbrat-Orecchioni 1996,
p. 54). Dans le but de créer, de retrouver une bonne «image du moi», la formulation d’un
certain nombre «d’actes rituels» qui visent à la préservation de la face et au maintien de
l’équilibre socio-relationnel a été mobilisé.
3.3.2. La politesse
La politesse est un ensemble de procédés que le locuteur met en œuvre pour ménager ou
valoriser son partenaire d'interaction. Décrite comme un moyen de minimiser ces menaces,
elle est également divisée en formes négatives et positives. La notion de « politesse» est ici
entendue au sens large, comme recouvrant tous les aspects du discours qui sont régis par des
règles, et dont la fonction est de préserver le caractère harmonieux de la relation
interpersonnelle. L’introduction des FFAs permet en outre de clarifier les notions de «politesse
négative» et de «politesse positive», qui sont chez Brown et Levinson passablement confuses.
De l’avis général, la politesse négative est de nature abstentionniste ou compensatoire :
elle consiste à éviter de produire un FTA, ou à en adoucir par quelque procédé la réalisation.
que ce FTA concerne la face négative (ex. : ordre) ou la face positive (ex. : critique) du
destinataire. Alors que la politesse positive, au contraire, est de nature productionniste : elle
consiste à effectuer quelque FFA pour la face négative (ex. : cadeau) ou positive (ex. :
compliment) du destinataire.
Dans le système global, la politesse positive occupe en droit une place aussi importante
que la politesse négative : se montrer poli dans l’interaction, c’est produire des FFAs tout
autant qu’adoucir l’expression des FTAs.

Nous avons présenté ci-dessus brièvement la théorie des actes de langage, ses
réalisations, ainsi que les facteurs d’influence. Il s’agit là la théorie nous permet d’analyser un
des actes de langage – acte de vœu dans les chapitres ci-dessous.

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4. L’acte d’invitation aux cérémonies
4.1. Définition de l’acte d’invitation
Pour bien comprendre l’acte d’invitation, nous allons analyser les définitions données
dans des dictionnaires, dans le Niveau Seuil et dans certains recueils de pragmatique.
Selon Larousse (1993), « Inviter. v. t. (lat. invitare). 1. Prier quelqu’un de venir en un
lieu, d’assister, de participer à quelque chose. Inviter qqn à dîner. 2. Absolt. Payer le repas, la
consommation, etc. Bois, c’est Paul qui invite […] ».
Larousse a ainsi précisé la nature (prier quelqu’un de faire quelque chose) et l’objet
(venir en un lieu, de participer ou assister à qqch) de l’acte d’invitation. Il a également abordé
le devoir de payer de l’inviteur.
D’après Lexis ( 1983), « inviter. v. t (lat. invitare : 1356). 1.3. (sujet nom de pers.).
Inviter quelqu’un, lui demander par courtoisie, par politesse, etc., de faire telle ou telle chose,
de venir à un lieu, d’assister à telle ou telle cérémonie : Barner invita Suzanne à danser
(Duras)… [Syn, CONVIER]… Invité, e.n. Personne que l’on a priée de venir assister à un
repas, à une cérémonie, etc. Vous êtes mon invité, laissez- moi payer les consommations
[…] ».
Le Lexis a presque la même définition que Larousse (1993) mais il a précisé la manière
d’inviter : par courtoisie, par politesse… A travers l’exemple donné au terme invité, le Lexis
détermine aussi celui qui paie une consommation, c’est l’inviteur.
Le Grande Larousse partage ces définitions en affirmant qu’il s’agit de « prier de venir
en un lieu et d’assister, de prendre part à qqch : inviter quelqu’un à dîner, à un bal, à une
cérémonie… ». Ce dictionnaire a également présenté des synonymes tels que convier, prier…
Le Niveau Seuil (1973 : 100) classe l’invitation dans la catégorie des actes d’ordre,

parmi les actes de proposer à autrui de faire quelque chose ensemble :
« I. 7.5. inviter :

+Je vous invite : à dîner au restaurant
à venir dîner à la maison

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au restaurant
+ Venez donc dîner à la maison
+ Il faut que vous veniez dîner à la maison
Nous dînions ensemble.
Allez, on va dîner au restaurant. Je vous invite.
Laissez-moi vous inviter
+Vous êtes mon invité
Si tu es libre, je vous invite.
Tu es libre ce soir ?
Qu’est-ce que tu fais ce soir ?
+ (Allez) viens (donc) chez moi, on fera…
Tu viens (travailler) avec moi ?
Tu ne fais rien ce soir ?
Tu n’as rien à faire ?
Viens donc voir mon nouveau vélo !
(Si tu veux), je t’invite à regarder le film chez moi.
Inviter consister alors, selon le Niveau Seuil, à proposer à quelqu’un de faire quelque
chose avec soi. Il appartient avec les actes proposer ou suggérer, aux actes d’ordre. Un trait
cependant distingue l’acte d’invitation de ces deux actes consiste en ce que l’invitation est
réalisée en faveur du récepteur. Une invitation comporte une certaine sympathie du locuteur et
une sorte de cadeau pour l’invité. De plus, une proposition est une suggestion qu’on peur

accepter ou non mais qu’on peut modifier, proposer de modifier alors qu’il est généralement
impossible de changer la date et/ou le lieu de l’invitation. Le Niveau Seuil a bien montré la
nature de l’acte d’invitation. Il a également relevé des moyens linguistiques pour réaliser une
invitation.

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Selon les définition des dictionnaire, on peut conclure que l’invitation est une sorte
d’acte de requête qui consiste à prier quelqu’un de venir en un lieu, d’assister ou de participer
à une cérémonie, qui implique un échange social requérant au moins deux participants et un
certains types d’énoncés et donc par l’ensemble de règles conversationnelles et sociales.
Conditions de réussite de l’acte d’invitation :
Selon la classification des actes illocutoires de Searle, l’invitation appartient aux actes
“directif”. La détermination de la nature de l’acte est importante parce que tout acte illocutoire
appartient à une classe en tant que sous type partageant toutes les propriétés définitives du
type en question. De plus, si un acte illocutoire appartient à une classe, il est influencé par les
conditions d’emploi de cet acte. Alors, qu’est-ce que l’acte directif et quelles sont les
conditions d’emploi de cet acte ?
D’après la définition de Searle, les “directives” sont des actes qui ont pour but illocutoire
de mettre l’interlocuteur dans l’obligation de réaliser une action future. Cette catégorie
regroupe ainsi toute acte ayant la tentative de faire agir autrui, visant à changer l’action
d’autrui. Les actes directifs correspondent aux verbes comme : ordonner, commander,
demander, solliciter, réclamer, inviter, supplier, permettre, conseiller, prier, insister, suggérer,
etc. Tous ces actes ont en commun la force illocutoire (agir sur l’interlocuteur) mais ils se
distinguent par leur degré de contrainte et par le fait qu’ils demandent à autrui de faire quelque
chose ensemble ou tout seul.
Comme les autres actes directifs, l’acte d’invitation est accompagné de certaines
conditions de réussite :
- Le récepteur B est capable de réaliser le fait C.

- L’émetteur A saut que le récepteur B est capable de réaliser le fait C.
- S’il n’y a pas d’invitation, A et B croient que B ne réalise pas soi même C.
- Le fait que B réalise C apportera essentiellement l’intérêt spirituel pour A et dans une
certaine mesure pour B.
- A espère vraiment que B réalise C

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