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Bulletins de liaison des sociétés savantes de France 12

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Bulletin n° 12

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BULLETIN DE LIAISON
DES
SOCIÉTÉS SAVANTES

H éraldique, sigillographie et sociétés savantes
Héraldique et sigillographie

INTRODUCTION

N

ous avons le plaisir de vous présenter dans ce
bulletin le compte-rendu des journées d’étude
des 26 et 27 octobre 2006 qui se sont tenues à
Bourg-en-Bresse dans les prestigieux locaux du
monastère de Brou.
Nous tenons à remercier plus particulièrement l’association Patrimoine des pays de l’Ain pour l’aide
efficace qu’elle a apportée à la préparation de ce
colloque, ainsi que tous les intervenants qui ont su
présenter avec clarté et parfois même évidence un
sujet qui paraissait bien obscur à beaucoup: l’héraldique et la sigillographie. Les textes qui suivent
en sont la preuve.
Pour la première fois le CTHS avait déplacé hors


de Paris ses journées d’étude à l’intention des
sociétés savantes et ce fut une réussite. Certes, l’assistance était un peu moins importante que les
années précédentes mais tous ceux qui ont pu se
déplacer ne l’ont pas regretté. Les visites de la
vieille ville, de l’église et du musée de Brou, de l’apothicairerie et des archives de l’Ain sous un
magnifique soleil d’automne ont également agrémenté notre séjour.
Il faut maintenant espérer que ces nouvelles
connaissances permettront de mieux identifier dans
les textes anciens armoiries, blasons et sceaux.
En 2007, les journées d’étude reviendront à Paris
pour se pencher sur la forme et le rôle des publications de sociétés savantes à l’heure du numérique.
En effet, plus d’un millier de bulletins de sociétés
paraissent chaque année en France; si quelques
grandes revues ont une audience internationale,
d’autres ne dépassent pas le cadre régional. Cela
les condamne-t-elles ? Devons-nous en déduire
qu’il faut tout éditer en format électronique ?

mars 2007 n° 12

Le CTHS a organisé, les 26 et 27 octobre 2006, deux
journées d’étude sur le thème de l’héraldique et de la
sigillographie. Ce bulletin sera consacré au thème
abordé lors de ces journées. Les intervenants nous ont
aimablement transmis leur texte afin que chacun d’entre vous puisse bénéficier de ces informations. Nous les
remercions vivement pour leur contribution.

SOMMAIRE
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Martine FRANÇOIS, Introduction . . . . . . . . . . . . . . . 1
Philippe PALASI, Héraldique, méthode et identification en histoire de l’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
Marie-Adélaïde NIELEN, «Pour garder une bonne
image ». Phénomènes d’altération et méthodes de
conservation des sceaux de cire médiévaux . . . . . . . . 3
Clément BLANC-RIEHL, Les prémices de la sigillographie française (1830-1880) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
Jean-Luc CHASSEL, La sigillographie des pays
d’outre-Saône . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Jacques PAVIOT, Emblématique de la maison de
Bourgogne sous Philippe le Bon (1419-1467) . . . . . 11
Mathias AUCLAIR, Les sceaux des seigneurs
d’Apremont des origines au XIVe siècle . . . . . . . . . . 14
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Pierre COLLENOT, Présentation du site
www.histoirepassion.eu. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Publication du Comité régional Nord Pas-de-Calais
d’histoire de la sécurité sociale. . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Publications du CTHS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Congrès du CTHS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Claude LAURIOL, XIIe Congrès international des
Lumières, Montpellier, 8-15 juillet 2007 . . . . . . . . . 24
Informations pratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
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Ce sont les avantages et les inconvộnients des diffộrentes formules que nous ộvoquerons ensemble
en alternant exemples et rộflexions.
Jaimerais ộgalement inciter tous ceux qui ô surfent ằ sur internet regarder lộbauche dannuaire
prosopographique
des
sociộtộs
savantes.
( />Vous pouvez tous participer lalimentation de ce
site en complộtant les fiches existantes ou en adressant au CTHS des complộments pour les sociộtộs
auxquelles vous appartenez. Nous avons besoin au
minimum des nom, prộnom, dates de naissance et

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de dộcốs des anciens membres des sociộtộs, la ou les
sociộtộs auxquelles ils appartenaient et leur discipline scientifique. Il est possible de complộter la
notice avec une biographie et une bibliographie du
savant et des renseignements sur ses manuscrits, ses
correspondances si vous savez oự ils sont conservộs.
Merci davance, et bonne lecture.

Martine FRANầOIS
Dộlộguộe gộnộrale du CTHS
â M. FRANầOIS 2007

Hộraldique, mộthode et identification
en histoire de lart

A

lors que lemblộmatique et plus particuliốrement lhộraldique connaissent un renouveau
certain auprốs du public grõce aux thốses, ouvrages
et monographies rộcemment parus, je suis heureux
de pouvoir prộsenter ici, Brou, quelques
remarques sur les problốmes et mộthodes didentification darmoiries rencontrộs ici et l lors de mes
recherches.
Marque de possession, forme dornementation,
vộhicule figurộ des prộtentions politiques ou sociales, les emblốmes et les armoiries connurent un
immense engouement du XIIe au XIXe siốcle. Cette
profusion du dộcor hộraldique et lextrờme diversitộ des supports (architecture, peinture, tapisserie,

mobilier, orfốvrerie, cộramique, livre, etc.) nous
introduisent dans le milieu des mộcốnes, quils
soient ecclộsiastiques ou laùcs, princiers ou patriciens. Lhộraldique apparaợt alors comme une
science indispensable pour la localisation, la datation, lattribution et le parcours des objets dart et
des dộcors architecturaux mais encore pour lhistoire des goỷts et des sensibilitộs.
Deux rộflexions prộsident lapproche dune identification darmoiries:
- il ny a pas darmoiries fantaisistes ou trốs peu;
- les armoiries peuvent varier pour un mờme possesseur et une mờme famille.
[Le confộrencier prộsente un certain nombre dimages qui mettent en relation un mờme possesseur ou
une mờme famille et la reprộsentation de leurs
armes sur des supports multiples. Il commente ces
images autour du style et des variations qui sont
bien souvent lorigine de la dộception des chercheurs nộophytes.]
2

Mes recherches dans le domaine de lidentification
des armoiries constituent un exemple sans cesse
renouvelộ des problốmes rencontrộs en hộraldique.
Une mộthodologie de lidentification, dộsormais
ộlaborộe grõce aux sources traditionnelles et linformatique, est le fruit de cette expộrience.
I. LES

SOURCES TRADITIONNELLES ẫCRITES

(REPẩRES

BIBLIOGRAPHIQUES FONDAMENTAUX)

- G. SAFFROY, Bibliographie des almanachs et
annuaires historiques de lAncien Rộgime et des

almanachs et annuaires gộnộalogiques du XVIe siốcle nos jours, Paris, Librairie Gaston Saffroy,
1959.
Cette bibliographie souvent nộgligộe rend dinestimables services.
- G. SAFFROY, Bibliographie gộnộalogique,
hộraldique et nobiliaire de France des origines
nos jours, imprimộs et manuscrits, Paris,
Librairie Gaston Saffroy, 1968-1988, 5 vol.
57 484 travaux consacrộs aux armoiries et publiộs
en France jusquen 1983. Bibliographie critique et
mộthodique avec table gộnộrale auteurs, titres anonymes, matiốres (vol. 4). Le volume 5 est un supplộment recensant les travaux publiộs de 1969
1983; il suit le plan des trois premiers volumes et
possốde ộgalement une table. Le tome 6 paraợtra
dans quelques annộes.
- M. POPOFF, Bibliographie hộraldique internationale, Lộopard dor, 2003, 352 p. (voir site internet
de la Soc. fr. dhộraldique et de sigillographie,
/>mars 2007 n 12


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- E. ARNAUD, Répertoire de généalogies françaises
imprimés, Paris, Berger-Levrault, 1982-1986, 3 vol.
Un autre monumental outil de recherche pour l’histoire des familles françaises et de quelques étrangères. Indispensable pour l’estimation des familles
à travers les siècles. Dépouille aussi les monographies familiales du Saffroy. Le tome 3 contient en
son début un supplément aux deux précédents
volumes (existe en DVD).
II. LES SOURCES TRADITIONNELLES MONUMENTALES OU
LE DOMAINE DE L’HISTOIRE DE L’ART

Un domaine extrêmement négligé par les héraldistes, le relevé des armoiries sur les monuments et
dans les décors de tous les types. D’autant plus
dommage que ces témoignages disparaissent peu à
peu. Quelques titres à retenir pour servir d’orientation à des travaux.
- ANGOT, Alphonse, abbé. Armorial monumental
de la Mayenne. Laval: Goupil, 1903 (rééd.1997).
- SORNAY, Jacques de. Epigraphie héraldique du
département de la Nièvre. Angers : Impr.
Lachèse et Dolbeau, 1882.
- PALASI, Philippe. Armorial historique et monumental de la Haute-Marne, Chaumont, 2004. 376
pages, 500 ill. couleurs.
C’est dans ce domaine de l’inventaire des sources
archéologiques héraldiques que tout reste pratiquement à réaliser.
III. INFORMATIQUE

Incontestablement l’informatique est l’avenir de
l’héraldique. Consommatrice de beaucoup d’images en couleurs et de données, l’héraldique profitera pleinement des développements des bases

informatiques en réseaux. Un département s’annonce précurseur, l’Aube, qui à l’horizon de 2008-

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2009 devrait proposer sur le site des archives
départementales l’accès à une campagne de couverture photographique des armoiries sur son territoire. Aucune base héraldique publique ni
commerciale n’est aujourd’hui satisfaisante. A titre
privé, des corpus d’environ 320 000 armoiries blasonnées se sont constitués et il faut en souhaiter la
diffusion prochaine.
[Le conférencier présente de nouveau des armoiries
identifiées grâce aux bases informatisées]
CONCLUSION

L’ensemble de ces données et recherches aboutira
peu à peu à l’élaboration d’une base héraldique
informatique illustrée qui permettra la reconstitution d’une histoire des décors et des objets commandés ou possédés par des mécènes, des
collectionneurs ou de simples particuliers à travers
les siècles. Elle s’inscrira parfaitement dans le
souci actuel de reconstituer le parcours des œuvres
auquel s’attache particulièrement les historiens de
l’art. L’étude de ces documents présentera une histoire des comportements des élites sociales à travers des témoignages figurés.
Création originale de la société occidentale du
XIIe siècle, l’héraldique n’a cessé jusqu’à nos jours
d’être le miroir de cette société. Aussi, constitue-t-elle

une science indispensable aux historiens, historiens
de l’art et archéologues.

Philippe PALASI
Chargé de conférences à l’ EPHE,
section des sciences historiques et philologiques
© P. PALASI 2007

« P our garder une bonne image ».
Phénomènes d’alteration et méthodes
de conservation des sceaux de cire médiévaux

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e sceau est fixé au document, qu’il valide et
authentifie: il en est donc indissociable, sans
lui il perd toute valeur diplomatique. Mais le document scellé est un objet composite, difficile à
conserver et à restaurer car chacune de ses composantes possède ses exigences propres.
Il est donc impossible d’appliquer des règles de

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conservation uniques, des choix doivent être faits en
fonction de l’état de dégradation d’un des éléments,
ou en fonction de l’importance historique de ceux-ci.
Dans une première partie, je vais exposer les phénomènes de dégradation auxquels sont soumis les
sceaux, puis dans une seconde partie, les solutions
qui peuvent être apportées.
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I. LES ALTÉRATIONS DES SCEAUX

La cire
La plupart des sceaux du Moyen Age sont constitués de cire d’abeille, produit d’origine animale luimême composé de nombreux constituants. Il est
difficile de prévoir comment ces différents composants réagiront entre eux et comment les sceaux
vieilliront.
Les conditions de conservation idéales de la cire
sont: température entre 15 et 20° et pas d’exposition à la lumière directe. Ce qui est le plus nuisible,
ce sont les variations rapides de température et
l’amplitude.
L’atmosphère humide (au-delà de 55%) est aussi à
proscrire:
- en raison du lien étroit du sceau avec les lacs en

textile, extrêmement sensibles à l’humidité;
- en raison du risque de développement de microorganismes à cause de l’interaction entre l’humidité et la poussière qui recouvre souvent les
sceaux.
Mais surtout, les sceaux craignent extrêmement les
chocs. La cire, d’autant plus qu’elle a vieilli, est fragile, parfois très cassante. Elle est donc très sensible
aux manipulations. Les conditions de stockage des
documents sont aussi un facteur de dégradation: cartons rangés debout et non à plat, boîtes trop pleines
où les sceaux sont écrasés, sachets trop serrés occasionnant des frottements…
Enfin, il ne faut pas négliger les problèmes posés par
les mauvaises restaurations, faites à une époque où
les matériaux «de conservation» n’existaient pas.
On peut classer en trois catégories les causes d’altération des sceaux de cire:
- les altérations physiques. Ce sont les plus nombreuses, conséquence des mauvaises conditions
de conservation: déchirements du parchemin ou
des lacs, sceaux cassés, écrasés, écaillés, encrassés, mal restaurés;
- les altérations biologiques. Elles sont, heureusement, relativement rares: trous ou galeries qui
peuvent engendrer des effritements;
- les altérations chimiques. Elles sont encore assez
mal connues. La cire peut être décolorée, cristallisée (remontées de dépôts blanchâtres). Les
sceaux peuvent aussi être «malades»: la structure interne de la cire est atteinte, soit en raison
d’un vieillissement de certains composants, soit
par réaction chimique entre ces différents composants, soit encore par réaction chimique entre
eux et les systèmes d’attache. Ces attaques se traduisent par une opacification des parties atteintes
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de la cire, qui deviennent cartonneuses. Le sceau
ressemble alors à un morceau de carton bouilli,
voire à un vieux savon (saponification). Aucun
traitement ne permet d’arrêter cette dégradation,
mais une étude est en cours au Service des
sceaux.
Les systèmes d’attache
Les lacs, faits de textile, sont très sensibles à la fois
à l’humidité et à la lumière. Les conséquences
d’une mauvaise conservation sont: effilochement,
déchirement, décoloration, le pire étant la cassure
totale du lien, ce qui implique que le sceau n’est
plus relié au document. Les mauvaises restaurations peuvent également être mises en cause,
lorsque les lacs sont gorgés de cire ou sectionnés.
Les bulles et les cachets
Comme pour les documents scellés de cire, on est
en présence d’un objet composite, où il y a à la fois
du parchemin, du textile (soie ou chanvre le plus
souvent) et du plomb, matériau qui a ses contraintes propres.
Si les métaux sont peu ou pas sensibles à la lumière
et à la température, le contrôle de l’hygrométrie est
au contraire primordial : l’humidité est le principal
responsable de la corrosion des métaux. La corrosion active est très dangereuse: l’objet change de
volume, de couleur, de poids, de forme. On voit
apparaître des rayures, des fissures, voire des trous,
des soulèvements, des cratères. Les bulles prennent
un aspect pulvérulent et finissent par tomber en

poussière
En outre, le plomb est extrêmement sensible à la présence de vapeurs organiques dégagées par les matériaux à base de cellulose, comme le bois et en
particulier le bois de chêne, les cartons, les papiers…
Enfin, il faut absolument éviter de les toucher à
mains nues, mais uniquement avec des gants de
coton, l’humidité et les sels de la transpiration suffisant à déclencher une corrosion irréversible. Pour
le stockage, il est impératif de contrôler le climat
par des produits absorbant l’humidité, et de proscrire étagères ou tiroirs en bois. Pour finir, les attaches, qu’elles soient en soie ou en chanvre,
souffrent des mêmes dommages que celles des
sceaux de cire.
Les cachets, qui apparaissent à la fin du XVe s., sont
le plus souvent directement plaqués sur papier. Le
matériau, appelé « cire-laque » ou « cire
d’Espagne» est extrêmement fragile, très fin et très
cassant.
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II. LES SOLUTIONS AUX DÉGRADATIONS DES SCEAUX DE
CIRE

Après ce panorama assez désolant sur les conditions de conservation de ces précieux objets du
Moyen Age que sont les sceaux, il faut envisager
les solutions qui peuvent être apportées. Certaines
interviennent en amont, c’est-à-dire avant que l’on
constate une quelconque dégradation. C’est ce
qu’on appelle la conservation préventive. D’autres
interviennent une fois les dégâts constatés.
Le nettoyage
Le nettoyage du sceau est le préalable à toute restauration, même s’il peut être dangereux quand certaines conditions ne sont pas respectées. Lui seul
permet de mettre en évidence les fissures de la cire,
parfois masquées par la crasse ou par du vernis.
C’est le seul moyen d’éliminer les risques d’infestation par des micro-organismes.
Le nettoyage, long et délicat, se fait par application
au pinceau de compresses de coton mouillées à
l’eau déminéralisée. Il faut souvent plusieurs jours
pour nettoyer le sceau, mais le sceau gagne en
esthétique et en lisibilité.
La restauration
Peu d’ateliers en France pratiquent cette restauration, délicate et toujours risquée pour le sceau.
Il y a deux interventions bien distinctes:
- la soudure des fragments, réalisée à l’aide d’une
pointe chauffante à température variable;
- le comblement des lacunes, par l’apport d’un

matériau coloré dans la masse, également à l’aide
de pointes chauffantes. La surface du comblement
devra présenter un léger retrait par rapport à la surface de l’original et sa teinte s’approchera le plus
possible de celle du sceau sans être tout à fait semblable, de manière à discriminer au premier coup
d’œil les parties originales des parties restaurées.
Le conditionnement
La première chose à faire est de considérer le lieu de
stockage des documents scellés, en essayant de
prendre en compte tous les éléments cités plus haut,
c’est à dire la température, l’hygrométrie, etc…, et
de les adapter le mieux possible aux documents, à
leur état de conservation, à leurs éventuelles dégradations. C’est souvent difficile d’obtenir des conditions idéales dans des bâtiments anciens, qui n’ont
pas été conçus pour entreposer des archives, où l’on
manque souvent de place, et où les documents sont
largement communiqués aux lecteurs.
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De tout temps, on a tenté de protéger les documents, et particulièrement leurs sceaux, par des
techniques de «conservation préventive» dont certaines ont été désastreuses. Certains de ces conditionnements sont d’origine: boîtes en bois ou en
métal dans lesquelles les sceaux ont été directement coulés. D’autres ont été rajoutés par la suite:
pochettes en parchemin réemployé, parfois garnies
d’étoupe. Le système du berceau, où l’empreinte en

cire rouge ou verte est insérée dans un «berceau»
de cire naturelle, semble avoir été plus efficace. À
une époque plus récente, on a utilisé de petits
sachets de coton ou de satin synthétique, peu efficaces pour la conservation. Lorsque l’on ouvre ces
différents types de pochettes, les surprises sont le
plus souvent mauvaises.
Cependant, à condition de bien les choisir et d’utiliser des matériaux de conservation, la protection
des sceaux par l’emploi de sachets peut être une
bonne solution, l’idéal étant de prévoir un conditionnement spécifique pour chaque document
scellé, au minimum une enveloppe en papier neutre
+ un sachet pour le sceau. La plus grande difficulté
vient de ce qu’aucun document scellé n’a un format
standard, les problèmes posés sont à chaque fois
différents.
Evidemment, il est inutile de revenir sur le coût en
mètres linéaires et en moyens humains induit par la
mise en place d’une conservation préventive
idéale, mais il ne faut pas non plus sous-estimer les
risques encourus par ces documents extrêmement
fragiles dans les conditions actuelles de conservation et de communication.
Les moulages
Un certain nombre de services d’archives en
France et en Europe ont constitué, depuis le milieu
du XIXe s., des collections de moulages de sceaux
pris sur les originaux grâce à des techniques qui
ont évolué avec le temps, et qui sont aujourd’hui
très sûres. Le Service des sceaux des Archives
nationales conserve environ 100 000 modèles de
sceaux, provenant des Archives nationales, départementales, communales, de bibliothèques ou de
musées.

Outre l’intérêt de pouvoir présenter aux chercheurs
un grand nombre d’empreintes au même endroit, le
moulage est une très bonne alternative à la consultation d’originaux, dont il assure ainsi la préservation en évitant leur manipulation. Le moulage a de
plus sur la photographie ou le microfilm l’avantage
de représenter l’objet en trois dimensions.
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J’espère avoir pu vous apporter une information
aussi complète que possible sur le chapitre de la
préservation des sceaux et les différents problèmes
auxquels peuvent être confrontés professionnels,
collectionneurs ou chercheurs. Il faut surtout retenir que, en cas de doute, il est préférable de faire
appel à un spécialiste pour avoir son avis, et que,

« le mieux étant l’ennemi du bien», il vaut toujours

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mieux ne rien faire que de risquer de prendre des
mesures inappropriées.

Marie-Adélaïde NIELEN
Conservateur responsable
des collections sigillogphiques
du Centre historique des Archives nationales
© M-A. NIELEN 2007

L es prémices de la sigillographie française
(1830-1880)

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ares sont les disciplines historiques dont on
peut observer précisément la naissance et le
développement: la sigillographie est l’une d’elles.
Ses promoteurs, Nathalis de Wailly, Louis Douet
d’Arcq, Léon de Laborde, pour ne citer que les plus
connus, ont laissé dans les lieux même de sa naissance, les Archives nationales, tout le matériau

nécessaire à la reconstitution de son histoire. Cette
entreprise dépassant le cadre qui nous est imparti
ici, nous allons plus modestement tenter de dégager
les quelques grandes lignes de fuite, de déterminer
les points forts autour desquels la méthode sigillographique a été mise au point; de comprendre comment et sur quels motifs, de 1830 à 1880, de
grandes collections d’empreintes ont été rassemblées, comment on les a classées et quels ont été les
instruments intellectuels qui permirent d’explorer,
d’étudier et de diffuser ces fonds.
Dans le premier tiers du XIXe siècle, l’intérêt pour
les sceaux se fait jour dans le petit milieu des amateurs et des collectionneurs d’objets de curiosités
qui furent les premiers à s’intéresser à ces objets,
en dehors des études diplomatiques qui les avaient
annexés depuis un siècle et demi. Ce fut en tout
premier lieu les matrices métalliques qui attirèrent
leur attention , non seulement parce que le métal est
bien plus élevé dans la hiérarchie des matériaux
que la cire, mais aussi parce que l’immense majorité des sceaux était conservée dans des dépôts
publics situés, en principe, en dehors des circuits
du marché. Il n’en reste pas moins vrai que le détachage des sceaux de leurs actes demeure une pratique relativement courante à l’époque, pratique
qui se poursuivra d’ailleurs assez tard dans le siècle. Parce que les sceaux sont appendus à des actes
peu commodes à manipuler, et dispersés dans les
dépôts, leur étude se heurtait à des difficultés maté6

rielles majeures. L’obstacle fut contourné par l’adoption du moulage.
Dans les années 1830, au moment où la collection
de Pierre Revoil, riche de près de trois cents matrices, entrait au Louvre, un marchand anglais, John
Doubleday, recevait l’autorisation de mouler certains sceaux des Archives royales avec en contrepartie le don d’un exemplaire de chaque moulage.
Ce qui fut à l’origine de la collection des Archives
n’était constitué que de sceaux royaux français et
britanniques. Durant la même décennie, le

médailleur Alexis-Joseph Depaulis (1792-1867)
rassembla, en puisant à des sources très diverses,
une collection de moulages qu’il destinait à l’Ecole
des Beaux-Arts.
Le but de ces «numismates» n’était évidemment
pas l’invention d’une discipline; ils souhaitaient
compléter des séries monétaires, illustrer l’histoire
de la gravure mais surtout constituer une documentation iconographique précisément datée.
Aiguillonnées par ces initiatives, les Archives se
lancèrent de manière bien informelle d’abord, puis
vers 1840, plus systématiquement, dans une opération de collecte qui aboutira une dizaine d’années
plus tard à la plus grande collection d’empreintes
du monde. Même si la méthode prenait un tour plus
rationnel, le lien tranché entre le sceau et son
contexte diplomatique n’était pas renoué. Bien au
contraire, la sigillographie fut fondée sur le principe de cette rupture; elle est conçue alors comme
une discipline qui retranche virtuellement par la
copie, un élément d’un tout ; documente dans le
meilleur des cas son contexte désormais
«fantôme» et cela afin de constituer un corpus
capable d’épauler d’autres disciplines. C’est que
les sceaux offrent des images datées permettant de
fournir une datation précise à des domaines qui en
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sont parfois cruellement dépourvus, tels «l’iconographie sacrée; l’histoire du costume; la symbolique; l’histoire du style décoratif; l’état ancien de
l’industrie; la topographie urbaine; l’héraldique;
l’épigraphie et, enfin, la paléographie1 ». Hors de
leur contexte diplomatique, les sceaux apparaissent
donc aux yeux des promoteurs de la sigillographie
comme de précieux monuments archéologiques.
Ce glissement affirmé et assumé orientera la
sigillographie sur des pistes sans doute légitimes
mais qui ne donneront pas, loin s’en faut, les beaux
fruits escomptés. Le caractère utilitariste de la
démarche produira en outre des outils peu adaptés
aux études diplomatiques et bien insuffisants pour
l’histoire des formes et des pratiques.
En effet, pour classer l’énorme collection de moulages, il fallait un cadre méthodique. Il était impossible d’étudier ce corpus sous la forme classique de
l’inventaire par fonds, du fait des bouleversements
que ceux-ci avaient connus au moment de leur
entrée dans le domaine public, et il était illusoire
d’envisager un classement de type iconographique.

On élabora un cadre de classement par producteur
qui prenait en compte, notamment pour les derniers
siècles du Moyen Age où l’usage de sceller devint
quasiment universel, l’ensemble du corps social.
Ce classement, qui en dit sans doute plus long sur
le monde qui l’a produit que sur le monde qu’il est
sensé décrire, demeure jusqu’à nos jours le cadre
de classement de référence de la discipline.
En 1857, au moment de l’arrivée de Léon de
Laborde à la tête des Archives de l’Empire, le travail d’exploration des fonds parisiens et de fabrication des empreintes de sceaux est donc quasiment
achevé: les moulages sont fichés et classés. Avec le
nouveau directeur cependant, la collection sigillographique entre de plain-pied dans un projet bien
plus vaste que la simple question de l’inventaire
des fonds, un projet de modernisation des Archives
établi selon un programme ambitieux qui frappe
par sa cohérence. Pour le grand public, ou du moins
pour le public des amateurs et des curieux, Laborde
imagina un Musée de l’Histoire de France constitué
de deux ensembles distincts: le musée des documents qui réunissait une sélection d’actes illustrant
l’histoire de la Nation, et la collection sigillographique qui était installée au rez-de-chaussée de
l’hôtel Soubise. Ce musée est la clef du projet de
Note de L. Douet d’Arcq à F.-A. de Chabrier (Paris, Chan,
ABXVIII/1, dossier 2.
1

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Laborde, les collections de sceaux représentant en
quelque sorte la partie émergée et figurée de l’iceberg des Archives.
Parallèlement, Laborde lança les Archives dans une
ambitieuse politique de publications qui aboutit
aux fameux Inventaires et Documents publiés par
ordre de l’Empereur et qui se traduisit en matière
sigillographique par l’édition en trois volumes de
Collections de sceaux2. S’il améliorait considérablement la recherche dans le fonds sigillographique, il s’agissait du catalogue d’une collection
publique aux notices très courtes, le support écrit et
non illustré à la vision directe des objets. Pour cette
raison, cet instrument apparaissait bien insuffisant
pour le chercheur, d’autant qu’il laissait en
suspens, ou du moins ne traitait qu’imparfaitement,
la question iconographique. Certes, la science du
blason recevait un traitement de faveur grâce à la
constitution d’un index héraldique très complet,
mais comment appréhender les richesses iconographique des sceaux, ce qui, rappelons-le, est l’objectif principal assigné alors à la sigillographie,
avec des instruments qui décrivent si peu des images de toutes façon non indexées3 ?
La réponse qui fut envisagée alors passa par l’élaboration d’une typologie qui réduisait la question
iconographique à huit types: de majesté; équestre;
armorial; personnel aux femmes; ecclésiastique;
légendaire; topographique; arbitraire, appelé aussi
de fantaisie. Cette typologie, qui apparaît plus
comme un outil d’intelligibilité d’un corpus en
cours de formation que comme un instrument de

recherche, ne fut en outre pas appliquée de manière
systématique dans l’inventaire lui-même.
Afin de pallier les carences des inventaires papier
dont il était le promoteur, Laborde envisagea un
instrument nouveau: l’Atlas des sceaux. Ce recueil
de fiches normalisées, reprenant l’essentiel des notices de l’inventaire et recourant à la photographie,
apparaît comme une nouveauté de tout premier
ordre préfigurant les formulaires informatiques de
nos bases de données. Non seulement cet atlas, qui
ne fut pas mis en œuvre, aurait été un moyen relativement économique de diffuser les collections,
mais surtout il aurait permis de rompre le principe
figé de l’inventaire papier et son plan méthodique
Publiés par Louis Douet d’Arcq, les volumes furent publiés
en 1863, 1867 et 1868.
3 Ces descriptions sont souvent d’une faiblesse tout à fait surprenante, notamment pour l’iconographie chrétienne, où l’on
remarque souvent des erreurs manifestes. En outre, pour ce qui
concerne l’héraldique, bien des armes ne sont pas blasonnées.
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contraignant: grâce aux fiches le chercheur aurait
pu recomposer la collection selon des indexations
spécifiques et notamment iconographiques.
En matière sigillographique, l’autre grande ambition de Léon de Laborde est la réunion à Paris de la
collection d’empreintes constituée à partir des
fonds de la province. C’est ainsi qu’à partir de
1861, alors que la publication des inventaires des
sceaux des Archives nationales est en bonne voie,
sont lancées les campagnes sigillographiques.
Animées par Germain Demay, elles doivent couvrir
par cercles concentriques, dont Paris est le pivot,
l’ensemble du territoire français. Ces campagnes,
arrêtées pour diverses raisons avant leur terme,
nous ont donné les inventaires des sceaux de la
Flandre (1873), de l’Artois et de la Picardie (1877),
de la Normandie (1881); puis, plus tard, avec
Auguste Coulon et la reprise pour un temps des
campagnes, l’inventaire sigillographique de la
Bourgogne (1912). Vers 1900, il existait donc en
pratique deux collections indépendantes et complémentaires: celle constituée à partir des fonds des
archives, qui était par définition achevée et qui possédait son propre inventaire, la seconde, en revanche, ouverte avec les campagnes sigillographiques
en 1861, n’étant toujours pas achevée.

Avec la sigillographie, l’observateur a la chance
d’assister à la naissance et au développement d’une
discipline, de repérer les enjeux, les débats, d’observer comment une époque envisage un corpus
dont elle ignore presque tout et comment elle forge
à mesure qu’elle le découvre les outils de son intelligibilité. De 1840 à 1880, on crut que grâce à son

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riche répertoire d’images datées la sigillographie
pouvait éclairer des pans entiers de pratiques très
diverses. Entendait-on construire une histoire positiviste des formes, une histoire à la datation étalonnée, qui aurait permis d’éviter les tâtonnements de
la stylistique, une manière d’archéologie des formes et des pratiques représentées ailleurs par la
peinture ou la sculpture? Reconnaissons que si ce
principe n’est jamais énoncé clairement, il soustend et influence les pratiques d’alors.
Les raisons du relatif effacement de la sigillographie
du champ des études historiques, eu égard aux riches
perspectives que l’on traçait alors pour elle, tiennent
sans doute aux choix théoriques et pratiques que
nous venons de très brièvement décrire. Alors que le
principe du classement sociologique envisagé apparaît pour le moins daté, la pratique du moulage, qui
permit dans un premier temps de rendre visibles des
objets difficiles à étudier sans lui, a conduit néanmoins à les «décontextualiser». Les inventaires des
sceaux produits aux Archives dans la seconde moitié
du XIXe siècle sont souvent des inventaires de moulages plutôt que d’originaux. Par ailleurs, si l’on

reprend les domaines que la sigillographie était censée aider par sa datation, on ne peut être que déçu
par des résultats pour le moins contrastés; l’héraldique a sans doute trouvé dans la sigillographie une
alliée de poids, mais que dire de l’histoire du
costume, de l’iconographie, de la topographie
urbaine ou de l’histoire des styles décoratifs?

Clément BLANC-RIEHL
Chargé d’études documentaires au service des sceaux
du Centre historique des Archives nationales
© C. BLANC-RIEHL 2007

S igillographie des pays d’outre-Saône

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i l’on tentait de dresser aujourd’hui le bilan de
la sigillographie en France, après cent cinquante ans de développement de cette science, les
conclusions seraient partagées.
Les sujets de satisfaction ne manqueraient pas. La
production scientifique est devenue abondante et
de qualitéI : elle développe non seulement des
points d’érudition particuliers mais aussi des vues

de synthèse qui ont considérablement enrichi notre
problématique sur le sceau et sa place dans la civilisation médiévale. L’étude des sceaux est entrée
dans le domaine de la recherche universitaire:
depuis une trentaine d’années se sont multipliés les
thèses et mémoires centrés sur les sources sigillaires ou y faisant recours pour tel ou tel aspect de
leur démarche.


Par exemple, la Revue française d’héraldique et de sigillographie a publié plus de 2000 pages depuis 1990.
Bibliographies : R. Gandilhon et M. Pastoureau, Bibliographie
de la sigillographie française, Paris, 1981, poursuivie par

J.-L. Chassel et M. Dalas, dans Revue française d’héraldique
et de sigillographie, t. 54-59 (1984-1989) et t. 60-61
(1990-1991), et par J.-L. Chassel sur le site internet
www.sfhs.fr.

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Ainsi la sigillographie n’est plus cette science
auxiliaire enclavée qu’on lui a reproché d’être restée trop longtemps ; les ponts ont été jetés qui la
mettent en relation avec les autres champs de
l’Histoire. Cette évolution n’a peut-être pas
encore donné tous les résultats qu’on pourrait
attendre et les efforts doivent être maintenus dans
cette direction.
De plus, pour exploiter les sources considérables
de cette discipline, à côté des inventaires traditionnels, les chercheurs disposent aujourd’hui de corpus thématiques patronnés par les Archives
nationales depuis 19802. Cette entreprise a livré des
trésors d’enseignements sur les sceaux de villes, les
sceaux des rois, et va s’enrichir bientôt d’un
volume consacré aux sceaux des reines et des
enfants royaux, grâce à Marie-Adélaïde Nielen.

part des pays d’outre-Saône, nous allons le voir7.
Ce constat pose matériellement et scientifiquement
beaucoup de problèmes. Compte tenu de leur fragilité particulière, les empreintes originales peuvent
être détruites ou mutilées de manière irrémédiable;
en l’absence de tout moulage, de tout cliché ou de

toute description, la perte de ce patrimoine est un
dommage définitif pour la science8. Par ailleurs,
dans leurs travaux, les chercheurs n’ont toujours
qu’une vue partielle des usages historiques du
sceau en France. Même s’ils disposent au service
des Sceaux des Archives nationales d’une documentation considérable (une collection de près de
100 000 moulages qui est la plus riche au monde)9,
il faut le dire et le répéter: ils sont contraints
d’omettre un bon tiers du territoire de la France et ne
doivent guère s’aventurer au-delà du Moyen Âge!

Mais le bilan serait marqué aussi de frustrations et
d’inquiétudes. Le travail d’inventaire des empreintes originales et des matrices conservées dans les
fonds publics est parti en flèche dans la deuxième
moitié du XIXe siècle: la grande Collection de
sceaux des Archives de l’Empire, pilotée par Douët
d’Arcq3, doublée d’une campagne de moulage
complète, a été suivie d’importantes publications
portant sur plusieurs régions. Mais le mouvement
s’est ralenti. Aujourd’hui la statistique des sources
inventoriées et publiées est très contrastée: certaines zones bénéficient d’inventaires publiés exhaustifs4 ou sélectifs5 ; d’autres ont fait l’objet de
recensements inédits6 ; d’autres enfin sont encore
pratiquement vierges, comme c’est le cas de la plu-

Les pays d’outre-Saône (Franche-Comté,
Montbéliard, Bresse, Bugey, Dombes et Gex), font
partie, hélas, des régions les moins bien connues.
La collection générale des sceaux franc-comtois
dont on rêvait au XIXe siècle n’a pas vu le jour10 et
le fichier des sceaux des Archives du Doubs de

M. Jean Courtieu, resté inédit, n’est consultable
qu’à Besançon. Le projet d’inventaire des sceaux
du Lyonnais, intégrant le département de l’Ain,
dans les années 30, a été amorcé par A. Coulon et
poursuivi par H.-E. Hours, mais il n’en reste que
des fiches préparatoires au service des Sceaux des
Archives nationales11.
Il faut rendre un hommage spécial à Jules Gauthier
(† 1905), archiviste du Doubs, remarquable savant
très attaché à sa province, excellent sigillographe et
héraldiste, correspondant de Douët d’Arcq, auteur
d’importantes monographies (sceaux des archevêques de Besançon, des juridictions comtoises,

Corpus des sceaux français du Moyen Âge. I : Les sceaux des
villes, par B. Bedos, Paris, 1980, et II. Les sceaux des rois et
de régence, par M. Dalas, Paris, 1991.
3
L.-Cl. Douët d’Arcq, Collection des sceaux [des Archives de
l’Empire], Paris, 1863-1867.
4
En dernier lieu : Cl. Cahen, Catalogue des sceaux… Archives
départementales de la Moselle, Metz, 1981-1994; M. de
Framond, Sceaux rouergats du Moyen Âge, Rodez, 1982; B.
Reviriégo, Catalogue des sceaux des Archives départementales de la Dordogne, Périgueux, 1994 ; X. Détraz, Catalogue
des sceaux médiévaux des Archives de la Haute-Savoie,
Annecy, 1998.
5
Par exemple : A. Coulon, Inventaire des sceaux de la
Bourgogne, Paris, 1912 ; L. Blancard, Iconographie des sceaux
et bulles… des archives des Bouches-du-Rhône, MarseilleParis, 1912.

6
La Champagne (mais sans la Brie ni le pays ardennais), dont
l’inventaire par Coulon n’est disponible qu’au Archives nationales en dactylographie ; pour la Bretagne, voir le fichier
photographique de archives de Loire-Atlantique (la thèse de
M. Fabre, Images personnelles médiévales. Bretagne (vers
1300-1500)…, en revanche, est reproduite : Villeneuved’Ascq, 1998).
2

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Île-de-France, Chartrain, Maine, Anjou, Touraine, Blésois,
Orléanais, Saintonge et Aunis, Lyonnais, Languedoc etc.
8
Précision est nécessaire : l’absence d’inventaire de sceaux de
ces régions ne veut pas dire que la conservation soit restée
inactive, bien au contraire. Certains services d’archives ont
mené une action efficace, accompagnée d’un fichage mais sans
publication.
9
À quoi s’ajoutent autant de notices descriptives sans moulages et une importante bibliothèque par les Archives nationales
en partenariat avec la Société française d’héraldique et de
sigillographie et l’Académie internationale d’héraldique.
10
Éd. Clerc, dans Bulletin de l’Acad. des Sciences, Arts et
Belles-Lettres de Besançon, 1857, p. 117.
11
Merci à Clément Blanc de m’avoir communiqué ces éléments. Si les repérages d’A. Coulon sont scientifiquement
inutilisables, les fiches d’H.-E. Hours sont d’une précision parfaite mais ne portent que sur les sous-séries 8, 9 et 10 G des
Archives du Rhône.
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des villes et des bourgs de Franche-Comté, des
sires de La Roche, ducs d’Athènes, des comtes de
Montbéliard), éditeur également d’un catalogue de
plus de 200 matrices12. La bibliographie est presque
vide sur la Bresse et le Bugey.
Un certain nombre d’empreintes originales intéressant les pays d’outre-Saône a été publié dans des
inventaires de collections nationales ou de régions
historiquement liées: une quarantaine dans la collection de Douët d’Arcq, une petite centaine dans
celle de Bourgogne, une bonne trentaine dans celle
d’Artois. Il faut y ajouter des empreintes recensées

en Haute-Savoie ou dans quelques fonds suisses13.
Par ailleurs, une trentaine de sceaux des archives
de Lyon, certains intéressant la Bresse et la
Dombes, ont été inclus dans le supplément de la
collection de moulages de sceaux des Archives
nationales à l’époque de Demay. Rappelons enfin
qu’en dehors des empreintes originales ou moulages, il faut également mettre à profit l’information
que livrent les éditions de cartulaires (notamment
les annonces de sceaux dans les actes) et les dessins
de sceaux dans les sources anciennes14.
Tout cela cependant ne peut nous consoler de l’absence d’inventaire sigillographique complet. Qu’on
songe en effet à l’importance des institutions ecclésiastiques des pays d’outre-Saône: le siège métropolitain de Besançon, l’évêché de Belley qui, à
défaut d’être très vaste, est fort ancien; les abbayes
de Luxueil ou Saint-Oyend de Joux, d’un rayonnement considérable; toutes les abbayes cisterciennes
de la filiation de Clairvaux et de Morimond. Qu’on
songe au rang tenu par des lignages comme ceux
des comtes de Bourgogne, des Chalon-Arlay, Bâgé,
La Roche, Montaigu, Rougemont, Traves, Ray,
Cusance, etc. Qu’on songe aussi à toutes ces dynasties d’origine extérieure mais possessionnées sur la
rive gauche de la Saône: les comtes puis ducs de
Savoie, devenus maîtres de la Bresse au XIIIe siècle,
les Beaujeu qui transmettent la Dombes aux
Bourbon, les La Tour-du-Pin, seigneurs de Coligny,
Références dans Gandilhon et Pastoureau (supra n. 1).
Haute-Savoie : supra n. 4 ; D. L. Galbreath, Sigilla
Agaunensia…, Lausanne, 1927, et Inventaire des sceaux vaudois, ibid., 1937.
14
Sur l’utilité de ses sources, Chassel, « L’usage du sceau au
XIIe siècle », dans F. Gasparri (éd.), Le XIIe siècle…, Paris, 1994
(Cahiers du Léopard d’Or, 3), p. 61-102, et « Dessins et mentions de sceaux dans les cartulaires médiévaux », dans O.

Guyotjeannin, L. Morelle et M. Parisse (éd.), Les cartulaires…
Paris, 1993 (Mémoires et documents de l’École des chartes,
39), p. 153-170.
12

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les Vienne, seigneurs de Pagny, les Vergy, comtes
de Champlitte et gouverneurs de Franche-Comté…
Comment, sur des bases aussi lacunaires, formuler
quelque idée sur l’usage du sceau dans ces pays
d’outre-Saône? Il est impossible de proposer à
l’heure actuelle une analyse scientifique convenable, tout au plus peut-on se faire une impression
générale. Il semble en premier lieu que l’usage du
sceau dans ces régions est proche de celui que l’on
a pu étudier en Champagne15, en Lorraine ou en
Bourgogne. La diffusion du sceau est certes moins
poussée qu’en Île-de-France, en Artois, en
Picardie, en Flandre ou, bien sûr, en Normandie.
Elle paraît assez forte cependant et touche une élite

relativement large, incluant la chevalerie (et pas
seulement les maîtres de châteaux), incluant même
de petits officiers tels des notaires, incluant aussi de
petits dignitaires religieux (chanoines, chapelains,
mais aussi des curés), incluant enfin nombre de
bourgeois. D’un autre côté, les sceaux de juridiction n’ont pas tardé à faire leur apparition et à offrir
leur valeur authentique aux actes des particuliers.
Les pays d’outre-Saône ont développé l’usage du
sceau de manière précoce. Par exemple, le sceau
est attesté chez les évêques de Belley, au moins
depuis les années 113016 ; chez les abbés de
Luxeuil, au moins depuis les années 112017; chez
ceux de Saint-Oyend, au moins depuis 112118 ; chez
les comtes de Bourgogne, depuis les années 108019.
Mais surtout on doit noter que le plus ancien sceau
non royal, dans les limites de la France actuelle, est
celui d’Hugues de Salins, archevêque de Besançon
(en 1033 et 1041)20.
Du point de vue iconographique, on rencontre tous
les types classiques, dont le style ne paraît pas se
distinguer des pays voisins en deçà de la Saône.
Comme partout ailleurs, l’héraldique a connu un
grand succès. Contrairement à la Champagne, les
Les sceaux, sources de l’histoire médiévale en Champagne
[actes de tables rondes de la Société française d’héraldique et
de sigillographie], à paraître en 2007; Chassel (dir.), Sceaux et
usages de sceaux. Images de la Champagne médiévale, Paris,
2003.
16
Pilot de Thorey, Cartulaire de l’abbaye… de Chalais,

Grenoble, 1879, n° 14.
17
Trace de sceau (1129) : Arch. dép. Haute-Marne, 24 H 1.
18
Trace de sceau (1121) : J. Waquet, Recueil des chartes de
l’abbaye de Clairvaux, Troyes, 1950, n° 2.
19
Dessin de sceau de la collection Gaignières (1187-1192) :
BnF, ms lat. 17080, fol. 28.
20
Empreintes de deux sceaux différents : Arch. dép. Doubs,
G 317,et Arch. dép. Haute-Saône, H 581 (Arch. nat., moulage
St 4533); B. de Vregille, Hugues de Salins…, Besançon, 1981.
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écus à l’aigle ne manquent pas. À priori, cela n’a
rien d’étonnant dans des terres situées à l’est de la
Saône; de plus, la Franche-Comté a fait partie du
domaine direct des Staufen, par le mariage de
Frédéric Barberousse avec l’héritière de la Comté.
À l’inverse, il faut rappeler comment le comte
Othon IV de Bourgogne a abandonné ses armoiries à l’aigle pour un lion d’or sur champ d’azur
billeté pour marquer, par les couleurs, son rapprochement avec les Capétiens21. Au-delà de cet exem-

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ple, il serait passionnant d’étudier dans ces pays
d’outre-Saône les manifestations héraldiques des
grandes mouvances politiques (Empire, France,
Savoie) et de leur évolution au cours du Moyen
Âge. Mais ce n’est là qu’un des mille sujet que les
sceaux permettraient de développer…

Jean-Luc CHASSEL
Maître de conférences à l’université

Paris X - Nanterre
vice-président de la Société française
d’héraldique et de sigillographie

J.-B. de Vaivre, « La probable signification politique du changement d’armes des comtes de Bourgogne… », dans 11e Congrès
international des Sciences généalogiques et héraldiques.
21

© J-L. CHASSEL 2007

E mblématique de la maison de Bourgogne
sous Philippe le Bon (1419-1467)

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la fin du XIVe siècle s’est mise en place une
«nouvelle emblématique» qui dépassait les
armoiries et les sceaux1, pour englober les mots
(aujourd’hui devises) et les devises, des signes de
reconnaissance qui comprennent les couleurs et les
insignes. Qu’en fut-il pour le duc de Bourgogne
Philippe le Bon (1396-1467)?
A la différence de son grand-père Philippe le Hardi et
de son père Jean sans Peur, il ne choisit pas ses devises dans la nature: Philippe le Hardi eut successivement le lévrier, le cygne, la houppe, la marguerite (en
honneur à sa femme Marguerite de Flandre), Jean
sans Peur la feuille de chêne, puis une branche de
houblon2. A la différence aussi de ses ancêtres qui
eurent comme couleurs le rouge et le blanc pour
Philippe le Hardi et le vert, noir et blanc pour Jean
sans Peur, le premier signe emblématique de Philippe

le Bon fut le noir, qu’il porta jusqu’à sa mort, en deuil
de son père. Ainsi le montrent ses portraits, tel celui
tardif par Rogier van der Weyden (ou son atelier)
conservé en plusieurs copies. Le noir fut un choix
personnel, non étendu à l’entourage, mais avec le
gris, il devint la devise du duc de Bourgogne, ses propres couleurs, au point qu’on les retouvait partout de
manière «officielle». Je ne citerai qu’un exemple,
concernant les navires ducaux. En 1425, alors qu’il

1
Cf. Laurent Hablot, « Les signes de l’entente. Le rôle des
devises et des ordres dans les relations diplomatiques entre les
ducs de Bourgogne et les princes étrangers de 1380 à 1477»,
Revue du Nord, t. 84, 2002, p. 319-341.
2
Id., «L’emblématique de Philippe le Hardi et de Jean sans
Peur», Les Princes des fleurs de lis. L’art à la cour de
Bourgogne. Le mécénat de Philippe le Hardi et de Jean sans
Peur (1364-1419), Paris, 2004, p. 81-83.

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guerroyait en Hollande, Philippe le Bon fit peindre la
coque et la voile de sa pleite (un navire à fond plat) de
ses armes, devises et couleurs3. Quand il fit le siège de
Calais, en 1436, par terre et par mer, il avait un de ses
navires peint à sa devise4. Plus fréquemment, c’étaient les couvertures de hune qui étaient peintes à la
devise du duc5. Normalement – ce que fit son fils
Charles le Téméraire –, il aurait dû choisir l’emblème de la Bourgogne, d’azur à la croix de SaintAndré d’argent, donc une devise de bleu et blanc.
Le mariage de Philippe le Bon avec Isabelle de

Portugal fut l’occasion d’une grande création emblématique. Premièrement, avec sa nouvelle épouse, le
duc choisit un mot, «Autre n’aray», qui ne peut en
fait se comprendre qu’avec celui de la duchesse,
«Tant que je vive», — ce qui marquait là ausi une
rupture avec son père et son grand-père6. Il faut bien
sûr entendre : « Autre femme je n’aurai » pour
Philippe le Bon (c’était en effet son troisième
mariage dont il espérait avoir enfin une descendance), avec la correction d’Isabelle de Portugal:
«Tant que je vive». Le jeu des mots entre le mari et
la femme n’était pas une nouveauté. En effet, le
beau-frère de Philippe le Bon, Jean duc de Bedford,
et sa sœur Anne de Bourgogne, qui se marièrent en
1423, avaient comme mots, «A vous entier» pour lui
et, non sans humour, «J’en suis contente» pour elle.
Jacques Paviot, La Politique navale des ducs de Bourgogne,
1384-1482, Lille, 1995, p. 66.
4
Ibidem, p. 304.
5
Ibidem.
6
En effet, ils eurent des mots à connotation politique:
«Y me tarde» pour Philippe le Hardi, Ich swighe («Je me tais»),
puis Ich halt mich ou Ich houd («Je le tiens») pour Jean sans Peur.
3

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La tradition fut poursuivie par Charles le Tộmộraire
et sa troisiốme ộpouse Marguerite dYork: ôJe lay
emprinsằ (ôJe lai entreprisằ) pour lui et, en espộrance de bonne conclusion, ôBien en adviegneằ
pour elle. Ce jeu de mots rộciproques nous a valu un
exercice de style, un rondeau de quatre syllabes, de
Jean Molinet, un des grands rhộtoriqueurs de la fin
du Moyen ge, qui nous en offre ainsi la clef7 :
Autre naray
Tant que vive.
Son serf seray,
Autre naray,
Je laimeray,
Soit morte ou vive.
Autre naray
Tant que je vive.

Isabelle de Portugal ne fut guốre intộressộe par lemblộmatique. Son emblốme propre se retrouve dans
des miniatures ou dans des dộcorations architecturales: un enclos, une palissade circulaire, traversộ par
un phylactốre portant son mot ôTant que je viveằ8.
Son mariage avec Philippe le Bon, Bruges, le 8
janvier 1430, fut loccasion de la crộation de lordre de la Toison dor, deux jours plus tard9.
Lộpoque semblait passộe pour la crộation dun
nouvel ordre de chevalerie10, mais celui-ci allait se
rộvộler un succốs, puisquil existe toujours. Il fut
fondộ en lhonneur et rộvộrence de Jộsus-Christ, sa
mốre la Sainte Vierge et lapụtre saint Andrộ (saint
patron de la Bourgogne), pour lexhaussement de
la foi chrộtienne et de lẫglise, ainsi que pour
Anthologie des grands rhộtoriqueurs, par Paul Zumthor,
Paris, 1978, p. 107 ; cf. p. 106-107 pour les mots de Charles
le Tộmộraire et Marguerite dYork.
8
Cf. Isabelle de Portugal, duchesse de Bourgogne, 1397-1471,
catalogue dexposition par Claudine Lemaire et Michốle
Henry, avec Anne Rouzet, Bruxelles, Bibliothốque royale
Albert Ier, 1991, ill. 24 (KBR, ms. 10308, v. 1455-1458) et
51 (manteau de cheminộe au palais Rihour Lille, ap. 1464),
p. 134 et 194.
9
Cf., entre autres Victor Tourneur, ô Les origines de lOrdre de
la Toison dor et la symbolique des insignes de celui-ciằ,
Acadộmie royale de Belgique, Bulletin de la classe des lettres
et des sciences morales et politiques, 5e sộrie, t. XLII, 1956,
p. 300-323 ; Jacques Paviot, ô ẫtude prộliminaire ằ, Les
Chevaliers de lOrdre de la Toison dor au XV e siốcle, Raphaởl
de Smedt (dir.), Francfort-sur-le-Main, 2000, p. XV-XXXII

(Kieler Werkstỹcke, Reihe D : Beitrọge zur europọischen
Geschichte des spọten Mittelalters, 3) ; id., ô Du nouveau sur la
crộation de lordre de la Toison dor ằ, Journal des savants,
2002, p. 279-298 ; Die Protokollbỹcher des Ordens vom
Goldenen Vlies, t. I: Herzog Philipp der Gute, 1430-1467,
ộd. Sonja Dỹnnebeil, Stuttgart, 2002 (Instrumenta, 9).
10
Cf. Jacques Paviot, ô Les ordres de chevalerie la fin du
Moyen ge ằ, Bulletin de la Sociộtộ nationale des Antiquaires
de France, 2001, p. 195-205.
7

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laugmentation et entretien de la chevalerie, ce qui,
il faut bien le reconnaợtre, ộtait le but des ordres de
chevalerie prộcộdents et nộtait donc guốre original, mais il y eut des innovations.
La premiốre fut le patron de lordre: non pas une
personne divine ni un saint, mais un hộros de la
mythologie antique qui nộtait guốre un exemple:
Jason. Ce choix choqua lors de lannonce de la
crộation de lordre. Le chroniqueur Enguerran de

Monstrelet rapporte en effet que lordre fut fondộ
en ôremembrance de la toison que jadis conquist
anciennement Jazon en lisle de Colcos, comme on
le trouve par escript en lIstoire de Troyesằ et
remarque: ôDe laquelle nest point trouvộ en nulle
hystoire, qu[]onques nul prince chrestien, on11 luy,
eust relevộe ne mise sus. Si fut la dessusdicte ordre,
lymaginacion de celle que dit est, nommộe par
ledit duc, lOrdre de la Thoison dOr12.ằ Trốs rapidement, le chancelier de lordre, Jean Germain,
ộvờque de Nevers, puis de Chalon-sur-Saụne, voulut rectifier cet aspect paùen et peu ộdifiant et proposa un modốle biblique, en la personne de
Gộdộon. Celui-ci demanda Dieu une preuve avant
de sa lancer dans le combat contre les Madianites :
ce fut la rosộe que Dieu mit sur une toison de laine
que Gộdộon avait ộtendue terre, alors que le sol
alentour resta sec, et linverse la seconde nuit13.
La couleur choisie pour le manteau (portộ uniquement les jours de fờte) fut le rouge, peut-ờtre pour se
diffộrencier de lautre grand ordre de chevalerie le
plus proche, celui de la Jarretiốre, dont les couleurs
ộtaient le bleu et lor. Cependant, en saccaparant une
telle couleur, le duc de Bourgogne ộmettait des prộtentions royales. Lautre signe distinctif de lappartenance lordre, comme pour la majoritộ des autres
ordres de chevalerie, ộtait le collier, quil fallait porter quotidiennement. Celui-ci comportait deux devises. L encore, Philippe le Bon suivait des
prộcộdents14. Pour son ordre, Philippe le Bon choisit
le fusil15 pour le collier et la toison dor en pendentif.
Avant.
Citộ dans mon ôẫtude prộliminaireằ, p. XVIII.
13
Juges, VI, 36-40. Cf. Georges Doutrepont, ô Jason et
Gộdộon, patrons de la Toison dOrằ, Mộlanges Godefroid
Kurth. Recueil de mộmoires relatifs lHistoire, la
Philologie et lArchộologie, t. II: Mộmoires littộraires, philologiques et archộologiques, p. 191-208.

14
Cf. mon ôẫtude prộliminaireằ.
15
Jacques Laurent, ôLe briquet de la maison de Bourgogneằ,
Revue franỗaise dhộraldique et de sigillographie, t. I, 1938,
55-64; Jacques Labrot, ôLa symbolique du briquet et de la toison dor sur les mộreaux et jetonsằ, Bulletin du Centre national de recherche sur les jetons et les mộreaux du Moyen Age,
n 31, s. d., p. 1-24.
11

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Selon la définition du Dictionnaire de l’Académie
française, le fusil était «une petite pièce d’acier avec
laquelle on bat un caillou pour en tirer du feu16 ».
Georges Chastellain, indiciaire (chroniqueur) de la
maison de Bourgogne dans le deuxième tiers du
XVe siècle, a rapporté ainsi le choix de Philippe le Bon:
en ensievant la nature de son père le duc
Jehan qui en son temps moult avoit eu grans
affaires en France et portoit, à entendement
de pluseurs grandes choses, le rabot, cestui
[Philippe le Bon], non veuillant fuir l’entendement de son père par moins, ains plustost
l’approcher par plus vive signification et
plus ague, selon le temps que veoit, prist et
mist sus pour enseigne perpétuel de sa maison le fusil, lequel, s’il le prist sans conseil
que de luy, sy ne le prist-il sans mistère, me
semble, entendible à chascun17.
Peut-être a-t-il voulu montrer par là qu’il ne suffisait plus, après l’assassinat de son père, d’avoir
comme emblème un rabot pour dégauchir le bâton
noueux des Orléans, mais un fusil pour signifier la
riposte donnée avant qu’on s’en aperçoive, le coup
porté avant que l’étincelle ou la flamme jaillisse ?
Dans le collier, les fusils sont représentés en or.
Chaque fusil ou briquet comporte des poignées et
forme ainsi la lettre B, comme Bourgogne. D’autre
part, les briquets sont engagés l’un dans l’autre,
opposés deux à deux, pour composer les mailles
du collier. Enfin, le fusil est montré comme lorsqu’on l’utilise, avec une étincelle. Le mot associé
plus tard à la devise du fusil permet d’expliciter
encore cette signification : « Ante ferit quam
flamma miscet. Il fiert [frappe] avant que la

flamme reluyse ». Indépendamment du collier, le
fusil était un emblème propre de Philippe le Bon,
et au-delà de la maison de Bourgogne, que l’on
retrouve partout, dans les manuscrits, sur les jetons
ou les méreaux, sur les vêtements, dans le décor.
Enfin, le collier de l’ordre de la Toison d’or entra
lui-même dans les armoiries, comme le souverain
de l’ordre et les chevaliers le firent figurer autour
de leur écu.
Prenons comme autre exemple un membre de la
famille de Philippe le Bon, son fils bâtard Antoine
(1421-1504), devenu le Grand Bâtard de
Cité par Laurent, p. 56.
Cité dans mon « Étude préliminaire », p. XIX.
18
Sur l’emblématique d’Antoine de Bourgogne, cf. Christiane
Van den Bergen - Pantens, « Héraldique et bibliophilie: le cas
d’Antoine, Grand Bâtard de Bourgogne (1421-1504) »,
Miscellanea Martin Witteck. Album de codicologie et de
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Bourgogne à la mort de son demi-frère Cornille en
145218. Comme bâtard, il portait bien sûr sur ses
armes la signe de sa naissance, non pas une barre,
mais seulement un filet en barre de gueules, ou une
cotice d’argent mise en barre. Il choisit comme
devise une hotte d’embrasure, une barbacane,
c’est-à-dire un abri d’artillerie de bois servant à
protéger les servants d’un canon, entourée d’étincelles et de flammes, et comme mot (ajourd’hui
devise) « Nul ne s’y frote », qui peut se trouver
doublé d’un « Ainsy le veul », peut-être pour continuer la tradition familiale du double mot. La
devise (emblème) se trouve représentée en basrelief sur un chapiteau de la chapelle du palais
Rihour à Lille (après 1454), sur un linteau d’un
moulin à Tournhem (dans le Pas-de-Calais), seigneurie lui venant de sa femme, dans une stèle de
l’église d’Ardres (Pas-de-Calais), dans les manuscrits qu’il possédait, sur son étendard, enfin au
revers d’une médaille qu’a réalisée Jean Candida
en 1474. Ajoutons que son cimier portait en 1452
une tête de lion dans un vol, puis à partir de 1454
jusqu’en 1481 une chouette ou un grand duc, dont
la signification nous échappe.
Charles le Téméraire, duc de Bourgogne de 1467 à
sa mort devant Nancy en 1477, poursuivit l’emblématique de son père. Nous avons vu qu’il prit
un mot – qui était personnel – semblable à celui
de ses parents (« Je l’ay emprins » et « Bien en
adviegne » pour sa troisème femme Marguerite
d’York, qu’il épousa en 1468). Il reprit le fusil, lié
à l’ordre de la Toison d’or dont il fut le deuxième
souverain. Comme devise de couleurs, il modifia
celle de son père : non plus noir et gris, mais noir

et violet. L’emblématique de Philippe le Bon fut
riche, opérant une solution de continuité avec celle
de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur, mais en
faisant cela il lui a permis de traverser les siècles
jusqu’à nos jours, grâce notamment à l’ordre de la
Toison d’or.

Jacques PAVIOT
Professeur d’histoire du Moyen Âge
à l’université Paris XII - Val de Marne,
secrétaire adjoint de la Société de l’histoire de France,
membre résidant de la Société nationale
des antiquaires de France
© J. PAVIOT 2007
paléographie offert à Martin Witteck, éd. Anny Raman et
Eugène Manning, Louvain, 1993, p. 323-354; [Dominique
Delgrange] « Il y a 500 ans : Antoine, grand-bâtard de
Bourgogne (1421-1504) », Signum. Recueil d’héraldique,
sigillographie, numismatique des Pays-Bas français, n° 16,
décembre 2004, p. 3-10.

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L es sceaux des seigneurs d’Apremont,
des origines au

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robablement issus des avoués de Saint-Vanne
qui gravitent autour de l’évêque de Verdun à la
fin du Xe siècle, les seigneurs d’Apremont constituent un remarquable exemple d’ascension sociale:
à la fin du XIIIe et au cours du XIVe siècle, leur
lignage figure parmi les plus puissantes familles
de seigneurs lorrains; le 24 mars 1354, le roi
des Romains Charles IV élève la seigneurie

d’Apremont et de Dun à la baronnie1.
Malgré l’intérêt qu’ils suscitent et l’originalité que
chacun leur reconnaît, les sceaux des seigneurs
d’Apremont n’ont fait l’objet ni d’une étude synthétique ni d’un catalogue spécifique2.
SCEAUX DES SEIGNEURS D’APREMONT
GOBERT VIII († 1325)

DES ORIGINES À

L’usage du sceau par les seigneurs d’Apremont est
attesté depuis 1152, à une période où le sceau se
généralise chez les nobles laïcs après l’achèvement
de sa diffusion dans les milieux ecclésiastiques
dans le premier tiers du XIIe siècle. Pendant la première moitié du XIIIe siècle, Gobert VI (1204-1239)
et son fils Joffroi II (1235-1250) ont un sceau rond
équestre; mais Gobert VII (1250-1279), frère de
Joffroi II, use d’un sceau armorial. Par sa forme
scutiforme, le sceau de Gobert VII peut être rapproché d’autres sceaux contemporains de parents
ou de vassaux de la famille d’Apremont.
A la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle, les
seigneurs d’Apremont délaissent le sceau scutiforme pour revenir au sceau rond. Joffroi III
(1279-1302) et son fils Gobert VIII (1302-1325)
possèdent successivement deux sceaux, l’un armorial, l’autre équestre, le sceau armorial portant des
armoiries brisées alors que ce sont les armes pleines (de gueule a la croix d’argent) qui figurent sur
le sceau équestre.
Le premier sceau du fils de Gobert VII, Joffroi III,
pose d’autant plus de problèmes qu’il est aujourd’hui

X IV e


siècle

perdu. E. Des Robert décrit les armoiries qui y
figuraient comme un parti, au I, d’une demi-croix,
au II, d’un burelé de 12 pièces tandis que J.-Th. de
Raadt propose un parti, au premier, une demicroix, mouvant du parti; au second, de ... à sept
burelles. Si l’on identifie aisément les armoiries à
dextre (celles de la famille d’Apremont), il n’en est
pas de même pour celles à senestre, que l’on est
tenté en définitive de rapprocher de celles de la
famille de Coucy, fascées de vair et de gueules (la
mère de Joffroi III était Agnès de Coucy): l’alliance avec la famille de Coucy était suffisamment
relevée pour que Joffroi III exhibe les armoiries de
sa mère dans ses propres armoiries.
Il est surprenant de constater que les armoiries parties de Joffroi III sont celles du chef d’armes. Elles
ne sont pas, en fait, liées à la place de Joffroi III
dans le lignage mais à sa qualité d’écuyer, mentionnée dans sa titulature (« Joffroy, signor
d’Aspremont, escuier») et dans la légende du sceau
(+ S. GEFROI DASPREMONT ESCUER).
Gobert VIII, seigneur d’Apremont et de Dun
depuis la mort de son père à la bataille de Courtrai
en 1302, use encore, en 1308, d’un sceau armorial
où figurent des armoiries à la croix, cantonnée à
dextre en chef d’un oiseau. A partir de 1314, c’est
avec un sceau de chevalier, portant les armoiries
pleines, qu’il scelle.
Dans la deuxième moitié du XIIIe siècle, le seigneur
d’Apremont scelle donc de son sceau armorial
d’héritier et d’écuyer jusqu’à son entrée dans la
chevalerie. A son adoubement, il reçoit un nouveau

sceau, conforme à son statut de chevalier et de chef
du lignage.
Peu de règles régissent l’usage du sceau du seigneur d’Apremont, au XIIIe comme au début du
XIVe siècle mais le scellement sur lacs de soie est
réservé aux actes les plus solennels.
SCEAUX DES SEIGNEURS D’APREMONT AU XIVe SIÈCLE

Sur la famille d’Apremont et son ascension sociale, voir
M. Auclair, « Grandeur et décadence d’une famille seigneuriale lorraine : le lignage d’Apremont des origines à la fin du
XIVe siècle», Lotharingia, vol. 10, p. 127-177.
2
Nous ne donnons ici qu’un résumé de la communication faite
devant le Comité des travaux historiques et scientifiques lors
des journées de Brou. Un article plus développé, muni de l’appareil de notes requis et d’un catalogue des sceaux de la
famille d’Apremont, sera publié dans une prochaine livraison
de la Revue française d’héraldique et de sigillographie.
1

14

Le premier sceau de Joffroi IV (1325-1370), fils de
Gobert VIII, présente bon nombre d’originalités
par la nouveauté de son vocabulaire emblématique
et par les armoiries dont il est chargé. Inscrit dans
une rosace architecturale, l’écu est tenu par deux
hommes sauvages et surmonté d’un heaume cylindrique sommé d’une tête de coq couronnée et environné de queues de lion ressemblant à des bois de
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cerf. Sous l’écu, un petit dragon (le graoully messin
selon Hubert Collin) meuble la partie inférieure de
la rosace. Joffroi IV met ainsi en place un vocabulaire emblématique fécond: les hommes sauvages
se retrouvent dans certains sceaux du XVe siècle et
deviennent à l’époque moderne les tenants habituels
des armes d’Apremont; le cimier en forme de tête
d’oiseau et les queues de lion sont autant d’emblèmes repris par les successeurs de Joffroi IV.
Si le sceau armorial de Joffroi IV innove par les
emblèmes qui y sont représentés, il s’inscrit également en complète rupture avec les usages héraldiques qui prévalaient encore dans le premier quart
du XIVe siècle: il est chargé des armes pleines de la
famille alors que Joffroi n’est encore qu’écuyer.
Joffroi IV se fait graver entre 1331 et 1332 la
matrice d’un deuxième sceau. Toujours écuyer, il
ne pouvait prétendre au sceau équestre. Si le génie
de Joffroi IV n’est pas étranger au choix d’un

sceau de type allégorique, échappant à l’alternative
sceau armorial / sceau équestre, les traditions
sigillographiques familiales n’ont donc pas été non
plus sans influence et ont même pu avoir un rôle
stimulant. Un phénomène de mode, bien identifié
par E. Des Robert explique également ce choix: en
plus du sceau de Joffroi IV, trois sceaux du
XIVe siècle représentent un «chevalier au lion» et
ils appartiennent tous à des personnages apparentés
à Joffroi IV; la composition, et surtout la réalisation de ces différents sceaux, souvent de petite
taille, est cependant sans commune mesure avec
celles du sceau de Joffroi IV qui représente dans
un polylobe architectural un homme échevelé et
barbu, revêtu de fer mais tête découverte, qui porte,
jeté sur l’épaule, un écu aux armes à la croix; une
masse d’arme à la ceinture, il terrasse à mains nues
un lion qu’il chevauche.
En 1357, Joffroi IV adopte un troisième contresceau représentant une hure de sanglier (son
emblème personnel) environné du monogramme
IA et sommé d’un nouvel emblème, une aiglette,
qui montre l’attachement du seigneur d’Apremont
à l’empereur: depuis le 24 mars 1354, la seigneurie d’Apremont avait été élevée en baronnie par
l’empereur Charles IV, qui avait octroyé au seigneur d’Apremont, le 16 janvier 1357, un certain
nombre de droits régaliens, dont le droit d’anoblir,
de légitimer les bâtards, de battre monnaie et de
créer des tabellions.
Le fils de Joffroi IV, Gobert IX (1370-1381), n’avait certainement ni la force de caractère, ni la culture, ni l’originalité de goût de son père; ses sceaux
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marquent donc, d’une certaine façon, un retour en
arrière. Son premier sceau est un sceau armorial
d’une simplicité qui rappelle les sceaux d’écuyer
de la fin du XIIIe siècle et du début du XIVe. Comme
seigneur d’Apremont, il use de deux sceaux simultanés. Le premier est un sceau de tournoi de très
belle facture représentant un chevalier armé, portant un heaume cimé d’une tête d’aigle accostée de
deux queues de lion: Gobert IX reprend une partie
des emblèmes présents sur le sceau armorial de son
père, l’aigle impérial remplaçant le coq. Sur l’écu
tenu par le chevalier de la main gauche, sont figurées des armoiries brisées à la croix cantonnée à
dextre en chef d’une molette. Son autre sceau est
armorial. On y retrouve le heaume cimé d’une tête
d’aigle couronnée et accosté de deux queues de
lions; les armoiries représentées sont cependant les
armoiries pleines du lignage.
LA CHANCELLERIE DE JOFFROI IV

Le scellement a une place centrale dans la «chancellerie» organisée par Joffroi IV au moment où il
fait réaliser son sceau allégorique. L’existence de
cette institution, sans égale en Lorraine au XIVe siècle, est attestée notamment par un registre,
conservé au département des manuscrits de la
Bibliothèque nationale de France, contenant la
transcription de 401 actes scellés par Joffroi IV

entre le 6 janvier 1347 et le 18 avril 1354. Le classement des actes n’y est pas strictement chronologique: les transcriptions ont été exécutées par petits
groupes d’actes de dates voisines; le scellement
des actes devait donc donner lieu à des séances particulières d’audience du sceau au cours desquelles
toutes les expéditions réalisées durant le temps qui
séparait deux de ces séances étaient scellées. C’est
peu après l’apposition du sceau que les actes
étaient transcrits dans le registre. Pour permettre le
contrôle du sceau, le scellement était numéroté
séquentiellement, le numéro figurant à la fois dans
le registre et sur l’expédition de l’acte.
En outre, le registre met en évidence que Joffroi IV
confiait son «grand sceau» à sa chancellerie et gardait sur lui son sceau du secret ou son signet qui lui
servaient parfois de sceau «ordinaire», à défaut du
grand.
Les sceaux des seigneurs d’Apremont sont donc
remarquables et sans équivalents en Lorraine. Assez
traditionnels au XIIIe siècle, ils ont pourtant dès cette
époque quelques caractères originaux: la forme
scutiforme du sceau de Gobert VII, l’usage d’un
sceau armorial portant des armoiries brisées jusqu’à
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l’adoubement sous Joffroi III et Gobert VIII. Au
cours du XIVe siècle, les seigneurs d’Apremont
s’entourent de graveurs de grande qualité: le sceau
au lion de Joffroi IV, et, dans une moindre mesure,
le sceau de tournoi de Gobert IX, sont des réalisations de très belle facture. L’esthétique n’est pourtant pas la seule des qualités des sceaux des
seigneurs d’Apremont au XIVe siècle puisqu’un
riche répertoire d’emblèmes est constitué sous
Joffroi IV. Les sceaux prennent une signification
politique en mettant en avant l’attachement du seigneur d’Apremont à l’empereur: l’aigle impérial
apparaît dans les sceaux de Joffroi IV au moment où
Charles IV élève la seigneurie d’Apremont à la

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baronnie. Quant au lion vaincu par un chevalier portant des armes à la croix, tel que le représente le

sceau de Joffroi IV, il est certes une allusion aux
ennemis de l’empereur vaincus, mais il est aussi une
réminiscence de la bête tuée par saint Georges, chevalier-modèle portant lui aussi des armoiries à la
croix et sous la tutelle duquel, comme l’attestent
bon nombre d’autres sources, les seigneurs
d’Apremont aiment à se placer.

Mathias AUCLAIR
Conservateur à la Bibliothèque-Musée de l’Opéra
© M. AUCLAIR 2007

P résentation du site www.histoirepassion.eu
Je voudrais vous signaler l’existence d’un site
internet Histoire Passion () sur lequel a été installée une base de données contenant les tables des matières et tables
onomastiques des publications de plusieurs “sociétés savantes” de Charente et Charente-Maritime.
Ces tables sont numérisées en format texte, ce qui
permet des recherches dans leur contenu
1- par le moteur de recherche interne du site (version Google dédiée)
2- par les méthodes courantes de recherche dans
une page avec les fonctions ad hoc des navigateurs.
Chaque mot figure avec la page où il est mentionné dans la publication, et un lien hypertexte
permet d’accéder à l’ouvrage sur le site de la
BNF-Gallica. Il ne reste plus qu’à saisir le numéro
de la page pour visualiser en format image la page
du volume où se trouve le mot recherché.

Ce dispositif, récemment mis en place, connaît un
très grand succès auprès des internautes.
À partir du moment où les moteurs de recherche
ont “digéré” le contenu des pages où se trouvent

ces tables, leur fréquentation a connu une croissance hyperbolique.
À titre d’exemple, la page qui contient les tables
des matières des Archives historiques de
Saintonge et d’Aunis - Bulletin 1879-1899, mise
en ligne le 25/10/2006, a déjà été visitée 1800 fois
par des internautes qui y ont été amenés principalement par ces moteurs.
Il comporte des forums, une mailing-list bimestrielle et permet les contributions de rédacteurs
bénévoles.

Pierre COLLENOT

P ublication du Comité régional Nord Pas-de-Calais
d’histoire de la sécurité sociale
✓ La passion du social par Pierre Descamps et
Florent Vanremortere
Voyage dans le «temps social» de la région Nord Pasde-Calais mais aussi dans celui de la ville de
Tourcoing, de Mahaut de Guisnes à Gustave Dron, en
passant par le médecin tourquennois Ferdinand
16

Vanlaer à l’origine d’un projet de «sécurité de la vie».
255 p., 10 € (port compris).
Cet ouvrage peut être commandé exclusivement
par courrier postal à Pierre Descamps, Les
Aubesières, 109 le Haut Pommereau, 59259
AUBERS. Le produit de la vente sera intégralement affecté aux activités du comité.
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P ublications du CTHS
✓ re)Connaître et conserver les photographies
anciennes par Bertrand

Lavédrine, avec la collaboration de Jean-Paul Gandolfo et
Sibylle Monod
Au cours de ces dernières décennies, l’intérêt pour la
photographie ancienne n’a fait que s’accroître auprès
d’un public très divers: collectionneurs, conservateurs, archivistes mais également amateurs soucieux
de conserver au mieux de précieux témoignages
familiaux ou régionaux aux travers de quelques images. Souci de préservation d’autant plus justifié pour
la photographie qu’elle est sans doute l’un des biens
culturels les plus populaires et les plus répandus dans
notre société.
Connaître et reconnaître les photographies, savoir
comment les manipuler, les ranger est l’objectif de ce
guide, car malgré une histoire relativement courte,
ces 150 dernières années ont vu naître une multitude
de procédés photographiques ayant chacun leur spécificité et réclamant des soins adaptés. Cet ouvrage
porte à la connaissance du public les évolutions les
plus récentes dans ce domaine avec un souci de
clarté, de concision et de simplicité.
ISBN: 978-2-7355-0632-3
Orientations et méthodes n°10, 25 €

✓Imaginaires de l’Apocalypse
par Laurence Rivière Ciavaldini
La fin de la période gothique, au
cœur de mutations politiques et
spirituelles importantes, marque
un tournant de l’histoire de l’art
européen.
Dans les années 1428-1435 puis 1486-1490, trois
peintres, Jean Bapteur, Péronet Lamy et Jean

Colombe, illustrent le dernier texte de la Bible et
son commentaire rédigé par Bérengaud, et font se
rejoindre en un somptueux ouvrage deux traditions
iconographiques: celle des Apocalypses anglaises,
bien connue des historiens de l’art médiéval, et une
tradition napolitaine élaborée à la cour des Anjou,
rois de Naples et de Jérusalem.
Affrontant la question des modèles iconographiques empruntés par les peintres des ducs de
Savoie pour enluminer le manuscrit, ce livre
explore ces deux foyers, anglais et napolitain, et
apporte tout particulièrement un éclairage inédit
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sur la tradition gothique italienne dont la genèse
peut être identifiée sur la fresque de Santa Maria di
Donnaregina et sur les célèbres panneaux de
Stuttgart, deux œuvres exécutées à Naples, dans les
années 1320-1330.
L’interprétation modernisée que nous livrent les
peintres de l’Apocalypse de l’Escorial instaure une
rupture fondamentale dans la lecture des visions de
saint-Jean, jusqu’alors enfermée dans un discours
conservateur et allégorique. Ce livre montre que
ces nouveautés, loin d’être considérées comme des
divertissements courtois et pittoresques, ont été
conçues en relation étroite avec le texte biblique et
son commentaire. En projetant leur propre destin
sur les visions grandioses et triomphales de
l’Apocalypse, les princes de Savoie légitiment et
sacralisent le règne terrestre qu’ils exercent sur leur

principauté, parvenue, au cours du XVe siècle, au
plus haut niveau de son ascension politique.
ISBN: 978-2-7355-0635-4
L’Art et l’Essai n° 4, 45€

✓ Elisée Reclus: les ÉtatsUnis et la guerre de
Sécession. Articles publiés
dans la Revue des Deux
Mondes, par Soizic AlavoineMuller
En 1851, Elisée Reclus doit
quitter la France, banni suite à
son opposition au coup d’État de Louis Napoléon
Bonaparte. Son exil le conduit aux États-Unis où il
passe quelques années dans le milieu esclavagiste
de la Nouvelle-Orléans. Il découvre à la fois la formidable originalité du pays et ses terribles contrastes. De retour en France, il rend compte de son
expérience et de sa réflexion dans une série d’articles parus dans la prestigieuse Revue des Deux
Mondes – série à partir de laquelle nous avons
effectué la sélection de textes que nous présentons
dans cet ouvrage. Au travers de ces écrits, Elisée
Reclus nous livre avec fraîcheur les impressions
d’un jeune homme révolté, mais il jette également
les fondements de ce que sera sa géographie
sociale. Il nous invite à un parcours qui suit les
eaux calmes du Mississipi, croise la route des sectes protestantes les plus rigoristes et surtout rencontre le destin tragique des esclaves. Élisée
17


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Reclus voit l’histoire s’accomplir sous ses yeux, il
en dévoile les ressorts profonds. Il est à son époque
l’un des analystes les plus clairvoyants de la guerre
de Sécession et de ses enjeux.
ISBN: 978-2-7355-0614-9
CTHS Format n°61, 15,00 €

✓ La politique des États et
leur géographie de Jean
Gottmann présenté par Luca
Muscarà
Mondialement connu pour son
étude sur la Megalopolis du nordest des États-Unis, Jean Gottmann
(Kharkov, 1915 - Oxford, 1994)
est un géographe français extraordinaire. Juif d’origine

ukrainienne, il échappa de peu à la mort pendant la
Révolution bolchevique. Émigré à Paris, il était l’assistant talentueux de son directeur de recherche à la
Sorbonne lorsque l’invasion nazie le fit s’exiler à New
York, d’où il rejoignit la France Libre, en participant à
l’effort de guerre en tant que conseiller des gouvernements américain et français, puis à l’effort de paix aux
Nations Unies. Membre de l’Institute of Advanced
Study de Princeton, professeur à Science Po et directeur d’études à l’EPHE puis à l’EHESS, il dirigea
enfin la School of Geography d’Oxford.
L’invitation à relire La politique des États et leur géographie, paru en 1952, est motivée par le fait que l’auteur anticipe déjà sur le débat politique et
géographique de la mondialisation des territoires et du
multiculturalisme. Bien que les États soient évoqués
dans le titre, le géographe citoyen du monde se dégage
de la vision étatique traditionnelle en nous rappelant
l’unité de la Terre et en défendant la variété de sa géographie. Pour rechercher une mesure commune entre
l’unité politique du globe et son inévitable fragmentation en régions, il est nécessaire de revenir à la géographie et à l’histoire, en considérant à la fois la
dimension matérielle – la grande dynamique humaine
de la circulation planétaire – et la dimension symbolique, psychologique et culturelle des communautés
sous-tendue par les différentes cloisons dans leurs
moindres nuances régionales.
Les identités des différentes communautés projetées
et reflétées sur les territoires et se cachant aujourd’hui
dans les réseaux sont indispensables pour concevoir
une organisation politique à l’échelle d’une communauté mondiale unifiée par la circulation, mais cultu18

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rellement et psychologiquement cloisonnée par l’histoire et la géographie. La dialectique entre ces deux
dimensions nous permet d’approcher les contradictions produisant l’instabilité actuelle à l’échelle de la
géopolitique mondiale et de la cohabitation urbaine.
ISBN: 978-2-7355-0624-8
CTHS Format n° 62, 15,00 €

✓ Saint-Mexme de Chinon
V e-XX e siècle sous la direction d’Élisabeth Lorans
Héritière d’un monastère
fondé au Ve siècle, la collégiale Saint-Mexme a constitué
la principale institution religieuse de Chinon du début du
XIe siècle jusqu’à la Révolution. Les dix années de
fouilles conduites sur le site ont fourni de multiples
données tant sur les transformations de l’église que
sur son environnement étudié dans la longue durée.
Ont ainsi été restituées les étapes d’un long chantier qui aboutit, dans le courant du XIIe siècle, à la
création d’une vaste église de pèlerinage, régulièrement transformée par de nouvelles campagnes de
construction et de décor jusqu’au XVe siècle.
La fouille a également révélé un usage funéraire
ininterrompu des XVe-Ve siècles à la fin du
XVIIIe siècle. Les quelque 600 sépultures examinées
ont permis de restituer l’organisation spatiale de
cette aire d’inhumation, en usage des IVe-Ve siècles
à la fin du XVIIIe siècle, comme l’évolution des pratiques funéraires.
La présence au milieu des tombes de structures
domestiques utilisées aux VIIIe-IXe siècles suggère

le maintien sur le site d’une communauté religieuse
à une période que ne documente aucun texte.
Enfin, l’analyse des sources écrites éclaire la
genèse du monastère, sa transformation en communauté canoniale, l’organisation du chapitre et son
autorité sur les églises paroissiales de Chinon ou
encore l’audience du culte rendu à Saint-Mexme.
À travers l’ensemble des sources disponibles, tant
matérielles que textuelles ou iconographiques, cet
ouvrage restitue donc la genèse et l’évolution d’un
site funéraire et religieux qui a durablement marqué la ville de Chinon.
ISBN: 978-2-7355-0609-5
Archéologie et histoire de l’art n° 22, 50 €
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✓ Temples et monastères
de Mongolie-Intérieure par
Isabelle Charleux
Au début du XXe siècle,
plus de mille monastères
bouddhiques de rite tibétain
s’élevaient en Mongolie
méridionale, l’actuelle Région autonome de Mongolie-Intérieure en Chine.
Un siècle plus tard, on en compte moins de deux
cents. Si l’on ne peut que déplorer les disparitions
massives, les monastères épargnés constituent une
partie appréciable d’un vaste ensemble architectural élaboré depuis la fin du XVIe siècle. Ce patrimoine original, d’une immense richesse, mérite
d’être étudié aussi bien en tant qu’héritage culturel d’un peuple nomade qu’en raison de son poids
dans l’histoire de l’architecture bouddhique en
Extrême-Orient.
Placée entre deux puissants voisins, le Tibet et la
Chine, la Mongolie est riche d’une histoire forgée
sur le mythe d’ancêtres prestigieux, nourrie par
une pratique sensible des religions et du bouddhisme en particulier, une histoire qui s’appuie
sur des structures sociales écartelées entre nomadisme et sédentarisation. Ce passé se lit à travers
les vestiges des monastères, dont l’éclectisme
témoigne du brassage des influences et de la subtile adaptation de modèles pan-asiatiques aux
besoins de communautés locales.
Temples et monastères de Mongolie-Intérieure
étudie, dans le cadre historique complexe de la
Mongolie méridionale, les caractéristiques principales du patrimoine bouddhique mongol, tant du
point de vue de ses enjeux spirituels, économiques ou stratégiques, que de celui des conceptions architecturales et des techniques de

construction elles-mêmes. Il dresse une typologie
de référence et recense les principaux monastères
de Mongolie-Intérieure, localisés chacun sur une
carte, en un catalogue minutieusement documenté, dont le détail est fourni sur CD-rom illustré : les 156 monastères sont accompagnés d’une
notice décrivant leur histoire, leur plan au sol,
l’architecture de leur temple principal, les sources
épigraphiques éventuelles ainsi que les références
bibliographiques utiles.
ISBN: 978-2-7355-0611-8
Archéologie et histoire de l’art n°23, 76 €
mars 2007 n° 12

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✓ Encourager l’innovation
en France et en Europe.
Autour du bicentenaire de
la Société d’encouragement pour l’industrie
nationale par Serge Benoit,
Gérard Emptoz et Denis
Woronoff
Du milieu du XVIIIe siècle à la fin du XIXe siècle, une

exigence parcourt l’Europe: il faut encourager l’industrie. Cela s’entend, dans l’esprit des Lumières,
comme le soutien à la «main habile», à l’«intelligence productive». Dans ce but, se créent des
sociétés, soit à l’initiative des notables, soit sous
l’impulsion des pouvoirs publics. Ainsi s’établit, au
moins idéalement, la triple alliance des politiques,
des savants et des entrepreneurs.
À l’occasion du bicentenaire de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, fondée le
1er novembre 1801, une rencontre européenne a
entrepris de faire un premier état de ce processus,
en soulignant à la fois les convergences et les
spécificités nationales et régionales. Par quels
moyens opérer? Le système des concours et des prix
s’est-il avéré toujours pertinent? Quelle place attribuer aux expositions, aux publications, à l’enseignement dans la diffusion de l’innovation? Quels liens
ont tendu à s’établir entre ces sociétés pour former
une sorte de réseau national, voire international de
l’encouragement? À ces questions, cet ouvrage propose des réponses rigoureuses et neuves.
ISBN: 978-2-7355-0622-4
CTHS Histoire n° 22, 30 €

✓ Les occupations magdaléniennes de Veyrier: histoire
et préhistoire des abris-sousblocs par Laurence-Isaline
Stahl-Gretsch
Cette étude se propose de
relire le site magdalénien des
abris-sous-blocs de Veyrier
(Etrembières) à la lumière d’une double approche,
l’une tournée vers l’histoire des recherches des
fouilles anciennes de ce gisement étonnant, l’autre
orientée vers l’analyse des objets archéologiques
eux-mêmes et de leur insertion dans un contexte

climatique, chronologique et culturel.
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Les fouilles du XIXe siècle n’ont laissé que très peu
de documentation quant à la localisation précise
des abris et à leur stratigraphie. La confrontation
de correspondances, pour la plupart inédites, des
notes, d’anciennes photos et de quelques articles
permettent de proposer une reconstitution du gisement aujourd’hui totalement disparu. D’anciens
décomptes de faune, des échantillons réétudiés,
comparés à des relevés stratigraphiques du XXe siècle, apportent de précieuses indications complémentaires.

Ce sont surtout les objets archéologiques qui ont
fait la renommée de ce gisement. Une industrie
osseuse riche et diversifiée - au sein de laquelle on
compte les fameux bâtons perforés ornés de représentations de loutres et de bouquetin - et une abondante industrie lithique, issue de silex de
provenances variées, retracent les circulations de
certaines matières et d’activités quotidiennes des
occupants des abris, relevant de la culture du
Magdalénien supérieur.
Coédition Cahiers d’archéologie romande.
ISBN: 978-2-7355-0615-6
Documents préhistoriques n°20, 45 €


Sainte-Marie
"La
Daurade" à Toulouse. Du
sanctuaire paléochrétien
au grand prieuré clunipar
sien
médiéval
Jacqueline Caille, avec la
collaboration de Quitterie
Cazes
L’actuelle église de la Daurade à Toulouse a remplacé un prestigieux sanctuaire démoli en 1761.
Sancta Maria Deaurata (la "dorée", à cause du
magnifique décor de mosaïques à fond d’or tapissant les murs de son abside) a alimenté bien des
légendes. On la disait fondée sur un temple gaulois, ou romain, dedié à Apollon ou Pallas. On a eu
bien des doutes sur sa fonction : chapelle palatine
des Wisigoths ou mausolée royal, église consacrée
par saint Exupère au début du Ve siècle ?

Pas un auteur, du XVIe au XXIe siècle, qui n’ait eu son
avis. Rattaché à la grande abbaye clunisienne de
Moissac en 1077, le monastère s’orne d’un cloître,
l’église est progressivement transformée. À la fin du
Moyen Âge, la Daurade est à la tête d’immenses
possessions dont les origines ont également fait l’ob20

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jet de bien des spéculations. De tout cela, il ne reste
que des fragments épars dans quelques musées...
Jacqueline Caille rassemble ici toutes les sources
disponibles, dispersées dans les fonds d’archives
les plus divers et dans la bibliographie internationale. Elle rend ainsi possible l’étude de cet ensemble monastique exceptionnel, et fait revivre, à
travers des documents inédits, la Toulouse du
XVe siècle avec sa population, ses métiers et son
organisation urbaine.
ISBN: 978-2-7355-0536-4
Archéologie et histoire de l’art n° 18, 45 €

✓ Histoire de l’enseignement XIXe-XXe siècles. Guide
du chercheur par Thérèse

Charmasson
Face à un système éducatif en
perpétuelle mutation, l’histoire
de l’éducation et, singulièrement, celle de l’enseignement,
attire de nombreux chercheurs. Comment débuter
une recherche en ce domaine? Quels ouvrages
consulter ? Quels fonds d’archives dépouiller ?
Quelles autres sources mobiliser? Dans une présentation claire et méthodique, la deuxième édition du
«guide du chercheur en histoire de l’enseignement», entièrement refondue et considérablement
enrichie, rassemble des informations dont la dispersion constituait un frein au démarrage de nombreux
travaux. Ce guide a pour ambition d’accompagner
le chercheur dans sa quête et de l’aider à s’orienter
dans le triple domaine de la bibliographie, des
archives et des objets.
ISBN: 978-2-7355-0593-7
Orientations et méthodes n° 9, 29 €

✓ L’architecture funéraire
monumentale : la Gaule
dans l’empire romain par
Jean-Charles Moretti
Dominique Tardy

et

La découverte et la fouille de
grands monuments funéraires gallo-romains ont été à
l’origine du colloque organisé par le musée archéolomars 2007 n° 12



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gique de Lattes et l’IRAA du CNRS en octobre 2001.
Cet ouvrage rassemble les communications qui y
furent présentées. Nombre d’entre elles concernent
des monuments inédits de Gaule récemment mis au
jour. Ces études monographiques s’enrichissent de
synthèses consacrées à l’architecture funéraire dans
d’autres régions de l’Empire, éclairant ainsi l’origine,
l’évolution et la signification des modèles mis en
oeuvre. Une confrontation qui, pour la première fois,
met en lumière l’originalité et la diversité des solutions adoptées par les notables gallo-romains dans la
conception de leur dernière demeure.
ISBN: 978-2-7355-0617-0

Archéologie et histoire de l’art n°24, 45 €

✓ Un village, la terre et
ses hommes par Samuel
LETURCQ
Il est des pays dont la simple
évocation stimule l’imagination: la Beauce, aux portes de
Paris, est de ceux-là. Longue
étendue plate et austère brûlée
par le soleil en été, par le gel en hiver, océan céréalier d’où émergent villages et hameaux tels des îles,
la Beauce offre un paysage extraordinaire.
Pourtant, derrière cette façade pittoresque se dissimule une histoire discrète: celle de l’exploitation
d’une terre. Qui, des nombreux voyageurs pressés
traversant aujourd’hui la Beauce sans la voir, a
conscience que cette terre à blé était autrefois traversée par des dizaines de milliers de moutons,
depuis le Moyen Âge jusqu’aux grands remembrements de l’après Seconde Guerre mondiale? Qui
perçoit, derrière l’apparence immémoriale de ce
paysage, les multiples variations, évolutions, adaptations que le système agraire a pu connaître au
cours des siècles? C’est cette discrète et lente dynamique agraire qui est au coeur de ce livre.
Partant d’une observation minutieuse des structures
d’exploitation d’un petit terroir sous l’Ancien Régime
(Toury en Eure-et-Loir, possession de l’abbaye de
Saint-Denis dès les premiers siècles du Moyen Âge),
l’auteur démonte les ressorts d’une dynamique en
remontant pas à pas jusqu’au XIIe siècle. À l’issue de
l’analyse, de nombreuses certitudes tombent concernant les pratiques agraires, la dimension spatiale des
communautés rurales et la place de l’initiative individuelle dans un système communautaire.
ISBN: 978-2-7355-0631-6
CTHS Histoire n°25, 35 €
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✓ Histoire de la pensée géographique (volume 4) de
Clarence J. Glacken
Philippe Pinchemel

par

Ce volume représente la quatrième et dernière partie d’un
ouvrage publié en 1967 sous le
titre Traces on the Rhodian
Shore et sous-titré Nature and
Culture in western thought
from ancient times to the end of eighteenth century.
L’auteur développe trois thèmes essentiels que les
savants, les philosophes et les théologiens n’ont
cessé d’aborder depuis les origines de l’humanité:
– le thème d’une Terre destinée à l’homme, conçue
pour l’humanité;
– le thème des influences de l’environnement sur
les peuples;

– le thème de l’action géographique des hommes, de
la transformation humaine de l’interface terrestre.
Les Lumières du XVIIIe siècle renouvellent les regards
et la pensée géographique à l’égard de ces trois thèmes. Les progrès scientifiques et techniques, les
explorations et les voyages, les prémices de la mondialisation économique, l’entrée en scène de «théories» des climats, de la population… modifient
profondément les idées des hommes sur leur rapport à
la nature et les questionnent différemment. Leibniz,
Fontenelle, Rousseau, Condorcet, Kant mais surtout
Montesquieu, Buffon et Malthus apportent des contributions essentielles, ainsi que des auteurs de langue
anglaise moins connus de l’Europe continentale. Ces
écrits annoncent Humboldt, Goethe et Darwin. Mais
dans le même temps, la continuité des idées et des
débats demeure impressionnante de la «seconde
nature» de Cicéron à la «nouvelle nature» de Buffon.
Clarence Glacken, grâce à sa culture et sa hauteur
de vue mais aussi à son amour de la Terre et de ses
habitants élabore une passionnante histoire de la
pensée géographique occidentale, une histoire
d’une étonnante actualité.
ISBN: 978-2-7355-0612-5
CTHS Format n° 60, 15 €

✓ Mémoires de Claude
Haton (volume 4) présenté
par Laurent Bourquin
Le quatrième volume des
Mémoires de Claude Haton
vient clore une publication
menée conjointement par la
Société d’histoire et d’archéo21



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logie de Provins et une équipe d’universitaires. Ce
prêtre de Provins nous offre un témoignage exceptionnel sur le quotidien des Français du XVIe siècle,
qu’il dépeint avec une verve et une précision
remarquables. Mais son texte constitue aussi une
source extrêmement riche sur les guerres de
Religion, qui sont ici dominées par l’impopularité
d’Henri III et une violence endémique. L’ouvrage
est enrichi par un glossaire très complet, ainsi que
par un index récapitulatif des noms de lieux et des
noms de personnes couvrant l’ensemble du document (1553-1582). Il comporte enfin un index thématique général, qui permet de retrouver

facilement tous les sujets abordés par l’auteur.
ISBN: 978-2-7355-0636-1
Documents inédits de l’Histoire de France n°40, 35 €

✓ La bibliothèque de
l’Académie royale des
sciences au XVIIIe siècle par

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histoire du livre, cet ouvrage concerne autant les
spécialistes qu’un public beaucoup plus large.
L’iconographie abondante et choisie, la clarté de
l’exposition, les nombreuses citations tirées de
documents originaux s’adressent au lecteur de
façon très vivante.
C’est tout d’abord l’histoire de la constitution
d’une bibliothèque savante au XVIIIe siècle, et, à travers elle, l’histoire du fonctionnement de l’institution prestigieuse dont elle émane, l’Académie
royale des sciences.
La description d’une cinquantaine d’ouvrages met
concrètement en évidence la place de l’Académie
dans l’Europe des Lumières, la multiplicité de ses

centres d’intérêts, l’ampleur des travaux qu’elle
entreprit, son rôle primordial dans l’avancement
des sciences, et dans le progrès des techniques
appliquées à l’intérêt du royaume.
Enfin, le livre en tant que tel est à l’honneur comme
objet et moyen de transmission des connaissances :
l’accent est mis sur la place et le rôle de l’illustration, et sur la collaboration entre savants et artistes
dans l’élaboration des dessins et gravures.

Annie Chassagne
Préface de Pierre Messmer
À la croisée de plusieurs disciplines, histoire intellectuelle, histoire des sciences,

ISBN: 978-2-7355-0637-8
CTHS Science n° 5, 32 €

132 e congrès national des sociétés historiques
et scientifiques
res méditerranéennes dans tous les domaines de la
création. Arles est notamment le siège de l’École
nationale supérieure de la photographie (ENSP),
la seule école nationale supérieure de la photographie en France. Aussi, le 132e congrès national des
sociétés historiques et scientifiques a décidé d’y
faire escale pour un congrès dont le thème porte sur
«Images et imagerie».
Les 392 communications prévues sur la semaine
s’organiseront suivants 3 grands axes:

Arles - Lycée Pasquet
du 16 au 21 avril 2007


De par sa position géographique, Arles est un carrefour culturel. Elle a toujours été ouverte aux cultu22

1. Image, histoire et société
Images et textes
Manipulation et détournement de l’image
Le pouvoir des images (Moyen Âge-XVIe siècle)
Images militantes, images de propagande (XIXe et
XXe siècles)
Images de la femme
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Images des professions et des statuts sociaux
Enfance et images
Les représentations des villes
Imaginer et représenter l’au-delà
Refus de l’image et images interdites
La dialectologie et les atlas linguistiques comme
images de la langue
2. Diversité des images, diversité des techniques
Images sérielles: recours aux modèles, poncifs et
« multiples», de l’Antiquité à la fin du Moyen Âge
Les images privées et leur usage
L’imagerie populaire: sources et modèles
Images et représentations imagées dans les sciences
« Avec vue sur la mer»

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Images et relevés archéologiques, de la preuve à la
démonstration
Technologies nouvelles, images et recherche
3. La photographie dans tous ses états

Les genres de la photographie
Photographie et peinture
Techniques photographiques et analyse géographique
Image et narration en anthropologie sociale et en
ethnologie
12 colloques sur des thèmes aussi variés que le portrait, les graffiti, la photographie ou encore le
cadastre viennent compléter ce programme.
Le programme complet du congrès et le résumé des
communications sur notre site: www.cths.fr

133 e congrès national des sociétés historiques
et scientifiques
l’Atlantique : Europe, Canada, Amérique » correspond à la volonté du CTHS d’inscrire ses travaux dans l’espace de la francophonie et de
développer une réflexion féconde sur les liens et les
échanges très divers qui se sont établis, depuis quatre siècles, entre les deux rives de l’Atlantique, sur
les enrichissements mutuels qui en ont résulté.

400e anniversaire de la ville de Québec
Migrations, transferts et échanges de part
et d’autre de l’Atlantique:
Europe, Canada, Amérique

Ville de Québec,
du 2 au 8 juin 2008

À l’occasion du 400e anniversaire de la fondation
de Québec, le 133e Congrès national des sociétés
historiques et scientifiques, organisé par le Comité
des travaux historiques et scientifiques, se tiendra
dans cette ville.

Le thème retenu pour le congrès, «Migrations,
échanges et transferts de part et d’autre de
mars 2007 n° 12

Ce sera ainsi l’occasion de confronter des points de
vue, de mettre en relations des chercheurs de toutes
disciplines et des deux continents qui s’intéressent
aux mêmes problèmes mais avec des héritages différents et des pratiques qui ont suivi leurs voies
propres, de mieux connaître des traditions historiographiques différentes.
Contact pour les inscriptions et l’organisation des
congrès:
Isabelle Tarier: 01 55 55 97 78
Fax: 01 55 55 97 60

Service de presse:
Mélissa Rousseau: 01 55 55 97 63
Fax: 01 55 55 97 60

Les informations relatives aux congrès sont disponibles sur le site
www.cths.fr rubrique «Congrès».
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XI I e Congrès international des Lumières
Organisé par la Société internationale d’étude du
dix-huitième siècle (SIEDS/ISECS)

Montpellier-Corum
8-15 juillet 2007
Les universités de Montpellier organisent du 8 au
15 juillet le congrès international des Lumières. Ce
congrès se déroule tous les quatre ans dans un pays

différent.
La réflexion proposée pour 2007 est placée sous le
signe de l’«Encyclopédie» et de l’esprit philosophique qui, à l’inverse de notre époque, ne connaît
pas la spécialisation, ne sépare pas sciences et rhétorique et proclame l’unité de la connaissance.
Dans ce cadre, les congressistes sont invités à réfléchir sur les interférences entre sciences, techniques
et cultures au XVIIIe siècle. Avec une approche privilégiée suggérée par le thème principal du
Congrès, tous les domaines du savoir et de l’activité humaine sont concernés: philosophie, littérature, beaux-arts, histoire des sciences, histoire des
mentalités, économie politique, démographie etc.
En se gardant de reprendre les classifications modernes, on s’intéressera au développement de l’esprit
scientifique (réseaux, influence de l’État, expédi-

tions scientifiques, académies, sociétés savantes,
périodiques, collectionneurs, querelles scientifiques,
vulgarisation, éducation) et aux résistances qu’il rencontre (croyances, illuminisme, charlatanisme), son
influence sur la philosophie (empirisme, expérimentation, rationalisme, nature et culture, matérialisme,
utilitarisme), sur la métaphysique (Descartes,
Newton, Leibniz, Buffon, l’âme des bêtes, causes
finales, inné et acquis etc.), dans la littérature
(science et poésie, science et roman, science et dialogue, science et imaginaire), dans l’histoire (chronologie, érudition, philosophie de l’histoire), dans
les beaux-arts (opéra, théâtre et machinerie, théories
musicales et nouveaux instruments, collections et
amateurs), dans l’urbanisme et l’architecture (cités
concrètes ou idéales), dans les idées politiques et
économiques (bien public, physiocratie, démographie, statistiques, sciences et État). Une section sera
réservée à l’utilisation des sciences et des techniques
d’aujourd’hui pour l’étude du XVIIIe siècle, ainsi qu’à
l’évaluation critique de leur apport: grandes entreprises éditoriales, bibliographie matérielle, textes en
ligne, bases de données.

Claude LAURIOL

Président du comité d’organisation
et du comité scientifique
© C. LAURIOL 2007

I nformations pratiques
✓ Journée d’étude 2007

✓ Site Internet

La prochaine journée d’étude organisée par le
CTHS aura lieu à Paris à l’automne 2007 sur le
thème «la forme et le rôle des publications de
sociétés savantes à l’heure du numérique». Nous ne
manquerons pas de vous tenir informés de la date et
du programme détaillé de ces journées.

Nous vous rappelons que si votre société ou
association dispose d’un site internet et d’une
adresse mail, nous pouvons ajouter ces informations sur les fiches de vos sociétés dans la base
de données du CTHS, alors n’hésitez pas à nous
les transmettre.

N’hésitez pas à nous envoyer des articles, des annonces,
des publicités d’ouvrages que nous pourrons faire paraître dans ce bulletin. Merci de nous faire parvenir ces
informations avant la fin du mois de décembre 2007.

Direction de publication:
Suivi de publication:
Mise en page:
Impression:

ISSN:

24

Martine François
Mélissa Rousseau
Gabriela Larrea
Barnéoud
1278-9143

mars 2007 n° 12



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