Tải bản đầy đủ (.pdf) (102 trang)

NTERVENTION ÉNONCIATIVE SUR LA PHRASE SỰ CAN THIỆP CỦA HOẠT ĐỘNG THÔNG BÁO TRÊN BÌNH DIỆN CÂU.PDF

Bạn đang xem bản rút gọn của tài liệu. Xem và tải ngay bản đầy đủ của tài liệu tại đây (1.09 MB, 102 trang )

BỘ GIÁO DỤC VÀ ĐÀO TẠO
TRƯỜNG ĐẠI HỌC SƯ PHẠM TP. HỒ CHÍ MINH

Trần Anh Hà

INTERVENTION ÉNONCIATIVE
SUR LA PHRASE
SỰ CAN THIỆP CỦA HOẠT ĐỘNG THÔNG BÁO
TRÊN BÌNH DIỆN CÂU

Chuyên ngành: Lý luận và Phương pháp Dạy học môn Tiếng Pháp
Mã số: 60.14.10.
LUẬN VĂN THẠC SĨ
LÝ LUẬN VÀ PHƯƠNG PHÁP DẠY HỌC MÔN TIẾNG PHÁP

NGƯỜI HƯỚNG DẪN KHOA HỌC:
TS.HUỲNH THANH TRIỀU

Thành phố Hồ Chí Minh - 2011


1

REMERCIEMENTS

Je tiens à exprimer mes remerciements à :
-

Monsieur HUYNH THANH TRIEU, professeur à l’Université de Pédagogie
de Ho Chi Minh-ville, mon directeur de recherche, pour ses conseils, ses
encouragements et son soutien.



-

Madame NGUYEN XUAN NGOC HUYEN qui m’a beaucoup aidée et
encouragée.

-

Madame VERONIQUE NGUYEN pour ses conseils et sa lecture de mon
mémoire.

-

Tous les professeurs et le personnel du Département de Français de
l’Université de Pédagogie de Ho Chi Minh-ville et de l’Université de Qui
Nhon qui ont crée des conditions favorables pour mon travail.

-

Ma famille qui m’a beaucoup aidée et encouragée à réaliser ce mémoire.


3

INTRODUCTION
Motivation de recherche
Connaître un pays signifie étudier sa culture, y compris sa langue. Et
communiquer dans une langue c'est maitriser, entre autres, sa grammaire. Cela
explique


pourquoi

l’ensemble

de

la

problématique

grammaticale

dans

l’enseignement - apprentissage des langues étrangères se trouve toujours au centre
d’intérêt des didacticiens.
Notre intérêt porte justement sur le rôle de cette discipline, précisément sur la
façon de donner du sens à l’activité grammaticale et de satisfaire l’attente des
élèves. « Je suis disposé à m’en servir si je sais à quoi ça sert. »
(CHRISTIANNE.B., CORDULA. F., 1993 : 6).
Pourtant, dans la perspective théorique d’une linguistique des opérations
énonciatives, on ne peut dissocier syntaxe et sémantique, et on n’évacue pas ce qui
relève de l’activité langagière de prise en charge par un énonciateur… Une
grammaire de l’énonciation prend, par exemple, nécessairement en compte la
négociation du sens et les ajustements nécessaires dans la compréhension et la
production et ne peut se réduire aux procédés purement morpho - syntaxique. Les
valeurs sémantiques de base doivent subir le filtrage du contexte et de la
connaissance du monde. (CHRISTIANNE.B., CORDULA.F., 1993 : 90-91)
Ce concept suggère un regard sur la relation entre l’activité énonciative et la
grammaire.


L’énonciation

rattache

entre

eux

les

facteurs suivants :

la

communication, l’énonciateur et les règles grammaticales. Ce à quoi on a pourtant
accordé peu d’attention jusqu’ici, c’est le fait que l’énonciation laisse ses traces
dans l’énoncé, comme un des phénomènes de l’activité langagière, celui que la
linguistique a donc pour tâche de théoriser. L’énoncé doit être regardé alors non
seulement comme un instrument « neutre » destiné à transmettre des messages mais
aussi comme un procédé de « faire remarquer » celui qui parle.


4

Pourtant, les ouvrages mettant en valeur le lien entre l’énonciation et la
grammaire ne sont pas abondants. Pour nos étudiants, la linguistique énonciative
semble assez étrangère. Pour tester leur sensibilité des facteurs énonciatifs, nous
avons mis en œuvre une enquête sous forme d’une pratique réfléchie. Nous leur
avons demandé de traduire quelques exemples - du français en vietnamien et

inversement - qui contiennent des éléments énonciatifs à tenir en compte. Le
résultat obtenu confirme ce que nous supposions. Les erreurs sont nombreuses. Un
grand nombre d’étudiants ne sont pas arrivés à identifier l’énonciation dans les
structures phrastiques. Cette lacune nous a suggéré à prendre la perspective
énonciative pour notre mémoire. Notre sujet de recherche s'intitule donc «Les
interventions énonciatives sur la phrase».

Question de recherche
Les travaux consacrés à l’étude énonciative sont nombreux : La théorie des
actes de paroles de John A. Austin, L’appareil formel de l’énonciation d’Emile
Benveniste, La polyphonie énonciative d’Oswald Ducrot, L’opération énonciative
d’Antoine Culioli, L’approche de l’énonciation de Dominique Maingueneau, La
subjectivité du sujet parlant et Les implicites de Catherine Kerbrat-Orecchioni…
Pourtant, le domaine de l’énonciation est trop vaste pour qu’on puisse en
avoir une conception complète ou achevée. Observant la langue courante, on peut
trouver qu’il existe un grand nombre de termes de phrases qui ne sont analysables
que par une référence au niveau énonciatif, sinon ils seraient laissés dans un état
confus. Examinons l’usage de bien et bien sûr dans les exemples suivants :
Elle chante bien.
Bien sûr elle est belle.
Dans le premier exemple, bien joue le rôle d’adverbe pour modifier la forme
verbale chante, ce qui permet de conclure que sa place appartient à la syntaxe
phrastique. Dans le deuxième exemple, Bien sûr est un élément qui a pour fonction
de marquer l’attitude du sujet parlant vis-à-vis de tout ce qu’il dit, ce qui permet de


5

conclure qu’il est détaché de la phrase et qu’il se trouve hors de la syntaxe
phrastique.

Comme nous l’avons signalé, il ne nous semble pas que ce genre de
problème soit abondamment abordé dans les ouvrages linguistiques. Partant des
observations que nous avons pu faire sur le phénomène en question, nous cernons
attention autour des questions suivantes :
• Comment fonctionnent les interventions énonciatives sur la phrase ?
• Comment peut-on les identifier ?
• Au point de vue scientifique, comment les théoriser ?
Une étude plus ou moins approfondie de la phrase demande donc qu’on
l’examine dans une relation étroite avec la dimension qui la produit, la dimension
énonciative.

Objet de recherche
Nous poursuivons notre recherche dans la perspective suivante : d’abord
fonder notre réflexion sur les connaissances de base en linguistique énonciative.
Ensuite, essayer d’ouvrir une porte sur une prise en compte de l’énonciation dans
l’analyse des catégories grammaticales observées dans une phrase. Le concept
traditionnel de « catégories grammaticales » est trop rigoureux, il faut donc
éviter « un enseignement trop restreint, issu d’un concept appauvrie de la
grammaire, limitée à des propriétés purement formelle, comme cela est souvent
pratique. »
(CHRISTIANNE.B., CORDULA.F., 1993 : 91)
Il en découle de tout ce qui a été dit que nous devons observer l’usage des
éléments extra-syntaxiques en contexte, surtout dans son rapport avec les facteurs
énonciatifs. Ce point de vue doit aider à expliquer les ambiguïtés rencontrées dans
la langue courante mais auxquelles peu de gens s'intéressent. En ce qui concerne
notre enseignement, nous espérons pouvoir fournir des dispositifs didactiques que


6


nos élèves puissent utiliser pour la maîtrise d’un point grammatical assez particulier
du français.

Histoire de recherche
Au cours de notre recherche, nous avons consulté des ouvrages de la
linguistique énonciative, des sites d’internet et des articles concernant la théorie en
question, avec l’espoir de pouvoir réaliser notre projet. Le contenu de ces
documents porte sur les différents aspects de l’activité énonciative : la structure
formelle des énoncés, l’opération de l’activité énonciative, les traces énonciatives
dans la structure des énoncés, la subjectivité du sujet parlant et l’aspect
pragmatique des énoncés. Nous avons pourtant rencontré des difficultés, car les
documents abordant directement notre problème ne sont pas à notre portée. Pour
traiter notre problème, dans la plupart de cas, nous avons dû recourir à nos propres
expériences. C’est vraiment un obstacle dans l’objectif d’approfondir notre
recherche, mais c’est aussi une belle occasion d’observer de près le fonctionnement
d’un fait de langue sur son propre terrain, dans ses propres expressions.
Après la partie théorique, suit la description d’un bon nombre de cas
d’adverbes de jugement, grâce à laquelle nous avons pu trouver ce que nous
attendions. Nous avons découvert que les éléments énonciatifs insérés dans la
structure phrastique révèlent d’un mécanisme naturel mais peu abordé de la parole :
elle transmet un fait et à la fois l’attitude de celui qui parle vis-à-vis de ce fait.
Nous axons donc notre recherche sur les éléments détachés de la syntaxe
phrastique afin d’éviter un exposé décousu ou superficiel, dans l’intention de
sensibiliser à un aspect nouveau de l’enseignement de la grammaire. Ce que nous
proposons dans notre mémoire vise à offrir une conception plus large sur
l’organisation syntaxique, et extra-syntaxique aussi, d’un énoncé, surtout en ce qui
concerne l’image du locuteur qui s’y trouve.


7


CHAPITRE 1 : CADRE THÉORIQUE
Les années 70 ont été marquées, en Europe, et notamment en France, par les
travaux de Bally, Jakobson, Benveniste, qui se sont intéressés à la linguistique
énonciative, une réaction contre le structuralisme. Le structuralisme a étudié la
langue du côté théorique avec les recherches sur les règles syntagmatiques. Par
contre, la linguistique énonciative fournit un point de vue plus élargi, en prenant en
compte la pratique de la parole, surtout ses situations d’énonciation, autrement dit
« la manifestation de la langue dans la communication vivante » (PAVEAU M-A.,
SARFATI G-E., 2003 : 166).
L’apparition de cette perspective est devenue vite la plus importante pour
dépasser les limites des linguistiques de la langue et enrichir le champ des
connaissances ouvert à l’énonciation. « C’est une volonté de l’étude des faits de
parole : la production des énoncés par les locuteurs dans la réalité de la
communication. » (PAVEAU M-A., SARFATI G-E., 2003 : 166). Elle se base sur
l’observation des situations d’énonciation, depuis les locuteurs jusqu’aux facteurs
psychologiques et circonstanciels qui les entourent. La phrase n’est plus l’unité
ultime à analyser, car le sens du message est construit aussi par les éléments autres
que le lexique et la syntaxe. L’objet d’étude de la linguistique passe ainsi de la
langue au discours, et la notion de communication a crée des unités plus grandes
que la phrase, celles de discours et de texte par exemple.
Cette procédure offre une série de paramètres de la communication, parmi
lesquelles il y a l’attitude du sujet parlant. On peut maintenant y voir les facteurs
comme son ton, son sentiment, son jugement, son égard vis-à-vis de ce qu’il
raconte, vis-à-vis de celui à qui il adresse sa parole…
La théorie de l’énonciation se partage cependant en deux conceptions : Une
conception restreinte (linguistique) qui étudie les traces du procès d’énonciation
dans l’énoncé : les déictiques personnels, spatio-temporels, les temps verbaux et les
modalités. Une conception élargie (discussive) considère l’énonciation comme une



8

activité, fait d’actes de langage, entre deux personnes, locuteur et allocutaire dans le
cadre d’une situation d’interaction. L’énonciation relève, dans cette conception,
d’une étude générale du comportement linguistique de l’homme dans la société. Vu
sa singularité, notre champ de recherche se confine dans la première conception.
Ce chapitre vise ainsi à fournir une description rapide de la théorie
énonciative en expliquant pourquoi nous avons décidé de choisir notre sujet de
recherche. Afin de donner un vu plus large sur le courant énonciatif, faisons un tour
sur l’origine et les grandes théories de ce penchant linguistique.

1.1.

Description générale de la linguistique énonciative

La phrase est l’unité formelle de la grammaire qui doit respecter les règles
morpho - syntaxiques. Par contre, l’énoncé est l’unité fondamentale de la
pragmatique. Celle-ci cerne son champ d’investigations dans la fonction de la
langue dans la communication.
Pour avoir une nette conception sur la nature du problème, nous croyons
nécessaire de revoir la définition de trois termes qui vont apparaître dans notre
mémoire : « phrase », « énonciation » et « énoncé ». Au cours de notre recherche,
nous avons pu constater qu’il existe plusieurs définitions autour de ces trois termes.
Il faut donc choisir la plus pertinente pour notre recherche.

1.1.1. Définitions des notions principales
1.1.1.1. Phrase
Les définitions de la phrase sont multiples, et selon le point de vue adopté,
elles varient considérablement. D’abord, dans Bescherelle, La Grammaire pour

tous, version 2006, nous trouvons :
Une phrase est un ensemble de mots dont le premier commence par une
majuscule et dont le dernier est suivi d’un point. Cette suite de mot constitue un
sens complet. En règle générale, une phrase se construit autour d’un verbe qui en
est le pivot. (BESCHERELLE, 2006)


9

La phrase est considérée par les auteurs du Dictionnaire Larousse comme
« une unité élémentaire d’un énoncé, formée de plusieurs mots ou groupes de mots
(propositions) dont la construction présente un sens complète ». (Dictionnaire
Larousse, 2009).
Pour Guy Spielmann, Faculté de français, Université de Georgetown,
Washington (textes et écriture de L'énonciation, édition 2007), La phrase suppose
l'existence d'une structure syntaxique, manifeste ou non: «Je ne m'intéresse pas à
la politique» est clairement une phrase, dont la structure est facile à analyser.
La phrase se définit sans référence à l'instance de sa production, et selon des
relations purement internes (sujet – verbe - complément, ou groupe nominal/
groupe prédicatif). Sa construction obéit à des critères formels de morphologie
(forme et variation des mots) et de syntaxe (agencement des mots en séquence). Son
sens est donc déterminé par le sens des mots tel qu'on le trouve dans un
dictionnaire

(la

dénotation)

:


« s'intéresser

à

»,

«

la

politique

».

www9.georgetown.edu/.../enonciation.htm.
On peut voir que quel que soit le point de vue qu’on adopte pour définir la
phrase, celle-ci est complètement détachée de la dimension énonciative. On ne peut
pas reprocher cette approche « purement grammaticale », mais cela montre qu’on
risquera une fautive conception à son égard en la tenant toujours dans une
organisation trop « close », et qu’une vision plus élargie pour cette unité
linguistique est nécessaire.

1.1.1.2. Énonciation
C’est en Europe, à la suite des travaux des formalistes russes, que les grandes
écoles linguistiques de Prague avec Jakobson, de Genève avec Bailly, de France
avec Benveniste, de Copenhague avec Hjelmslev que s’est élaboré le concept
d’énonciation. Au cours du temps, l’énonciation est présentée sous différentes
approches.
C’est chez E. Benveniste (1902-1976) qu’on trouve la première et canonique
définition de l’énonciation : « L’énonciation est une mise en fonctionnement de la



10

langue par un acte individuel d’utilisation. » (BENVENISTE E., 1974 : 80). A son
époque, il a commencé à sensibiliser au rôle du sujet parlant. Benveniste a considéré
l’énonciation « comme une appropriation de la langue » (BENVENISTE E., 1974 :
80). C’est une opération du sujet parlant qui maitrise la langue et transmet des
informations à son interlocuteur. Cette procédure révèle des indices spécifiques que
Benveniste appelle « des déictiques ». Bien que cette définition soit limitée au cadre
de la phrase, on a grâce à elle une première approche grammairienne de
l’énonciation.
Les linguistiques du texte et du discours élargiront ce concept au-delà de la
phrase. Une autre définition « fondatrice » en France par O. Ducrot (né en 1930) est
proche à celle de Benveniste. Nous en donnons ici la reformulation récente : « C’est
l’événement historique constitué par le fait qu’un énoncé a été produit, c'est-à-dire
qu’une phrase a été réalisée. » (PAVEAU M-A., SARFATI G-E., 2003 :171). Ici,
l’énonciation est considérée comme une activité destinée à produire un énoncé.
Comme la définition d’E. Benveniste, celle-ci examine l’énonciation sous l’aspect
totalement linguistique. Suivant l’évolution de la linguistique, deux définitions d’E.
Benveniste et d’O. Ducrot ont guidé le travail scientifique vers la linguistique
énonciative.
Récemment, nous avons trouvé une définition du terme « énonciation » dans
Dictionnaire pratique de didactique du FLE : « L’énonciation désigne la
production individuelle d’un énoncé réalisé par un acte de parole dans le cadre
d’un discours lié à une situation d’énonciation qui s’inscrit dans une situation de
communication. » (GALLISON R., COSTE D., 2002 : 64).
La linguistique vise ainsi à avoir une définition plus pertinente de ce terme
dans le sens de la production et tenant en compte des facteurs situationnels. On peut
voir que l’énonciation, en tant qu’une procédure, s’attache à trois éléments : le

discours, le contexte et la communication.
L’étude de l’acte de l’énonciation permet de repérer des paramètres de la
situation de communication et l’attitude du locuteur à l’égard du discours émis. Elle


11

revient à déterminer comment le locuteur manifeste son énoncé, quelle relation il
entretient avec le locuteur à travers son texte et quelle est son attitude par rapport à
ce qu’il dit. Pour avoir des connaissances plus complètes sur l’énonciation, il est
donc nécessaire de prendre en compte le rôle du sujet parlant dans sa production
d’énoncés.

1.1.1.3. Énoncé
Etant le résultat de l’énonciation, l’énoncé est vu de différents points de vue.
Dans Dictionnaire pratique de didactique du FLE, nous trouvons certaines
définitions de ce terme: « En langue usuelle, un énoncé est une phrase ou un
ensemble de phrase orales ou écrites » ou « segment de la chaîne parlée ou écrite »
(GALLISON R., COSTE D., 1988). Ici, le terme « énoncé » est considéré de la
même manière que la phrase.
Dans une autre source documentaire, Le dictionnaire Graffito, l’énoncé est le
produit de l’acte d’énoncer et il est issu du latin « enuntiave » qui veut dire
« exprimer par les mots, exposer » (GALLISON R., COSTE D., 1988).
Dans Textes et écriture de L'énonciation, version 2007, de Dr. Guy
Spielmann, Faculté de Français, Université de Georgetown, Washington, cet auteur
prend en considération un autre aspect de l’énoncé :
Un énoncé, … s'envisage selon trois paramètres: un temps, un lieu, et un
sujet. Son sens ne peut être déterminé qu'en fonction d'un cadre énonciatif et d'une
fonction communicative. Par exemple, en tant qu'énoncé, «Je ne m'intéresse pas à
la politique» changera de sens selon la référence du «Je» (venant d'un homme

politique par exemple, cette assertion serait pour le moins insolite, paradoxale,
peut-être provocatrice), et sa valeur varie selon l'ambiance culturelle du lieu et du
moment: en période électorale, dans un pays totalitaire où «s'intéresser à la
politique»

(ou

le

dire)

peut

www9.georgetown.edu/.../enonciation.htm

s'avérer

dangereux,

etc.


12

On peut voir que l’auteur considère l’énoncé comme le reflet de
l’énonciation qui dépend elle-même du contexte. Il est aussi l’image d’une phrase
prononcée dans une situation donnée de communication. Nous employons, en
fonction de son environnement, tantôt « phrase » tantôt « énoncé », pour décrire
notre problème. Certes, deux notions ne sont pas équivalentes : la phrase n’est
considérée comme un énoncé que lorsqu’elle doit être rapportée à l’activité d’un

énonciateur qui prend en charge son discours. L’unité « phrase » est ainsi plus
simple que celle d’« énoncé » et ne se réfère pas au contexte d’énonciation.

Phrase

Forme syntaxique comprenant au moins un verbe
conjugué.
(ex. Je n'aime pas beaucoup le poisson surgelé)

Énoncé

Produit d'un énonciateur au cours d'un acte
d'énonciation dans une situation donnée.
Il

ne

s'agit

pas

forcément

d'une

phrase

(ex. Moi, le poisson surgelé, bof…)
(www.linguistes.com/.../courants.html
La différence entre phrase et énoncé tient donc du type d'analyse. La

grammaire considère la phrase comme unité fondamentale, et décrit les actes de
langage du point de vue phrastique, à savoir comme des séquences qui peuvent être
tronquées, elliptiques, déstructurées ou « transformées ». La pragmatique ne
s'intéresse pas tant à la forme d’un message qu'à sa fonction communicative, et donc
au contexte ainsi qu'aux mécanismes de référence à ce contexte et à l'énonciation
elle-même (la deixis). www9.georgetown.edu/.../enonciation.htm


13

1.1.2. Origine de la linguistique énonciative
La recherche sur la linguistique se divise en deux axes : linguistiques internes
et linguistiques externes. Les premières sont des disciplines autonomes qui cernent
les questions purement linguistiques. Les deuxièmes étudient la langue en relation
avec les autres disciplines comme la sociolinguistique ou la psycholinguistique.
On remarque que la « linguistique énonciative » relève des linguistiques
internes. Étant contre la conception purement « instrumentale », qui privilégie le
code de la langue, la linguistique énonciative considère la langue comme un acte de
parole, placé dans une situation de communication particulière.

(www.linguistes.com/.../courants.html)
Les linguistiques internes, à leur tour, se divisent en deux axes : structurale et
énonciative. A leur temps, les élèves de F. Saussure ont fait publier « Cours de
linguistique générale ». Après, on a connu une grande étape de développement du
structuralisme, celle de 1930 à 1975. Enfin, la linguistique énonciative hérite d'une
partie de la linguistique structurale. Elle se développait avec l’ouvrage « La nature
des pronoms » d’E. Benveniste mais cette branche n'a plus évolué depuis.


14


STRUCTURALISME ET LINGUISTIQUES ÉNONCIATIVES

(www.linguistes.com/.../courants.html)

1.1.3. Les grands auteurs de la linguistique énonciative
Avant d’aborder notre sujet, faisons un tour des grands auteurs de la
linguistique énonciative pour mieux voir la raison du choix de notre sujet de
recherche.

Etymologiquement,

le

mot

énonciation

relève

du

mot

latin

« enunciatio », qui signifie « proposition, énoncé ».
Son sens linguistique s’est fixé vers 1920, avec Bally. Du point de vue
langagier, l’énonciation se définit comme l’ensemble d’actes effectués par le sujet
parlant afin de construire dans un énoncé un ensemble de représentations

communicables. Bally et Sechehaye, disciples de Ferdinand de Saussure, dont ils
ont publié Le Cours de Linguistique Générale, mirent les bases d’une théorie de
l’énonciation. La théorie de Charles Bally postule que tout énoncé communique une
pensée et comprend deux composantes : le dictum, qui correspond au contenu
représenté, à ce qui est dit du monde de référence, et le modus, qui correspond à
l’attitude exprimée par l’auteur de l’énoncé.


15

Par suite, il y a eu un grand nombre d'auteurs qui ont apporté des contributions
importantes à ce domaine : Roman Jakobson, Emile Benveniste, Mikhaïl Bakhtine,
Catherine Kerbrat - Orrecchioni, Oswald Ducrot, Antoine Culioli

et D.

Maingueneau. Leurs travaux sur l’énonciation se sont organisés autour de trois
noyaux en fonction de leurs préoccupations :
+ L’ancrage énonciatif et la deixis contextuelle, le présupposé théorique
concernant le fait que tout énoncé est porteur des traces de son énonciation et est
relié aux circonstances qui l’ont vu naître (Roman Jakobson, Emile Benveniste,
Antoine Culioli, Catherine Kerbrat - Orrecchioni).
+ La subjectivité énonciative et la modalisation, qui suppose que tout énoncé
est porteur des choix opérés par son auteur dans une situation d’interlocution réelle
ou virtuelle (Charles Bally, Albert Sechehaye, Patrick Charaudeau).
+ L’intertextualité et la polyphonie, qui suppose que certains énoncés sont
rapportés et attribués à une source extérieure au locuteur et que dans toute
énonciation il y a une part d’emprunts à des énonciations antérieures (Oswald
Ducrot).
Une description sommaire de la linguistique de l’énonciation pourrait être

illustrée par le schéma suivant dont les composants tels des poupées gigognes
« s’emboîteraient » les unes dans les autres, de la plus petite à la plus grande :
« signes – énoncés – acte de parole – discours – situation d’énonciation – situation
de communication.» (GALLISON R., COSTE D., 1988 : 64).
Ces mots sont les signes qui permettent la réalisation d’énoncés qui sont
autant de formulations d’actes de parole nécessaires à l’élaboration d’un discours
dans le cadre d’une situation d’énonciation (qui relève de la situation de
communication).
Pour notre mémoire, nous concentrons notre attention sur les théories qui
guident notre recherche : celles qui se penchent sur la fonction expressive du


16

langage, ce qu’on trouve dans le schéma de communication de R. Jakobson (1963),
avec la fonction expressive.
Par suite, c’est l’apparition de la théorie des actes de langages de J.A.
Austin (1962) en Angleterre. Elle manifeste sa réflexion sur l’énonciation effectuée
par les verbes performatifs. Cette théorie distingue trois types d’actes de langages :
locuteur, illocutoire et perlocutoire. Un acte locutoire a fonction de produire une
parole. Un acte illocutoire est accompli en disant quelque chose. Un acte
perlocutoire correspond à l’effet produit sur l’interlocutoire par l’acte illocutoire.
Rendant hommage à R. Jakobson, E. Benveniste (1966), pour sa part, ouvre
la voie aux études linguistiques sur la subjectivité dans le langage. La subjectivité
est la capacité du locuteur à se poser comme sujet. Nous rencontrons dans sa théorie
des réflexions sur le système des personnes grammaticales, le système temporel en
relation avec une personne grammaticale (récit/discours), les verbes de modalité, la
performativité et plus tard un essai de définition de l’appareil formel de
l’énonciation. C’est Benveniste qui est l’auteur de la définition primaire de
l’énonciation.

Enfin, nous cernons notre attention sur deux concepts : modalisation et
modalité.
La Modalisation est une catégorie de langue qui regroupe l’ensemble des
procédés strictement linguistiques lesquels permettent d’exprimer explicitement le
point de vue locutoire du locuteur. (CHARAUDEAU P., 1992 : 347)
L’auteur de ce concept considère la modalisation comme une expression
linguistique qui a pour fonction de révéler le point de vue du sujet parlant envers ce
qu’il dit. Autrement dit, ce concept signifie la marque donnée par le sujet parlant à
son énoncé. Elle s’agit de la manière dont le sujet met en fonction la langue selon sa
subjectivité. Dans la langue courante, la modalisation peut s’exprimer à l’aide des
moyens linguistiques très divers : lexicaux, grammaticaux et syntaxiques. Par
exemple,

les

adverbes de

jugement

(peut-être,

sans

doute,

sûrement,

évidemment…), les temps verbaux (futur simple, conditionnel, imparfait),



17

l’expression de pronoms personnels « je » avec les verbes performatifs et les
propositions incises.
D’un autre côté, le terme de modalité, en linguistique, est emprunté aux
logiques et applique dans les différents champs. Son acception varie selon les
auteurs et les époques, de la plus restreinte (mode), à la plus étendue (modalisation).
Si modalité renvoie davantage aujourd’hui aux approches syntaxiques et
grammaticales des langues, modalisation renvoie plutôt aux approches énonciatives
et pragmatiques des usages langagiers.
La définition du terme « modalité » chez Bally, en 1920, est considérée
comme l’âme de la phrase, et de même que la pensée. Elle est constituée
essentiellement par l’opération active du sujet parlant. Cela signifie que les études
de la modalité sont liées au sujet parlant. Les recherches sur les modalités du
discours ont été suivies par d’E. Benveniste et après par C. Kebrat - Orrecchioni. La
recherche de Catherine Kebrat - Orrecchioni s’arrête cependant aux traces lexicales
de l’énonciation.
Dans la linguistique énonciative, il existe parallèlement deux concepts :
modalités énonciatives et modalités des énoncés. D’abord, il y a quatre modalités
énonciatives qui correspondent aux quatre types de phrases fondamentaux dans la
phrase.
Types de phrases

Exemples

Assertive

Tu restes souvent silencieux.

Interrogative


Tu restes souvent silencieux ?

Exclamative

Tu restes souvent silencieux !

Impérative

Reste silencieux

Les modalités des énoncés se divisent en modalités appréciatives et modalités
logiques. Ils comprennent deux types d’attitudes de modalités qui correspondent à
l’affectivité et le jugement du sujet parlant. Cette branche de recherche traite la
« distance » établie entre le locuteur et son message, ou son lien au message. Le


18

message est vu alors non seulement comme une transmission d’information, mais
aussi comme la manifestation de la manière

dont le locuteur effectue cette

transmission, que cette manière soit explicite ou implicite.
Une réflexion sur la modalisation nous permettra ainsi de repérer les
commentaires énonciatifs qui ne peuvent s’analyser syntaxiquement qu’en liaison
avec l’énoncé en raison d’exprimer une appréciation de celui qui parle, acte qui se
rapporte à l’ensemble de l’énoncé, au lieu de se trouver au sein de celui-ci.


1.2. Présentation du sujet de recherche
Si tout acte d’énonciation est bien un événement unique, supporté par un
énonciateur et un destinataire particuliers dans le cadre d’une situation
particuliers, et si la parole c’est précisément le domaine de l’individu, de chaque
événement historique qui constitue un acte de communication accompli, ne doit on
pas renvoyer l’énonciation au domaine de la parole, puisque la linguistique
moderne se réclame du couple saussurien langue/parole ?... L’énonciation, activité
indispensable mais inconnaissable, qui s’efface derrière son produit, l’énoncé, seul
objet d’étude du linguiste ? Les progrès spectaculaires de la linguistique tout au
long du XX e ne semblent – ils pas liés au choix de prendre en considération la seule
architecture interne de la langue ?

(MAINGUENEAU D., 1981 : 7)

Suivant l’optique de Maingueneau, notre réflexion s'appuie d’abord sur la
présence du deuxième facteur de l’activité langagière auquel on n’avait pas accordé
suffisamment d’attention - l’énonciation. Nos raisonnements se basent sur les
fonctions naturelles de la langue, et celles-ci nous permettent au moins d’affirmer
que la structure formelle de l’énoncé transmet le contenu du message alors que
l’énonciation laisse voir l’intervention du locuteur dans son propre message.
Deuxièmement, nous cernons notre attention sur le concept modalité. Chaque
acte de langage possède ses différentes modalités qui révèlent son système et son
sous-système et qui marquent trahit le sujet parlant par rapport à son message. A ce


19

propos, il est utile de rappeler que John Austin définit l’acte locutoire comme le fait
de dire la parole, et dans La grammaire du sens et de l’expression, Patrick
Charaudeau dit : « Toute modalité implique un acte locutoire » (CHARAUDEAU

P., 1992 : 576). De son côté, et dès les années 1960, R. Jakobson a révélé aussi la
fonction expressive du langage.
Mais il faut reconnaître que les traces l’énonciation et les modalités dans une
phrase soulèvent des phénomènes linguistiques ambigus pour les études
linguistiques et il est donc nécessaire de trouver ces facteurs dans les manifestations
linguistiques où elles se trouvent. Ce sont d’abord certains éléments grammaticaux
qui peuvent échapper à l’analyse syntaxique traditionnelle mais qui apportent une
part importante à l’énoncé pour marquer l’attitude de sujet parlant. Ces éléments
peuvent être des mots, des modes verbaux ou des propositions.

ÉNONCIATION

Éléments grammaticaux

ÉNONCÉ

1.1
Pour clarifier notre problème, observons quelques exemples. Chacun des ces
exemples est illustré par un schéma qui a pour fonction de mettre en évidence la
présence de l’énonciation dans la phrase.


20

La réunion s’est heureusement terminée.
Selon une première interprétation, cet énoncé signifierait que la réunion s’est
terminée de manière heureuse. L’adverbe heureusement serait alors considéré
comme adverbe de manière qui modifie s’est terminée, ce qui est pourtant faux pour
l’usage du français.
Une seconde interprétation


fait intervenir la

modalité prosodique

d’intonation : une intonation montante sur heureusement, précédée et suivie d’une
pausette, détache l’adverbe du noyau prédicatif la réunion est terminée.
Heureusement ne porte plus sur le verbe, mais sur l’ensemble de l’énoncé qui est
considéré alors comme un fait. Autrement dit, heureusement renvoie à l’opinion du
locuteur comme une modalité. On peut voir que le locuteur en avait assez de cette
réunion : ouf, elle est finie.

ÉNONCIATION

Heureusement

(,) la réunion s’est
terminée.

1.2
Pour mieux voir le problème, on peut observer un exemple en anglais et un
autre en vietnamien.


21

Obviously, he must have been aware of her lack of money from the start.
ÉNONCIATION

Obviously


………
He must have
been aware of
her lack of
money from
the start

1.3

Bài này chắc chắn nó làm được.
ÉNONCIATION

Chắc chắn

… Bài này
nó làm được

1.4


22

J’aimerais aller à la mer.
ÉNONCIATION

…rais

J’aime…
aller à la mer


1.5
Le problème se trouve ici dans l’usage du conditionnel. Ce mode exprime le
désir du locuteur par rapport à ce qu’il dit et laisse voir son intervention dans son
propre énoncé. On peut constater que la nature de cette intervention est cette fois un
procédé grammatical.
Pierre s’est marié, j’en suis sûre.
ÉNONCIATION

j’en suis sûre

Pierre s’est marié……………

1.6


23

Dans cet exemple, l’attitude du sujet parlant est marquée par une proposition
courte détachée de la structure phrastique : j’en suis sûre.
Il est à remarquer que la majorité d’ouvrages linguistiques n’abordent pas ce
cas comme intervention énonciative. Les grands auteurs les traitent rapidement dans
les cours grammaticaux sans les classer dans une catégorie spécifique.


24

CHAPITRE 2 : ÉTUDE DE CAS
Dans le chapitre précédent, nous avons fait une description des grandes
théories de la linguistique énonciative, et par cela même nous avons expliqué

pourquoi nous avons décidé de poursuivre la perspective que nous avons choisie.
L’objectif de ce deuxième chapitre vise à identifier les interventions énonciatives
sur la phrase à partir de certains exemples que nous avons pu collecter au cours de
notre travail.
Afin de distinguer les indices de l’énonciation dans un message, nous
utilisons deux facteurs : d’une part, la situation de communication qui doit nous
permettre d’identifier les références que sont les déictiques ; d’autre part,
l’ensemble des éléments qui expriment l’attitude de locuteur par rapport à son
propre message : la modalisation.
Nos exemples concernent la modalité expressive qui marque l’attitude du
sujet parlant. L’attitude est marquée par des moyens linguistiques très divers,
lexicaux comme syntaxiques…
Nous focalisons notre attention sur les énoncés qui ne peuvent pas être
décodés ou interprétées si l’on ne prend pas en compte la situation de
communication. Formellement, nous distinguons les interventions énonciatives en
trois types : lexical, grammatical et phrastique. Tout d’abord, il s’agit d’un mot ou
d’un groupe de mots ; c’est la mise en jeu des adverbes, des conjonctions de
coordinations, et du verbe devoir. Ensuite, ce sont les modes verbaux, les moyens
d’expression indissociables de la forme verbale. Enfin, ce sont des propositions
incises, qui représentent des organisations phrastiques complètes.

2.1. Interventions lexicales
Pour les interventions lexicales, nous distinguons quatre types : adverbes de
jugements, adverbes exclamatifs, conjonctions de coordinations et le verbe devoir.


25

2.1.1. Adverbes de jugement
Normalement, un adverbe est mis dans la structure de la phrase pour en

modifier un élément grammatical : un verbe, un adjectif ou un autre adverbe.

Il dort mal.
Elle va très vite.
Je suis infiniment reconnaissance de votre aide.
Mais, les adverbes de l’énonciation sont différents. Indépendants de la
structure phrastique, ils modifient non pas un élément mais toute une phrase.
Morphologiquement, ils appartiennent à la classe des adverbes, mais

ils sont

autonomes par rapport à la syntaxe phrastique et se rapprochent des interjections ou
des incises.
Pour O. Ducrot (1995: 605), dans la cadre de l’énonciation, plus
spécifiquement, un adverbe d’énonciation “qualifie l’énonciation dans laquelle
l’énoncé est apparu” et l’auteur ajoute de tels que de tels adverbes” participent à
une représentation de l’événement énonciatif à qui ils attribuent tels ou tels
caractère.” (analilit.free.fr/adverbe.htm)
Cette définition souligne le rôle des adverbes énonciatifs qui marquent
l’apparition de l’activité énonciative dans la phrase et porte les caractères de cette
procédure.


×