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Histoire Naturelle des Campignons comestibles et Veneneux, Sicard 1883

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DES

CHAMPIGNONS
/

^

C03IESTIBLES ET VENENEUX



DES

CHAMPIGNONS
COMESTIBLES ET VÉNÉNEUX

G-. SICS-A-FLID

Préface par Ad.

OUVRAGE ACCOMPAGNÉ DE

CHATIN, do

SOIXANTE-QL'J.NZE

l'Institut

TLANCUES COLORIÉES



• t.

PARIS

LIBRAIRIE CH. DELAGRAVE
1S,

RUE SOUFFLOT, lo

1883


:£sz-


PREFACE

Longtemps

délaissées

du botaniste

et

n'atti-

de l'amateur, que


pas à elles l'éclat des fleurs, apanage des phanérogames,

rait

les plantes

cryptogames, commencèrent seulement à

tion lorsque l'étude paléontologique

du

fixer l'atten-

terrain houillier,

y mon-

trant l'existence presque exclusive de leurs débris fossiles, vint

apporter un éclatant témoignage de
pèrent dans

la

végétation

Mais ce n'est que dans
les




cryptogames

posèrent réellement à

dans

les

prééminence qu'elles occu-

aux premières époques géologiques.
la

seconde moitié du siècle actuel que

cellulaires,

quoique beaucoup

la

fussent

et spécialement les

Champignons

anciennement connus


l'attention

générale,



prenant dès

s'imlors,

travaux des botanistes, une place qui grandit chaque

jour.

Le moment de

la faveur qui

des cryptogames était d'ailleurs
réalisés

Pour

dans

la

celle-ci,


s'attache aujourd'hui à l'étude

comme marqué

par

les

progrès

botanique phanérogamique.

en

effet,

abstraction faite de

la

physiologie,


PRÉFACE

VI

de l'histologie et de

la


philosophie taxinomique qui, durant de

longues années encore, solliciteront
on est arrivé, pour

la

les

recherches des savants,

connaissance des espèces, et surtout des

espèces indigènes, à acquérir des notions

si

si

précises,

étendues,

que de nombreux adeptes de Flore, n'ayant plus à espérer d'observations nouvelles, se sont mis, croyant être dans la voie

progrès, à

démembrer


fragments

infinis,

les

se sont

valait



engagés

vieux genres, les anciennes espèces, en

tellement multiples et ténus, qu'ils deviennent

souvent méconnaissables,

Mieux

du

même

et c'est la voie




pour leurs créateurs.
où beaucoup,

et des plus sages,

se tourner vers les cryptogames, étudier les

merveilleux phénomènes qui, dominant leur existence, se trouvaient cependant naguère encore complètement ignorés.

A

cette

introduction biologique succéda naturellement la description do

nombreuses espèces, restées jusque

marche inverse de

celle



qui avait guidé

mistes, on se trouva conduit à ramener,

môme

trop


et,

par une

de phanéroga-

par l'observation, à un

type générique ou spécifique, des Champignons considérés

d'abord
le

inconnues,

comme

distincts, parce qu'ils n'avaient pas été suivis

dans

cycle évolutif de leurs différents âges.
C'est ainsi

que furent révélés ces curieux polymorphismes, par

lesquels passe la rouille
elle


va se

devenant

fixer sur les
le Bœstellia

du Berberis lorsque, changeant

graminées, ou

du

Posidonia du Sabinicr,

Poirier, etc.

Respiration des Champignons.

Saussure ayant montré que

ment de l'oxygène

le

d'hôte,

les

et rejettent




Les expériences de Th. de

Champignons absorbent constamdans

le

milieu ambiant de l'acide


PRÉFACE

on

carbonique,

avait

conformément à
les

laquelle
«

inverse

»


la

fait justice

nique
tion

;

d'acide carbonique,

et

les

Champignons,

tion n'est pas

no

il

des
les

serait

autres


pas

qui,

comme



de

avec

de

une exhala-

et

aux

parties vertes

l'Euglône ou,

de

la

Chez


la lumière.
la

défaut,

la

fonc-

la

décomposition

séparer les

de retirer

térés et Turbellariés, possèdent

Reproduction.

par

respira-

la fonction chlorophyllienne

légitime

végétaux que


animaux

faisant

chlorophylle

plus

traduit

s'y

carbone

fixation de

masquée par

est

une

par

seulement sous l'action de
la

respiration


confondre

la

tion d'oxygène, véritable acte nutritif limité
et se manifestant

respiration

une exhalation d'acide carbo-

s'exprimant

une

la

quo

deux règnes

nous ne songeons plus à

chlorophyllienne,

suivant

de cette prétendue dualité fonc-

et


d'oxigène

et

recherches de

les délicates

maintenant

toujours identique dans les

une absorption

exceptionnel,

une

posséder

animaux;

Nous savons

tionnelle.

du

eussent


celle des

M. Garreau ont

comme

fait

le

regardé

croyance généralement admise

végétaux

do

VIT

mais

Champignons

sério

comme

;


zoologiquo

divers Cœlen-

chlorophylle.

La reproduction des cryptogames forme

l'un

des chapitres les plus intéressants do leur histoire, étant données
les

découvertes inattendues auxquelles son étude a donné lieu en

ces dernières années.

On

sait

pour une

aujourd'hui que beaucoup de ces plantes possèdent,

môme

espèce, des


moyens de reproduction

variés,

dont

l'un procède d'une véritable fécondation.

Naguère encore, avant

les belles

recherches de M. G. Thuret,


PRÉFACE

VIII

limitées d'abord aux algues, ne tardèrent pas

recherches

qui.,

à recevoir

une rapide extension

fut


de modifier totalement

sur

le

dont

et

le

résultat

immédiat

idées antérieurement admises

les

mode de reproduction des

divers cryptogames, nul n'eut

pensé pouvoir admettre une fécondation dans ces végétaux, dési-

gnés souvent par

le


nom d'Agames,

ce qui impliquait la néga-

tion de toute fécondation.

Et cependant, qu'y

a-t-il

de mieux étudié, d'aussi certain, de

plus admirable que cette fécondation aux manifestations variées
tantôt produite par le développement, sur la

deux
par

le

cellules

mâle

et femelle qui se

même

:


plante, de

mettent en contact, ailleurs

mouvement, réciproque, de deux individus d'abord

écartés;

tantôt assurée par ces merveilleux anthérozoïdes, sortes de grains

de pollen qui empruntent aux infusoires, avec leurs appendices,
leur motricité, pour aller à la recherche des archégones au fond

desquelles le

germe femelle attend d'eux son imprégnation

afin

d'évoluer en une plante nouvelle.

Moins bien partagés que

la

plupart des autres cryptogames, les

Champignons n'ont guère, jusqu'à
que dans leurs


petites espèces

;

ce jour, offert de fécondation

cependant ce phénomène, qui

n'a jamais été encore observé dans les Basidiosporés '(Agarics,
Bolets, etc.),

Tulasne,

a été constaté, par divers observateurs (de Bary,

etc.),

chez des Pezizes; c'est aussi sur une de ces plantes

(Peziza nigra) qu'il a été constaté par

Germination.



Champignons en
les

M. Sicard.


La germination des cryptogames,

particulier, entre

celle

des

pour une part importante dans

recherches auxquelles se livrent les botanistes depuis 30 ans.


PRÉFACE

IX

C'est en suivant la germination de leurs spores

disséminés sur
les

les prolhalles

et les

archégones

que Ton a surpris,


des Fougères, des Equisétacées, etc.,

anthéridies. C'est aussi sur le

naissant des Bulgaria, Peziza, etc.,

vu

a

qu'on

mycélium

se

produire

les cellules fécondatrices.

M. Sicard a compris toute l'importance qui
Champignons, à

de leur germination

l'étude

;


s'attache,
il

dans

les

y consacre, dans

son deuxième volume, de nombreuses planches.
Aussi facile à observer que rapide à se produire dans beaucoup

de Champignons,

la

germination se montre réfractaire (dans nos

expériences, du moins) chez d'autres, dans la Truffe notamment, où,

malgré de multiples recherches,

Transformisme.
si

Champignons,



Certes,


elle n'a

pas encore été constatée.

quand on

différents entre

à certains

se reporte

eux suivant

l'âge,

l'organe

reproducteur qui leur a donné naissance, l'hôte qui fournit à leur
subsistance, on peut être conduit à se

des

faits

que

le


transformisme

soit

demander

duisent suivant un cycle constant pour la

immédiatement mis en garde contre
de nos jours tant de naturalistes

se passionnent

qui

et fut

déjà

si

le

si

diverses se repro-

même

espèce, on est


courant auquel se laissent



les

jeunes surtout

— qui

pour une hypothèse, rajeunie par Darwin, mais

Lamarck

date de

n'y a pas là

en droit d'invoquer.

Mais, quand on considère que ces formes

aller

s'il

et

d'Etiennne


Geoffroy-Saint-Hilaire

,

victorieusement combattue, de leur temps, par

Cuvier, de Blainville et

le

collaborateur en botanique de Lamarck

lui-même, Pyrame de Candolle, qu'on aurait pu

donnée pour toujours.

la croire

aban-


X

PRÉFACE
les

Malgré

assertions des savants paléontologistes qui voient


partout des formes ancestrales successivement modifiées par

par

les

et

temps

les

faits

milieux,

le

le

transformisme n'est pas mieux établi

géologiques que

les

par

observations contempo-


raines.
Il

pour s'en convaincre, de rappeler que son action

suffit,

eût dû s'exercer sur tous les êtres des premiers âges de notre
planète, de telle sorte qu'il n'existât aujourd'hui que des êtres

perfectionnés, sans nulle trace, nul reste des premières espèces.

Et cependant, que voyons-nous ? des Conifères, des Fougères,
des Lycopodes,

même

des Champignons et des Algues, ces repré-

sentants les plus inférieurs de l'échelle végétale, encore organisés

comme

leurs

anciens; et dans
Poissons, des

Protozoaires,


dans

congénères enfouis
le

règne animal, encore

Mollusques,

comme

les

terrains

des

les

Reptiles,

des Arthropodes, des Vers

et

plus

des


des

à l'époque de ces formations géologiques,

sur lesquelles ont passé tant de siècles et de cataclysmes planétaires.

Les conséquences de ces

faits, qu'il serait facile

se déroulent d'elles-mêmes, pleines

de multiplier,

de force et d'enseignements,

s'imposant à tout esprit non prévenu.

L'hypothèse du transformisme
thèse



suppose que, toutes

devaient, par mutations



les


et, dit-on,

car ce n'est qu'une hypo-

espèces créées

à

l'origine

sélections successives,

donner

naissance à tous les êtres, aux formes encore représentées dans
la

nature actuelle

antérieures

;

comme aux

formes éteintes avec

les


époques

on serait donc forcé d'admettre que certaines espèces

privilégiées n'ont cessé d'être soumises â des perfectionnements


TRÉFACE

XI

progressifs dont la période actuelle ne constituo qu'une simple

phase, tandis que d'autres espèces, initialement semblables aux

condamnées, par suite d'une déchéance

êtres perfectibles, sont

demeurer stationnaires dans leur

originelle, à

infériorité

pri-

mitive
Modifiant profondément


le

principe

môme

de leur doctrine, les

transformistes sont ainsi conduits à assigner aux premières créations

une double destinée capable d'expliquer comment, auprès

de l'Homme

des Singes anthropomorphes, ses ancêtres

et

immé-

on trouve encore des Protozoaires, des Articulés, des

diats,

Mollusques et des Poissons, tandis que dans
avec

coexistent,

les


Gamopétales

hypogynes

le

règne végétal

aux

brillantes

des Mousses, des Algues, des

corolles, des Fougères,

gnons réduits parfois à une seule

ou

cellule

même

Champi-

à un simple

globule de proloplasma.


Rappelons, enfin, que

les plus fervents

misme ne peuvent parvenir à
cependant bien

invite

les

qu'on

ils

Champignons,
blables

groupe

;

limité,

à

que nous examinons en ce moment. Dès
connaître l'ancêtre probable do nos


faire

formulent des conclusions absolument dissem-

des Siphonées

Monôres archégoniques

pour d'autres,

;

;

enfin,

la classe

résiderait

quelques auteurs,

des Champignons

sième règne intermédiaire aux
telles

il

parmi


le

les

désespérant

trouver dans aucun des groupes connus, n'hésitent

le

pas à considérer

De

se mettre d'accord sur le sujet,

uns croient pouvoir placer cet ancêtre dans

les

de pouvoir

adeptes du transfor-

«

«

comme un


deux règnes organisés

troi-

».

divergences suffisent à faire apprécier la doctrine

transformiste

:

sachons-lui gré des travaux qu'elle provoque, des


PRÉFACE

XII

recherches qu'elle inspire, mais gardons-nous de partager ses
séduisantes illusions, ses dangereuses erreurs.

Chimie des Champignons.

— Nous

ne saurions suivre l'auteur

de l'Histoire des Champignons alimentaires


vénéneux dans

et

les

vues qu'il développe sur la chimie de ces végétaux; quelques

mots cependant sur ce

:

sujet

Considérés au point de vue de leur constitution chimique, les

Champignons présentent, à
nues qui

côté de faits bien établis, des incon-

sollicitent les travailleurs, leur promettant,

qui en doubleront

difficultés

le


au delà de

des découvertes utiles,

prix,

peut-être brillantes.

Ce que

que

les

regarder

de Vauquelin,

l'on sait bien, depuis les analyses

c'est

Champignons sont assez azotés pour qu'on puisse

comme

les

formés par une sorte de chair végétale, analogue


aux substances protéiques, ce que

justifient leurs qualités

taires, appréciées et utilisées clans

beaucoup de pays, où

alimenils

sont

une ressource de premier ordre.
Mais ce que nous connaissons encore mal, malgré
de savants chimistes

c'est

,

la

nature du

principes actifs des espèces vénéneuses.

— ou

On


les

recherches

mieux



a bien indiqué

des

un

alcaloïde, Yamanitine, mais ce corps, dont la composition élé-

mentaire

,

les caractères

chimiques

et

les

propriétés


toxico-

physiologiques n'ont jamais été contradictoirement établies, ne
paraît pas être le
D'ailleurs,

les

même

pour tous

les chimistes.

Champignons de genres

renferment-ils tous

le

même

matières toxiques, les unes

et

d'espèces

divers


poison? N'existe-t-il pas plusieurs

fixes,

les autres volatiles et se dissi-


PRÉFACE

pant par

chnine

la

et la

XIII

chaleur? Avec des alcaloïdes

comme

fixes,

morphine, ne s'en trouve-t-il pas dont

la stry-

la volatilité


rappelle la cicutine et la nicotine? Les Lactaires n'ont-elles pas

pour principes vénéneux des résines ou des huiles en suspension

dans

le

suc cellulaire, tandis qu'ailleurs existerait un composé

albuminoïde que
encore
qui,

les

la coction neutralise

en

le

coagulant? Peut-être

Champignons vénéneux renferment-ils de ces corps

comme

l'acide prussique


du Laurier-Cerise

amères ou l'essence sulfo-azotée du Raifort ne

moment du

amandes

et des

se

forment qu'au

contact de sucs d'abord enfermés dans des cellules

différentes ?

Culture des Champignons.

— Un

mot, pour terminer, sur

la

culture des Champignons.

M. Sicard, à qui


la culture, si

développée dans la banlieue de

Paris et jusque dans l'enceinte de la capitale,

de couche (Agaricus campestris) est familière,

de maître. Ce

qu'il

planches de son

en dit sera un guide sûr,

livre,

du Champignon

l'a traitée

comme

de main

les belles

dessinées par lui-même et coloriées d'après


ses types, rendront faciles à tous la connaissance des

Champi-

gnons, de ceux surtout que chacun doit et veut connaître en
raison de leurs qualités, ou nocives, ou alimentaires.

En quelques pays on

cultive,

assurées, divers Agarics et
est

autrement de

la Truffe

mais par des pratiques assez peu

(Tuber cibarium) dont

la

surtout dans

la

a pris de grands développements


Mont- Ventoux
et

semés dans

,

assure-t-on, la Morille.

même,

,

Il

en

production
région

du

à l'aide des glands tombés sur les truffières

les terres calcaires

des régions propres à la matu-



PRÉFACE

XIV

ration

du

seau,

qui

raisin.

Les importantes cultures de Truffes de M. Rous-

20 hectares aux portos de

s'étendent sur plus de

comme

Garpentras, seront toujours citées

des modèles à suivre.

L'observation suivante établit, entre cent autres, la nécessité

pour


des sols calcaires.

la Truffe

Quand on

se

rend de Poitiers à Périgueux en passant par

Limoges, on voit
l'entrée

dans

le

Thiviers, après

disparaître vers Montmorillon

Truffe

la

à

,

massif granitique, pour ne plus se montrer qu'à


que celui-ci a

été franchi.

Etant données ainsi ses conditions biologiques, on voit quels
vastes territoires sont réservés à la

appelée à suivre celle de

comme

la

production de

vigne sur tous

la

Truffe

,

sols calcaires,

les

déjà elle l'accompagne en Provence, Dauphiné, Quercy,


Périgord, Poitou, Anjou, etc. Dans la

Champagne

et la

Bourgogne

en particulier, l'introduction de l'excellente Truffe noire (Tuber

cibarium ou melanosporum)

est tout indiquée

pour remplacer

les

médiocres Tuber brumale et T. mesentericum qui y croissent.

Ces considérations suffisent à faire apprécier
qui s'attache à l'étude des Champignons. Par
qui caractérisent leur biologie,

rement à

gement si

l'attention


,

au contraire

,

de

haute valeur

les

phénomènes

s'imposent tout particuliè-

maison

naturaliste;

l'on regardait leur histoire

Nul chapitre
d'aussi

du

ils

la


se tromperait étran-

comme purement spéculative.

la

Botanique générale n'offre

nombreuses, d'aussi fréquentes applications. Dans ce

groupe se succèdent
tantôt utiles

,

,

presque sans interruption

tantôt nuisibles

,

que rapproche

,

la


des espèces
plus intime


XV

PRÉFACE

parenté. Pour les bien connaître, pour

éviter ces

méprises qui se renouvellent trop souvent,

importe de

il

soumettre à un examen rigoureux et pour lequel

M. Sicard constituera

le

guide

le

plus sûr.


déplorables

le

beau

Grâce à

les

livre

de

lui,

on

parviendra facilement à poursuivre des études fructueuses entre
toutes, puisqu'elles

nous apprennent à distinguer quelques-uns

des auxiliaires et des adversaires que nous rencontrons journelle-

ment dans
vie de

cette incessante lutte


l'homme comme

celle

pour l'existence qui résume

de tous

les

organismes.

Ad. CIIATIN.

la



HISTOIRE NATURELLE

«w

y««*
•OTAN!

DES

CHAMPIGNONS
COMESTIBLES ET VÉNÉNEUX


PREMIÈRE PARTIE

CHAPITRE PREMIER
DISPOSITION DU LITRE

L'étude des Champignons, qui paraît si difficile et si peu
attrayante, ne tarde pas à séduire ceux qui s'y livrent. Nous
savons tous que ces êtres bizarres, à plus d'un titre, sont universellement appréciés du riche comme du pauvre; ils sont le condiment indispensable d'une infinité de mets servis journellement
sur nos tables, et môme au temps de disette, l'homme trouve
encore dans les champignons une véritable ressource.

Mais combien de

ez mes

,

si

fois

recherchés,

n'a-t-on pas vu ces cryptogames si estiporter le deuil et la mort au sein des

familles, par suite d'une méprise faite en cueillant

dans les bois
ou
dans

nos
des
vénéneux
crj
prairies
Champignons
pour des comesct; tibles. Ces malheurs, trop fréquents, sont dus à l'extrême res5£ semblance que présentent entre elles une foule d'espèces, ce qui
rend leur détermination aride et difficile; aussi le but de ce livre

*p

1


DISPOSITION DU LIVRE

de populariser

est-il

donner l'habitude

connaissance des Champignons,

la

et la pratique nécessaires

et


de

pour distinguer une

espèce comestible d'une espèce vénéneuse.
Mais, indépendamment des caractères communs qui leur assignent une place parmi les végétaux, les Champignons en ont de
particuliers qui les différencient entre eux, et les rendent suscep-

de subdivisions nombreuses. Depuis Théophraste jusqu'à
Pline, on ne trouve que l'indice vague de quatre sortes de champignons, non compris les Agarics, qu'on regardait comme des
tibles

excroissances d'arbres

;

de Pline à Tournefort, à peine y a-t-il

trace de quelques genres convenablement caractérisés. On les
considérait comme des végétaux imparfaits, privés de feuilles et
de racines. Nous développons, du reste, ce passage de l'antiquité
à nos jours au chapitre II, Considérations générales.

Les Champignons sont tellement multipliés, et de natures si
diverses, soit par leur taille, la conformation de leurs parties

manières d'être particulières, le
degré de consistance du réceptacle, la nature du tissu hyménial,
leur couleur, leur odeur, etc., que j'ai dû exposer, au chapitre
essentielles et accessoires, leurs


troisième, les diverses classifications proposées par les savants,

des mycologues modernes ont adoptées, avec les modifications exigées par la connaissance plus parfaite et toute récente des organes de la fructification.

et

celles

que

la plupart

C'est au quatrième chapitre

que

le

lecteur trouvera la

méthode

rationelle de Léveillê., qui divise les

Champignons en six classes,
et permet, en un instant, d'embrasser et de comprendre les relations naturelles qui existent entre tous les groupes.
La manière dont les Champignons se reproduisent, a été long-

même


distingués, un problème
difficile à résoudre, bien
qu'il fût naturel de penser que ces
doivent
comme
les
autres se reproduire de graines. Mais
plantes
il
y a dans cet acte essentiel des phénomènes si singuliers, les

temps,

chez

les

savants

spores ou semences sont

les plus

apercevoir, qu'on ne doit
point être surpris que les anciens botanistes aient laissé indécise
la question de savoir si la reproduction des cryptogames est
l'elfet

de


la

importante

si

difficiles à

fermentation ou de
est résolue

la

germination. Cette question

au cinquième chapitre.
et asexuée, le polymorphisme

La fécondation sexuée

et les

gêné-


DISPOSITION DU LIVRE

3


rations alternantes forment trois paragraphes
nutrition, le

comment

développement du

tissu cellulaire,

;

la respiration, la

nous apprennent

vivent, respirent et se développent les

Champignons
du chapitre sixième.
Le difficile, dans un livre de la nature de celui-ci, n'est pas
d'étonner les esprits, ni de les entraîner pour un moment; c'est de
:

c'est l'objet

les

attacher à l'étude par la solidité des principes, par
des preuves; c'est surtout de le faire


et l'évidence

ment,

qu'ils puissent voir tous les objets, et

ticulier,

avec

ce but, j'ai

le
si

nombre
claire-

chacun d'eux en par-

sont propres. Pour atteindre à
cru nécessaire de décrire séparément les divers orgales caractères qui lui

nes qui composent les Champignons, et d'étudier ces mêmes
organes par rapport à leur forme, leur nombre et leurs situations,

comme

caractères distinctifs des genres et des espèces. En conséquence, les chapitres septième, huitième, neuvième, sont consacrés à l'organisation,


à la structure interne et externe de

ces

plantes.

Le genre Agaric est le plus intéressant pour nous c'est celui
que l'on consomme le plus communément, que nous devons par
conséquent le mieux connaître, et comme les espèces en sont très
;

se

nombreuses, qu'elles
diffèrent

par d'autres

,

ressemblent par certains points, mais
il

faut les classer suivant des caractères

définis qui permettront de se rappeler leur
place et de les trouver

Pour distinguer deux Champignons de diverses espèces
on devra donc les connaître tous ou presque tous, et dans tous les

détails de leur organisation
alors seulement nous pourrons les
facilement.

;

grouper de manière à en former un ensemble, un plan naturel
tel que les
plus dissemblables soient éloignés les uns des autres.

Au

grands Agarics sont divisés, selon la
méthode de Léveillé, en onze sous-genres. Dans ce groupement,
l'étude d'un caractère unique ne suffit point, car elle mène aux
erreurs inséparables des systèmes. L'étude de plusieurs caractères ne suffit pas non plus
seule la considération de tous les
chapitre dix,

les

;

caractères

pourra conduire à une classification avouée par la

méthode naturelle
chapitre suivant,
les plus utiles à


c'est celle

;

que

je suivrai

dans ce

livre.

Au

onzième, je décris 87 genres et 415 espèces
l'homme et aux animaux. Ces genres, ces

le

espèces sont dessinés en grandeur naturelle et coloriés d'après


DISPOSITION DU LIVRE

nature, sur soixante-quinze planches soigneusement numérotées
en chiffres romains. Les espèces sont numérotées en chiffres ordinaires, afin d'éviter toute confusion. Les comestibles sont précé-

dées de


la

majuscule C,

se désignent

les

vénéneuses de

la lettre

V,

les suspectes

par un S.

DEUXIÈME PARTIE
Dans le premier chapitre de la Deuxième partie, essentiellement consacré aux données chimiques, je montre comment la
nature opère ses diverses transformations. Après quelques observations sur les champignons comestibles et vénéneux, et les
influences que ces cryptogames exercent sur

maux, j'indique un moyen presque

l'homme

et les ani-

de remédier aux


infaillible

par ces poisons redoutables et redoutés
eu l'occasion d'expérimenter souvent sur les ani-

accidents produits

moyen que

j'ai

;

maux.
Les chapitres cinq,

six,

sept,

sont réservés à la culture des

de nos jours un immense développeront.
Champignons,
Presque toutes les carrières et les Catacombes de Paris renferment des couches artificielles de Champignons qu'on exporte en
qui a pris

partie au


Havre

et clans le centre

de

la

France

;

exemple remar-

quable et peut-être unique d'une substance alimentaire qui sort
de Paris au lieu d'y être apportée. Après avoir indiqué pour différents pays, la manière de construire les couches à l'air libre et
dans les caves, j'ai montré comment on prépare le fumier puis
f

dessiné une planche spéciale afin que l'on comprît bien les
diverses phases de ces opérations (voyez planche LXXV,
fig. 406 à 411). Ce simple exposé prouvera que j'ai cherché à faire

j'ai

un

livre utile,

fait


défaut

soumis du reste au
jugement de M. Ad. Chatin, professeur de botanique, directeur de
l'Ecole de pharmacie et membre de l'Institut, dont les bienveillants conseils et les excellents encouragements ne m'ont jamais
;

et

à la portée de tous. Je

mon

but, si je parviens à
les empoisonneà
éviter
méprises,
comme alimentaires un grand nombre

et je croirai avoir atteint

rendre moins fréquentes
ments, et à faire adopter

l'ai

les

d'espèces réputées dangereuses.

Noisy-le-Sec, près Paris. Décembre 18S2.


CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES

CHAPITRE

g

II

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES

Les anciens botanistes ne connaissaient guère que
les

Oronges, quelques Bolets, qu'ils employaient

les Truffes,

comme

aliments

comme médicaments. Toutes
autres espèces paraissent leur
avoir été à peu près étrangères. Pline, rapporte que, de son temps
et

les


on

faisait

souvent

déjà une grande consommation de Champignons, et que
on avait de nombreux accidents à déplorer. Les

même

anciens définissaient vaguement ces cryptogames; ils comprenaient quelquefois plusieurs espèces en une seule, et les réunissaient, d'après leurs caractères
tés alimentaires et médicinales.

communs

et

suivant leurs propriétraverser une longue

Nous devons

jusque vers l'an 1550, avant de rencontrer des
de
ouvrages
quelque importance sur l'ensemble des Champignons.
suite de siècles,

A


la

renaissance des lettres, tandis qu'on croyait devoir tout

découvrir dans les livres des auteurs grecs et latins, on n'y trouva
que de longs et pénibles commentaires sur cotte question. Les
naturalistes du xvi e siècle, en multipliant les espèces, en créant
des genres nouveaux sans ordre et sans suite s'égarèrent dans une
voie fausse et bientôt le moment arriva où l'encombrement, la
diversité de tous ces

mémoire humaine.

Il

mots nouveaux dépassèrent
fallut lui

les forces cle la

venir en aide, et établir un certain

ordre dans cet amas confus.
Micheli, le premier, dans son Gênera Plantarum, publié
en 1729, réunit en une espèce tous les Champignons semblables
entre eux. Il examina, il chercha pour les grouper sous une défitoutes les espèces qui offraient entre elles
certaine ressemblance par rapport aux autres.
nition


Ce

commune,

fut le professeur

une

Link qui, avec sa grande patience et sa

sagacité, fit de ces unités nommées espèces par Micheli, des
unités d'un ordre plus élevé auxquelles il donna le nom de genres.

Quelques naturalistes, comme Medicus, Maerklin, Ackermann,
Kaeler, Harerle, ne virent dans ces productions que le résultat
d'une combinaison et d'un mélange des sucs pituiteux de plantes,


CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES

6

modifiées par l'influence de l'air et des agents extérieurs. Comme
et qu'ils n'en
les Champignons n'ont ni feuilles ni racines,

connaissaient pas les moyens de reproduction, ces auteurs les considéraient comme des productions fortuites dues à la pituite des
arbres, au limon de la terre, où à des phénomènes atmosphériques,

comme


le

certaines

tonnerre.

Ils

humeurs que

ont

même

le cerf, le

du

attribué la Truffe

lynx,

le tigre

cerf à

répandaient sur

le sol.


Marsili,

dans

lettre

la

qu'il

écrivit à

Lancini, reconnut le

premier que les Champignons commencent par une petite moisis11 ne s'agissait plus alors que de savoir si cette moisissure
appartenait à une génération spontanée, à une transformation des
sure.

substances animales et végétales, ou à des graines qui échappaient
aux moyens d'investigation des observateurs de cette époque.

Vers
à

la fin

du xvm e

Manheim, sous


Necker, clans un ouvrage qu'il publia
de Traité sur la Mycetologie, crut voir le

siècle,

le titre

parenchymateux des plantes se transformer en
un corps radiculaire auquel il donna le nom de carcithe, et qui
est le blanc de Champignon proprement dit. Cette opinion n'a été
tissu cellulaire et

adoptée par personne.
Il était réservé à Micheli de prouver que les cryptogames,
comme toutes les autres plantes, proviennent de germes la découverte des spores ou organes reproducteurs et les expériences qu'il
;

fit

dans

le bois

de Boboli, aux environs de Florence, présentaient

que l'on pouvait exiger pour établir la
nature des Champignons. Mais l'opinion de Micheli ne fut pas
admise, et l'on vit Buttner, Wilke, Weiss, Otto de Manchausen
et même Linné les considérer comme des Polypiers. Néanmoins

Weisse et Linné n'ont pas osé, dans leurs ouvrages, les séparer des
alors toutes les garanties

végétaux.

Muller seulement

plaçait les Clavaires dans le règne animal,

parce qu'il avait aperçu du mouvement clans les spores. Enfin
Trattinnick, en nous faisant connaître les propriétés et le mode

de formation du Mycélium, a confirmé l'opinion que Micheli
avait émise, et, à partir de cette époque, les Champignons
n'ont plus cessé de faire partie du règne végétal.


Parmi

les

pignons au

nombreux auteurs qui ont depuis

môme

étudié les

Cham-


point de vue et desquels on consultera toujours


CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
les

travaux analytiques avec

fruit, je citerai

7

Schmiedel, Gleditsch,

Bulliard, Paulet, Schmidt, Nées d'Esenbeck,
Link
Fries
Persoon
Ehrenberg
Kunze , Ad.

Tode, Hedwig,
DittxMar

,

,

,


,

,

Corda Schlechtendal Montagne
Brongniart
Chevallier
Kickx, DESMAziÈREet surtout Greville dont les analyses surpassent
,

,

,

,

,

en exécution tout ce qui a été fait jusqu'à ce jour.
Malgré ces nombreux travaux représentant parfois plusieurs
années d'expériences et d'observations, on n'avait pas encore une

en

fidélité et

idée exacte et bien arrêtée des organes de la fructification.
Lorsque le 12 mars 1837, le docteur Léveillé lut à la Société


Philomatique de Paris un mémoire ayant pour
sur

titre

:

Recherches

des Champignons, il y déclarait que l'opinion sur
de
la membrane fructifère de tous les vrais Chaml'organisation
pignons, universellement admise par Hedwig était complètement

VHymenium

erronée dans la plupart des genres, et particulièrement chez les
Agarics, les Bolets, les Clavaires, etc., genres qui ont toujours

comme

devant former

type essentiel de cette
famille, et qui en renferment la majorité des espèces.
Cette opinion était tellement nouvelle, tellement en contraété considérés

le

diction avec tous les travaux récents des auteurs les plus justement

estimés par l'exactitude de leurs recherches, que la Société Philo-

matique dut employer une grande réserve avant de l'approuver
ou de la rejeter. Les commissaires chargés de faire les rapports,
MM. Ad. Brongniart et Guillemin, demandèrent à vérifier sur
des espèces de Champignons aussi variées que possible les observations de Léveillé. Ils prièrent Decaisne, aussi exercé dans

du microscope qu'habile à

figurer ce qu'il y observait,
son
les
de
toutes
d'examiner,
côté,
espèces qu'il rencontrerait, et

l'emploi

c'est après avoir

rapproché ces dessins faits séparément, que la
commission crut pouvoir établir son opinion sur des bases assez
solides pour la soumettre à la Société. Je donne à lire les
conclusions du rapport de Ad. Brongniart.
«
Après les vérifications nombreuses et très attentives faites
«
pendant tout l'été et l'automne par vos commissaires et par

« M. Decaisne, la commission ne
peut conserver aucun doute
« sur l'exactitude des observations de M. Léveillé, dans tous les
«
genres qui ont été soumis à leurs observations, dans un grand
« nombre
d'espèces différentes d'Agarics et de Bolets, dans


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