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BỘ GIÁO DỤC VÀ ĐÀO TẠO
TRƯỜNG ĐẠI HỌC SƯ PHẠM TP. HỒ CHÍ MINH
Huỳnh Lê Thiên Trúc
ÉLAORATION D’UNE TERMINOLOGIE
FRANÇAIS-VIETNAMIEN
EN DIDACTIQUE DE LA GÉOGRAPHIE
Chuyên ngành: Lý luận và phương pháp dạy học
môn tiếng Pháp
Mã số: 60 14 10
LUẬN VĂN THẠC SĨ GIÁO DỤC HỌC
NGƯỜI HƯỚNG DẪN KHOA HỌC:
TS. NGUYỄN XUÂN TÚ HUYÊN
Thành phố Hồ Chí Minh - 2009
2
REMERCIEMENTS
o
J’adresse tous mes remerciements les plus sincères à:
La direction et les professeurs du dộpartement de Franỗais de
lUniversitộ
de
Pộdagogie
de
Hochiminh-ville,
pour
leurs
enseignements ;
Madame Nguyễn Xuân Tú Huyên, mon directeur de recherche, pour
sa disponibilité, ses conseils pour mon travail de recherche ;
Madame Anne Le Roux, professeur ộmộrite de lUniversitộ de Caen,
M. Jean-Franỗois Thộmines, HDR, directeur-adjoint chargé de la
recherche à l’IUFM de Caen-Basse-Normandie, pour leur aide à la
documentation et la construction de la structure notionnelle. ;
Mme Nguyễn Thị Kim Liên, M. Nguyễn Văn Luyện, du département
de géographie de l’Université de Pédagogie de Hochiminh-ville ;
Mme Hồ Thị Thu Hồ, de la Faculté de Pédagogie de l’Université de
Cần Thơ ; Mme Hoàng Thị Diễm Trang, professeur du lycée Gia Định
pour la lecture des fiches terminologiques et pour leurs observations;
Mes proches pour leur soutien moral.
Huỳnh Lê Thiên Trúc.
3
TABLE DES MATIÈRES
Introduction……………………………………………………………… 4
Chapitre 1 : Notions théoriques utilisées dans le cadre du mémoire…….. 7
I. Généralités……………………………………………………………………. 7
1. Points communs et différences entre la lexicologie…………………. 7
la lexicographie et la terminologie
2. Raisons du choix de l’approche socioterminologie………………….. 8
3. Les besoins terminologiques………………………………………… 9
4. Moyens de satisfaction des besoins terminologiques………………..11
II. Notions clés de la terminologie…………………………………………….. 15
1. Concept……………………………………………………………. 15
2. Terme……………………………………………………………… 19
3. Référence………………………………………………………….. 22
III. Structure d’une fiche terminologique……………………………………... 24
IV. Le transfert des compétences et la professionnalisation des enseignants…. 29
Chapitre 2 : Analyse du travail effectué………………………………… 32
I. Didactique et didactique de la géographie………………………………….. 32
II. Corpus choisi……………………………………………………………….. 34
III. Résultats du travail de recherche………………………………………….. 35
1. Présentation du travail de recherche…………………………………35
2. Moyens de création terminologique…………………………………36
3. Approches choisies…………………………………………………. 43
4. Structure notionnelle………………………………………………... 46
IV. Avis des usagers... 47
Conclusion..51
Bibliographie . 54
Annexes
Structure notionnelle
Fiches terminologiques
Index
Franỗais - Vietnamien
Vietnamien - Franỗais
4
INTRODUCTION
I. Le cadre de l’action
Pendant longtemps, la géographie était considérée comme une science
« naturelle », « physique », science de la nature et de la Terre s’intéressant à
la biogéographie, la climatologie, la géomorphologie, l’hydrologie… Puis
elle a évolué vers une science sociale : « La géographie est bien une science
sociale, et une pratique active de l’espace (savoir penser l’espace pour agir
sur lui et non plus le subir). [...]. L’objet de la géographie est bien l’espace
ordonné, construit- qu’il soit représenté ou objectif, géométrique-, et la
construction d’un savoir sur les relations de l’homme, de la société, avec cet
espace » 1. D’après Thémines 2, l’activité scientifique en géographie consiste
à rendre compte de la production sociale d’espace terrestre, en construisant
des systèmes conceptuels de relations, dans l’élaboration desquels
l’exploration des distances joue un rôle central. Et pour Le Roux3, […] les
activités en classe de géographie […] sont nombreuses : les élèves sont
invités à identifier, mettre en relation, formuler un problème, analyser,
interpréter, généraliser, conceptualiser, synthétiser, évaluer comme pour
toute discipline scientifique.
Au Vietnam, dans le contexte de réforme éducative, il s’avère
indispensable que les formateurs soient au courant de cette évolution. La
convention interuniversitaire signée entre l’Université de Pédagogie de
HoChiMinh-ville et l’Université de Caen Basse Normandie a permis la
1
2
3
Le Roux, 1995 : 65
Thémines, 2006:21
Le Roux, 2005:93
5
création d’actions de formation des ressources humaines en géographie et en
didactique de la géographie, par l’organisation de septembre 2007 à
septembre 2009 de quatre séminaires de formation destinés à une vingtaine
de professeurs de réseaux et de formateurs venant de différents
d’établissements de formation d’enseignants du Vietnam (Cân Tho, Dong
Thap, Hochiminh-ville, Huê, Tien Giang, Vung Tau). L’objectif de ces
quatre séminaires est d’initier les formateurs d’enseignants et les professeurs
et de les aider à accéder- grõce lexpertise franỗaise- de nouvelles
approches dans lenseignement - apprentissage, à les faire réfléchir à de
nouvelles démarches pédagogiques et à de nouveaux savoirs.
Dans la formation des enseignants, à côté de la méthode
d’enseignement traditionnelle, la didactique, qui est définie comme l’étude
de la transmission d’un savoir ainsi que les conditions d’enseignement et
d’apprentissage de ce savoir, est une discipline nécessaire, car elle permet
aux professeurs de bien mtriser les savoirs enseignés, ainsi que les
conditions d’enseignement de ces savoirs dans un contexte scolaire précis.
Au Vietnam la didactique est une discipline très nouvelle, introduite dans
notre pays grõce aux experts franỗais en didactique des mathộmatiques et
didactique de la géographie. L’élaboration d’une terminologie en didactique
de la géographie s’avère nécessaire pour le développement, l’intégration de
la discipline dans la formation des enseignants de géographie au VietNam et
cette terminologie est considérée comme
une ressource pour le
développement des compétences des formés dans le cadre d’un dispositif de
transfert.
6
II. Public
Tout projet terminologique est défini en fonction de ses objectifs et de
son public-cible. Le nôtre est destiné aux formateurs des établissements de
formation d’enseignants et aux enseignants de réseaux de géographie du
Vietnam qui s’initient à la didactique de la géographie telle quelle est
conỗue en France.
III. Questions de dộpart
En faisant ce travail de recherche, nous nous posons les questions de
départ suivantes :
1. Quelle approche choisir pour la conception d’une terminologie en
didactique de la géographie en fonction du public cible, en fonction
des objectifs de transfert des compétences?
2. Quelle forme donner à cette terminologie ?
3. Dans quelle mesure la terminologie élaborée peut-elle être une
ressource pour le transfert de savoirs et de compétences chez les
formés ?
IV. Structure du mémoire
Ce travail de recherche comprend les parties principales suivantes:
Première partie : Présentation des notions théoriques utilisées dans le
travail
Deuxième partie : Analyse du travail effectué
Bibliographie
Annexes
Présentation des fiches terminologiques
7
Index franỗais-vietnamien
Index vietnamien-franỗais
8
Chapitre 1 :
NOTIONS THÉORIQUES UTILISÉES DANS
LE CADRE DU MÉMOIRE
I. Généralités
1.
Points communs et différences entre la lexicologie,
la
lexicographie et la terminologie
La lexicologie, la lexicographie, la terminologie sont des sciences
voisines qui étudient le lexique, le vocabulaire d’une langue, qui
s’intéressent à l’usage des mots au niveau de sens. Si la lexicologie est
définie comme « la science qui étudie le lexique ou le vocabulaire » 1, « une
branche de la linguistique qui traite de la signification et de l’utilisation des
mots » 2, elle serait la partie de la linguistique qui se consacre à l’étude
scientifique des ensembles formés par les mots du lexique ; la lexicographie
est « la science et l’art de la composition des dictionnaires et des lexiques » 3,
elle s’intéresse à
la langue commune. La première appartient à la
linguistique descriptive et la deuxième est considérée comme une branche de
la linguistique appliquée.
À la différence de deux branches linguistiques pré-citées, la
terminologie se consacre à l’étude scientifique des termes, à un domaine
spécialisé.
Elle
est
souvent
utilisée
dans
les
activités
de
type
traductionnelles, documentaires ou normalisatrices. Elle s’adresse aux
1
Georges Mounin, cité dans Nguyen Xuan T.H., 2005:2.
Webster, 1976.
3
Seghers, 1972.
2
9
besoins des spécialistes et des techniciens. Ce sont des traducteurs, des
documentalistes, des normalisateurs, des lexicographes, des encyclopédistes,
des pédagogues, des étudiants et des autres “apprenants”. Elle les aide à se
comprendre, à collaborer, à négocier, à s’entendre, à enseigner… et à éviter
des malentendus, des imprécisions. On peut étudier la terminologie selon
deux axes : synchronique- pour voir la circulation des savoirs ; et
diachronique- pour conntre l’histoire des sciences, des techniques, des
idées. Il existe aussi une approche sociolinguistique de la terminologie que
nous allons adopter pour notre projet terminologique.
2. Raisons du choix de l’approche socioterminologique
La terminologie traditionnelle “implique que les concepts soient fixes
et indépendants de l’histoire” et elle repose sur un postulat : “la mise à
l’écart de la signification au profit de la désignation”1, c’est-à-dire qu’elle ne
s’intéresse pas à la transmission et à l’évolution de la signification du terme
dans le temps.
La socioterminologie s’est développée dans les années quatre-vingts.
Pour Enide Faulstisch, cité dans Gaudin 2, “ la socioterminologie est une
discipline qui s’intéresse au mouvement du terme dans les langages de
spécialité”. Et puis, selon Marcel Diki-Kidiri, cité aussi dans Gaudin 3, qui a
mené
des
recherches
portées
principalement
sur
l’aménagement
terminologique des langues africaines, la socioterminologie “s’est donnée
comme objectif d’étudier comment les locuteurs (utilisateurs, sujets, etc.)
réagissent aux termes techniques, les utilisent et les rejettent, et ce que cela
induit comme relation de communication, et comme jeu et enjeu de
1
Gaudin F., 2003:27
Gaudin F, 2003:14
3
Gaudin F, 2003:15
2
10
pouvoir”. Les socioterminologues s’intéressent ainsi non seulement aux
termes mais aussi à leur circulation dans les communautés, à l’étude de leur
apparition, de leur adoption ou de leur rejet.
Les caractéristiques de la socioterminologie peuvent être rassemblées
sous trois aspects principaux. Le premier implique la dimension sociale et
s’illustre tout particulièrement dans les préoccupations de politique
linguistique ; mais l’étude de la circulation des termes implique également
des pratiques langagières telles que celles que l’on désigne du nom de
vulgarisation. Le second aspect impose une réflexion sur la faỗon de dộcrire
le fonctionnement discursif des termes, leur description linguistique étant
centrée sur la dimension sémantique, et sur les concepts à utiliser pour
décrire ces cohortes lexicales. Pour ce faire, les notions de domaine,
d’expert, de systèmes conceptuels devaient être réexaminées à la lumière des
acquis de la linguistique sociale, de la sémantique qu’elle soit, selon les
auteurs, interprétative, référentielle ou cognitive. Selon le troisième aspect,
la linguistique étant une science sociale, réfléchir à ces vocabulaires comme
à des unités culturelles oblige à considérer leur histoire. L’histoire de ces
noms, de leurs sens, c’est aussi l’histoire de nos idộes et de nos faỗons de les
dire 1.
3. Les besoins terminologiques
Donner le nom à un nouvel objet, transmettre et diffuser des idées,
normaliser sont des activités terminologiques. La dernière activité est
difficile parce que la terminologie pose des problèmes de cohérence internes.
Par exemple dans les savoirs théoriques, la conception d’un savoir n’est pas
la même selon les écoles, les tendances, les hommes ; dans les sciences
1
Gaudin F, 2003:16
11
humaines, les terminologies les plus cohérentes ne sont pas toujours les plus
répandues et acceptées par tous; ou dans les sciences appliquées où il y a des
emprunts notionnels, des abstractions des données pratiques.
Puis les besoins terminologiques sont très variables selon la nature des
domaines, de leur développement et le statut des langues 1. Certes, les
théories cohérentes, quelle que soit leur nature, ainsi que les domaines
institutionnels et prescriptifs, s’élaborent sous forme de discours constitutifs,
où les noms de notions prennent leur place relative selon un système de
valeurs explicite. La définition des termes et leurs emplois typiques doivent
en principe permettre d’y repérer les systèmes conceptuels. Une activité
terminologique systématique peut être appliquée à ces discours et extraire
les éléments constitutifs de leur terminologie objective. Pour les sciences qui
sont en voie de constitution ou d’évolution, la définition des termes doit être
mise au point régulièrement. Les configurations conceptuelles de la biologie,
de la chimie, etc. évoluent sans cesse. Leurs terminologies évoluent, mais
elles conservent forcément la trace des états antérieurs des connaissances :
c’est donc un rapport changeant entre les termes en partie ancienne et les
notions nouvelles que la terminologie scientifique doit définir. Il s’agit avant
tout ici d’une mise au point permanente des définitions.
Selon le statut des langues, on distingue deux sortes de besoins
terminologiques: besoins externes et besoins internes. 2 Les langues qui
jouent souvent le rôle de constitution des terminologies scientifiques et
techniques comme langlais, le franỗais, lallemand, doivent satisfaire des
besoins terminologiques internes. Ces langues assument directement une
activité constitutive de terminologie scientifique et technique, c’est-à-dire
1
2
Rey A., 1979:62
Rey A., 1979: 65-67
12
qu’elles doivent créer, donner un mot nouveau pour désigner un nouvel
objet. Les autres langues, qui empruntent des notions déjà existantes dans
d’autres langues satisfont des besoins terminologiques appelés externes.
Quelle que soit la langue, l’élaboration d’une terminologie en langue
nationale est une affaire de politique linguistique.
En effet, l’analyse des besoins terminologiques, liée à celle des besoins
culturels, didactiques, scientifiques, dépend de facteurs sociolinguistiques
particuliers. Dans certains cas, on n’admet pas même l’existence de besoins,
et les langues concernées sont confinées par l’histoire à d’autres fonctions,
leurs locuteurs étant contraints d’apprendre l’une des langues dominantes
pour les domaines dont il est ici question. La décision de fonctionner dans sa
langue maternelle ou dans une langue « nationale » (en élaborant des
terminologies) ou de se résigner à emprunter la langue-outil avec la matière
à travailler est d’ordre politique, car toute langue est capable de tout
nommer : l’impression trop fréquente que certaines sémantiques ne peuvent
répondre au besoin notionnel relève de l’idéologie. Ce qui est vrai, c’est que
les moyens de création dénominative varient selon la langue. 1
4. Moyens de satisfaction des besoins terminologiques
Pour répondre à des besoins terminologiques, il existe des moyens
propres à chaque langue et à chaque culture. Parmi les moyens langagiers et
notionnels, il y a l’apparition de nouvelles notions et la modification de
notions existantes ; la modification se traduit au point du vue linguistique
par des notions, l’emprunt, la néologie ou les procédés de l’abréviation et de
la siglaison ou l’utilisation des formes déjà existantes 2.
1
2
Rey A., 1979: 65-67
Rey A., 1979: 68-74
13
L’apparition et la modification des notions, au sens de système
notionnels ou de conceptualisations stricto sensu, ne sont perỗues que par les
scientifiques théoriciens au cours de leur recherche, par les taxinomistes qui
constituent les classes d’êtres, par les inventeurs en technologie. Les
utilisateurs de terminologies n’ont connaissance de ces processus notionnels
qu’à travers les termes qui leur sont affectés, soit dans leur langue, soit dans
une langue étrangère. Ce dernier cas est le plus typique et le plus clair : une
science, une technique proposent un terme nouveau dans la langue où la
recherche, la création se sont ộlaborộes ; une langue rộceptrice perỗoit
immộdiatement lexistence de la notion, de la classe d’êtres, derrière ce
terme, et recherche un signe apte à assumer la fonction de terme tout en
s’intégrant au système de la langue.
Exemple : F. : didactique
V. : didactic
L’emprunt constitue la solution la plus évidente, la plus paresseuse,
mais aussi la plus efficace internationalement, car elle neutralise
partiellement les différences interlinguistiques et respect aussi la notion
originelle, plus aisément repérée. On peut dire que l’emprunt dénomme la
notion et connote son origine, ce qui explique son succès malgré ses
inconvénients.
Exemple : A. : internet
F. : internet
V. : internet.
La néologie consiste à former de mots nouveaux dans une langue, à
créer des formes lexicales nouvelles. En terminologie, on y inclura les
formes non lexicales (syntagme) utilisant des unités lexicales (mots)
14
préexistantes, ces unités terminologiques nouvelles n’étant pas toujours
considérées par les linguistes comme des néologismes.
Exemple : F. : communauté discursive
V. : cộng đồng diễn ngôn
Les procédés de l’abréviation et de la siglaison présentent l’originalité
de produire un signe formellement nouveau sans aucune opération
sémantique : elles empruntent une dénomination à fonction terminologique
composée de plusieurs mots, y prélèvent soit des lettres initiales, soit des
lettres et/ou des lettres initiales , et les combinent. Ces procédés sont
particulièrement fréquents avec les noms propres (firme, institutions,
organismes, sociétés, …) et le résultat en est périodiquement critiqué par les
usagers auxquels ils posent des problèmes de compréhension redoutables.
Exemple : F. : AUF Agence Universitaire Francophone
V. : AUF
F. : LASER Light Amplification by Stimulated Emission of
Radiation .
V. : LASER
Au lieu de recourir à une forme nouvelle, empruntée hors de la langue
et produite par la morphosyntaxe, le besoin terminologique peut être satisfait
par l’utilisation des formes déjà existantes. L’affectation d’une forme
lexicale simple ou complexe à une notion est une variété d’ « emprunt
interne terminologique ». Ce procédé économise les formes, mais
contrevient à une règle aussi essentielle que peu respectée : celle de la
monosémie de tout terme. Il n’est efficace que parce que le discours, dans
chaque domaine, se charge de lever des ambiguïtés.
Exemple : F. : situation
V. : vị trí / tình huống
15
Situation (Vị trí ) : ensemble des relations établies par la
rencontre en un lieu donné, de personnes, de biens,
d’informations, de capitaux, en provenance et/ou à
destination d’autres localisations. Ce contact suppose le
franchissement des distances entre les lieux concernés. La
circulation tend à produire une limite qui sépare alors l’aire
qui s’organise en fonction de cette circulation d’autres aires.
(Thémines, 2006 : 14)
Situation (tình huống) : Une situation, en tant qu’objet
d’étude didactique, est une couple dans la réalité (une
situation ne dure pas éternellement). Elle se caractérise par
l’émergence, dans le temps et l’espace de la classe, d’un
élément ou d’une configuration d’éléments (relation, projet,
objet de savoir, documents…) nouveaux. (Reuter, 2007 :
203)
Les jugements et attitudes : Les moyens internes correspondant au
système morphologique de la langue, sont mis en œuvre par les locuteurs en
situation. Les difficultés, les anomalies, les irrégularités de la néologie
entrnent des jugements issus d’attitudes sociales et culturelles. Ces
jugements, portés sur la forme expressive des termes (structure graphique et
phonique, nombre de syllabes, euphonie ou cacophonie), qui favorisent ou
freinent la productivité du système et celle des processus de nomination,
sont aussi des moyens dans la satisfaction des besoins terminologiques.
Exemple : F. : 1. menu (restaurant)
2. menu (informatique)
V. : 1. thực đơn
16
Comme l’élément thực (aliment) est très productif en
vietnamien,
donnant
une
série
de
mots
appartenant au domaine de l’alimentation tels
composés
que
thực
khách, ẩm thực, thực phẩm, lương thực, etc…, le sème
« alimentation » devient prédominant et il n’est plus possible
d’utiliser le mot existant en vietnamien pour désigner la
nouvelle acception de ô menu ằ en franỗais. Par consộquent,
les locuteurs vietnamiens ont préféré l’emprunt « menu »
pour le domaine de l’informatique.
La socioterminologie est encore impuissante à énoncer les lois de
l’acceptation et du rejet car elles sont complexes. Elles mettent en œuvre des
facteurs linguistiques, psychologiques, sociaux, mais aussi des rapports de
force qui passent par le statistique des discours.
Dans la partie suivante, les notions clés de la terminologie seront
présentées.
II. Notions clés de la terminologie
En parlant de terminologie, il est indispensable de définir les notions
clés telles que concept, terme, référence.
1. Concept
Selon les approches, le concept a des sens différents.
Selon la terminologie traditionnelle, le concept est « une abstraction
passive de traits présents dans le réel » 1. Puis, pour la norme ISO, la notion
1
Gaudin F., 2003:62
17
est une « unité de pensée constituée par abstraction à partir des propriétés
communes à un ensemble d’objets » 1.
Dans sa thèse, Otman G. 2 considère « la notion de concept dans son
sens le plus large : tout ce qui contient de l’information ou de la
connaissance ». Il pose que « l’ensemble des termes d’un domaine se partage
l’ensemble de la matière à signifier dans ce domaine ». Et par la suite, il
reprend simplement à son compte « l’équation concept = terme ».
Sous l’angle de l’approche terminologique, les termes n’ont pas
d’existence individuelle, le système notionnel qui les inclut détermine leur
signification. C’est donc leur statut linguistique qui fonde leur autonomie
puisque ce sont « des éléments qui font partie d’un système linguistique
spécialisé » 3.
Pour les socioterminologues, le concept se construit de faỗon
dynamique, par ô un ensemble de
procédures qui relèvent d’une
construction terminologique par un auteur donné au sein d’un texte. Par
conséquent, un concept ne peut pas être dissocié de l’ensemble des usages
qui en sont faits, son nom est solidaire des autres signes qui participent à la
verbalisation du contenu conceptuel. Les concepts sont ainsi liés à des
langues et leur étude». 4
Il existe deux démarches en terminologie : onomasiologique et
sémasiologique. La première part des notions pour faire comprendre les
termes. La deuxième part des unités lexicales en discours pour faire
correspondre les notions du domaine envisagé. Dans le cadre de ce mémoire,
la deuxième est adoptée puisque nous avons choisi d’adopter la démarche
1
ISO, 1990:1
Otman G.:1995:18
3
Gaudin F., 2003:61.
4
Gaudin F., 2003:63-65.
2
18
socioterminologique. Ainsi il y aura à la fois une prise en compte des
communautés de parole et une mise en relation des unités de dénomination
des notions d’une langue avec d’autres termes dans une autre langue.
Toutes les définitions dans les fiches terminologiques de ce mémoire se
trouvent dans un contexte définitoire différent de la définition qu’on trouve
dans les dictionnaires. Selon F. Gaudin, ce contexte présente l’avantage
d’être un énoncé produit dans une visée pragmatique, adressộ un lectorat
construit par lauteur et rộdigộ de faỗon ô naturelle ằ, cest--dire de faỗon
plus spontanộe quune dộfinition. Et le contexte définitoire figure au sein
d’un texte suivi, qu’il soit pédagogique, de vulgarisation, d’information
quelconque. Il ne propose donc qu’une définition partielle parce qu’orientée
vers la bonne compréhension d’un discours déterminé ; le discours étant
animé d’une pragmatique particulière, il ne vise qu’un point de vue sur
l’unité en question ; seuls un certain nombre de traits sémantiques de l’unité
définie sont alors actualisés. Pour cette raison, dans une fiche
terminologique, un terme doit avoir souvent deux ou plusieurs contextes
définitoires pour être bien compris.
Exemples :
1. Milieu naturel : l’ensemble des éléments de la nature
(climat, sols, eaux, pentes, etc.), présents et associés en un
lieu et autour de lui, forme le milieu naturel de ce lieu. On
voit donc que par là, tout à la fois, il fait partie du système
du lieu et il est hors de lui, partie de son environnement. Il
n’est évidemment que l’un des éléments de la définition du
milieu géographique. (Brunet, 1992 :302)
2. La notion de milieu,[...], combinaison géographique de
relations qui règlent l’existence de l’homme-habitant,
19
dynamiques et instables dans l’espace et dans le temps. (Le
Roux, 1995 :88)
Dans l’approche sociolinguistique, les terminologues ont une tâche de
décrire le sens des termes. Pour ce travail de description, il existe deux
approches :
Une approche relationnelle : les unités de sens sont mises en relation
les unes avec les autres (relations lexicales : hyperonymie, synonymie,
isonymie,
relations
d’inclusion,
de
partie/tout
ou
relations
syntaxiques).
Une approche par définition basée sur des contextes : le contexte
définitoire est un énoncé se trouvant au sein d’un discours suivi,
possédant une visée pragmatique particulière, actualisant certains
traits sémantiques de l’unité définie. Le contexte définitoire par
conséquent ne présente qu’une définition partielle, qu’un point de vue
spécifié, orientée vers une bonne compréhension du texte par un
lectorat déterminé. D’après Gaudin 1, bien cerner une notion, c’est
souvent parvenir à articuler plusieurs points de vue qui coexistent
dans les discours.
Dans le travail de l’élaboration de ces fiches terminologiques, nous
acceptons les définitions suivantes :
La définition formelle : X= Y + caractéristiques (X : terme, Y :
élément générique de définition)
Exemple : Une carte est une représentation graphique [..]
des phénomènes inscrits à la surface de la Terre sur une
projection en plan et à échelle réduite de la portion de
surface terrestre sphérique représentée. Elle permet de
1
Gaudin F., 2003: 159.
20
repérer une série de lieux et d’objets, d’en visualiser les
dimensions et les proportions. (Dunlop, 2009 :12)
La définition semi-formelle : X = caractéristiques
Exemple : L’activité scientifique en géographie consiste à
rendre compte de la production sociale d’espace terrestre, en
construisant des systèmes conceptuels de relations, dans
l’élaboration desquels l’exploration des distances joue un
rôle central. (Thémines, 2006 :21)
La définition non formelle qui est définie comme une définition de
remplacement.
Exemple : Situation didactique : Il y a situation didactique
chaque fois que l’on peut caractériser une intention
d’enseignement d’un savoir par un professeur à un élève, et
que des mécanismes socialement bien définis sont institués
pour
ce
faire.
Ce
qui
caractérise
la
perspective
constructiviste, c’est la volonté de mettre l’élève en situation
de produire des connaissances en référence d’abord au
problème, et non d’abord en référence à l’intention
d’enseignement. C’est la présence et la fonctionnalité dans la
situation didactique d’une étape de situation a-didactique qui
est la marque principale de la différence avec des situations
formelles. (Johsua et Dupin, 1999 : 260-261)
2. Terme
En terminologie, l’aspect formel de l’unité terminologique est appelé
“terme”. Une unité lexicale devient terme quand elle est introduite dans un
domaine spécifique. Trois critères d’un terme sont l’univocité, la
21
monoréférentialité et l’appartenance à un domaine. D’après Pierre Lerat,
cité dans Gaudin 1, l’univocité, appelée aussi biunivocité, « c’est la relation
biunivoque entre un mot ou un groupe de mots et une définition spécialisée
qui caractérise le terme ». Toutefois, Gaudin constate que cette relation
biunivoque ne peut s’appliquer qu’à des terminologies très normalisées par
exemple le vocabulaire du droit. Maria Teresa Cabré, citée dans Gaudin 2,
partage le même point de vue en disant : « la réalité pratique est toutefois
légèrement différente, car, si l’on analyse le discours, une forme du même
domaine peut avoir plus d’un sens ». Prenons l’exemple du terme virus.
Aujourd’hui, il désigne un « micro-organisme infectieux à structure bien
définie », mais sa signification renvoie à un « élément étranger contagieux »
présent dans ses acceptions anciennes (le virus de paludisme), ou
analogiques (le virus d’un programme informatique). L’univocité, la
monoréférentialité ne peuvent être dissociées, car la seconde fonde la
première dans l’optique terminologique : si le terme ne possède qu’une
signification, c’est parce que sa désignation est étroitement fixée et qu’il
étiquette une classe délimitée de référents. Dès lors qu’un nom est associé à
une pluralité de classes référentielles, on aperỗoit mieux ce qui est constituộ
historiquement comme sa signification, laquelle peut se limiter, dans certains
emplois abstraits, à des schèmes très généraux, qui sont aisément
appliquables à des référents nouveaux.
Le terme peut être analysé sous trois critères différents :
Critère formel : le terme est un ensemble phonétique composé de
phonèmes se matérialisant par l’écrit, et qui possède une structure
interne composée de morphèmes. Phonétiquement parlant, le terme ne
1
2
Gaudin F., 2003 :44
Gaudin F., 2003 :45-46
22
se distingue pas des autres mots de la langue, car il obéit aux règles du
système commun ;
Critère sémantique : le terme est une unité de référence par rapport à
la réalité donnée et qui a sens ; ce sens peut être décrit par un
ensemble de signes distinctifs ;
Critère fonctionnel : le terme est également une unité de distribution ;
ces unités ont besoin d’un environnement linguistique donné et elles
sont souvent liées aux autres unités textuelles.
Les huit caractéristiques du terme scientifique vietnamien ộtaient
proposộes par Hoang Xuan Han, dans son lexique franỗais -vietnamien de
termes mathématiques, physiques, chimiques, mécaniques et astrologies
intitulé Danh từ khoa học (Vocabulaire scientifique) 1 :
a. Chaque idée doit avoir un nom ;
b. Chaque nom est propre à cette idée ;
c. Une idée ne peut pas avoir plusieurs noms ;
d. Le nom doit évoquer facilement l’idée ;
e. Les termes doivent faire partie d’un système unique et cohérent ;
f. Le terme doit être simple ;
g. Le terme doit obéir à l’intonation vietnamienne ;
h. Le terme doit être créé avec des procédés usuels et doit avoir un
caractère national.
Selon la terminologie traditionnelle, avec une vision cloisonnée des
sciences, chaque terme se trouve dans un domaine unique, et un concept doit
correspondre à un terme et un terme doit correspondre à une référence. Mais
dans la réalité, nous rencontrons que les concepts peuvent « émigrer » d’une
discipline à l’autre, d’un domaine à l’autre et il y a aussi des disciplines
1
Traduction de Nguyễn Phú Phong, 1978 :7
23
nouvelles appelées « disciplines carrefours » qui empruntent des concepts
aux disciplines différentes. Prenons le cas de « didactique » : elle s’intéresse
non seulement aux concepts d’une discipline déterminée mais aussi à ceux
de la sociologie, de la psychologie, des sciences de l’éducation… Alors, en
socioterminologie, il est nécessaire de trouver la définition des concepts dans
un contexte définitoire précis.
Les termes sont très souvent des noms substantifs, plus rarement des
adjectifs, et quelquefois des verbes. Les unités terminologiques affectent
souvent la forme de syntagmes nominaux. Leur structure est constante un
élément déterminé (nom ou syntagme nominal) et une détermination réalisée
par un ou plusieurs adjectifs ou compléments prépositionnels (de, ,
avec,)-en franỗais 1.
Exemple : F. : espace
V. : khụng gian
F. : didactique de la géographie
V. : didactic địa lí.
3. Référence
La référence permet aux locuteurs de se référer à une classe d’objets.
Elle est un acte résultant des interactions, c’est aussi la mise d’un signe en
rapport avec le monde construit par le biais du langage 2. La construction de
la référence est un processus éminemment socialisé, dans un cadre d’une
praxis, d’une expérience active du monde.
Les termes ne permettent de référer que grâce à notre interaction avec
les autres locuteurs de notre communauté linguistique, appelée la
communauté discursive1
2
Rey A., 1979:71
Gaudin F., 2003 :35
« toute communauté destinée à produire des
24
connaissances [...] considérée comme une « communauté discursive » 1. Tous
les membres dans la communauté discursive respectent les mêmes
contraintes. Par exemple le mot arbre, en informatique, est « une structure
de données récursive générale » 2, un arbre est « un végétal ligneux dont le
tronc nu s'ancre profondément dans la terre grâce à ses racines, et qui
présente des ramifications recouvertes de feuilles ou d'épines à partir d'une
certaine hauteur”; dans le sens technique, un arbre est ô un axe qui reỗoit le
mouvement de rotation d'un moteur pour le transmettre à un organe” 3.
Ensuite, pour prendre en compte des groupes de locuteurs en
interaction, D. Maingueneau, en 1984, dans son ouvrage Genève de
discours, propose aussi le concept de formation discursive : c’est « un
système de contraintes de bonne formation sémantique » 4, un ensemble de
discours acceptables, admissibles, recevables, fabriqués par des locuteurs
d’une communauté selon des contraintes déterminées, tels les connaissances,
les habitudes, les préjugés existant dans leur communauté, à une certaine
époque.
Puis, quand nous échangeons, nous ne cherchons pas à communiquer
exactement les mêmes contenus, nous posons par principe que les contenus
communs sont suffisants pour construire une interprétation valide de ce qui
dit notre interlocuteur. Et quand ce n’est pas le cas, on s’explique. Cette
attitude vaut également dans le cas des discussions scientifiques, plus
rigoureuses dans leurs visées. Ce principe milite en faveur d’une relative
imprécision du concept, cette forme de flou facilitant son rôle heuristique
dans les transferts d’un domaine de connaissance à l’autre. Ces discussions,
1
Reuter, 2007 : 29
/>3
/>4
Gaudin F., 2003:53.
2
25
de nature philosophique, sont en partie nourries par la décontextualisation
qui caractérise ces réflexions sur le signe dans la tradition occidentale et
semble assez traditionnelle en sémantique. 1
Et puis, selon André Pétroff, cité dans Gaudin 2, « au niveau des
réalisations technologiques, on aura besoin d’un acier aux caractéristiques
précises, ce qui, de nouveau, renvoie aux normes de fabrication, donc aux
discours qui les énoncent. On voit donc que les actes fondateurs de tel ou tel
terme sont effectivement des discours ». Les significations sont fixées dans
des discours. Et ce sont eux qui font évoluer, notamment vers plus ou moins
de précision dans la construction de la référence.
III. Structure d’une fiche terminologique
La fiche terminologique est composée de trois niveaux d’informations
sur les unités lexicales en question:
Niveau notionnel: nous analysons le concept en le mettant dans un/des
contexte(s) définitoire(s).
Niveau documentaire: nous mettons des informations comme des
références des contextes, l’équivalent en anglais du terme (si c’est
possible) à la fin de la fiche.
Niveau linguistique: nous faisons une analyse relationnelle pour
indiquer la place de l’unité terminologique dans la structure
notionnelle où elle se trouve. Dans le cas, qui nous concerne, comme
le public visé n’est pas un public de linguistes, nous indiquerons
seulement l’hyperonyme du terme ainsi que le domaine d’activité
dans lequel il est utilisé.
1
2
Gaudin F., 2003:39-40
Gaudin F., 2003:42