UNIVERSITE DE CANTHO
FACULTE DE PEDAGOGIE
DEPARTEMENT DE FRANÇAIS
L’INTONATION ET LES DIFFICULTÉS
DE COMPRÉHENSION ORALE
Mémoire de licence de FLE
Sous la direction de :
Monsieur Tran Thanh Ai
Étudiante :
Nguyen Viet Thien An
Code d’étudiant : 7075925
Classe : Promotion 33
Mai 2012
REMERCIEMENTS
Je tiens à exprimer tout d’abord mes respects et mes remerciements
sincères à :
- Monsieur TRAN Thanh Ai, Docteur en sciences du langage au
Département de Français de la Faculté de Pédagogie de l’Université
de CanTho, mon Directeur de recherche, qui m’a aidée à réaliser
mon mémoire en me faisant bénéficier de son expérience. Je le
remercie également pour ses conseils précieux, sa patience, et son
enthousiasme.
- Tous les professeurs du Département de français de l’Université de
Can Tho pour leurs conseils et pour leurs enseignements.
Mes remerciements vont également à toute ma famille qui m’a
toujours côtoyée et m’a souvent apporté son soutien moral durant mon
travail.
1
INTRODUCTION
1. Motivation de recherche
La langue est un moyen très important dans la communication humaine.
Chaque peuple a sa langue qui a des modes particuliers pour représenter le réel.
Dans une chanson, les notes de musique font sa mélodie. L’intonation du
discours oral peut être considérée comme les notes de musiques, parfois elle
monte, et parfois elle descend. Elle rend la parole gracieuse et permet d’exprimer
abondamment de gammes de sentiments. On peut dire que l’intonation est la
mélodie de la phrase.
Mon intérêt procède de la perte de contenance d’une étudiante dans un
cours de stage pédagoqique. Ce jour là, elle a enseigné la compréhension orale
(désormais CO) de la leçon 5 : Une journée idéale de la méthode de français
Ado pour le niveau débutant de la classe 10e. Il s’agit d’un dialogue :
« - Bruno : Qu’est-ce que tu fais pendant le week-end ? Tu travailles ?
- Valérie : Travailler ! Travailler ! Non, je passe le week-end dans la maison de
Cécile, près de la mer »
Puis, elle a posé la question : « Qu’est-ce que la fille va faire pendant le
week-end ? ». Et tous les élèves au niveau débutant donnaient la même
réponse « Elle travaille ». La bonne réponse est bien évidemment que la fille
allait passer le week-end chez Cécile, qu’elle n’ aimait plus travailler en weekend. En ce moment, l’étudiante ne savait pas comment bien l’expliquer aux
élèves. Elle a expliqué que ce n’était pas travailler malgré l’affirmation des
élèves. Elle a perdu contenance. Elle a répété plusieurs fois la phrase
« Travailler, travailler ! Non, je passe le week-end à la maison de Cécile, près de
la mer » avec une voix normale, qui manque d’expressivité.
2
Assise au fond de la salle pour observer la séance, je me demandais
pourquoi elle n’a pas fait la prosodie et l’intonation pour oraliser cette phrase.
Si elle avait mis un peu d’expressivité sur les mots « travailler, travailler », et
l’accent sur le mot « Non », l’histoire aurait changé.
Cette histoire me fait réfléchir beaucoup. Et je commence à m’intéresser à
la méthode d’enseignement de l’expression orale. Comment s’exprimer pour bien
faire comprendre les autres et pour bien manifester les sentiments ? Il y a
beaucoup de pistes de recherche sur cette compétence mais mon choix est le
domaine de l’intonation.
Partant de ces réflexions, je souhaite bien comprendre la mélodie des
paroles dans la communication pour pouvoir bien communiquer et bien enseigner
mes élèves l’expression orale.
2. L’objet d’étude : Les intonations actualisées dans un document vidéo
authentique.
3. Structure du mémoire
Notre mémoire s’articule autour de ces chapitres suivants :
- Introduction : où je présente la motivation de mon mémoire
- Chapitre 1 : consacré au Cadre théorique et à la méthodologie de recherche
- Chapitre 2 : analyse du corpus, qui comporte toutes les analyses des intonations
manifesstées dans le corpus.
- Chapitre 3 : que je réserve à la proposition didactique de la recherche
- Conclusion
Bibliographie
3
CHAPITRE 1
CADRE THÉORIQUE ET MÉTHOLOGIE DE
RECHERCHE
1. CADRE THEORIQUE
Dans l’apprentissage du français, on sait bien que le français est une belle
langue à plusieurs dimensions, notamment à l’écoute, grâce à sa mélodie.
Lorsque nous parlons, nous ne pouvons pas tout à fait contrôler l’intensité et la
hauteur de la voix, les deux éléments importants qui constituent la prosodie d’une
langue. L’intonation est le ton que l’on prend en parlant, en lisant, et l’accent
c’est l’augmentation d’intensité de la voix sur un son dans la parole. Selon
l’expression de Rousseau
« l’accent est l’âme du discours » et l’intonation
constitue la mélodie de la phrase.
Quel est le rôle de l’intonation dans l’organisation de l’énoncé oral ? Selon
Mario Rossi, l’intonation est une des premières structures linguistiques, acquise
dès l’enfance :
« Si vous n'avez pas l'intonation de cette langue [étrangère], vous serez
immédiatement pris pour un étranger ; mais si vous en possédez
l'intonation, pour l'oreille d'un natif vous serez un autochtone de pure
souche, malgré par ailleurs votre mauvaise prononciation qui sera attribuée
à une origine provinciale ; c'est dire l'importance de l'intonation qui est
l'une des premières structures linguistiques, acquise dès l'enfance » (Rossi
M., 2010)
4
En tant qu’aspect de la communication parlée, l’intonation joue un rôle
très important, c’est un moyen linguistique pour transmettre certaines
informations.
Généralement, on distingue deux fonctions de l’intonation. La première
est syntaxique, qui permet de différencier les types de phrase: déclarative,
interrogative, impérative et négative. Quant à la deuxième, fonction expressive,
elle permet de traduire une émotion, un sentiment, une opinion, etc…
1.1. Fonction syntaxique:
Si l’intonation permet essentiellement d’attribuer à la phrase à divers
types (déclaratif, interrogatif, impératif, etc...) son rôle est aussi de renforcer la
structure syntaxique de la phrase en soulignant certaines parties. L’intonation,
pour ces deux raisons, est intimement liée à la typologie de la phrase et de la
ponctuation.
On distingue en général quatre intonations de phrase: l’intonation
déclarative, l’intonation interrogative, l’intonation impérative et l’intonation
négative.
1.1.1 Intonation déclarative
L’intonation déclarative est utilisée pour énoncer, décrire, et affirmer. Elle
est exprimée par une inflexion descendante finale.
1.1.1.1 Phrase à un seul groupe rythmique
Selon la remarque de Léon M. dans son livre Exercices systématiques de
prononciation française, il est toujours possible de mettre l’intonation
descendante à la fin de l’énoncé. « Si, une phrase n’a qu’un seul groupe
rythmique, cela signifie qu’il n’y a pas de mot important à l’intérieur du groupe.
Dans ce cas, l’intonation sera toujours correcte si on descend en escalier de
syllabe en syllabe » (Léon M. 2003, p 104)
5
Ex: C’est Marie
1.1.1.2 Phrase à plusieurs groupes rythmiques
Si elle a deux groupes rythmiques, cela implique qu’il y a deux accents et
deux variations du ton. Selon l’inversion de pente mélodique (IPM), le sommet
de hauteur est toujours à la fin du premier groupe et suivi d’une descendante sur
le second.
Ex: L’imagination / prend le pouvoir
Si elle a trois ou quatre groupes rythmiques, (parfois plusieurs dans la
langue courante, et ses groupes sont séparés ou non par des virgules; alors
chaque virgule correspond à une pause qui dépend du rythme de l’énoncé.
Ex: Je l’ai rencontré/ à l’école /ce matin.
Ex: Pour le dîner, la jolie princesse/ a pris un morceau de pain,/ trois
morceaux de pommes,/un vers de jus d’orange.
Dans ces cas, le sommet de hauteur, c’est-à-dire la note la plus haute, est
soit à la fin du premier groupe, soit à la fin du deuxième groupe, cela dépend de
l’importance du fait.
Ex: Je l’ai rencontré/ à l’école /ce matin.
Si cet exemple sert à répondre à la question « Tu l’as rencontré dans
quelles circonstances », la rencontre est alors le fait le plus important. C’est
pourquoi le sommet de hauteur est sur la dernière voyelle de “rencontré”. La
syllabe finale du deuxième groupe (à l’école) monte aussi, mais moins que celle
du premier.
Selon Léon M., on peut aussi figurer le contour mélodique de cet
exemple, d’après les différents niveaux suivants:
+ Départ (ton normal) : niveau 2
6
+ Sommet de hauteur : niveau 3
+ Final: niveau 1 (Léon M., 2003, p 108)
4 _____________________________________________
cole
tré
3 _____________________________________________
Je l’ai rencon
à l’é
ce ma
2 _____________________________________________
tin
1 _____________________________________________
Une phrase déclarative formée de nombreux groupes rythmiques
énumératifs se caractérise par une montée de la voix sur tous les groupes suivies
d’une descente sur le dernier groupe (Charliac L., Motron A.-C, 2006, p 54)
Ex: Pour le dîner,/ la jolie princesse/ a pris un morceau de pain,/
trois morceaux de pommes,/un vers de jus d’orange.
1.1.1.3 L’intonation déclarative – détachement initial
Le détachement initial dans une phrase déclarative est détaché par une
virgule. Il ne fait pas la partie principale de l’énoncé, il peut être supprimé. Il se
caractérise par une montée de la voix.
Ex: Ce matin, j’ai un rendez-vous.
Ex: Il était une fois, une femme pauvre qui n’avait pas d’enfant.
1.1.1.4 Intonation déclarative – le détachement interne
Le détachement interne dans une phrase déclarative, nommé intercalé, est
séparé par deux virgules, il se trouve au milieu de la phrase. Il est peut-être inséré
dans la séquence principale ou non, mais il n’est pas la partie de la séquence
principale, il peut être supprimé.
L’intonation dans un groupe intercalé va rester bas pendant tout le groupe,
seule la dernière syllabe, l’intonation va monter légère.
7
Ex: Mais le froid, franchement, m’aurait découragé
Ex: Août, à mon avis, n’est pas la bonne saison
Ex: Mon frère,
lui,
il aime travailler
1.1.1.5 L’intonation déclarative – le détachement final
Le détachement final se trouve à la fin de la phrase, après la dernière
virgule. Il ne fait pas partie de la séquence principale. Il peut être supprimé. Le
détachement final se caractérise par un ton grave et légèrement montant (principe
de IPM).
Ex: Sa femme ne part pas, à cause des enfants.
Ex: C’est une nouvelle victoire pour toi, Oh César!
1.1.2 Intonation interrogative
La phrase interrogative sert à poser une question, demander une
confirmation, demander un renseignement ou donner un choix. Elle peut être
positive ou négative. Pour l’intonation, il faut distinguer plusieurs types de
phrases interrogatives. Selon Léon M. (2003), on peut les classifier en sept types
suivants:
1.1.2.1 Phrase interrogative à syntaxe énonciative:
Avec l’ajout d’un point d’interrogation à la fin d’une phrase énonciative,
on a tout de suite une phrase interrogative, évidemment, l’intonation va aussi
transformer.
Une phrase interrogative à syntaxe énonciative se caractérise par une forte
montée de la voix sur la dernière syllabe (celle qui porte l’accent)
Ex:
Il vont au cinéma.
4 ______________________________
8
3 ______________________________
vont
2 ______________________________
Ils
au ciné
1 ______________________________
ma
Ex: Il vont au cinéma?
ma
4 _______________________________
3 ______________________________
Ils vont au ciné
2 ______________________________
1 ______________________________
Remarque: Le niveau 4 est le niveau le plus haut de l’intonation interrogative.
1.1.2.2 Phrase interrogative avec inversion
Il existe plusieurs manières de faire une inversion dans la phrase
interrogative. Mais il est toujours correct de mettre le sommet de hauteur à la fin
de l’inversion. Ensuite, on descend en escalier de syllabe en syllabe, puis il faut
remonter très légèrement sur la dernière syllabe de l’intonation.
Ex: Avez-vous la clé?
Ex: Travaillez-vous le samedi?
1.1.3. Intonation impérative
La phrase impérative est utilisée pour donner un ordre, pour exprimer une
nécessité, ou pour mettre en garde. Il existe plusieurs façons de dire une phrase
impérative, mais il est toujours correct de commencer le premier mot à ton assez
haut et puis descendre en escalier de syllabe en syllabe jusqu’à la fin.
Ex: Prenez l’autobus, s’il vous plaît!
9
4 ______________________________________
Pre
3 ______________________________________
nez
2 ______________________________________
l’au
_______________________________________
to
1 ______________________________________
bus
_______________________________________
s’il vous
_______________________________________
plaît
Quelquefois, la phrase impérative est sous forme d’une phrase elliptique,
et n’énonce que le complément. Dans ce cas, l’intonation reste la même que dans
le cas précédent.
4 ______________________________________
Un
3 ______________________________________
ki
lo
2 ______________________________________
de
_______________________________________
pom
1 ______________________________________
_______________________________________
me
_______________________________________
s’il vous
_______________________________________
plaît
1.1.4 Intonation négative
Comme la forme interrogative, on peut appliquer de même façon
l’intonation dans une phrase négative: le sommet de hauteur est toujours sur la
fin de la négation à condition toutefois que l’adverbe de négation ne soit pas final
Ex: Je ne comprend pas cette histoire
4 ______________________________________
10
3 ______________________________________
pas
2 ______________________________________
Je ne comprends
cette
______________________________________
his
1 ______________________________________
toi
______________________________________
re
Si l’adverbe de négation est à la fin de la phrase et qu’elle n’est composée
que d’un seul groupe, son intonation est alors descendante en escalier.
Ex: Je ne sais pas
4 ______________________________________
3 ______________________________________
2 ______________________________________
Je ne
1 ______________________________________
sais
pas
_______________________________________
La conjonction de négation “ni” est prononcée sur un ton légèrement
montant.
4 _____________________________________________
3 _____________________________________________
ni
ni
2 _____________________________________________
Elle n’a besoin
de
de
1 _____________________________________________
moi
toi
1.2. Fonction expressive
La fonction expressive appartient à l’aspect subjectif, et elle sert à
exprimer les émotions, les intentions et les attitudes du locuteur. Il existe
plusieurs niveaux d’expression, qui dépendent du degré de sentiment, et de
l’intention du locuteur. Cela signifie que les mots n’ont qu’un sens unique, mais
11
il faut bien comprendre le contexte communicatif, la situation où se trouvent ses
mots pour comprendre leurs valeurs réelles.
L’intonation parlée dans cette partie n’est pas donnée en fonction de
toutes les intonations expressives possibles. Il y a plusieurs façons d’exprimer un
sentiment. Nous regroupons certains cas de sentiment. Selon la recherche de
Charliac.L et Motron A.-C (2006), on distingue les émotions humaines en
plusieurs types comme suivante:
1.2.1. L’insistance, l’accent affectif:
L’Insistance est la manière qui met en relief une distinction entre deux
mots ou deux éléments.
Ex: Je veux un verre de bière!
L’accent affectif est la manière qui exprime le sentiment du locuteur.
L’accent affectif est posé souvent sur les adverbes.
Ex: Vous êtes toujours en retard!
L’insistance et l’accent affectif se réalisent de la même façon: La première
syllabe du mot qu’on veut mettre en relief est plus haute et plus forte, ou on
allonge la dernière syllabe du mot de l’insistance.
Ex: Je veux un verre de bière! (l’accent est mise sur la première syllabe
avec une intonation montante)
Ou: Je veux un verre de bière (l’intonation montante est posée sur le mot
“bière” en allongeant la dernière syllabe)
(On souligne l’allongement)
12
Dans cet exemple, l’intention du locuteur est le choix de bière, donc on
met l’insistance sur bière, on peut dire à haut ton la première syllabe de bière ou
allonger sa dernière syllabe.
1.2.2. L’appel
L’appel c’est une parole utilisée pour faire venir à une personne ou pour
attirer l’attention de quelqu’un.
L’appel est exprimé par une voix forte et une intonation montante avec
l’allongement de la voyelle finale ou une intonation descendante suspensive avec
des voyelle très allongées.
Niveau haut (4)
niveau normal (2)
Ex:
Taxi
Remarque: Le signe
exprime l’intonation montante et allongeante
niveau assez haut
niveau assez bas
Ou:
Remarque: Le signe
niveau assez haut
Taxi
exprime une intonation descendante et allongeante
niveau assez haut
niveau normal
niveau assez bas
Ex: Madame!
Votre chemise….
Niveau (4)
(niveau3)
niveau (2)
Ou:
Madame!
(niveau 3)
Votre chemise…
1.2.3. L’enthousiasme – la satisfaction:
L’enthousiasme est un sentiment de la grande joie, du bonheur, de la
grande satisfaction et de l’admiration.
13
L’expression de l’enthousiasme est exprimée le plus souvent par
l’intonation montante sur le mot important suivi d’une intonation descendante
sans allongement.
Ex: Bravo!
Ex: Dîner inoubliable!
1.2.4. La colère
La colère est une réaction d’opposition mécontente. On distingue la colère
froide intériorisée de la colère extériorisée.
La colère extériorisée se manifeste souvent sous forme de mots-phrases,
parfois très grossiers, prononcés très fort avec un débit souvent rapide et une
syntaxe très relâchée. Elle est caractérisée alors par une voix haute dans le
registre suraigu.
Niveau suraigu (niveau 5)
Niveau normal (2)
Ex: Vous êtes dingues?
“La colère froide se manifeste par des phrases exclamatives prononcées
avec un débit ralenti, une insistance sur tous les mots et une sensation
d’émotion contenu. Elle s’exprime par une articulation exagérée et une
intonation montante.” (Charliac L., Motron A.-C, 2006, p 90)
niveau normal (2)
niveau bas (1)
Ex: Je n’ai jamais vu une foi pareille! (Colère froide)
1.2.5. L’étonnement – la surprise
L’étonement et la surprise sont les réactions à quelque chose
d’extraordinaire, d’inattendu. La surprise s’exprime souvent sous forme de
courtes phrases ou mots-phrases exclamatifs ou interrogatifs.
14
L’expression de l’étonnement et de la surprise est manifestée par une
intonation montante jusqu’au sommet suraigu ou par une intonation suspensive
avec allongement de la dernière syllabe. (Charliac L., Motron A.-C, 2006, p 92)
Ex: C’est incroyable!
Niveau assez haut (3)
Niveau assez bas (près de 1)
C’est incroyable!
Ex: Hien?
Niveau suraigu
Niveau normal
Hein?
1.2.6. Le doute
Le doute est une réaction d’incertitude retenue, souvent exprimée à mivoix, quant à la véracité d’une affirmation ou la nature de la conduite à tenir. Elle
s’exprime souvent sous forme d’une question, d’interjection invariable ou
d’onomatopée. (Charliac L., Motron A.-C, 2006, p 94)
L’intonation du doute est manifestée par une montée suspensive ou par un
commencement à voix haute suivi d’une descente suspensive ralentissant jusqu’à
la fin.
Ex: Tu rigoles?
Niveau assez haut (3)
niveau normal (2)
Tu rigoles ?
Ex: Je m’interroge…
Niveau normal (2)
Niveau assez bas (près niveau 1)
Je m’interroge…
1.2.7. Le regret – La tristesse
Selon la définition de Charliac.L et Motron A.-C (2006), « le regret, le
chagrin, la contrariété sont des réactions à une perte, à une déception qui
15
entraînent une distance, une retenue ». On distingue le regret d’ordre personnel
du regret d’ordre social.
Le regret d’ordre personnel s’exprime souvent par des phrases inachevées
et par un débit ralenti, hésistant. Elle est caractérisée par une descente suspensive
accompagnée d’un ralentissement du débit.
Niveau normal
Niveau assez bas
Ex:
Je suis déçu!
Tandis que “le regret d’ordre social est exprimé souvent par des formules
de politesse. Et son expression est caractérisée par une intonation neutre.”
(Charliac L., Motron A.-C, 2006, p 96)
Niveau normal
intonation neutre
Ex:
Non, il ne fallait pas, vous n’auriez pas dû!
1.2.8. L’ironie, l’implication
L’ironie c’est une façon de se moquer de quelqu’un ou de quelque chose
en disant le contraire de ce qu’on veut faire entendre.
L’expression de l’ironie est présentée par une intonation peu descendante
ou peu montante, qui implique un allongement net de la dernière syllabe de
l’expression.
Intonation peu descendante
Ex: La forme est à la mode!
Intonation peu montante
Ex: C’est original, n’est-ce pas?
1.2.9. La suggestion – le conseil
Sugesstion c’est donner une proposition à quelqu’un sur la conduite qu’il
pourrait tenir.
16
Un conseil c’est l’opinion donnée à quelqu’un sur ce qu’il devrait faire.
La sugession et le conseil ont de même façon pour exprimer l’intonation
caractérisée par une courbe intonative suspensive montante.
Niveau assez haut (3)
Niveau normal (2)
Ex:
Fais le premier pas!
1.2.10. L’inachèvement
L’inachèvement c’est l’arrêt, la suspension d’une phrase incomplète qui
exprime l’indécision, le doute, l’incertitude, l’embarras, le flottement et terminée
souvent par des points de suspension..
L’intonation de l’inachèvement est exprimée souvent par de nombreuses
pauses, un allongement des syllabes, la production de “euh” et par une intonation
suspensive montante ou descendante.
Niveau assez haut (3)
Niveau normal (2)
Ex:
Je ne suis pas sûr…
Niveau assez haut (3)
Près de niveau assez haut (entre 2 et 3)
Ex:
Oui…
1.2.11. Conclusion
Il n’y a pas de critère pour les expressions de sentiments. Il n’exite que les
manières relative pour les caractériser. Selon les remarques de Charliac.L et
Motron A-C, (2006): “Le français oral utilise beaucoup l’implication dont
l’intonation est difficile à entendre et à reconnaître et reste difficile à
décoder pour des raisons d’ordre culturel”. (Charliac L., Motron A.-C, 2006,
p104).
2. METHODOLOGIE DE RECHECHE
2.1 Objectif de recherche
17
La compréhension orale est une des étapes les plus importantes dans la
communication humaine et en particulier dans l’apprentissage d’une langue
étrangère. L’écoute des enregistrements en langues étrangères permet aux
apprenants de se sensibiliser aux sons de la nouvelle langue à apprendre et de
s’entraîner aux compétences orales.
Nous remarquons que l’intonation joue un rôle important dans les paroles
vivantes, surtout pour les apprenants vietnamiens dont la langue maternelle est
une langue à tons.
Partant de ce constat, nous choisissons de procéder à une recherche sur
l’intonation que font les locuteurs natifs du français, dans le but d’examiner
les différences entre les leçons théoriques de l’intonation enseignées à
l’université et celle qu’on réalise effectivement dans un contexte déterminé. Et
nous espérons aussi que cette recherche nous permettrait de bien comprendre
différents types d’intonation manifestés dans les messages oraux.
2.2 Constitution du corpus
Notre corpus de recherche est constitué de 2 séances de l’émission
intitulée « Merci professeur », une émission francophone quotidienne d’étude de
la langue française présentée sur la TV5 Monde par M. Bernard Cerquiglini, le
spécialiste reconnu de la langue français et le recteur de l’AUF (depuis 2007).
Souhaitant mettre en lumière l’origine opaque des mots et expressions de la
langue française, le linguiste explique avec humour chaque jour une curiosité
verbale sur les difficultés linguistiques, étymologiques, orthographiques et
grammaticales. Jusqu’en 2010, il a élaboré 327 épisodes et tous sont diffusés en
intégralité
sur
le
site
de
TV5
Monde :
à l’occassion de la Semaine
de la presse et des médias à l’école (du 19 au 24 mars 2012), le professeur a fait
une émission spéciale qui s’appelle « Merci professeur ! Spécial presse ». En
suivant cette émission, on va découvrir l’origine de quelques mots propres à la
presse et aux médias. Ce sont : gazette / journal/ magazine / canard / serpent de
18
mer / télévision / paragraphe et alinéa/ coquille / dépêche / marronnier /scoop/
feuille de chou.
Pour procéder à la recherche sur l’intonation, j’ai choisi 2 vidéos de cette
émission « Merci professeur ! Spécial presse » dont voici le sujet : Serpent de
mer, Paragraphe et alinéa . Il y a aussi la transcription pour chaque vidéo sur le
site. Voici quelques données numériques de chaque vidéo :
Serpent de mer : 1’56 minutes, 216 mots, 13 énoncés
Paragraphe et alinéa : 1’26 minutes, 228 mots, 11 énoncés
Elles sont facilement trouvées sur le site : />2.3 Les conventions de transcription
-
La pause (●)
-
L’intonation montant /
-
L’intonation descendante \
2.4 Méthodes d’analyse
L’objectif de cette recherche est d’examiner les intonations réalisées dans
un corpus déterminé et de les comparer avec les enseignements diffusés à
l’université dans les leçons de phonétique. Pour ce faire, nous procédons à une
démarche d’analyse qui comporte trois étapes :
La première étape consiste à chercher les vidéos sur le site Internet et
choisir celles qui soient convenables à la recherche, tant au niveau du contenu
qu’au niveau de la durée. Nous avons trouvé que la chaîne TV5 Monde offre
beaucoup d’émissions très intéressantes en français sur le site www.tv5.org.
Après avoir écouté des émissions différentes, j’ai choisi deux vidéos dans
19
l’émission Merci professeur ! Spécial presse présentée par un linguiste, M.
Bernard Cerquiglini. Grâce aux transcriptions simplifiées accompagnant les
vidéos, je vais noter les éléments suprasegmentaux comme la pause, l’intonation
montante, l’intonation descendante, l’allongement et les accents suivant une
convention de transcription élaborée par moi-même.
Dans la deuxième étape, nous identifierons les intonations montantes et
les intonations descendantes selon leurs positions : l’intonation faite après un
mot, un groupe de mot ou une phrase. Cette étape permettra de recenser la
quantité des intonations dans chaque cas.
Dans la troisième étape, nous analyserons le corpus en classant les
intonations faites selon leur position dans les tableaux. Nous ferons également
des remarques sur l’intonation que le linguiste a faite dans ces vidéos. Cette
analyse nous permettra de mettre en lumière les différences entre les intonations
dans la communication réelle et celle qu’on enseigne.
20
CHAPITRE 2
ANALYSE DU CORPUS
1. ANALYSE DE LA VIDEO « UN SERPENT DE MER »
1. comme vous le savez cher\ qemal/(●) le serpent(●) est un reptile/(●)
principalement/ terrestre\(●)
L’énoncé comporte trois intonations montantes (IM).
La 1re IM est posée sur un nom propre, avant une pause pour signaler que
l’énoncé n’est pas fini.
La 2e IM est posée sur un nom, avant une autre pause pour insister sur le
mot « reptile/ », mot générique utilisé pour définir le mot « serpent ».
La 3e IM est posée sur un adverbe à l’intérieur de l’énoncé, pour mettre en
valeur le mot « Principalement/ ».
En outre, l’énoncé comporte deux intonations descendantes (ID).
La 1re ID est posée sur l’adjectif « cher\ » suivi d’un nom. Cet emploi
n’est pas normal car l’énoncé n’est pas complet. En effet, l’adjectif « cher » est
pré-posé à un nom commun ou un nom propre pour devenir une formule de
politesse du type « cher ami », « cher Monsieur »... Cette « anomalie » pourrait
être expliquée par le fait que l’adjectif « cher » est suivi d’un nom propre qui
n’est pas répandu en milieu francophone (Qemal), et que le locuteur hésite un
peu en se rappelant le nom propre.
21
La 2e ID est posée à la fin de la phrase pour indiquer la fin de l’énoncé.
2. il existe\(●) cetes/(●) quelques serpents d’eau/(●) sorte/(●) de couleuvres
a/quatiques\(●)
L’énoncé comprend quatre IM.
La 1re IM est posée sur un adverbe, avant une pause, pour insister sur le
mot « certes/ ».
La 2e IM est posée sur la fin du groupe nominal, avant une pause, pour
terminer le groupe nominal « serpent d’eau/ ».
La 3e IM est posée sur le nom générique « sorte/ », suivi par une pause et
qui entame un groupe nominal (« sorte de couleuvres aquatique »). Cette pause
parait irrégulière car elle divise le groupe nominal en deux. Cette irrégularité
semble attirer l’attention de l’auditeur à ce groupe nominal.
La 4e IM est posée sur la première syllabe du dernier mot de l’énoncé
« a/quatique », c’est une position anormale, fait que ce mot reçoit deux
intonations inverses : la montante à l’initiale et la descendante à la finale. Selon
la remarque de Léon P.-R, « les mots perdent leur individualité dans le groupe
rythmique, car l’accent de mot disparaît pour se reporter à la fin du groupe
rythmique” (Léon P.-R, 1978, p.17) On peut comprendre alors que le locuteur
veut mettre l’insistance sur le mot « aquatique ».
L’énoncé comprend également deux ID : l’une est posée sur le premier
verbe de l’énoncé avant une pause (« il existe\ »), l’autre sur le dernier mot de
l’énoncé. Si l’emploi de la deuxième ID convient aux règles de la phonétique
française, la première ID s’avère problématique car elle ne peut pas marquer la
fin de l’énoncé.. Il est très probable que le locuteur fasse cette intonation
descendante d’une manière accidentelle.
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3. toutefois\(●) l’imaginaire médiéva/(●) évoquait/ de grands/(●) marins
serpents/(●) gigantesques et cruels/(●) vivant au fond des mers en sur\gissant/
(●) pour avaler/(●) équipages et vaisseaux\(●)
L’énoncé implique sept IM. Sauf la 2e, toutes les autres sont mises avant
une pause.
La 1re IM est posée sur la fin d’un groupe nominal « l’imaginaire
médiéval/ ».
La 2e IM porte sur le verbe conjugué « évoquait/ ».
La 3e et 4e sont posées sur le GN « de grands/ (●) marins serpents/ » l’une
est mise sur l’adjectif « grands » avant une pause, l’autre sur la fin du GN.
La 5e IM sur le dernier adjectif du groupe adjectival « gigantesques et
cruels/ ».
La 6e IM sur le dernier élément du bloc de deux groupes participaux
« vivant au fond des mers/ » et « en surgisssant/ ».
Et la 7e IM est posée sur un infinitif pour insister sur le mot « avaler/ ».
Toutes ces intonations montantes conviennent aux règles de la phonétique
française en ce qu’elles marquent l’interruption provisoire du flux de la
production verbale.
Outre les IM, l’énoncé implique également trois intonations descendantes.
La 1re ID est posée au début de l’énoncé sur un connecteur logique, avant
une pause. Cette position ne convient pas aux règles de la phonétique française
car l’énoncé n’a pas fini. On peut conclure que cette position sert à attirer
l’attention de l’auditeur sur les informations qui suivent.
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La 2e ID est posée sur la première syllabe du mot « sur\gissant », pour
mettre l’accent sur la soudaineté du verbe « surgir », comme si le monstre
apparaissait tout de suite.
La 3e ID est posée à la fin de l’énoncé.
4. mais on n’en avait/(●) aucun/(●)témoignage/(●)concre\(●)
L’énoncé comprend trois IM, qui sont mises avant une pause.
La 1re IM est sur un verbe conjugué (« on n’en avait/ »), cette position
convient aux règles de la phonétique française.
La 2e IM sur l’adjectif « aucun/ » et la 3e sur le nom « témoignage/ ». Ces
pauses semblent irrégulières car elles divisent le GN « aucun témoignage
concret » en trois. Ces irrégularités ont alors la fonction de marquer l’insistance
sur ces mots pour souligner l’absence de témoignage concret du Serpent de mer.
Dans cet énoncé, il y a une seule ID qui est à la fin de l’énoncé pour le
terminer.
5. un tel serpent marin/(●) refit surface\(●) si j’ose dire/(●) en 1837\(●)
L’énoncé comporte deux IM, qui se trouvent chacune avant une pause.
L’une est posée à la fin d’un groupe nominal (« un tel serpent marin/ »), pour
annoncer que l’énoncé n’est pas fini. L’autre est à la fin d’un détachement
interne en vue d’une explication.
L’énoncé comporte également deux ID, l’une est posée sur le nom de la
locution verbale « refaire surface\ », avant une pause, à l’intérieur de l’énoncé,
L’autre est posée à la fin de la phrase pour marquer la fin de l’énoncé. Si
l’emploi de la deuxième intonation descendante est normale (pour terminer
l’énoncé), l’emploi de la première pose problème, car elle se trouve au milieu de
l’énoncé lorsque le sens du message n’est pas complet (la date « en 1837 » est
indispensable). On pourrait donc dire que cette intonation descendante sert à
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